mercredi 3 août 2016

Traitement des prisonniers de guerre ou politiques et effets ultérieurs.

Le retour de captivité

Antoine Schülé, historien

Introduction
Depuis les années 1980, les historiens, sociologues se sont intéressés aux prisonniers de guerre dans l’histoire. Lettres de prisonniers, mémoires, autobiographies, dossiers CICR, enquêtes diverses pour les conflits les plus récents, nombreux rapports d’archives trop peu exploités constituent des sources riches, diverses, pouvant faire abandonner quelques idées reçues. Yves Durand[1] avec son livre « La vie quotidienne des prisonniers de guerre dans les stalags, les oflags et les kommandos 1939-1945 » a ouvert ce champ de recherches. De nombreux colloques ont approfondi ce thème sur la longue durée et, par exemple,  celui de Carcassonne en 2002[2], sous la direction de Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen, offre de multiples pistes. 

Pourquoi par contre « Le retour de captivité » est peu connu du grand public et pourquoi les historiens, au regard d’autres thématiques, ne privilégient guère cet aspect ? Les raisons sont variées et je n’en établis pas une liste exhaustive : le prisonnier ne représente pas aux yeux du grand public la figure du héros (à moins d’une évasion réussie ou d’un sacrifice exemplaire) ; politiquement, les malades et blessés de retour au pays restent une priorité et les autres doivent se satisfaire de pouvoir rentrer chez eux ; les prisonniers ne parlent volontiers de leur détention, à l’exception de celles et ceux qui s’estiment faire partie des vainqueurs ou des victimes sacralisées par l’Histoire (les autres n’ayant aucun droit à la mémoire ; c’est une forme de racisme victimaire, accepté tacitement de nos jours) ; il y a une minorité d’entre eux qui se bricole une mémoire de captivité qui doit plaire à leur entourage; le retour des prisonniers dans un pays ayant été vaincu est très sélectif : les uns craquent et ne sont plus réinsertiables dans la vie économique et les autres choisissent de tourner la page en se consacrant entièrement à leur travail ou à une cause leur permettant d’oublier d’une certaine façon, mais jamais totalement, des pages douloureuses du passé.

Le retour de captivité est peu étudié. Le plus facile est de trouver des statistiques fournissant des données assez précises sur les nombres de morts, de blessés ou de malades et sur le retour des corps des défunts. En complément, au mieux, les maladies accablant les prisonniers  sur plusieurs siècles sont nommées : la lèpre, la peste, les maladies vénériennes, les mutilations, le scorbut, la grippe espagnole, la tuberculose, le choléra, le typhus, la jaunisse, les gangrènes diverses, etc. Il a fallu attendre quelques années après les guerres du Vietnam, d’Indochine et d’Algérie pour que les problèmes psychologiques des combattants, d’abord, et des prisonniers de guerre, ensuite, soient pris en considération aussi bien par les médecins que les sociologues et les historiens comme les juristes.

Disposer de réflexions sur les prisonniers, en considérant l’histoire de l’homme depuis ses origines, est utile pour les politiques d’abord et aussi pour les militaires. Il est nécessaire de penser  à ce retour du captif, vraiment trop négligé, car, dans ce que nous appelons actuellement la gestion du postconflit, le retour des prisonniers a une importance décisive en ce XXIe siècle où le poids des media est si fort. En situation d’après-guerre, le devoir de justice est souvent invoqué mais c’est souvent la justice du vainqueur qui s’exprime et cela a discrédité comme discrédite les instituions qui en ont eu ou en ont la charge. Les exemples sont nombreux mais cela n’est pas directement le sujet à traiter dans cet article.

Approches littéraires
Les écrivains comme les poètes ont ouvert les premières réflexions sur les captifs ou captives et leur retour à une vie choisie : Ulysse retenu par Circé[3]; Renaud dans les jardins enchantés d’Armide[4] ; le sort des femmes et filles des vaincus et prisonniers est souvent semblable (humiliations, prostitution, différentes formes d’esclavage, moyens de repeuplement, déportations et l’inventaire pourrait encore être complété). Nous avons la Cléopâtre captive de Jodelle, l’Edouard II de Marlowe, Polyeucte, Attila de Corneille ou encore Iphigénie de Racine.
Sans vouloir allonger la liste, le XIXe et XXe siècle ne manquent pas d’écrivains, décrivant l’horreur d’une prison, d’un camp. Une littérature concentrationnaire s’est créée. Elle permet de mieux comprendre les causes, les mécanismes et les effets de la détention non seulement sur l’individu mais sur la collectivité : les récits sur le Goulag[5] augmentent la peur justifiée d’y être envoyé. La prison peut détruire l’homme le plus souvent mais elle peut aussi le révéler dans ce qu’il a de plus noble ou de plus ignoble en lui ! 
Pour ma part, un roman d’Alexandre Dumas, Le comte de Monte-Cristo m’a sensibilisé à cette question : le retour à la vie sociale d’Edmond Dantès, instruit par l’abbé Faria. Il s’intéresse à la médecine, il donne son aide à des causes désespérées mais il satisfait aussi l’une des missions qu’il s’est imposée : «se faire justice» en raison de l’injustice subie par un détenteur de la justice, peu scrupuleux par ambition, tout en aidant ceux qui avaient fait preuve de compassion (il s’agit de ne pas l’oublier). Un autre roman de Jules Verne Mathias Sandorf  décrit bien cette phase de résignation du prisonnier, prêt à subir son exécution mais, dès qu’il apprend qu’il a été trahi, le goût de l’évasion lui vient et il cherche aussi à faire justice, notamment avec son armée de milice d’Antékirtta[6]. Michel Strogoff  fournit l’étude de deux prisonniers bien différents : Ogareff, le révolutionnaire s’évadant  pour mener sa lutte révolutionnaire et Strogoff, fait prisonnier mais s’évadant, à la suite d’un concours de circonstances, pour mener à terme, malgré tout, sa mission. Ce Strogoff est en même temps prisonnier de sa mission, de son devoir : aspect négligé mais ne manquant pas d’intérêt pour tout officier !
Vingt mille lieues sous les mers et sa suite L’île mystérieuse  sont deux autres romans de Jules Verne où le capitaine Nemo est prisonnier de sa vengeance alors qu’il est confronté à des prisonniers de son Nautilus, dans le premier roman, et de l’île où se trouvent les rescapés[7], dans le second. Pourquoi libérer des prisonniers ? Prisonniers du Nautilus libérés pour rendre témoignage : forme de propagande adoptée[8] encore de nos jours ; prisonniers libérés de l’île : aide humanitaire, avec, au final de ce roman, un portait saisissant d’un capitaine Nemo, aimant les hommes mais ayant été rejeté et blessé dans son humanité et sa dignité par une puissance hégémonique, la Grande Bretagne[9] en la circonstance.
Dans le film connu La cuisine au beurre, un cas de figure est traité de façon humoristique mais il y a des réalités : retour du prisonnier affabulateur, trahi par ses mensonges et ses incohérences[10] !

Les écrivains ont bien perçu tout l’intérêt de dépeindre les sentiments qui envahissent le prisonnier, suscitent son évasion parfois et son besoin que justice soit rendue. Toutefois, la lecture d’un  témoignage de prisonnier politique  Mes prisons de Silvio Pellico[11] a suscité mon désir de mieux comprendre la captivité et le retour de captivité. J. Petit livre son témoignage en 1919 et ne laisse pas indifférent son lecteur  avec son livre La Guerre en captivité[12]. André Perrin dans son Evadé de guerre via Colditz [13] nous partage cette exaltation qui l’anime en permanence pour se libérer de sa condition de prisonnier : tout combattant devrait le lire pour s’imprégner, par l’esprit, d’un contexte particulier, toujours possible à la suite de ses missions de combat. Un éclairage particulier est aussi donné par les prisonniers politiques et, pour ne pas citer les auteurs régulièrement mis en avant, il est bon de découvrir les écrits de prison de Bernard Faÿ : De la prison de ce monde[14]. Ainsi de nombreux témoignages ont mis en évidence l’importance de la foi pour certains ou encore de la croyance comme de l’idéologie, pour affronter ces conditions particulières de vie carcérale et postcarcérale.

Sources diverses
Dans un premier temps, l’étude magistrale et toujours utile de René Grousset sur les Croisades[15] apporte des éléments de réponse inexploités dans le cadre de la thématique retenue. Nous avons des cas très pratiques de combattants, de prisonniers et de nombreux cas de retour soit de captivité, soit des combats : il n’y a pas d’états d’âme mais des faits bruts avec un vocabulaire propre à ce temps de l’histoire. Du Moyen Age à nos jours, des Mémoires[16] font mention parfois de prisonniers, de leur retour plus rarement mais surtout des combattants et de leurs conditions de vie.

Les dossiers divers comme ceux du CICR à Genève m’ont conduit à étudier la Convention III de Genève de 1949 où les droits et devoirs des prisonniers sont définis en des normes internationales : entre ce que dit le droit et ce qui se pratique, même par une puissance comme les Etats-Unis qui se veulent être un modèle quant aux libertés, aux droits de l’homme, etc.…, il y a matière à de multiples réflexions chez celui qui refuse de porter les œillères ! Le droit international  est discrédité malheureusement dans un cas précis : l’appliquer à un Etat pour pratiquer un droit d’exception à l’autre, c’est tout simplement détruire cet instrument pourtant si nécessaire. Exiger d’un adversaire l’application du droit que l’on n’applique pas soi-même, c’est de la duplicité dont l’histoire des relations internationales depuis 1945 ne donne que trop d’exemples. Le traitement des prisonniers de guerre a un poids décisif dans l’après-conflit, positif ou négatif selon les cas d’application.

Parmi les dommages collatéraux des conflits les plus récents, il y a eu celui fait au droit international quant aux prisonniers. Je le déplore pour l’Europe et je regrette encore plus que les bien-pensants, ou du moins ceux déclarés comme tels, ne sensibilisent pas du tout le public sur cet aspect pourtant primordial car cette impuissance partiale du droit international actuel favorisera les applications d’autres juridictions qui ne prendront plus leurs racines dans ces valeurs qui ont mis, non seulement, tant de temps à se faire reconnaître et, encore, avec un prix du sang qui a été très lourd.  

Ayant pu discuter avec des prisonniers de guerre et des prisonniers politiques, ce sujet a retenu mon attention à plusieurs reprises. Le temps qui m’est imparti est bref. Aussi j’attirerai votre attention sur quelques points qui me paraissent essentiels et qui n’épuiseront pas, loin s’en faut, le sujet. 

Retour de captivité
Le retour de captivité est conditionné par de nombreux facteurs, les uns antérieurs au moment de la captivité, les autres dépendant des conditions mêmes de la captivité et ceux, à ne pas négliger, du retour à la vie civile chez soi. Le plus important est de considérer la force morale qui anime le prisonnier de guerre : une religion[17] ou une croyance lui donne une force intérieure lui permettant de mieux faire face aux épreuves aussi bien du combat que de la détention.

N’importe quel soldat adopte un comportement par rapport à son vécu de la guerre, selon l’image qu’il a de lui, l’image qu’il veut donner aux autres et, le troisième élément qui n’est pas le moins important, selon l’image que les autres, ceux de l’arrière, ont de lui et qu’il devra découvrir à son retour. Par exemple, un soldat artilleur français du Gard ne voulait pas me parler, dans un premier temps, de son expérience de juin 1940. Me sachant officier et ayant établi un lien de confiance avec lui, bien des années plus tard, il m’a enfin tout dit : il avait été fait prisonnier lui et ses camarades au contact des Allemands, sans avoir pu tirer un seul coup de feu ; ils avaient amené leur canon sous le feu de l’ennemi sans disposer d’une seule munition pour leur pièce ; pire, pour se défendre, ils n’avaient pas de cartouches en suffisance. Des officiers dont son capitaine évitèrent d’être faits prisonniers alors que leurs hommes le furent. Après quelques mois, il revint par le train à Nîmes et vit, à son arrivée, son capitaine qui buvait l’apéritif dans le bar en face de la gare. 45 ans après cet évènement, il n’avait jamais accepté ces conditions de capture et, par contre, n’avait aucun mauvais souvenir de ses conditions de captivité. Il a préféré taire à ses proches cette page de sa vie.

Un combattant qui aura lutté et qui a été fait prisonnier face à une force armée supérieure aura un autre ressenti bien entendu : il peut se dire  « Oui, j’ai livré le bon combat ! » et cette circonstance sera décisive pour la suite de sa guerre. Il est dans un autre état d’esprit que celui qui a été pris dans la fuite ou la désertion. Le fait d’être malade ou d’être blessé jouera un rôle décisif : une blessure physique s’ajoutant à la blessure psychique change le rapport existant avec la souffrance. Les soins sanitaires n’ont pas cessé de s’améliorer au XXe s. et, mis à part le front russe ou chinois en 39-45 et les zones de résistance à outrance, les blessés des différents camps recevaient les soins élémentaires, pour autant qu’ils puissent être donnés, de façon convenable.

La stupeur d’être fait prisonnier étant passée[18], les conditions d’internement jouent un rôle décisif : au commencement, les marches, les transports, la faim, la soif sont de tout temps les étapes à franchir. Les troupes sont généralement prêtes pour mener des opérations de combat. Faire des blessés dans les rangs adverses, c’est militairement mobiliser pour un temps des hommes à donner des secours à leur camarade : il y a une rentabilité opérationnelle[19] qui n’a pas échappé à bien des hommes de guerre. Par contre, faire des prisonniers peut être une gêne pour les troupes combattantes : cela mobilise des hommes, des vivres ; cela nécessite une logistique lourde pas toujours prévue en début de conflit. Plus d’un massacre de prisonniers a répondu à la question : les exemples se retrouvent dans tous les pays et aucun Etat ne peut prétendre à l’exception ! Par contre, être fait prisonnier n’est pas inscrit dans le programme d’instruction du soldat : ce qui est une erreur. Tout au plus et au mieux, il a des notions pour ce qu’il a l’obligation de déclarer, le reste devant être tu.
  
Lors des Croisades, les prisonniers étaient massacrés aussi bien par les Croisés que les Arabes car il aurait fallu les nourrir et surtout les faire boire. Lors de la Première Croisade[20], certains croisés trempaient un tissu dans la vase pour extraire une eau qu’il buvait : cela fut la cause de nombreuses dysenteries, parfois mortelles. Entre deux actions de combat, les Croisés ont dû essentiellement se soucier de leur ravitaillement : les troupes commandées autour d’un seigneur, ayant une trésorerie, géraient mieux la situation que les combattants isolés, très nombreux et qui n’avaient pas eu un grand souci de logistique à leur départ. Ces derniers devaient payer leur nourriture et les prix variaient fort en fonction de l’offre et de la demande ; sans argent, le dernier recours était soit de se mettre au service d’un seigneur (ce qu’encourageaient les prêtres), soit d’opérer des razzias, ce qui ne facilitait pas les contacts avec les populations des pays traversés, même quand elles étaient chrétiennes ! Pour mémoire, les premiers Croisés ont opté pour la voie terrestre afin de se rendre en Terre Sainte. En terre ennemie, les parties charnues de cadavres récents ont  été consommés[21] : ce qui a scandalisé les chroniqueurs musulmans qui en font mention dans leurs écrits pour justifier leurs représailles, aussi sanglantes, considérées dès lors comme légitimes. Le Croisé qui revient au pays avec ce vécu dans sa chair et sa mémoire n’est certainement pas le même homme qu’au départ…

L’espace attribué à chaque prisonnier dans le campement a son rôle : il lui faut un espace pour se retrouver et faire le point sur les évènements qu’il est en train de vivre. Plus la durée de détention se prolonge, plus le confinement et la promiscuité deviennent oppressants. Les activités attribuées ou l’oisiveté influenceront tout l’équilibre intérieur du captif. De nombreux témoignages démontrent que la personne qui lit ou qui exerce une activité intellectuelle, comme l’apprentissage d’une langue ou de connaissances selon les savoir disponibles et partageables dans le camp, affronte mieux les conditions de détention et s’assure ainsi un meilleur retour de captivité.

Pouvoir établir une correspondance avec sa famille ou des proches, recevoir des paquets : autant de soutiens qui aident à vivre les conditions de détention. Pour ce faire, le CICR a joué un rôle décisif. Il y a eu parfois des difficultés car des chefs de camp ont pris possession de marchandises à destination des prisonniers. Des cas exceptionnels ne peuvent pas être une généralité. Pour les familles, l’essentiel était de savoir que leur proche était vivant et en un lieu précis.

L’attitude des gardiens joue un rôle décisif. Abou Grahib et Guantanamo ont donné des exemples nombreux où les prisonniers n’étaient pas considérés comme des êtres humains : humiliations dès la prise en charge ; tortures spécifiques en raison de la foi religieuse du prisonnier : nudité devant d’autres prisonniers, rasage de barbe, Coran jeté dans des endroits souillés paraissent à un homme, sans connaissance de la culture de celui considéré uniquement en tant qu’ennemi, comme dérisoires mais sont des faits inacceptables pour un Musulman ; tortures traditionnelles n’exigeant pas des installations très particulières : exposition au froid pendant de longues heures, pas d’hygiène possible durant des semaines, ongles arrachés, doigts écrasés, immobilité totale dans un temps long et dans une position inconfortable, bruits incessants, lumières violentes, sommeil troublé à tout instant,  etc..  Ces méthodes ont pour but de détruire la force mentale d’un individu[22]. Il est de bon ton de donner des exemples classiques de 1939-1945 pour ne pas considérer des exemples donnés par un Etat s’affirmant être une grande puissance actuelle, les Etats-Unis ! Le retour du captif qui a vécu ce contexte concentrationnaire est non seulement encore plus motivé dans sa lutte mais il devient un martyr qui suscitera de nombreuses vocations. Celles-ci seront d’abord contre la puissance qui a permis de telles pratiques et ensuite contre les Etats qui ont couvert d’un silence complice de tels actes. Pour d’autres Etats, ils auraient fait l’objet de poursuites par le Tribunal pénal international, de mesures de blocus économique et de rétorsions financières avec effet immédiat comme d’une campagne médiatique universelle avec les voix de tous les grands ténors de la conscience universelle. Le prisonnier a été souvent considéré comme le bouc émissaire, comme l’occasion d’une revanche pour une souffrance antérieure collective, plus généralement, ou personnelle pour quelques-uns dont il n’est pas la cause directe : il a été l’un des instruments parmi d’autres qui, comme lui, étaient dans l’obligation d’exécuter des ordres. Lorsque les gardiens fabriquent des martyrs, les conséquences après conflit sont catastrophiques : naissent ainsi des hommes assoiffés de vengeance. Selon le traitement accordé au prisonnier, la paix sera favorisée ou rendue impossible. L’actualité de 2014 nous l’apprend.

Plus d’un prisonnier s’est cependant ressenti autre chose qu’un numéro lorsqu’il a été reconnu soit comme un prestataire de services, soit comme une source de reconstruction en postconflit. Il y a des cas divers bien entendu : un agriculteur - qui cultive une terre qu’elle soit française ou allemande - retrouve son amour du travail, se reconstruit et connaît généralement un sort partagé avec la population civile où il vit, avec les mêmes contraintes que la famille « hôte ». Il est à noter qu’après 39-45, il y a eu des mariages franco-allemands même si cela n’était pas bien vu dans un pays comme dans l’autre. La situation est autre quand il s’agit de travailler dans des mines ou des usines, zones qui pouvaient être bombardées par les avions de son pays d’origine…

Un blessé allemand qui avait 17 ans à la fin de la Seconde guerre mondiale a gardé des souvenirs précis de la guerre qu’il m’a confiés : des images lui revenaient jusqu’à sa mort, il y a un an. Pourquoi ?
D’autres jeunes de son âge, pas du tout volontaires pour être enrôlé, et avec qui il avait partagé des engagements au front ont été capturés et ont servi au déminage. Des éclats d’obus dans l’épaule ne pouvant pas lui être enlevés, il ne fut pas pris pour cette mission : il y a eu 5000 jeunes Allemands tués dans ce type d’opération pour 500 Français. Certains diront que cela était normal[23] que les poseurs de mines déminent. L’idée aurait été acceptable si le déminage s’était fait de façon correcte mais, le plus souvent, cela n’était pas le cas : le travail de déminage nécessite un matériel et des compétences spécifiques qui peuvent s’apprendre autrement que directement sur un champ de mines reconnu.
Le retour à la vie civile lui fut difficile : il s’est consacré à fond à son travail pour que les souvenirs ne lui rongent pas trop son présent et son avenir. Le vécu de la guerre marque son homme : il n’a plus jamais cru en la politique d’abord et aux grands discours humanitaires ensuite.

Le retour de captivité

Nombreux sont les morts en captivité et de nombreux accords entre pays belligérants ont porté sur le rapatriement des corps et leur financement.
Les exemples de retour de captivité sont variés dans l’histoire et j’en citerai quelques-uns trop souvent oubliés et sans développer les particularités de chacun ainsi que les réflexions qu’ils méritent :
-        Sous Napoléon Bonaparte, les prisons flottantes anglaises[24], les pontons de Portsmouth, ont marqué les esprits ;
-        Avant 1917, en Russie, un officier fait prisonnier sans être blessé était cassé ;
-        L’ordre n° 270 du 16 août 1941, signé par Staline, Molotov et les cinq plus hauts commandants de l’Armée soviétique, stipule que tout officier ou responsable politique fait prisonnier est considéré comme un déserteur passible d’exécution immédiate. Les membres de la famille de ces « déserteurs » devaient être immédiatement arrêtés ; quant aux membres de la famille des simples soldats capturés par l’ennemi, ils seraient rayés de toutes les listes d’ayants droit à une aide de l’Etat[25] ;
-        En France au XIXe s., les prisonniers de guerre étaient privés d’avancement ;
-        Avant d’être libéré, le prisonnier de guerre français recevait de la France le 50% de sa solde, l’autre moitié était sensée avoir été payée par le pays détenteur ;
-        En 1945, les internés en Suisse devant retourner en Ukraine ou en Croatie, ainsi qu’en d’autres pays d’URSS ont connu soit des condamnations à mort, soit la déportation dans des Goulags à mort rapide.

Peu importent les circonstances dans lesquelles est vécu le retour de captivité, cela reste un changement brutal pour le prisonnier de guerre, pour l’otage comme le prisonnier politique. Plus le temps de captivité a été long, plus le sentiment d’être confronté à un autre monde sera fort. Il y a une similitude entre le prisonnier et le combattant, quittant le front au bénéfice d’un congé, et découvrant la vie de cet arrière qui imagine la guerre, à travers ce qu’en disent la presse et les media et si éloignée de ce qu’il a vécu ou il vit réellement.
Le milieu carcéral avait ses lois internes : le règlement régissant le camp, les relations avec les gardiens (parfois des prisonniers désignés) et avec les autres prisonniers ont obéi à des lois écrites et non écrites. Le retour à une vie sociale autre est un choc car en trois ou quatre ans, le milieu sociétal et familial a changé : les autorités politiques ne sont plus les mêmes ; la femme au foyer ou à l’entreprise a pris ses marques ; les enfants ont grandi ; des parents sont morts ; le domicile est détruit ; la famille ou un de ses membres a disparu dans des bombardements ; des femmes ont été violées[26] et des enfants sont nés[27] ; des droits de succession ont été modifiés ; en Europe centrale, des populations entières ont été déportées par l’URSS avec l’accord des grandes puissances victorieuses[28] et le prisonnier de guerre comme le rapatrié devait découvrir un nouveau pays avec de nouvelles frontières, de nouvelles instituions et parfois une langue imposée qui lui était étrangère … Les cas de figure sont nombreux.

Le fait de revenir dans son pays vainqueur ou pays vaincu joue un rôle capital : l’un sera un héros surtout s’il a tenté des évasions mais il pourra invoquer ce titre même s’il était résigné ; l’autre sera celui qu’il faut oublier même s’il a vécu la guerre avec honneur[29] et subi des sévices qu’il devra taire car les rôles du bon et du méchant ont été donnés une fois pour toute et il ne faut surtout pas y revenir. Les problèmes familiaux sont aussi là : celui qui était annoncé mort alors qu’il était prisonnier revient et trouve sa femme et ses enfants avec un autre père et d’autres enfants. Des familles retrouvent non seulement  un captif mais parfois un blessé de guerre ou un malade (maladies pulmonaires, gaz ou tuberculose ; conséquences du typhus) et les nombreux mutilés qui doivent être appareillés et retrouver une activité professionnelle en accord avec leur état physique et leurs aptitudes autres que physique.

Les prisonniers qui ont exercé durant leur captivité des métiers ou professions proches de leur vie civile ont plus de facilité de retrouver des activités normales.
Pour les combattants, les horreurs du champ de bataille prédominent généralement plus que les souvenirs de prisonniers de guerre : une exception toutefois, les prisonniers du Vietnam[30]. Je me souviens du témoignage d’un combattant qui a fait 14-18 et 39-45 : l’image obsédante, hantant ses nuits, était celle de ses camarades tués qu’il recherchait afin de leur donner une sépulture décente. Pour le reste, les souvenirs étaient moins précis, cela faisait selon lui partie du travail qui lui était demandé et qu’il exécutait. D’un soldat, il n’est pas attendu autre chose d’ailleurs. Cependant, il n’a jamais pu avoir une vie familiale normale pendant une vingtaine d’années : il a été colérique et violent avec son épouse et ses enfants jusqu’au jour où il a remis son entreprise et s’est contenté de rendre des services (besoin de s’occuper et de ne pas rester inactif) en parlant fort peu. Uniquement ses yeux dévoilaient des accents de joie ou de tristesse.

Très souvent, un mutisme total ou partiel est adopté, aussi bien par le prisonnier de guerre que le combattant,  dans le but de se préserver[31]. Le plus difficile pour eux est d’être confronté à des civils qui ont vécu la guerre d’une certaine façon mais sans connaître les combats, la prison, les humiliations : il y a un mur d’incompréhension, constituant une véritable souffrance morale qui les sépare de leurs proches. Chez ces hommes ou femmes, des notions comme « patrie », « honneur » et bien d’autres valeurs ont perdu leur force. Leur regard sur les autorités politiques change aussi : « Comment avez-vous pu nous placer dans des conditions pareilles ? » est la question qui leur vient à l’esprit. Deux cas de figure complètement opposés se dessinent chez eux : soit ils célèbrent le culte de l’Homme providentiel[32], soit ils préconisent le rejet de toute autorité[33].
Le plus terrible est formé par les donneurs de leçon de morale dans l’après-conflit : le vaincu étant désigné, vous avez des générations se croyant bien pensantes qui expliquent ce qui aurait dû être fait et ce qu’il ne fallait pas faire  et qui vous assomment de principes que les pays vainqueurs eux-mêmes n’ont pas respectés. Leur mémoire est sélective, conditionnée : le manichéisme est roi et l’URSS n’a pas été seule dans ce cas de figure.
Un  individualisme forcené anime certains prisonniers alors que d’autres créent des liens associatifs ou  s’impliquent dans une relation constructive avec l’ennemi d’hier.
Tous forment un souhait : que justice soit rendue pour soi, les siens et pour les camarades disparus : l’honneur et le déshonneur étaient dans tous les Etats belligérants et l’oublier est une forme de manipulation de l’histoire qui ne doit pas être ignorée car c’est favoriser la haine.

Dans le camp du vaincu comme du vainqueur, la question obsédante du combattant ou du prisonnier de guerre revient  sans cesse : Pourquoi suis-je vivant et pourquoi l’autre est mort, souffre ? Le fait de vivre, d’avoir survécu donne à certains un sentiment de culpabilité alors que d’autres ne pensent qu’à jouir intensément de cette vie qui a failli leur échapper…

Reconstruction identitaire et retrouver un rythme de vie sont les deux préoccupations majeures du prisonnier de guerre à son retour. Trouver un logement et un emploi sont prioritaires. Les Etats accordent des emplois réservés aux mutilés de guerre et créent des écoles spéciales pour donner ou compléter une formation à de nombreux jeunes n’ayant pas suivi une scolarité normale. La reconstruction des infrastructures vitales du pays (destructions routières, industrielles ou minières…) et les nécessités économiques urgentes offrent des emplois. Un aspect à ne pas négliger est le poids politique que prennent les Anciens Combattants qui se constituent rapidement en associations dans les divers Etats et les gouvernements ne peuvent pas les ignorer. En URSS, les autorités politiques se méfiaient des prisonniers et des déportés considérés comme des éléments peu sûrs et à surveiller : ils avaient pu comparer les méthodes de production où ils se trouvaient avec celles qui leur avaient été proclamées comme étant les meilleures en URSS. A propos des mutilés de guerre, une étude serait à mener de façon comparative pour les tarifs d’indemnisation pour les membres ou organes perdus.

Deux exemples positifs avant de conclure : l’un, d’un retour de la campagne de Russie sous Napoléon et l’autre, d’une action franco-allemande après 1939-1945.
Un Suisse est revenu vivant après avoir couvert la retraite française de la Bérézina[34] et, sur le chemin de retour au pays mais obligé de passer par la Hollande, il a vu des moulins au fil de l’eau avec des mécanismes performants. Sans ressource chez lui, mis à part la gloire d’avoir servi et survécu, il a construit à l’identique un moulin à l’aide de prêts financiers : il a eu ainsi une vie prospère qui a fait la fortune de plusieurs générations après lui.
D’anciens prisonniers français et allemands[35] ont favorisé la création de jumelages en Europe : ils ont réussi à faire une œuvre constructive. C’est sur ces notes optimistes que j’aurais souhaité achever cette communication mais je ne le peux pas.

Pour conclure, il me paraît nécessaire de porter notre attention sur les cas graves d’un passé récent qui rappelle trop celui de ces camps de prisonniers lors de la guerre des Boers[36] (de nos jours, les noms oubliés de ces camps sont : Norvals Pont, Aliwal North, Bloemfontein, Springfontein, Kimberley, Mafeking) ou encore lors de la guerre de Sécession (les conditions faites aux prisonniers étaient indignes, scandaleuses et il n’en est pas fait mention dans les ouvrages scolaires « pour que cela ne se reproduise plus », selon la formule consacrée) : ne cherchons pas si loin dans le passé récent[37], je pense à Abou Grahib et Guantanamo.

Les conditions faites aux prisonniers dans ces deux camps ont une répercussion détestable sur tous les pays non occidentaux. En effet, l’Occident a perdu le droit de donner des leçons morales, aux noms de valeurs universelles, au reste du monde. Lorsqu’il y a eu le massacre des Arméniens par les Turcs, un même silence a régné. La façon dont les Américains traitent les prisonniers provoquent des réactions telles dans le monde arabe que la haine est décuplée. Chaque prisonnier qui revient à la vie civile et raconte les faits qu’il y a vécus fait naître des vocations nouvelles pour lutter contre cet Occident où les Européens sont assimilés aux Américains : l’Europe en supportera longtemps encore les conséquences.

La lecture du témoignage du Mollah Abdul Salam Zaeef, ancien ambassadeur au Pakistan de l’Emirat d’Afghanistan, « Prisonnier à Guantanamo »[38] offre une prise de conscience d’une non-application du droit international. L’humanitaire ne doit pas servir un seul camp : nous assistons à une discrimination du droit qui serait valable pour les uns, pas pour les autres. Le droit international n’est plus crédible tant que des généraux ou chefs des camps US ou encore un Georges W. Bush ou un Rumsfeld[39] bénéficient d’une impunité qui fait injure à la notion de justice. Faut-il attendre leur mort naturelle pour porter un jugement sur leurs actes ? Faut-il patienter une trentaine d’années comme pour des tortionnaires propres à certains régimes ?  Voilà des questions légitimes que se posent des non occidentaux et que pouvons-nous leur répondre honnêtement ? L’histoire qui s’écrira dans une dizaine d’années sur ces évènements ne laissera pas une bonne image de l’Occident et les discours humanitaires ne cacheront pas la réalité des faits.

Conclusion
Pour un retour de captivité qui soit porteur de paix, il est essentiel que la Convention III de Genève[40] soit respectée :

Article 129
Les Hautes Parties contractantes s’engagent à prendre toute mesure législative nécessaire pour fixer les sanctions pénales adéquates à appliquer aux personnes ayant commis ou donné l’ordre de commettre, l’une ou l’autre des infractions graves à la présente Convention définies à l’article suivant.

Chaque Partie contractante aura l’obligation de rechercher les personnes prévenues d’avoir commis ou d’avoir ordonné de commettre l’une ou l’autre de ces infractions graves, et elle devra les déférer à ses propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité. Elle pourra aussi, si elle le préfère, et selon les conditions prévues par sa propre législation, les remettre pour jugement à une autre Patrie contractante intéressée à la poursuite, pour autant que cette Partie Contractante ait retenu contre lesdites personnes des charges suffisantes.

Chaque Partie contractante prendra les mesures nécessaires pour faire cesser les actes contraires aux dispositions de la présente Convention, autres que les infractions graves définies à l’article suivant.

En toutes circonstances, les inculpés bénéficieront de garanties de procédure et de libre défense qui ne seront pas inférieures à celles prévues par les articles 105 et suivants de la présente convention.

Article 130
Les infractions graves visées à l’article précédent sont celles qui comportent l’un ou l’autre des actes suivants, s’ils sont commis contre des personnes ou des biens protégés par la Convention : l’homicide intentionnel, la torture ou les traitements inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé, le fait de contraindre un prisonnier de guerre à servir dans les forces armées de la Puissance ennemie, ou celui de le priver de son droit d’être jugé régulièrement et impartialement selon les prescriptions de la présente Convention.

Article 131
Aucune Partie contractante ne pourra s’exonérer elle-même, ni exonérer une autre Partie contractante, des responsabilités encourues par elle-même ou par une autre Partie contractante en raison des infractions prévues à l’article précédent.

Pour vous laisser libre de conclure, je vous signale quelques pays signataires où cette Convention a été acceptée et est applicable depuis 1949 : Afghanistan, Pakistan, Etats-Unis, Irak, Grande-Bretagne. Sans appliquer des lois de façon rétroactive comme cela a été fait à Nuremberg, il devrait y avoir des procès contre des autorités gouvernementales et militaires connues de tous mais il ne se passera rien : c’est ainsi la mort clinique du Droit international et du Droit dans les conflits armés. Nous sommes revenus à un temps où, derrière la façade du Droit, l’inacceptable est accepté.

Le respect du droit international est la seule façon d’assurer des captifs qui reviennent à la vie civile avec le moins de haine possible dans le cœur. Ne pas le respecter, c’est jeter de nouveaux germes de guerre au cœur des générations futures.

Antoine Schülé
La Tourette, le 1er janvier 2014

Contact : antoine.schule@free.fr



[1] Yves Durand : « La vie des prisonniers de guerre dans les stalags, les oflags et les kommandos 1939-1945 ». Hachette. Paris. 1987. 308 p.
[2] Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen (dir.) : « Les prisonniers de guerre dans l’histoire, Contacts entre peuples et cultures ».  Privat. Toulouse. 2003. 328 p.
[3] Homère : Odyssée.
[4] L’Arioste : Le Roland furieux.
[5] Soljenitsyne : L’Archipel du Goulag.
[6] Forme idéale de résistance selon Jules Verne.
[7] A la façon d’un Robinson Crusoë de Daniel Defoe, prisonnier de son île.
[8] Le mot propagande est ici employé de façon non péjorative; geste humanitaire si vous voulez.
[9] Dont il partageait les valeurs qui lui y avaient été enseignées mais qui n’étaient pas appliquées : chez les donneurs de leçons universelles, ce fossé  est fréquent entre le discours et les faits…
[10] Tout lecteur attentif de témoignages, ayant connu de grandes diffusions imprimées, devrait se livrer à une lecture critique pour débusquer des faux patents sous le couvert de l’émotionnel et du politiquement défini !  
[11] Silvio Pellico (trad. de l’italien par H. de Messey) : Mes prisons suivies Des devoirs des hommes. Garnier. Paris. s.d. 360 p.
[12] J. Petit : La Guerre en captivité. Société mutuelle d’édition. Paris. 1919. 256 p.
[13] André Perrin (préface d’Yves Congar) : Evadé de guerre via Colditz. La Pensée universelle. Paris. 1975. 256 p.  Il s’agit plus d’un témoignage que d’un texte littéraire mais il y a un souffle romanesque qui ne laisse pas indifférent.
[14] Bernard Faÿ : De la prison de ce monde. Plon.  Paris. 1974. 192 p.
[15] René Grousset : Histoire des Croisades. Vol 1 : 1095-1130 L’anarchie musulmane. 892 p. ; vol. 2 : 1131-1187 : L’équilibre.  1016 p. ; vol. 3 : L’anarchie franque.  904 p. Perrin. Paris. 2006.  Cette étude parue en 1936 constitue toujours une référence car l’auteur présente  aussi les premiers témoignages arabes sur les Croisades.
[16] Dans le cadre de cette communication, il n’est pas possible de les mentionner : tout au plus, quelques titres sont fournis.
[17] Delphine Debons : L’assistance spirituelle aux prisonniers de guerre. Un aspect de l’action humanitaire durant la Seconde guerre mondiale. Cerf Histoire. Paris. 2012. 456 p.
[18] Vous avez une personne engagée dans le combat qui d’une heure à l’autre bascule dans un autre état de vie après avoir vécu les conditions d’un champ de bataille. La plupart du temps, il s’agit d’un homme épuisé, voire blessé.
[19] L’expression est dure mais la guerre n’est pas tendre.
[20] Anonyme (trad. Aude Matignon) : La geste des Francs. Arléa. Paris. 1992. 172 p.
[21] Au XXe s., des rescapés d’accident d’avion ont dû pratiquer cette forme de cannibalisme pour survivre.
[22] Il est à retenir qu’une minorité des prisonniers surmonte ces épreuves par la force de la foi ou de l’idéologie, de façon générale, ou pour l’amour de leur famille ou d’une personne, pour d’autres cas.
[23] Plusieurs personnes m’ont soutenu cette acceptation.
[24] Philippe Masson : Les Sépulcres flottants. Prisonniers français en Angleterre sous l’Empire. Ouest-France. Rennes. 1987.
[25] Pavel Polian, La violence contre les prisonniers de guerre soviétiques dans le IIIe Reich et en URSS, in : Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker et al. (dir.), La violence de guerre, 1914-1945, Paris-Bruxelles, IHTP-Complexe, 2002, p. 124-127  

[26] Exemples : des jeunes filles de 17 ans ont été attachées à un lit et violées par des soldats en manque d’activité sexuelle ; une femme allemande, sans grande connaissance de la vie, s’inquiétait de son enfant à naître et issu d’un viol d’un noir américain car elle craignait que son enfant ne parle pas sa langue !
[27] J. Robert Lilly (trad. de l’anglais de Benjamin et Julien Guérif) : La face cachée des GI’s. Les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la Seconde guerre mondiale (1942-1945). Payot. Paris. 2008. 408 p.
[28] Elles affirmaient par ailleurs le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
[29] Günter Fraschka (trad. de l’allemand Lajos Marton ; avant-propos de Rémy) : L’honneur n’a pas de frontières. France-Empire. Paris. 1970. 368 p.
[30] Les témoignages écrits abondent.
[31] Je l’ai aussi constaté avec des Français impliqués dans la guerre d’Algérie. Cela se retrouve aussi bien chez le vainqueur que le vaincu : le fait d’avoir versé le sang d’un autre homme même en service commandé ne se vit facilement.
[32] Mao, Castro, de Gaulle, Tito.
[33] Dans quelle mesure la génération de mai 68 n’a pas été l’un des fruits de 39-45 ? La question peut être posée.
[34] Ils étaient fort peu nombreux.
[35] François Cochet : Le rôle des anciens prisonniers et des anciens déportés français dans le rapprochement franco-allemand (1945-1965), in : Antoine Fleury et Robert Franck (sous la dir.) : Le Rôle des guerres dans la mémoire des Européens : leur effet sur la conscience d’être européen.  Lang. Berne. 1997. P. 123-135.
[36] Les Britanniques ont créé les premiers camps de concentration pour les civils en 1901-2 en Afrique du Sud : femmes et enfants mal nourris, mal logés sont morts dans des conditions épouvantables : ces victimes n’ont pas droit à des commémorations solennelles  et répétitives. Ce racisme victimaire a quelque chose de gênant pour tout humaniste ! Une Anglaise a écrit un livre de témoignage à ce sujet : Emily Hobhouse: The brunt of war.
[37] Jacques Semelin : Purifier et détruire. Usages politiques des massacres et génocides. Seuil. Paris. 2005. 492 p. Une approche très utile avec des exemples comme la Shoah, l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, Israël, le Cambodge, l’Arménie…
[38] Abdul Salam Zaeff : Prisonnier à Guantanamo. Les mémoires d’un haut responsable Taliban : 1168 jours de traitements humiliants et dégradants. EGDV Documents. Paris. 2008. 288 p.
[39] Richard Clarke (trad. de l’anglais par Jean Bonnefoy, Laurent Bury, Pierre Girard) : Contre tous les ennemis. Au cœur de la guerre contre le terrorisme. Albin Michel. Paris. 2004.  364 p.
[40] Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre du 12 août 1949 (dite IIIe Convention de Genève). En caractères gras, je souligne ce qui devrait être fait mais ne se fait pas pour tous et, au final, la coresponsabilité des pays qui n’appliquent pas ce droit aux pays responsables.

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