Armée et pacification au XIXe siècle :
éléments pour une réflexion à l’aube du XXIe siècle.
Antoine Schülé, La Tourette, juillet 2004
Version 2, revue en 2025.
Lors de la préparation d’un colloque sur “Armée et pacification” en 2004, j’ai été amené à considérer cet aspect de l’histoire de la sécurité et de la défense. La mise en ligne en 2025 de cet article me paraît justifié dans la mesure où ce thème est toujours récurrent lorsqu’il est traité de colonialisme, du rayonnement d’une civilisation ou du “droit d’ingérence”, cet habillage récent pouvant conduite à bien des dérives. Suite à des considérations générales, je me limite essentiellement à des engagements de l’armée française au XIXe siècle, car il est possible d’établir plusieurs cas de figure qui alimentent la réflexion sur l’acceptation de certaines pratiques au XXIe siècle. Il ne s’agit pas d’être pour ou contre le colonialisme : ce phénomène a toujours existé et continue d’exister sous d’autres formes. La France a eu les Musulmans sur une partie de son territoire, les Grecs, les Romains, les Wisigoths, les Francs... Et c’est la France aujourd’hui. De plus, l’Europe subit un colonialisme “culturel” américain outrancier qui s’empare non de territoires (ses règles économiques se chargent d’exploiter les ressources, ce qui est amplement suffisant), mais des esprits (ce qui est plus grave, car c’est la pire des dépendances).
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Opérations de maintien de la paix. Chaliand |
Introduction
Globalisation et fragmentation
Le XXIe siècle est face à une globalisation soit imaginée ou voulue, soit perçue de façons fort différentes suivant son appartenance à l’Europe, aux Etats-Unis, à l’ Afrique ou encore à l’Asie ou plutôt aux Afriques ou aux Asies (le pluriel s’impose, car nous en avons une vision européenne monobloc complètement erronée). Une caractéristique internationale était déjà apparue dans la deuxième moitié du XXe siècle : les grandes explosions minoritaires se produisent ou se développent partout sur la planète. Et l’entrée dans le XXIe siècle n’a pas pu les gommer d’un coup de baguette magique, ainsi que certains experts internationaux l’avaient parfois cru et imprudemment annoncé, après la chute du Mur de Berlin.
Pour comprendre ces puissances minoritaires, il faut remonter dans le temps. Il est patent que la guerre asymétrique permet à une minorité d’avoir assez de force pour déstabiliser n’importe quelle grande puissance. Cela peut rendre chagrin les spécialistes qui restent persuadés que nous vivons des temps tellement nouveaux et que l’étude du passé ne sert à rien. Les histoires des hommes, de leurs lois, de leurs mœurs ont permis les constitutions d’Etats, de civilisations, de communautés. Les droits que nous connaissons actuellement sont l’expression de rapports de force qui se sont succédé à divers moments donnés : d’une façon ou d’une autre, il y a toujours des dominants et des dominés; généralement, le dominé cherche à se libérer de ses liens de dépendance. Diverses légitimités politiques, et non pas une, ont consacré des droits qui ne sont pas éternels : par exemples, une simple révolution, un changement de régime politique modifient des lois qui paraissaient bien établies. Nous vivons dans un monde divers et non pas uniforme : une globalisation outrancière qui étouffe des minorités est une source certaine de guerres. C’est ce que nous vivons.
Il nous faut accepter le pluralisme qui va au-delà de la tolérance. En effet, le pluralisme permet d’accepter diverses conceptions du bien, alors que la tolérance exprime une seule notion du bien par rapport à d’autres valeurs, tolérées parfois avec quelques limites, mais aussi rejetées avec une violence juridique ou armée, au nom même de cette “tolérance” (voilà tout le paradoxe). Avec la tolérance, ces autres valeurs sont mesurées à une seule aune, c’est-à-dire à une seule notion du bien, la sienne généralement qui ignore superbement l’autre. Le gouvernement des Etats-Unis offre l’exemple le plus patent à la personne qui sait voir les faits. C’est ainsi que sans rougir, certains Etats sont parvenus à magnifier la « tolérance zéro » dans les relations internationales : ce qui demeure une utopie, car ce qui est accepté dans un Etat est refusé dans un autre ! Exemples : Pakistan, Israël, Corée du Nord et du Sud...
Ainsi, en introduisant ce sujet, il est nécessaire de garder à l’esprit qu’il y a et y aura toujours des minorités ethniques, linguistiques, religieuses et culturelles. Les ignorer, c’est aller au devant de conflits non seulement politiques. Plus encore, par escalades successives, c’est être confronté à des guerres civiles ou interétatiques. Notons que certains Etats permettent ou ont permis dans leurs passés une communauté de diverses minorités se respectant les unes et les autres : Russie, Autriche, Syrie, Liban, Irak.... Leurs ennemis ont tenté, tentent et tenteront toujours d’exploiter l’une des ces minorités pour déstabiliser ou ruiner cette union qui leur a donné la puissance : l’Angleterre a mené cette politique dans toute son histoire, depuis Henri VIII. Cet aspect est occulté par les dits “bien-pensants” de nos jours : la politique internationale anglaise a été sacralisée, il est quasiment sacrilège de la critiquer.
La troisième guerre mondiale, sur laquelle les spécialistes ont tellement disserté, sera probablement un embrasement planétaire de guerres civiles, ne connaissant plus de frontière, plus de loi. Dans la mesure où des Etats s’affranchissent des lois internationales comme des traités de paix, ce phénomène ne pourra qu’empirer. Voyez Israël (qui refuse le droit international), les Etats-Unis (qui rejette ou revendique certains droits selon ses intérêts du jour) et même la France (qui ignore des traités quand cela lui convient). Le terrorisme international en est une forme d’expression : une minorité qui n’a plus rien à perdre est conduite inévitablement à des actes terroristes, selon les uns, ou de résistance, selon les autres. La dénomination retenue s’effectue selon des valeurs, ce dont je me méfie, car la notion du bien et du mal n’est pas la même dans tous les Etats, disons plutôt selon des intérêts précis, ce qui est plus réaliste, quitte à décevoir les humanistes de salon. S’il y avait un seul terrorisme tout serait plus simple, mais nous avons dans le monde une mosaïque de terrorismes, travaillant encore isolément, mais des échanges de techniques, de moyens, de formations se créent, des liens se nouent. Le stade ultime sera atteint lorsque les diverses expressions du terrorisme ou de résistance se réuniront avec l’intention de régler leurs situations respectives face à une puissance hégémonique refusée. L’histoire a démontré que des ennemis peuvent s’allier temporairement pour éradiquer un adversaire. Prenons l’exemple des Etats-Unis et de l’URSS, deux Etats Empire. Après 39-45, les dépouilles de l’adversaire étant partagées, la Guerre froide, nouvelle dénomination, a repris cette lutte bien antérieure à la Deuxième guerre mondiale ! Il existe aussi un terrorisme d’Etat aux procédés assez sournois, justifiés par leur seule notion de bien : sanctions économiques, suspension d’aides humanitaires, contrôle de l’énergie, accaparement de points d’eau, destruction d’hôpitaux, bombardement de camps de réfugiés... Vous trouverez aisément des exemples pour illustrer ce propos. De même, il existe un terrorisme idéologique, à coloration culturelle, dont les armes sont multiples en Europe : la censure, l’occultation, des procès d’intention, de fausses accusations, des rumeurs négatives... Ne croyez pas que ceci soit le propre des seuls Etats totalitaires, les démocraties, même déjà à un niveau communal, n’échappent pas à cette forme d’hégémonie totale voulue par des tyrans comme des tyranneaux.
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Le monde et les commandements militaires américains |
En dépit des lois internationales, trop souvent revendiquées ou rejetées au gré des besoins, l’actualité démontre que l’affirmation d’une puissance dans un pays tiers ne répond pas toujours à des exigences humanitaires : les présidents des Etats-Unis ont utilisé à plusieurs reprises des mensonges pour justifier leurs guerres. En Irak, son dirigeant est diabolisé de façon caricaturale dans les media qui cultivent la haine, sans aucune gêne et avec la haute approbation de politiques ou d’universitaires complaisants.
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Israël et ses revendications territoriales depuis 1919 |
Cependant, l’histoire offre d’autres exemples qui peuvent alimenter notre réflexion. C’est le but de mon exposé. Pour ne pas tomber dans la polémique stérile de l’actualité, je vous propose de considérer plusieurs cas de figure du passé intéressant notre approche.
Les frontières : expression d’une incohérence
Depuis la nuit des temps, les frontières ont été, sont et seront des sources de guerre : Chine, Afrique, Europe centrale… N’oublions pas que trop souvent les frontières ont été écrites par des lignes de sang, avant de devenir des lignes sur une carte. Il importe de savoir comment et quand elles ont été constituées. Par qui surtout ? En un temps où l’on parle de responsabilité en cas de guerre, ne faudrait-il pas accuser ces créateurs de certaines frontières qui ont totalement ignoré des minorités, des espaces occupés depuis des siècles par des tribus ou des peuples. Pour les nomades, une frontière ne signifie rien : seule la possession ou l’accès à des points d’eau a de l’importance. Il faudrait d’ailleurs s’entendre sur le mot minorité car il est des cas, en Afrique par exemple, où ces dites minorités étaient ou sont majoritaires chez eux !
L’école historique marxiste a réglé le cas en affirmant que les nécessités économiques ont conditionné les volontés des puissances. L’explication est un peu courte. En fait, les économistes n’ont pas décidé ou imposé des frontières. Par contre, les politiques ont la responsabilité devant l’histoire des frontières tracées qu’ils ont légalisées pour satisfaire une géopolitique de puissance. L’Afrique est typique pour ses lignes rectilignes de frontière ne respectant ni les peuples, ni les lignes de frontières dites naturelles (si souvent recherchées en Europe) : nous sommes à la source de guerres civiles actuelles qui ne feront que se maintenir, si aucune solution n’est trouvée pour revenir à la raison. Les limites qui se sont forgées dans la longue durée et au prix de nombreuses vies humaines sacrifiées n’ont pas été respectées. De nos jours, la Chine mène une politique discrète et dont on ne parle quasiment pas pour établir des frontières sûres avec les pays à l’ouest de son territoire. Il n’en demeure pas moins que l’annexion du Tibet s’était faite militairement, sous l’imparable prétexte républicain chinois de “libération”. Entre l’Inde et la Chine, des troupes armées s’observent et il y a eu des confrontations armées.
L’Irak recherchait ses frontières en tentant de restaurer d’anciennes : cela a pesé dans la première guerre du Golfe. Soumettre un Etat producteur de pétrole et ayant une position stratégique clef sur le plan moyen-oriental a motivé la seconde.
Le XIXe siècle pèse sur le XXIe siècle
Pour comprendre ces situations belligènes du XXe siècle et de nos jours, il suffit de remonter au XIXe siècle. Notre actualité est une conséquence directe de la politique des Etats du XIXe siècle. Ignorer cette vérité, c’est refuser de comprendre le présent, c’est s’empêcher d’établir une prospective constructive pour l’avenir.
Eviter un faux débat
Il ne s’agit pas de faire l’apologie du colonialisme ou d’ouvrir le débat sur impérialisme et colonialisme. Non ! Nous voulons rester pratique. Nous voulons percevoir les critères admis par les politiques et les conditions réunies par les militaires pour pacifier des territoires extérieurs à l’Europe, c’est-à-dire les colonies au XIXe siècle.
Précisons d’entrée qu’il y a eu autant de colonialismes que d’Etats colonisateurs ou de puissances. La lutte anticolonialiste a caricaturé les politiques coloniales des Etats. Cela est une erreur grave d’un point de vue historique. La France et l’Allemagne ont adopté des politiques en la matière fort différentes de l’Angleterre ou des Etats-Unis (Californie) ou encore de l’Espagne ou du Portugal. Pour analyser cela, il faut cesser d’adopter les seules considérations économiques comme étant le plus petit dénominateur commun entre eux, mais n’étant pas le plus décisif. Les considérations géopolitiques, qui sont les plus ignorées du grand public, ont plus pesé sur la création de colonies.
Des mémoires différentes
Le colonialisme est un sujet délicat, car il y a différentes mémoires suivant l’Etat qui a exercé la puissance et suivant l’Etat qui l’a subi. D’ailleurs, sous les expressions la décolonisation ou l’acquisition de l’indépendance, vous entendez deux dénominations qui traitent de la même chose, mais qui vous donnent deux perspectives différentes. D’ailleurs, au final, les luttes pour l’indépendance n’ont en fait que changé les dépendances. L’indépendance est quelque chose de très abstrait, à partir du moment où l’on perçoit toute l’interdépendance des Etats, qu’elle soit voulue ou non ! L’indépendance ne pourrait exister que dans l’existence d’une autarcie. Cela est encore moins possible de nos jours qu’autrefois dans la majorité des pays.
Depuis que les civilisations existent, il y a eu des colonisations comme des immigrations et donc des émigrations. Les Celtes, c’est-à-dire les Gaulois, sont à l’origine des Galates qui ont vécu au Nord de la Turquie ! Nos peuples se sont constitués par assimilation, par insertion, par intégration ou par rejets, basés sur des refus de la différence religieuse ou ethnique. Le « droit à la différence » est une expression contemporaine, mais en fait les Grecs, par rapport aux Romains dans l’Antiquité, l’ont déjà revendiqué ! La culture grecque a dominé la culture latine d’une Rome qui a pourtant vaincu les peuples par les armes. Ainsi, l’histoire donne de multiples cas où l’immigration est perçue soit comme une invasion (Attila), soit comme une intégration enrichissante (Marseille). Entre ces deux extrêmes, il y a toute une gradation possible qui s’est exprimée dans le temps et qui compose l’originalité de nos cultures.
Relation du dominant au dominé
Peut-on établir une corrélation d’une part entre la métropole et les colonies et d’autre part une grande puissance de la globalisation et un petit état ayant des richesses naturelles ? Oui, dans un certain sens et surtout au niveau de la relation mentale entre le dominant et le dominé. Les Etats-Unis invoquent la liberté qui n’a pourtant pas été donnée aux tribus amérindiennes qui étaient chez elles, bien avant l’arrivée des colons. L’Angleterre aux Indes et en Afrique du Sud a commis des exactions tragiques pour bien des peuples sans subir la moindre condamnation des bien-pensants ou de ceux qui se prétendent humanistes : la loi du plus fort est toujours la meilleure (Jean de La Fontaine le dit si bien dans “Le loup et l’agneau”). Ces deux pays illustrent ce qui suit.
Colonies anglaises. Vidal-Lablache 1936. |
D’un côté, vous avez celui qui estime être le gouvernement politique le plus parfait et d’avant-garde : sa technologie - de l’armement principalement - lui donne en fait cette certitude, mais la technologie n’est pas le critère absolu d’une supériorité politique, morale, culturelle ou religieuse : comme si cela pourrait être le cas ? D’un autre côté, vous avez «les Autres » : sous ce label généraliste, le dominant ne cherche pas à établir des détails, cela est pour lui inutile.
Le dominant détient le Pur, le Bien, le Savoir et même le Don d’Amour, alors que les Autres sont l’Impur, le Mal, l’Ignorance et le Besoin d’Amour. Vous pouvez peut-être être choqué des mentions « Don d’Amour » ou « Besoin d’Amour » mais il est important de le souligner : le dominant tente d’établir une relation de type paternaliste particulier (dans son esprit du moins) entre lui et le dominé. Pour sa bonne conscience, il veut être celui qui punit et récompense, selon ses critères ou ses «valeurs», bien entendu.
L’Autre reste à ses yeux un être dans l’enfance de l’humanité, confiné aux ténèbres de l’ignorance et dans l’incapacité à contenir ses pulsions. Il faut tout lui apprendre : c’est lui refuser d’être ce qu’il est pour le transformer en ce qu’il ne peut pas être, du jour au lendemain. Généralement, il faut trois générations pour faire perdre à un personne ses vraies racines (aussi bien culturelles, religieuses ou politiques) : cela représente un espace temps de 60 à 100 ans, si tout se déroule sans heurt !
Le lobby colonial voit trois intérêts économiques dans la conquête des territoires : placement de capitaux à l’extérieur, écoulement de produits manufacturés de la métropole, approvisionnement de la métropole en produits spécifiques (caoutchouc par exemple) et en matières premières (charbon, uranium, terres rares, énergie fossile, or, diamants etc.). L’Etat y voit une image de sa grandeur et de sa puissance : contrôle des axes maritimes (ports, accès à la mer chaude) ou fluviaux, des sources d’énergie, création d’Etats-tampons. Son peuple croit en son apport civilisationnel incomparable, surtout quand son ignorance l’empêche d’établir la moindre comparaison. Les morts des Autres sont passés sous silence. Il s’installe même un racisme victimaire : il y a les morts qui méritent la mémoire perpétuelle (films, commémorations et documentaires) et ceux dont les noms comme leurs souffrances ne doivent même pas être évoqués (vous serez considérés comme des apologistes d’une pensée honnie et donc condamnables avec des lois prévues spécifiquement, au nom de cette fameuse, et o combien fumeuse, “liberté d’expression” qui vous est ainsi refusée par les “Grands prêtres” de la démocratie).
L’Allemagne a eu une relation plus apaisée avec ses colonies : elle respectait les structures politiques d’un pays dans la mesure où le lien établi n’était pas contesté. Il est curieux de constater que l’Angleterre et la France ont contesté à l’Allemagne le droit d’instaurer des colonies ainsi qu’elles le pratiquaient à outrance au XIXe siècle.
Qu’en était-il avec les colonies françaises ?
Colonies françaises. Vidal-Lablache 1936 |
Colonies françaises
L’occupation d’Alger est décidée par Charles X. La Monarchie de Juillet a achevé la conquête de l’Algérie. Napoléon III a fait annexer : Mayotte, les Iles Marquises, Tahiti, la Nouvelle Calédonie, le Sénégal, la Cochinchine et le Cambodge. La Troisième République a aussi poursuivi une politique de conquête et de colonisation. Des années 1880 à 1919, les territoires administrés en plus par la France sont : le Gabon, la Tunisie, le Sahara, le Tchad, la Mauritanie, le Soudan, la Haute-Volta, le Dahomey, le Niger, le Tonkin, l’Annam, la Somalie, Djibouti, Madagascar, les Comores, la Polynésie, les Nouvelles Hébrides, le Maroc, le Togo, le Cameroun, le Liban, la Syrie.
La population française est peu informée sur les colonies. L’école ou des manifestations temporaires (Exposition universelle p.e.) présente la colonisation comme une mission civilisatrice. Il faut véritablement attendre la Première guerre mondiale pour que la population fasse connaissance avec des indigènes, comme les spahis marocains et les tirailleurs sénégalais.
La colonie française est généralement une forme d’organisation qui correspond à la doctrine de l’assimilation. Cela nécessite de recruter des fonctionnaires, l’envoi massif d’instituteurs, de médecins, d’implanter toute une infrastructure économique de type occidental. Le protectorat recherche une association. Les théoriciens britanniques parlent de l’Indirect Rule, mais selon une application très spécifique à la Grande-Bretagne.
Lyautey s’est inspiré aussi d’un associationniste nommé de Lanessan, ancien gouverneur général en Indochine et républicain. Gouverner les colonies avec les élites indigènes est son principe majeur. L’avantage de ce système est son moindre coût.
Le gouvernement politique français n’a jamais choisi entre ces deux méthodes. : Il est possible de dire que pour la France, il y avait un véritable « patchwork » législatif. Trois tendances pèsent sur les choix pour les colonies : le parti colonial, le monde des affaires, les grandes compagnies concessionnaires. Le souci de rentabilité a prédominé comme toute conquête de territoire l’exige et peu importe sous quel prétexte cette action est admise ou autorisée. Le manque de rentabilité des colonies a justifié plus tard l’abandon de celles-ci : il ne faut pas le dire. Officiellement, il s’agit de redonner à ces pays la liberté et la démocratie...
Une « philosophie » de la colonisation
Cependant, il s’agit de ne pas oublier qu’il existait au XIXe siècle une « philosophie », plus laïque que religieuse, de la colonisation.
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Jules Ferry |
Le français Jules Ferry, le républicain laïc et franc-maçon, disait, je cite : « les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. », un droit qui est d’ailleurs un devoir, car « elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. ». Il reprochait à la monarchie de sacrifier les colonies, alors que les colonies feraient, selon lui, la grandeur de la France. Jules Ferry a développé une puissance maritime : pas de marine efficace sans point d’appui : «nécessité d’avoir sur les mers des rades d’approvisionnement, des ports de défense et de ravitaillement».
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Cécil Rhodes |
En Angleterre, cette conception était aussi dominante et antérieure : elle s’accompagnait d’un messianisme religieux anglican. Après la victoire de Pretoria, Lords Roberts ordonna de rendre grâce « au Dieu de la race impériale ». Cecil Rhodes a écrit dans son testament que, s’il y a un Dieu, « il travaille d’une manière visible à faire de la race anglo-saxonne l’instrument choisi à l’aide duquel il amènera un état social fondé sur la police, la liberté et la paix. ». Chamberlain n’hésitait pas à proclamer : « Nous sommes une race maîtresse prédestinée par nos qualités aussi bien par nos vertus à nous étendre dans le monde. »...
Non, je vous rassure les propos ci-dessus ne sont pas d’Adolf Hitler et donc ils ne doivent pas susciter en vous le cri d’horreur obligé ! Au XXIe siècle, les dirigeants de certains Etats utilisent les mêmes mots pour justifier ainsi des exactions ! Aussi, lorsque des médias parlent d’un phénomène nouveau, ils témoignent tout au plus des limites de leur culture historique et de leur ignorance du XIXe siècle.
Armée et colonisation
L’histoire enseignée dans les écoles donne des images bien souvent fausses du rôle de l’armée dans la colonisation. Les anticolonialistes ont imposé des caricatures qui se sont imposées en bien des esprits. L’historien officiel Lavisse, quant à lui, avait voulu donner un récit idyllique de la colonisation. La vérité se trouve entre deux. Penchons-nous un peu plus sur le rôle de l’armée, en quelques mots.
L’Armée a bien été l’instrument de la conquête coloniale. Cette conquête a été voulue par les politiques aussi bien de la Monarchie, que de l’Empire et que de la République. C’est sous Gambetta et Ferry que le Soudan, la Tunisie, le Tonkin ont été occupés dans les années 1880.
En 1897, Jean-Louis de Lanessan ancien gouverneur de l’Indochine et future ministre de la Marine et des Colonies dans le ministère Waldeck-Rousseau, écrit que : «Il ne faut surtout jamais confier à l’autorité militaire la direction des affaires d’aucune colonie. Par son éducation, par ses intérêts personnels, par les excitations dont elle est entourée, l’Armée est irrémédiablement poussée vers l’emploi de la force. Elle tient moins à prévenir des désordres qu’à les réprimer, et les pertes qu’elle subit ne font que l’encourager dans la voie des expéditions sanglantes, car de la mort des uns résulte l’avancement des autres.»
Pourtant certains administrateurs civils de colonie ont été incompétents : des appuis politiques les ont cependant maintenus à leur poste. Au Soudan, en 1894, un Grodet se comportait en tyranneau pour surveiller les militaires avec une susceptibilité maladive.
Cependant, Galliéni, Lyautey, Joffre, Mangin ont été des militaires colonisateurs de grandes envergures et qui ont su être fidèles au régime politique en place et subordonné à l’autorité civile, sans se départir d’un esprit critique à l’égard de celle-ci. Etre subordonné, ce n’est pas se taire, mais parler à bon escient et à qui de droit sans effusion médiatique ou sans goût de l’éclat.
Lyautey a eu pour règles :
• éviter et limiter au maximum l’emploi de la force;
• présenter dès le début une image d’une France humaine et généreuse (actions médicales);
• faire de l’armée coloniale une école d’éducation et de civilisation.
Les officiers se sont mis dans les colonies à l’école de l’initiative, de l’endurance et de l’énergie. Quatre des huit maréchaux de la Grande guerre se sont formés outre-mer : Galliéni, Franchet d’Esperey, Joffre et Lyautey.
Pour l’Afrique et Madagascar, la France a implanté : 2000 dispensaires, 600 maternités, 40 hôpitaux. Elle a construit 18 000 kilomètres de voies ferrées, 215 000 kilomètres de pistes, 50 000 kilomètres de routes bitumées, 63 ports, 196 aérodromes, 16 000 écoles primaires et 350 collèges ou lycées. Il est évident que ces infrastructures ont eu un coût assumé par la France. Selon l’étude de Jacques Marseille, parue en 1984 sous le titre : Empire colonial et capitalisme français, il apparaît clairement que la France ne s’est pas enrichie avec son empire colonial : au contraire, elle s’est appauvrie. Il est incontestable qu’il y a eu des colons indignes et des actes militaires ayant parfois causé des dommages inexcusables. Il convient de ne pas en faire une généralité, face aux nombreux apports positifs pour les peuples et qui sont indéniables quoiqu’occultés de nos jours.
Depuis l’indépendance des Etats africains, ceux-ci restent très dépendants de l’aide internationale. Les guerres intestines sont cruelles : Congo, Tchad, Rwanda, Mauritanie, Soudan, Côte d’Ivoire... et la liste pourrait s’allonger ! Actuellement, la Chine construit des ports, des aéroports en s’assurant certaines ressources qui lui sont nécessaires. Et pourtant l’Afrique a de nombreuses richesses qui devraient la libérer pour la rendre plus indépendante : son sous-sol, ses professionnels ayant reçu des formations de pointe en divers continents, sa natalité, des terres à cultiver de façon adaptée aux climats, les nouvelles maîtrises de l’eau et de l’énergie... Tout ceci est une autre thématique, revenons à l’armée française.
Quatre cas d’école
Pour traiter ce sujet, quatre pays ont été retenus : Algérie, Madagascar, Mexique et Maroc. Le choix s’est porté sur eux en raison de leur valeur « cas d’école » qu’ils représentent et en raison des succès ou des échecs qu’ils mettent en évidence. Il vous appartiendra au regard de ces faits historiques de vous forger une opinion et, pourquoi pas, de revisiter les pages d’histoire, en considérant toute leur richesse en expériences variées encore mal exploitées qu’elles renferment et les conséquences que celles-ci ont sur notre actualité.
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Thomas Bugeaud |
1. l’Algérie avec Thomas Bugeaud (1784-1849) : les leçons d’une guerre asymétrique espagnole.
Le grand public a tendance à croire que les généraux de l’Armée cultivaient l’esprit de conquête. Le cas de l’Algérie mérite d’être conté. En fait, plusieurs hauts responsables de l’Armée ont étudié les demandes des politiques avec sagesse. Ils craignaient que les forces françaises soient engagées dans des opérations lointaines qui pouvaient compromettre les nécessités immédiates de sécurité de la France.
Bugeaud, par exemple, a établi au départ un réquisitoire contre la conquête de l’Algérie. En 1838, il disait déjà, et c’était véritablement prémonitoire, qu’il la considérait comme «le plus funeste présent que la Restauration ait fait à la Monarchie de Juillet». Pour lui, l’éloignement du champ de bataille européen toujours possible en était la raison principale.
Pour les gouvernants, le propre d’une armée est de soumettre l’adversaire par l’usage ou le déploiement de la force armée. Cela ne peut pas faire de doute. Mais cet aspect ne doit pas occulter les missions politiques et administratives dont l’armée française a assumé les charges, une fois l’action militaire achevée. Ces deux aspects ont sans doute fait la particularité de la France dans les colonies.
Pour soumettre par la force, deux doctrines ont été mises en application : la méthode du maréchal Valée et celle de Bugeaud.
Au début, dans les années 1830, les français occupent les ports pour protéger le commerce français, lutter aussi contre la piraterie en Méditerranée. Les projets de colonisation ou d’occupation totales connaissent des difficultés et des échecs avec Valée. L’engagement de l’artillerie est trop difficile, la politique des forts occupés et dispersés sur le territoire ne fonctionnent pas. Abd El Kader obtient de nombreuses victoires en raison de sa mobilité et de sa capacité à conduire les tribus au combat.
Bugeaud établit quant à lui une sorte de doctrine de « pénétration pacifique ». L’objectif était simple : économiser des vies, économiser des ressources de la nation comme du pays colonisé, respecter ainsi certaines préoccupations humanitaires.
Bugeaud a établi cette doctrine suite à des expériences fâcheuses où il s’était aperçu que des conquêtes avec un grand nombre de victimes ne créaient qu’une plus grande résistance. Des villages rasés, des récoltes détruites, des vergers arrachés n’étaient pas propices à se concilier les populations locales. La religion musulmane considère comme un grand crime le fait de détruire des vergers alors qu’elle pouvait tolérer le principe des prises de guerre.
Il s’agit de ne pas oublier que Bugeaud avait en mémoire les guerres de Vendée et surtout la guerre d’Espagne où il avait eu à jouer un rôle. Rappelez-vous que la résistance espagnole à Napoléon est un exemple caractéristique de guerre asymétrique ayant eu un plein succès malgré les forces imposantes déployées par la France. Vous pouvez constater le poids de l’histoire récente, espace d’une vie d’homme, dans l’appréciation des faits pour mener une mission nouvelle, une mission à accomplir.
Il réalise que l’administration civile est plus lourde, plus coûteuse et moins efficace que l’administration militaire. L’armée peut effectuer des travaux importants de génie à moindre coût, alors que les civils colons n’avaient ni les bras, ni les moyens financiers d’assurer des travaux d’importance : routes, ponts, villages nouveaux, dispensaires, etc.
Les routes favorisaient :
• le commerce des habitants locaux,
• l’écoulement des produits de la métropole,
• le déplacement des armées,
• un meilleur contrôle des territoires.
Le génie était, après les forces combattantes que sont l’infanterie et la cavalerie, la troupe la plus mise à contribution dans les activités de pacification.
Cet exemple devrait démontrer, si besoin était, l’utilité de l’histoire pour accomplir des actions humanitaires à réaliser dans le futur.
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Joseph Gallieni |
2. Madagascar et Joseph Gallieni (1849 – 1916) : connaître le pays où l’on est envoyé en mission.
Il a conduit des opérations au Soudan, au Tonkin puis à Madagascar. Il a favorisé la rédaction d’études géographiques et ethnologiques sur les territoires administrés par la France et sur leurs habitants.
A Madagascar, il a fondé l’Académie Malgache. Il avait perçu toutes les limites de la politique de la canonnière. Il a réalisé toute l’utilité de connaître les particularités « ethniques » ou « raciales » (au sens où on l’entendait au XIXe siècle). Concrètement, cette connaissance des peuples a permis de déterminer la construction politique existante d’un pays pour mieux pouvoir travailler avec.
Pourquoi ce réalisme ? Il a le souvenir des expériences malheureuses liées à l’ignorance des conquérants quant au pays conquis. Chacune de ses missions démontre que la conquête militaire est un moment assez facile pour celui qui dispose de la puissance technologique, c’est-à-dire de l’armement. Par contre, les problèmes arrivent lors de la gestion de la conquête.
Cas de Menabe : un contre-exemple
A l’ouest de l’île de Madagascar, dans le Sakalava, le commandant Gérard est à la tête d’une colonne pour conquérir Menabe. Il se fie à quelques informations fausses ou lacunaires, tenues pour exactes provenant d’un commerçant. Alors que les indigènes sont prêts à déposer les armes et le font savoir, le commandant veut faire vite et massacre tous ceux qui ne sont pas parvenus à s’enfuir. Il tue le roi local, Toera.
Cette cruauté et ce manque de loyauté provoquent la résistance des indigènes et c’est pendant six longues années qu’une guerre de résistance est menée. L’excès de cruauté suscite inévitablement une résistance farouche et acharnée. Cette vérité d’hier est une vérité pour aujourd’hui comme pour demain.
Or le projet de Gallieni est de créer plutôt un protectorat qui consiste à installer une administration française superposée aux structures politiques admises par les indigènes. Les chefs locaux gardent les postes honorifiques et sauvent la face devant leurs peuples.
La méthode de Galliéni est motivée par l’idée politique d’occuper et d’administrer Madagascar avec des moyens civils et militaires réduits. La pratique coloniale confiée à l’armée passe par la conquête et la gestion du territoire. La connaissance du pays permet aux militaires d’économiser les vies et d’en assurer une gestion cohérente. En des terres inconnues et là où il n’y avait aucun savoir utilisable, les militaires deviennent demandeurs et producteurs, parfois, de savoir ethnologique.
Il emploie la méthode britannique qui consiste à « diviser pour mieux régner ». Les luttes entre tribus sont utilisées pour s’introduire dans un territoire. C’est la première étape. Pour cela, il faut connaître le pays. Il respecte la nature politique du pays pour vivre en meilleure harmonie possible avec les habitants. C’est la deuxième étape.
Galliéni et Lyautey ont très souvent écrit et proclamé leur volonté d’utiliser la connaissance historique ou anthropologique du terrain colonial à des fins politiques et dans un but d’efficacité. Actuellement, les responsables militaires des troupes envoyées en mission à l’étranger se doivent de disposer des connaissances anthropologiques des pays où ils sont en mission, sous peine de commettre des fautes impardonnables auprès des populations indigènes : germes de guerres futures.
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Napoléon III |
3. Le Mexique et Napoléon III : échecs politiques (1862-1867).
Ce cas est présenté dans la littérature surtout comme une tentative de Napoléon III de constituer un allié catholique de la France sur le territoire des Amériques, alors que les USA se tiennent à la doctrine dite de Monroe, même si John Quincy Adams en fut l'inspirateur.
Lorsqu'il devient le cinquième président des Etats-Unis (1817-1825), James Monroe, a derrière lui une carrière de diplomate : ambassadeur à Paris. Nommé secrétaire d'Etat aux affaires étrangères, ses positions en matière de conduite des affaires extérieures, sont connues sous le nom de doctrine de Monroe. Elle exprime les volontés que les États-Unis entendent exercer sur leur continent. Sa doctrine peut se résumer en deux points : absence d'ingérence dans les luttes opposant métropoles européennes et colonies américaines, mais opposition déclarée à toute tentative de reconquête par ces métropoles des colonies dont les Etats-Unis ont reconnu la légitimité du gouvernement.
Au moment où Monroe fait cette déclaration, il n’a aucun moyen de l’appliquer. C’est une déclaration politique. L’intention première est tout simplement de ne pas s’attirer de querelles militaires avec l’Europe.
Cette doctrine évoluera, dans le temps et jusqu’à nos jours, pour satisfaire les Etats-Unis dans ses volontés d’extension aussi bien politiques que territoriales : cette déclaration deviendra en quelque sorte la définition du pré carré des Etats-Unis.
Mais au moment de la déclaration, les Etats-Unis sont en pleine guerre civile. Ainsi, l’idée d’étendre l’influence de puissances européennes au Mexique séduit la France, la Grande-Bretagne ainsi que l’Autriche-Hongrie. De 1858 à 1861, une guerre civile a opposé les “libéraux” aux cléricaux. Les biens de l’Eglise ont été nationalisés. Des catholiques sont massacrés et la mémoire collective actuelle n’en garde aucun souvenir : silence, les libéraux mexicains sont des “les gentils”; ils mènent la lutte des Lumières contre l’obscurantisme religieux des “méchants”.
Au début, et jusqu’à ce que la France se retire, l’opération est un succès du point de vue militaire. En effet, malgré les lenteurs, les lourdes pertes et le fait que la France doit finalement assumer toute l’opération seule, le Mexique est conquis et son régime politique changé, avec toutefois un reste de résistance (minorité agissante) dans les régions les plus inaccessibles et montagneuses.
Malgré ce premier succès, la pénétration et l’occupation tournent à l’échec pour plusieurs raisons.
La première est surtout d’ordre diplomatique, car la France finit par s’engager seule dans cette guerre qui, depuis le début, menace les intérêts américains. Les Nordistes, contre l’invasion du Mexique, gagnent la guerre civile américaine. La Grande-Bretagne et l’Autriche-Hongrie refusent dès lors l’affrontement direct avec les USA. En se mettant à dos les USA, la France s’isole dans un conflit qui n’est ni compris, ni accepté par la communauté internationale de l’époque.
La situation intérieure mexicaine en est la seconde raison : la France se met également à dos une bonne partie des Mexicains et en particulier la gauche se proclamant anti-libérale et anti-autoritaire qui ne comprend pas que la France renverse le président - dit libéral - Benito Juarez, pour remettre en place une dictature semblable à celle de Santa Anna de 1855. C’est donc ces opposants qui alimentent la guérilla contre la France afin de perturber régulièrement l’avancée de l’Armée française.
En parlant d’ailleurs des aspects militaires, malgré les victoires françaises, une très grande partie des morts n’est pas due à la guérilla, mais surtout aux maladies comme la fièvre jaune et le paludisme. Cette guérilla est violente et bénéficie d’une bonne connaissance du terrain, d’une facilité à se disperser comme à se concentrer, d’avoir le temps pour elle et ayant comme meilleures alliées, les maladies qui épuisent et tuent les troupes intervenantes.
Cette opération fut un échec cuisant pour la France. En dépit des ses victoires militaires intérieures, Napoléon III est confronté à l’hostilité de la population mexicaine, à la guérilla juariste, et surtout à la crainte d’un conflit direct avec les USA. Il retire les troupes françaises et son soutien à l’Empereur Maximilien, ce qui provoque la chute de celui-ci.
Lorsque l’armée française quitte le pays en 1867, l’Empereur Maximilien, le frère de l’empereur d’Autriche François-Joseph 1er, n’ayant plus de partisans, est renversé par les juaristes qui reprennent le pouvoir. Les juaristes établissent une cour martiale (un formalisme légal est toujours très prisé dans ces moments de crise) et le condamneront à mort en juin 1867.
L’échec a été dû essentiellement à une superposition de volontés politiques pas toujours conciliables : Napoléon III, l’empereur Maximilien, son épouse (fille du roi de Belgique), les responsables militaires sur place et les Mexicains qui ne supportent pas cette greffe politique qui est mal préparée.
L’administration importée par la France a commis aussi de nombreuses bévues. Les militaires de l’administration ont été parfois récompensés avant les militaires combattants. Les soldes ont été diminuées, le ravitaillement a fait défaut : cela a créé un malaise au sein de l’armée, malaise dont il est peu souvent fait mention dans la littérature traitant ce sujet, mais dont on trouve des échos très précis (je pense aux mémoires d’officiers engagés au Mexique).
Ce cas est riche d’enseignements. L’essentiel à retenir est sans doute que la puissance militaire, aussi forte soit-elle, n’est rien s’il n’y a pas une forme d’adhésion des populations indigènes à la politique menée par la puissance mise en place par la force. La force ne peut pas ignorer la politique locale.
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Hubert Lyautey |
4. le Maroc et Hubert Lyautey (1854 – 1934) : montrer sa force pour en éviter l’emploi.
L’armée française y a tout fait pour créer une politique indigène dont elle assumait le contrôle. Le principe en était simple : il consistait à nommer des notables locaux pour assurer les directions locales.
L’objectif était que le pays ne se considère plus comme conquis, mais protégé. De nombreux militaires ont réussi des exploits en la matière. Ceci a été rendu possible par leurs connaissances très précises de la région dans laquelle ils intervenaient. Il n’y avait pas un mépris de l’indigène, mais un intérêt réel à le comprendre, à le connaître. L’indigène pouvait être parfois un adversaire redoutable, mais il méritait le respect. Certaines puissances actuelles qui utilisent la force armée oublient le respect que l’on doit aux habitants d’un pays : cela ne peut que créer un rejet, un rejet violent.
Lyautey est celui qui, sans aucun doute, a le mieux personnifié cette politique, à la suite de Bugeaud et de Galliéni. Il n’évitait pas la guerre lorsqu’il le fallait, mais il savait acquérir les populations en :
• traçant des routes (raison militaire peut-on dire mais utile aux populations)
• bâtissant ou rebâtissant des villes et des villages (il ne faut pas oublier que dans les pays colonisés les constructions sont fragiles)
• dressant des barrages pour créer des points d’eau (actuellement l’alimentation en eau est toujours une préoccupation majeure)
• établissant des marchés (une infrastructure routière permet les échanges commerciaux vitaux pour faire vivre les populations)
• encourageant l’agriculture et l’élevage (pour limiter la nomadisation et donc faciliter le contrôle des populations)
• nourrissant les affamés (la faim est encore de nos jours un fléau à combattre)
• soignant les malades (l’action la plus décisive : lutte contre de nombreuses maladies)
• instruisant les enfants (on ironise facilement sur le noir apprenant que ses ancêtres étaient les Gaulois mais la caricature ayant un fond de vérité ne doit pas cacher les apports de l’apprentissage de l’écriture, du calcul, de l’hygiène)
Lyautey pouvait parler à juste titre de sa « guerre créatrice de vie ». Si l’emploi de la force armée de grandes puissances en pays tiers pouvait toujours s’en prévaloir autant de nos jours, ce serait heureux. Un cas ne doit pas cacher les autres : des militaires sont aujourd’hui engager dans des missions qui donnent entière satisfaction aux pays qui en bénéficient et qui ne les subissent pas. N’oublions pas qu’un cas particulier provoquant le scandale peut discréditer les autres opérations.
D’autres militaires ont travaillé dans cet esprit. Ils sont méconnus, mais entendons le général Margueritte qui disait : «… que ma véritable vocation n’est pas d’être soldat. Je n’aime pas la guerre. J’en ressens l’entraînement quand je suis soumis à son action, mais de sang-froid j’en ai horreur : bâtir, planter, cultiver la terre, faire des travaux d’utilité, voilà ce qui me convient, et c’est à cela que j’ai trouvé satisfaction dans ma carrière… »
Le général Salan lui-même a dit aussi : « J’ai fait rayonner la France aux antipodes. J’ai commandé. J’ai secouru. J’ai distribué. J’ai servi, et, pardessus tout, j’ai aimé. »
Ne croyez-vous pas que ces propos puissent être dans la bouche des commandants de forces armées pour le maintien de la paix ou pour apporter des secours humanitaires ? Lorsque l’on parle des nouvelles missions des armées, n’a-t-on pas oublié ces missions qui ont occupé des armées déjà au XIXe siècle ? Certes le contexte mondial a changé, l’intention politique aussi, quoique parfois on puisse s’interroger dans certaines interventions armées (Serbie, Irak p.e.) quant à une action véritablement humanitaire. Il n’en demeure pas moins que nous trouvons dans ce passé militaire, de nombreux principes vérifiés dans les faits qui permettent d’établir des lignes de conduite utiles pour demain.
L’armée française a su ainsi coloniser jusqu’en dans les années 1920.
Décolonisation et l’armée; Missions de coopération, humanitaires, de maintien de la paix
Lors de la décolonisation, l’armée a accepté la décision politique. Trois cas ont mal fonctionné : l’Indochine mais avec le recul historique, il est possible de discerner clairement une faiblesse de la décision politique. Pour le Maroc et la Tunisie, les indécisions politiques, le fait de privilégier la non décision à la décision, ont été lourdes de conséquences : la responsabilité des autorités civiles ne fait, là, aussi aucun doute.
En général, l’armée a transformé sa présence en mission de coopération, principalement pour la formation de cadres des armées africaines et cela se poursuit encore de nos jours. Des accords de défense avec la France sont établis soit pour une présence militaire, soit pour une intervention sur demande.
L’Algérie constitue véritablement un cas particulier qui ne peut pas être généralisé. En Algérie, il se constate que les Algériens, eux-mêmes et indépendants, suite au départ des Français, n’arrivent pas à régler les difficultés que les Français avaient rencontrées. Les désordres intérieurs avaient des causes imputées pour la plupart bien à tort à la colonisation. Toutefois ceci est un autre débat, trop délicat pour être traité ainsi qu’il le conviendrait dans le cadre de cet exposé.
Missions humanitaires, en cas de catastrophe ou de maintien de la paix sont les missions actuelles de bien des armées dont les compétences sont ainsi utiles pour la paix. Il faudrait être de parfaite mauvaise foi pour le contester ou l'ignorer.
Conclusion
N’oublions pas qu’en France, les hommes ont agi en se référant aux grands principes de 1789 qui légitimaient à leurs yeux leurs conquêtes (Napoléon en avait donné un exemple en soldat républicain devenu empereur). Au XIXe siècle, elle a voulu imposer sa paix et ne se préoccupait pas d’étendre les libertés de la métropole aux colonies. Or ce choix a été adopté par des civils et des autorités politiques élues démocratiquement. Par contre, les militaires étaient plus favorables à étendre ces droits aux colonies, ce qui ne doit pas être oublié, en vue d’une intégration de ces peuples.
L’engagement des troupes coloniales sur les champs de bataille européens et les importants sacrifices en vies humaines consentis par celles-ci ont démontré que leurs approches étaient justes.
Ainsi, il faut rester dans le contexte d’une époque pour l’analyser objectivement et ne pas tomber dans des luttes idéologiques qui occulteraient ou travestiraient les faits et les idées.
De nos jours, le contexte colonial est terminé, mais l’envoi de troupes à l’étranger au XXIe peut retenir des leçons de troupes qui, au XIXe siècle, avaient aussi des missions de pacification. Il est d’ailleurs à souhaiter qu’une grande puissance n’envoie pas des troupes à l’extérieur de son territoire avec des intentions politiques qui seraient plus du XIXe que du XXIe siècle, mais je laisse ceci à votre discernement.
Bibliographie
(avec la collaboration de Thomas Tichy)
Les cotes renvoient aux bibliothèques universitaires de Suisse romande.
Ouvrages de base :
CORVISIER André (1994), Histoire militaire de la France. t. 3 et 4
DELMAS Jean, MASSON, Philippe, (1992), Histoire militaire de France vol 2. De 1715 à 1871, Paris, pp. 509-523.
Bon ouvrage général sur le Mexique et l’Algérie
SAVARESE Eric, (1998), L’ordre colonial et sa légitimation en France métropolitaine L’Harmattan
LIAUZU Claude, (2004), Colonisation : droit d’inventaire, Ed. Colin
Cas du Mexique :
HANNA, Alfred Jackson, (1971) Napoleon III and Mexico : American triumph over monarchy, Chapel Hill : University of North Carolina
GENEVE Institut hautes études internationales [Ge 72]
LECAILLON, Jean-François (1994), Napoléon III et le Mexique : les illusions d'un grand dessein préf. de Frédéric Mauro Paris : Ed. L'Harmattan,
GENEVE Uni. Fac. lettres. Histoire générale [Ge 118]
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
GUÉRIOT, Paul (1980) : Napoléon III Paris, Payot.
NEUCHATEL Bibliothèque Ville de La Chaux-de-Fonds [CF V]
Cote CFV 920 NAP
Dépôt BVCF Magasins
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SCHEFER, Christian : La grande pensée de Napoléon III : les origines de l'expédition du Mexique, 1858-1862, Paris : M. Rivière, 1939
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
Cote BLA 3254
Dépôt BCUD magasins.
DU PASQUIER, Armand La grande pensée du règne
Remarque ** Cet article fait partie d'un document que d'autres bibliothèques peuvent posséder. Il est donc recommandé de voir également sous le titre cité sous Lien/doc. hôte" **
Note sur le titre In : La Suisse libérale. - Neuchâtel. - 1936/79-84
Lien/doc. hôte Suisse libérale
Note Feuilleton de "La Suisse libérale", 72me année, No 79 (vendredi 3 avril 1936)-No 84 (jeudi 9 avril 1936)
NEUCHATEL Bibl. publique et uni. - Fonds d'étude [Ne V]
Cote BPUN ZB 546
Dépôt BPUN FE Magasins
LECAILLON, Jean-François, Mythes et phantasmes au cœur de l’intervention française au Mexique (1862-1867)
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AUBRY, Octave (1949) Le Second Empire, Paris, A. Fayard.
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
Plutôt très descriptif et historique
Trouvés dans Historial abstracts
(Recherche par Internet, ouvrages hors de Suisse)
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Article
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Type: Article
Berwanger, Eugene H. UNION AND CONFEDERATE REACTION TO FRENCH THREATS AGAINST TEXAS. Citation: Journal of Confederate History 1991 7: 97-111.
Type: Article Black, Shirley J.; with commentary by Austensen, Roy A. and Echard, William E. NAPOLEON III'S ATTEMPT TO AMELIORATE MEXICO'S ECONOMIC PROBLEMS. Citation: Proceedings of the Annual Meeting of the Western Society for French History 1991 18: 308-317.
Type: Article DIAZ, Lilia. LOS EMBAJADORES DE FRANCIA EN EL PERIODO DE LA INTERVENCION Transl/Info: [French ambassadors in the time of the intervention].
Citation: Historia Mexicana [Mexico] 1988 38(1): 5-42.
Type: Collection Black, Shirley J. NAPOLEON III AND EUROPEAN COLONIZATION IN MEXICO: THE SUBSTANCE OF AN IMPERIAL DREAM.
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Abstract: Explores Napoleon III's colonization plans, which were an integral part of his imperial dream for Mexico in the 1860's. France needed Mexican silver and cotton, and Napoleon believed that commercial relations with Mexico demanded political and economic stability. He therefore believed that European colonization could achieve this. Napoleon's plans for development, however, were misunderstood and undermined by Emperor Maximilian.
Documentation: Primary sources; 8 plates, 128 notes.
Abstracter: J. Powell
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Type: Article
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Type: Article Barker, Nancy Nichols. FROM TEXAS TO MEXICO: AN AFFAIRISTE AT WORK. Citation: Southwestern Historical Quarterly 1972 76(1): 15-37.
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Type : Article Barker, Nancy N. VOYAGEURS FRANÇAIS AU MEXIQUE, FOURRIERS DE L'INTERVENTION (1830-1860)
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Type: Article Quirarte, Martín. LA INTERVENCION FRANCESA Y EL IMPERIO DE MAXIMILIANO DESDE LA PERSPECTIVA DEL PORFIRISMO
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Type : Article Quirarte, Martin. HISTORIOGRAFIA EUROPEA SOBRE LA INTERVENCION FRANCESA Y EL IMPERIO DE MAXIMILIANO
Transl/Info: [European historiography of the French intervention and the Empire of Maximilian].
Citation : Revista de Historia de América [Mexico] 1967 (63/64) : 151-179.
Abstract: A survey of the literature developed from the Maximilian Affair. European writing, especially French, varies in value. The military record is satisfying. The soldiers made accurate observations on social and economic conditions in Mexico, many anti-Mexican in tone. Spanish histories of the era tend to a more balanced tone, but all Europeans wrote in a distant and restrained way. The author evaluates the work of Emannuel Domenech, Felix de Salm-Salm, Laizillon, François du Barail, Pruneda, Keratry, d'Hericault, Lefevre, Emile Ollivier, Pierre de la Gorce, and Conte Corti.
Cas de l’Algérie :
BOIS, Jean-Pierre (1997), Bugeaud Paris, Fayard.
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
NEUCHATEL Bibl. publique et univ. - Fonds d'étude [Ne V]
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
Excellent livre, traite de tout (pp. 262-529)
SULLIVAN, Antony Thrall (1983) Thomas-Robert Bugeaud, France and Algeria, 1784-1849 : Politics, Power and the Good Society, Hamden Connecticut : Archon Books.
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
Auteur Bugeaud de la Piconnerie, Thomas Robert Par l'épée et par la charrue : écrits et discours / de Bugeaud ; introd., choix de textes et notes par le général Paul Azan
Lieu / Dates Paris : Presses universitaires de France, 1948
FRIBOURG BCU - Centrale et Université [Fr C]
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
NEUCHATEL Bibl. publique et univ. - Fonds d'étude [Ne V]
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
Cas du Madagascar :
GHEUSI, Pierre-Barthélemy Gallieni et Madagascar / P.-B. Gheusi Paris: Ed. du Petit Parisien, 1931
VAUD BCU/Dorigny [La C1] CA 2762
GALLIENI, Joseph-Simon (1928) Lettres de Madagascar : 1896-1905 Paris : Société d'Ed. géographiques maritimes et coloniales.
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BLANCHON, Georges, Le général Galliéni / G. Blancho Paris, 1915
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P] Cote BPU ZS 58/16
BASSET, Charles Madagascar et l'oeuvre du Général Galliéni Paris : A. Rousseau, 1903 Thèse Th. droit Paris, 1903
VAUD BCU/Dorigny : Section droit et sc. écon. [La C3] ZTF 497
Auteur X*** (Capitaine)
Titre Voyage du Général Gallieni : cinq mois autour de Madagascar, progrès de l'agriculture, développement commercial, ressources industrielles, moyens de colonisation / Capitaine X***
Paris : Hachette, 1901
GENEVE Ville. Musée d'ethnographie [Ge 47] ET AF 39
Gallieni, Joseph-Simon La pacification de Madagascar : opérations d'octobre 1896 à mars 1899 / Joseph-Simon Gallieni ; ouvrage rédigé par F. Hellot
Lieu / Dates Paris : R. Chapelot, 1900
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MICHEL, Marc, (1989), Gallieni, Paris, Fayard.
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VAUD BCU/Riponne [La C2]
Excellent ouvrage : tout sur Madagascar pp,. 175-234.
Cas du Maroc :
DUROSOY, Maurice (1976) Avec Lyautey : homme de guerre, homme de paix Paris : Nouvelles éditions latines,
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LE REVEREND, André, Un Lyautey inconnu : correspondance et journal inédits : 1874-1934 André Le Révérend Paris : Librairie académique Perrin, 1980
FRIBOURG BCU - Centrale et Université [Fr C]
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
VAUD BCU/Riponne [La C2]
Études de sa personnalité, points de vue et copies de son courrier. Très intéressant, mais ne donne pas directement toutes les informations sur la pacification.
André Le REVEREND, (1983) Lyautey, Paris : A. Fayard,
FRIBOURG BCU - Centrale et Université [Fr C]
NEUCHATEL Bibl. publique et univ. - Fonds d'étude [Ne V]
VALAIS Médiathèque Valais - Martigny
BENOITS-MECHAIN, Jacques, (1984) Lyautey l'Africain, ou le rêve immolé; préf. de Charles-Henri Favrod ; avant-propos de Pierrette Cuendet Genève : Edito-Service, cop.
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
DE CHARRETTE, Hervé, (1997) Lyautey Paris J.-C. Lattès.
GENEVE Ville. Bibliothèque publique et univ. [Ge P]
Plutôt des réflexions personnelles, pas de mention de faits militaires.
LYAUTEY, Louis Hubert Gonzalve (1946) Du rôle social de l'officier; avec une préf. de Juin Paris, R. Julliard,
VAUD BCU/Dorigny [La C1]
HEIDSIECK, Patrick (1941), Rayonnement de Lyautey, Paris, Gallimard.
FRIBOURG BCU - Centrale et Université [Fr C]
Très intéressant, surtout les pp. 191-210.
Trouvés à la BMF (ancienne Bibliothèque militaire fédérale, à Berne) :
BOURGET, Pierre, La rivalité Pétain Lyautey de 1925 au Maroc, un nouvel éclairage, in Guerre et conflits en Afrique noire, Guerre mondiale et conflits contemporains, Revue d’histoire 46e année, n. 181, Printemps 1996, pp. 125-133.
SINGER, Barnett, Lyautey : An interpretation of the man and French Imperialism, in Journal of Contemporary History, vol. 26 nb. 1 January 1991 pp. 131-157.
André LE REVEREND Lyautey écrivain : 1854-1934; préf. de Jean Guitton Paris Ophrys, 1976
DUROSOY, Maurice, Lyautey maréchal de France 1854-1934, Paris, Charles- Lavauzelle, 1984.
Pas très intéressant, il n’y a que des photos.
DUROSOY, Maurice, (1956) Lyautey mon général, Parsi, Juillard,. Biographie .
Il s’agit plutôt d’un témoignage personnel.
D’ORMESSON, Wladimir, Lyautey, Paris, Libraire ancienne, 1931. Pas très intéressant
pp. 71-78. Il y a 50 ans, le maréchal Lyautey, Revue historique des Armées 1984, n. 3, Vincennes, auteur : section du service historique des armées de Terre. Liste bibliographique de ses ouvrages.
GUILLAMO, Manuel, Lyautey un cultivateur face à l’islam ? in Revue historique des armées n. 3 1991. Pp. 16-23, Vincennes.
Excellent réflexion générale et bonne synthèse.