Eglise
paroissiale de Saint-Gervais
Antoine
Schülé de Villalba
(3ème
partie)
1ère partie : Les origines.
2ème partie : Vers l’église actuelle.
Compléments annexés
1.
Jacques - Alice Wagrez et une œuvre de Rubens - Van Dick
2.
Beaufort
3.
Révoil
4.
Abbé Servier
Complément 1
Tableau
de Jacques - Alice Wagrez
d’après
Rubens ou van Dick ?
Depuis 1871, l’église de
Saint-Gervais possède un tableau[2]
de 10.5 m² et signée « Jacques Wagrez d’après Rubens ». M. le Curé
Reboul était le prêtre desservant la commune en cette année-là. Il est probable
que le maire de la commune à cette date, M. Emile de Saint-Auban, ait reçu
cette toile en don du gouvernement grâce ses relations avec M. le Conservateur
de Nîmes.
Après plusieurs
recherches, il a été possible d’identifier cette personne « Jacques
Wagrez » : deux peintres du XIXe siècle portent le même nom et le
même prénom ! Il s’agit en fait de Mme Jacques-Alice Wagrez, née de Lêtre.
Elle est connue pour ses paysages et ses portraits. Elle a été l’élève de
Farochon (très réputé comme graveur et statuaire), de Lenepveu (directeur de
l’Académie de France à Rome, très prisé pour ses peintures à thèmes religieux
et ses décorations, notamment pour l’opéra d’Angers) et de H. Lehmann (Allemand
naturalisé Français, qui a décoré l’ancien Hôtel de ville de Paris, défenseur
acharné du classicisme). Elle a exposé au Salon de Paris de 1877 à 1880.
L’oeuvre
« C’est l’heure où la
lumière aux ténèbres fit place… » comme dit le poète Casimir Delavigne à
propos du Vendredi Saint, thème qui a inspiré plusieurs œuvres de Rubens. Face
à cette toile, vous vivez un de ces moments extraordinaires que décrit le Père
Maurice Zundel : « Dans toute œuvre d’art ou de pensée, le moment génial
est précisément celui où devient perceptible la présence de ce qui n’est ni
l’auteur, ni le spectateur humain. »
Cette toile est très
structurée avec un dessin précis, large et éloquent. Sa particularité réside
dans les différents éclairages proposés par l’artiste. Cette copie de Wagrez
exprime avec force cette qualité de Rubens à donner une apparence sculpturale
au Christ en Croix. Les vêtements des personnages en bleu, brun ou rouge,
mettent en valeur les corps comme les visages, aux couleurs nuancées variant de
l’ocre, avec une dominante blonde, à des tons roses.
De gauche à droite, les
visages expressifs de Marie, de Marie-Madeleine et de Jean offrent trois
regards très différents. Celui de Marie traduit toute la douleur acceptée d’une
mère face à son fils crucifié et qui a dit à ceux qui ont voulu sa mort :
« Mon Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » et
ses mains se tordent devant la cruauté de l’instant, pour le cœur d’une mère.
Celui de Marie-Madeleine marque sa tristesse mais son corps exécute un geste de
reconnaissance car, pécheresse, elle se sait rachetée par la Foi et la Croix.
Celui de Jean révèle la brutalité de l’instant mais, en même temps, un corps
bien campé exprimant la confiance en la victoire prochaine du Crucifié sur la
Mort.
Dans le fond, le soleil se
voile dans une rougeur étrange, des personnages, dans la pénombre,
s’effraient ; l’incompréhension se lit dans leurs gestes : un
événement survient et les dépasse…
Sources
évangéliques
La source principale de
l’inspiration de cette toile est l’Evangile selon saint Jean.
Ecriteau
Matthieu 17. 37 : Ils
mirent aussi au-dessus de sa tête cet écriteau, pour marquer le sujet de sa
condamnation : Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.
Marc 15.25 : Il était
la troisième heure quand ils le crucifièrent. Et le sujet de sa condamnation
était maqué par cet écriteau : Le roi des Juifs.
Luc 23.38 :
Et il y avait cette inscription au-dessus de sa tête, en grec, en latin et en
hébreu : Celui-ci est le roi des Juifs.
Jean 19.22 :
Pilate fit aussi faire un écriteau, et le fit mettre au-dessus de la
croix ; et on y avait écrit : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
Plusieurs donc des Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus était
crucifié était près de la ville ; il était écrit en hébreu, en grec et en
latin. Et les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate :
N’écris pas : le roi des Juifs mais qu’il a dit : je suis le roi des
Juifs. Pilate répondit : ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.
Obscurcissement du ciel
Mathieu 17.46-47 :
Or, depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la
neuvième heure. Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix,
disant : « Eli ! Eli ! Lamma sabachthani ? » C’est-à-dire :
Mon Dieu ! Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné[3] ?
Marc 15.33-34 : Mais
depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la
neuvième heure. …
Luc 23. 44-46 :
Il était environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur toute la terre
jusqu’à la neuvième heure. Le soleil s’obscurcit et le voile du temple se
déchira par le milieu. Alors Jésus, criant à haute voix dit : « Mon
Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ». Et ayant dit
cela, il expira.
Le coup de lance
Jean 19. 31-35 :
Or, les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du
sabbat [ ] prièrent Pilate de leur faire faire rompre les jambes et qu’on les
ôtât. Les soldats vinrent donc [ ] Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, voyant qu’il
était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes. Mais un des soldats lui
perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et
celui qui l’a vu, en a rendu témoignage (et son témoignage est véritable, et il
sait qu’il dit vrai) afin que vous le croyiez.
Notre tableau retrace la
scène juste après cet instant.
Historique
de l’œuvre
Il s’agit de la copie
d’une toile se trouvant actuellement au Louvre. C’est un agrandissement, deux à
trois fois plus grand que l’original mais très fidèle à celui-ci. Le cadre[4]
imposant provient de Paris.
La Crucifixion originale a
été réalisée en 1617-1618. Elle a été commandée pour l’église des
Jésuites de Bergues (St. Winnox ou St. Winnocq), à proximité de Dunkerque. Le
Roi de France en a fait l’acquisition comme un Rubens au XVIIIe
siècle. Elle a été mise en place au Palais du Luxembourg à Paris.
Rubens ou van
Dyck ?
Une querelle de
spécialistes s’est ouverte pour déterminer si l’œuvre était plutôt de Rubens ou
de van Dyck. Il faut savoir que les deux artistes travaillaient ensemble dans
le même atelier durant l’hiver où la toile fut composée. Ils devaient
satisfaire de nombreuses commandes. Depuis 1920, quelques critiques d’art
attribuent l’œuvre à van Dyck[5].
Cependant, une superbe composition, attribuée sans aucun doute à Rubens et
intitulée « Le coup de lance », offre des similitudes avec notre
tableau. Rubens a été d’ailleurs fortement inspiré par une toile de Le Titien[6]
(Titian ou Vecellio Tiziano). Nous retrouvons, dans la copie de Mme Jacques
Alice Wagrez, tout particulièrement, cette attitude de la Vierge, le visage de
Madeleine et le corps comme le visage du Christ[7]
propres au style et au dessins de Rubens. Il est à signaler que van Dyck avait
effectué une copie de ce « Coup de lance » de Rubens.
Pour ma part, après
plusieurs recherches, je constate que les traitements des corps et des visages,
tout spécialement pour les crucifixions, de van Dyck sont très différents. A la
lecture des analyses des experts comme Gluck[8],
Descamps[9],
Rooses[10],
Demonts[11]
et Larsen[12]
et selon le contexte historique de création de la toile originale, je suis
d’avis que le tableau a été une réalisation à deux mains : de Rubens, les
corps et les chairs et de van Dyck, le fond et la scène qui lui est propre
ainsi que les drapés des personnages principaux.
La copie de Jacques Alice
Wagrez a été restaurée avec succès en 1998 par Mme Anne Rigaud[13].
Un dossier de restauration[14]
décrit le travail accompli et comporte une recherche documentaire établie par
Mme Aurélia Greiweildinger.
Face à ce tableau, on ne
peut s’empêcher de penser à ce propos de Soljenitsyne dans son Discours de
Stockholm : « La conviction profonde qu’entraîne une véritable
œuvre d’art est absolument irréfutable, elle contraint même le cœur le plus
hostile à se soumettre. »
En conclusion, voici
quelques extraits du poème de Casimir Delavigne :
« C’est
l’heure où la lumière aux ténèbres fit place,
Où
des formes sans nom traversèrent l’espace ;
C’est
l’heure où le soleil, du crime épouvanté,
Se
roule dans l’obscurité
Un
voile sanglant sur la face…
…
Heure où se consomma le sacrifice immense !
Heure
de dévouement, de fureur, de clémence,
Où
d’un autre chaos l’univers fut tiré,
Comme
un vieillard régénéré
Dont
la jeunesse recommence !
L’Homme
Dieu, sans se plaindre, à la mort se livra,
Et,
laissant sur la croix immonde
Le
corps inanimé dont il se sépara.
Après
le long travail de cette mort féconde,
D’où
sortit le salut du monde
Penchant
la tête il expira. »
Annexe 2
Beaufort
Les informations à son
sujet sont très rares et pourtant il a effectué les peintures intérieures de
très nombreuses églises gardoises dans les années 1880 à 1915[15].
Ce qui le caractérise : la qualité de son dessin ; la sûreté de son
trait ; son jeu varié de couleurs. Les médaillons peints
révèlent son art.
Il a excellé dans la
réalisation de scènes et de personnages de la Bible. Il se reconnaît très
facilement en raison des motifs géométriques et floraux qui entourent ou
parsèment ses décorations.
Son art est bien dans la
ligne de son maître Hippolyte – Jean Flandrin[16]
de Lyon. Ce dernier a été vivement impressionné par les œuvres de Raphaël et,
de retour de son séjour à Rome, en 1838, il s’est consacré à la peinture
sacrée. Flandrin était porté au recueillement et disposait d’une âme
profondément religieuse. Il aimait représenter des scènes de l’Ancien
Testament en parallèle avec des scènes du Nouveau Testament : il crée un
véritable dialogue entre les deux Testaments, le Second éclairant le
Premier ou le Premier annonçant le Second.
Beaufort est très fidèle à
son maître et la filiation est incontestable. Les deux chapelles méritent une
conservation pour le futur car les deux autels dessinés par Révoil, les statues
et les peintures de Beaufort forment un tout harmonieux et digne d’intérêt.
Annexe 3
Henry
Révoil
A partir de notes éparses[17],
il a été possible de réunir quelques informations[18]
sur cette personnalité qui mériterait une étude plus fouillée[19].
Il a été formé à l’Ecole
nationale des Beaux-arts à Paris. Il était l’élève de Caristie.
Il est très vite devenu
Nîmois d’adoption. En 1850, il est nommé architecte diocésain et attaché à la
Commission des Monuments historiques. Dans les années 1850, il entre au service
des Monuments historiques. En 1881, il est le président de la Société des Amis
des Arts de Nîmes. De 1897 à 1900, il est chargé de la conservation de
l’ensemble des monuments classés du Sud-est de la France : Gard, Drôme,
Vaucluse (à l’exception du théâtre d’Orange), Bouches-du-Rhône, Var et
Alpes-Maritimes.
Révoil a aussi pratiqué la
sculpture. Il a réalisé le monument funéraire de Mgr Cart, au cimetière de la
route d’Avignon.
Le 12 novembre 1906, à
Nîmes, un buste en bronze est inauguré en son honneur. Ballu a réalisé en tant
qu’architecte l’ensemble qui lui a été dédié ; le sculpteur fut
Jean-Baptiste Belloc, né à Pamiers en Ariège. Ce buste a été enlevé par les
Allemands pendant l’occupation pour être fondu.
Son action
Il a restauré et construit
de nombreux édifices connus du Midi. Visiter les sites où il a œuvré constitue
un long voyage de découvertes. Il vaut la peine de se remémorer quelques-unes
d’entre elles :
Les
monuments antiques de Nîmes et Arles :
Nîmes :
il a entrepris d’importants travaux dans l’amphithéâtre. En 1865, il a
découvert, lors d’une fouille dans les arènes, le puits des Wisigoths
dont on avait perdu la trace. Il a restauré les Thermes et le Nymphée.
Il y a effectué des travaux encore en 1880. Il a conçu le square Antonin
à Nîmes et les ferronneries qui s’y trouvent. La cathédrale Notre Dame et
Saint Nestor, qui avait été reconstruite en 1646, a eu son intérieur
renouvelé par lui de 1876 à 1882.
Arles : à la suite de Questel,
il y a poursuivi des travaux de consolidation et de dégagement. Il a travaillé
plus particulièrement pour l’église et le cloître Saint-Trophime
d’Arles.
Saint-Gilles :
il a mis au jour le tombeau du saint, lors de travaux dans la crypte en
1867.
Montpellier :
il a reconstruit le chœur de la cathédrale Saint-Pierre.
Marseille :
Révoil
est le co-architecte d’Espérandieu pour l’édification de la basilique de Notre
Dame de La Garde (1853-1864) ; il a dessiné les portes de bronze et le
maître-autel.
La
cathédrale Sainte Marie Majeure a eu trois architectes durant ses
quarante ans d’édification : Léon Vaudoyer jusqu’en 1872 ; à son
décès, Henri Espérandieu lui a succédé jusqu’à la pose des charpentes
métalliques et à la réalisation des coupoles mais il décède en 1874 ;
Henry Révoil a pris la relève et s’est consacré plus particulièrement à la
décoration : mosaïques, sculptures, bronze avec trois
collaborateurs : Errard, Mouren et Joly.
Il
a eu à travailler aussi pour l’église Saint-Victor.
Aix-en-Provence
Révoil
a effectué les dessins de la fontaine du Roi René qui a été sculptée par
David. Commencée en 1891, elle a été inaugurée en 1923, en présence de la
duchesse d’Angoulême.
Le
Roi René tient d’une main son sceptre et de l’autre une grappe de raisin Muscat
qu’il a introduit en Provence. Il porte la couronne des comtes de Provence. A
ses pieds, une palette et des livres rappellent qu’il fut le protecteur des
Arts, des Sciences et des Lettres.
Saintes
Maries
En
1894, la foudre est tombée sur le clocher arcade. Le 14 mars 1894, il a réalisé
un devis prévoyant la pose d’un paratonnerre et le rétablissement du clocher
arcade (quatre niches ou alvéoles, surmontées de trois pointes ou mitres dont
l’une, au niveau supérieur, abrite également une niche).
Abbayes
cisterciennes, véritables trésors du patrimoine local :
Abbaye
du Thoronet (Var) : Lorsque Prosper Mérimée la découvre, il la
signale à l’attention de Révoil. Sa restauration commence en 1873. Cette
restauration sera poursuivie en 1907 par son successeur : Formigé.
Abbaye
de Sylvacane
Abbaye
de Sénanque
Il
a restauré l’abbaye de Montmajour (Bouches-du-Rhône) en 1872.
Pour
l’église de Saint-Maximin (Var), pour une des niches, il a dessiné
une châsse : elle représente quatre anges élevant le chef de sainte Marie
Madeleine ; sous le chef, se trouve un tube de cristal contenant le
« Noli me tangere ».
Et
encore :
· Le
pont flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)
· L’église
et le cloître de Vaison
· La
chapelle du pont Saint-Bénézet à Avignon
· L’église
de Campestre (restauration et agrandissement sur la base de ses plans
en 1865)
· Plans du temple protestant
d’Alès
· Sur
la base de ses plans : Manduel, Bessèges, Aimargues, Marguerittes,
Saint-Ambroix.
Annexe 4
Curé
Servier
Il n’est pas possible de
parler de l’histoire de la paroisse sans faire mention de ce personnage
courageux que fut l’Abbé Jean-Baptiste Alexandre Servier. En quelques
notes, je vous propose de le découvrir comme il apparaît dans les courts écrits
qu’il nous reste de lui. Ses parents habitaient Saint-Gervais et il y est
probablement né mais à une date qui ne m’est pas connue.
La Révolution, après des
débuts où il était difficile de percevoir ce qu’elle allait réellement
produire, a voulu supprimer la religion chrétienne[20] par
une immixtion progressive du pouvoir civil dans le domaine spirituel.
Au commencement, l’Etat a
supprimé les revenus de l’Eglise de France, ensuite la liberté du culte et
fait, finalement, éclater le clergé en exigeant un serment à la Constitution
civile.
Le peuple chrétien n’est
pas tenu en compte par le gouvernement : la cible est le clergé avec
celles et ceux qui veulent le défendre.
1793
reste la date charnière entre deux temps : celui des espoirs et celui des
faits. La Terreur de l’Etat a fait fonctionner légalement la guillotine pour
massacrer un grand nombre de personnes (ouvriers, agriculteurs, religieux,
nobles, commerçants : toutes fonctions ou classes confondues avec y
compris des enfants) dont le seul crime était d’avoir la Foi. Le devoir de
mémoire consiste aussi à ne pas oublier ces pages douloureuses de notre passé.
Il vaut la peine de savoir comment Saint-Gervais a vécu ce temps troublé.
Servier desservait la
Paroisse lorsque la Révolution éclata. Il a prêté un serment selon une formule
qui lui était propre et qui ne correspondait pas au serment constitutionnel[21]
qui était exigé par les autorités politiques[22].
En tant que prêtre déclaré
insermenté, dit réfractaire, il a dû quitter Saint-Gervais et la France en
1792. Il s’exila dans les états du Saint-Siège. Après cinq ans d’exil, il
revint à Saint-Gervais, le 5 août 1797, dans l’illégalité. Un mois après son
retour, la loi du 19 fructidor (septembre) punissait de mort tous les émigrés
ou prêtres déportés qui n’auraient pas quitté dans les quinze jours le
territoire français. Son exil avait été difficile et les périls sur terre
avaient été nombreux. Il déclara à ses parents : « Mourir pour
mourir, autant vaut-il mourir dans ma patrie que dans une terre étrangère ! ».
Il avait connaissance du
cas d’un vénérable prêtre missionnaire de Marseille : M. Donadieu,
découvert après la loi du 19 fructidor, fut identifié par deux témoins et
ensuite fusillé. Heureusement, la loi et leurs exécutants étaient une chose et
la population une autre. L’Abbé Servier eut vite la certitude qu’au sein de la
population locale, un rejet profond des lois - aussi bien que des législateurs
- de ce temps de la tourmente prédominait. Les Saint-Gervaisiens le
cachaient : il rendait visite aux malades, bénissait les mariages,
administrait les sacrements. Du 1er octobre 1797 au 7 juin 1798, il
se réfugia chez ses parents. En mars 1798, les persécutions de prêtres
reprirent avec plus de vigueur. Il travaillait de nuit et, à ce titre, il
mérite le titre de « Curé de nuit ». Il effectuait de nombreuses
marches et contremarches. Une récompense de 100 francs avait été promise pour
toute personne dénonçant un prêtre insermenté. Une personne a succombé à cette
offre mais cette dénonciation faite à Bagnols resta sans suite car l’affaire
fut neutralisée par le maire du lieu. Du 3 mars 1798 au 3 mars 1799, l’Abbé
Servier eut fort à faire pour ne pas être piégé par les visites domiciliaires
des forces de l’ordre. Il devait vivre parfois quasiment enterré, changer
chaque soir de logement. Il a séjourné dans la plupart des greniers à foin de
la commune ! Pour éviter de se faire prendre, il ne visitait plus ses
amis. Il a dû renoncer à toute activité pendant quelques mois et il est fort
probable qu’il se soit éloigné quelque temps du village.
L’approche des fêtes de
Pâques 1799 lui a donné l’occasion de reprendre ses activités et il y eut un
grand afflux de personnes aux cérémonies religieuses.
Un dimanche soir, le 14
juin 1801, les gendarmes de Bagnols sont venus s’informer à la Mairie à
son sujet : ils obéissaient à un arrêté du Préfet de la Police générale. Tout
prêtre non assermenté devait quitter le territoire français. Il ne fut
cependant pas arrêté et il continua plus discrètement ses activités pour la
plus grande satisfaction de la population.
Le Concordat de 1801
allait mettre fin à cette situation : l’évêché de Nîmes était supprimé et
le Gard appartenait à l’évêché d’Avignon. Le diocèse de Nîmes ne fut restauré
qu’en 1821.
Les registres paroissiaux
portent l’écriture de M. l’Abbé Servier jusqu’au 4 novembre 1817. Il a souvent
apporté des notes dans ses écrits et qui sont d’une grande utilité pour
l’histoire paroissiale et pour connaître la façon dont ces moments difficiles
ont été vécus.
Annexe 5
Liste
des prêtres de Saint-Gervais
(état
provisoire au mois d’août 2001)
Avant la Révolution, la
paroisse était bien souvent desservie par deux prêtres. On parlait du titulaire
et du second. L’enseignement était donné par un ecclésiastique. Parfois, nous
avons des laïcs comme enseignants.
Depuis 1620, il est fait
officiellement mention du Prieuré de Saint-Gervais.
En italique sont signalés
des évènements majeurs de la vie paroissiale.
Cette liste doit être
vérifiée encore avec celle de l’Evêché. Les noms sans date doivent correspondre
à la chronologie des passages de prêtre dans la commune.
392 :
un docteur de l’Eglise « sine nomine »
enterré
près du choeur
Jean
de Royols
Janvier
1464 : Dom Jacques Jean Donat
18
octobre 1528 : Louis d’Artiffel, prieur
2 mars 1559 :
François Bouchier
1606 : décès de
Nicolas de Rove
4
mars 1607 : Paul de Froment
1646 :
mission des prêtres de St. Joseph de Lyon
1670 : Confrérie
de Saint-Sébastien
1701 :
Jean Marcy, prêtre en second, enseignant
1702 :
Desmarais, ecclésiastique
1726 :
Abbé Blachère
Mercier
Avit
Octobre
1753 : Curé Lions
Combalurier
1767 :
Racaud (titulaire) et Brunel (second)
Espérandieu ?
1766-1781 : Magne
1782 : Plantin
(vicaire)
1783-1817 :
Servier
1791-1801 :
son émigration, son retour, sa vie clandestine
Confrérie
Saint-Sébastien reste active durant cette période troublée
1818 : Fabre
1819-1822 Coren ou
Corin
1821 : Confrérie
des Pénitents
1825-1835 :
Laville
1836-1842 :
Souchon
19
septembre 1887 : chapelle de la Confrérie du Saint Rosaire
Bergson ?
1871 :
Reboul
1891 :
Abbé Manivet
1894 :
Abbé Ducros
1906-1910 :
Abbé Sanguinède
1937 :
Mission mariale du Père Duriau
1959-1964 :
Abbé Bruguier
Abbé
Granier
1969-1973 :
Albert Broche (titulaire) ; Fraysse (second)
occupe
le presbytère et célèbre quotidiennement sa messe
Rattachement
au district paroissial de Bagnols-sur-Cèze :
Georges
Poize[31],
Marcel Laurent, Serge Cauvas[32],
Alain Noblet[33],
Jacques Couteau, Jacques Fournier, Georges Madkowsky[34].
Antoine
Schülé
Droits sur les textes sont réservés.
La
Tourette, 2004
Contact:
antoine.schule@free.fr
[1]
Car encore incomplète.
[2]
Toile de chanvre.
[3]
Psaume 22.2
[4] De
la maison Souty à Paris (8, rue du Louvre).
[5] 25
mars 1599 – 9 décembre 1641.
[6]
1489 ? – 27 août 1576
[7] Un
visage du Christ de van Dyck serait fort différent et c’est le point essentiel
qui permet de douter d’une attribution totale de l’œuvre à van Dyck.
[8]
Van Dyck, p. 19
[9] J.
B. Descamps : Voyage pittoresque de la Flandre et du brabant, 1772, p.
281.
[10]
L’oeuvre, t. II, p. 102 (comme Rubens)
[11]
L. Demonts, Catalogue du Louvre, 1922, no 2082 (comme Rubens)
[13]
Domiciliée à 30 170 Fressac. Magnifique travail de précision sur une fine
couche de peinture.
[14]
Un exemplaire a été déposé en Mairie et un autre à la Paroisse.
[15] Dates
communiquées sur la base de renseignements réunis mais non vérifiés.
[16]
Et non Flandin comme on le voit parfois écrit.
[17]
Les adresses Internet sont :
[18]
Trois sources : Les architectes en chef des monuments historiques,
1899-1993, Centenaire du concours des A.C.M.H., M.M., Editions
Levallois-Perret, 1994 ; Les concours des monuments historiques de 1893 à
1979. Editions de la C.N.M.H.S., septembre 1981 ; André Bernardy :
Les artistes gardois (peintres, sculpteurs, architectes) de 1820 à 1920, Uzès,
1980.
[19]
Une thèse est en cours de réalisation mais je n’en ai pas encore eu
connaissance.
[20]
Lire : Jean Thomas, De la Révolution à la séparation de l’Eglise
et de l’état 1789-1905, Ed. Lacour, Nîmes, 1987, 274 p. et Pierre Pierrard :
L’Eglise et la Révolution, 1789-1889. Paris ; 1988. 274 p.
[21]
Il l’avait complété en exprimant son attachement au Pape et aux valeurs
fondamentales de la Foi.
[22]
Il y a donc eu erreur lorsqu’il a été écrit qu’il avait prêté le serment
constitutionnel.
[23]
Mort à Saint-Gervais.
[24]
Il desservait Saint-Michel et célébra la messe jusqu’à ce que l’Abbé Béraud
arrive.
[25]
Il sera ensuite aumônier à l’hospice de Bagnols où il finira ses jours.
[26]
Musicien qui a marqué très fortement ses paroissiens. Il venait de Saint-Gilles
et a pris ensuite sa retraite à Saint Ambroix.
[27] A
desservi Saint-Michel et Saint-Gervais.
[28]
Pour desservir Pont-Saint-Esprit.
Avec lui, commence l’union des trois
paroisses : Saint-Nazaire, Vénéjan et Saint-Gervais.
[29]
Plus d’une personne ont encore le souvenir de sa soutane et de sa barrette.
[30]
Pour se rendre à Aimargues.
[31]
Décède en 2001.
[32]
Est parti pour Nîmes pour reprendre de nouvelles fonctions à l’évêché.
[33]
Jeune prêtre qui dessert Saint Hyppolite le Fort.
[34]
Qui nous vient de Pologne.
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