mardi 14 avril 2020

Padre Pio, le Stigmatisé stigmatisé.




Padre Pio (1887 - 1968):

nourrir l'âme pour découvrir Dieu.

par Antoine Schülé,
La Tourette, 8 mars 2020.

« … la lumière brille dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l'ont point comprise. »
                                               Jean, 1,5



Avec Padre Pio, je vous invite à découvrir un parcours religieux hors du commun car sa vie a démontré la réalité de la vie surnaturelle. Au sein même de son ordre, les Franciscains, et de l'Église, il a vécu de véritables persécutions que certains refusent, encore de nos jours, d'avouer en préférant parler de "prudence". Les plus grands défenseurs de Padre Pio ont souvent été des laïcs et quelques prêtres et confrères capucins qui, en raison de leur soutien, ont dû subir les foudres de leur supérieurs.
Jusque dans les années 1990, j'ai lu des livres sur sa vie et entendu parler des religieux, aussi bien contre lui que pour lui. Toutefois, un film documentaire, vu en 1969, m'avait déjà convaincu de sa sainteté. Une année plus tard, j'ai entendu Maurice Zundel qui aimait mentionner Padre Pio, ce prêtre qui s'était configuré au Christ crucifié pour sauver les âmes. Mon intime conviction était faite et j'analysais mieux les chemins tortueux de ses ennemis, certains par des acharnements ayant des raisons diverses et d'autres par cette facilité d'une obéissance qui les dispensait de réfléchir, à distinguer de celle que doit un religieux à son ordre. De plus, il est triste de constater que les Chrétiens ont toujours, pour la majorité d'entre eux, de la peine à accepter les mystiques : ce mot leur fait peur car ils ne savent pas encore ce qu'il signifie !

Éléments biographiques

Enfance

Dans l'Italie du Sud, à Pietrelcina, naît Francesco Forgione le 25 mai 1887. Il aura trois sœurs et un frère. Sans être pauvre, cette famille n'était pas riche. Pour financer les études de Francesco comme pour assurer une meilleure aisance à sa famille et compléter ainsi les faibles revenus de la terre, le père s'exile pour travailler une première fois aux États-Unis et une deuxième fois en Argentine.

Très jeune, le jeune Francesco a la garde de 5 à 6 moutons. A l'âge de 11 ans, il est confié à un enseignant, don Tizzani, pour des cours d'italien et de latin. La relation entre les deux est négative : l'élève n'apprend rien et son maître le décrit à sa mère comme un élève obtus. Francesco dit de lui : "Si ma cervelle est bouchée, son cœur à lui est mauvais. C'est pour cela que je ne peux rien apprendre." Déjà, sa prescience lui avait parlé juste : il ignorait que ce maître était un prêtre défroqué ! Par contre, avec un autre professeur, Angelo Caccavo, il fera de grands progrès en deux ans.
Dès l'âge de 5 ans, il sera souvent malade et causera bien des inquiétudes en raison de sa santé faible alors qu'il sera un grand guérisseur.
Il est très marqué par les visites régulières de frère Camillo qui lui donnera la vocation franciscaine. A l'âge de 4 ou 5 ans, il a déjà des apparitions : il n'est pas surpris car il croit que ce phénomène arrive à tout le monde. Le diable lui apparaît sous différentes formes mais il est soutenu par un ange gardien qui prend l'apparence d'un enfant. Il a aussi souvent les visions d'un personnage lumineux. Il prend très vite conscience d'une lumière surnaturelle intérieure.

Vers le sacerdoce

Âgé de 15 ans, en juillet 1902, il est admis au noviciat chez les capucins de Morcone. Le couvent de Morcone est complètement isolé du village. Il y aura de fréquentes visions de Jésus et de Marie. Le père des novices est Tommaso da Monte Sant'Angelo. La remise d'habit du capucin est riche en symboles : le capuchon pour la protection de Dieu; la corde pour la force du Seigneur et la pureté à respecter; un cierge pour la lumière du Christ, signe aussi d'immortalité.
Le changement de nom marque aussi l'abandon définitif du monde Francesco Forgione devient frère Pio de Pietrelcina : Pio en l'honneur de Pie V, le Pape de la Contre-Réforme et le vainqueur des Turcs à la bataille de Lépante et dont la fête onomastique est le 5 mai; Pietrelcina car c'est son lieu de naissance.
Lors de ses méditations de la Passion et des souffrances du Christ, frère Pio verse d'abondantes larmes. A Morcone, dès le 25 avril 1903, il fait connaissance du Père Benedetto da San Marco in Lamis. De 1910 à 1922, leur correspondance sera très précieuse pour découvrir la vie mystique de Padre Pio.

Le 22 janvier 1904, il prononce ses vœux simples, c'est-à-dire temporaires car pour trois ans. Le 25 janvier 1904, il se rend dans un autre couvent, Sant'Elia a Pianisi, afin de finaliser ses études secondaires et de commencer sa philosophie. Là, il est confronté à des persécutions diaboliques qu'il subira pendant une dizaine d'années : lit renversé; habit et livres déchirés; encrier jeté contre le mur; des lettres lui parviennent blanches ou illisibles en raison de taches d'encre et leur lecture est rendue possible par aspersion d'eau bénite; parfois il y a des luttes physiques qui lui laissent des marques visibles sur le corps. Ces phénomènes inquiètent et interrogent son entourage, ce qui peut se comprendre.
Le dimanche 27 janvier 1907, il fait sa profession de foi solennelle.
Pour être admis au sacerdoce, il doit achever ses études de théologie à Serracapriola. L'air marin ne lui convient pas et il doit rester une année en convalescence à Pietrelcina : il loge dans la "Toretta", une pièce unique sur un rocher.

En novembre 1908, il poursuit ses études à Montefusco. Ayant des doutes sur une personne, ayant pris les traits de son directeur spirituel, et l'encourageant à renoncer temporairement à sa vocation, il lui demande de crier avec lui "Vive Jésus!". Aussitôt, cette personne disparaît, en laissant, derrière elle, une mauvaise odeur : une nouvelle fois, le diable le harcèle. Il expérimente ce que Paul nous dit encore de façon claire, dans la "Deuxième épître aux Corinthiens" et à propos de faux apôtres, "camouflés en apôtres du Christ" : "Satan lui-même se cache en ange de lumière. C'est donc peu de chose pour ses serviteurs de se camoufler en serviteurs de la justice. Leur fin sera conforme à leurs œuvres."1 Le diable existe, même si j'ai connu des prêtres qui en nient l'existence2 : il ne force pas, il propose à la volonté, il suggère un bien temporel ou illusoire comme le serpent de la Genèse3.

Vie de sacerdoce

A 23 ans, frère Pio est ordonné prêtre le 10 août 1910, soit une année avant la date prévue, car il est de santé si fragile que lui et son entourage craignent sa mort avant qu'il puisse célébrer sa première messe. Il souffre d'une maladie pulmonaire et de problèmes intestinaux. Les tentations spirituelles lui occasionnent des souffrances morales : il est inquiet par une perte de sens à sa vie. Le diable, qu'il appelle "Barbe Bleue" lui apparaît et le pousse au désespoir. Il s'inquiète et il entre dans sept années de nuit obscure. Ses supérieurs jugent préférable qu'à nouveau il retourne à Pietrelcina pour se refaire une santé.

Un Vendredi Saint, le 28 mars 1913, Pio a une vision qu'il révélera bien plus tard : le Christ pleure en raison des prêtres infidèles et en raison de l'impiété qui naît de l'indifférence religieuse. L'infidélité de prêtres 4 a des causes diverses : en raison soit de leurs mœurs, soit de leur manque de piété, soit de leur dévoiement de la doctrine traditionnelle de l'Église. Ils partagent ainsi l'impiété de fidèles 5 piégés par le rationalisme moderne qui ouvre la porte à l'incroyance.

Notre jeune prêtre utilise parfois la manière forte pour se faire comprendre à quelques têtes dures. Par exemple : bien qu'éloigné d'un groupe de paysans occupés à la moisson qui est spécialement abondante, Padre Pio entend un paysan blasphémer; Pio va vers lui et le gifle 6.

Le 4 septembre 1916, il arrive au couvent de San Giovanni Rotondo, où il y a une chapelle consacrée à St. Jean-Baptiste, et il y restera jusqu'à la fin de sa vie qui se déroule en quatre lieux : sa cellule de moine, la chaire, le confessionnal et l'autel. Il a passé des milliers d'heures au confessionnal et il a converti des centaines de personnes et, parmi elles, des ennemis acharnés de l'Église.
Il est directeur spirituel : sa correspondance témoigne de son art de guider les âmes; à un groupe de femmes pieuses, il donne des conférences sur la perfection à atteindre et les paraboles de l'Évangile. Il enseigne au petit collège où il n'hésite pas à gifler un gamin refusant de se maîtriser et, d'un cœur bon et d'esprit joyeux, il participe à leurs jeux et promenades.

A son groupe de prière, il impose cinq obligations : confession hebdomadaire; communion quotidienne; lecture spirituelle; examen de conscience chaque soir; méditation, front contre terre deux fois par jour7.
A ce sujet, deux citations de Padre Pio sont explicites : " La confession est le bain de l'âme. Il faut le faire tous les huit jours au moins." et "La méditation est la clef du progrès dans la connaissance de soi et dans celle de Dieu et elle permet d'atteindre la fin de la vie spirituelle qui est la transformation de l'âme en Dieu.".

Il nous invite à considérer nos vies avec les yeux de la foi qui nous rendent sensibles "aux touches divines" qui s'appellent aussi "touches mystiques". Il les décrit de cette façon : "un sentiment spirituel subit occasionnant une vive lumière de l'intelligence" qui suscite parfois, à première vue, une sorte de frayeur mais qui fait place, ensuite, à un grand calme intérieur : la sensation de l'âme touchée par la grâce de Dieu. Remarquons-nous suffisamment ces instants de grâce, fruits de la méditation ? Souvent, trop de rationalisme nous aveugle et empêche de percevoir cette illumination intérieure ainsi qu'il le faudrait.

Le 20 septembre 1918, après la messe du matin, entre 9 h. et 10 h., un phénomène surnaturel survient : en prière devant la croix, Padre Pio reçoit les stigmates comme saint François d'Assise 8 : Pio les considérait comme des blessures d'amour (ainsi que Thérèse d'Avila) car il s'agit en même temps d'aimer et de souffrir. Cinq plaies sanglantes, d'origine inexplicable et non cicatrisables, marqueront son corps (aux mains, aux pieds et au thorax) jusqu'à sa mort, soit pendant cinquante ans. Il s'en dégage un parfum de violette, selon de nombreux témoins. Des médecins constateront un trou de part en part de la paume des mains. Il tente de cacher ce phénomène mais chaque jour, il perd du sang, de la valeur d'une tasse. Ainsi commence sa mission de conversion des âmes et de guérison des corps. Il accepte d'être une victime expiatoire pour tous afin de sauver les âmes.
Dès 1910, donc bien avant 1918, il avait ressenti des douleurs sans traces visibles à l'emplacement des stigmates : elles ont été d'abord invisibles et spécialement douloureuses pendant la Semaine Sainte, le Vendredi Saint et le 14 septembre, jour de l'exaltation de la Sainte Croix.

Réception des stigmates selon le récit de Padre Pio 
aux Pères Benedetto et Raffelle :

Seul, face à la Croix, il est pris par un doux sommeil, il ressent une grande quiétude de l'âme et du corps, dans un silence total aussi bien extérieur qu'intérieur. Soudain, du Crucifix, lui apparaît un personnage, aux mains et aux pieds sanglants d'où partent des flèches lumineuses. Saisi d'épouvante, son cœur bondit dans sa poitrine. Le personnage disparaît. Pio s'aperçoit que ses mains, ses pieds et son côté saignent. Il craint de mourir exsangue et se rend dans sa cellule où il traite ses blessures avec de la teinture d'iode.
Son embrasement spirituel l'a transformé à la ressemblance formelle9 du Christ : il a vécu une transfiguration.

Vie sacerdotale toujours plus intense

Dès mai 1919, le public afflue à San Giovanni Rotondo mais il n' y a rien pour les accueillir : les gens dorment par terre dans les champs, aux alentours du couvent. Il sont prêts à attendre 10 ou 15 jours pour se confesser. Des listes d'attente avec numéros sont établies. Pio se réserve les hommes ne s'étant pas confessés depuis longtemps. Il a une faculté de clairvoyance : il lit à travers les âmes et découvre des fautes que le pénitent avait parfois oubliées ou dont la gravité n'avait pas été perçue. Les visiteurs se succèdent : les uns viennent par curiosité; les autres par désir de conversion.

Padre Pio est vite connu pour ses messes longues car il vit en plénitude le Saint Sacrifice : il n'a rien d'un acteur de théâtre ou d'un fonctionnaire qui exécute une tâche en un minimum de temps mais il vit ce qu'il dit et ce qu'il fait. Il a des moments d'extase lors de la célébration : son union à Dieu est perceptible. Le public, pas toujours constitué uniquement de croyants, ne s'y trompe pas : avec lui, ils communient à un moment solennel et mystérieux.

Il est aussi un guide spirituel comme son abondante correspondance en témoigne. Il est exigeant mais ses bénéficiaires avaient conscience qu'il avait expérimenté10 lui-même ses conseils de prière et ses avis spirituels. Comme nous en parlerons plus tard, sa plus grande souffrance a été de devoir cesser pendant quelques années cette fonction qui lui tenait à cœur. Par l'obéissance que lui imposaient ses vœux solennels, il a accepté la souffrance de cette privation mais il a été torturé par le fait de ne pas pouvoir sauver des âmes, sa mission première.

En 1925, Padre Pio a les moyens d'ouvrir un petit hôpital St. François dans l'ancien couvent des Clarisses. Il est desservi par plusieurs médecins bénévoles, des praticiens cependant peu habitués à la gestion. En 1938, lors d'un tremblement de terre, l'étage supérieur de cet édifice s'effondrera et tout le matériel chirurgical sera détruit.

Le 5 octobre 1925, le Dr Festa opère Pio d'une hernie de l'aine dans la salle de la communauté qui a été transformée en salle d'opération. Son patient refuse d'être endormi pendant les deux heures qu'il opère : respectueux des ordres du Saint Office, il ne veut pas que ses plaies, cachées sous ses mitaines, soient observées à son insu. Toutefois, ramené en cellule, Pio tombe en syncope. Le Dr Festa en profite pour examiner les stigmates : une lumière se dégage des plaies, la lumière de la transfiguration11.

Son programme quotidien pour les années 20 et sans doute jusqu’à sa mort : quatre heures de méditation sur la vie de Jésus Christ (naissance, passion et résurrection); neuvaines à la Madone de Pompéi, à St. Joseph, à St. Michel Archange, à St. Antoine, à St. François, au très Sacré Cœur de Jésus, à Ste Rita, à Ste Thérèse de Jésus et récitation méditée de cinq rosaires.

Les persécutions Acte I

Mgr Pascale Gagliardi est l'évêque diocésain où se trouve San Giovanni Rotondo qui attire les fidèles : la conséquence en est que les quêtes et les oboles échappent à ses paroisses. Dans un premier temps, il refuse catégoriquement de croire à la surnaturalité des charismes de Padre Pio. Dans un deuxième temps, il devient un évêque calomniateur, aidé de quelques chanoines tout aussi calomniateurs. Était-ce uniquement une question d'argent ? Non, il y avait pire : quelques années plus tard, des enquêtes serrées ont révélé ses mœurs dépravées et sa simonie; de plus, d'autres prêtres qui le soutenaient dans son hostilité à Padre Pio, vivaient en concubinage ou entretenaient des maîtresses. Cependant considérés, à première vue, comme de parfaits "témoins de moralité", ils pouvaient agir selon toutes leurs perverses ressources avant que lumière soit faite sur leurs pratiques 12.
Dès septembre 1919, sans perdre de temps, cet évêque monte un dossier de témoignages contre Padre Pio, sous prétexte de dénoncer un scandale. Ce dossier est envoyé au Pape Benoît XV13. Des contrôles sont pratiqués pour vérifier l'origine surnaturelle des plaies que des experts confirment et attestent.

Son meilleur instrument contre Padre Pio est le "Père" Gemelli. Il était né dans un milieu anticlérical et franc-maçon. Ce médecin et chirurgien avait été un militant socialiste. Il se convertit à 25 ans pour entrer chez les Franciscains. Il a reconnu des miracles opérés à Lourdes. Il est considéré comme un spécialiste de la mystique. Il sème des doutes à partir de 1920. Dès 1922, il influencera Pie XI.
Un article du M. Gemelli publié en 1924 marque le sommet des persécutions exercées contre Padre Pio. Sans avoir pratiqué sur lui soit un examen des stigmates, soit un examen psychologique, il veut faire croire à un diagnostic d'hystérie. Obéissant à un ordre du Pape, Pio avait refusé de lui montrer ses plaies car ce "Père" Gemelli ne disposait pas d'une autorisation écrite pour les voir.

Benoît XV meurt soudainement le 22 janvier 1922. Son successeur Achille Ratti devient Pape sous le nom de Pie XI, le 12 février et M. Gemelli avait des liens anciens d'amitié avec lui. Le 10 mai 1922, le Saint Office prend une délibération sous forme de déclaration et d'avertissement qui seront pour Padre Pio et ses confrères un désaveu et une réticence :
  • Il ne peut plus célébrer sa messe à heure fixe et toujours très tôt le matin;
  • Il lui est interdit de montrer ou de parler de ses stigmates;
  • Son directeur spirituel est changé;
  • Il lui est interdit de répondre aux courriers qui lui sont adressés.
Pareilles dispositions réduisaient Padre Pio à l'état de prisonnier, dans son propre couvent, alors qu'il n'avait jamais rien écrit ou dit qui fut contraire à la foi et aux mœurs. Il avait toujours gardé réserve et modestie. Des démonstrations excessives de ses fidèles, voici tout au plus ce qui pouvait se constater : il n'était pas responsable de leurs débordements ou de leur exubérance toute latine ! Les dons financiers qui parvenaient à son couvent étaient la raison profonde de ces perfides attaques.

Son directeur spirituel pendant 10 ans, le Père Benedetto, mourra 20 ans plus tard sans l'avoir revu ou échangé une correspondance avec lui : l'obéissance ecclésiale a été respectée.

"Mgr" Gagliardi dirige les manœuvres perfides de toute son autorité épiscopale et diffuse son message14 : "Padre Pio est un possédé du démon. Les moines de San Giovanni Rotondo sont une bande d'escrocs. Les blessures de Pio ont été produites avec de l'acide nitrique...." Il invente même une bataille avec armes blanches et à feu entre capucins pour de l'argent. Une enquête fut menée et rien de réel n'est apparu.
Le pire est que cet individu réussit parfaitement son plan diabolique : Padre Pio est condamné par le Saint Office le 16 mai 1923, par un décret solennel rendu public le 23 mai 1923 :
  • interdiction lui est intimée de célébrer la messe en public;
  • négation du caractère surnaturel des grâces et des charismes qu'il a reçus;
  • son transfert dans le couvent d'Ancone15 est demandé.
Le couvent apprend la nouvelle avec sidération. Padre Pio souffre de ne plus pouvoir sauver les âmes : il reste cependant prêt à obéir à tout ordre donné. Les habitants de San Giovanni Rotondo protestent vivement et une lettre est envoyée à la Curie. La foule des fidèles craint son départ. Pour la rassurer, il doit se montrer à sa fenêtre. Des barricades sont dressées sur la route d'accès du couvent et les forces de police sont déployées car il y a des risques d'émeutes.
Le 31 mai 1923, le Vatican donne un avertissement solennel : les fidèles doivent s'abstenir de tout rapport, même épistolaire, avec Padre Pio. M16. Gagliardi a de quoi être satisfait en obtenant de tels succès !
Le Provincial du couvent, devant la colère de la foule, demande à ce que Padre Pio puisse célébrer la messe car l’intelligence de la foule, se montre, dans ce cas, plus avisée que celle de la Curie. Les pressions sont si fortes que le transfert est reporté à une date ultérieure.

Les défenseurs de Padre Pio, des laïcs pour la plupart car plus libres que les ecclésiastiques17 pour agir, décident de passer à l'action : ils commencent par chercher à savoir qui dirige la manœuvre, pourquoi et comment les attaques sont parvenues à discréditer une personne qui rayonne de la lumière du Christ. Les enquêtes démarrent : les résultats seront stupéfiants.
Emmanuele Brunatto, avec l'aide et le soutien de Mgr Cuccarollo, établit un dossier en défense de Padre Pio et en accusation de la clique des calomniateurs. La difficulté principale est que, le Saint Office s'étant déjà prononcé, devoir se désavouer n'est pas une évidence. De plus, il y a un enchevêtrement de juridictions ecclésiales : au sein du Vatican, l’Évêché et l'ordre des capucins.
En 1926, Brunatto, sous le pseudonyme de Giuseppe De Rossi, publie un livre qui dévoile de façon très documentée, les procédés de Gagliardi et de "chanoines" qui l'accompagnent. Le livre est interdit par le Saint Office. Un journaliste du Messagero, Giuseppe Cavaciocchi en publie un deuxième qui sera aussi interdit. La presse s'empare de l'affaire et les langues se délient enfin.
Gagliardi perd de son assurance. Il proclame avec toute sa suffisance et avec toute l'arrogance de son autorité, dont il a fait un si mauvais usage, que des mesures d'ordre public doivent être prises "afin d'en terminer administrativement avec ce tapage indigne, pire même, honteux et sacrilège, irréligieux et immoral qui dure depuis huit ans"18. Jouer la "vierge" outragée pour un homme sans moralité est une méthode classique qui caractérise ce type d'individus... Il souhaite à l'encontre de Padre Pio la "suspens a divinis", c'est-à-dire l'interdiction de célébrer la messe en public, de confesser les fidèles et de dispenser les autres sacrements.

L'enquête menée dévoila dans un premier temps les turpitudes des chanoines qui avaient agi sur ordre de M. Gagliardi19, turpitudes qui étaient connues d'un grand nombre de personnes mais qui avaient gardé le silence : une façon de glisser la poussière sous le tapis, solution trop vite adoptée par les timorés20. Un premier coup de balai est enfin donné : ils seront condamnés par des juridictions civiles pour certains et ecclésiastiques pour d'autres.
Une deuxième enquête est menée sur M. Gagliardi car la première ne le concernait pas directement : cependant celle-ci avait mis en lumière son rôle d'instigateur. Une seconde visite apostolique est ouverte. Neuf chanoines du chapitre de Manfredonia se décident enfin21 à envoyer une lettre, le 26 septembre 1926, à la congrégation du Concile et, le 18 octobre, à la congrégation du Consistoire. M. Gagliardi réagit, de toute la force de son autorité, pour les suspendre de leurs fonctions et les envoyer suivre une retraite afin de pratiquer les Exercices spirituels de St. Ignace de Loyola, à Naples22.
Ces neuf chanoines n'évoquent pas les mensonges et calomnies contre Padre Pio mais disent tout sur le scandale épiscopal Gagliardi qui a déjà 20 ans d'existence. Et oui, la vérité sort toujours du puits mais, à son sujet, elle a pris son temps : simonie pour l'ordination de prêtres homosexuels23, violences sexuelles sur des religieuses cloîtrées et détournement de fonds et d'honoraires de messes. Il est évident que le pouvoir moral de cet individu devait être incontestable, comment pouvez-vous en douter ? Pour ses supérieurs, il n'est pas évident de le sanctionner24 et il faudra encore attendre un an après la fin de l'enquête pour qu'une décision tombe. Le 1er septembre 1929, cet "évêque" Gagliardi est démis de ses fonctions.

Le plus scandaleux est qu'aucune des sanctions prises contre Padre Pio n'a été levée alors que l'ignominie de sa condamnation est évidente. Reconnaître une erreur n'est pas évident même pour la justice ecclésiale. Il faut savoir qu'un cardinal, préfet de congrégation, couvrait M. Gagliardi aux moyens de chantage et de concussion : raison pour laquelle il se sentait si fort... mais ledit cardinal fut démis de ses fonctions très discrètement. Pas de vague. E. Brunatto veut que les sanctions contre Padre Pio soient levées et il laisse clairement entendre qu'il est prêt à publier un livre pour dévoiler tous les rouages de scandale. A Leipzig, le livre est prêt pour être édité mais Padre Pio intervient pour qu'il ne soit pas diffusé car il craint que les ennemis de l'Église en fassent un usage certain contre Elle. Quelques personnes ont reçu cependant ce livre en pré-édition comme ceci se pratique couramment avant toute parution publique.

Finalement cette opération vérité aura un effet contraire : le 13 mai 1931, il y a une reprise de nouvelles sanctions contre Padre Pio qui dureront deux ans ! L’Église lui enlève toutes les facultés du ministère sacerdotal sauf la messe privée. Donc plus de confession, plus de messe publique, plus de direction spirituelle, plus d'enseignement au collège adjacent au couvent. Il était autorisé à prendre ses repas et dire l'office avec ses confrères : cela fait de lui un prisonnier innocent. Il accepte tout par obéissance mais il souffre d'être privé de sa faculté de sauver les âmes, sa mission première. Oui, quand les fumées de Satan se répandent impunément, les innocents souffrent.

Le 22 mai 1931, M. Alberto Del Fante publie un livre à Bologne "A Padre Pio da Pietrelcina, l'Araldo del Signore"25. Franc-maçon, il raconte comment sa conversion s'est opérée. Il avait été un ennemi de Padre Pio en publiant des articles pour dénoncer ses "mystifications". Son fils Eugenio fut atteint d'une tuberculose osseuse et ses jours étaient comptés. Malgré ses oppositions, sa femme se rendit à San Giovanni Rotondo : l'enfant revint guéri et ce franc-maçon anticlérical, meilleur que les grands prêtres qui avaient condamné le Christ malgré ses miracles accomplis, demanda le baptême. Cependant quelques membres du Vatican interdisent son livre26 en invoquant l'article 1399 du Code du Droit canon27 : cet ouvrage expose de "prétendus miracles et autres faits extraordinaires". Les pires ennemis ne sont pas toujours là où on les attend28 !

En 1933, depuis Paris, Emmanuele Brunatto est prêt à lancer un pamphlet brûlant : il a entendu trop de promesses non tenues et il sait trop de faits avérés sur ce petit réseau pourri mais trop agissant au sein de l'Église. Padre Pio le retient. Le Dr Festa publie une étude intitulée "Tra i misteri della Scienza e le luci delle Fede". Il s'agit ici de la première étude scientifique des stigmates. Je reviendrai ultérieurement sur cet aspect étrange du soupçon, plus fort que le doute, de certains hommes d’Église face à des miracles avérés.
La hiérarchie de l'Église se met enfin sur la bonne voie avec des hommes honnêtes et compétents, non aveuglés par leur pouvoir29 et leur orgueil30. Suite à une visite apostolique ordonnée par le Pape31, les supérieurs hiérarchiques de Padre Pio reconnaissent son obéissance à sa vocation, aux épreuves subies malgré les grâces reçues, son acceptation des ordres injustes.

En 1933, Pio peut célébrer la messe et confesser les religieux hors de l'église. En 1934, il peut confesser uniquement les hommes. Sa messe ne doit pas dépasser la demi-heure, communion non comprise. Cette restriction est grande quand on sait avec quelle plénitude, il entend célébrer la messe, cette plus belle prière faite à Dieu.

Deux grands projets sont animés par Padre Pio : un hôpital à la pointe des connaissances scientifiques, la "Casa Sollievo della Sofferenza" et la création d'une multitude de groupes de prière. Deux phrases de lui sont significatives : "Dans chaque malade, il y a Jésus qui souffre."; "Dans les livres, on cherche Dieu. Dans la prière, on Le trouve."32.
Il y aurait de multiples anecdotes sur les paroles prononcées par Pio. Maurice Zundel en a repris une, très souvent, dans ses homélies : A une personne qui lui dit : "Padre, je ne crois pas en Dieu.", Pio répondit : "Mais Dieu, mon fils, croit en toi.".

Notre capucin opère de nombreux miracles de guérison33 et il veut qu'un hôpital soit construit pour "recevoir les personnes qui demandent la charité et assistance au nom du Christ.". Si Dieu peut tout, les médecins peuvent œuvrer utilement. La science n'est pas ennemie de la Foi. La guérison de l'esprit n'empêche pas la nécessité d'une guérison du corps. Cet aspect mérite d'être mieux considéré. Une guérison miraculeuse ne remplace pas les soins médicaux : le miracle est une grâce exceptionnelle, un signe extraordinaire qui consiste à rénover l'âme34 de celui qui en bénéficie directement et les âmes de ceux qui l'entourent pour faire triompher la foi.

Casa Sollievo della Sofferenza (Maison du soulagement de la souffrance)

Pour suivre les intentions de Padre Pio, le 9 janvier 1940, un comité se constitue pour créer un hôpital en remplacement de celui que le tremblement de terre avait détruit. Le 14 janvier, son nom actuel sera adopté. Tout est à faire : Réunir des fonds, trouver un terrain; aménager les accès; suivre un chantier complexe...
Un dépliant est créé pour solliciter les donateurs : en couverture, y figure l’œuvre de Giotto représentant St François d'Assise donnant son manteau à un pauvre. Le début de la guerre retarde le commencement des travaux.
Le soutien financier principal provient d'un don extraordinaire de Emmanuele Brunatto qui a fait sa fortune en vendant des brevets pour la production d'une locomotive Diesel (jusqu'en URSS). Le 5 octobre 1946, une société juridique par actions est créée. Il y aura même une aide d'une fondation de l'ONU (UNRAA).

De 1945 à 1950, San Giovanni Rotondo est connu dans le monde entier : un grand nombre de pèlerins afflue. En 1954, une nouvelle église est édifiée. Le 22 janvier 1953, Pio fête ses 50 ans de sacerdoce.

Le 5 mai 1956, l'hôpital est inauguré : 9 ans de travaux; 1 milliard et demi de lires; 300 lits; 15 spécialistes; 45 médecins; une piste d’atterrissage pour hélicoptère; une école d'infirmières; plan conçu pour permettre des extensions ultérieures35. Ce lieu est un centre hospitalier à la pointe de la recherche médicale. Pie XII fait l'éloge des intentions de Padre Pio en des termes explicites : soigner les âmes ne doit pas impliquer de négliger les soins du corps; la vue des souffrances morales et physiques a inspiré son initiateur; importance que la médecine humaine englobe le corps et l'âme; le corps médical dans son ensemble devient les mains de Dieu.

Statut juridique particulier

Padre Pio était bien placé pour savoir les passions et les appétits des hommes quand il y a de grandes sommes engagées dans un pareil projet. Les cinquante actionnaires appartiennent tous au tiers ordre franciscain de Santa Maria del Grazie. La direction de l'hôpital, la Casa, a connu plusieurs changements à sa direction et Pio veut aussi assurer l'avenir financier de cette structure en la protégeant d'éventuelles dissensions entre les actionnaires. Un mystique peut être très réaliste en raison de sa connaissance des hommes.

En mars 1957, Pio demande au Pape Pie XII que toutes les actions soient mises à son nom et qu'à sa mort, elles soient remises à l'IOP36 afin de poursuivre son œuvre selon l'impulsion qu'il lui a donnée. En effet, le vœu de pauvreté interdit au capucin de posséder de l'argent : il lui faut donc une dispense. Pie XII connaît bien Pio et se méfie des financiers qui rôdent comme des lions à l’affût d'une proie tentante. Cette dispense lui sera accordée le 4 avril.

Le capital par actions est de 200 millions de lires. Lors d'une assemblée extraordinaire, toutes les actions, sauf une, remise au comte Telfener, représentant les laïcs, sont attribuées à Padre Pio qui devient actionnaire majoritaire de la Casa et directeur de l'hôpital. Les actions sont déposées à l'IOR.
En septembre 1957, Pio confie l'administration financière à un de ses fils spirituels , Angelo Battisti, un homme intègre et prudent. Il avait fonctionné précédemment à la secrétairerie d’État au Vatican.

Persécutions Acte II

Inévitablement, convoitises et jalousies amèneront sur Padre Pio une deuxième persécution du dieu Mammon, la première ayant été menée par l'Ange déchu. Pourtant guérisons surnaturelles et phénomènes extraordinaires sont opérés par Dieu à travers Padre Pio : autant de signes donnés de la puissance de Dieu pour amener les âmes à se sauver, à prendre conscience d'une vie éternelle après ce passage qu'est la mort. Ce passage, cette nouvelle naissance à Dieu, se prépare au cours de la vie terrestre37. Il suffit de prendre conscience que la miséricorde de Dieu est infinie pour celui qui se convertit de tout son cœur : cette conversion est la rencontre la plus parfaite possible avec Dieu en son cœur qui tend à devenir ainsi, un petit peu plus38, Son Cœur.

Scandale financier de Giambattista Giuffrè.

Précisons tout de suite que le scandale n'est pas né au sein de l’œuvre de Padre Pio qui a toujours condamné vivement comme amorale la pratique de l'usure.
Giambatista Giuffrè est un financier, né en 1901. A Bologne, il a travaillé pour la banque "Credito Romagnolo". Il la quitta pour créer la "Société anonyme des banquiers".
Depuis 1951, il promet des placements avec des taux d'intérêts de 40% à 100%, grâce à la Bourse et à des opérations financières. Il a persuadé les capucins à placer dans sa société, les dons reçus, réunis parfois avec des emprunts de fidèles encouragés par ceux-là : il a su créer cette confiance qui abuse si bien les honnêtes gens, ignorant tout des mécanismes de ce monde de l'argent. En cette période d'après-guerre, les fidèles comme les évêchés et les paroisses sont sensibles aux nécessités de construction ou de reconstruction : ce sentiment est normal mais il peut être exploité.

Projets d'un évêque

Mgr Bortignon, évêque de Padoue, a de grands projets qui nécessitent de réunir 5 milliards de lires. Il apprend avec inquiétude les fonds qui se récoltent en faveur de la Casa Sollievo de Padre Pio. Il n'hésite pas à interdire à tous ses fidèles de soutenir cette œuvre. Plus tard, il renforce les mesures : il sanctionne les prêtres et diocésains qui entendent favoriser ou entretenir les liens avec Padre Pio. Il a un vicaire nommé Albino Luciani qui, depuis 1947, partage cette hostilité contre le Stigmatisé, en raison de sa méfiance envers ce qui est surnaturel39. En 1958, M. Bortignon le propose comme évêque à Jean XXIII : il sera évêque de Vittorio Veneto40.

En 1958, le scandale éclate : le krach de cette société41 Giuffrè est connue de tous. Elle est mise en faillite en 1962 et son fondateur meurt le 11 juin 1963, sans passer devant la justice.

Difficultés financières des capucins

Les capucins de la province de Foggia ont été piégés : ils ont 1 milliard 600 000 lires à rembourser alors qu'ils ne disposent que de 1 million de lires. Les malversations et manœuvres commencent pour s'emparer des dons au profit de la Casa Sollievo : elle connaît une sage gestion, des rentrées régulières du monde entier, elle n'a pas de dette, le tout est contrôlé par le Vatican, des améliorations et des agrandissements sont réalisés selon ce que le budget permet42.
En octobre 1959, les capucins demandent 100 à 200 millions de lires à Padre Pio qui se trouve confronté à un dilemme : il veut utiliser les dons selon la finalité voulue par les donateurs43 ; d'autre part, il sait que son ordre peut l'obliger en raison de son vœu d'obéissance. En janvier 1960, il leur accorde un prêt de 40 millions de lires.

Des moyens détournés sont mis en œuvre pour récupérer des fonds : le provincial44 ordonne que les offrandes45, chèques remis à Padre Pio soient remis à l'économe du couvent et non à la Casa. Les lettres qu'il reçoit sont ouvertes et le tri des chèques s'effectuent avec la subtilité suivante : ceux avec mention "Pour Casa Sollievo della Soffrenza" sont remis à la Casa mais tous les autres sont au profit du couvent qui partage ces revenus avec la Province. Une autre astuce est employée : la carte des vœux pour l'année 1960 mentionne un compte bancaire pour les dons mais avec le numéro de compte du couvent et non celui de la Casa. Il y a des "religieux" qui ne manquent pas d'imagination quand il s'agit d'argent. Certains confrères de Padre Pio deviennent des persécuteurs ! Le pire est encore à venir.

Le 16 mai 1960, "M." Bortignon, à fonction d'évêque de Padoue, dépose un dossier de 16 volumes d'accusations (pour schisme charismatique) contre Padre Pio. Il faut lui reconnaître le mérite, et c'est bien le seul, de ne pas se cacher derrière d'autres personnes pour assurer ses calomnies46. Il suspend deux prêtres47 car ils avaient formé des groupes de prière malgré son interdiction et, qu'en plus, ils se confessaient à Padre Pio. Il interdit à une femme48 de s'approcher des sacrements car elle avait récolté des fonds pour la Casa auprès des fidèles de Padre Pio, surtout parce qu'elle lui avait refusé de partager les sommes réunies. Mgr Albino Luciano, maintenant évêque, soutient son confrère, spécialement dans son bulletin du 4 février 1960.

Le Cardinal Ottaviani49 envoie Mgr Crovini contrôler les comptes de la Casa et d'enquêter sur les plaintes de Bortignon. Du 18 au 28 avril 1960, ce Mgr a épluché les comptes et validé leur bonne tenue. Il dénonce les pratiques répréhensibles des supérieurs de Padre Pio. Mais avant que son rapport soit délivré, le supérieur général de l'ordre franciscain demande la désignation d'un autre enquêteur ! Quelques religieuses50 de la Casa voient un moment opportun pour leur ordre de prendre la direction de l'hôpital51 et n'hésiteront pas à se joindre à la meute.

La suspicion se crée autour de Padre Pio : il aura des défenseurs et des ennemis acharnés. Trois supérieurs directs52 de Padre Pio passent à l'offensive : ils placent des micros53 dans différents endroits du couvent pour écouter et enregistrer54 les propos de Padre Pio, y compris dans le confessionnal : ce qui est un sacrilège scandaleux.
Le Cardinal Ottaviani désigne un visiteur apostolique Mgr Ronca que récuse le ministre général de l'ordre des capucins en faveur d'une personne certainement plus favorable, "guidable" pour employer le terme d'un proche de ce dernier. Ainsi, Mgr Carlo Maccari est suggéré au Pape Jean XXIII. Ce visiteur est accompagné de "don" Barberini55. Un point positif, Maccari ordonne l'arrêt des enregistrements56; par contre, il conduit une enquête hostile selon les vœux de ceux qui l'ont piloté à cette mission et ordonne de placer des grilles pour éloigner les fidèles de Padre Pio.
Le 10 août 1960, Padre Pio fête dans la tristesse ses 50 ans de sacerdoce : Jean XXIII ne lui a même pas accordé sa bénédiction apostolique. Pour son jubilaire, Pio offre une belle prière sacerdotale à Marie.

Le 3 octobre 1960, un communiqué de presse du Vatican provoque une campagne médiatique énorme de dénigrement sur la gestion de la Casa et sur Padre Pio. Le Maccari distille par bribes des éléments de son rapport, à quelques journalistes sélectionnés : quelques membres du clergé savent manipuler adroitement les hommes de presse57, ce qui est d'autant plus facile quand d'autres intérêts politiques sont en jeu. Les anticléricaux se frottent les mains, les ennemis de Padre Pio jubilent : "M." Bortignon en tête.
Heureusement, les fidèles du stigmatisé ne se laissent pas impressionner : ils écrivent et surtout agissent. Mais, pour l'accusé, c'est un calvaire : comment ne pas penser au Christ condamné par les Grands Prêtres juifs lorsqu'ils veulent sa mort, en exigeant toute la rigueur de la justice romaine, malgré la conviction de Ponce Pilate quant à son innocence.

Le Vatican subit l'influence de ce Maccari et prend des mesures incroyables à l'encontre du plus fidèle serviteur du Christ : la force du mensonge est totale. Le 31 janvier 1961, des mesures lourdes sont prises et elles dureront jusqu'en 1963 : messe à durée limitée, à horaire irrégulier, afin d'éviter l'assiduité des dévots et surtout des dévotes. Une nouvelle fois, Padre Pio accepte tout par obéissance.

Le Pape Jean XXIII, alors que les comptes de la Casa sont remarquablement bien gérés, décide que le Saint-Siège devienne propriétaire de la Casa. Évidemment cette décision jette le doute quant à sa gestion qui est pourtant remarquable par sa qualité. Plus tard, il sera dit par le Cardinal Ottaviani que c'était pour protéger l’œuvre de Padre Pio contre tout détournement de fonds de ses supérieurs : la mesure visait donc plus les capucins que Padre Pio, encore fallait-il le savoir !

Les défenseurs laïcs du stigmatisé se remettent à l'ouvrage. Des vérités se diffusent enfin mais elles ne sont pas bonnes pour les capucins. Ceux-ci n'hésitent pas à demander à Padre Pio, en septembre 63 et décembre 64, de nier le fait que des micros aient été placés. Il refusa par deux fois : il ne pouvait pas mentir même pour son ordre, garder le silence était déjà beaucoup. Son ordre est partagé face à tous ces évènements entre admiration fidèle pour les uns et hostilité déclarée pour les autres58 et au milieu, les indécis par nature qui préfèrent ne pas avoir d'opinion afin de ne pas courir le risque de se tromper. Toutefois, je vous lis une décision prise par leur supérieur, seulement par un extrait explicite : "Les autorités de l'ordre jugèrent néfaste59 son influence sur les novices de la Province." car les novices et séminaristes aimaient se confesser à Padre Pio : ils seront dispersés dans d'autres provinces !

Une mobilisation qui porte ses fruits

A nouveau, des laïcs s’engagent pour que la vérité éclate. Nous retrouvons Emmanuele Brunatto et Francesco Morcaldi et un riche industriel de Padoue, Giuseppe Pagnossin qui réunissent une masse considérable de documents et de témoignages irréfutables.
Dès mai, Brunatto fonde à Genève (Suisse) une association de défense de l’œuvre et de la personne de Padre Pio : six juristes spécialistes de droit international forment un comité dirigé par Jean-Flavien Lalive du barreau de Genève. Il compose un Livre blanc, qui ne sera pas édité, mais dont les épreuves sont portées à la connaissance de quelques politiques comme de cardinaux du Vatican. Il a des entretiens directs avec le Cardinal Ottaviani. Il apparaît que le secrétaire de Jean XXIII60 , Mgr Capovilla était très lié à Bortignon. A la mort de Jean XXIII, le livre était à l'impression.
Il faudra attendre l'élection de Paul VI, qui a connaissance du Livre blanc, pour que Padre Pio retrouve une sorte de libération dès le 30 janvier 1964. Sa diffusion est retenue car des changements, des allègements disciplinaires, sont reconnus par Padre Pio. Le Vatican lui demande un témoignage contraire à la vérité. Par obéissance à Rome qui entend réhabiliter les hommes d’Église61, Padre Pio signe le 16 décembre 1964 !

En 1965, une liturgie nouvelle est expérimentée, alors qu'elle ne sera obligatoire que depuis 1969, soit après la mort du Stigmatisé. Il en a connaissance et il demande, en 1965, de pouvoir célébrer la messe selon le rite tridentin. Il est inquiet des multiples réformes et nouveautés qui agitent les pères conciliaires, pas toujours d'accord entre eux sur divers points. Il porte sur le moment un regard plutôt pessimiste. Nous voyons l'état de l'Eglise actuellement en 2020 et chacun peut conclure par lui-même : surtout il est primordial, pour l'Église de demain, de ne pas se mentir !

Dès le 19 mars 1965, Padre Pio subit diverses atteintes à son état de santé. Il est pour le moins étrange que les médecins compétents ne puissent pas approcher ce patient qui a tant fait pour la Casa ! Depuis le 24 novembre 1966, il doit célébrer la messe assis, plus fréquemment et quand il le peut. A une de ses proches, il prédit que dans deux ans, il ne sera plus de ce monde. En 1967, il a confessé tout de même 15 000 femmes et 10 000 hommes : sauver les âmes malgré sa faiblesse physique et son épuisement. Dès le 24 mars 1968, il se déplace en fauteuil roulant. Le 12 septembre, Pio écrit une lettre de soutien au Pape Paul VI pour son encyclique, du 25 juillet, Humanae vitae : le Credo de l'Eglise ne doit pas être remis en cause par certains prêtres ou évêques62 !

Il meurt dans la nuit du 22 au 23 septembre 1968. Des questions se posent sur la qualité du médecin qui lui fut désigné : une chose est certaine, son incompétence. Est-ce pour ce critère décisif qu'il fut choisi par son ordre ? Des spécialistes de la Casa n'ont pas pu l'approcher durant sa maladie : c'est étrange.

La vie mystique

Padre Pio et Jean de la Croix

Lors d'une communication précédente, l’œuvre de Jean de la Croix vous a été présentée63. Il y a un lien avec Padre Pio : à quatre siècles d'intervalle, tous deux nous décrivent le chemin de l'âme pour approcher Dieu et vivre le début d'une union mystique avec Lui.
Giusepe Pagnosin a publié un texte inédit64 de Padre Pio qui a pour titre "Bref traité de la nuit obscure". Il nous dévoile une remarquable synthèse de sa vie spirituelle. Le manuscrit est en soi plutôt original : seize pages écrites aux dos d'enveloppes déjà utilisées. La similitude spirituelle entre ces deux mystiques est évidente. Retenons que chaque expérience spirituelle est particulière mais le but est le même : vivre une union avec Dieu, dans un espace de temps privilégié.

En voici quelques traits qui ne doivent pas vous empêcher de lire le texte en entier65 car il mérite une lecture attentive :
  • renoncer à sa volonté pour accomplir la volonté de Dieu;
  • Nécessité de diverses purges personnelles;
  • L'âme, avant cette purge, n'est jamais satisfaite : tristesse et mélancolie en témoignent; sensation d'aridité.
  • Se méfier de fausses piétés consistant à s'attacher à un lieu, à un confesseur, à un livre de lecture, à une image... alors que vous n'éprouvez avec ceux-ci aucune douceur de l'âme.
  • Opérer au préalable une purge de l'esprit qui passe d’abord par une purge sensitive;
  • La purge sensitive n'est pas évidente : il s'agit de vaincre des tentations sensibles.
  • Le but à atteindre : une plus haute contemplation.
  • La contemplation conduit à une union plus intime avec Dieu.
  • Encore à ce moment-là, et surtout à ce moment-là, les tentations peuvent être encore plus grandes et plus fortes : fornications, blasphèmes qui ont pour but de culpabiliser et ainsi le diable atteint son objectif : scrupules, peurs et angoisses infinies empêchent l'âme d'avancer66.
  • L'âme arrive à un stade où elle est dans l'incapacité de jouir des choses naturelles ou surnaturelles (aveuglement ou absence de discernement spirituel, sécheresse de l'âme; cœur de cuir ou de pierre...).
  • Pour résister : l'âme doit garder la mémoire de Dieu, de Sa force et de Sa miséricorde.
  • Les âmes bénies par Dieu peuvent subir les assauts du diable : les astuces de ce dernier sont infinies.
  • La durée de ces tourments est variable selon les personnes.
  • La seconde purge de l'âme est la purge spirituelle.
  • Le premier stade est dans le fait de trouver aucune consolation ni dans les choses sensibles, ni dans les choses spirituelles : ceci peut aller de l'indifférence à une sorte de mépris de tout.
  • Garder le cap, c'est mettre sa confiance en Dieu.
  • Malgré répugnance et grande peine, il peut y avoir des assauts de la chair afin de vous éloigner de l'oraison ou de vous en faire perdre la saveur.
  • Ne pas se laisser prendre par la terreur en ce cas de figure.
  • Ne pas ignorer le lien âme-corps : le plaisir ou le déplaisir de l'âme a une répercussion sur le corps.
  • L'âme subit de nombreux coups avant de pouvoir partager une forme d'union avec Dieu (l'union parfaite ne surviendra qu'à la deuxième naissance que nous appelons communément la mort).
  • La purgation est lente et de nombreux obstacles doivent être surmontés.
  • Il ne s'agit pas de s'adonner à des oraisons ou des pénitences excessives qui en gâteraient la charité.
  • Il s'agit de ne pas se comparer mutuellement sur la façon dont chacun sert Dieu et les diverses grâces67 qui en résultent : orgueil dommageable.
  • Discerner les grâces reçues : rendre gloire à Dieu pour celles-ci.
  • Se laisser guider par Dieu dans l'oraison et la contemplation sans croire que la prière ou l'exercice spirituel soit fastidieux car sans dilection sensible.
  • Patience et constance : deux vertus à cultiver.
  • Garder l'humilité d'esprit.
  • Ne pas entrer dans de vains discours ou d'inutiles polémiques : dire la vérité et lutter contre le mal, être certain que Dieu fera le reste.
  • L'âme n'oublie pas ses propres misères : avoir un cœur humble.
  • Retrouver la saine liberté de l'esprit.
  • Trois ennemis à combattre en permanence : le monde et ses vanités, le diable et ses tentations comme la chair en ce qu'elle peut avoir d'impur68.

La prière

Savons-nous encore prier dans ce monde d'agitation et de suractivité ? Pour retrouver l'importance de la prière, Pio est un guide sûr.

La prière soulage l'âme du poids du péché. Elle nous aide à persévérer dans la Foi. Elle nous unit aux défunts qui prient avec nous (il suffit de les associer au cœur de notre prière). Elle ouvre une vraie conversation avec Dieu. Elle est un chemin de purification spirituelle. Elle est un acte de confiance à Dieu. Sa qualité ne se mesure pas par sa longueur ou par son éclat rituel ou par le lieu où elle se pratique : sa validité dépend de la sincérité du cœur de la personne qui la prononce.

L'appel du Pape Pie XII de 1945 à 1950 a bien répondu à l'attente de Padre Pio. Des groupes de prière ont surgi dans le monde entier et il en existe encore.
Pour accompagner la prière, il y a des guides et des modèles sûrs que Pio sollicite souvent : la Vierge Marie, St. Michel archange et St Antoine de Padoue.

La prière est reconnaître la maternité de Dieu le Père dans nos vies. Pourquoi maternité ? Car nous devons naître à Dieu qui nous a donné déjà la vie terrestre, une vie biologique qu'il convient de spiritualiser pour devenir enfant de Dieu. Il s'est incarné en Jésus pour nous l'apprendre. Après de nombreux miracles démontrant sa force, Jésus a accepté la mort en se laissant humilier sur la croix pour nous sauver. Dieu a opéré, opère et opérera des signes dans nos vies : saurons-nous les reconnaître ?
L'aveugle volontaire n'y arrivera pas. Padre Pio a été désigné, par quelques individus au sein de l'Eglise, comme une personne néfaste mais il n'en était rien. La Lumière est néfaste à ceux qui préfèrent les Ténèbres, pour des raisons diverses69 mais il n'est point ici le temps d'analyser ce sujet. L'apôtre Paul dit comment il faut se comporter face à l'inconduite de membres de l'Eglise dans sa Première épître aux Corinthiens, au chapitre 5, versets 9 à 13 : tout y est dit70 et il n'y a rien à ajouter.



Les stigmates

Évidemment, nous abordons là le sujet qui a troublé le plus les scientifiques, les hommes d’Église et les fidèles. Deux théories s'affrontent : pour les athées et les positivistes, l'autosuggestion a occasionné des plaies hystériques; à défaut d'explication scientifique, ces plaies ont une origine surnaturelle car ces blessures sont non-chirurgicales mais d'origine et de cause inconnues.
Les spécialistes, notamment J. Babinski, s'accordent à affirmer qu'il n'a jamais été constaté des lésions cutanées d'origine hystérique : il n'y a pas de confusion possible avec une automutilation par exemple. Par contre, ce même Babinski71 donne un diagnostic fiable quant à une maladie psychologique72 probable : "L'hystérie peut produire de l'aphonie et des troubles respiratoires.", en absence d'une lésion organique soit à la gorge, soit à un poumon ou soit au cerveau (en raison d'un accident vasculaire cérébral par exemple).

Dans tout dossier soumis à controverses, les faits prédominent normalement pour les esprits objectifs et quels sont-ils ?
  • Les blessures sont restées sanglantes jusqu'à la mort de Padre Pio, soit pendant 50 ans;
  • Les plaies n'étaient jamais infectées;
  • Les plaies ne cicatrisaient pas et ne subissaient aucune évolution significative;
  • De la seule plaie du côté, la perte de sang pouvait être de la valeur d'une tasse par jour;
  • Sa nourriture quotidienne infime ne pouvait pas compenser ce phénomène;
  • Une si longue autosuggestion ne s'est jamais vue;
  • Les plaies ne dégagent pas un odeur fétide mais une fragrance spéciale selon les circonstances, parfois de violette ou de rose ou de lilas ou encore de magnolia.

En 1963, Emmanuele Brunatto établit le constat clinique des plaies de la façon suivante :

"Elles se présentaient comme des taches de couleur rouge-brun, nettes, rondes, d’environ 2 cm de diamètre, aux deux côtés des mains et des pieds et une tache linéaire de même couleur, d'environ 7 cm de longueur pour 1 cm de largeur, au thorax de gauche. Aucun indice n'apparaissait de blessures extérieures produites par un agent quelconque, naturel ou surnaturel.
Les neuf taches étaient, en réalité, des membranes faisant corps avec l'épiderme environnant, lequel était parfaitement normal, sans rougeur ni réactions inflammatoires. Quelques temps après, des gouttelettes de sang commencèrent à filtrer tout autour des membranes qui se transformèrent en escarres. Celles-ci, sous la pression sanguine, tombaient de temps à autre et se reformaient, laissant à découvert, dans les intervalles, des blessures en profondeur."73

Un témoignage parmi d'autres, celui du Père Pietro da Ischitella :

"Durant un des examens auxquels nous avons soumis le Padre Pio en 1919, je lui ai fait poser la main ouverte sur une table recouverte d'un journal. En lui enlevant la mitaine, l'escarre qui recouvrait la plaie est tombée et j'ai vu le trou qui traversait la main de part en part. A tel point que je pouvais voir les grosses lettres du journal à travers la plaie."

Le plus surprenant est que les plus grandes suspicions quant aux stigmates, comme quant aux miracles que Padre Pio opère au nom de Dieu, proviennent de l'Eglise ! Or depuis le Moyen Age, il y a plus de 100 cas avérés et reconnus de Stigmatisés (homme ou femme). Par exemples, en France, il y a eu Marie-Julie Jahenny et Marthe Robin; en Belgique, Louise Lateau. 

Dans le "Traité de théologie mystique" du Père Poulain, Jésuite, écrit en 1901, est souligné le fait qu'à leur origine, il n'y a pas de suggestion. Par contre, sept caractéristiques se retrouvent dans tous les cas : 1, plaies réelles; 2, écoulement de sang; 3, plaies persistantes; 4, plaies inguérissables; 5, vraies douleurs; 6, extases fréquentes; 7, pas d'infection avec odeur fétide mais un parfum.

Ce qui est moins su du public est que Padre Pio a subi à plusieurs reprises d'autres souffrances du Christ : des plaies dans le dos, autour de la tête ou sur l'épaule droite. Il en parlait ainsi : "Tout ce que Jésus a souffert dans sa Passion, je le souffre moi aussi, pour autant que cela soit possible à une créature humaine. Et ceci malgré mon peu de mérite et par sa seule Bonté..."

Ses stigmates sont des représentations symboliques de celles du Christ que je vous ai mentionnées dans ma présentation du Linceul de Turin74 : elles ne sont pas les répliques exactes des vraies plaies.

Il y a d'autres phénomènes que les stigmates et encore bien plus étranges pour la science humaine.
Les phénomènes mystiques

Ils sont autant de signes opérés par Dieu à travers Padre Pio. Ces signes de la puissance de Dieu devraient convertir les cœurs mais trop de raison et/ou trop d'aveuglement volontaire empêchent l'esprit de reconnaître ce qui est et ce qui ne s'explique pas par les seules sciences. Il y a un monde invisible avec des forces invisibles : le mystère de la Foi consiste à accepter le mystère de Dieu qui agit pour le Bien de l'homme. Les forces du Mal ont aussi des moyens de se faire connaître : seul le discernement de l'âme permet de choisir entre le bien et le mal (qui ne dépend pas uniquement d'une morale fluctuante car seulement déterminée par les hommes et servant des passions au lieu de ce Bien à atteindre et à vivre).

1, Cardiognosie ou connaissance des cœurs
Sans que la personne ne dise quoi que ce soit, Padre Pio la connaît et peut identifier des fautes qu'elle aurait pu commettre et dont elle n'a pas eu conscience. Il a aussi cette faculté de lire les pensées d'une personne, sans qu'elle les exprime vocalement. Il s'agit du don de pénétration des consciences ou tout simplement de discernement des esprits. Cette clairvoyance a fait de Padre Pio un confesseur exceptionnel.

2, Conversion subite
Un homme pécheur, non croyant ou sceptique quant à la foi, change brusquement et quitte son égarement pour devenir un homme nouveau. Le résultat chez le converti se reconnaît en cette joie si particulière qui l’anime. Parfois la conversion se faisait plus lente mais cette durée avait un sens : susciter une introspection nécessitant plus de temps afin que le cœur se purifie totalement.

3, Guérison miraculeuse
Le cas le plus extraordinaire aux yeux de la science est cette aveugle Gemma di Giorgi qui, sans pupille, a la capacité de voir. A la demande de Padre Pio, au début, elle a refusé de parler publiquement de cette guérison. Oui, Padre Pio ne travaillait pas pour son image mais pour témoigner de Dieu : la confusion n'est pas possible !
Il y a eu de multiples guérisons et la liste serait trop longue à établir.

Ces miracles de guérison des corps s'accompagnent toujours de la guérison des âmes.

4, Thaumaturgie
Face à son don des miracles, il y a deux attitudes possibles qui s'expriment ainsi :

"Ce n'est pas possible, donc ce n'est pas." et, dans ce cas, il et inutile de lire le Nouveau testament : le refus du surnaturel est l'attitude des grands prêtres juifs75 qui iront jusqu'à demander que l'auteur des miracles soit crucifié;

"Cela est, donc c'est possible." : les faits sont là, il suffit de les reconnaître, de les accepter. Il convient de lire les signes du pouvoir de Dieu avec humilité, ceci passe par l'acceptation du mystère de Dieu et implique de Lui faire confiance : Il a aimé les hommes jusqu'à mourir sur une Croix pour sauver tous les hommes qui Le reconnaîtront soit par la Foi (qui doit être agissante76, de différentes façons), soit par leurs actes (pour les personnes qui ignorent tout de la Foi mais qui, sans le savoir, agissent dans la voie de Dieu : il y en a77).

5, Fragrances
Suivant les circonstances, l'entourage de Padre Pio percevait divers parfums: de son corps ou d'objets qu’il avait bénits. Ce phénomène se produit aussi lors de ses bilocations. Cinq signes distincts sont donnés :

1, senteur de pain frais pour inciter à la communion.
2, effluve de résine brûlée pour l'annonce d'une mort imminente.
3, puanteur d'acide phénique pour signaler l'œuvre du Diable.
4, arôme d'encens pour une invitation à la prière ou comme signe de protection.
5, fragrance de violette ou de rose comme signe d'une grâce accordée.

6, Bilocation
Cadorna, après la défaite de Caporeto78, est rendu responsable de celle-ci de façon injuste (il était désigné comme la victime expiatoire; de cette façon, certains politiques79 sauvegardent leur image). Il décide de se suicider mais, alors qu'il s'apprêtait à tirer, le Padre Pio lui apparaît par bilocation et dépose son revolver. Seulement quelques années plus tard, Cadorna reconnaîtra les traits de son sauveur à San Giovanni Rotondo.
Ceci n'est qu'un cas parmi une multiplicité d'exemples pouvant être cités. La science ne l'explique pas mais il y a tant de choses qu'elle n'explique pas encore : une invitation à la modestie chez les scientifiques (et ils sont nombreux à savoir que dans l'infiniment grand ou l'infiniment petit qu'ils découvrent, il y a encore et toujours un mystère qu'ils n'arrivent pas à percer80 ).

7, Prophétie
Pendant la guerre, il a pu rassurer des familles sur un soldat dont on était sans nouvelle certaine. A de nombreux pénitents, il a pu annoncer ce qui leur arriverait d'heureux ou de malheureux81.

8, Inédie
Très faible consommation de nourriture et parfois absence totale de nourriture, malgré ses pertes de sang et de sa vie active : ce phénomène suscite la surprise des médecins qui l'observent.

9, Hyperthermie
Il fallait lui prendre parfois la température avec un thermomètre de bain car il atteignait des prises de température très élevées (jusqu'à 48°5 : ce qui est à vue humaine impossible mais ceci est avéré à plusieurs reprises : prenons-en acte et je comprends que cela puisse troubler les esprits purement rationalistes, sans que je remette en cause les témoignages qui l'attestent).

10, Luminescence
Les stigmates émettent de la lumière. Plusieurs témoins l'attestent. La lumière de la transfiguration se retrouve aussi bien dans l'Ancien Testament (le buisson ardent) que dans le Nouveau testament (le récit de la transfiguration).

11, Souffrances de compensation
Sa capacité à prendre sur lui la souffrance d'un malade qui s'en trouve ainsi soulagé s'est démontrée très souvent.

12, Clairaudience
Dans son couvent, Padre Pio a la capacité d'entendre ceux qui l'invoquent n'importe où dans le monde. Et ceci est possible même après sa mort. Il est donc précieux de pouvoir l'invoquer pour intercéder Dieu sur une cause (pas forcément pour la sienne mais pour celle d'autrui : la prière monte encore plus facilement lorsqu'elle est prononcée pour autrui ....).

13 Tourments diaboliques
Le Diable existe même si quelques prêtres nient son existence comme ils excusent tout aussi facilement Judas ou le Grand Caïphe82 : ceci doit susciter votre méfiance légitime quand vous êtes confrontés à leurs propos ou actes indélicats83. Je le dis volontiers car j'en ai connu et j'ai pu les observer attentivement pour mieux apprécier ces religieux qui rayonnent de la joie du Christ.

14, Don des langues
Padre Pio comprenait et s'exprimait dans les langues qu'il n'avait jamais étudiées lors des confessions ou de ses bilocations.

Vouloir réduire tous ces phénomènes sensoriels à des types pathologiques peut rassurer quelques-uns mais pas celui qui a le Foi et qui reconnaît à travers ces signes la puissance de Dieu qui s'est exercée pour sauver l'homme et non pour le détruire. Il est à retenir que le corps peut souffrir parfois pour le plus grand bien de l'esprit.

Conclusion

Après ce parcours de vie, il n'est pas évident de conclure. Soulignons quelques points.

Padre Pio révèle le vrai visage de l'Eglise et aussi les visages hideux de ceux qui La défigurent. Le bien révèle aussi le mal qui revêt différentes formes : aveuglement quant aux charismes et dons d'autrui, refus du surnaturel, abus spirituel, abus d'autorité, enquête négligée, mensonges, calomnies, goûts prédateurs de natures diverses … Garder le sain discernement à la lumière de l'Esprit saint est le meilleur moyen de ne pas se tromper ou de se laisser abuser. Ensuite, il faut agir au mieux : l'ennemi est redoutable et ses victoires apparentes cachent sa défaite à venir. La Vérité met du temps à sortir de son puits.

Il nous est demandé de prier pour nos ennemis et, bien entendu, il ne s'agit pas de prier pour le succès de leurs actions84 mais pour leur conversion afin qu'ils aient le regret sincère de leurs fautes : le bon larron a été sauvé à la dernière minute mais pas le mauvais larron (« Ce qui s'oublie trop volontiers ! » : Silence, il ne faut jamais dire çà ! ). Pour ce cas de figure, l'Eglise nous invite à prier avec les Psaumes et ils sont nombreux : ma préférence est pour le Psaume 2885 (Seigneur, je fais appel à toi). Et accordons toute notre confiance à Saint Paul quand il écrit dans la Deuxième épître à Timothée :

(3, 1-9) : « Sache bien ceci : dans les derniers jours surviendront des temps difficiles. Les hommes, en effet, seront égoïstes, âpres au gain, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans cœur, implacables, médisants, sans discipline, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l'orgueil, amis des plaisirs plutôt qu'amis de Dieu; ils garderont les apparences de la piété, mais en auront renié la puissance. Détourne-toi aussi de ces gens-là ! Car ils sont des leurs, ceux qui s'introduisent dans les maisons et prennent dans leurs filets des femmelettes chargées de péchés, entraînées par toutes sortes de désir, toujours en train d'apprendre mais sans jamais être capables de parvenir à la connaissance de la vérité."

(4, 14-18) : « Alexandre le fondeur a fait preuve de beaucoup de méchanceté à mon égard, Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres. Toi aussi, prends garde à lui, car il s'est violemment opposé à nos paroles.
La première fois que j'ai présenté ma défense86, personne ne m' assisté, tous m'ont abandonné. Qu'il ne leur soit pas tenu rigueur. Le Seigneur Lui m' a assisté; Il m'a revêtu de force, afin que par moi le message fût pleinement proclamé et qu'il fût entendu de tous les païens. Et j'ai été délivré de la gueule du lion!
Le Seigneur me délivrera de toute entreprise perverse et me sauvera pour son Royaume céleste. A Lui, la gloire dans les siècles de siècles ! Amen. »

Padre Pio donne un sens à la souffrance : Dieu est avec celui qui souffre aussi bien moralement que physiquement; parfois, Il opère, à travers des femmes ou des hommes choisis, des miracles qui sont des signes de Sa puissance afin de donner confiance en Lui et de convertir les cœurs voilés par les ténèbres. Cependant pour guérir les corps, Dieu a besoin des hommes : les mains des médecins qui œuvrent pour la vie87; les religieux éclairés par l'Esprit Saint ayant la capacité de guérir les âmes88. Guérir l'âme aide la guérison des corps89.

Il y a nécessité de lutter contre le péché mais pas contre le pécheur qui peut toujours se convertir, avant qu'il ne soit trop tard (la Miséricorde de Dieu est donnée à tous mais pas à ceux qui La refusent par leurs actes et/ou leurs reniements90). Le fidèle chrétien livre deux combats : contre le péché intérieur et cette lutte n'est pas la plus facile, face aux tentations et aux vanités du monde; contre Satan aux multiples visages mais se révélant par ses œuvres : le mépris des travaux des autres, le mépris des personnes, l'égoïsme sacré de l'homme qui se détache de Dieu pour n'être qu'un individu cultivant son image, son paraître afin de cacher au mieux son néant intérieur et au pire sa perversité.

Les ténèbres du monde sont les épreuves que l'âme doit surmonter pour trouver Dieu : chemin difficile mais Dieu vient à notre rencontre dans le secret de notre cœur. Rien ne doit nous le faire oublier. Le chemin de la Foi n'est pas facile : vaincre la nuit de l'esprit comme les ennemis de l'esprit est une lutte à la fois intérieure et extérieure.

Les miracles sont des signes de Dieu donnés aux hommes. Le plus tragique est que des hommes d'Église ne les reconnaissent pas. Il y a là un manque de foi à double face : d'un côté, le refus de les reconnaître quand ils ont lieu et, d'un autre côté, les demander quand il n'y en a pas. Certains veulent des miracles impressionnants et restent ainsi incapables de remarquer les mille et un miracles dont ils ont eu le bénéfice dans leur vie : naître, la foi reçue au baptême, des parents bon éducateurs, des enseignants qui instruisent en vérité, des hommes de Dieu fiables, des hommes sages et de bon conseil, une rencontre opportune à un moment difficile de la vie, l'épouse ou l'époux qui demeure la vraie moitié de l'autre, une amitié oblative (c'est-à-dire non possessive ou non intéressée91), le sourire d'une personne inconnue, un panorama enchanteur, la beauté d'une fleur ou du chant d'un oiseau, un moment de pur bonheur qui illumine vos souvenirs … Ne me dites pas que vous n'avez jamais rien eu de semblable ! Réfléchissons et remercions Dieu de toutes ces grâces du quotidien qui embellissent la vie.

Vivre en mystique consiste à placer son intelligence dans la main de Dieu : accepter et explorer le livre ouvert des connaissances comme rester dans l'attente de l'ouverture de ce livre encore fermé qu'est le mystère de Dieu92. S'abandonner à Sa Volonté de la façon la plus totale est une des démonstrations de Padre Pio. Il s'agit de se laisser éclairer par la lumière de l'Esprit saint pour entendre correctement la parole du Christ et suivre le modèle de vie, autant que faire se peut selon les dons reçus, du Dieu qui s'est incarné jusqu'à souffrir la mort la plus ignominieuse qui soit : tout par amour de l'homme, pour sauver l'homme.

Le plus surprenant est ce contact charnel de Padre Pio, ce grand mystique, avec le réalisme de la vie. Il a mené un combat permanent pour nous sensibiliser à la vérité des sacrements et pour nous amener à vivre la vie de façon chrétienne, comme Saint Paul le dit dans le chapitre 4, 1-5 de sa Deuxième Épître à Timothée chaque Chrétien étant appelé à être "prêtre93, prophète94 et roi95 " :

"Je t'adjure en présence de Dieu et du Christ Jésus,
qui viendra juger les vivants et les morts,
au nom de sa manifestation et de son règne :
proclame la parole,
insiste à temps et contre-temps,
reprends, menace, exhorte,
toujours avec patience et souci d'enseigner.

Viendra un temps, en effet,
certains ne supporteront plus la saine doctrine,
mais, au gré de leurs propres désirs
et l'oreille leur démangeant,
s'entoureront de quantité de maîtres.

Ils détourneront leurs oreilles de la vérité,
vers les fables ils se retourneront.

Mais toi cependant, sois sobre en toutes choses,
supporte la souffrance,
fais œuvre d'évangéliste,
remplis ton ministère."
Antoine Schülé

Autres sujets : antoineschulehistoire.blogspot.fr


Petit florilège

Les titres introductifs ne sont pas de Padre Pio mais donnés pour vous en faciliter le choix.

Dieu prend la condition d'homme : Jésus
"Contemplons avec une reconnaissance émue ce grand mystère par lequel le Cœur de Jésus est attiré avec force par sa créature; considérons combien Il s'est abaissé, jusqu'à assumer notre chair pour partager notre pauvre vie terrestre; méditons avec quelle ardeur Il a annoncé la bonne nouvelle; adorons le sang versé jusqu'à la dernière goutte pour la rédemption de l'humanité. Alors dans cette foi, humblement, inclinons devant Lui nos fronts impurs avec ce même ardent amour dont il auréole nos âmes."

Le Salut à transmettre
"N'oublions pas ceci : le Sacré Cœur de Jésus ne nous a pas seulement appelés à notre seule sanctification personnelle, mais à collaborer humblement au salut de nos frères. Il désire que nous L'aidions à sauver les âmes."

Vivre en présence de Dieu
"Si tu n'arrives pas à rester longtemps en prière ou en train de méditer, il ne faut pas te décourager. Tant que tu recevras le Christ avec ferveur et chaque matin dans le sacrement de l'Eucharistie, estime-toi heureuse au plus haut point.
Dans la journée, lorsqu'il ne t'est pas possible de faire plus, appelle Jésus Christ par un gémissement de ton âme, même au beau milieu de tes occupations; Il viendra et restera uni à toi par Sa grâce et Son amour.
Vole en esprit devant le Tabernacle quand tu ne peux y aller physiquement, et là, épanche tes désirs auprès de ton Bien-Aimé, parle-Lui et prie-Le."

Une façon de méditer
"Soyez vigilants quand vous méditez. Généralement ceux qui se livrent à la méditation le font avec une sorte d'arrogance, tant ils sont anxieux de trouver le sujet susceptible de consoler leur esprit, et cela suffit à les empêcher de trouver ce qu'ils cherchent."

Comment chercher Dieu ?
"On cherche Dieu à travers les livres; par la méditation on Le trouve."

Une des fonctions de la méditation
"La personne qui médite et tourne son esprit vers Dieu, qui est le miroir de son âme, dépiste ses fautes, les corrige de son mieux, modère ses impulsions et met sa conscience en ordre."

Prière
Une dame demandait au Padre quelle prière Dieu appréciait le plus. Le Père répondit : "Toute prière est bonne quand elle est sincère et continue."

Courage de la Foi
"Nous ne sommes pas tenus de nous abstenir de faire le bien pour éviter de scandaliser ceux qui ont l'esprit pharisien."

Vanité de personnes consacrées
"La vanité est l'ennemi qui menace particulièrement les personnes qui se sont consacrées au Seigneur et s'appliquent à la vie spirituelle. C'est donc à juste titre que l'on considère la vanité comme la peste de l'âme qui tend à la perfection. Des saints l'ont surnommée : "le ver qui ronge la sainteté"."

Marie
"Que Marie soit l'étoile qui éclaire votre route et qu'Elle vous montre le chemin pour aller vers le Père du Ciel. Que Marie soit l'ancre du salut à laquelle vous vous accrochez toujours plus solidement au temps de l'épreuve."

Sagesse
"La prudence a les yeux, l'amour les jambes.
L'amour qui a les jambes voudraient courir à Dieu, mais son élan est aveugle et l'on trébucherait s'il n'était conduit par la prudence, qui a les yeux..."

Science et mystère de Dieu
"Certes, la science est grande, mais elle reste peu de chose; elle est moins que rien en comparaison de l'extraordinaire mystère de Dieu.
Tu dois prendre d'autres voies. Débarrasse ton cœur de toute passion terrestre, humilie-toi et prie ! Ainsi tu es sûr de trouver Dieu, qui te donnera paix et sérénité en cette vie, et la béatitude éternelle dans l'autre."

Souffrance de Padre Pio
"Je souffre énormément de ne pouvoir gagner tous mes frères à Dieu. Quelquefois, je pourrais presque mourir tellement j'ai le cœur serré à la vue de tant d'âmes qui souffrent sans que je puisse les soulager, et de tant de frères qui pactisent avec le diable."

Refuser la vengeance
"Je n'ai jamais eu la moindre idée de vengeance : j'ai prié pour ceux qui me dénigraient, et je continue. Peut-être une fois ou l'autre ai-je dit au Seigneur : "Si, pour les convertir, un coup de fouet est nécessaire, donne-le leur, mais à condition qu'ils soient sauvés.".

Porter sa croix dans la vie
"Parfois le Seigneur te fait sentir le poids de la croix. Ce poids te semble insupportable, et pourtant tu le portes parce que le Seigneur, qui est plein d'amour et de miséricorde, te tend les mains et te donne la force nécessaire."

Semer tout de même
"Ne te décourage pas s'il t'arrive de beaucoup travailler et de récolter si peu. Si tu savais combien une seule âme coûte à Dieu, tu ne te plaindrais jamais."

A propos du Diable, du Démon, de l'Adversaire, de Satan ou de l'Ennemi
"Le démon n'a qu'une porte pour entrer dans ton âme: la volonté; il n'y a pas d'entrées secrètes. Aucun péché n'est un péché sans le consentement. Quand il n'y a pas participation du libre arbitre, il n'y a pas péché mais faiblesse humaine."

"Une bonne réprimande est parfois plus nécessaire qu'un aimable rappel à l'ordre."

"Le mensonge est la progéniture de Satan."

"Le démon est comme un chien à la chaîne; gardez vos distances, vous ne serez pas mordu..."
Bibliographie

Plus de 500 livres ont paru sur cet héros de la foi. Je ne vous livre que les titres essentiels que j'ai pu lire et que je vous recommande.

Padre Pio Da Pietrelcina (textes recueillis par Père Gerardo Di Flumeri, ofm cap) : Une pensée par jour. Mediaspaul. Paris. 1991. 128 p.

Ce livret réunit une sélection de pensées de Padre Pio, relevées par ses proches ou par des fidèles et surtout se trouvant dans sa volumineuse correspondance, parue en 4 volumes de 1981 à 1984 (soit près de 4000 pages).

Révérend Charles Mortimer Carty (adapté de l'anglais par Simone Saint-Clair): Padre Pio le stigmatisé. La Colombe. Paris. 1953. 164 p.

Paru du vivant de Padre Pio, cet ouvrage est remarquable par sa qualité. Il reflète ce que tout homme de bon sens et sensible à l’œuvre de l'Esprit Saint aurait dû immédiatement percevoir dans la vie de cette homme, humble et qui vit les souffrances du Christ pour sauver les âmes. A la fin de l'ouvrage, vous y lirez un très beau florilège de pensées de Padre Pio.

Ennemond Boniface : Padre Pio le crucifié. Nouvelles éditons latines. Paris. 1971. 324 p.

En vue de la béatification de Padre Pio, cet auteur laïc défend la cause du Stigmatisé avec la force que donne ce scandale causé par ces membres du clergé qui refusent de reconnaître ses charismes pour des raisons sordides. Avec raison, il dévoile leurs manœuvres indignes de leurs fonctions comme des habits sacerdotaux dont ils sont revêtus. La vérité finit par triompher mais il faut du temps et bien des souffrances endurées dans la confiance en Dieu.

Yves Chiron : Padre Pio, le stigmatisé. Perrin. Paris. 1989. 348 p.

Une des meilleures biographies de Padre Pio est rédigée par un historien qui expose les faits avec les nuances nécessaires. Vous y trouverez une éclairante bibliographie pour toute personne désireuse d'approfondir le sujet.

Filmographie

Sur Internet, vous pouvez visionner le film biographique de Padre Pio, réalisé par Carlo Carlei, en français, espagnol ou italien.

Kto lui a consacré plusieurs documentaires.

Sur YouTube, vous pouvez voir aussi plusieurs films d'amateurs tournés de son vivant.

François Brunatto, fils d'Emmanuel Brunatto qui a été un des plus ardents défenseurs du Stigmatisé, donne un témoignage intéressant sur les scandales qui ont entouré la fin de sa vie : pour Padre Pio, la nomination d'un médecin particulier, connu pour son incapacité et ses pratiques fantaisistes, interroge sur la volonté de ses supérieurs à prolonger ou abréger la vie de ce patient, obéissant jusqu'à la mort...

1 II Cor. 11, 14-15.
2 L'un d'entre eux serait même devenu exorciste, ce qui est un comble ! A une personne qui lui disait "Le diable existe !", il lui avait répondu en riant: "Comment ? Vous croyez en ces fables !..." Et le reste sur le même ton sarcastique.
3 Ce serpent qu'il convient d'écraser comme des statues de la Vierge ou l'Aigle christique nous le signalent visuellement et symboliquement de façon explicite.
4 Et non pas des prêtres : oui, Dieu soit loué, il y a eu et il y a de vrais prêtres dont la spiritualité est indéniable : ayons la force de discernement pour les distinguer de ces quelques autres !
5 J'ai connu deux prêtres qui riaient de la virginité de Marie par exemple; d'autres qui prenaient la Miséricorde de Dieu comme une machine à laver automatique à pré-payement !
6 Le geste vaut parfois plus qu'un discours quand il est donné sans colère et sans haine, signes véritablement néfastes.
7 Notons son souci d'une expression corporelle : nos liturgies actuelles gomment trop facilement le sens de la gestuelle.
8 Le 14 septembre 1224, au Mont Alverne : François d'Assise n'avait pas demandé les stigmates mais une participation aux souffrances du Christ pour en connaître la cause : l'amour de Dieu pour les hommes.
9 A la ressemblance du Christ et non comme le Christ : Pio ne s'est jamais pris pour Dieu.
10 Concordance entre les paroles et les actes : élément capital pour discerner un cœur vrai d'un cœur faux.
11 AT: Moïse descend resplendissant du Mont Sinaï; NT: Jésus en gloire.
12 Cette lumière si néfaste pour ceux qui aiment les Ténèbres en s'abritant derrière leurs fonctions, leurs titres, par exemple ! Ne pas se laisser leurrer par les apparences !
13 Il estimait l'action bénéfique de Padre Pio sur les âmes.
14 Il s'agit d'être prudent avec des propos provenant d'un ecclésiastique : le fidèle ne doit pas abdiquer de son esprit d'intelligence ou de discernement afin conserver cette capacité de repérer les fumées de Satan au sein même de l'Eglise.
15 Province des Marches, à 300 Km de San Giovanni Rotondo.
16 Le titre de "M." est même de trop pour un individu de ce genre.
17 Tenus par l'obéissance à leur hiérarchie.
18 Un tel culot est fréquent chez ces gens qui veulent se draper dans un habit de vertu pour mieux cacher leurs vices. Ils s'en trouvent encore de nos jours !
19 Je ne l'appelle plus par le titre de sa fonction car il déshonore ceux qui l'exercent dans la Lumière du Christ.
20 Ou les aveugles volontaires comme ceux qui aiment les œillères... Il n'y en a que trop. De plus, le pire est que des responsabilités leur sont confiées... Là c'est une forme de suicide volontaire avec consentement mutuel dans le cadre d'une hiérarchie.
21 Il n'est jamais trop tard pour bien agir.
22 Il n'est jamais bon d'irriter le chef là où le bât blesse : observez son abus d'autorité et sa façon d'éloigner des personnes pouvant dire la vérité. Ce procédé est d'actualité en quelques endroits.
23 De nos jours, vous verrez quelques prêtres bien comprendre ce cas de figure... et ils seront félicités pour leur esprit d'ouverture par certains. Le seul point restant gênant serait donc pour eux la simonie... mais ils vous diront qu'"il faut savoir pardonner" et "De quel droit pouvez-vous juger?", etc. Ce blabla ordinaire des mauvaises consciences et devant lequel s'inclinent, bien bas, les imbéciles ou des coupables qui ont tant à se faire pardonner qu'ils croient mériter le pardon en mentant à eux-mêmes, ce qui dans ce cas n'est pas trop grave, et aux autres, ce qui est beaucoup plus grave et pour eux et pour celui qui leur inspire le mensonge, la calomnie . Ils vivent la honte d'un comportement indigne de la vraie personne qu'ils auraient pu être en vérité dans la lumière du Christ. Ils peuvent se convertir...
24 Avouer leur ignorance ou aveuglement volontaire ou encore chantage à la « Topaze »: un mélange de tout cela à divers niveaux fort probablement.
25 Son livre "Dal Dubbio alla Fede" (Du doute à la foi) a permis la conversion de communistes et de républicains athées.
26 Dans cet exemple, apparaît la nécessité de ne jamais abdiquer de son esprit de discernement : en son âme et conscience, il s'agit d'observer, sans condamner, et de tirer les conclusions nécessaires : ne pas donner caution de quelque façon que ce soit à une personne indigne et s'éloigner de ses soutiens comme lorsqu'on rejette un produit toxique.
27 J'invite les fidèles à prendre connaissance de ce Droit canon : il leur permettrait de porter un regard plus limpide sur une institution qui peut en faire, aussi bien, un bon qu'un mauvais usage. C'est très volontiers que j'en ferais une présentation pour les personnes qui le souhaitent.
28 Ceci peut exister même au niveau d'une petite communauté. L'histoire est un éternel recommencement, même à moindre échelle et sans qu'il y ait des saints ou de grands prélats...
29 Leur formule : "Je suis le chef, j'ai donc raison." et ils invoqueront encore leur "humilité" pour faire passer la chose !
30 Leur formule : "Comment un subordonné peut-il avoir des dons que je n'ai pas ?" et, "modestement", ils vous feront comprendre que vous bénéficiez déjà de la grâce de leur présence ! Il ne reste plus qu'à s'incliner....ou à partir.
31 Le Cardinal Pacelli, ancien nonce apostolique en Allemagne, qui sera le Pape Pie XII de 1939 à 1958, avait eu connaissance de la stigmatisée Thérèse Neumann.
32 Exactement ce que nous dit Jean de la Croix.
33 L'aveugle Gemma voit alors qu'elle est sans pupille : elle deviendra religieuse.
34 Elle existe : de souffle divin à la naissance, le diable peut s'en emparer si la personne n'y prend pas garde, manque de discernement, manque de volonté.
35 Ce sera déjà le cas en 1957 et ceci se poursuivra selon les besoins.
36 Institut des Œuvres Pontificales.
37 En développant sa vie spirituelle (âme immortelle); corps mortel, ce support temporaire de l'âme.
38 C'est le début du chemin de la perfection : pour ne pas perdre la bonne direction, la boussole est la Foi.
39 Ceci reste bien curieux pour un prêtre et Albino Luciani deviendra le pape éphémère Jean-Paul !
40 Un de ses proches, ayant séjourné au Vatican, m'a dit que c'était un homme désemparé quand il devait prêcher : en quelques jours, il avait dû épuiser ses fiches, synthèses d'une spiritualité assez courte, pouvant suffire à quelques-uns mais ceci est une autre considération...
41 Des organismes d’Église avaient confié à Giuffrè jusqu'à 7 milliards de lires.
42 A la fin de 1959, il y avait eu pour 2 milliards de lires de travaux effectués, le tout couvert par les dons.
43 Oui, ne pas respecter la volonté des donateurs est une faute grave : c'est à la fois un mensonge et un vol. Ceci est valable pour tous les temps, hier comme maintenant et demain.
44 Le supérieur hiérarchique pour les capucins de la régions à laquelle Padre Pio appartenait.
45 L'estimation du vol est là quasiment impossible à chiffrer, sauf pour pour ceux qui comptent bien entendu.
46 Certains n'ont pas ce courage : sournois, ils envoient des personnes qu'ils dupent insidieusement afin de leur faire la sale besogne : une façon astucieuse pour faire croire qu'ils ont les mains propres. Et ça marche !
47 Don Attilio Negrisolo et don Nello Castello ont été privés de leur ministère. Un long procès s’ensuivit devant la Rote (justice ecclésiastique) : il dura 10 ans et ils furent réhabilités.
48 Costantina Nalesso.
49 Que mon père Adrien Schülé a connu.
50 Zélatrices du Sacré-Cœur. La sœur Lucina agit sous l'influence de don Umberto Terenzi.
51 Elles s'estimaient être comme étant des cofondatrices.
52 Que cela ne nuise pas aux Franciscains, il y a des brebis galeuses partout. Ne dit-on pas qu'il faut prendre garde "au loup dans le bergerie", je dirai même plus "au loup parmi les bergers".
53 Par deux religieux chargés d'aider Padre Pio : "père" Giustino da Lecce et le "frère" convers Masseo da San Martino in Pensilo. Devoir d'obéissance ou disciples de Judas ? Aucun discernement : ceci est certain.
54 Au final : 37 bandes magnétiques.
55 Pendant l'enquête, il se fait connaître pour ses visites aux bars et restaurants de la région, au point de scandaliser quelques-uns qui entendent lui offrir une bastonnade.
56 Il y en avait même un sous le lit de Padre Pio
57 Dont plusieurs sont peu soucieux d'objectivité mais ils s'habillent de leur "éthique" et de leur "déontologie" qui ne font illusions qu'aux imbéciles, et il y en a tant. Ils ne songent même pas à écouter la parole des accusés : ce qui est la règle la plus élémentaire du métier. En agissant ainsi, ils se discréditent.
58 Revendiquer l'esprit franciscain n'est pas toujours une garantie d'un sain discernement ou d'action dans l'esprit de Dieu.
59 Chaque fois, il est bon de savoir pourquoi des personnes portent ce genre d'accusation : méchanceté pour les uns et imbécilité comme ignorance pour beaucoup d'autres.
60 Il est curieux ce comportement du Pape à l'égard d'un Stigmatisé. Dire que les deux sont des saints, maintenant.
61 Abus d'autorité manifeste qui me scandalisera toujours.
62 Quelques spécialistes du "bricolage religieux" pour satisfaire leurs passions...pas toujours spirituelles. Il y en a encore.
63 Vous la trouverez sur mon blog.
64 Giusseppe Pagnosin : Il Calvairo di Padre Pio. 1978. T. I, p. 764.
65 Ennemond Boniface : Padre Pio le crucifié. Nouvelles éditions latines. 1971. 324 p. Lire pp. 289-298.
66 D'où l'importance de disposer d'un bon directeur spirituel ou d'un bon confesseur. Ce qui demande une fois de plus du discernement.
67 Les dons de l'Esprit, lire : 1 Cor, 12,4-11
68 Quand elle nie l'esprit et cause l'oubli de Dieu.
69 Servilité, imbécillité, méchanceté, jalousie, ignorance béate, orgueil...
70 5,11: « ...je vous ai écrit de ne pas avoir de relations avec un homme qui porte le nom de frère s'il est un débauché, ou rapace ou idolâtre ou calomniateur ou ivrogne ou filou et même de ne pas manger avec un tel homme ». Ce qui est dit pour un frère vaut aussi pour un « Père » indigne plus gravement encore !
71 Joseph Babinski : Œuvres scientifiques. Ed. Masson. 1934. 656 p. Lire p.486 et ssq.
72 Son article : Démembrement de l'hystérie traditionnelle, pithiatisme. Publié en 1909 déjà.
73 Yves Chiron : p. 110.
74 Lire sur mon blog.
75 Quelques membres du clergé ont mal lu le Nouveau testament : ils imitent les deux Hérode (le Grand et Antipas), Judas, le Grand Caïphe au lieu d'imiter le Christ dont pourtant ils portent les habits.
76 Les beaux discours uniquement pour nourrir son image, sans les accompagner d'actes ou, pire encore, en pratiquant le contraire des propos tenus : un scandale inacceptable accepté par les uns et rejeté avec raison par les autres.
77 Même parmi les non chrétiens et ceux qui se disent athées, ils pensent dans l’erreur mais agissent dans l'esprit de Dieu : il y a une fois de plus la nécessité du discernement (comme vous l'avez compris ce mot est important : pas attaché à un intellectuel, à un spécialiste, à un porteur de titre ou d'une fonction; la lumière du cœur rayonne là où Dieu a son tabernacle).
78 Octobre 1917.
79 Vous les connaissez tous : "responsables mais pas coupables.", ce qui illustre leur "courage"...
80 Raison pour laquelle la raison doit rester modeste !
81 Les mauvaises chiromanciennes n’annoncent que le bon ou mentent sur le malheur afin d'en avoir pour leur argent : ici ce n'est pas le cas.
82 Dont ils sont probablement les disciples plutôt que du Christ. Oui, il n'est pas possible de servir deux maîtres, voire trois quand s'y ajoute Mammon (le dieu de l'argent qui a remplacé Dieu dans bien des esprits...) !
83 Souvent envers des personnes qui les ont aidées sans connaître initialement leur vraie nature...
84 Méfiez-vous de ces gens qui affirment : « Tout le monde est bon, tout le monde est gentil. » pour justifier leur lâcheté, leur refus de dénoncer le mal spirituel. Vous les verrez flatter la crapule plutôt que défendre l'innocent ou le juste.
85 Lire aussi le Psaume 68 (67) : il a encore plus de force. Et aussi : Ps 69 et Ps 71. Ils m'ont beaucoup aidé à surmonter les obstacles crapuleux de la vie : rien de nouveau sous le soleil.
86 Son seul avocat était Dieu.
87 Et non pour la mort à la vie qui ne demande qu'à naître et au suicide, plutôt qu'à l'accompagnement sain d'une fin de vie.
88 Et non de les assécher ou, pire, de les éloigner de Dieu : j'ai vu de ces cas tragiques et il est nécessaire de prier pour les victimes et pour que le travail nuisible de certains prélats cesse. Confiance en Dieu et patience sont parfois mises à rude épreuve !
89 Il n'y a pas chez les Chrétiens lisant la Bible l'opposition corps et esprit comme chez Platon. Erreur fréquente de lecture.
90 Le Nouveau testament est d'une grande limpidité à ce sujet : il est curieux qu'il soit si facilement passé sous silence...
91 Etre considéré comme un instrument jetable après emploi et non une personne ayant une dignité car reflétant la Présence de Dieu.
92 Les hommes de sciences n'ont pas épuisé leurs recherches quant aux mystères de la nature : il est donc possible d'accepter le mystère de Dieu.
93 Participation à la liturgie : la communion.
94 Don de discerner par l'Esprit Saint.
95 Non pas un "roi tyran" à l'image de certains mais un Roi d'amour selon le Christ qui exerce l'amour et la justice, l'un ne peut pas se concevoir sans l'autre : dans le cas contraire, nous aurions un tyrannie hypocrite qu'il convient de dénoncer comme de combattre et à ne surtout pas cautionner d'une façon ou d'une autre.

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