lundi 18 mai 2020

Angelus Silesius : le sens de la Création.



Angelus Silesius (1624-1677)

Antoine Schülé

La Tourette, 8 mai 2020

Le laboureur est Dieu, Sa Parole est le grain,
Son Esprit est le soc et mon cœur le terrain.1

La pierre est sur le sol et l'oiseau dans les cieux;
le poisson vit dans l'eau, moi dans la main de Dieu.2

L'hiver est le péché, la contrition le printemps,
l'été la grâce, l’automne l'accomplissement.3

Le sage cherche le calme, fuit le bruit;
sa détresse est le monde, le Ciel sa Patrie.4

Le monde est un océan pour moi, le capitaine est l'Esprit de Dieu;
mon corps est le bateau dont l'âme voyage vers le port.5

En toi sont le Ciel et aussi le tourment de l'Enfer:
Ce que tu choisis et veux, tu le trouves partout.6

Pour ouvrir ce sujet, ces quelques citations vous donnent l'esprit et le style de cet auteur nommé Angelus Silesius. Les amateurs de haïkus doivent s'intéresser à son œuvre où se retrouve, en partie, une sagesse déjà livrée par Lao Tseu, dans son Tao Te King. La sagesse a dû accompagner la naissance de l'humanité, même si elle semble bel et bien perdue chez quelques-uns, en nos temps d'illusions. Méditer une image verbalisée en dit bien plus qu'un long discours mais, pour vous initier à ce poète mystique, il me faut bien vous en dire un peu plus, afin de découvrir l'esprit qui a conduit l'écriture de ses distiques.


Angelus Silesius

Johannes Scheffler, qui se nommera ultérieurement Angelus Silesius, est issu d'une famille ayant une origine allemande et ayant émigré en Pologne.
Son père était né à Cracovie en 1562 et a mené une vie d'homme d'armes. Il fut anobli en 1597. Il décida de s'installer à Breslau (Wroclaw, dans la Pologne actuelle). Âgé de 62 ans, il épousa Marie Hennemann en 1624. De cette union, trois enfants sont nés : Johannes Scheffler, le 25 décembre 1624, et plus tard, un frère Christian ainsi qu'une sœur. Leur père quitte ce monde en 1637, à l'âge de 75 ans, et leur mère décède en 1639.

Temps des études

De 1639 à 1643, Johannes étudie au gymnase Sainte-Elisabeth. Deux enseignants ont une grande influence sur son développement intellectuel et moral : Chrisostomos Schultz et Christophe Köler, un poète. Il est remarqué pour son enthousiasme, son côté introverti et sa recherche d'une certaine ascèse morale. Il s'y fait aussi un ami en la personne d'Andreas Scholz (latinisé en Scultetus) : ce luthérien à l'origine se convertira au catholicisme; il deviendra un poète reconnu par Lessing en 1644; cette amitié a marqué la vie de Johannes.

Le 4 mai 1643, il est inscrit à l'université de Strasbourg pour des études de médecine mais il étudie aussi l'histoire et la politique. Il y découvre l’œuvre de Tauler, un disciple d'Eckhart.

En 1644, le 6 septembre, il poursuit ses études à Leyde, Hollande, où il restera jusqu'en 1647. Il y connaît une étape importante pour sa vie spirituelle : une confrontation avec d'autres pratiques religieuses et de nouveaux auteurs. La Hollande a reçu des Luthériens, des Calvinistes, des Juifs, des hérétiques et diverses "chapelles" particulières y prospèrent. Il lit avec assiduité les écrits de Böhme, Tauler, Ruysbroeck et de Harpius (traduits en allemand par des Chartreux) et probablement d'Eckhart et de Weigel.

Le 25 septembre 1647, nous le retrouvons à Padoue7. Après cinq années d'études, le 9 juillet 1648, il est docteur en philosophie et en médecine.

Retour en Silésie et conversion

En 1649, il revient à Breslau. Son frère est frappé d'aliénation mentale. Sa sœur a épousé un médecin. Le 3 novembre 1649, il devient le médecin du Prince de Öls.

Les cercles mystiques l'intéressent et révèlent sa curiosité spirituelle : il rencontre Abraham von Franckenberg qui mourra le 25 juin 1652. Johannes lui écrit pour cette circonstance un éloge de 28 strophes (112 vers) où se développent plusieurs idées que nous retrouverons dans son œuvre majeure "Le Pèlerin chérubinique8".

Von Franckenberg lui permet de rencontrer Daniel Czepko qui est l'auteur d'un recueil de 600 distiques qui traitent de la relation entre l'âme et le Christ. Ce procédé littéraire n'est pas nouveau et s'inscrit dans une continuité spirituelle qui s'exprimait de la même façon mais en latin, comme avec Theodor von Tschech (1595-1649) entre autres. Angelus Silesius reprend ce procédé avec plus d'ardeur, de subtilité et une grande adresse technique. Silesius ne construit pas un édifice doctrinal à la façon d'un Thomas d'Aquin. Ses intentions sont didactiques :
  • montrer aux hommes le chemin de la Vérité;
  • révéler la signification vivante du christianisme et des mystères de la Foi.
Pour faciliter la mémorisation, il compose des vers rimés en allemand à la façon française qui se retrouve chez Corneille9, La Fontaine ou Boileau.

Des ouvrages annotés de sa main, nous savons qu'il relit les œuvres de Ruysbroeck et de Tauler, traduites en latin par un Jésuite, nommé Sirius. Figurent aussi, sur les rayons de sa bibliothèque, les œuvres de Saint Bonaventure, "L'imitation de la vie de Jésus Christ" attribuée à Thomas a Kempis, les œuvres de Gertrude de Hakeborn, le "Clavis pro Theologia mystica" du Jésuite Maximilien, un dictionnaire de termes mystiques de Sandäus (paru en 1640).
Johannes, luthérien par déterminisme familial, lit les auteurs catholiques et il les admire : ils répondent à sa préoccupation de l'union de l'âme à Dieu. Il réalise que l'Eglise est plus ouverte à un chemin mystique qui connaît par contre une forme d'intolérance chez les autorités de la Réforme.

Il reçoit le baptême catholique dans l'église Saint-Matthieu, le 12 juin 1653, et son nom devient Johannes Angelus. Deux raisons à cet ajout à son prénom : au XVIe s., il y a eu un mystique espagnol nommé Johannes ab Angelis; Angelus car l'ange est pour lui cet esprit messager de Dieu qui parle à l'âme.

En 1654, il est médecin à la cour de l'Empereur catholique Ferdinand III. En 1657, il publie la première édition du "Pèlerin chérubinique" qui a pour titre "Aphorismes spirituels et sentences rimées".

Le 29 mai 1661, il est ordonné prêtre chez les frère mineurs de Saint François. Il réussit à rétablir les processions à Breslau qui n'étaient plus pratiquées depuis 135 ans. Ainsi, ce mystique a le grand souci d'un christianisme populaire et, une fois de plus, se vérifie le réalisme du mystique qui, trop souvent, est imaginé en train de planer dans des hauteurs éthérées. Il exprime très clairement son refus de la gnose et ceci doit être retenu car des gnostiques, encore de nos jours, tentent de récupérer une partie de ses écrits10 pour se rendre crédibles. Ne confondons pas gnostique11 et mystique12 ! Il a la volonté de convaincre. Il mène une vie active et il aime l'écriture poétique. Il est l'auteur de plusieurs livres : "Sainte joie de l'âme" est un recueil de cantiques spirituels; "Description sensible des choses dernières" où il décrit les peines de l'Enfer et les joies du Paradis.

Les attaques incessantes et virulentes des Luthériens ne manqueront pas à l'égard de ce converti au catholicisme : pour leur répondre, s'ouvrent 12 ans de polémique Johannes Angelus ne sera pas toujours soutenu par les Catholiques. Il publie 55 pamphlets, libelles et opuscules où il s'exprime vigoureusement : cette vigueur lui sera reprochée mais les attaques luthériennes contre lui ne seront pas condamnées... les timorés sont souvent ainsi et sont aimés, pour cette "qualité", par leurs adversaires qui, quant à eux, ne s'embarrassent pas de scrupules ! Son militantisme cesse en 1675.

En 1675, il publie la deuxième édition complète et définitive du "Pèlerin chérubinique" sous le nom d'Angelus Silesius, Silesius car il est de Silésie. Il renonce à sa fortune au profit des plus pauvres. Atteint de phtisie, il se retire chez les frères Porte-Croix. Il meurt le 9 juillet 1677 et il est enterré dans l'église Saint-Matthieu de Breslau.

Les poètes piétistes imiteront volontiers son style et garderont le souffle de son esprit.

"Pèlerin chérubinique"

Cet ouvrage est un passionnant recueil de sentences paradoxales. Il s'agit pour Angelus Silesius de confronter deux énoncés qui doivent normalement s'annuler mais qui, en fait, vous dévoilent une sagesse surprenante. Pour ma part, en le lisant, je retrouve des inspirations certaines de six livres de l'Ancien Testament : La Genèse, Le livre de Job, Les Proverbes, Le livre de la Sagesse, Le livre du Siracide, les Psaumes mais tous lus à la lumière de l'Evangile selon Saint Jean13 et des Epîtres de Pierre. D'ailleurs, la vie nous apprend souvent que même la réalité est paradoxale ! L'université théologique catholique de Vienne a donné son approbation à la publication de ce livre que je vous présente en ce jour.

De Saint Jean l'Evangéliste, quelques versets vous donnent les clefs de lecture de la Bible, retenues par Angelus Silesius :
  • Jésus dit : "Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi14; et si vous ne croyez pas ma parole, croyez pourtant à cause de ces œuvres15." Jean 14, 1116
  • "Je suis le Chemin17 et la Vérité18 et la Vie19. Personne ne va au Père si ce n'est par moi20." Jean 14, 6
  • Jésus : "En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.21" Jean 6, 47
  • "Mais celui qui garde sa Parole en lui22, vraiment, l'amour de Dieu est accompli; à cela nous reconnaissons que nous sommes en Lui23." 1 Jean 2, 524

A compléter avec ce verset de saint Paul :
  • "La foi 25 est une manière de posséder déjà ce qu'on espère 26, un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas." Héb 11, 1

Quelle est l'intention de la démarche de notre auteur ? Il explore les liens entre Dieu, l'homme et la sagesse. Un principe de base pour débuter : rester prudent face à la perception des sens qui révèlent une réalité partielle et créent des illusions d'un savoir qui change en fonction de nouvelles découvertes qui seront elles-mêmes remises en cause plus tard par d'autres découvertes27... Il y a une connaissance au-delà des sens et au-delà d'un savoir humain. Un bon moyen pour l'exprimer : le paradoxe. L'union avec Dieu est propre à chaque homme : un phénomène complexe qui est indicible mais qui s'approche au moyen de paradoxes parfois étranges ou contradictoires.

L'homme, même de science, n'a qu'une vision naïve du monde : le poète perçoit mieux ce réel invisible que le scientifique ne s'intéressant qu'au visible, avec un microscope ou un télescope. Avec raison, le Credo mentionne le "monde visible et invisible" : le mystique s'intéresse à ce monde invisible et pourtant perceptible.

"Le Pèlerin chérubinique" n'est ni un manuel de pieuse spiritualité, ni un exposé de doctrine, ni un traité dogmatique. A l'aide d'aphorismes (énoncé synthétique d'une vérité), Angelus Silesius transmet son expérience de foi vécue et il invite son lecteur à une introspection pour découvrir Dieu en son cœur, Le laisser parler et ensuite agir en soi pour rayonner de la Parole de Dieu dans la joie. Pour le dire de façon contemporaine, c'est le GPS du chemin mystique sauf qu'en plus, il nous dynamise par sa fougue et son ardeur. Il parle en mystique et s'exprime avec concision : oui, il n'est pas possible d'être plus concis et plus direct.

Derrière la simplicité apparente qui surprend à la première lecture, il s'agit surtout de méditer ses épigrammes : ils révèlent le Christ et le mystère de la Croix. Cette méditation nous conduit à imiter ce modèle qu'est le Christ pour commencer ou poursuivre de façon salutaire une conversion qui ne s'achève complètement que lorsque l'âme quitte le corps.

Ce livre est un recueil d'environ 1 700 distiques. La qualité de son auteur est de créer l'inattendu : le lecteur est régulièrement surpris par l'imprévu qui ouvre un nouveau regard. Ces distiques se complètent. Vous pouvez commencer la lecture n'importe où dans l'ouvrage et inévitablement vous effectuerez un voyage d'un distique à l'autre.

Il est préférable, pour ceux qui le peuvent, de lire notre auteur en allemand. Toutefois, il existe de bonnes traductions en français28. Signalons que la traduction de ce recueil de distiques n'est pas facile. La langue allemande dispose de mots plus précis et plus courts pour ces notions qui ont trait à la philosophie et à la spiritualité. Un mot allemand nécessite parfois plusieurs mots en français pour exprimer son sens exact : la version française est donc, de temps en temps, moins fluide.
L'essentiel est de rester dans l'esprit de l'auteur. Il m'est apparu parfois nécessaire d'offrir une traduction qui soit plus dans l'esprit de ses sources, du moins de celles que je connais.

Les sources d'Angelus Silesius

Précédemment, je vous ai donné quelques noms et livres lui ayant servi de bases mais, avant de poursuivre, il est utile de s'intéresser, trop brièvement il est vrai, à la tradition mystique médiévale29. Dans son "Avertissement au lecteur", il cite les auteurs qu'il a lus et auxquels il se réfère. Les écrits de saint Augustin30 et saint Bernard31 forment un socle d'où est issue ce qui est appelé la mystique rhénane qui, cependant, ne doit pas nous faire oublier la mystique espagnole (je vous ai parlé de Jean de la Croix lors d'une précédente communication32). Il a lu aussi Denis le Chartreux (Dionysius Rickel ou Denis de Leewis), né dans le diocèse de Liège en 1402 et mort en 1471, un magnifique fruit de la spiritualité cartusienne.

Eckhart33, né en Thuringe (Gotha) vers 1260, est mort en 1327-1328, lors d'un voyage où il quittait Avignon. Étudiant à Paris les arts libéraux et la philosophie de la nature, il est devenu dominicain. Il fait sa théologie à Cologne. Il écrit en allemand dans un style vivant et simple, à la façon des Pères du désert34 : ce qui rend sa lecture très facile et je ne peux que vous le recommander. Ses thèmes de prédilection sont : le dépouillement (de soi, à ne pas confondre avec une pauvreté pécuniaire comme ceci est trop souvent entendu), le discernement (qui nécessite du courage), la grâce (ce don de Dieu), la liberté (se libérer de nos déterminismes, de nos égoïsmes pour adhérer librement à Dieu), la joie (non bruyante mais cet instant de plénitude, préfigurant la vie éternelle), la paix (intérieure qui n'interdit pas la lutte contre les forces du mal), la pauvreté (du cœur qui se nourrit de l'Amour de Dieu), l'union à Dieu (s'établissant lors notre vie terrestre pour, au final, naître définitivement en Dieu)...
En lisant quelques Sermons et le Benedictus35, nous retrouvons ses sources, en plus de la Bible, chez deux auteurs que je vous ai déjà présentés : saint Augustin et Hildegarde de Bingen, dans l'esprit d'Albert le Grand. Il a su remarquablement développer une pensée théologique pragmatique : oui, ces deux qualificatifs ne sont pas antinomiques. Ses écrits ont suscité la suspicion de l'archevêque de Cologne, Henri II de Virnebourg qui l'a accusé d'hérésie. Il a fallu attendre le cardinal Nicolas de Cuse pour le réhabiliter, un siècle plus tard. De nos jours, les défenseurs des Cathares veulent discerner une influence cathare dans certains de ses écrits36 : j'en doute car, très tôt, il cultive les veines augustinienne et hildegardienne et cela même si, en tant que Dominicain, il a dû "dialoguer" avec des Cathares à Toulouse. Un dialogue ne signifie pas conversion à ce que croit son interlocuteur mais traduit tout au plus un légitime désir de comprendre et de discerner le vrai du faux dans une doctrine où tout n'est jamais complètement faux, une fois ses erreurs et ses excès reconnus...

Jan van Ruysbroeck37 est né en 1293 dans le village qui lui a donné son nom et qui se situe entre Halle et Bruxelles, pour mourir en 1381. Il a une grande culture patristique et a traduit des textes majeurs du latin en néerlandais. Son ouvrage le plus connu a pour titre : "Les Noces spirituelles" qui est fondé sur ce verset biblique : "Voici l’Époux qui vient, allez à sa rencontre.". Diffusé dans tous les pays germaniques, sa doctrine a marqué durablement la pensée théologique. Par le cœur et l'esprit, l'âme doit devenir toujours plus à la ressemblance de Dieu.

Henri Suso, né en 1295 (à Constance probablement) est mort en 1366 (à Ulm). Il a été béatifié en 1831. Il a accompli ses études théologiques à Strasbourg de 1319 à 1321. En 1322, il a connu Eckhart ce qui lui vaudra une première mise à l'écart en tant que lecteur de son couvent. Il appartient à l'ordre des Dominicains.
Un jour, il eut une voix qui l'interpella en lui disant : "Ouvre la fenêtre de ta cellule et regarde. Tire l'enseignement de ce que tu vois.". Il vit alors un chien qui déchire en morceau un paillasson et alors la voix intérieure lui dit : "Tu seras ainsi déchiré par tes frères.". Ce fut le cas. Alors qu'il a restauré une discipline dans son ordre, il fut calomnié, ce qui provoqua son exil à Ulm.
Les écrits de lui sont : Vie, Livre de la Sagesse éternelle, Livre de la Vérité, L'Horloge de la Sagesse38. On a de lui encore un recueil de lettres. Il aime parler au moyen d'images, tout en précisant qu'il s'agit d'aller au-delà de l'image : l'image est un déclencheur pour allumer la lumière de l'esprit39.

Jean Tauler est né à Strasbourg en 1300, d'après diverses correspondances, et y est mort en 1381. Dominicain, réputé comme prédicateur, il a séjourné à Bâle, en raison de dissensions politiques40. En cette ville suisse, il rencontre les Amis de Dieu qui souhaitent vivre la radicalité des Évangiles. Son œuvre réunit 81 sermons écrits en langue populaire et il utilise très souvent des métaphores que Silesius reprendra. Sa technique est simple : d'un verset de l’Écriture ou des Évangiles, il invite son auditeur à une méditation qui permet d'établir une relation spirituelle entre l'être humain et Dieu. Il n'établit pas une exégèse41, il privilégie le sens allégorique42 au sens littéral43 : une véritable recherche de l'Esprit qui anime le Nouveau Testament.

Maximilien Sandäus (ou Sandaeus, nom latinisé de Maximilien von der Sandt),
né à Amsterdam en 1578, est mort à Cologne en 1656. Il est entré chez les Jésuites en 1597 et a enseigné dans les États germaniques. Auteur de nombreux ouvrages, les deux titres qu'a retenus Silesius sont : Theologia mystica (1627) et Pro theologia mystica (1640).

Il y a eu d'autres mystiques qui ont inspiré notre auteur :

Harpius ou Heinrich Herp, un mystique franciscain, originaire du Brabant, est né au début du XVes. et mort à Malines en 1477.
Louis de Blois (ou Ludovicus Blosius), né en 1506 dans les Flandres et mort en 1566. Son ouvrage le plus lu et traduit en français a pour titre : Institution spirituelle et consolation des pusillanimes44.
Thomas de Jésus, de l'ordre des Augustins, est un Portugais, né en 1529 et mort 1582. En 1602, son livre "La Passion de Jésus" l'a rendu célèbre. En 1623, a paru son livre De oratione dominica, à Anvers et dont Silesius a eu connaissance.
Nicolas de Jésus-Marie, Carme polonais, né à Cracovie en 1596 et mort en 1627, lui est aussi connu par son livre Phrasium mysticae theologiae R.P.F. Joannis a Cruce elucidatio, édité en 1639.

Autant d'auteurs, autant de sujets qu'il faudrait traiter ! Je clos cette liste sommaire et attire votre attention que nous avons une mine splendide de sujets à découvrir et dont on ne finit pas d'explorer les merveilles. Oui, la culture européenne avec des racines chrétiennes a existé et espérons que ces racines sont et seront assez vivantes pour réformer la décadence culturelle actuelle, due en partie à une décadence spirituelle : je veux être optimiste45 malgré tout ce que je vois, tout ce que j'entends même en des lieux où l'on s'y attend le moins...

Dieu

Il s'agit de découvrir Dieu au-delà des mots. Suivre le chemin facile de ces fausses évidences est l'erreur à ne pas commettre. Emprunter le chemin difficile qui conduit à Dieu nous est rendu accessible avec "Le Pèlerin chérubinique". Avec le temps, une fausse idée de Dieu occupe les esprits. Dieu ne s'atteint pas au moyen de spéculations intellectuelles : Il se révèle dans le cœur de chacun en raison de Son Amour pour l'homme. L'humanisme chrétien, c'est çà.

Maurice Zundel cite volontiers, dans ses homélies ou ses retraites, les aphorismes d'Angelus Silesius. Principalement pour souligner cette fâcheuse tendance de l'homme à projeter son image sur Dieu, alors que c'est Dieu qui a voulu l'homme à Son image et en lui laissant la liberté aussi bien de Le refuser ou de L'ignorer que de Le suivre tièdement ou avec enthousiasme. Paradoxe ? Non, l'homme attribue des valeurs et des fonctionnements humains à Dieu, au lieu de découvrir la Présence divine qui est au cœur de chaque homme, qui resplendit chez les uns avec plus ou moins d'intensité ou qui est étouffée chez d'autres par des passions humaines comme l'orgueil, la colère, la jalousie, des désirs possessifs46, le paraître au lieu d'être...

Dieu n'est pas un pharaon, un juge assis sur un nuage, épiant les hommes pour les frapper de sa colère ou être de simples jouets entre ses mains ainsi que des lectures de l'Ancien testament peuvent le faire croire. Dieu ne se possède pas, Il se donne à tous gratuitement avec le respect total de notre liberté : toutefois nos choix seront jugés, non selon des lois trop humaines, et tant de fois perverties, mais selon une loi d'Amour car Il connaît les secrets de nos cœurs. Il propose son Amour qui est exigeant et n'a rien d'un roman à l'eau de rose : c'est bel et bien à l'homme de répondre à Son appel qui est la Parole des Évangiles.
Angelus Silesius dit : "La rose est sans pourquoi."47. Dieu se donne, Marie se donne, la Sagesse se donne sans pourquoi et il le vaut mieux pour les hommes ! Dieu ne s'enferme pas dans une forme mais s'exprime en des symboles, pâles reflets de ce qu'Il est en vérité, au-delà de ce temps qui est une notion humaine, très scientifique. Dieu n'est même pas lié par le temps : nous le disons souvent dans une des formulations de nos prières mais réalisons-nous tout ce que signifie ce : "Gloire au Père, au Fils et au Saint Esprit comme Il était au commencement, et maintenant, et toujours et pour les siècles des siècles." ? La seule limite qu'Il puisse connaître est celle que nous Lui fixons : or cette limite est fausse car le tout et le rien ne se limitent pas. Dieu est au-delà du tout que nous percevons par nos sens48 et au cœur de ce rien à nos yeux humains mais qui Le contient encore. Être un mystique, c'est tout simplement ne pas vouloir extérioriser Dieu pour en faire un objet de perception mesurable, quantifiable, vérifiable et expérimentable... Là réside l'humilité du Chrétien devant Dieu : les humbles de cœur.
Silesius insiste sur le fait qu'il ne faut pas concevoir un Dieu-objet car ce serait en faire une idole comme des païens en ont tant fait. C'est pourquoi il préfère parler de déité49 plutôt que de Dieu car ce mot est devenu trop réducteur dans l'esprit du plus grand nombre : une sorte de fétiche.

Convertir son regard sur Dieu

Par l'esprit, Dieu doit être redécouvert comme la Source afin que nous devenions à notre tour une source pour autrui. Cette affirmation, souvent reprise par Maurice Zundel, mérite d'être approfondie. Dieu est une source de joie intérieure dans notre plénitude humaine qui doit rayonner pour ouvrir les autres à ce cœur-à-cœur avec Dieu. Ceci peut vous paraître irréaliste ou incompréhensible. Pourtant deux exemples simples sont éclairants :
  • vous pouvez rencontrer un prêtre ou un Chrétien vrai qui resplendit de l'Amour du Christ, cette Source de Vie, qui vous communique le sourire de Dieu et ainsi il est une source d'une sérénité intérieure qui se communique;
  • vous pouvez malheureusement voir quelques prêtres ou quelques Chrétiens laïcs, ayant un visage toujours sombre, révélant un air abattu et cultivant une telle amertume que celle-ci glace les meilleures volontés.
Le pire est atteint quand ils pourrissent les mots les plus beaux qui sortent de leur bouche. En effet, le simulateur se dévoile lorsque ses actes contredisent ses paroles : discerner son hypocrisie est de première importance car celle-ci peut susciter de grands maux50. Il assèche les âmes qui sont ainsi coupées de la vraie Source : quelle responsabilité et quelle culpabilité !

A la suite de Saint Augustin, Silesius nous invite à découvrir la Présence de Dieu en soi. De cette façon, nous commençons à atteindre l'intemporel qui est l'éternel présent de Dieu : "Je suis celui qui est.". Sa Présence nous introduit à l’Éternité de l'âme incorruptible : seule la chair est limitée dans le temps car corruptible.
Notre regard sur Dieu, ou la déité, doit changer : il s'agit de partir du point de vue de Dieu s'exprimant dans les Évangiles et non du point de vue de l'homme qui doute de tout ce qu'il ne peut pas enfermer dans son champ de connaissances humaines. Comment y parvenir ? Laisse ton cœur entendre Dieu dans le silence : il s'agit de ne pas noyer Dieu dans des flots de paroles qui couvrent de bruits Celui qui se révèle dans le silence. Rester silencieux devant le Tabernacle nous apprend plus sur Dieu que certaines homélies vides de toute spiritualité51.

Un aspect original de la pensée d'Angelus Silesius : Dieu ne punit personne. N'allez pas croire que Dieu pardonne tout par avance et que le pécheur peut pécher gaillardement, en toute impunité ainsi qu'il s'entend parfois même au sein de l'Eglise52 ! Pour Silesius, Dieu ne punit personne car c'est le péché lui-même qui est "angoisse, douleur et mort" : l'homme construit son enfer en se coupant du Dieu Sauveur. Le mal ne provient pas de Dieu mais de l'homme. Le péché est ce qui est source de souffrances morales, pouvant devenir physiques. Dieu offre son pardon à celui qui se repent sincèrement : c'est la force de l'Amour qui sauve et ne punit point. Son pardon permet d'être un homme nouveau, de reprendre le bon chemin. Nous pouvons chuter et Il nous relève quand nous mettons notre confiance en Lui.

La vertu est source de joie. La vertu est l'essence de Dieu. Ainsi Angelus dit : "La vertu flue de Lui comme du soleil les rayons."53. Le Soleil christique en est un beau symbole : Dieu s'est fait homme dans le Christ pour faire rayonner Sa Vertu. La transfiguration en est l'expression la plus parfaite. Le Transfiguré ne peut pas être regardé par l'homme comme l'homme ne peut pas regarder le soleil, sans être aveuglé : le soleil est source de vie.

Être chrétien, c'est laisser croître en nous l'étincelle de lumière divine, ce don de Dieu qui se trouve dans le cœur de chacun54. Notre auteur nous le dit ainsi : "Laisser naître le Christ en soi."55, à l'image de Marie qui s’abandonne à Dieu par "Que Ta Volonté soit faite !". Le Nouveau Testament n'est pas une histoire appartenant au passé mais il est le guide actuel pour chacun afin de baliser le chemin de tout chrétien, d'hier, de maintenant et de demain : ce pèlerinage terrestre consiste à laisser émerger Dieu qui est déjà en nous, aux premiers instants de notre vie embryonnaire et qui ne demande qu'à s'épanouir comme une belle fleur en nous, en resplendissant de la lumière de Dieu. Il s'agit pour tout homme de foi de Le faire grandir en nous. Ici la prière prend tout son sens et, dès lors, vous comprenez ce distique de notre auteur : "La vraie prière est de devenir ce que l'on prie, c'est-à-dire semblable à Dieu.". Cette affirmation n'a de sens que si on reste dans l'esprit d'Angelus Silesius : "semblable" ne signifie pas "comme". Pour mener une vie la plus parfaite possible par l'homme sur les pas du Christ, suivre le chemin qui conduit à Dieu consiste à s'abandonner à Dieu sans poser des "Comment ?" et "Pourquoi ?". Lui faire confiance suffit.

Satan

L'égoïsme est Satan56 : il n'y a pas de définition plus simple. Le diable détache de Dieu l'homme qui veut refuser l'autre et les autres pour tout réduire à sa propre personne donc à ses propres besoins. Satan habite cet homme qui croit être le centre du monde, que tout doit tourner autour de lui et pour lui. C'est ce goût possessif de l'autre qui est réduit à l'état d'instrument, sous les apparences tantôt de l'amitié, tantôt de la fonction exercée dans la vie professionnelle ou aussi ecclésiale, malheureusement. Silesius répète que les démons peuvent se convertir57 et c'est pourquoi nous devons prier pour nos ennemis au nom de la foi, non pour qu'ils aient du succès dans leurs sinistres œuvres qui doivent être combattues : un acte de contrition sincère et volontaire de leur part, même à leur dernière minute, suffit pour que Dieu leur donne son appui58.

D'où la nécessité d'un dépouillement de soi, ce qu'est la pauvreté évangélique, pour vivre de façon altruiste dans un total abandon à Dieu, Lui faire confiance et ne rien désirer en acceptant le chemin de vie qui ne correspond pas toujours à l'idée initiale que nous nous en faisions.

Être un mystique

Vous l'êtes à partir du moment où vous voulez expérimenter Dieu dans votre vie. Je suis certain que la plupart de mes lecteurs ou auditeurs ont tenté cette expérience. sans savoir qu'ils ont ainsi vécu des instants mystiques. C'est un moment très particulier où l'homme semble être un avec Dieu et il l'est à divers degrés selon la profondeur de sa foi (qui ne se jauge pas comme une marchandise mais selon l'ouverture de son cœur à Dieu et Dieu seul sait la sincérité de cette relation qui est établie avec Lui). L'homme devient semblable à Dieu mais, attention, sans être de même nature que Dieu59. Cette expérience spirituelle où l'âme est transformée, parfois même transfigurée pour quelques-uns, a pour conséquence que cette âme, dans sa mesure humaine, donc limitée, devient lumière de Dieu. Cet état si particulier est une grâce de Dieu et non un don naturel.

Symbolique

Angelus Silesius aime la symbolique des fleurs qu'il considère comme des images de la véritable Beauté, tout à la fois humble et agréable, qui s'offre sans s'imposer. Le lys est l'attribut de la Vierge. Les roses blanches témoignent de l'innocence de Jésus. Les roses rouges rappellent le sang versé par Jésus : suprême attestation de son amour pour l'humanité.

En parlant de l'homme, il utilise des images du monde animal.
L'homme abandonnant Dieu 60 est un porc, une truie et Silesius a des termes très durs pour les disciples de Satan : ce que lui reprochent certains commentaires actuels car, au nom d'un certain relativisme (du genre "Tout le monde est bon, tout le monde est gentil", même l'assassin, le scélérat, l'abuseur et le fourbe), il s'agit de ne plus se scandaliser devant les plus grands scandales ! En effet, il faut se taire et laisser faire... et cet esprit de lâcheté trop commun n'a pas besoin de vous être décrit : vous le constatez tous les jours.
L'homme qui se tourne vers Dieu est un agneau qui suit le bon berger, une colombe qui reçoit le souffle de l'Esprit Saint ou un aigle61 qui peut lever les yeux vers Dieu sans être aveuglé, l'aigle étant réputé pouvoir regarder le soleil sans être aveuglé.

Silesius invite chacun d'entre nous à être les Rois62 mages en apportant à Dieu le triple don : l'or qu'est notre amour, l'encens qu'est notre oraison et la myrrhe qu' est l'ascèse63.

Conclusion avant une lecture de découverte

Notre auteur n'a pas voulu rédiger un ouvrage de doctrine : il y en a déjà trop comme il le dit dans son avertissement, et je me demande ce qu'il dirait de nos jours : "On n'écrit déjà que bien trop de livres ! On en écrit actuellement presque plus qu'on n'en lit."64

Il nous invite à un certain dépouillement : de notre égocentrisme, de biens matériels inutiles65. Il nous engage à lutter contre les forces de ce démon qui est tout ce qui n'appartient pas au Bien et à la Beauté. Il défend ce qui constitue la seule vraie Église.
En mystique qui cherche l'expérience de Dieu dans sa vie, il se distingue des scolastiques qui cherchent Dieu par la connaissance (et qui finissent parfois par être des mystiques) et des gnostiques qui limitent Dieu à leur seul savoir humain, délivré à quelques privilégiés.

Pour être un mystique, il n'est point nécessaire d'être un théologien ou de disposer d'un grand savoir. Il s'agit d'ouvrir son cœur à Dieu dans le silence et d'entendre sa Parole. Entendre, c'est plus qu'écouter, c'est aussi comprendre avec le cœur. Seul un cœur humble peut vivre cette union à Dieu dans un parfait cœur-à-cœur.

Pour Angelus Silesius, le mot déité est préféré à celui de Dieu car le nom de Dieu a été trop galvaudé et masque Sa réalité qui est indicible quoique perceptible par l'esprit. L'homme peut parvenir à cette déité, sans être Dieu, en vivant une union avec Lui (les noces spirituelles), lorsqu'il est en soif ou en appétit de l'essence divine qui est sa source de vie. Au final, lorsque l'homme de Foi est un pâle reflet humain de la déité, donc à sa petite échelle, il rayonne Dieu dans la plénitude de Sa joie. L'unité du peuple de Dieu existe dès que les fidèles font Un avec Dieu par l'Esprit Saint. Angelus Silesius nous invite de façon pressante à goûter la grâce de ce Dieu au cœur de chacun, Sa Présence, éternel présent (aux deux sens du terme), comme dira Maurice Zundel au XXes.

Oui, que le lecteur cherche, par ses propres moyens et à l'écoute de la Parole, le Dieu caché en soi ! Le pèlerinage terrestre portera ainsi ses fruits.

Maintenant que cet auteur vous est mieux connu, je vous invite à parcourir ce jardin spirituel afin de nous émerveiller ensemble devant quelques fleurs, petite anthologie, que je vous ai sélectionnées : leur parfum n'est point néfaste pour ceux qui entendent et aiment Dieu.

Satan

L'amour de soi est damnation
Si le Diable pouvait quitter le culte de son moi,
tu le verrais immédiatement s'élever vers le trône de Dieu.66

Le moi fait plus de torts que mille diables
Homme, prends garde à toi; si tu t'accables toi-même,
tu seras écrasé par toi-même plus que par mille diables.

Tu peux empoisonner l'ennemi
Enflamme-toi, mon enfant, et soit une lumière de Dieu,
ainsi tu seras le poison, l'écran opaque et la mort de Bélial.67

Le démon ne voit pas de lumière
Homme, revêts Dieu, cache-toi dans sa Lumière :
je te promets que, oui, le Diable ne te voit plus.68

Ruse contre ruse
Par ruse, l'Ennemi nous a fait chuter et combattus,
par ruse, il est possible de Le vaincre à nouveau.69

Deux hommes habitent dans l'homme
Deux hommes sont en moi : l'un veut ce que Dieu veut,
l'autre, ce que veulent le monde, la mort et Satan.70

Il ne faut pas laisser le Malin vous sauter à la gorge
Ami, veille et regarde autour de toi ! Le Diable rôde sans cesse;
qu'il rentre dans ton corps et tu dépends déjà de Lui.71

Le diable est facile à vaincre
Chrétien, ne te décourage pas : avec veille, jeûne et prière,
tu peux te protéger de toute l'armée des démons.72


Quitter son ego

Qui s'abandonne trouve Dieu
Celui qui s'est perdu et qui s'est délivré de son soi
a trouvé en Dieu et sa consolation et son salut.73

Tu es toi-même ton cachot
Le monde ne t'enferme pas, tu es toi-même ce monde
qui, en toi, te tient si fortement enchaîné.74

La voie directe qui mène à la vie
Quand tu veux aller tout droit sur le chemin de la vie éternelle,
laisse sur ta gauche et le monde et ton moi.75

Trois ennemis de l'homme
L'homme a trois ennemis : soi, Belzébuth et le monde ;
le premier est le plus difficile à vaincre.76

La mort

La vie et la mort
La mort a sa splendeur quand elle donne la vie ;
il n'y a pas de vie plus noble que lorsqu'elle surgit de la mort.

Il n'est pas de mort sans une vie
Je dis que rien ne meurt et par la mort
une autre vie nous est donnée, y compris la souffrance éternelle77.78

La mort est bonne et mauvaise
Autant la mort est bonne pour qui meurt en Dieu,
autant elle est mauvaise pour celui qui meurt sans Lui.79

La mort est la meilleure des choses
Comme seule la mort me rend libre,
je dis que c'est la meilleure chose entre toutes.80

Perte et gain
La mort est mon gain, une longue vie ma perte,
et pourtant je remercie Dieu de me l'accorder.
Je grandis et je progresse aussi longtemps que je suis ici,
c'est pourquoi je dis très volontiers que la vie est mon gain.

Ressuscite toi-même d'entre les morts
Je dis qu'il ne sert à rien que le Christ soit ressuscité
si tu restes couché dans le péché et les mortelles chaînes.

Quel chemin pour le pèlerin ?

Le corps mérite d'être honoré
Tiens ton corps en honneur, il est un écrin précieux
dans lequel l'image de Dieu doit demeurer.81

Le meilleur ami et ennemi
Mon meilleur ami, le corps, est aussi mon fâcheux ennemi ;
Il m'entrave et m'emprisonne alors qu'il pense bien agir.
Je le hais comme je l'aime et quand viendra le temps de la séparation,
je voyagerai loin de lui avec joie comme avec peine.82

De l'homme qui vit comme une bête
Tu vis comme une bête; homme, sors de cette animalité ;
lorsque tu y restes, tu ne rejoins pas Dieu.83

Le chemin qui mène au Créateur
Toi, pauvre mortel, ne reste pas coller
aux apparences de ce monde et à ses pratiques infâmes ;
la beauté du créé n'est qu'un simple chemin
qui nous conduit au Créateur, la Beauté même.84

Le Christ ne cause que haine et discorde85
Crois-tu que le Christ est venu apporter la concorde et la paix ?
Non, vraiment, où Il est, se lèvent haine et lutte86.87

Noblesse de sang
Qui, né de Dieu, reçoit Sa chair et Son esprit,
lui seul est né d'un sang noble.88

Qui sert Dieu est particulièrement noble
Le monde entier me sert; quant à moi je sers
la Majesté éternelle : combien noble dois-je être !89

Le jardin : Au plaisir de Dieu
Dieu, l'éternelle joie, me veut pour résidence
car je suis son jardin plein de fleurs et d'essences.90

Le royaume mystique
Je suis un royaume, mon cœur en est le trône,
mon âme, la reine et le roi, le Fils de Dieu.91

La vie royale
Donne ta volonté à Dieu, car qui la Lui donne
mène lui-même une vie royale.92

La renaissance mystique
De Dieu nous sommes nés, dans le Christ nous mourons
et dans l'Esprit Saint nous reprenons vie.93

Les yeux de l'âme
L'âme a deux yeux : l'un regarde le temps,
l'autre fixe l'éternité.94

L'amour est éternel
L'espoir cesse, la foi devient vision,
les paroles n'ont plus de sens, et tout ce que nous construisons
se corrompt avec le temps ; seul l'Amour demeure.
Aussi appliquons-nous dès maintenant à le rechercher.95

Dieu regarde le fond
Dieu ne juge pas le bien comme tu le réalises ;
Il regarde seulement la graine et la racine et non le fruit.96

La caractéristique de chacun
L'animal a l'instinct, l'homme a la connaissance,
l'ange a la vision, Dieu Lui-même a l'essence.

Chacun doit être le Christ
Seul le Christ est le vrai Fils de Dieu,
cependant chaque Chrétien se doit d'être97 Christ.98

Le Christ est tout
Ô miracle ! Christ est la Vérité et la Parole,
la Lumière, la Vie, la Nourriture et la Boisson, le Chemin,
le Pèlerin, la Porte et la Demeure.99

C'est en toi que Dieu doit naître
Le Christ pourrait naître mille fois à Bethléem,
s'il ne naît pas en toi, tu seras perdu à tout jamais.100

Le paradis sur terre
Tu recherches le Paradis et tu désires entrer
là où tu ne trouves ni souffrance, ni accablement ;
apaise ton cœur et rends-le pur et blanc,
ainsi tu seras ici-même le Paradis.101

Connaître les noces spirituelles
(dans le sens donné par Jean de la Croix)

Extrait du Cantique des Cantiques
Le roi conduit lui-même sa fiancée dans le cellier
afin qu'elle y choisisse le meilleur des vins ;
Ainsi Dieu le fait avec toi lorsque tu es sa fiancée102 :
pour Lui seul, Il ne garde rien car Il se donne entièrement.103

Véritable sagesse
La vrai sagesse qui conduit à la Porte des Cieux
demeure dans l'alliance et l'ardent désir d'amour.104

Les noces spirituelles
La fiancée est mon âme, le fiancé est Jésus ;
le prêtre, l'Esprit Saint ; et le trône de Dieu,
le lieu de l'alliance ; le vin qui m'est donné à boire
est le sang de Jésus, l'époux ; toute la nourriture
est Sa Chair ; la salle, la chambre
et le lit sont le sein du Père105, dans lequel nous nous unissons.106

Dieu est vérité

Maurice Zundel donne une lecture d'Angelus Silesius afin que nous ne rapetissions pas Dieu, selon de médiocres vues humaines, et que nous nous ouvrions à toute Sa grandeur qui seule peut faire notre grandeur en donnant sens à notre vie, le goût de la Vérité :
"... il y a un admirable mystique allemand du XVIIes., Angelus Silesius, plutôt d'ailleurs un altissime poète, qui dit ceci qui pourrait paraître scandaleux : "Je suis comme Dieu et Dieu est comme moi; je suis aussi grand que Dieu, Il est aussi petit que moi (106), Il ne peut être au-dessus de moi, ni moi au-dessous de Lui.". Si nous remplaçons "Dieu", pour gagner l'intelligence de ce texte admirable, par le mot "Vérité"107, nous comprendrons ce que cela veut dire : " La Vérité, je ne peux pas l'atteindre à moins de devenir ce qu'elle est. La Vérité, je ne peux pas la poser devant moi, il faut qu'elle se pose en moi. Et, par conséquent, Elle est en moi dans la mesure où je suis en Elle. Plus je deviens la Vérité, plus la Vérité grandit en moi, et, moins je La deviens, moins Elle développe en moi sa lumière et sa joie."

Et cela est littéralement vrai de Dieu ! Au fond, si Dieu fait si souvent figure de rabougri et d'idole, c'est parce que nous sommes nous-mêmes rabougris. C'est justement parce que nous ne voulons pas conquérir notre dignité d'homme, notre liberté créatrice, parce que nous n'entrons pas dans la magnifique aventure de la vie. Alors, naturellement, Dieu devient un petit Bon Dieu de rien du tout, un bonhomme oui, un bonasse, qui est finalement une idole et un faux dieu.

Le vrai Dieu , il exige pour être connu, que nous grandissions sans fin. Et ceux-là sont aptes à en parler, ceux-là seulement sont aptes à en parler, justement, qui donnent à leur humanité toutes ses dimensions et toute sa grandeur. C'est d'ailleurs ce que nous dit saint Paul : que nous sommes appelés à acquérir toute la stature de l'humanité dans le Christ Jésus."108

Silesius revient, à plusieurs reprises, sur cette considération que lui a inspirée Tauler :
Un géant et en même temps un enfant
Lorsque Dieu naît en moi comme une Source que je reconnais,
je suis tout à la fois, quelle merveille ! , à la fois petit et grand.109

A lire, pour ne point se tromper, avec ce distique :
L'homme n'est rien, Dieu est tout
Je ne suis ni moi ni toi ; mon moi intérieur, c'est Toi Seigneur,
aussi, à Toi seul, je rends honneur.110

Comment atteindre l'arrivée du chemin de vie ?
Le culte le plus élevé
Être semblable à Dieu est le culte suprême,
par gestes, vie, amour, conforme à Jésus même.111

Dans le plus pur esprit de saint Augustin :
Dieu est partout tout entier
Ô Présence incomparable ! Dieu est complètement hors de moi
et aussi complètement en moi, complètement intérieur et extérieur.112

Comment ceci est-il possible ? Une transmutation, qui préfigure une transfiguration, est ainsi présentée :
La transmutation
Ainsi l'animal devient homme, puis l'homme de la nature d'un ange,
puis Dieu, quand nous sommes complètement guéris113.

Le bien essentiel est Dieu :
Quiconque a Dieu a tout pour lui
En Dieu, il y a tout et chacun ; qui en veut plus
doit être un vrai fou et un avare stupide.114

La vérité rend sage
Vérité donne l'être ; qui ne La reconnaît pas juste
ne peut pas être légitimement appelé sage.115

La Rose

Sans pourquoi
La rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit,
ne fait pas attention à elle-même, ne s'interroge pas si on la voit.116

Dieu se donne comme l'on veut
Dieu ne donne rien de spécifique à tel ou tel, Il se donne librement à tous :
aussi est-Il à toi entièrement, seulement si tu le veux.

La rose
La rose, que tu vois avec tes yeux,
a fleuri de même en Dieu pour l'éternité.117

L’écriture sainte
Comme l’araignée fabrique son venin à partir de la rose,
les méchants corrompent les Écritures saintes.118

Sur les roses
J'aime regarder les roses car elles sont blanches et rouges
au milieu des épines119, comme mon Dieu, l’Époux sanglant.120

Tu dois être blanc et rouge
Seigneur, de tout cœur, je veux que mon cœur
soit blanc comme Ta pureté et rouge comme Ton sang.121

Fleurir même parmi les épines
Christ, Tu ne te fanes pas sur la Croix, dans les douleurs et l'angoisse,
mais si, toi aussi, tu fleuris comme la rose, comme bienheureux seras-tu !122

T'épanouir comme une rose
Ton cœur recevra Dieu avec tous ses bienfaits
s'il peut s'épanouir vers Lui comme une rose.123

La rose mystique
La rose est mon âme, l'épine est le désir de la chair,
le printemps est la grâce de Dieu, Son courroux le froid et le gel,
Sa fleur est le bienfait accompli, Son épine refuser la volonté de la chair ;
elle s'orne avec Ses vertus et tend vers les Cieux ;
Elle prend bien du temps et fleurit quand le printemps survient
et elle est élue par Dieu comme rose éternelle.124

Confiance

La méfiance est une injure pour Dieu
Si tu vas prier Dieu avec méfiance
et ne te confies pas à Ses soins, considère que tu L'offenses.125

Le disciple qu'aime Dieu
Un homme détaché du monde pleinement,
qui voue à Dieu son âme et son corps saintement,
ne meurt point et résiste aux coups de la corruption même,
étant aux yeux de Dieu le disciple qu'Il aime.126

A celui qui aime le monde
L'âme, étant appelée à vivre en l'éternel,
n'a pas de vrai repos en des biens temporels ;
Aussi ton goût du monde et le prix que tu donnes
à ses biens passagers sont choses qui m'étonnent. 127

Ce que Dieu exige de l'homme
Dieu ne veut rien de toi sinon que tu reposes
en Lui. Fais-le, et Lui fera les autres choses. 128

Dieu

L'Un est dans l'autre
Je ne suis hors de Dieu, Il n'est hors de moi-même;
Je suis Son feu, Son lustre, et Lui mon diadème.

L'homme en Dieu, Dieu dans l'homme
Étant l'enfant de Dieu, si tu le peux tu vois
l'homme au-dedans de Dieu, Dieu au-dedans de toi. 129

La paix intérieure
Lorsqu'elle unit à l'homme, à Dieu comme à moi-même,
la paix dont je jouis, pour sûr, est paix suprême. 130


Dieu donne de grandes choses dans les petites
Prends ce que t'offre Dieu ! Que je le croie ou non,
il offre or dans la boue et dans le rien grands dons.

Dieu n'est rien et Il est tout
Le Seigneur est lumière, essence, flamme et esprit,
mais rien non plus vraiment de tout ce que j'ai dit. 131
On dit sur Dieu plus de mensonges que de vérités
Ce que tu dis sur Dieu est plutôt imposture
que vrai : tu n'as jugé que par la créature. 132

Le commencement, le milieu et la fin
La sagesse commence à la crainte de Dieu ;
amour en est le terme et bon sens le milieu. 133

Celui qui était, qui est et qui viendra
Le Fils est maintenant, le Père était jadis ;
au jour de la splendeur sera le Saint Esprit. 134

Tout a le même prix aux yeux de Dieu
Pour Dieu tout est pareil ; il ne fait pas de choix
et se livre aussi bien à la mouche qu'à toi.135

La vraie lumière
Dieu est la vraie lumière et tu n'as qu'un reflet
si tu ne peux L'avoir Lui-même, éclat parfait. 136

La splendeur du Christ en ce monde
Son sceptre est un roseau, sa couronne est d'épines ;
pour trône, il a sa Croix ; Ses clous, pour perles fines ;
pour pourpre, il a Son Sang; pour suite, l'assassin ;
sa cour est un rebut de sbires et coquins ;
le fiel est sa boisson; l'injure est sa musique ;
ici-bas, l'éclat de mon Dieu est magnifique ! 137

Le livre de la Vie
Dieu, le livre de Vie où mon nom est écrit
du sang de Son Agneau, pourrait n'en être épris ? 138

Veiller, jeûner, prier
A qui veut s'avancer devant Dieu, je conseille
trois œuvres seulement : oraison, jeûne et veille. 139

Toutes les œuvres sont égales devant Dieu
Pour Dieu l’œuvre se vaut : Il aime autant le saint
quand il prie et qu'il chante et lorsqu'il boit son vin. 140

Dans la mer la multiplicité devient l'unité
Que de gouttes dans l'eau et de graines dans un pain !
Ainsi plusieurs de nous en Dieu ne font plus qu'un.141

Et pour conclure ce florilège, que j'aurais pourtant bien envie de poursuivre, je reprends à Angelus Silesius ses derniers mots du distique final qu'il adresse ainsi à son lecteur :
Ami, c'est assez ! Dans le cas où tu veux lire plus,
Deviens toi-même l'essence même de l’Écriture.142

Antoine Schülé
8 mai 2020

Pour me contacter : antoine.schule@free.fr

Autres articles : antoineschulehistoire.blogspot.fr


Bibliographie

Eugène Susini : Angelus Silesius Le Pèlerin chérubique. 2 vol. PUF. 1964. 468 p. et 260 p.
Version bilingue avec notes très utiles et un précieux index.

Marie-Anne Vannier (coll.) : Les mystiques rhénans. Eckhart, Tauler, Suso, anthologie. Cerf. 2010. 272 p.
Pour aborder la mystique allemande trop méconnue, cet ouvrage est essentiel.

1 PC, 1, 64, Les semailles spirituelles. De : Eugène Susini (traduction de l'allemand) : Angelus Silesius. Le pèlerin chérubique. 2 vol. PUF. Paris. 1964. 472 p. et 260 p.
Ici abrégé PC, le premier chiffre indique l'un des six livres; le deuxième, le numéro du distique. Je mentionne les citations que je traduis d'une façon autre.
2 PC, 1, 80, Chaque chose à sa place. Inspiré de Böhme. Repris avec une variante en PC, 4, 32.
3 PC, 5, 18, Les saisons spirituelles. Trad. de l'auteur.
4 PC, 4, 109, Le sage. Idem
5 PC, 2, 69, La navigation spirituelle, Idem
6 PC, 1, 145, En toi se trouve ce que tu veux. Idem
7 Il n'y avait pas le programme Erasmus mais bel et bien une culture européenne que certains chefs d’État nient aujourd'hui : aveux de leur ignorance du passé et de leur prétention de croire que tout commence soit avec eux, soit à la Révolution, soit au Siècle des Lumières, soit à la Renaissance ou encore selon d'autres mythes à ne point contester sous peine de perdre cette liberté d'expression, acceptable uniquement si elle est politiquement correcte et donc historiquement correcte....
8 ou "chérubique" chez certains traducteurs.
9 Sur mon blog, dont l'adresse se trouve en fin de cet écrit, j'ai proposé trois communications sur la poésie sacrée que je vous invite à lire.
10 En occultant ce qui ne leur convient pas.
11 Limitation de la connaissance de Dieu aux seules connaissances humaines, réservées à quelques initiés, alors que la Parole s'adresse à tous sans exception.
12 Acceptation du mystère de Dieu, sans renoncer à l'intelligence de Sa Parole afin de Le rencontrer en son cœur, pour établir ce cœur-à- cœur avec Dieu qui est indicible.
13 Jean, 12, 44-50 tout spécialement, en plus du Prologue 1, 1-18 : ces deux extraits s'éclairent mutuellement. Lire aussi PC, 5, 161 où le lecteur est invité à imiter Saint Jean.
14 But du mystique qui se met en chemin : les noces de l'Agneau, les fiançailles spirituelles.
15 Tous les miracles du quotidien que trop souvent soit nous ignorons, soit nous imputons à nos seuls mérites.
16 Tout le chapitre 14 est essentiel pour comprendre la mystique chrétienne.
17 Marcher à la rencontre de Dieu qui nous attend dans nos cœurs.
18 Il La révèle par ses paroles et ses actes : plénitude de vie à laquelle chacun d'entre nous est invité.
19 Cette vie éternelle qui commence maintenant dans nos vies terrestres en faisant les bons choix : le discernement, déjà en soi d'abord et ensuite sur le monde qui nous entoure, est un des fruits de l'Esprit Saint.
20 La Parole de Dieu incarnée en Jésus.
21 La forme verbale au présent indique bien que cette vie éternelle commence à partir du moment où l'on croit, soit celui du baptême, soit celui de la vraie conversion (lorsque son baptême a été soit oublié, soit renié en esprit ou en acte).
22 Ce qui nous renvoie à notre intériorité.
23 L'union avec Dieu est accomplie dans l'Amour de Dieu et non dans l'amour du monde avec ses hypocrisies, ses haines, ses lâchetés, ses mensonges et encore ses crimes corporels ou spirituels dans l'indifférence générale d'hommes trop concentrés sur leur seul ego.
24 Les deux épîtres de Jean sont une synthèse de la vie chrétienne à conduire : au lecteur qui n'a jamais lu Jean, qu'il commence par ces deux épîtres.
25 La foi est ce qui nous tend vers l'invisible qui sera visible dans l'avenir, lors de notre complète naissance à Dieu, la mort qui n'est qu'un passage : quitter l'ombilical terrestre pour entrer dans la Vie éternelle.
26 Selon la Parole de Dieu et ni selon son ego, ni selon une doctrine politique et ni selon un matérialisme collectif expression d'un ego-tyran (à notre époque, une oligarchie par exemple).
27 Ceci ne peut que déplaire à cette mystique scientifique qui affirme que seules les sciences expérimentales détiennent la vérité qui ne peut être que matérialiste : ils ignorent ce monde invisible encore bien plus étendu que ce visible limité à leurs seules découvertes.
28 Pour respecter la rime en français, le sens perd parfois de sa portée : je préfère le sens à la rime, d'où, quelques fois, une traduction de ma part que j'espère plus précise.
29 Si vous le souhaitez, je peux vous proposer une communication sur ce sujet passionnant.
30 Sur mon blog, vous trouverez une introduction à son œuvre.
31 Saint Bernard (trad. de Pierre-Yves Emery) : Sermons pour l'année. Ed. Brepols et Les Presses de Taizé. 1990. 960 p. Ainsi vous pouvez découvrir ce moine, abbé de Clairvaux et prophète, 1090 - 1153.
32 Faisant clairement référence au Cantique des Cantiques.
33 Pour s'initier à sa lecture : Les entretiens spirituels.
34 Lire leurs apophtegmes (ou, pour le dire plus simplement, sentences très courtes, véritables nourritures de sagesse) est un délice pour l'esprit. Pourquoi les prêtres, après sept ans de préparation au sacerdoce, ne les utilisent pas plus pour prêcher de nos jours ? Il y a là une source spirituelle merveilleuse, un pur bienfait pour l'âme. A la demande, je peux vous traiter ce sujet, avec un plaisir certain.
35 Appelé aussi La Divine Consolation pour reprendre un verset de saint Paul en 2 Cor, 1, 3-4.
36 Et sur la mystique rhénane, ce qui est vraiment excessif ! Ils pratiquent une sélection de distiques pour soigneusement écarter ce qui nuit à leurs prétentions.
37 Écrit aussi Ruusbroec.
38 D'une richesse spirituelle incontestable.
39 Ce qu'est un vitrail dans nos églises.
40 Entre Louis de Bavière et le Pape.
41 Un commentaire argumenté pour établir une doctrine.
42 Une image ou un symbole sont parfois plus explicites qu'un long discours. Le Moyen Age lisait plus facilement les symboles que notre siècle présent... La lecture d'un vitrail est devenue une tâche ardue pour la plupart d'entre nous. Que c'est dommage !
43 Ce qui se pratique chez les Protestants, le plus souvent attachés à la lettre qu'à l'esprit.
44 Parfois aussi sous le titre de : Instruction spirituelle et pensées consolantes pour les âmes affligées et timides.
45 Il faut souvent beaucoup de volonté !
46 Exercer un pouvoir spirituel ou temporel au lieu d'exercer une sagesse spirituelle ou temporelle, mère d'une saine autorité.
47 PC, I, 289. Lire ci-dessous dans le florilège.
48 Dans l'infiniment grand et l'infiniment petit, il y a toujours une limite à nos connaissances qui nous oblige à accepter le mystère de Dieu.
49 Gottheit en allemand.
50 Jésus n'accorde pas de pardon à tous : lisez Matthieu 18,6-8 : "Mais quiconque entraîne la chute d'un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu'on lui attache au cou une grosse meule et qu'on le précipite dans l'abîme de la mer. Malheureux le monde qui cause tant de chutes ! Certes, il est nécessaire qu'il y en ait, mais malheureux l'homme par qui la chute arrive!". Rappelons-nous que Saul, le persécuteur, devenu saint Paul, apôtre du Sauveur, s'est converti après avoir commis le mal. Le chemin inverse n'a pas la même conséquence.
51 C'est pourquoi j'apprécie tant ces prédicateurs qui sont animés du souffle de l'Esprit : prions pour qu'il y en ait dans toutes les paroisses quand ils manquent.
52 Certains se rassurent comme ils peuvent.
53 PC, V, 50.
54 Seul le degré de luminescence change : il nous appartient d'augmenter l'intensité de cette lumière.
55 PC, I, 61.
56 PC I, 143.
57 Quel bel optimisme !
58 PC, V, 206.
59 Quelques ecclésiastiques se prennent pour des dieux, se mettent à la place de Dieu : ils deviennent ainsi de véritables tyrans qui veulent des valets à leur seul service, tout imbus qu'ils sont de leur personne, de leur ego ou de leur image; ils rejettent volontiers de fidèles serviteurs de Dieu dont ils auraient dû être les bergers. L'abus spirituel est ainsi total.
60 Qui a donc connu Dieu, a reçu le baptême.
61 PC, 3, 99 et l'aigle symbolise saint Jean l’Évangéliste.
62 Qu'un "prêtre", se prétendant un "pur républicain" et qui proclamait en chaire que "les rois sont des tyrans", m'excuse de lui signaler qu'il ne devrait jamais fêter l'Epiphanie du Seigneur, avec des habits de fête mais plutôt la Révolution d'Octobre avec un bonnet phrygien, ce signe rouge de sang et propre à ceux qui ont conduit à la mort des Chrétiens martyrs.
63 PC, 3, 240.
64 PC, p. 69.
65 La surconsommation frénétique.
66 PC, 1, 143.
67 PC, 2, 247. Trad. de l'auteur.
68 PC, 2, 249. Idem
69 PC 4, 113. Idem
70 PC, 5, 120. Idem. D'où cette lutte intérieure à mener et qui n'est pas la plus facile.
71 PC, 6, 206. Idem
72 PC, 6, 207. Idem
73 PC, 2, 61. Idem
74 PC, 2, 85. Idem
75 PC, 3, 129. Trad. de l'auteur.
76 PC, 3, 233. Idem
77 Je rajouterais "parfois". Il ne suffit pas de mourir pour accéder automatiquement à la Gloire de Dieu ! Trois variantes sont possibles, après la mort : l'Enfer, fruit de la volonté de l'homme; et les deux fruits des choix de l'homme durant sa vie terrestre et dont seul Dieu est le juge : le Purgatoire, l'attente du pardon définitif de Dieu ou le Paradis, le partage de la Vie éternelle en Dieu.
78 PC, 1, 36. Idem
79 PC, 4, 105. Idem
80 PC, 1, 35. Idem
81 PC, 3, 109. Trad. de l'auteur. L'esprit, cette étincelle de Dieu, habite le corps.
82 PC, 4, 79. Idem. Volonté de l'âme et désir du corps.
83 PC, 5, 228. Idem. L'esprit nous place au-dessus de l'animal, ne descendons pas !
84 PC, 3, 102. Idem. Il y a une référence évidente à St. Augustin. Beauté de la Sagesse.
85 Matthieu 10, 34 : "N'allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien le glaive." Idem chez Luc 12, 51. Affirmer sa foi suffit à allumer la haine meurtrière des ennemis de la foi.
86 Ceux qui ont demandé et obtenu sa mort sur la Croix.
87 PC, 5, 144.
88 PC, 4, 227. Trad. de l'auteur. Prière et communion, vraies nourritures qui transforment le vieil homme en un Homme nouveau.
89 PC, 4, 229. Trad. de l'auteur. Noblesse de la Foi, seule vraie noblesse.
90 PC, 4, 225. Le commencement du Paradis.
91 PC, 3, 131. Trad. de l'auteur. Mariage mystique.
92 PC, 3, 140. Idem. Le Christ a dit : "Mon Royaume n'est pas de ce monde.".
93 PC, 3, 163. Idem. Heureux est celui qui peut adopter ce diptique comme épitaphe.
94 PC, 3, 228. Idem. Limite du temps et horizon illimité de l'éternité.
95 PC, 3, 160. Idem. L'Amour de Dieu est éternel.
96 PC, 5, 37. Idem. L'intention prime.
97 Je dirais plutôt "se devrait être un reflet du Christ".
98 PC, 5, 9. Trad. de l'auteur. Se mettre sur les pas du Christ pour être enfant de Dieu.
99 PC, 1, 168. Idem
100 PC, 1, 61
101 PC, 4, 33
102 Par l'âme.
103 PC, 4, 88. Trad. de l'auteur.
104 PC, 4, 151. Trad. de l'auteur.
105 Jean, 13, 25.
106 PC, 3, 79.
107 Jean, 14, 6.
108 Maurice Zundel : Ta Parole comme une source. Ed. Anne Sigier. Québec. 1987. 444 p., P. 202-203
109 PC, 1, 105. Trad. de l'auteur.
110 PC, 2, 180.
111 PC, 4, 150.
112 PC, 4, 154. Trad. de l'auteur.
113 PC, 3, 114. Trad. de l'auteur. Du péché originel et de nos péchés par le sacrifice suprême de Jésus sur la Croix quand on croit en Lui : le bon larron a été sauvé mais l'autre, non; ceux qui ont rejeté le Christ alors qu'ils l'ont entendu et vu dans ses œuvres, le Christ lui-même a dit qu'ils étaient une race de vipère : lire Matth. 23, 33 ou Luc, 3, 7-9 comme Matth 3, 7-10. Que les hypocrites de nos jours méditent ces paroles et se convertissent : il n'est jamais trop tard.
114 PC, 5, 109. Trad. de l'auteur.
115 PC, 6, 261. Idem. Faire reconnaître la Vérité ne consiste pas à donner raison à tout le monde, aux mensonges et à ses ennemis en raison de la Foi : ceci signifie qu'il faut savoir se battre pour Elle, donc abandonner tout esprit de lâcheté, ce vice trop commun en ce temps.
116 PC, 1, 289. Dieu est comme la rose éternelle : sa Beauté est donnée à tous.
117 PC, 1, 108. Trad. de l'auteur.
118 PC, 4, 81.
119 Les souffrances du Christ.
120 PC, 3, 84.
121 PC, 3, 85.
122 PC, 3, 86.
123 PC, 3, 87.
124 PC, 3, 91. Trad. de l'auteur.
125 PC, 1, 56. idem
126 PC, 4, 43.
127 PC, 4, 128.
128 PC, 4, 197.
129 PC, 2, 3.
130 PC, 2, 239.
131 PC, 4, 38. Dieu est plus que tout ce que nous pourrions en dire : l'indicible, ce mystère de Dieu que le sage accepte dans un total abandon à Lui.
132 PC, 5, 124.
133 PC, 3, 185.
134 PC, 3, 215.
135 PC, 1, 127.
136 PC, 2, 7.
137 PC, 4, 49.
138 PC, 2, 20.
139 PC, 2, 220.
140 PC, 5, 170.
141 PC, 6, 174.
142 PC, 6, 263. Trad. de l'auteur. Notre vie doit écrire la Parole dans nos actes. Ainsi se fondre en Dieu pour partager Sa Gloire : le Gloria in excelsis deo s'imposera dès lors à tout jamais ! Naître à Dieu pour n'être qu'à Dieu.