Le retour de captivité
Antoine Schülé,
historien
Introduction
Depuis les années 1980, les
historiens, sociologues se sont intéressés aux prisonniers de guerre dans
l’histoire. Lettres de prisonniers, mémoires, autobiographies, dossiers CICR,
enquêtes diverses pour les conflits les plus récents, nombreux rapports d’archives
trop peu exploités constituent des sources riches, diverses, pouvant faire
abandonner quelques idées reçues. Yves Durand[1]
avec son livre « La vie quotidienne
des prisonniers de guerre dans les stalags, les oflags et les kommandos
1939-1945 » a ouvert ce champ de recherches. De nombreux colloques ont
approfondi ce thème sur la longue durée et, par exemple, celui de Carcassonne en 2002[2],
sous la direction de Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen, offre de
multiples pistes.
Pourquoi par contre « Le retour de captivité » est peu
connu du grand public et pourquoi les historiens, au regard d’autres
thématiques, ne privilégient guère cet aspect ? Les raisons sont variées et
je n’en établis pas une liste exhaustive : le prisonnier ne représente pas aux
yeux du grand public la figure du héros (à moins d’une évasion réussie ou d’un
sacrifice exemplaire) ; politiquement, les malades et blessés de retour au
pays restent une priorité et les autres doivent se satisfaire de pouvoir
rentrer chez eux ; les prisonniers ne parlent volontiers de leur
détention, à l’exception de celles et ceux qui s’estiment faire partie des
vainqueurs ou des victimes sacralisées par l’Histoire (les autres n’ayant aucun
droit à la mémoire ; c’est une forme de racisme victimaire, accepté
tacitement de nos jours) ; il y a une minorité d’entre eux qui se bricole une mémoire de captivité
qui doit plaire à leur entourage; le retour des prisonniers dans un pays ayant
été vaincu est très sélectif : les uns craquent
et ne sont plus réinsertiables dans
la vie économique et les autres choisissent de tourner la page en se consacrant
entièrement à leur travail ou à une cause leur permettant d’oublier d’une
certaine façon, mais jamais totalement, des pages douloureuses du passé.
Le retour de captivité est peu
étudié. Le plus facile est de trouver des statistiques fournissant des données
assez précises sur les nombres de morts, de blessés ou de malades et sur le
retour des corps des défunts. En complément, au mieux, les maladies accablant les
prisonniers sur plusieurs siècles sont nommées : la lèpre, la peste, les maladies
vénériennes, les mutilations, le scorbut, la grippe espagnole, la tuberculose, le
choléra, le typhus, la jaunisse, les gangrènes diverses, etc. Il a fallu
attendre quelques années après les guerres du Vietnam, d’Indochine et d’Algérie
pour que les problèmes psychologiques des combattants, d’abord, et des
prisonniers de guerre, ensuite, soient pris en considération aussi bien par les
médecins que les sociologues et les historiens comme les juristes.
Disposer de réflexions sur les
prisonniers, en considérant l’histoire de l’homme depuis ses origines, est utile
pour les politiques d’abord et aussi pour les militaires. Il est nécessaire de penser à ce retour du captif, vraiment trop négligé, car,
dans ce que nous appelons actuellement la gestion du postconflit, le retour des
prisonniers a une importance décisive en ce XXIe siècle où le poids
des media est si fort. En situation d’après-guerre, le devoir de justice est souvent
invoqué mais c’est souvent la justice du vainqueur qui s’exprime et cela a
discrédité comme discrédite les instituions qui en ont eu ou en ont la charge.
Les exemples sont nombreux mais cela n’est pas directement le sujet à traiter
dans cet article.
Approches littéraires
Les écrivains comme les poètes
ont ouvert les premières réflexions sur les captifs ou captives et leur retour
à une vie choisie : Ulysse retenu par Circé[3]; Renaud
dans les jardins enchantés d’Armide[4] ;
le sort des femmes et filles des vaincus et prisonniers est souvent semblable
(humiliations, prostitution, différentes formes d’esclavage, moyens de
repeuplement, déportations et l’inventaire pourrait encore être complété). Nous
avons la Cléopâtre captive de
Jodelle, l’Edouard II de Marlowe, Polyeucte, Attila de Corneille ou encore Iphigénie
de Racine.
Sans vouloir allonger la
liste, le XIXe et XXe siècle ne manquent pas d’écrivains,
décrivant l’horreur d’une prison, d’un camp. Une littérature concentrationnaire
s’est créée. Elle permet de mieux comprendre les causes, les mécanismes et les
effets de la détention non seulement sur l’individu mais sur la
collectivité : les récits sur le Goulag[5]
augmentent la peur justifiée d’y être envoyé. La prison peut détruire l’homme
le plus souvent mais elle peut aussi le révéler dans ce qu’il a de plus noble
ou de plus ignoble en lui !
Pour ma part, un roman d’Alexandre
Dumas, Le comte de Monte-Cristo m’a
sensibilisé à cette question : le retour à la vie sociale d’Edmond Dantès,
instruit par l’abbé Faria. Il s’intéresse à la médecine, il donne son aide à
des causes désespérées mais il satisfait aussi l’une des missions qu’il s’est
imposée : «se faire justice» en
raison de l’injustice subie par un détenteur de la justice, peu scrupuleux par
ambition, tout en aidant ceux qui avaient fait preuve de compassion (il s’agit
de ne pas l’oublier). Un autre roman de Jules Verne Mathias Sandorf décrit bien cette phase de résignation du
prisonnier, prêt à subir son exécution mais, dès qu’il apprend qu’il a été
trahi, le goût de l’évasion lui vient et il cherche aussi à faire justice,
notamment avec son armée de milice d’Antékirtta[6]. Michel Strogoff fournit l’étude de
deux prisonniers bien différents : Ogareff, le révolutionnaire s’évadant pour mener sa lutte révolutionnaire et
Strogoff, fait prisonnier mais s’évadant, à la suite d’un concours de
circonstances, pour mener à terme, malgré tout, sa mission. Ce Strogoff est en
même temps prisonnier de sa mission, de son devoir : aspect négligé mais
ne manquant pas d’intérêt pour tout officier !
Vingt mille lieues sous les mers et sa suite L’île mystérieuse sont deux autres
romans de Jules Verne où le capitaine Nemo est prisonnier de sa vengeance alors
qu’il est confronté à des prisonniers de son Nautilus, dans le premier roman, et
de l’île où se trouvent les rescapés[7],
dans le second. Pourquoi libérer des prisonniers ? Prisonniers du Nautilus
libérés pour rendre témoignage : forme de propagande adoptée[8]
encore de nos jours ; prisonniers libérés de l’île : aide humanitaire,
avec, au final de ce roman, un portait saisissant d’un capitaine Nemo, aimant
les hommes mais ayant été rejeté et blessé dans son humanité et sa dignité par
une puissance hégémonique, la Grande Bretagne[9] en
la circonstance.
Dans le film connu La cuisine au beurre, un cas de figure
est traité de façon humoristique mais il y a des réalités : retour du
prisonnier affabulateur, trahi par ses mensonges et ses incohérences[10] !
Les écrivains ont bien perçu
tout l’intérêt de dépeindre les sentiments qui envahissent le prisonnier,
suscitent son évasion parfois et son besoin que justice soit rendue. Toutefois,
la lecture d’un témoignage de prisonnier
politique Mes prisons de Silvio
Pellico[11] a
suscité mon désir de mieux comprendre la captivité et le retour de captivité. J.
Petit livre son témoignage en 1919 et ne laisse pas indifférent son
lecteur avec son livre La Guerre en captivité[12].
André Perrin dans son Evadé de guerre via
Colditz [13]
nous partage cette exaltation qui l’anime en permanence pour se libérer de sa
condition de prisonnier : tout combattant devrait le lire pour
s’imprégner, par l’esprit, d’un contexte particulier, toujours possible à la
suite de ses missions de combat. Un éclairage particulier est aussi donné par
les prisonniers politiques et, pour ne pas citer les auteurs régulièrement mis
en avant, il est bon de découvrir les écrits de prison de Bernard Faÿ : De la prison de ce monde[14]. Ainsi de nombreux témoignages ont mis
en évidence l’importance de la foi pour certains ou encore de la croyance comme
de l’idéologie, pour affronter ces conditions particulières de vie carcérale et
postcarcérale.
Sources diverses
Dans un premier temps, l’étude
magistrale et toujours utile de René Grousset sur les Croisades[15]
apporte des éléments de réponse inexploités dans le cadre de la thématique
retenue. Nous avons des cas très pratiques de combattants, de prisonniers et de
nombreux cas de retour soit de captivité, soit des combats : il n’y a pas
d’états d’âme mais des faits bruts avec un vocabulaire propre à ce temps de
l’histoire. Du Moyen Age à nos jours, des Mémoires[16]
font mention parfois de prisonniers, de leur retour plus rarement mais surtout
des combattants et de leurs conditions de vie.
Les dossiers divers comme ceux
du CICR à Genève m’ont conduit à étudier la Convention III de Genève de 1949 où
les droits et devoirs des prisonniers sont définis en des normes
internationales : entre ce que dit le droit et ce qui se pratique, même
par une puissance comme les Etats-Unis qui se veulent être un modèle quant aux
libertés, aux droits de l’homme, etc.…, il y a matière à de multiples réflexions
chez celui qui refuse de porter les œillères ! Le droit
international est discrédité malheureusement dans un cas précis :
l’appliquer à un Etat pour pratiquer un droit d’exception à l’autre, c’est tout
simplement détruire cet instrument pourtant si nécessaire. Exiger d’un
adversaire l’application du droit que l’on n’applique pas soi-même, c’est de la
duplicité dont l’histoire des relations internationales depuis 1945 ne
donne que trop d’exemples. Le traitement des prisonniers de guerre a un poids
décisif dans l’après-conflit, positif ou négatif selon les cas d’application.
Parmi les dommages collatéraux
des conflits les plus récents, il y a eu celui fait au droit international
quant aux prisonniers. Je le déplore pour l’Europe et je regrette encore plus
que les bien-pensants, ou du moins ceux déclarés comme tels, ne sensibilisent
pas du tout le public sur cet aspect pourtant primordial car cette impuissance
partiale du droit international actuel favorisera les applications d’autres juridictions qui
ne prendront plus leurs racines dans ces valeurs qui ont mis, non seulement, tant
de temps à se faire reconnaître et, encore, avec un prix du sang qui a été très
lourd.
Ayant pu discuter avec des
prisonniers de guerre et des prisonniers politiques, ce sujet a retenu mon
attention à plusieurs reprises. Le temps qui m’est imparti est bref. Aussi
j’attirerai votre attention sur quelques points qui me paraissent essentiels et
qui n’épuiseront pas, loin s’en faut, le sujet.
Retour de captivité
Le retour de captivité est
conditionné par de nombreux facteurs, les uns antérieurs au moment de la
captivité, les autres dépendant des conditions mêmes de la captivité et ceux, à
ne pas négliger, du retour à la vie civile chez soi. Le plus important est de
considérer la force morale qui anime le prisonnier de guerre : une
religion[17]
ou une croyance lui donne une force intérieure lui permettant de mieux faire
face aux épreuves aussi bien du combat que de la détention.
N’importe quel soldat adopte
un comportement par rapport à son vécu de la guerre, selon l’image qu’il a de
lui, l’image qu’il veut donner aux autres et, le troisième élément qui n’est
pas le moins important, selon l’image que les autres, ceux de l’arrière, ont de
lui et qu’il devra découvrir à son retour. Par exemple, un soldat artilleur
français du Gard ne voulait pas me parler, dans un premier temps, de son
expérience de juin 1940. Me sachant officier et ayant établi un lien de
confiance avec lui, bien des années plus tard, il m’a enfin tout dit : il
avait été fait prisonnier lui et ses camarades au contact des Allemands, sans
avoir pu tirer un seul coup de feu ; ils avaient amené leur canon sous le
feu de l’ennemi sans disposer d’une seule munition pour leur pièce ;
pire, pour se défendre, ils n’avaient pas de cartouches en suffisance. Des officiers
dont son capitaine évitèrent d’être faits prisonniers alors que leurs hommes le
furent. Après quelques mois, il revint par le train à Nîmes et vit, à son
arrivée, son capitaine qui buvait l’apéritif dans le bar en face de la gare. 45
ans après cet évènement, il n’avait jamais accepté ces conditions de capture
et, par contre, n’avait aucun mauvais souvenir de ses conditions de captivité. Il
a préféré taire à ses proches cette page de sa vie.
Un combattant qui aura lutté
et qui a été fait prisonnier face à une force armée supérieure aura un autre
ressenti bien entendu : il peut se dire « Oui,
j’ai livré le bon combat ! » et cette circonstance sera décisive
pour la suite de sa guerre. Il est dans un autre état d’esprit que celui qui a
été pris dans la fuite ou la désertion. Le fait d’être malade ou d’être blessé
jouera un rôle décisif : une blessure physique s’ajoutant à la blessure psychique
change le rapport existant avec la souffrance. Les soins sanitaires n’ont pas
cessé de s’améliorer au XXe s. et, mis à part le front russe ou
chinois en 39-45 et les zones de résistance à outrance, les blessés des
différents camps recevaient les soins élémentaires, pour autant qu’ils puissent
être donnés, de façon convenable.
La stupeur d’être fait
prisonnier étant passée[18],
les conditions d’internement jouent un rôle décisif : au commencement, les
marches, les transports, la faim, la soif sont de tout temps les étapes à
franchir. Les troupes sont généralement prêtes pour mener des opérations de
combat. Faire des blessés dans les rangs adverses, c’est militairement
mobiliser pour un temps des hommes à donner des secours à leur camarade :
il y a une rentabilité opérationnelle[19]
qui n’a pas échappé à bien des hommes de guerre. Par contre, faire des
prisonniers peut être une gêne pour les troupes combattantes : cela
mobilise des hommes, des vivres ; cela nécessite une logistique lourde pas
toujours prévue en début de conflit. Plus d’un massacre de prisonniers a
répondu à la question : les exemples se retrouvent dans tous les pays et
aucun Etat ne peut prétendre à l’exception ! Par contre, être fait
prisonnier n’est pas inscrit dans le programme d’instruction du soldat :
ce qui est une erreur. Tout au plus et au mieux, il a des notions pour ce qu’il
a l’obligation de déclarer, le reste devant être tu.
Lors des Croisades, les
prisonniers étaient massacrés aussi bien par les Croisés que les Arabes car il
aurait fallu les nourrir et surtout les faire boire. Lors de la Première
Croisade[20],
certains croisés trempaient un tissu dans la vase pour extraire une eau qu’il
buvait : cela fut la cause de nombreuses dysenteries, parfois mortelles.
Entre deux actions de combat, les Croisés ont dû essentiellement se soucier de
leur ravitaillement : les troupes commandées autour d’un seigneur, ayant
une trésorerie, géraient mieux la situation que les combattants isolés, très
nombreux et qui n’avaient pas eu un grand souci de logistique à leur départ.
Ces derniers devaient payer leur nourriture et les prix variaient fort en
fonction de l’offre et de la demande ; sans argent, le dernier recours
était soit de se mettre au service d’un seigneur (ce qu’encourageaient les
prêtres), soit d’opérer des razzias, ce qui ne facilitait pas les contacts avec
les populations des pays traversés, même quand elles étaient chrétiennes !
Pour mémoire, les premiers Croisés ont opté pour la voie terrestre afin de se
rendre en Terre Sainte. En terre ennemie, les parties charnues de cadavres
récents ont été consommés[21] :
ce qui a scandalisé les chroniqueurs musulmans qui en font mention dans leurs
écrits pour justifier leurs représailles, aussi sanglantes, considérées dès
lors comme légitimes. Le Croisé qui revient au pays avec ce vécu dans sa chair
et sa mémoire n’est certainement pas le même homme qu’au départ…
L’espace attribué à chaque
prisonnier dans le campement a son rôle : il lui faut un espace pour se
retrouver et faire le point sur les évènements qu’il est en train de vivre. Plus
la durée de détention se prolonge, plus le confinement et la promiscuité deviennent
oppressants. Les activités attribuées ou l’oisiveté influenceront tout
l’équilibre intérieur du captif. De nombreux témoignages démontrent que la
personne qui lit ou qui exerce une activité intellectuelle, comme l’apprentissage
d’une langue ou de connaissances selon les savoir disponibles et partageables
dans le camp, affronte mieux les conditions de détention et s’assure ainsi un
meilleur retour de captivité.
Pouvoir établir une
correspondance avec sa famille ou des proches, recevoir des paquets :
autant de soutiens qui aident à vivre les conditions de détention. Pour ce
faire, le CICR a joué un rôle décisif. Il y a eu parfois des difficultés car
des chefs de camp ont pris possession de marchandises à destination des
prisonniers. Des cas exceptionnels ne peuvent pas être une généralité. Pour les
familles, l’essentiel était de savoir que leur proche était vivant et en un
lieu précis.
L’attitude des gardiens joue
un rôle décisif. Abou Grahib et Guantanamo ont donné des exemples nombreux où
les prisonniers n’étaient pas considérés comme des êtres humains :
humiliations dès la prise en charge ; tortures spécifiques en raison de la
foi religieuse du prisonnier : nudité devant d’autres prisonniers, rasage
de barbe, Coran jeté dans des endroits souillés paraissent à un homme, sans
connaissance de la culture de celui considéré uniquement en tant qu’ennemi,
comme dérisoires mais sont des faits inacceptables pour un Musulman ;
tortures traditionnelles n’exigeant pas des installations très
particulières : exposition au froid pendant de longues heures, pas d’hygiène
possible durant des semaines, ongles arrachés, doigts écrasés, immobilité
totale dans un temps long et dans une position inconfortable, bruits incessants,
lumières violentes, sommeil troublé à tout instant, etc.. Ces
méthodes ont pour but de détruire la force mentale d’un individu[22].
Il est de bon ton de donner des exemples classiques de 1939-1945 pour ne pas
considérer des exemples donnés par un Etat s’affirmant être une grande
puissance actuelle, les Etats-Unis ! Le retour du captif qui a vécu ce contexte
concentrationnaire est non seulement encore plus motivé dans sa lutte mais il
devient un martyr qui suscitera de nombreuses vocations. Celles-ci seront
d’abord contre la puissance qui a permis de telles pratiques et ensuite contre
les Etats qui ont couvert d’un silence complice de tels actes. Pour d’autres
Etats, ils auraient fait l’objet de poursuites par le Tribunal pénal
international, de mesures de blocus économique et de rétorsions financières
avec effet immédiat comme d’une campagne médiatique universelle avec les voix
de tous les grands ténors de la conscience universelle. Le prisonnier a été souvent
considéré comme le bouc émissaire, comme l’occasion d’une revanche pour une souffrance
antérieure collective, plus généralement, ou personnelle pour quelques-uns dont
il n’est pas la cause directe : il a été l’un des instruments parmi
d’autres qui, comme lui, étaient dans l’obligation d’exécuter des ordres. Lorsque
les gardiens fabriquent des martyrs, les conséquences après conflit sont
catastrophiques : naissent ainsi des hommes assoiffés de vengeance. Selon
le traitement accordé au prisonnier, la paix sera favorisée ou rendue
impossible. L’actualité de 2014 nous l’apprend.
Plus d’un prisonnier s’est
cependant ressenti autre chose qu’un numéro lorsqu’il a été reconnu soit comme
un prestataire de services, soit comme une source de reconstruction en postconflit.
Il y a des cas divers bien entendu : un agriculteur - qui cultive une
terre qu’elle soit française ou allemande - retrouve son amour du travail, se
reconstruit et connaît généralement un sort partagé avec la population civile
où il vit, avec les mêmes contraintes que la famille « hôte ». Il est
à noter qu’après 39-45, il y a eu des mariages franco-allemands même si cela
n’était pas bien vu dans un pays comme dans l’autre. La situation est autre
quand il s’agit de travailler dans des mines ou des usines, zones qui pouvaient
être bombardées par les avions de son pays d’origine…
Un blessé allemand qui avait
17 ans à la fin de la Seconde guerre mondiale a gardé des souvenirs précis de
la guerre qu’il m’a confiés : des images lui revenaient jusqu’à sa mort,
il y a un an. Pourquoi ?
D’autres jeunes de son âge,
pas du tout volontaires pour être enrôlé, et avec qui il avait partagé des engagements
au front ont été capturés et ont servi au déminage. Des éclats d’obus dans
l’épaule ne pouvant pas lui être enlevés, il ne fut pas pris pour cette mission
: il y a eu 5000 jeunes Allemands tués dans ce type d’opération pour 500
Français. Certains diront que cela était normal[23]
que les poseurs de mines déminent. L’idée aurait été acceptable si le déminage
s’était fait de façon correcte mais, le plus souvent, cela n’était pas le cas :
le travail de déminage nécessite un matériel et des compétences spécifiques qui
peuvent s’apprendre autrement que directement sur un champ de mines reconnu.
Le retour à la vie civile lui
fut difficile : il s’est consacré à fond à son travail pour que les
souvenirs ne lui rongent pas trop son présent et son avenir. Le vécu de la
guerre marque son homme : il n’a plus jamais cru en la politique d’abord
et aux grands discours humanitaires ensuite.
Le retour de captivité
Nombreux sont les morts en
captivité et de nombreux accords entre pays belligérants ont porté sur le
rapatriement des corps et leur financement.
Les exemples de retour de
captivité sont variés dans l’histoire et j’en citerai quelques-uns trop souvent
oubliés et sans développer les particularités de chacun ainsi que les
réflexions qu’ils méritent :
-
Sous Napoléon Bonaparte, les prisons flottantes
anglaises[24],
les pontons de Portsmouth, ont marqué les esprits ;
-
Avant 1917, en Russie, un officier fait
prisonnier sans être blessé était cassé ;
-
L’ordre n° 270 du 16 août 1941, signé par
Staline, Molotov et les cinq plus hauts commandants de l’Armée soviétique,
stipule que tout officier ou responsable politique fait prisonnier est
considéré comme un déserteur passible d’exécution immédiate. Les membres de la
famille de ces « déserteurs »
devaient être immédiatement arrêtés ; quant aux membres de la famille des
simples soldats capturés par l’ennemi, ils seraient rayés de toutes les listes
d’ayants droit à une aide de l’Etat[25] ;
-
En France au XIXe s., les prisonniers de guerre
étaient privés d’avancement ;
-
Avant d’être libéré, le prisonnier de guerre
français recevait de la France le 50% de sa solde, l’autre moitié était sensée
avoir été payée par le pays détenteur ;
-
En 1945, les internés en Suisse devant retourner
en Ukraine ou en Croatie, ainsi qu’en d’autres pays d’URSS ont connu soit des
condamnations à mort, soit la déportation dans des Goulags à mort rapide.
Peu importent les circonstances
dans lesquelles est vécu le retour de captivité, cela reste un changement
brutal pour le prisonnier de guerre, pour l’otage comme le prisonnier
politique. Plus le temps de captivité a été long, plus le sentiment d’être
confronté à un autre monde sera fort. Il y a une similitude entre le prisonnier
et le combattant, quittant le front au bénéfice d’un congé, et découvrant la
vie de cet arrière qui imagine la guerre, à travers ce qu’en disent la presse
et les media et si éloignée de ce qu’il a vécu ou il vit réellement.
Le milieu carcéral avait ses
lois internes : le règlement régissant le camp, les relations avec les
gardiens (parfois des prisonniers désignés) et avec les autres prisonniers ont
obéi à des lois écrites et non écrites. Le retour à une vie sociale autre est
un choc car en trois ou quatre ans, le milieu sociétal et familial a changé :
les autorités politiques ne sont plus les mêmes ; la femme au foyer ou à
l’entreprise a pris ses marques ; les enfants ont grandi ; des
parents sont morts ; le domicile est détruit ; la famille ou un de ses
membres a disparu dans des bombardements ; des femmes ont été violées[26]
et des enfants sont nés[27] ;
des droits de succession ont été modifiés ; en Europe centrale, des
populations entières ont été déportées par l’URSS avec l’accord des grandes
puissances victorieuses[28]
et le prisonnier de guerre comme le rapatrié devait découvrir un nouveau pays
avec de nouvelles frontières, de nouvelles instituions et parfois une langue imposée
qui lui était étrangère … Les cas de figure sont nombreux.
Le fait de revenir dans son
pays vainqueur ou pays vaincu joue un rôle capital : l’un sera un héros
surtout s’il a tenté des évasions mais il pourra invoquer ce titre même s’il
était résigné ; l’autre sera celui qu’il faut oublier même s’il a vécu la
guerre avec honneur[29]
et subi des sévices qu’il devra taire car les rôles du bon et du méchant ont été
donnés une fois pour toute et il ne faut surtout pas y revenir. Les problèmes
familiaux sont aussi là : celui qui était annoncé mort alors qu’il était
prisonnier revient et trouve sa femme et ses enfants avec un autre père et
d’autres enfants. Des familles retrouvent non seulement un captif mais parfois un blessé de guerre ou
un malade (maladies pulmonaires, gaz ou tuberculose ; conséquences du
typhus) et les nombreux mutilés qui doivent être appareillés et retrouver une
activité professionnelle en accord avec leur état physique et leurs aptitudes
autres que physique.
Les prisonniers qui ont exercé
durant leur captivité des métiers ou professions proches de leur vie civile ont
plus de facilité de retrouver des activités normales.
Pour les combattants, les
horreurs du champ de bataille prédominent généralement plus que les souvenirs
de prisonniers de guerre : une exception toutefois, les prisonniers du
Vietnam[30].
Je me souviens du témoignage d’un combattant qui a fait 14-18 et 39-45 :
l’image obsédante, hantant ses nuits, était celle de ses camarades tués qu’il
recherchait afin de leur donner une sépulture décente. Pour le reste, les
souvenirs étaient moins précis, cela faisait selon lui partie du travail qui
lui était demandé et qu’il exécutait. D’un soldat, il n’est pas attendu autre
chose d’ailleurs. Cependant, il n’a jamais pu avoir une vie familiale normale
pendant une vingtaine d’années : il a été colérique et violent avec son
épouse et ses enfants jusqu’au jour où il a remis son entreprise et s’est
contenté de rendre des services (besoin de s’occuper et de ne pas rester
inactif) en parlant fort peu. Uniquement ses yeux dévoilaient des accents de
joie ou de tristesse.
Très souvent, un mutisme total
ou partiel est adopté, aussi bien par le prisonnier de guerre que le
combattant, dans le but de se préserver[31].
Le plus difficile pour eux est d’être confronté à des civils qui ont vécu la
guerre d’une certaine façon mais sans connaître les combats, la prison, les
humiliations : il y a un mur d’incompréhension, constituant une véritable
souffrance morale qui les sépare de leurs proches. Chez ces hommes ou femmes,
des notions comme « patrie »,
« honneur » et bien
d’autres valeurs ont perdu leur force. Leur regard sur les autorités politiques
change aussi : « Comment avez-vous
pu nous placer dans des conditions pareilles ? » est la question
qui leur vient à l’esprit. Deux cas de figure complètement opposés se
dessinent chez eux : soit ils célèbrent le culte de l’Homme providentiel[32],
soit ils préconisent le rejet de toute autorité[33].
Le plus terrible est formé par
les donneurs de leçon de morale dans l’après-conflit : le vaincu étant
désigné, vous avez des générations se croyant bien pensantes qui expliquent ce qui aurait dû être fait et ce
qu’il ne fallait pas faire et qui vous
assomment de principes que les pays vainqueurs eux-mêmes n’ont pas respectés.
Leur mémoire est sélective, conditionnée : le manichéisme est roi et l’URSS
n’a pas été seule dans ce cas de figure.
Un individualisme forcené anime certains
prisonniers alors que d’autres créent des liens associatifs ou s’impliquent dans une relation constructive
avec l’ennemi d’hier.
Tous forment un souhait :
que justice soit rendue pour soi, les siens et pour les camarades
disparus : l’honneur et le déshonneur étaient dans tous les Etats
belligérants et l’oublier est une forme de manipulation de l’histoire qui ne
doit pas être ignorée car c’est favoriser la haine.
Dans le camp du vaincu comme
du vainqueur, la question obsédante du combattant ou du prisonnier de guerre
revient sans cesse : Pourquoi suis-je vivant et pourquoi l’autre
est mort, souffre ? Le fait de vivre, d’avoir survécu donne à certains
un sentiment de culpabilité alors que d’autres ne pensent qu’à jouir
intensément de cette vie qui a failli leur échapper…
Reconstruction identitaire et
retrouver un rythme de vie sont les deux préoccupations majeures du prisonnier
de guerre à son retour. Trouver un logement et un emploi sont prioritaires. Les
Etats accordent des emplois réservés aux mutilés de guerre et créent des écoles
spéciales pour donner ou compléter une formation à de nombreux jeunes n’ayant
pas suivi une scolarité normale. La reconstruction des infrastructures vitales
du pays (destructions routières, industrielles ou minières…) et les nécessités
économiques urgentes offrent des emplois. Un aspect à ne pas négliger est
le poids politique que prennent les Anciens Combattants qui se constituent
rapidement en associations dans les divers Etats et les gouvernements ne
peuvent pas les ignorer. En URSS, les autorités politiques se méfiaient des
prisonniers et des déportés considérés comme des éléments peu sûrs et à
surveiller : ils avaient pu comparer les méthodes de production où ils se
trouvaient avec celles qui leur avaient été proclamées comme étant les
meilleures en URSS. A propos des mutilés de guerre, une étude serait à mener de
façon comparative pour les tarifs d’indemnisation pour les membres ou organes
perdus.
Deux exemples positifs avant de
conclure : l’un, d’un retour de la campagne de Russie sous Napoléon et
l’autre, d’une action franco-allemande après 1939-1945.
Un Suisse est revenu vivant
après avoir couvert la retraite française de la Bérézina[34]
et, sur le chemin de retour au pays mais obligé de passer par la Hollande, il a
vu des moulins au fil de l’eau avec des mécanismes performants. Sans ressource
chez lui, mis à part la gloire d’avoir servi et survécu, il a construit à
l’identique un moulin à l’aide de prêts financiers : il a eu ainsi une vie
prospère qui a fait la fortune de plusieurs générations après lui.
D’anciens prisonniers français
et allemands[35]
ont favorisé la création de jumelages en Europe : ils ont réussi à faire
une œuvre constructive. C’est sur ces notes optimistes que j’aurais souhaité
achever cette communication mais je ne le peux pas.
Pour conclure, il me paraît
nécessaire de porter notre attention sur les cas graves d’un passé récent qui
rappelle trop celui de ces camps de prisonniers lors de la guerre des Boers[36] (de
nos jours, les noms oubliés de ces camps sont : Norvals Pont, Aliwal
North, Bloemfontein, Springfontein, Kimberley, Mafeking) ou encore lors de la
guerre de Sécession (les conditions faites aux prisonniers étaient indignes,
scandaleuses et il n’en est pas fait mention dans les ouvrages scolaires
« pour que cela ne se reproduise
plus », selon la formule consacrée) : ne cherchons pas si loin dans le
passé récent[37],
je pense à Abou Grahib et Guantanamo.
Les conditions faites aux
prisonniers dans ces deux camps ont une répercussion détestable sur tous les
pays non occidentaux. En effet, l’Occident a perdu le droit de donner des
leçons morales, aux noms de valeurs universelles, au reste du monde. Lorsqu’il
y a eu le massacre des Arméniens par les Turcs, un même silence a régné. La
façon dont les Américains traitent les prisonniers provoquent des réactions
telles dans le monde arabe que la haine est décuplée. Chaque prisonnier qui
revient à la vie civile et raconte les faits qu’il y a vécus fait naître des
vocations nouvelles pour lutter contre cet Occident où les Européens sont
assimilés aux Américains : l’Europe en supportera longtemps encore les
conséquences.
La lecture du témoignage du
Mollah Abdul Salam Zaeef, ancien ambassadeur au Pakistan de l’Emirat
d’Afghanistan, « Prisonnier à
Guantanamo »[38]
offre une prise de conscience d’une non-application du droit international.
L’humanitaire ne doit pas servir un seul camp : nous assistons à une
discrimination du droit qui serait valable pour les uns, pas pour les autres. Le
droit international n’est plus crédible tant que des généraux ou chefs des camps
US ou encore un Georges W. Bush ou un Rumsfeld[39] bénéficient
d’une impunité qui fait injure à la notion de justice. Faut-il attendre leur
mort naturelle pour porter un jugement sur leurs actes ? Faut-il patienter
une trentaine d’années comme pour des tortionnaires propres à certains régimes ? Voilà des questions légitimes que se posent
des non occidentaux et que pouvons-nous leur répondre honnêtement ?
L’histoire qui s’écrira dans une dizaine d’années sur ces évènements ne
laissera pas une bonne image de l’Occident et les discours humanitaires ne
cacheront pas la réalité des faits.
Conclusion
Pour un retour de captivité
qui soit porteur de paix, il est essentiel que la Convention III de Genève[40]
soit respectée :
Article 129
Les Hautes Parties contractantes s’engagent à prendre toute mesure législative nécessaire pour fixer les sanctions
pénales adéquates à appliquer aux personnes ayant commis ou donné l’ordre de
commettre, l’une ou l’autre des infractions graves à la présente Convention définies
à l’article suivant.
Chaque Partie contractante aura
l’obligation de rechercher les personnes prévenues d’avoir commis ou d’avoir
ordonné de commettre l’une ou l’autre de ces infractions graves, et elle devra
les déférer à ses propres tribunaux, quelle que soit leur nationalité. Elle pourra aussi, si elle le
préfère, et selon les conditions prévues par sa propre législation, les
remettre pour jugement à une autre Patrie contractante intéressée à la
poursuite, pour autant que cette Partie Contractante ait retenu contre lesdites
personnes des charges suffisantes.
Chaque Partie contractante
prendra les mesures nécessaires pour faire cesser les actes contraires aux
dispositions de la présente Convention, autres que les infractions graves
définies à l’article suivant.
En toutes circonstances, les inculpés bénéficieront de garanties de
procédure et de libre défense qui ne seront pas inférieures à celles prévues
par les articles 105 et suivants de la présente convention.
Article 130
Les infractions graves visées à l’article précédent sont celles qui
comportent l’un ou l’autre des actes suivants, s’ils sont commis contre des
personnes ou des biens protégés par la Convention : l’homicide intentionnel, la torture ou les traitements
inhumains, y compris les expériences biologiques, le fait de causer intentionnellement
de grandes souffrances ou de porter des atteintes graves à l’intégrité physique
ou à la santé, le fait de contraindre un prisonnier de guerre à servir dans les
forces armées de la Puissance ennemie, ou celui de le priver de son droit
d’être jugé régulièrement et impartialement selon les prescriptions de la
présente Convention.
Article 131
Aucune Partie contractante ne
pourra s’exonérer elle-même, ni exonérer une autre Partie contractante, des responsabilités encourues par elle-même
ou par une autre Partie contractante en raison des infractions prévues à
l’article précédent.
Pour vous laisser libre de
conclure, je vous signale quelques pays signataires où cette Convention a été
acceptée et est applicable depuis 1949 : Afghanistan, Pakistan,
Etats-Unis, Irak, Grande-Bretagne. Sans appliquer des lois de façon rétroactive
comme cela a été fait à Nuremberg, il devrait y avoir des procès contre des
autorités gouvernementales et militaires connues de tous mais il ne se passera
rien : c’est ainsi la mort clinique du Droit international et du Droit
dans les conflits armés. Nous sommes revenus à un temps où, derrière la façade
du Droit, l’inacceptable est accepté.
Le respect du droit
international est la seule façon d’assurer des captifs qui reviennent à la vie
civile avec le moins de haine possible dans le cœur. Ne pas le respecter, c’est
jeter de nouveaux germes de guerre au cœur des générations futures.
Antoine Schülé
La Tourette, le 1er
janvier 2014
Contact :
antoine.schule@free.fr
[1]
Yves Durand : « La vie des
prisonniers de guerre dans les stalags, les oflags et les kommandos 1939-1945 ».
Hachette. Paris. 1987. 308 p.
[2]
Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen (dir.) : « Les prisonniers de guerre dans l’histoire,
Contacts entre peuples et cultures ».
Privat. Toulouse. 2003. 328 p.
[3]
Homère : Odyssée.
[4]
L’Arioste : Le Roland furieux.
[5]
Soljenitsyne : L’Archipel du Goulag.
[6]
Forme idéale de résistance selon Jules Verne.
[7]
A la façon d’un Robinson Crusoë de
Daniel Defoe, prisonnier de son île.
[8]
Le mot propagande est ici employé de
façon non péjorative; geste humanitaire
si vous voulez.
[9]
Dont il partageait les valeurs qui lui y avaient été enseignées mais qui
n’étaient pas appliquées : chez les donneurs de leçons universelles, ce
fossé est fréquent entre le discours et
les faits…
[10]
Tout lecteur attentif de témoignages, ayant connu de grandes diffusions
imprimées, devrait se livrer à une lecture critique pour débusquer des faux
patents sous le couvert de l’émotionnel et du politiquement défini !
[11]
Silvio Pellico (trad. de l’italien par H. de Messey) : Mes prisons suivies Des devoirs des hommes.
Garnier. Paris. s.d. 360 p.
[12]
J. Petit : La Guerre en captivité.
Société mutuelle d’édition. Paris. 1919. 256 p.
[13]
André Perrin (préface d’Yves Congar) : Evadé
de guerre via Colditz. La Pensée
universelle. Paris. 1975. 256 p. Il s’agit plus d’un témoignage que d’un
texte littéraire mais il y a un souffle romanesque qui ne laisse pas
indifférent.
[14]
Bernard Faÿ : De la prison de ce
monde. Plon. Paris. 1974. 192 p.
[15]
René Grousset : Histoire des Croisades. Vol 1 : 1095-1130 L’anarchie
musulmane. 892 p. ; vol. 2 : 1131-1187 : L’équilibre. 1016 p. ; vol. 3 : L’anarchie
franque. 904 p. Perrin. Paris.
2006. Cette étude parue en 1936 constitue toujours une référence car l’auteur
présente aussi les premiers témoignages
arabes sur les Croisades.
[16]
Dans le cadre de cette communication, il n’est pas possible de les
mentionner : tout au plus, quelques titres sont fournis.
[17]
Delphine Debons : L’assistance
spirituelle aux prisonniers de guerre. Un aspect de l’action humanitaire
durant la Seconde guerre mondiale. Cerf Histoire. Paris. 2012. 456 p.
[18]
Vous avez une personne engagée dans le combat qui d’une heure à l’autre bascule
dans un autre état de vie après avoir vécu les conditions d’un champ de
bataille. La plupart du temps, il s’agit d’un homme épuisé, voire blessé.
[19]
L’expression est dure mais la guerre n’est pas tendre.
[20]
Anonyme (trad. Aude Matignon) : La
geste des Francs. Arléa. Paris. 1992. 172 p.
[21]
Au XXe s., des rescapés d’accident d’avion ont dû pratiquer cette forme de
cannibalisme pour survivre.
[22]
Il est à retenir qu’une minorité des prisonniers surmonte ces épreuves par la
force de la foi ou de l’idéologie, de façon générale, ou pour l’amour de leur
famille ou d’une personne, pour d’autres cas.
[23]
Plusieurs personnes m’ont soutenu cette acceptation.
[24]
Philippe Masson : Les Sépulcres
flottants. Prisonniers français en Angleterre sous l’Empire. Ouest-France.
Rennes. 1987.
[25]
Pavel Polian, La
violence contre les prisonniers de guerre soviétiques dans le IIIe Reich
et en URSS, in : Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker et al.
(dir.), La violence de guerre, 1914-1945, Paris-Bruxelles,
IHTP-Complexe, 2002, p. 124-127
[26]
Exemples : des jeunes filles de 17 ans ont été attachées à un lit et
violées par des soldats en manque d’activité sexuelle ; une femme
allemande, sans grande connaissance de la vie, s’inquiétait de son enfant à
naître et issu d’un viol d’un noir américain car elle craignait que son enfant
ne parle pas sa langue !
[27]
J. Robert Lilly (trad. de l’anglais de Benjamin et Julien Guérif) : La face cachée des GI’s. Les viols commis
par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la
Seconde guerre mondiale (1942-1945). Payot. Paris. 2008. 408 p.
[28]
Elles affirmaient par ailleurs le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
[29]
Günter Fraschka (trad. de l’allemand Lajos Marton ; avant-propos de
Rémy) : L’honneur n’a pas de frontières.
France-Empire. Paris. 1970. 368 p.
[30]
Les témoignages écrits abondent.
[31]
Je l’ai aussi constaté avec des Français impliqués dans la guerre d’Algérie.
Cela se retrouve aussi bien chez le vainqueur que le vaincu : le fait
d’avoir versé le sang d’un autre homme même en service commandé ne se vit
facilement.
[32]
Mao, Castro, de Gaulle, Tito.
[33]
Dans quelle mesure la génération de mai 68 n’a pas été l’un des fruits de
39-45 ? La question peut être posée.
[34]
Ils étaient fort peu nombreux.
[35]
François Cochet : Le rôle des
anciens prisonniers et des anciens déportés français dans le rapprochement franco-allemand
(1945-1965), in : Antoine Fleury et Robert Franck (sous la
dir.) : Le Rôle des guerres dans la
mémoire des Européens : leur effet sur la conscience d’être européen. Lang. Berne. 1997. P. 123-135.
[36]
Les Britanniques ont créé les premiers camps de concentration pour les civils
en 1901-2 en Afrique du Sud : femmes et enfants mal nourris, mal logés
sont morts dans des conditions épouvantables : ces victimes n’ont pas
droit à des commémorations solennelles
et répétitives. Ce racisme victimaire a quelque chose de gênant pour
tout humaniste ! Une Anglaise a écrit un livre de témoignage à ce
sujet : Emily Hobhouse: The
brunt of war.
[37]
Jacques Semelin : Purifier et
détruire. Usages politiques des massacres et génocides. Seuil. Paris. 2005.
492 p. Une approche très utile avec des
exemples comme la Shoah, l’ex-Yougoslavie, le Rwanda, Israël, le Cambodge,
l’Arménie…
[38]
Abdul Salam Zaeff : Prisonnier à
Guantanamo. Les mémoires d’un haut responsable Taliban : 1168 jours de
traitements humiliants et dégradants. EGDV Documents. Paris. 2008. 288 p.
[39]
Richard Clarke (trad. de l’anglais par Jean Bonnefoy, Laurent Bury, Pierre
Girard) : Contre tous les ennemis. Au
cœur de la guerre contre le terrorisme. Albin Michel. Paris. 2004. 364 p.
[40]
Convention de Genève relative au traitement des
prisonniers de guerre du 12 août 1949 (dite IIIe Convention de Genève). En
caractères gras, je souligne ce qui devrait être fait mais ne se fait pas pour
tous et, au final, la coresponsabilité des pays qui n’appliquent pas ce droit
aux pays responsables.
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