vendredi 16 septembre 2016

Saint-Gervais 30 200 Eglise paroissiale 3. Notes complémentaires : Wagrez, Beaufort, Révoil, Servier, etc.

Eglise paroissiale de Saint-Gervais

Antoine Schülé de Villalba
(3ème partie)
1ère partie : Les origines.
2ème partie : Vers l’église actuelle.

Compléments annexés

1.     Jacques - Alice Wagrez et une œuvre de Rubens - Van Dick
2.     Beaufort
3.     Révoil
4.     Abbé Servier
5.     Liste provisoire[1] des prêtres

Complément 1



Tableau de Jacques - Alice Wagrez
d’après Rubens ou van Dick ?

Depuis 1871, l’église de Saint-Gervais possède un tableau[2] de 10.5 m² et signée « Jacques Wagrez d’après Rubens ». M. le Curé Reboul était le prêtre desservant la commune en cette année-là. Il est probable que le maire de la commune à cette date, M. Emile de Saint-Auban, ait reçu cette toile en don du gouvernement grâce ses relations avec M. le Conservateur de Nîmes.

Après plusieurs recherches, il a été possible d’identifier cette personne « Jacques Wagrez » : deux peintres du XIXe siècle portent le même nom et le même prénom ! Il s’agit en fait de Mme Jacques-Alice Wagrez, née de Lêtre. Elle est connue pour ses paysages et ses portraits. Elle a été l’élève de Farochon (très réputé comme graveur et statuaire), de Lenepveu (directeur de l’Académie de France à Rome, très prisé pour ses peintures à thèmes religieux et ses décorations, notamment pour l’opéra d’Angers) et de H. Lehmann (Allemand naturalisé Français, qui a décoré l’ancien Hôtel de ville de Paris, défenseur acharné du classicisme). Elle a exposé au Salon de Paris de 1877 à 1880.

L’oeuvre

« C’est l’heure où la lumière aux ténèbres fit place… » comme dit le poète Casimir Delavigne à propos du Vendredi Saint, thème qui a inspiré plusieurs œuvres de Rubens. Face à cette toile, vous vivez un de ces moments extraordinaires que décrit le Père Maurice Zundel : « Dans toute œuvre d’art ou de pensée, le moment génial est précisément celui où devient perceptible la présence de ce qui n’est ni l’auteur, ni le spectateur humain. »

Cette toile est très structurée avec un dessin précis, large et éloquent. Sa particularité réside dans les différents éclairages proposés par l’artiste. Cette copie de Wagrez exprime avec force cette qualité de Rubens à donner une apparence sculpturale au Christ en Croix. Les vêtements des personnages en bleu, brun ou rouge, mettent en valeur les corps comme les visages, aux couleurs nuancées variant de l’ocre, avec une dominante blonde, à des tons roses.
De gauche à droite, les visages expressifs de Marie, de Marie-Madeleine et de Jean offrent trois regards très différents. Celui de Marie traduit toute la douleur acceptée d’une mère face à son fils crucifié et qui a dit à ceux qui ont voulu sa mort : « Mon Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » et ses mains se tordent devant la cruauté de l’instant, pour le cœur d’une mère. Celui de Marie-Madeleine marque sa tristesse mais son corps exécute un geste de reconnaissance car, pécheresse, elle se sait rachetée par la Foi et la Croix. Celui de Jean révèle la brutalité de l’instant mais, en même temps, un corps bien campé exprimant la confiance en la victoire prochaine du Crucifié sur la Mort.
Dans le fond, le soleil se voile dans une rougeur étrange, des personnages, dans la pénombre, s’effraient ; l’incompréhension se lit dans leurs gestes : un événement survient et les dépasse…



Sources évangéliques

La source principale de l’inspiration de cette toile est l’Evangile selon saint Jean.

Ecriteau

Matthieu 17. 37 : Ils mirent aussi au-dessus de sa tête cet écriteau, pour marquer le sujet de sa condamnation : Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs.

Marc 15.25 : Il était la troisième heure quand ils le crucifièrent. Et le sujet de sa condamnation était maqué par cet écriteau : Le roi des Juifs.

Luc 23.38 : Et il y avait cette inscription au-dessus de sa tête, en grec, en latin et en hébreu : Celui-ci est le roi des Juifs.

Jean 19.22 : Pilate fit aussi faire un écriteau, et le fit mettre au-dessus de la croix ; et on y avait écrit : Jésus de Nazareth, roi des Juifs. Plusieurs donc des Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville ; il était écrit en hébreu, en grec et en latin. Et les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N’écris pas : le roi des Juifs mais qu’il a dit : je suis le roi des Juifs. Pilate répondit : ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.


Obscurcissement du ciel

Mathieu 17.46-47 : Or, depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure. Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : « Eli ! Eli ! Lamma sabachthani ? » C’est-à-dire : Mon Dieu ! Mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné[3] ?

Marc 15.33-34 : Mais depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. …

Luc 23. 44-46 : Il était environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Le soleil s’obscurcit et le voile du temple se déchira par le milieu. Alors Jésus, criant à haute voix dit : « Mon Père ! Je remets mon esprit entre tes mains ». Et ayant dit cela, il expira.

Le coup de lance

Jean 19. 31-35 : Or, les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du sabbat [ ] prièrent Pilate de leur faire faire rompre les jambes et qu’on les ôtât. Les soldats vinrent donc [ ] Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes. Mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. Et celui qui l’a vu, en a rendu témoignage (et son témoignage est véritable, et il sait qu’il dit vrai) afin que vous le croyiez.
Notre tableau retrace la scène juste après cet instant.

Historique de l’œuvre

Il s’agit de la copie d’une toile se trouvant actuellement au Louvre. C’est un agrandissement, deux à trois fois plus grand que l’original mais très fidèle à celui-ci. Le cadre[4] imposant provient de Paris.

La Crucifixion originale a été réalisée en 1617-1618. Elle a été commandée pour l’église des Jésuites de Bergues (St. Winnox ou St. Winnocq), à proximité de Dunkerque. Le Roi de France en a fait l’acquisition comme un Rubens au XVIIIe siècle. Elle a été mise en place au Palais du Luxembourg à Paris.

Rubens ou van Dyck ?

Une querelle de spécialistes s’est ouverte pour déterminer si l’œuvre était plutôt de Rubens ou de van Dyck. Il faut savoir que les deux artistes travaillaient ensemble dans le même atelier durant l’hiver où la toile fut composée. Ils devaient satisfaire de nombreuses commandes. Depuis 1920, quelques critiques d’art attribuent l’œuvre à van Dyck[5]. Cependant, une superbe composition, attribuée sans aucun doute à Rubens et intitulée « Le coup de lance », offre des similitudes avec notre tableau. Rubens a été d’ailleurs fortement inspiré par une toile de Le Titien[6] (Titian ou Vecellio Tiziano). Nous retrouvons, dans la copie de Mme Jacques Alice Wagrez, tout particulièrement, cette attitude de la Vierge, le visage de Madeleine et le corps comme le visage du Christ[7] propres au style et au dessins de Rubens. Il est à signaler que van Dyck avait effectué une copie de ce « Coup de lance » de Rubens.
Pour ma part, après plusieurs recherches, je constate que les traitements des corps et des visages, tout spécialement pour les crucifixions, de van Dyck sont très différents. A la lecture des analyses des experts comme Gluck[8], Descamps[9], Rooses[10], Demonts[11] et Larsen[12] et selon le contexte historique de création de la toile originale, je suis d’avis que le tableau a été une réalisation à deux mains : de Rubens, les corps et les chairs et de van Dyck, le fond et la scène qui lui est propre ainsi que les drapés des personnages principaux.
La copie de Jacques Alice Wagrez a été restaurée avec succès en 1998 par Mme Anne Rigaud[13]. Un dossier de restauration[14] décrit le travail accompli et comporte une recherche documentaire établie par Mme Aurélia Greiweildinger.

Face à ce tableau, on ne peut s’empêcher de penser à ce propos de Soljenitsyne dans son Discours de Stockholm : « La conviction profonde qu’entraîne une véritable œuvre d’art est absolument irréfutable, elle contraint même le cœur le plus hostile à se soumettre. »
En conclusion, voici quelques extraits du poème de Casimir Delavigne :

« C’est l’heure où la lumière aux ténèbres fit place,
Où des formes sans nom traversèrent l’espace ;
C’est l’heure où le soleil, du crime épouvanté,
Se roule dans l’obscurité
Un voile sanglant sur la face…

… Heure où se consomma le sacrifice immense !
Heure de dévouement, de fureur, de clémence,
Où d’un autre chaos l’univers fut tiré,
Comme un vieillard régénéré
Dont la jeunesse recommence !
L’Homme Dieu, sans se plaindre, à la mort se livra,
Et, laissant sur la croix immonde
Le corps inanimé dont il se sépara.
Après le long travail de cette mort féconde,
D’où sortit le salut du monde
Penchant la tête il expira. »

Annexe 2
Beaufort





Les informations à son sujet sont très rares et pourtant il a effectué les peintures intérieures de très nombreuses églises gardoises dans les années 1880 à 1915[15]. Ce qui le caractérise : la qualité de son dessin ; la sûreté de son trait ; son jeu varié de couleurs. Les médaillons peints révèlent son art.
Il a excellé dans la réalisation de scènes et de personnages de la Bible. Il se reconnaît très facilement en raison des motifs géométriques et floraux qui entourent ou parsèment ses décorations.

Son art est bien dans la ligne de son maître Hippolyte – Jean Flandrin[16] de Lyon. Ce dernier a été vivement impressionné par les œuvres de Raphaël et, de retour de son séjour à Rome, en 1838, il s’est consacré à la peinture sacrée. Flandrin était porté au recueillement et disposait d’une âme profondément religieuse. Il aimait représenter des scènes de l’Ancien Testament en parallèle avec des scènes du Nouveau Testament : il crée un véritable dialogue entre les deux Testaments, le Second éclairant le Premier ou le Premier annonçant le Second.

Beaufort est très fidèle à son maître et la filiation est incontestable. Les deux chapelles méritent une conservation pour le futur car les deux autels dessinés par Révoil, les statues et les peintures de Beaufort forment un tout harmonieux et digne d’intérêt.

Annexe 3
Henry Révoil

A partir de notes éparses[17], il a été possible de réunir quelques informations[18] sur cette personnalité qui mériterait une étude plus fouillée[19].

Il a été formé à l’Ecole nationale des Beaux-arts à Paris. Il était l’élève de Caristie.

Il est très vite devenu Nîmois d’adoption. En 1850, il est nommé architecte diocésain et attaché à la Commission des Monuments historiques. Dans les années 1850, il entre au service des Monuments historiques. En 1881, il est le président de la Société des Amis des Arts de Nîmes. De 1897 à 1900, il est chargé de la conservation de l’ensemble des monuments classés du Sud-est de la France : Gard, Drôme, Vaucluse (à l’exception du théâtre d’Orange), Bouches-du-Rhône, Var et Alpes-Maritimes.
Révoil a aussi pratiqué la sculpture. Il a réalisé le monument funéraire de Mgr Cart, au cimetière de la route d’Avignon.
Le 12 novembre 1906, à Nîmes, un buste en bronze est inauguré en son honneur. Ballu a réalisé en tant qu’architecte l’ensemble qui lui a été dédié ; le sculpteur fut Jean-Baptiste Belloc, né à Pamiers en Ariège. Ce buste a été enlevé par les Allemands pendant l’occupation pour être fondu.

Son action

Il a restauré et construit de nombreux édifices connus du Midi. Visiter les sites où il a œuvré constitue un long voyage de découvertes. Il vaut la peine de se remémorer quelques-unes d’entre elles :

Les monuments antiques de Nîmes et Arles :
Nîmes : il a entrepris d’importants travaux dans l’amphithéâtre. En 1865, il a découvert, lors d’une fouille dans les arènes, le puits des Wisigoths dont on avait perdu la trace. Il a restauré les Thermes et le Nymphée. Il y a effectué des travaux encore en 1880. Il a conçu le square Antonin à Nîmes et les ferronneries qui s’y trouvent. La cathédrale Notre Dame et Saint Nestor, qui avait été reconstruite en 1646, a eu son intérieur renouvelé par lui de 1876 à 1882.
 Arles : à la suite de Questel, il y a poursuivi des travaux de consolidation et de dégagement. Il a travaillé plus particulièrement pour l’église et le cloître Saint-Trophime d’Arles.

Saint-Gilles : il a mis au jour le tombeau du saint, lors de travaux dans la crypte en 1867.

Montpellier : il a reconstruit le chœur de la cathédrale Saint-Pierre.

Marseille :
Révoil est le co-architecte d’Espérandieu pour l’édification de la basilique de Notre Dame de La Garde (1853-1864) ; il a dessiné les portes de bronze et le maître-autel.
La cathédrale Sainte Marie Majeure a eu trois architectes durant ses quarante ans d’édification : Léon Vaudoyer jusqu’en 1872 ; à son décès, Henri Espérandieu lui a succédé jusqu’à la pose des charpentes métalliques et à la réalisation des coupoles mais il décède en 1874 ; Henry Révoil a pris la relève et s’est consacré plus particulièrement à la décoration : mosaïques, sculptures, bronze avec trois collaborateurs : Errard, Mouren et Joly.
Il a eu à travailler aussi pour l’église Saint-Victor.

Aix-en-Provence
Révoil a effectué les dessins de la fontaine du Roi René qui a été sculptée par David. Commencée en 1891, elle a été inaugurée en 1923, en présence de la duchesse d’Angoulême.
Le Roi René tient d’une main son sceptre et de l’autre une grappe de raisin Muscat qu’il a introduit en Provence. Il porte la couronne des comtes de Provence. A ses pieds, une palette et des livres rappellent qu’il fut le protecteur des Arts, des Sciences et des Lettres.

Saintes Maries
En 1894, la foudre est tombée sur le clocher arcade. Le 14 mars 1894, il a réalisé un devis prévoyant la pose d’un paratonnerre et le rétablissement du clocher arcade (quatre niches ou alvéoles, surmontées de trois pointes ou mitres dont l’une, au niveau supérieur, abrite également une niche).

Abbayes cisterciennes, véritables trésors du patrimoine local :
Abbaye du Thoronet (Var) : Lorsque Prosper Mérimée la découvre, il la signale à l’attention de Révoil. Sa restauration commence en 1873. Cette restauration sera poursuivie en 1907 par son successeur : Formigé.
Abbaye de Sylvacane
Abbaye de Sénanque

Il a restauré l’abbaye de Montmajour (Bouches-du-Rhône) en 1872.

Pour l’église de Saint-Maximin (Var), pour une des niches, il a dessiné une châsse : elle représente quatre anges élevant le chef de sainte Marie Madeleine ; sous le chef, se trouve un tube de cristal contenant le « Noli me tangere ».

Et encore :

·       Le pont flavien de Saint-Chamas (Bouches-du-Rhône)
·       L’église et le cloître de Vaison
·       La chapelle du pont Saint-Bénézet à Avignon
·       L’église de Campestre (restauration et agrandissement sur la base de ses plans en 1865)
·       Plans du temple protestant d’Alès
·       Sur la base de ses plans : Manduel, Bessèges, Aimargues, Marguerittes, Saint-Ambroix.

Annexe 4
Curé Servier

Il n’est pas possible de parler de l’histoire de la paroisse sans faire mention de ce personnage courageux que fut l’Abbé Jean-Baptiste Alexandre Servier. En quelques notes, je vous propose de le découvrir comme il apparaît dans les courts écrits qu’il nous reste de lui. Ses parents habitaient Saint-Gervais et il y est probablement né mais à une date qui ne m’est pas connue.

La Révolution, après des débuts où il était difficile de percevoir ce qu’elle allait réellement produire, a voulu supprimer la religion chrétienne[20] par une immixtion progressive du pouvoir civil dans le domaine spirituel.
Au commencement, l’Etat a supprimé les revenus de l’Eglise de France, ensuite la liberté du culte et fait, finalement, éclater le clergé en exigeant un serment à la Constitution civile.
Le peuple chrétien n’est pas tenu en compte par le gouvernement : la cible est le clergé avec celles et ceux qui veulent le défendre.
1793 reste la date charnière entre deux temps : celui des espoirs et celui des faits. La Terreur de l’Etat a fait fonctionner légalement la guillotine pour massacrer un grand nombre de personnes (ouvriers, agriculteurs, religieux, nobles, commerçants : toutes fonctions ou classes confondues avec y compris des enfants) dont le seul crime était d’avoir la Foi. Le devoir de mémoire consiste aussi à ne pas oublier ces pages douloureuses de notre passé. Il vaut la peine de savoir comment Saint-Gervais a vécu ce temps troublé.

Servier desservait la Paroisse lorsque la Révolution éclata. Il a prêté un serment selon une formule qui lui était propre et qui ne correspondait pas au serment constitutionnel[21] qui était exigé par les autorités politiques[22].
En tant que prêtre déclaré insermenté, dit réfractaire, il a dû quitter Saint-Gervais et la France en 1792. Il s’exila dans les états du Saint-Siège. Après cinq ans d’exil, il revint à Saint-Gervais, le 5 août 1797, dans l’illégalité. Un mois après son retour, la loi du 19 fructidor (septembre) punissait de mort tous les émigrés ou prêtres déportés qui n’auraient pas quitté dans les quinze jours le territoire français. Son exil avait été difficile et les périls sur terre avaient été nombreux. Il déclara à ses parents : « Mourir pour mourir, autant vaut-il mourir dans ma patrie que dans une terre étrangère ! ».
Il avait connaissance du cas d’un vénérable prêtre missionnaire de Marseille : M. Donadieu, découvert après la loi du 19 fructidor, fut identifié par deux témoins et ensuite fusillé. Heureusement, la loi et leurs exécutants étaient une chose et la population une autre. L’Abbé Servier eut vite la certitude qu’au sein de la population locale, un rejet profond des lois - aussi bien que des législateurs - de ce temps de la tourmente prédominait. Les Saint-Gervaisiens le cachaient : il rendait visite aux malades, bénissait les mariages, administrait les sacrements. Du 1er octobre 1797 au 7 juin 1798, il se réfugia chez ses parents. En mars 1798, les persécutions de prêtres reprirent avec plus de vigueur. Il travaillait de nuit et, à ce titre, il mérite le titre de « Curé de nuit ». Il effectuait de nombreuses marches et contremarches. Une récompense de 100 francs avait été promise pour toute personne dénonçant un prêtre insermenté. Une personne a succombé à cette offre mais cette dénonciation faite à Bagnols resta sans suite car l’affaire fut neutralisée par le maire du lieu. Du 3 mars 1798 au 3 mars 1799, l’Abbé Servier eut fort à faire pour ne pas être piégé par les visites domiciliaires des forces de l’ordre. Il devait vivre parfois quasiment enterré, changer chaque soir de logement. Il a séjourné dans la plupart des greniers à foin de la commune ! Pour éviter de se faire prendre, il ne visitait plus ses amis. Il a dû renoncer à toute activité pendant quelques mois et il est fort probable qu’il se soit éloigné quelque temps du village.
L’approche des fêtes de Pâques 1799 lui a donné l’occasion de reprendre ses activités et il y eut un grand afflux de personnes aux cérémonies religieuses.

Un dimanche soir, le 14 juin 1801, les gendarmes de Bagnols sont venus s’informer à la Mairie à son sujet : ils obéissaient à un arrêté du Préfet de la Police générale. Tout prêtre non assermenté devait quitter le territoire français. Il ne fut cependant pas arrêté et il continua plus discrètement ses activités pour la plus grande satisfaction de la population.
Le Concordat de 1801 allait mettre fin à cette situation : l’évêché de Nîmes était supprimé et le Gard appartenait à l’évêché d’Avignon. Le diocèse de Nîmes ne fut restauré qu’en 1821.
Les registres paroissiaux portent l’écriture de M. l’Abbé Servier jusqu’au 4 novembre 1817. Il a souvent apporté des notes dans ses écrits et qui sont d’une grande utilité pour l’histoire paroissiale et pour connaître la façon dont ces moments difficiles ont été vécus.


Annexe 5

Liste des prêtres de Saint-Gervais
(état provisoire au mois d’août 2001)

Avant la Révolution, la paroisse était bien souvent desservie par deux prêtres. On parlait du titulaire et du second. L’enseignement était donné par un ecclésiastique. Parfois, nous avons des laïcs comme enseignants.

Depuis 1620, il est fait officiellement mention du Prieuré de Saint-Gervais.

En italique sont signalés des évènements majeurs de la vie paroissiale.

Cette liste doit être vérifiée encore avec celle de l’Evêché. Les noms sans date doivent correspondre à la chronologie des passages de prêtre dans la commune.

392 : un docteur de l’Eglise « sine nomine »
enterré près du choeur

Jean de Royols
Janvier 1464 : Dom Jacques Jean Donat

18 octobre 1528 : Louis d’Artiffel, prieur

2 mars 1559 : François Bouchier

1606 : décès de Nicolas de Rove
4 mars 1607 : Paul de Froment
1646 : mission des prêtres de St. Joseph de Lyon
1670 : Confrérie de Saint-Sébastien

1701 : Jean Marcy, prêtre en second, enseignant
1702 : Desmarais, ecclésiastique
1726 : Abbé Blachère
Mercier
Avit
Octobre 1753 : Curé Lions
Combalurier
1767 : Racaud (titulaire) et Brunel (second)
Espérandieu ?
1766-1781 : Magne
1782 : Plantin (vicaire)
1783-1817 : Servier
1791-1801 : son émigration, son retour, sa vie clandestine
Confrérie Saint-Sébastien reste active durant cette période troublée
1818 : Fabre
1819-1822     Coren ou Corin
1821 : Confrérie des Pénitents
1825-1835 : Laville
1836-1842 : Souchon
19 septembre 1887 : chapelle de la Confrérie du Saint Rosaire
Bergson ?
1871 : Reboul
1891 : Abbé Manivet
1894 : Abbé Ducros
1906-1910 : Abbé Sanguinède
1910-1936 : Abbé Barberot[23]
François Rouveret[24]
1937 : Mission mariale du Père Duriau
1937-16 août 1943 : Abbé Pierre Béraud[25]
27 septembre 1943-1959 : Abbé Vernet[26]
1959-1964 : Abbé Bruguier
Abbé Bonhomme[27]
Abbé Granier
1969-1973 : Albert Broche (titulaire) ; Fraysse (second)
Dillenseger[28]
1979 : curé Leyre[29], à la retraite,
occupe le presbytère et célèbre quotidiennement sa messe
Joseph Dufay[30]

Rattachement au district paroissial de Bagnols-sur-Cèze :

Georges Poize[31], Marcel Laurent, Serge Cauvas[32], Alain Noblet[33], Jacques Couteau, Jacques Fournier, Georges Madkowsky[34].



                                                           Antoine Schülé

Droits sur les textes sont réservés.



La Tourette, 2004





[1] Car encore incomplète.
[2] Toile de chanvre.
[3] Psaume 22.2
[4] De la maison Souty à Paris (8, rue du Louvre).
[5] 25 mars 1599 – 9 décembre 1641.
[6] 1489 ? – 27 août 1576
[7] Un visage du Christ de van Dyck serait fort différent et c’est le point essentiel qui permet de douter d’une attribution totale de l’œuvre à van Dyck.
[8] Van Dyck, p. 19
[9] J. B. Descamps : Voyage pittoresque de la Flandre et du brabant, 1772, p. 281.
[10] L’oeuvre, t. II, p. 102 (comme Rubens)
[11] L. Demonts, Catalogue du Louvre, 1922, no 2082 (comme Rubens)
[12] Erik Larsen: The painting of Anthony Van Dyck, tome II, p. 111. 1988
[13] Domiciliée à 30 170 Fressac. Magnifique travail de précision sur une fine couche de peinture.
[14] Un exemplaire a été déposé en Mairie et un autre à la Paroisse.
[15] Dates communiquées sur la base de renseignements réunis mais non vérifiés.
[16] Et non Flandin comme on le voit parfois écrit.
[18] Trois sources : Les architectes en chef des monuments historiques, 1899-1993, Centenaire du concours des A.C.M.H., M.M., Editions Levallois-Perret, 1994 ; Les concours des monuments historiques de 1893 à 1979. Editions de la C.N.M.H.S., septembre 1981 ; André Bernardy : Les artistes gardois (peintres, sculpteurs, architectes) de 1820 à 1920, Uzès, 1980.
[19] Une thèse est en cours de réalisation mais je n’en ai pas encore eu connaissance.
[20] Lire : Jean Thomas, De la Révolution à la séparation de l’Eglise et de l’état 1789-1905, Ed. Lacour, Nîmes, 1987, 274 p. et Pierre Pierrard : L’Eglise et la Révolution, 1789-1889. Paris ; 1988. 274 p.
[21] Il l’avait complété en exprimant son attachement au Pape et aux valeurs fondamentales de la Foi.
[22] Il y a donc eu erreur lorsqu’il a été écrit qu’il avait prêté le serment constitutionnel.
[23] Mort à Saint-Gervais.
[24] Il desservait Saint-Michel et célébra la messe jusqu’à ce que l’Abbé Béraud arrive.
[25] Il sera ensuite aumônier à l’hospice de Bagnols où il finira ses jours.
[26] Musicien qui a marqué très fortement ses paroissiens. Il venait de Saint-Gilles et a pris ensuite sa retraite à Saint Ambroix.
[27] A desservi Saint-Michel et Saint-Gervais.
[28] Pour desservir Pont-Saint-Esprit.
Avec lui, commence l’union des trois paroisses : Saint-Nazaire, Vénéjan et Saint-Gervais.
[29] Plus d’une personne ont encore le souvenir de sa soutane et de sa barrette. 
[30] Pour se rendre à Aimargues.
[31] Décède en 2001.
[32] Est parti pour Nîmes pour reprendre de nouvelles fonctions à l’évêché.
[33] Jeune prêtre qui dessert Saint Hyppolite le Fort.
[34] Qui nous vient de Pologne.

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