lundi 1 août 2016

1914-1918 : Suisse, neutralité et armée (Forces et difficultés politiques et militaires).


L’armée en Suisse (1914-1918) :

forces et difficultés.

Antoine Schülé, historien

 Introduction

                                   La Suisse est un pays neutre et, de ce fait, il est rare d’entendre sa voix à l’étranger lors de débats historiques sur la Grande Guerre 1914-1918. Ainsi, il m’a paru utile de s’intéresser à ce pays voisin, au milieu de pays en guerre, qui a connu une mobilisation de ses troupes sans devoir verser le sang sur son territoire.
Cependant, il ne nous est pas possible de commencer ce sujet sans évoquer les 14 000 engagés volontaires suisses pour la France. Pour Elle, 8 000 d’entre eux ont perdu la vie et 1 000 hommes sont revenus gravement mutilés[1]. Dès l’automne 1916, le 1er Régiment de marche de la Légion étrangère était essentiellement constitué de suisses. Sur l’Aisne, en Champagne, dans la Somme, à Verdun et dans les Vosges, leur engagement jusqu’au dernier sacrifice et leur capacité à se battre ont été démontrés.
                                   La mémoire retient tout particulièrement la bataille de Villers-Bretonneux où les Suisses ont repoussé cinq contre-attaques, au prix de 800 morts et de 1 500 blessés. Les actes courageux n’ont pas manqué et, parmi la longue liste des morts héroïques au combat, la postérité devrait retenir des noms comme ceux du lieutenant-colonel Rollet, des capitaines de Tscharner (d’Aubonne), et Junod, des lieutenants Doxat (de Champvent) et Blanc (de Vevey), du caporal mitrailleur Fracheboud (de Gruyères) ou du soldat mitrailleur Perrotet (de Colombier). Il est à signaler que de nombreux engagés sont très jeunes. L’exemple le plus frappant est celui du mitrailleur Vaucher, de Neuchâtel : âgé de seize ans, il a continué à servir sa mitrailleuse alors qu’il avait l’œil arraché par une balle ! Il est un nom qui est connu, en tout cas sous son pseudonyme : celui de Frédéric Sauser, c’est-à-dire Blaise Cendrars. Il a perdu une main sur le champ de bataille. Cet écrivain, à l’œuvre abondante, a composé deux récits de guerre saisissants : « La main coupée » et « J’ai tué ». Il ne possède pas une mémoire historique mais il voit et il interprète les faits avec la sensibilité du poète : il sait rendre la flamme intérieure qui anime l’homme dans la lutte. Il est critique vis-à-vis des artistes qui se sont mis à l’abri durant le conflit et cette citation justifie son engagement : « Comme si la place d’un poète n’était pas parmi les hommes, ses frères, quand cela va mal et quand tout croule, l’humanité, la civilisation et le reste. »[2]

Avec cette communication, nous vous proposons une rapide et large esquisse des principaux thèmes que notre historiographie a retenus quant à notre tradition de neutralité armée. Il apparaît différentes forces et difficultés à l’intérieur d’une confédération pluriethnique, pluriculturelle comme plurilinguistique, qualificatifs qui sont les meilleurs gages d’une neutralité réelle.

La neutralité

                                   La neutralité est sans contestation possible le thème privilégié autant par les diplomates et les politiques que les militaires et les économistes. Jusqu’à nos jours encore, les historiens confrontent les faits non pas à la neutralité mais à des conceptions de neutralité : l’ennui est qu’elles sont fort diverses ; une grande confusion règne même au sein de la population ; la tendance actuelle des « Intellectuels » (enfin ceux qui se prétendent comme tels) est d’entretenir un sentiment de culpabilité pour le simple fait de vouloir rester neutre ! Les autorités et les peuples suisses ont eu une confiance très forte en ce principe.
La neutralité a été idéalisée à un tel point en temps de paix que rares ont été ceux à en prévoir les difficultés en temps de guerre. Elle avait avant tout une valeur juridique qui rassurait chacun. Les traités internationaux, comme ceux de La Haye, reconnaissaient la neutralité et le commerce des neutres en temps de guerre. Les militaires[3], depuis Dufour[4] déjà, exprimaient une caractéristique dont l’importance s’est révélée à l’usage : la neutralité n’est pas une éthique comme le croit une grande part de l’opinion publique mais elle est avant tout un moyen en faveur de l’indépendance du pays. Des écrivains[5] sérieux se sont exprimés en nos trois langues sur la neutralité mais ils restent bien souvent oubliés des historiens alors que leurs messages mériteraient autre chose que le silence qu’ils connaissent. La perspective économique a trop occulté le véritable débat. Les littéraires ont souligné la nécessité pour la Suisse de conserver sa neutralité au milieu des nations en guerre mais, en même temps, ils ont déclaré que la neutralité morale n’existe pas.

Guerre économique

                                   La Suisse a pu mobiliser ses troupes sans difficulté car l’éclatement de la guerre n’a pas été une surprise. C’est la longueur du conflit qui a surpris chacun. La guerre a duré cinq fois plus longtemps que les diplomates l’avait estimée et huit fois plus longtemps que l’Etat-Major Général de l’armée l’avait évaluée. Ceci explique que la Suisse n’était pas prête d’un point de vue économique : les réserves étaient insuffisantes.
                                   Depuis les années 1880, la Confédération helvétique connaissait un prodigieux essor économique. La vie de ses industries dépendait cependant de ses exportations. De plus, elle se trouvait dépendante des denrées alimentaires et des matières premières en provenance de l’étranger[6]. En 1914, la majeure partie du blé venait de la Russie via l’Allemagne, et d’outre-mer, via la France. Le charbon et le fer provenaient d’Allemagne. A la fin du conflit, notre approvisionnement en charbon, sucre, coton et céréales dépendait des Etats-Unis. Les exportations suisses étaient du bois, des baraquements, du ciment, des munitions, des produits de technologie de pointe et des pièces d’habillement. La Suisse est un pays qui ne peut pas vivre en autarcie et par conséquent sa survie dépendait et dépendra toujours des relations qu’elle peut avoir avec le monde. Sans accès à la mer et quoique possédant une flotte marchande, il faut encore que les voisins directs lui accordent le transit des biens qui lui sont de première nécessité. Inévitablement, notre pays a été dans l’obligation de participer aux efforts de guerre des belligérants, et de tous les belligérants, dans la mesure où ceux-ci nous garantissaient des importations vitales.
                        Un faux procès facile à faire et dont quelques uns se font gloire avec les honneurs de la presse à sensation, est d’accuser les autorités gouvernementales d’avoir fait pencher la balance plus pour tel pays que tel autre. C’est oublier que des relations commerciales existaient avant 1914 dans des proportions déjà variables. Une fois que le ou les vainqueurs sont connus, il est un chantage, qu’il vous convient de qualifier, de vouloir culpabiliser un peuple d’avoir eu des échanges commerciaux partiels avec le vaincu.
                        La difficulté essentielle à laquelle les autorités de cette époque ont été confrontées, a été d’apprécier le degré de compatibilité entre la politique commerciale extérieure et la politique générale de neutralité. L’Etat-Major de l’armée a été parmi les premiers à souligner et à  s’alarmer des limites de nos réserves alimentaires. Lorsque notre dépendance économique à l’égard de l’étranger a éclaté au grand jour, les responsables de l’économie suisse ont pris des mesures parfois isolées et sans grande cohérence : savoir prévoir exige une capacité de prospective qui n’est pas donnée à tous et qui ne se cultive pas dans les discours politiques creux.
Cette situation a été inévitablement exploitée par quelques profiteurs de guerre comme il y en avait dans tous les pays qui ont connu le marché noir. Certains secteurs de l’économie ont effectué des bénéfices exceptionnels[7] alors que d’autres ont été complètement paralysés. Les industries et la paysannerie ont pu résister à une crise financière qui a touché surtout la masse des ouvriers et des salariés des villes. La crise sociale due à des salaires insuffisants et à la hausse des coûts avait encore augmenté dans les années 1915 à 1918. M. Ernest Bovet[8] qui n’était pas socialiste (au sens d’appartenance à un parti politique), a pu dire avec raison : « Nous avons la démocratie politique mais il nous manque la démocratie sociale. ».

                        Notre sécurité économique était assurée par les dispositions de droit, établies à La Haye, en faveur du commerce des neutres. La Suisse a pu apprécier la valeur des traités internationaux aux yeux des pays en guerre. Lorsque les pays combattants engageaient une guerre totale, les règles de droit leur étaient devenues accessoires. Un véritable troc s’établit, ce qui n’excluait pas des prises de bénéfice par ceux qui le pouvaient. Pour assurer l’approvisionnement de la Suisse, le Conseil Fédéral[9] a dû accepter une restriction de sa souveraineté, sous la forme de contrôle de ses importations. La «Société Suisse de Surveillance » a été crée en faveur des forces de l’Entente. Son sigle abrégé était la SSS que certains traduisaient avec humour par «Société de souveraineté suspendue ». En contrepartie, l’Allemagne a demandé la création de la «Schweizerische Treuhandstelle »[10]. Ce contrôle allemand a nécessité la mise à disposition par le général Wille d’une trentaine d’officiers et non de civils. La Confédération avait la capacité industrielle à répondre aux commandes de première nécessité des états en conflit. Durant la guerre, il n’y a pas de faveur gratuite. La Suisse a été ravitaillée en matières premières pour elle et son fournisseur dans la mesure où ce dernier lui assurait en plus des denrées alimentaires en échange de produits manufacturés.
                        Cette situation démontre que la Suisse pouvait prétendre à une neutralité militaire, territoriale, politique et diplomatique. Par contre, la neutralité économique ne dépendait pas d’elle. Celle-ci était le résultat du bon vouloir des pays voisins en guerre… Ce constat peut paraître choquant pour la fierté nationale mais il permet d’être réaliste sans jouer aux «flagellants » de l’histoire contemporaine[11]. Les blocus économiques des pays belligérants ne pouvaient pas être sans conséquences directes pour notre pays. Finalement, notre force n’a pas été dans notre droit à la neutralité mais dans l’utilité d’avoir un pays neutre : c’est une réalité de notre histoire qui ne peut pas s’occulter. L’utilité d’un pays neutre comme la Suisse a dépendu de sa capacité à se défendre. Dans la mesure où nous étions capables de fournir une défense armée crédible, notre territoire offrait :
1.     un raccourcissement des fronts,
2.     un lieu d’internement pour les prisonniers de guerre,
3.  un lieu de rencontres informelles pour l’ensemble des belligérants.

Plusieurs approches historiques ont cru valoriser leurs recherches en niant le rôle de l’armée : l’histoire officielle ne voulait retenir que la prépondérance du politique, la «nouvelle »[12] histoire ne voulait considérer que le poids économique. Les militaires ont eu une approche globale, peu connue, où cinq forces travaillaient ensemble : le moral de la population, les mesures politiques adaptées, les réserves économiques, les relations informelles avec tous les belligérants et une armée crédible. Il est regrettable que le champ historique ait été envahi par des querelles de partis : les partisans d’une suppression ou d’une réduction massive de l’armée ont voulu privilégier le seul économique pour réduire le rôle de l’armée à la portion congrue. Une des forces de la Suisse a bien été de pouvoir disposer d’une structure industrielle de qualité mais ne voir que celle-ci serait adopter des œillères. Ignorer l’effet dissuasif de la mobilisation des troupes helvétiques et l’importance qu’y attachaient les Etats voisins en guerre est une omission partisane.


Opinions publiques ou le «fossé » entre Romands et Alémaniques.
                                   Durant tout le conflit mais bien avant et encore de nos jours, il y a eu et il y a la différence entre les cantons romands, de langue française, et les cantons alémaniques, de langue allemande. Les cantons de langue italienne sont plus proches des romands avec des nuances toutefois. Cette différence ne doit pas être perçue comme une opposition systématique ainsi que certains le caricaturent rapidement. Le passé historique a créé une complémentarité entre deux cultures fondamentalement différentes.
Les Alémaniques ont admiré le développement technique de l’Allemagne, comme son économie et l’affirmation de son influence dans le monde. Cette admiration était la même que celle des Romands pour l’Angleterre, durant le 19e siècle. Pour ceux qui connaissent l’Allemagne et son histoire, il est un aspect qu’il faut préciser : les Alémaniques ne se sentaient pas proches de l’Allemagne prussienne. Ils s’inspiraient de la culture allemande qui caractérise l’Allemagne du Sud. L’université de Bâle (ville très européenne en raison de son passé) comptait vingt-six professeurs allemands sur cinquante. Nos écrivains de langue allemande étaient publiés en Allemagne. Cela n’a pas empêché l’écrivain, le plus connu à l’époque qui nous intéresse, Carl Spitteler[13] à prendre parti de façon critique contre la guerre menée par l’Allemagne. Des liens de sang unissaient l’Allemagne et la Suisse de la même façon que la France et la Suisse : ceci n’impliquait pas une adhésion politique à un pays plutôt qu’à un autre. Cette situation particulière de la Confédération était donc tout à la fois une force et une difficulté.

                                   A cette époque, la Suisse était à majorité protestante et Guillaume II passait pour le protecteur, certains disaient même le «pape », du protestantisme. Il a inauguré le mur de la Réforme à Genève. En plus de liens familiaux avec von Bismarck[14], le général de l’armée suisse, Ulrich Wille, avait suivi une formation militaire de base au sein de l’armée allemande. Il souhaitait la victoire allemande et ne s’en cachait pas, il était un admirateur des méthodes militaires prussiennes. Cependant, il serait faux de laisser entendre comme le font Nicolas Meienberg[15] et d’autres à sa suite qu’il ne se serait pas opposé à l’Allemagne, en cas d’une invasion de notre territoire par celle-ci. Nombreux étaient les officiers supérieurs suisses à faire leurs vœux pour la victoire de la France. Il serait tout aussi faux de les accuser à avoir été prêts à trahir leur pays en faveur de la France. Le chef de l’Etat-Major Général, Sprecher von Bernegg, était pour sa part un austrophile par tradition familiale. Après consultation des pièces se trouvant aux Archives fédérales, il est possible d’affirmer qu’il a effectué son travail en toute impartialité en fonction des différentes menaces possibles. La situation militaire a évolué au cours du conflit et a commandé de nouveaux plans : il a pris les mesures idoines, sans état d’âme. Le principe était simple : l’armée suisse s’allierait, avec l’approbation du Conseil Fédéral, à l’ennemi du pays qui violerait son territoire. Des historiens et surtout des politiques lui ont reproché la mobilisation de troupes au Tessin en 1914. Militairement, son action était justifiée et avait un poids politique certain. Cela a correspondu à une pratique constante de dissuasion à l’égard de tous les belligérants. Il ne l’aurait pas fait que cela aurait été une mise en doute de notre volonté de défense.

                                   Parmi les étudiants romands, nombreux étaient ceux à avoir accompli des études en Allemagne comme en France. Ils avaient des positions critiques à l’égard des deux pays : trop souvent, une meilleure compréhension des caractéristiques de l’un ou l’autre pays a été pris pour une forme d’adhésion, c’était une conclusion qui ne peut pas se généraliser. Pour notre part, nous pensons qu’il y avait en fait un rejet majoritaire de l’exclusivisme d’une nation ou l’autre. Le débat a été très souvent faussé en raison de la confusion des polémiques de presse et des opinions publiques : la presse helvétique n’a pas échappé, bien au contraire, à la guerre de propagande qui se livrait. Cette dernière a connu une forme plus subtile parfois mais elle est indéniable[16]. Les belligérants tenaient à défendre leurs options dans la presse neutre pour créditer leurs choix. Une étude[17] objective et globale de la presse suisse à ce moment fait encore défaut.
                                   La francophilie a pris un nouveau souffle en Suisse romande lors de l’attaque allemande contre la Belgique. Cette action militaire a eu le même impact sur les foules que la guerre menée par les Anglais contre les Boers en Afrique du Sud : une comparaison utile serait à faire entre les relations de presse de ces deux événements. Cette francophilie était pourtant nuancée et pas générale pour des raisons qui sont peu souvent relatées. Par exemple, de vieilles familles patriciennes genevoises, donc de langue et parfois d’origine française, se méfiaient de la France. Pour elles, la France symbolisait tout à la fois la Révolution, le catholicisme et l’encerclement.
                                   Pour clore ce chapitre, il faut préciser qu’en 1918, le socialisme syndicaliste est inspiré et dirigé par plusieurs allemands d’origine avec des enfants de bonnes familles bourgeoises de Berne[18]. Comme quoi, rien n’est aussi simple que certains ont voulu nous le faire croire. Le fameux «fossé »[19] créé par la langue n’apporte pas une mise en perspective aussi prépondérante que des historiens l’ont cru.


Les aspects militaires.
                                   Avec son armée de milice, la Suisse a dû prendre ses marques dans la grande guerre voulue et faite par les autres. La mobilisation, décidée par le Conseil Fédéral, s’est déroulée le 3 août 1914, sans aucune difficulté et selon la planification prévue par le chef de l’Etat-Major Général, Sprecher von Bernegg. Le 1er août 1914, des détachements de protection à la frontière étaient déjà sous les armes. La mobilisation représentait 250 000 hommes dans les formations de combat[20] et 200 000 hommes dans les services auxiliaires. L’armée disposait de 400 canons de campagne. 4 200 hommes sont morts et, dans ce nombre, les 2 000 morts de la grippe espagnole sont inclus.
                                   Hostile aux plans tout faits et préparés, le général Wille n’adoptait pas un plan de guerre en fonction d’une seule menace préétablie. Les secteurs les plus menacés étaient ceux du front nord-ouest et d’autres cas possibles furent étudiés, spécialement sous la direction de Sprecher. Refusant ce qu’il considérait comme de la paperasse, il privilégiait l’instruction. Il s’engagea totalement pour que l’officier soit un formateur de soldat. Sa préoccupation première était de pouvoir disposer d’une troupe apte à toutes les exigences de la guerre. Il fut souvent caricaturé en raison du «drill » à la prussienne dont on lui a attribué faussement la paternité pour l’armée suisse. En réalité, plusieurs de ses écrits marquent sa profonde désapprobation[21] de cette pratique mal comprise et mal appliquée. Il voulait un chef de troupe capable de se libérer d’un formalisme excessif pour privilégier la pratique tout en respectant la valeur humaine du soldat. Ses adversaires s’accordent pour reconnaître qu’en peu de temps il était arrivé en matière d’instruction à un haut degré de technicité. Son caractère était très différent de celui de Sprecher : ces deux fortes personnalités se sont clairement partagé les fonctions afin d’éviter toute source de conflit de compétences. Ainsi la direction de l’armée, sous la conduite de Sprecher, actualisait régulièrement les plans minutieux de position d’armée pouvant permettre des engagements dans toutes les directions utiles. Le principe de défense d’un pays neutre consiste à démontrer sa capacité à pouvoir réagir contre n’importe quel agresseur et d’où qu’il vienne.
                                   Pour être véritablement opérationnelle, la troupe a eu besoin d’un mois et demi. Il a fallu 15 jours pour la préparation individuelle du soldat (tir et marche), 30 jours pour une conduite harmonieuse du bataillon et 45 jours pour que règne un véritable esprit interarmes dans une division de cette époque.
                                   Suivant les menaces militaires et les nécessités de la vie nationale, les effectifs des troupes mobilisées ont évolué en dents de scie. Cela occasionnait un roulement d’hommes entre les secteurs de service actif et l’arrière. Pour le moral de la troupe, ce roulement était souvent une rupture brutale : la différence des mentalités entre ceux qui sont sous les drapeaux et ceux de l’arrière était très sensible pour les soldats comme pour les officiers. La durée du conflit et la non-confrontation avec un adversaire ont rendu pénibles les obligations de service. Les hommes se sentaient plus nécessaires à leur famille et à leur profession : les interrogations se faisaient toujours plus nombreuses quant à l’utilité du maintien des hommes en armes. Les ennemis les plus difficiles à vaincre en service ont été la fatigue et l’ennui. L’initiation et la pratique de nouvelles méthodes de combat ont été ainsi les bienvenus. Les soldats de l’Elite[22] ont effectué de 1914 à 1918, en moyenne, 550 à 600 jours de service actif. La cavalerie en effectué 400 à 450. Ceux de la Landwehr[23] ont servi en moyenne 250 jours.
                                   La mobilisation avec y compris le ravitaillement de la population civile a coûté 2 milliards de francs-or. Un impôt spécial, l’impôt fédéral direct, a rapporté 700 millions durant le conflit. Depuis, les autorités fédérales ont omis de le supprimer si bien qu’il se paye encore. Mille violations de frontière se sont produites : moitié par l’Entente, un quart par les Centraux et un quart d’origine inconnue. Ce nombre peut paraître élevé mais ce sont les violations de l’espace aérien qui l’expliquent. La neutralité de l’espace aérien avait été proclamée par les politiques sans donner à l’armée les moyens de la défendre : leur finesse de jugement a été ainsi révélée.
                                   L’originalité de la défense suisse a été sans aucun doute ce qu’il convient d’appeler «la diplomatie militaire parallèle ». Ce sujet fait l’objet de débats très controversés encore actuellement et irrite les politiciens. Seuls quelques membres du Conseil Fédéral étaient informés de ces contacts informels militaires. Avec l’ensemble des états-majors étrangers, il existait de véritables liens d’amitié et de sympathie. Les informations circulaient et une confrontation de celles-ci pouvait en assurer la crédibilité. Des conventions militaires ont pu être officialisées. Le résultat le plus tangible pour la troupe, pour l’économie et pour le budget militaire a été de pouvoir mobiliser ou démobiliser les hommes en prenant le moins de risque possible.

Accords militaires franco-suisses.
                                   La menace militaire de janvier 1917 a obligé le général Ulrich Wille à mettre sur pied trois divisions. Il l’a fait alors que Ludendorff démentait toute idée d’invasion de sa part. En mars 1917, une convention est signée entre la Suisse et la France. Elle prévoyait une action coordonnée entre le «groupe d’armées d’Helvétie », sous le commandement de Foch, et les troupes suisses. Sommairement, le dispositif planifiait un repli devant l’envahisseur allemand pour occuper de positions militairement favorables à l’engagement des alliés. Des renforts anglais et italiens étaient aussi envisagés. Dépêché par Foch, Weygand était venu régler les détails de l’opération. Malgré ses sympathies pour les puissances centrales, Wille a  démontré que, face à un danger probable, il était capable de s’engager dans un dispositif militaire allié, à un niveau opérationnel.


L’affaire des colonels.
                                   Elle porte pour nom les grades des deux colonels officiers de renseignement : les colonels Egli et de Wattenwyl. Elle a fait grand bruit en fin de l’année 1915 et en février 1916. Cette affaire aurait pu mettre en danger les autorités aussi bien politiques que militaires.
Un cryptologue du nom de Langie travaillait pour les services de renseignement suisse. Il s’était aperçu que son décryptement des messages codés russes avait été fourni à l’Allemagne. Cette information fut confiée par Langie à un journaliste M. Bonnard qui lui suggéra d’en informer le chef du Département militaire fédéral[24], M. Decoppet. Le Conseil fédéral, une fois informé, et le général Wille tentèrent d’étouffer l’affaire discrètement. C’était sans compter la presse qui s’en empara. A cette occasion, la population apprit que les bulletins de l’Etat-Major suisse étaient communiqués au major allemand von Bismarck et à l’autrichien von Einem. Il s’agissait d’un bulletin à version réduite. Par manque de moyens financiers, les services de renseignement suisses ont préféré opérer un troc d’informations. Cette affaire échauffa les esprits dans un contexte politique délicat. Dans quelques grandes villes, des démonstrations antiallemandes éclatèrent. Les réactions furent disproportionnées par rapport à l’événement et les diplomates étrangers en poste en Suisse s’étonnèrent de ces débordements. Les échanges de renseignements sélectionnés étaient des pratiques courantes et se faisaient en même temps avec la France et l’Angleterre. La presse a fait preuve d’un angélisme assez étrange en cette circonstance.

Pacifisme international et antimilitarisme.
                                   La «Société suisse pour la paix » était née en 1830. Sa réflexion se basait sur une longue tradition de pensée. Il faudrait remonter à Sully sous Henri IV et sa proposition d’une confédération d’Etats pour l’Europe, au «Traité du droit de gens » de Grotius, à une idée de tribunal religieux selon l’abbé de Saint-Pierre, à l’«Essai de paix perpétuelle » de Kant (écrit en 1796). En 1889, il y a eu à Paris l’«Union Interparlementaire » : elle était composée des représentants des parlements d’Europe et d’autres continents. Leur but était de substituer au droit du plus fort le droit international. En 1891, un congrès universel de la paix s’était tenu à Rome. Là, la décision fut prise de créer, en Suisse, un centre de cohésion des sociétés de la paix du monde entier. Un bureau se constitua à Berne la même année. Celui-ci fut transféré à Genève en 1924. En 1910, le «Bureau de Berne » a reçu le prix Nobel. En 1912, la fondation Carnegie lui apporta une aide financière considérable. Les idées pacifistes ne soulèvent pas de grands mouvements d’opinion à l’intérieur du pays. Elles sont connues et débattues dans un milieu assez restreint.
                                   A côté de ce mouvement dont l’idéalisme ne peut pas être remis en cause, il y a de nombreuses variantes, cultivant chacune leurs particularités ou leurs objectifs. Des mouvements hostiles à l’armée naissent pour des raisons politiques. Les opposants à l’armée n’étaient pas toujours de paisibles pacifistes : ils voulaient de la troupe et des armes pour la conquête du pouvoir. Leurs écrits abondent pour attester que l’armée leur était un obstacle qu’il convenait d’abattre. L’idéalisme de certains a été manipulé par ceux-ci. Un groupe de Zürich accepta l’emploi des armes contre l’armée et ses dirigeants. Quelques-uns uns essayent de prétendre qu’il s’agissait d’une violence verbale uniquement mais les écrits sont là pour confirmer que le noyau dirigeant voulait une révolte armée. Si celle-ci n’a pas eu lieu, c’est que le peuple dans sa majorité n’en voulait pas et que ces mouvements se trouvaient isolés dans les grands centres urbains.
                                   Il existait pourtant bien une révolte sociale dans les villes en raison de conditions rendues difficiles par la guerre. Cette révolte n’a pas pu être récupérée par un parti. Les grandes activités déployées par les églises protestante et catholique expliquent cela. Leurs multiples actions dans le terrain ont eu une influence déterminante et qui mériterait d’être mieux explorée par la recherche historique actuelle : de nos jours signaler une action positive des religions n’est pas apprécié des media ; ceci explique cela. Des intellectuels apolitiques et de tous les partis se sont unis pour parler de la détresse sociale. Nombreux sont les nouvelles, les romans à annoncer les difficultés liées au développement des industries. Les écrivains comme Gottfried Keller, Alexandre Cingria, Carl Spitteler, Gonzague de Reynold et Robert de Traz ont anticipé sur l’appréciation des problèmes sociaux que les politiques, forts en la croyance du progrès, ne voulaient pas imaginer.
                                   A propos de notre défense, le mouvement socialiste suisse a été tiraillé par deux tendances : celle qui préconisait l’«Union sacrée », c’est-à-dire qui accordait les pleins pouvoirs au Conseil Fédéral[25], et la minorité qui voulait une exploitation politique de la guerre et de la crise économique. La presse socialiste ne s’opposa pas à la mobilisation. Elle fustigeait avec vigueur la guerre : « cette merveilleuse diversion » qui obligeait les ouvriers européens à s’entre-tuer au lieu de marcher «à l’assaut du capitalisme ». Lors de la votation des pleins pouvoirs accordés au conseil fédéral, Hermann Greulich, le représentant socialiste déclarait les accepter «dans l’espoir qu’ils auront pour résultat non d’étendre la guerre mais d’en restreindre les terribles effets. ».
                                   Le patriotisme est une valeur forte qui règne dans le pays. Le patriotisme ne signifie pas chauvinisme, ne possède pas les aspects caricaturaux que certains esprits, se croyant supérieurs, lui accordent. Le journal «La Gazette de Lausanne » situe cette forme de patriotisme :
            «  S’il subsiste au milieu de la tourmente un petit peuple en qui l’indestructible volonté de vivre s’unit à la bienveillance qui ne cède point à la contagion des frénésies meurtrières, et où se fait entendre, malgré tout, la protestation impartiale de la conscience… ce patriotisme-là est le nôtre. Plus il devient rare autour de nous, plus notre rôle est d’y tenir. »
                                   Le canton de Berne a connu sur son sol des réunions politiques dont il ne réalisait pas toute la portée internationale sur le moment. Lénine se montra actif au congrès de Zimmerwald en septembre 1915 pour déclarer que la guerre est «le produit du capitalisme ». Une commission socialiste internationale s’était créée à Berne pour lier tous les groupes socialistes opposés à la guerre et pour diffuser les textes adoptés à Zimmerwald. A la conférence de Kienthal, en 1916, Lénine et Trotsky déclarèrent que le ralliement des socialistes à un socialisme patriote était une trahison. En même temps, ils proclamèrent la révolution prolétarienne comme une nécessité. Les incidents de Lugano ont ainsi anticipé ce que nous allions connaître avec la grève générale.

La grève de 1918.
                                   Roland Ruffieux explicite l’année 1918 ainsi : «  L’année 1918, c’est tout à la fois l’automne de la guerre, le bref été de la révolution mondiale, le printemps de la paix et déjà l’hiver de certaines illusions. »[26].
Lors de plusieurs manifestations, les autorités politiques cantonales ont demandé l’intervention de l’armée. Les milieux politiques, hostiles à l’armée, s’emparaient du sujet : les modérés parlaient d’ingérences militaires et les plus extrêmes proclamaient une entrée en guerre de l’armée contre le peuple. Leurs articles de presse[27] contiennent une violence rare qu’il ne faut pas oublier pour comprendre le contexte psychologique dans lequel les politiques ont dû agir. Le dénuement économique de certaines professions aurait pu être exploité en faveur d’une tentative de révolution : que celle-ci ne se soit pas produite ne signifie pas que la menace n’ait pas existé. Pour la majorité, l’armée ne faisait qu’un service de maintien de l’ordre à la demande des politiques. Il n’est pas possible de présenter dans le cadre de ce travail les différents cas de figure ayant existé. Prenons cependant un exemple.
Lors des incidents de Zürich au moment de la grève générale, M. Keller a demandé, au nom de son canton et sous la pression des familles notables de la ville, l’intervention des troupes fédérales. Pour lui donner satisfaction, le général Wille a mobilisé des troupes d’infanterie et de cavalerie. 1917 et la Russie marquaient les esprits et rappelaient d’autres révolutions des siècles précédents : grèves et émeutes pouvaient avoir des conséquences pour les autorités en place. Les politiques ne cachaient par leur frayeur lors de l’appel à la grève générale du comité d’Olten du 7 novembre 1918. Un rapport de forces devait s’établir et les moyens pour assurer l’ordre sont toujours difficiles à évaluer au début de ce type de conflit. Les ordres ont été donnés aux soldats pour qu’ils ne tirent pas. Les provocations n’ont pas manqué de la part des manifestants : ceci est bien souvent complètement ignoré de nos jours. L’après-midi du 8 novembre, les soldats ont tiré en l’air. Il y a eu des blessés de part et d’autre. Un soldat fut tué d’une balle de pistolet dans le ventre : blessure douloureuse avec une agonie lente. Des manifestants possédaient des armes et cherchaient le conflit armé. Actuellement la responsabilité des incidents répond toujours au cas classique de la polémique : pour les uns, c’est l’armée, pour les autres, ce sont les grévistes.
Le Conseil Fédéral avait dû créer une commission de grève générale. Les troupes pour ce genre d’intervention ont été recrutées dans les régions non-industrialisées de Berne et Fribourg. Le 6 novembre, 8 000 hommes étaient engagés à cet effet ; le 12 novembre 36 000 et à la fin de la grève, 90 000. A titre de comparaison, dans la période creuse du conflit, il y avait 30 000 hommes pour protéger les frontières.
Pourquoi un tel déploiement de forces armées ? Pour trouver la réponse, il faut se tourner vers l’étranger. Les dirigeants de l’Entente craignaient, plus que Keller encore, une révolution au centre de l’Europe. Vis-à-vis des pays voisins, les autorités politiques helvétiques devaient apporter la démonstration de leur maîtrise de la situation. La France a elle-même apprécié la menace comme grave et s’était tenue prête à faire intervenir des tirailleurs algériens qu’elle stationna le 16 novembre au matin, à St. Julien-en-Genevois. Différents documents aux Archives Fédérales laissent apparaître que les autorités américaines elles-mêmes avaient prévu une intervention. La mission de l’armée était d’empêcher à tout belligérant de trouver un motif d’intervention sur notre territoire. Elle se devait d’opérer une démonstration suffisante de force, plus en fonction du regard international que de la grève elle-même.
Il y a eu un débat en Suisse pour savoir si la loi autorisait ce type d’intervention de l’armée. Il paraît un peu vain car les politiques ne se sont pas posé la question en temps de crise et lorsque les forces de police étaient dépassées par ce type d’incidents. Il est vrai que l’armée n’était pas préparée à ce genre de mission. Plutôt que de rechercher ce qui n’a pas fonctionné, il se constate qu’elle a su répondre à cette demande en limitant les inconvénients qui auraient pu se produire.

Conclusion.
                                   La force militaire a pu assurer une inviolabilité du territoire. Elle a eu l’effet dissuasif escompté. Les politiques ont été vite confrontés à des difficultés économiques aux conséquences sociales évidentes. Un déchirement réel s’est produit lors du constat de notre dépendance économique, face aux machines de guerre des pays belligérants. L’interventionnisme des états en guerre dans notre souveraineté a causé un choc. Les politiques n’étaient pas prêts à cette confrontation avec la spécificité de l’économie de guerre. La Suisse en a tiré la conclusion utile pour le deuxième conflit mondial. Les relations entre le pouvoir civil et le commandement militaire sont restées peu claires pendant tout le conflit. Le politique s’était volontiers tourné vers l’armée quand la maîtrise de la situation intérieure l’exigeait[28]. Les autorités fédérales ont eu de la peine à comprendre que l’économie, la politique, la sécurité intérieure et la guerre formaient un tout indivisible : ceci sera vite oublié dans les années 1930[29]. Les luttes sanglantes qui ont martyrisé l’Europe ont suscité des prises de position manichéennes. Rester neutre est une tâche ardue, facilement considérée comme une tache par les pays belligérants. Dans notre historiographie ou à l’étranger et encore de nos jours, il est encore surprenant de constater le danger que courent les neutres d’être considérés comme des vaincus.

Antoine Schülé
Ecrit en 1999
La Tourette
Contact : antoine.schule@free.fr



[1] Paul de Vallière : Honneur et fidélité. Histoire des suisses au service étranger. Ed. d’art ancien. Lausanne. 1940. 774p.
[2] Blaise Cendrars : L’homme foudroyé. Voir p. 40.
[3] Les articles de Secrétan et de Feyler, entre autres, dans la Revue Militaire Suisse (RMS) sont explicites à ce sujet.
[4] Dufour (187-1875) : in Journal de Genève. 27 janvier 1861. « La neutralité de la Confédération suisse. ». Pour un regard militaire sur la neutralité, il faut consulter : Colonel F. Feyler : La ligue des nations et la neutralité de la Suisse. RMS. Lausanne. 1919. 104 p..
[5] Paul Seippel, Carl Spitteler, Gonzague de Reynold, Pierre Cérésole, Ernest Bovet, Robert de Traz et bien d’autres…
[6] Pierre Luciri : « Le prix de la neutralité. La diplomatie secrète de la Suisse en 1914-1915 avec des documents d’archives inédits. » Institut universitaire des Hautes Etudes Internationales. Genève. 1976. 336 p.. Très utile pour une première approche et possède une bonne bibliographie.
[7] Il serait utile de comparer les bénéfices de ces secteurs entre la Suisse et les Etats-Unis.
[8] Il a voulu les Etats-Unis d’Europe. Après la guerre, il a défendu l’idée que symbolisait la Société des Nations même s’il ne croyait pas en la forme qu’elle a prise car elle ne répondait pas « à l’attente angoissée des peuples ». Il a osé dire à la fin de la guerre : «  Si c’est une paix des politiciens, elle s’effondrera dans un désastre sans nom. ». Quatre ans après Versailles, il affirmait qu’une paix durable ne résulterait pas de l’écrasement de l’une des grandes puissances : « La France et l’Allemagne se sauveront ensemble ou périront ensemble, et nous tous avec elles. » !
[9] Le Conseil fédéral est en Suisse le pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif appartient à l’Assemblée fédérale : le Conseil National qui représente le peuple ; le Conseil des Etats qui représente les cantons (deux députés par canton).
[10] Traduit en français par Office fiduciaire ou par Société fiduciaire suisse.
[11] Il n’est pas possible de passer sous silence les procédés actuels de guerre psychologique et économique fait à la Suisse pour la période de 39-45. Il est à souhaiter qu’un Américain, bien intentionné dans une guerre économique très profitable mais sous le couvert de « la défense de droits humains imprescriptibles », ne juge pas utile d’exploiter une situation de 14-18 et il y aura assez d’hypocrites pour les louer...
[12] L’histoire est une création continue… Les faits sont là et ensuite les éclairages changent…Suivant l’éclairage, vous êtes soit un révisionniste, soit un « phare éclairant les peuples »…
[13] Consulter : Peter Alemann : « Die Schweiz und die Verletzung der belgischen Neutralität im Weltkrieg 1914. Buenos Aires. 1940. 145 p.. Ce résumé de doctorat en philosophie est écrit en allemand. La relation Suisse alémanique et Allemagne est bien exposée. Son étude récuse certains clichés qui prédominent encore.
[14] Par son épouse.
[15] Nicolas Meienberg : Le délire général. L’armée suisse sous influence. Ed. Zoé. Genève. 1988. 216 p.. Nourrissant une profonde aversion pour Wille, l’auteur livre un combat politique sous le couvert de faire de l’histoire à la façon d’un journaliste qui veut rendre l’anecdote sensationnelle. Il ne supporte pas que Wille n’ait pas été issu d’une famille pauvre et d’un quartier ouvrier : ceci est la base de son esprit qui se veut critique. Il est heureusement possible de faire de l’histoire sans cultiver la haine…
[16] La liberté de la presse est toujours un sujet prisé mais, par contre, rares sont les études pour la grand publique sur les financements de cette même presse et sur les appartenances politiques des journalistes les plus en vue. C’est, sans doute, un sujet tabou au nom de ce fameux principe de l’indépendance de la presse.
[17] Gustav Adolf Lang : Die Kontroverse um Kriegsursachen und Friedenmöglichkeiten 1914-1919 im Rahmen der « Neuen Zürcher Zeitung ». Zürich. 1968.268 p.. Son étude serait un modèle utile pour une analyse globale de la presse helvétique.
[18] M. Stek par exemple.
[19] Par ce terme, tout devait s’expliquer mais souvent il a caché les nuances essentielles et composites de chacune de nos cultures.
[20] L’armée se constituait de 6 divisions, fortes de 20 000 à 25 000 hommes. Elle comprenait au total 36 régiments d’Elite et de Landwehr, 257 bataillons d’infanterie, 4 brigades de cavalerie, 80 escadrons montés, 14 unités de cyclistes, 105 batteries d’artillerie et de troupes de forteresse, des bataillons d’étape, des formations sanitaires ainsi que des unités techniques.
[21]La création des automatismes chez un soldat est bonne uniquement lorsque ces automatismes sont justifiés par les nécessités du combat.
[22] Elite : hommes de la classe d’âges 20-32 ans.
[23] Landwehr : hommes de la classe d’âges 33-40 ans. La Landsturm représente les 41-48 ans avec les non aptes de l’Elite et de la Landwehr.
[24] L'équivalent du Ministère de la défense en France.
[25] En cas de guerre, le Conseil fédéral possède des pouvoirs extraordinaires que lui accorde l’Assemblée fédérale : il peut prendre ainsi des mesures qui peuvent déroger à la constitution ou au droit. A ce sujet, lire : Jacques Bühler, «Le droit d’exception de l’Etat. Etude des droits publics allemand et suisse de 1871 à nos jours. Tolochenaz. 1994. 271 p..
[26] Roland Ruffieux : La Suisse de l’entre-deux guerres. Payot. Lausanne. 1974. p.49.
[27] Prendre les journaux comme la Tagwacht de Berne, le Volksrecht ou la Jugend de Zürich, le Vorwärts de Bâle ou la Sentinelle de La Chaux de Fonds.
[28] …et l’oubliait une fois le danger passé, surtout au moment où il convenait d’écrire l’histoire, c’est-à-dire une histoire convenable selon les sentiments du moment…
[29] L’histoire enseigne à celles et ceux qui veulent la lire avec intelligence , pas aux personnes qui l’ignorent…

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