La
Nativité avec Maurice Zundel
Noël : Le
Visage de Dieu à naître dans notre cœur.
Maurice
Zundel
Maurice
Zundel a eu une lecture passionnante de la naissance du Christ. Tout
au long de sa vie, il a développé un message riche de sens. En
quelques minutes, je tenterai de vous communiquer ce qui m’a paru
essentiel. Bien entendu, cela ne vous dispensera de le lire ou de le
relire afin de découvrir tel ou tel aspect qui vous parle le plus,
au cœur comme à la raison.
Antoine
Schülé
Un
Avènement divin, événement humain.
Dans
le monde, il existe plusieurs calendriers (juif, musulman, tibétain,
etc.). Cependant, les pays ont adopté le calendrier chrétien :
la naissance du Christ est une date clef de l’histoire humaine
puisqu’il y a un avant et un après Jésus-Christ.
Pendant
la Révolution, il y a eu une tentative d’établir un calendrier
républicain mais le peuple n’en a pas voulu. De nos jours, il est
possible que le laïcisme outrancier, doublé d’un
anti-christianisme tout aussi fort, parvienne à imposer un nouveau
calendrier. Des prétextes fallacieux, qu’adopteront facilement
les hommes devenus de plus en plus areligieux, seront mis en avant :
la non discrimination, l’égalité, la laïcité, la paix,
l’inexistence de Dieu, la lutte contre le fanatisme, le refus de la
bigoterie, etc.
Zundel
aimait à s’interroger sur les raisons de l’adoption de la
naissance du Christ comme marqueur d’un temps de l’histoire.
Quels devaient être son apport, son changement, son originalité ?
La
valeur de l’homme change avec le Nouveau Testament. Dieu prend la
condition d’homme. Il accepte la Croix : ainsi Dieu se donne à
l’homme pour le sauver ; ainsi Dieu nous signifie toute la
considération qu’il a pour la vie humaine ; Dieu donne ainsi
une valeur infinie à la vie de l’homme.
Dieu
prenant la chair d’homme pour mieux nous parler, selon nos mots,
notre entendement. Dieu descend vers nous pour nous faire monter vers
Lui. Toutefois, Il ne s’impose pas : Il s’offre. Il ne
commande pas l’Amour, Il nous y invite. Il respecte notre liberté
à un point tel qu’il nous est possible de Le refuser, de Le nier.
Évidemment, il appartient à l’homme d’assumer la responsabilité
de ses choix : sa mort sera-t-elle pour lui-même une naissance
ou une double mort ? Dieu seul le sait mais nous avons été
prévenus !
Se
mettre à l’écoute de la Parole de Dieu a des implications :
c’est à Noël que nous les découvrons le mieux. La naissance et
l’enfance du Christ démontrent que l’Homme doit se faire.
Qu’est-ce que ceci signifie concrètement pour nous les hommes,
créés à l’image de Dieu ?
A
la naissance, nous sommes « préfabriqués » :
hérédité, condition sociale, milieu de vie, dons reçus ou
manquants, … Tout ce qu’un Zundel appelle les déterminismes. La
vie nous a été donnée sans notre consentement : l’homme ne
doit pas subir son destin mais construire son
existence. L’homme ne doit pas être réduit à la condition de
robot, programmé en quelque sorte par son entourage. Un homme objet
se laisse ainsi « empoisonner » dans ses
déterminismes.
L’homme
doit donner un sens à sa vie : la période de l’adolescence
est le moment clef de l’existence où chacune, chacun se pose ces
questions « Quel sens donner à ma vie ? Pourquoi
j’existe ? », sans toujours y donner la réponse
nécessaire, par manque de guides spirituels ou de vie spirituelle.
Seuls des « gourous » autoproclamés donnent une
réponse unique pour tous comme si l’homme était produit en série
conforme à un moule identique : or cela est faux, chaque être
est unique ; chaque existence a une valeur auprès de Dieu ;
chaque être dispose de dons à reconnaître d’abord et à cultiver
ensuite.
La
naissance du Christ et la vie terrestre de Dieu parmi les hommes nous
révèlent que nous avons à nous faire :
« Ce
qui importe, ce n’est pas ce qui est fait, qui nous réduirait
à la condition d’objet, c’est ce qui est à faire, c’est
ce que nous avons à faire de nous-mêmes, c’est-à-dire :
nous faire. »1
Combien
ce message s’adresse aux jeunes comme aux adultes : oui, la
vie est une aventure merveilleuse dès que l’on lui donne un sens
qui correspond à nos aspirations profondes (dons reçus variant
d’une personne à l’autre). A partir du moment, et peu importe
l’âge, où la personne reconnaît en elle la raison profonde de
son existence : tout est à faire, une vie nouvelle commence. La
page du passé2
se tourne et de nouvelles pages sont à être écrites !
Regardons
la personne qui trouve l’âme sœur : sa vie est transformée
du jour au lendemain ; non seulement sa vie mais celle de
l’autre ; ces deux âmes s’aident mutuellement à se
construire et le temps d’une vie ne leur suffit pas. Là est
l’amour véritable qui ne se réduit pas au seul contact physique.
Autre
exemple : la personne qui découvre la Parole de Dieu, se
transforme et porte un regard neuf sur le monde, sur elle-même. Vie
consacrée ou vie professionnelle ou vie familiale : un sens
nouveau est donné à sa vie. Comme c’est merveilleux ! Selon
les dons reçus, la personne peut se faire.
Et
Maurice Zundel insiste :
« […]
Jésus nous appelle à nous faire. C’est-à-dire à ne pas subir
l’objet que nous sommes d’abord, à nous reconstruire, à nous
recréer fondamentalement, pour ne plus subir notre existence,
pour qu’elle soit une source qui jaillit en vie éternelle. »3
L’homme
doit devenir une source pour la vie éternelle : ceci est une
phrase clef de la pensée zundélienne. La Nativité en est la
meilleure expression. Dieu en prenant la condition d’homme
nous signifie ceci :
« […]
Dieu se révèle comme Celui qui nous communique ce qui Le fait Dieu,
c’est-à-dire cette liberté infinie qui resplendit et
s’accomplit éternellement au cœur de la Très Sainte Trinité.
Dieu
ne subit pas son existence : Il la donne éternellement.»4
Noël
nous permet de découvrir le visage de Dieu de façon nouvelle par
rapport à l’Ancien Testament. C’est pour cela qu’il y a un
Ancien et un Nouveau Testament. A travers l’humanité de Jésus se
révèle le vrai visage de Dieu. A Noël, le plus beau don de Dieu se
renouvelle :
« [L’Homme5]
ne subira pas Dieu, car Dieu lui communique ce qu’Il a de
plus intime et fonde son inviolabilité. Dieu ne va pas le
saisir comme un objet, s’imposer à lui comme une force aveugle
et inconsciente, Dieu va l’appeler à se donner à Lui et Dieu,
d’abord, se donnera complètement à lui, jusqu’à la mort de la
Croix.
Quelle
grandeur ! Quel univers! Quel visage de l’Homme ! Et quel
visage de Dieu ! Comment aurions-nous pu soupçonner par
nous-mêmes cette grandeur et cette dignité. »6
Dieu
s’est donné à tous les hommes de toutes races et de toutes
nations. Ce n’est plus le Dieu d’une seule nation, d’un seul
peuple. Dieu s’adresse à l’humanité : oui, Dieu a ainsi
vraiment donner les réels droits de l’homme et pas uniquement avec
des mots, si souvent proclamés et si peu respectés dans les faits,
y compris par ceux qui ne jurent que par les Droits de l’homme.
La
grande question est alors de savoir comment découvrir en soi et chez
les autres ce don divin tantôt ignoré, tantôt caché, tantôt
resplendissant, tantôt voilé ? Nous avons la réponse dans nos
vécus certainement mais Zundel l’exprime si bien et de cette
façon :
« […]
ce qu nous cherchons éperdument dans les autres, c’est précisément
une intériorité ; ce que nous cherchons dans les autres, c’est
l’esprit, c’est l’origine, c’est la dignité
des créateurs. »7
Chaque
Noël est une invitation à une renaissance pour éviter toutes
les déceptions de celles et ceux qui restent dans la condition
d’objets, celles et ceux qui subissent la vie au lieu de la créer,
celles et ceux qui s’enferment dans leurs déterminismes (comme des
prisonniers volontaires).
Noël
nous dit que l’Homme peut être autre chose. L’Homme peut devenir
un créateur, en ne subissant plus son destin mais en forgeant son
destin en prenant le Christ comme modèle (quelle exigence mais le
seul chemin vers cette perfection à atteindre).
N’est-ce
pas une révélation merveilleuse à la lumière de Dieu ? la
découverte d’une prodigieuse liberté capable de soulever des
montagnes ? la construction en soi, dans son cœur, d’un
sanctuaire infini où vit la Présence infinie de Dieu ?
Les
martyrs de la Foi ont acquis une telle force avec ce Dieu intérieur
que rien ni personne n’ont pu les faire abjurer de leur Foi. Nous
en avons encore des exemples de nos jours : chaque martyr est le
signe de la puissance de Dieu sur la mort. La mort du corps ne tue
pas l’esprit8
qui, lui, vit éternellement.
Bien
entendu, ce n’est pas n’importe quel esprit. L’Amour de Dieu
est un chemin d’Amour vers nous comme vers Lui
(la vraie rencontre) : en témoigne le vécu d’un échange
permanent dans le travail, dans la prière, dans la joie comme la
peine, dans notre quotidien, dans notre sommeil même9.
La force de l’Esprit Saint dans nos vies : elle nous permet
d’être, en nos cœurs, le sanctuaire infini de la Présence
infinie de Dieu. Si chaque Noël nous rend bien plus conscient de
cela, chaque Noël a plus de sens, plus de force, plus de beauté,
plus de grâce !
Ce
chemin d’Amour, Dieu nous invite, avec une patience infinie, à
tout instant, à le découvrir : ainsi commence la Vie
éternelle. Elle peut commencer à toute heure10
mais la beauté liturgique du temps de l’Avent est
l’occasion, renouvelée tous les ans, d’une prise de
conscience salutaire. Écoutons l’Esprit Saint dans toute sa
dimension d’Amour :
« …
on peut tuer l’homme, le décapiter, il revit dans un destin
éternel ; l’esprit vit quand il a choisi d’aimer. »11
Noël,
ni une légende, ni un jeu d’enfants
Il
est surprenant que le puritanisme des États-Unis ait produit le Père
Noël en effaçant la Crèche et la nativité pour en faire une
opportunité commerciale. De même, avec Halloween, en effaçant une
saine méditation sur les défunts et la mort, cette fête
américaine, reposant sur une lecture pseudo-celtique, offre une joie
morbide dans une société qui cache la mort et ne sait plus vivre
avec.
Noël
est une invitation magnifique faite à tous les fidèles pour qu’ils
retrouvent leur vocation essentielle : être la
nouvelle image de Dieu, quel but ! Quel appel ! Quel
défi ! Dans la Crèche du Seigneur, dans un berceau avec un
petit Enfant qui nous tend les bras, toute la création peut prendre
un nouveau départ, si nous le voulons bien car Dieu respecte notre
liberté à un tel point qu’il nous est possible de Le refuser, de
ne pas L’entendre.
Maurice
Zundel a terminé son homélie de Noël 1970 avec ces mots :
« ..
nous ne sommes pas face à une fête infantile. Nous sommes mis en
face de la création qui nous incombe, d’une création qui est
remise entre nos mains, où le sens même de l’existence est de
nous échanger avec Dieu, de Lui donner une nouvelle incarnation et
de laisser resplendir, à travers notre visage, ce Visage de
tendresse, ce Visage de pauvreté, ce Visage qui nous est confié, ce
Visage qui est l’espérance du monde, qui est le sens de la
création, ce Visage de Dieu qui veut naître ce soir de notre cœur,
afin que ce soit de nouveau Noël aujourd’hui, mais pour de vrai !
Un vrai Noël au-dedans de nous-mêmes, où va resplendir le Visage
de Jésus-Christ, ce Visage adorable ce Visage dont la Liturgie dit
magnifiquement qu’il est :
« Le
Visage de fête du Christ Jésus. »12
Tout
Noël vécu intérieurement devrait être un perfectionnent de ce que
nous sommes appelés à être : la construction d’une personne
qui soit le reflet de la Présence de Dieu ; souvenez-vous de la
parabole du vitrail.
A
Noël, nous devenons contemporains du Christ
La
révolution de Jésus, la seule vraie révolution, c’est Dieu
incarné qui donne sens à toutes les générations humaines. Pour
Maurice Zundel, l’Avent récapitule toute l’histoire des hommes
et l’histoire de chaque homme, libre de son choix. Le temps de
l’Avent est tout à la fois la mémoire du passé, la
confiance dans le présent et l’espérance à venir.
Trop
de Chrétiens voient en la liturgie de Noël une commémoration du
passé, sans en mesurer toute la portée, pour le temps présent
et surtout pour cet avenir à la fois proche et lointain. Dieu a agi
et agit de façon permanente de multiples façons dans chacune de nos
vies : Dieu s’offre en une rencontre à tout homme qui accepte
librement de Le rencontrer.
Origène
dan ses « Homélies sur Saint Luc »13
a explicité cet avènement de Dieu dans nos vies ainsi :
« Votre
conduite était raboteuse, vos paroles et vos œuvres étaient
raboteuses. Mais mon Seigneur Jésus est venu, il a aplani vos
aspérités, il a changé en routes unies tout ce chaos, pour faire,
en vous, un chemin sans heurt, bien uni et très propre, pour que
Dieu le Père puisse marcher en vous et que le Christ Seigneur fasse
en vous sa demeure et dise : « Mon Père et moi, nous
viendrons et nous ferons en lui notre demeure. »
Pendant
tous ces dimanches de l’Avent, les lectures ne cessent pas de
démontrer la Présence de Dieu sur terre : l’Ancien Testament
décrit longuement cette relation de Dieu avec un peuple avec lequel
Il connaîtra le meilleur comme le pire. Même Jean-Baptiste,
pourtant le dernier prophète, ne verra pas14
le Visage du Christ tel que nous Le connaissons, tel qu’Il s’est
révélé et tel que nous pouvons non seulement Le contempler mais
tel que nous avons à L’intérioriser. Les lectures de l’Avent
sont merveilleuses car comme le dit Maurice Zundel, elles
récapitulent toute l’histoire et notre histoire intérieure :
« L’Avent
représente toute l’Histoire, comme une aventure qui demeure encore
ouverte, suspendue au choix que nous allons faire de nous-mêmes, car
chacun de nous peut modifier toute cette Histoire, lui donner une
nouvelle conclusion, la faire monter vers Dieu ou descendre vers
soi. »15
Le
temps de l’Avent est un temps de prise de conscience sur notre
mission de Chrétien :
« Le
Chrétien doit se faire un cœur universel. Le Chrétien est appelé
avec Jésus-Christ à se dépasser infiniment parce qu’il n’est
pas chargé seulement de lui-même, il est chargé de tout l’univers,
de toute l’humanité, davantage : il est chargé de Dieu dans
toute l’histoire et dans tout l’univers. »16
La
Nativité rappelle que chaque naissance est une contribution possible
à l’histoire d’amour que Dieu nous offre :
« Chaque
petit enfant apporte au monde cette possibilité toute neuve, ce
choix infini : au cœur de ce petit enfant, l’Histoire et
l’univers sont suspendus car la Création comme le Rédemption est
une histoire à deux, une histoire que Dieu ne peut pas écrire tout
seul, parce que c’est une histoire d’amour.
Toute
la puissance du sourire, toute la puissance de la tendresse supposent
le consentement ? Sans consentement, sans ouverture, le sourire
ni la tendresse ne peuvent rien. Et la puissance de Dieu n’est pas
autre chose que le sourire, que l’élan même de l’Amour qu’Il
est – et c’est pourquoi la Création est sans cesse remise en
question par le choix que nous faisons de nous-mêmes, c’est
pourquoi tout enfant est nécessaire à l’accomplissement du plan
de Dieu, comme il peut, hélas, aussi, le mettre en échec. »17
La
conséquence de ce constat quant à l’histoire de l’amour de Dieu
pour les hommes, décrit dans l’Ancien testament et expliqué en
paroles et en actes par le Christ Lui-même, est dès lors simple :
« L’Histoire
finalement culmine, elle aboutit à une mystique18 :
au centre de l’Histoire, comme au centre de notre âme, il y a
cette Présence fragile comme un sourire, fragile et puissante comme
l’Amour, qui est la Présence divine. Et la charité est articulée
sur cette Présence divine car, dans les autres, c’est l’Autre,
avec une majuscule, qui nous attend. »19
La
conclusion est dès lors simple. L’Avent est le temps de construire
ou de parachever la crèche qu’est notre cœur : cette crèche
qui nous offre le sourire de Dieu et le Salut. Il n’est nul besoin
de chercher Dieu au sommet d’une montagne, au fond du désert, dans
la plus grande ou la plus belle cathédrale du monde (même si l’on
aime se recueillir en ces lieux). La cathédrale que nous avons à
construire est dans notre cœur qui devient, jour après jour, par un
long travail d’effacement de soi (cet ego envahissant qui
réduit tout à soi) et avec l’aide de Dieu, ce Tabernacle que
chaque Chrétien est appelé à devenir.
Zundel
le dit et le redit sans cesse :
« Au
fond de nous, le Christ veille et fait jaillir de nous, dans les
profondeurs silencieuses de notre âme, ce De profundis de
Dieu qui retentit aux secondes vêpres de Noël. Nous voulons
justement nous avancer vers ce mystère adorable non pas comme vers
une chose éthique, une chose qui est déjà faite et qui
s’accomplit, mais nous allons assumer ce Noël comme un programme
d’action, comme un programme de vie, comme une révélation de
l’initiative que nous avons à prendre pour faire de notre
vie un chef d’œuvre digne de Dieu et digne de nous.
Dieu
a besoin de nous. Il a besoin de nous, infiniment. A chaque instant,
chacune de nos décisions décide de la figure du monde, décide du
sens même de l’univers. »20
Le
message zundélien éclate avec ferveur lorsqu’il achève une
homélie de l’Avent avec ces mots :
« Oh !
Demandons que le Visage de Dieu par nous ne soit pas mutilé,
ne soit pas défiguré, ne soit pas caricatural et qu’en suivant
les traces de la Divine Pauvreté21,
en entrant dans ces abîmes de silence, en laissant le Christ se dire
en nous sans y rien ajouter de nous-mêmes, nous puissions montrer
aux autres le Visage de Dieu comme un visage de paix, comme un
visage de grandeur et qui nous appelle à la grandeur, comme un
visage qui nous révèle l’immensité de notre liberté, car les
jeux ne sont pas faits ! Tout demeure à accomplir.
Dieu
ne peut rien sans nous. C’est justement ce consentement proféré
au plus intime de nous-mêmes, ce consentement d’amour qui fera de
l’Evangile non pas un mot, un texte, un livre mais qui fera de
l’Evangile, une vie débordante qui apportera silencieusement la
Lumière et qui révélera justement le Visage du Christ comme un
Visage de Paix aujourd’hui. »22
La
Crèche : une invitation à l’humilité
L’humilité
de la crèche n’est pas à être confondue avec l’humiliation.
Ainsi, l’humilité est le don de soi aux autres, le don de sa vie :
«[…]
Dieu ne nous demande pas de nous humilier car l’humilité et
l’humiliation se situent aux antipodes.
Ce
n’est pas du tout la même chose d’être humble et de s’humilier.
Et, comme il y a un crime à humilier quelqu’un, un crime contre la
dignité humaine, un crime contre la dignité divine de toute âme à
la mesure de sa fragilité, il ne pourrait être question de nous
humilier mais de nous donner.
L’humilité
dans le Christ, ce n’est pas autre chose que l’offrande de tout
l’être à cette Présence Bien-Aimée de Dieu qui est au plus
intime de nous-mêmes, la Vie de notre vie parce que cette humilité
est une offrande, parce qu’elle est tout regard vers un Autre,
parce qu’elle est pure
oblation, pure générosité, cette humilité n’est jamais une
humiliation. C’est au contraire l’honneur et de l’homme et de
Dieu. »23
A
Noël tout recommence ou se poursuit !
Noël
n’est pas un mythe, un conte infantile, un moment d’émotion, un
souvenir d’un passé lointain. Et pour conclure, je souhaite que
chacune et chacun d’entre nous puisse méditer ce Noël à venir de
la façon suivante :
« Jésus-Christ
n’est pas dans le passé, Jésus-Christ est aujourd’hui…
Jésus-Christ est au-dedans de nous, comme le cœur de notre cœur,
et c’est à travers Lui que nous pourrons embrasser toute
l’humanité et nous considérer les uns et les autres comme les
membres d’un seul corps animé par un seul souffle, porté par un
seul amour, du moins c’est ce qui devrait être.
C’est
ce que nous demanderons à Dieu : que, aussi médiocres et
limités que nous sommes, Jésus-Christ
ne trouve pas nos cœurs fermés afin que commence à s’ébaucher
ou, mieux,
jaillisse cette flamme de
prières comme une
réponse de nos cœurs :
Seigneur,
vous venez c’est vrai !
Seigneur
vous êtes là !
Seigneur
me voici, je vous attendais.
Je
ne savais pas qui vous étiez,
mais
maintenant je reconnais votre Visage.
Seigneur,
prenez-nous !
Seigneur
entraînez -nous !
Seigneur,
faites
que nous tous ensemble
devenions
une humanité enfin humaine
et
que sans bruit, dans la vérité,
dans
l’authenticité de chacune de nos journées,
nous
apportions à tous nos frères humains
la
Lumière adorable de votre Visage,
Seigneur,
ce
Visage imprimé dans nos cœurs,
ce
Visage que nous attendions,
le
Visage après lequel soupirait toute la terre,
le
Visage de l’Éternel Amour. »24
1Maurice
Zundel : Ton Visage, ma Lumière. Desclée.
1989. 512 p. p. 157. Cité ci-après : TVL
2N’oubliez
pas toutes ces personnes au lourd passé parfois qui pensent ne plus
pouvoir se relever. Elles attendent notre geste, celui que Dieu leur
fait à travers nous. AS
3TVL,
p. 157.
4TVL
p. 157
5L’homme
renouvelé par le baptême et se mettant à la suite de Jésus.
6TVL,
P. 158
7TVL,
P. 158-159.
8Les
martyrs de la Foi nous le disent amplement : comment rester
sourd à leurs témoignages ?
9Les
prières des vêpres nous le disent et redisent !
10Parabole
des ouvriers de la première et dernière heure.
11TVL
p. 159
12TVL,
p. 160
1322.4.
Sources chrétiennes 87, 1962. p. 303
14Par
contre, il l’a pressenti en son premier temps de vie, avant même
sa naissance.
15Maurice
Zundel : Ta Parole comme une Source. Sigier. 1987. p. 15-16.
Abrégé TPS.
16TPS,
p. 16
17TPS,
p. 16
18Que
ce mot n’effraie pas : la mystique est une initiation,
se produisant selon l’ouverture voulue de son cœur à la Parole
de Dieu. AS
19TPS,p.18
20TPS,
p.40
21Qui
est l’effacement de ce soi possessif pour devenir un moi oblatif.
AS
22TPS,
p. 41
23TPS
p. 47
24TPS,
p. 66
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