jeudi 4 mai 2017

La Roque-sur-Cèze (30200)

La Roque-sur-Cèze
(30200)

Chronologie historique

par Adrien et Antoine Schülé de Villalba

A la mémoire d’Adrien Schülé
et de ma parente Mathilde Taurel-Schülé[1].

Introduction

Au début des années 1960, Adrien Schülé avait décidé de reconstituer le passé de cette commune de La Roque-sur-Cèze, dans le nord du Gard, chaque fois qu’il en avait le temps. Pour commencer, il a réuni les informations qu’il a complétées, vérifiées et corrigées jusqu’en 1974. La présence de la famille Schülé à La Roque-sur-Cèze, remontant à plus d’un siècle en 2017, explique cet intérêt helvétique pour ce village de la vallée de la Cèze.

Consulter les archives communales (pour ce qu’il en restait), recueillir les témoignages de la mémoire orale, s’entretenir avec les descendants de ces anciennes familles qui ont écrit les pages du passé de cette commune, interpréter les éléments archéologiques comme architecturaux – ces témoins muets mais livrant pourtant de précieuses informations, parfois plus sûres que certains écrits ! -, écouter le silence de ces ruines que formait encore le haut de ce bourg fortifié en ces années-là, se laisser saisir par la magie du lieu et en goûter toute la poésie en son cœur : voilà ce qui a procuré, à mon père, des instants de joie intérieure qu’il aimait partager avec ses proches.

Pour satisfaire des curieux d’histoire et à titre bénévole, il a écrit successivement trois fascicules[2] (le premier en été 1964 et le dernier en 1975), à ses frais et sans subvention, où il a communiqué les résultats de ses dernières recherches, corrigeant et complétant selon tout nouveau document (écrit, objet ou encore témoignage) qui pouvait parvenir à sa connaissance.  
A la demande du maire de La Roque, M. Emile Frach, Adrien Schülé a participé aux premières émissions radiophoniques portant sur ce village et ses recherches ont été mentionnées dans plusieurs articles de deux journaux locaux, le Midi Libre et le Républicain d’Uzès.


Adrien Schülé, à La Roque, rédigeant son manuscrit B.

Le travail en histoire n’est jamais terminé : à peine, une page en est écrite que de nouvelles interrogations se posent, exigeant de nouvelles recherches. Il s’agit d’une quête sans fin que j’ai poursuivie, à sa suite en m’intéressant à une commune voisine, Saint-Gervais.
Il aurait été regrettable que ces textes restent dans le fond d’un tiroir chez moi ou chez quelques particuliers qui ont su en faire un bon usage généralement, sans toujours citer leur source, il est vrai. Parfois, ils se prévalaient d’une supériorité méprisante pour le travail accompli, en raison d’une source inédite, portée à leur connaissance…. L’orgueil, l’envie, le fait de n’être pas un natif et d’avoir initié une recherche locale peuvent susciter bien des comportements étranges ! Mais passons sur ceci avec un large sourire car il y a eu et il y a des personnes qui nous ont été reconnaissantes et qui ont dit être heureuses qu’enfin ce passé revive dans les mémoires présentes en suscitant d’autres études.
Intéressons-nous à l’histoire des Roquerol(le)s ainsi qu'elle est connue en mars 2017 (je tiens compte des ouvrages mentionnés en bibliographie) .

L’instrument le plus utile pour aborder l’histoire d’une commune est une chronologie, aussi certaine que possible. Sur cette base, peuvent s’ouvrir des pistes de recherches. Effectuer des croisements d’informations avec d’autres communes, voire même avec la grande histoire de France, est ainsi réalisable !
Bien entendu, des données devront être revues en fonction d’études ultérieures ou complémentaires. La découverte d’une erreur ou d’un fait nouveau permet d’affiner l’instrument chronologique que j’ai revu en 2017 et mis à disposition ici, et c’est heureux ainsi. Il faut accepter parfois des datations incertaines pour le commencement de cette enquête historique qui sera toujours à poursuivre !
Le chercheur de demain est obligé de savoir ce qui a été trouvé avant lui : c’est cela la modestie du chercheur ! Pour ma part, après 1980, il s’agit d’une histoire récente que je n’aborde pas spécialement dans cette chronologie.

Chronologie

Préhistoire

A 7 Km de La Roque, en amont de la Cèze, un habitat de pêcheurs est probablement le premier témoignage d’une occupation ou d’une activité humaine qui soit connue dans cette portion de territoire (où il faudrait d’abord pouvoir déterminer les zones humides qui ne ressemblaient en rien à ce que nous avons de nos jours). Il s’agit de se référer aux recherches faites sur Cornillon-Saint-Gély et sur Saint-Laurent-de-Carnols (zone d’habitat de plaine donc de temps de paix; les hauteurs, plus facilement défendables sont de temps de guerre).

Une présence humaine préhistorique et gauloise au sud du territoire communal actuel (et non au nord, sur l’emplacement du château visible de nos jours) : sous le rocher de Descattes (longue bande rocheuse en fait), traces de vie (silex taillés, poterie, perles…). Ce lieu se justifie car il était situé sur une voie de communication (que les Romains reprendront d’ailleurs). Sur le haut de la même falaise, il y avait des traces d’habitat (probable refuge en temps de guerre), visibles encore dans les années 1960 et 1970. Les poteries donnent une datation du VIIe au Ve siècle avant Jésus-Christ.

Aucune trace romaine retrouvée au rocher de Descattes. Cet aspect a son importance.

IIe s. avant J.-C.

- 123 à + 145         Flaccus, domination romaine

Construction de routes : axe Nîmes, Uzès, Saint Marcel de Careiret, Pont-Saint-Esprit, Mont Barri (oppidum important). Anciens pavages de voie romaine identiques sur St. Marcel et sur le chemin après le pont en direction de St. Michel : témoignages archéologiques aujourd’hui disparus à la Roque.

Existence certaine d’un passage à gué au-dessus du pont actuel. Par la suite, il y a eu probablement des ponts de bois (spécialité gauloise) que les crues de la Cèze ont dû souvent malmener. Plus tardivement, des ponts en pierre : la version finale que nous avons aujourd’hui est du Moyen Age, avec des reconstructions partielles plus tardives, clairement identifiables. 

Nombreuses monnaies romaines trouvées dans la vigne entre le bas du village et la Cèze (N’en cherchez plus ! Les pilleurs archéologiques ont prospecté pendant plusieurs années : il est plus que regrettable que les informations que nous auraient livrées ces monnaies ne soient plus disponibles !).

Le passage à gué, approximativement juste en amont du pont, a nécessité une surveillance qui explique la naissance de ce qui sera, au Moyen Age, le bourg fortifié de La Roque. Tout a dû commencer par un tour de guet, faisant office de signal, en bois puis en pierre fort probablement.

Un cippe nous livre le nom de femme romaine, décédée à 25 ans : Julia Virillia.

Après Jésus-Christ

442              La zone géographique de La Roque est attachée religieusement à Uzès dont le premier évêque est Constantius.

Le site de La Roque prend une valeur militaire certaine avec les deux évènements qui suivent :

VIe s.            Vandales, Wisigoths et Francs bouleversent les populations locales. La toponymie révèle leurs présences mais ceci est une autre page d’histoire que négligent certains chercheurs, en raison d’un esprit de clocher quelque peu outrancier.

711 à 725     Les Sarrasins sont présents ou de passage sur la rive droite du Rhône : période de grande insécurité pour tous les axes de communication de la région.

737              Charles Martel chasse les Sarrasins et les Hongrois.
Pour quelle raison le pont a-t-il longtemps été appelé pont Charles Martel ? Certains pensent à une invention légendaire du XIXe s.  D’autres, et je les suivrais plus volontiers, y perçoivent une période de l’histoire où ce passage de la Cèze possède une importance stratégique reconnue.
Il est évident qu’architecturalement, il n’y a pas de traces romaines ainsi que des traces de tailleur de pierre l’ont pu faire croire[3]. Les trous effectués dans la roche peuvent témoigner aussi bien d’un échafaudage pour construire le pont de pierre que pour planter des supports d’une charpente d’un pont de bois : toutes les conjonctures sont possibles…
Par contre la carrière, d’où proviennent les pierres de construction, est sous la colline en aval du pont sur la rive gauche (prendre la montée de St. Michel d’Euzet et, depuis les vignes sur la droite, redescendre vers la couronne sud de la proéminence).

800-900        Données architecturales : diverses parties du château prennent naissance (une tour, éléments d’une fondation initiale pour des annexes proches, élevées plus tard). La première chapelle a pu être construite du temps de Charlemagne. L’architecture visible actuellement atteste d’une construction certaine au début du XIIe s.

Le temps des témoignages écrits :

879              Louis III, dit L’Aveugle, empereur d’Occident (879-933), mentionne La Roque dans un acte de donation en faveur de l’évêque d’Uzès Wifrid.

La période féodale met en place des hiérarchies particulières soit sous l’autorité d’un évêque, soit d’une grande abbaye. Des familles de comtes, de barons et de chevaliers s’affirment comme protecteurs, puis détenteurs de divers pouvoirs locaux. A l’origine, un baron est celui qui est libre de s’engager au combat pour qui il veut mais, en France, il dépendra assez vite d’un suzerain à qui il doit allégeance.
Pour connaître le passé de La Roque, il est donc essentiel de retrouver les familles qui ont exercé un droit particulier (seigneur ou coseigneur) sur ce bourg fortifié, à l’origine : zone s’étendant des remparts au château, c’est-à-dire le haut du village actuel.
En étudiant ces familles, tâche imposante, il serait possible de trouver des éléments utiles pour la reconstitution du passé de cette communauté roquerolle. A chaque conflit armé, La Roque prend une importance particulière pour l’engagement d’une défense ou de troupes.
Il est ainsi possible de poursuivre des recherches qui ne pourront qu’apporter de nouveaux éclairages sur l’histoire de la commune. Il y a des « trous » dans cette chronologie : des domaines encore à explorer…
Pour un même nom, il peut y avoir différentes graphies, j’ai conservé celles reconnues ou adoptées au siècle concerné.

1156            Le roi Louis VII (Le Jeune) donne les droits sur la chapelle à l’évêque d’Uzès Raymond II (Deuxième croisade).
La Roque dénommée castrum de Roccha

1167            Cathares

1190            Brémond d’Anduze possède La Roque.

1203            Guillaume de Vénéjan[4] (+ 1214), comte de Sabran, a les droits seigneuriaux sur La Roque. Evêque d’Uzès, il fonde la Chartreuse de Valbonne. Les Chartreux possèdent des biens à La Roque (terres au Sautadet ; plus tard, le moulin de Cors - ou Core- leur appartient).

1209 à 1242  Croisade et guérilla des Albigeois.

1226            Louis VIII (Le Lion), s’empare d’Avignon et d’une partie du Languedoc qui est rattachée à la France.

1233            Rostang de Sabran est seigneur de La Roque (luttes contre les pilleurs).

1280            La Roque est attribuée aux évêques d’Uzès.

1285            Guillaume des Gardies, évêque d’Uzès, est seigneur de La Roque.

1292            Guigon de Sabran succède au précédent.

1298            Bernard de La Roque est coseigneur de La Roque.

1317            Arnaud de La Roque et Armand du Poyet coseigneurs de La Roque. Une Alix de La Roque épousera un Armand Poyet.

1346-1359    Peste noire.

1349            Monète de La Roque est l’épouse de Bertrand du Teil.

1355            Une armée anglo-saxonne ravage le pays (Louis X, Le Hutin).

1369            Eléazar de Sabran est canonisé par le Pape Urbain V.        

1382            Le château de La Roque est pris par les Tuchins.

1384            La Roque mentionnée sous le vocable locus de Ruppe.
1388            Restauration des fortifications.

1389            La famille de Sabran possède les droits sur La Roque.

1402-1426    Louis de La Roque et Clarisse de Verfeuil : quel part de vérité peut-on accordé à cette belle légende ? Cela mérite une étude (voir la bibliographie).

1420            Bertrand III du Teil est coseigneur de La Roque avec Jean Reymond de Tresques.

Quand les femmes interviennent dans la vie de la communauté ! Il n’a pas fallu attendre le XXe siècle contrairement à une opinion fausse, couramment admise par le grand public :
1450            Isabeau du Teil, femme de Claude de Monteil, exerce le droit de suzeraineté.

1450            Reymond de Dieu (Faut-il y voir un ancêtre des Deidé plus tardif ?) est coseigneur.

1460            Rostaing de Banne exerce le droit de suzeraineté.

1479            Catherine de Banne, épouse de Louis Nicolaï et Armande Reynaud de Dieu, épouse d’Antoine de Bagnols, sont coseigneurs.

1487            Antoine de Monteil, fils d’Isabeau du Teil.

1506            Bornage entre la commune de St. Michel et de La Roque.

1510            Isabeau de Monteil, femme de Jean Blisson (père Simon est notaire à Bagnols, originaire de Bessas en Vivarais) qui ajoutera une particule à son nom.

1528            Incursions des Protestants.

1550            Catherine de Blisson devient épouse de Guillaume de la Gorce (famille originaire du Vivarais).

1562            Les Réformés de Bagnols attaquent leurs voisins (les impulsions vinrent de Nîmes par Viret).

1564-1565    Pillages du château par les Protestants.

1569            Guillaume de La Gorce, lieutenant sénéchal de Nîmes, commandant deux compagnies de gendarmerie pour le roi, est tué à Nîmes.
1570            Eustache de Bagnols.

20 novembre 1573                     La Roque, refuge pour les habitants des environs, est pillée par les Protestants.

1584            Jean de la Gorce (capitaine d’une compagnie de 200 hommes) épouse Marie de la Baume, seigneur de Saint-Laurent de Carnols.

1588            La Roque, St. Michel d’Euzet, St. Alexandre et St. Christol de Rodières doivent assurer une garnison de 18 soldats et 1 sergent.

1620            Pierre de La Gorce (petit-fils de Jean) épouse Claude du Peloux (seigneur de Boussargues).

1621            Construction de la chapelle, au bas du bourg fortifié, pour les Sœurs de la Sainte Famille de Vagnas.

1621            Henri de Montmorency, duc et gouverneur et roi du Languedoc (qui sera décapité à Toulouse en 1632), ordonne à Pierre de La Gorce, seigneur de La Roque, à réparer le château et y entretenir 15 hommes.

1629            Mort de Pierre La Gorce. Deux fils Melchior et Jean

29 juin 1636 Un jugement oblige le prieur de La Roque à entretenir un prêtre

1655            Jean de La Gorce mariage dont sont issus deux enfants Louis (sans héritier) et Christine. Christine épousera Jean-Joseph  de Vallat de Saint-Roman, de Montpellier et capitaine de chevau-légers[5].

1660            Jacques de Monteils de Grignan, fils de Louis Adhémar (comte de Grignan) et de Jeanne d’Ancézune[6] de Vénéjan (la Sainte) donne l’ordre de construire le presbytère (bien communal actuel). La maison claustrale occupée par les prêtres desservants jusqu’en 1773.

1665            Une censive de 9 salmées de blé sur La Roque est due à l’hospice (hôpital) de Bagnols-sur-Cèze. Les impôts n’étaient pas pour le seul profit des seigneurs qui assuraient la justice et la sécurité par ailleurs…. De nos jours encore, des impôts lourds financent ces activités nécessaires à une vie en société.

1681            Jean de La Gorce (frère de Melchior) est institué héritier.

1697            Mort de Melchior de La Gorce.

1701            Naissance de François-Noël de Vallat, seigneur de Saint-Roman de Codières (Gard).

1703            La Roque impliquée dans la lutte contre le camisard Cavalier.

1709            Mathieu Prévost, prêtre.

1719            Louis de la Gorce (quoique vivant à Aubenas) est seigneur de La Roque.

1719            Messire Thomas, curé de La Roque.

1724-1730    Curé Cade.

1735, 20 septembre                    décès de Louis de La Gorce. François-Noël de Vallat de Saint-Roman, baron de La Roque.

1738            Naissance de François-Louis de Vallat, futur baron de La Roque, seigneur de Saint-Laurens et Boussargues.

1742            Compoix (registre cadastral). Source essentielle pour percevoir la vie économique de la communauté roquerolle. 50 familles résidentes. Environ 230 habitants.

1742-1762    Moulin  de Cor, propriété des Chartreux de la Valbonne, est agrandi.

1762            Naissance de Madeleine Henriette de Vallat.

1765            Une sage-femme, La Neboude, femme de Jean Nebout.
1765-1766    Pierre Mas, maître d’école. Son successeur est Louis-Ambroise Sournier.

1773            Pierre Blanchard, notaire et juge seigneurial, acquiert la maison claustrale.

1773            André Soullier, consul, géomètre, fils d’André Soullier, auteur du compoix.

1781            Vente d’une partie des biens nobles à Melchior Blanchard.
                   
1782            Edification du chemin de Croix dans le village.

1782            Bernard-Daniel Deydé, marquis de Grémian, épouse Henriette Vallat de Saint-Roman. La Roque est leur résidence d’été. Ils auront deux enfants, restés célibataires. Le marquis possédait un Hôtel Particulier, rue du Cannau à Montpellier.

1784            Abbé Chaze.

1789             Troubles de la Révolution.

1793 13 octobre     Registres, parchemins et papiers seigneuriaux, saisis en 1791, sont brûlés. Une partie est sauvée des flammes.

1793 29 décembre           Le marquis Deydé de Grémian est guillotiné à Lyon.

1794            Antoine Cassan, maire.

1797            Les contre-révolutionnaires attaquent la maison de Melchior Blanchard (ancien avocat au Parlement de Paris ; il a épousé Blanche-Henriette Delon, fille de Jean-François). Il avait été nommé, pendant la Révolution, administrateur du département dans le district de Pont-Saint-Esprit.

1800            Château appartient à Amélie de Pistoris.

1820 28 mars Décès de Mme Henriette Deydé, enterrée sous le mur de la chapelle.

1827            Louis Sauvet, instituteur.

1828            82 propriétaires, 780 hectares de terres cultivées. Cadastre établi.

1829            Agrandissement du cimetière, en contrebas de la chapelle. Le cimetière initial jouxtait la chapelle.

1830            Mlle Deidet[7], Marquise de Grémian, propriétaire du château de la Roque, crée une école libre[8] qu’elle confie aux Sœurs de la Sainte Famille de Vagnas pour les filles et aux Frères maristes (en 1847) pour les garçons.

1835            13 élèves à l’école communale.

1836            327 habitants.

1840            Un orage ravine la Grand Rue.

1841-5         Création du lavoir.

1842            Jean-Baptiste Delacroix instituteur communal.

1846            Reconstruction de la canalisation d’eau (conduite de 150 m.) de la vieille fontaine.

5 décembre 1848   la paroisse est succursale du doyenné de Bagnols.
A signaler : qu’avant 1790, La Roque était un prieuré, du titre Saint Pierre-es-Liens, annexé à Saint Laurent de Carnols.

1851            353 habitants.

1852             Achat du moulin des cascades de M. Vivier par M. Jean Magnin (meunier, 6 septembre 1811 – 9 juillet 1871).

1853            L’oïdium attaque les vignes.
         
1855            Mort de Mademoiselle Alexandrine  (Marie-Elisabeth) Deydé, fille de Henriette Vallat de Saint-Roman (enterrée à La Roque) et du marquis Deydé de Grémian. Enterrée dans le parc du château de la Mogère (près de Montpellier). Bienfaitrice du village pour laquelle aucune rue et aucun espace ne rappellent le souvenir.

La famille de Pistoris reprend le château : Jean-Julien Fulcrand de Pistoris (1813-1899), habitant St. Hippolyte du Fort (Gard), est le fils de Jean-Jacques Chrétien de Pistoris (1773-1815). Ce-dernier était le fils de Marie Madeleine de Vallat (1732-1803), sœur de François-Louis de Vallat.

1856-1896    L’école gratuite des Frères maristes (trois enseignants le plus souvent) est préférée par les Roquerols. Les enfants de St. Michel et de St. Laurent s’y rendent aussi.

1857 14 janvier                Autorisation impériale pour établissement d’un barrage et d’un canal d’irrigation pour alimenter le moulin des cascades (farine et huile).

1863            Edification d’une nouvelle mairie.

1865            Amélioration de la captation de l’eau qui alimente la vieille fontaine.

1868            Jeanne Berthe Marie de Pistoris (1844-1920) épouse le baron Marie Charles Roch Vanel de Lisleroy (de Pont-Saint-Esprit).

1868-1950    Château, propriété de la famille Vanel de Lisleroy.

1871            Départ du notaire résidant à La Roque.

1877            Croix de mission.

1879            Ancien moulin seigneurial (farine), rive gauche de Cèze, 200 m. en amont du pont appartient à Pierre Datuit.

1881-1935    Armand Coussens, peintre, graveur, connu pour ses eaux-fortes. Son épouse Jeanne est issue de la famille Amblard : aquarelliste. Locataires de l’ancien presbytère. Belles illustrations de La Roque.

1872-1874              Le phylloxéra cause de nombreux dommages à la vigne.

1883            Inauguration de l’église au bas du village.

1892            Rétablissement de l’école laïque : Jacques Guiraud instituteur communal.

1894            Cimetière actuel, « Les Clauses » au cadastre.

1895            Construction d’un réservoir d’eau souterrain.

1896            Instituteur renvoyé.  Baptiste Bompuis lui succède.
1896 27 novembre           Vente du moulin des cascades par Pierre Magnin à deux Marseillais : Ernest Thieux et Albert Bazin. Broyage de l’ocre provenant de la forêt de Valbonne et de Cornillon (la maison Fabre et fils) n’a pas réussi.

1897            La transformation du moulin, au-dessus du pont, en papeterie par l’entreprise A. Sylvander (Marseille) ne se réalisera pas.

1901            221 habitants.
1901 27 avril          Felix Cellier instituteur, succède à M. Fabrigoule.

1904            Bethe de Pistoris (veuve du baron de Lisleroy) et Mesdemoiselles Gabrielle et Marie de Pistoris demandent la révocation du don fait pour le bâtiment servant d’école car les Petits frères de Marie (deux noms connus : Isidore Gambus et Ferdinand Saut) n’ont plus le droit d’enseigner.
La mairie agit pour conserver le don en déclarant que les Petits frères de Marie pourraient reprendre le bâtiment s’ils reviennent… Vu le contexte de cette année-là, cette déclaration mérite réflexions.

1907            221 habitants ; fortes crues de la Cèze.

1908            Fermeture du moulin des cascades.

1914            172 propriétaires. Cadastre révisé (voir 1828) : nouvelle matrice commencée en 1888.

1919            Marius Emile Frach maire.

1924            Joseph Mouret maire.
                    Création d’une cabine téléphonique chez Jauzion.

1928            M. Odoyer instituteur.

1929            Eclairage électrique.

1932            Inscription du site par la Commission de Sites et monuments historiques.
                    A partir de cette année, la Roque est dénommée La Roque-sur-Cèze.

1933            Transfert de la cabine téléphonique chez Camproux.

1934            Réfection du mur du presbytère qui s’était éboulé.

1939            118 habitants.

1942            Joseph Mouret[9] maire.

1944-1945    Caribert Mouret (fils de Joseph) gère la commune.
                    M. Sauldubois, instituteur.
                    118 habitants.
1944 26 août                    Trois avions canadiens lâchent leurs bombes sur La Roque. Valérie Delaville et son frère sont tués.

1945 6 mai   Emile Frach maire jusqu’en 1974.

1946            Cabine téléphonique chez Palou (arrivé en 1943 à La Roque).

1947            Canalisation des eaux de la fontaine.

1952            Abbé Diet.

1953            Vente de la maison des Sœurs à M. Poussot (F 5 000.-). Maurice Poussot était une personnalité originale. Négociant en vin, il aimait la poésie et la langue de Mistral. Décédé le 1er avril 1972. Obsèques à Cavillargues le 4 avril. Un vrai poète à La Roque !

1954            Le baron Hyacinthe de Vanel de Lisleroy vend le château à M. Armand Vallière (Paris) qui achète, en plus, la chapelle ainsi que le cimetière attenant à la commune, propriété paroissiale, pour F 200 000.- .
1954            M. Jean Baumel instituteur.

1955            Mme Blanche Tronc (dit Blanchette), dernière institutrice au                    village (fin en 1973).

1957            Crue de la Cèze à Noël.

1958            Installation de l’eau courante dans la Rue principale. Les raccordements du reste du village au réseau d’eau communal se feront progressivement dans les années qui suivent. Lourd projet financier pour une petite commune.

1958 12 mai           village inscrit à l’inventaire.
1958 29 septembre et 4 octobre           Crues de la Cèze.
1958            Scouts allemands (Wetzlar) viendront régulièrement une quinzaine de jours, pendant au moins 15 ans.

1961-1970    Restauration des rues : pavages.

1964            M. Creuzevault (possesseur d’une galerie d’art, rue Matignon à Paris : il a connu Picasso, Rouault) acquiert le château. Il le fait entièrement restaurer, notamment la chapelle romane. Sa fille, Mme Michèle Fagot en fera sa maison de vacances.

1965            Feux tricolores au pont (en fonction le dimanche et jours d’affluence).
1965 août     Le groupe théâtral « Les Classiques de France », sous la direction de Jean-Jacques Clément (68 rue Mouffetard, Paris 5e) vient chaque année camper sur les bords de Cèze, à La Roque, pour produire de multiples pièces de théâtre[10] sur le parvis de l’église et dans la région jusqu’en 1974, à ma connaissance.

11 avril 1968          Inauguration de la restauration, d’une durée de 5 ans. La chapelle est de nouveau consacrée par Mgr Rougé, évêque de Nîmes.  Messe de l’abbé Maurel. Les vitraux ont été refaits par Isabelle Rouault.

M. Adrien Schülé y a convié, au nom de la commune, les descendants des différentes familles ayant été seigneur ou coseigneurs de La Roque et qu’il connaissait bien : le Marquis de Digoine du Palais et son épouse née d’Anselme[11], la Vicomtesse Régis de Verduzan, la Baronne de Verneuil ( de la famille Hyacinthe du Vanel de Lisleroy), la Baronne de Langlois, née Comtesse de Chivré (la petite-fille du Comte de Sabran qui a fait édifier la Vierge de Sabran et descendante d’un neveu du Cardinal de Richelieu ; ancienne propriétaire du château de La Blache).

1969            Enterrement de Mme Coussens.

1971 juin      Crue de la Cèze.
1971 28 juillet-9 août Claude Verdier expose 15 vues (15 dessins à l’encre de Chine, remarquables par la qualité de traits et par une façon de rendre l’esprit du lieu).

1972            Emile Frach démissionne de sa fonction de maire mais il reste conseiller municipal. Paul Coste lui succède.

1973            Transfert de l’école à St. Michel d’Euzet pour la rentrée de septembre.

1978            Consolidation des piles du pont par injection de béton.

1980 28 octobre     Inscription du pont au titre des Monuments historiques.

1981            Réfection du toit de l’église.

1983            Restauration de la chapelle du presbytère.

1995 14 juillet         La foudre tombe sur le clocher.

Et la suite fait partie de la mémoire des roquerol(le)s d’origine ou de cœur : vous la connaissez.

Articles
1. Présentation générale de La Roque par Adrien Schülé, Le Républicain d’Uzès 5 décembre 1964.

2. Radio-Lyon (La Doua) : émission touristique pour les automobilistes pour Lussan, Goudargues, Montclus et La Roque. Emile Frach, maire, et Adrien Schülé, historien, présentent la Roque, Midi Libre 8 août 1965.

3. Présentation historique du village de La Roque par Adrien Schülé, Midi Libre 31 août 1965. Cet article sera souvent repris de diverses façons par d’autres personnes…C’est devenu même ce que l’on appelle en termes journalistiques un « marronnier ».

4. Inauguration de la chapelle de La Roque, Midi Libre 18 avril 1968.

5. Gérard Mignard : Moulin des cascades (Magnin), Midi Libre  22 janvier 2012. Pour ce journal, M. Mignard a effectué des articles très fouillés sur différentes particularités de l’histoire de ce village au XIXe et XXe siècle.

Bibliographie :

Jean Roux : Notice historique sur les châteaux de Verfeuil et de La Roque. Pont-Saint-Esprit. 1876. 126 p.
Les amours de Clarisse et de Louis ont donné des rêves et fait battre bien des cœurs, lors de veillées au coin du feu. La base de tous les récits (j’en connais 5, sans compter le mien !, inédit à l’état de manuscrit) est inspirée de ce livre où se trouvent des éléments historiques vérifiables et d’autres qui le sont le moins. Il faut compléter cette lecture avec l’étude de l’Abbé Roman.

Chanoine Roman : Verfeuil (Gard). Imprimerie Bousrez. 1894. 228 p.
Roux et Roman : des livres qui datent mais démontrent la nécessité de croiser les informations des différents histoires communales établies. De nos jours les historiens ont une pratique trop interne à une commune et pas assez intercommunale qui était un principe évident avant la Révolution ! Les coseigneuries le démontrent : des nécessités aussi bien économiques que sécuritaires l’expliquent.

Adrien Schülé : La Roque. Renseignements inédits. 1964. 22 p.
Trois versions dactylographiées de 1964 à 1968 (avec des versions B de 28 p. et C de 36 p.). Tapuscrit distribué gratuitement à celles et ceux qui désiraient disposer d’informations historiques sur le village.

Claude Verdier (préface de Christian Giudicelli) : Quinze vues de La Roque. 1971. 36 p.
De nombreux artistes ont posé leurs chevalets à La Roque qui offre, avec les cascades ou le village, de multiples perspectives, variant avec la lumière et les saisons. Les photographes ont aussi permis de faire connaître cette commune, loin à la ronde : il convient de leur rendre hommage.

Adrien Schülé : La Roque-sur-Cèze. 1972. 56 p.
Manuscrit ronéotypé faisant le point sur dix ans de recherches patientes en ses temps de loisirs. Il n’a jamais cherché d’éditeur et a donné à qui le voulait son travail. Pour lui, l’histoire retrouvée devait être partagée : l’essentiel était de transmettre des données pour permettre de nouvelles recherches. Depuis 1974, accaparé par d’autres travaux, il n’a plus eu le temps  de poursuivre cette quête.

Chantal Frach (préface d’André Vernet) : Un village languedocien au XIXe siècle La Roque-sur-Cèze. La Roca. 1984. 136 p.
Il s’agit de l’édition d’un travail de diplôme présenté en 1967, à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier. Dans l’esprit de Le Roy Ladurie, elle a exploité les documents disponibles du XIXe siècle qui lui ont permis plusieurs analyses statistiques et démographiques.

Monique Frach-Descazaux (préface de Christian Giudicelli): Vivre à La Roque-sur-Cèze. Entre Cévennes et Provence au XVIIIe siècle. Nîmes. 2011. 416 p.
Ce livre amplement illustré confirme les données d’avant la Révolution française, fournies par Adrien Schülé. L’auteur a bénéficié de documents inédits que les flammes révolutionnaires ont épargnés. Son analyse XXIe siècle du XVIIIe surprend parfois : cela résonne comme un règlement de compte avec le passé familial de l’auteur et certaines pages d’histoire n’entrant pas dans ses vues. Mis à part ceci et à l’appréciation du lecteur, cette étude est d’une grande richesse en informations diverses et précises.

Hélène Gilles : De La Roque à la Roque-sur-Cèze. Histoire d’un petit village pittoresque entre Cévennes et vallée du Rhône au XXe siècle. 2015. 292 p.
Cet ouvrage offre une mémoire de ce passé récent de La Roque : il s’agit d’un regard que l’on peut approuver sur certains points et contester sur d’autres car il y a encore de nombreuses personnes (ou leurs descendants) qui ont aussi la mémoire des faits précis de ce temps. A prendre comme un témoignage exprimant un point de vue qu’il n’est pas toujours possible de généraliser mais qu’il est intéressant de connaître.

Vous désirez me contacter pour l’histoire de La Roque-sur-Cèze et de Saint-Gervais, n’hésitez pas à lire d’autres articles sur ce blog ou à me joindre par courriel : antoine.schule@free.fr.

Les droits d’auteur sont le cadet des soucis des pilleurs de données, pratique courante et ordinaire, mais un chaleureux merci à celles et ceux qui penseront à donner les références légales en utilisant cet article, mis à disposition gratuitement, et d’avoir, en plus, l’amabilité de m’informer de son usage.

Antoine Schülé.
Etat mars 2017.




[1] Par notre Mathilde, nous avons de nombreux cousins par le sang à La Roque, St. Michel d’Euzet, Bagnols et St. Paulet du Caisson, Frontignan. Information utile pour ces « humanistes » qui nous reprochent « de se mêler d’histoire locale en tant qu’étranger », ces humanistes se disent de plus antiracistes, apôtres de la multidiversité ou du vivre ensemble Proclamer des valeurs et les vivre sont certainement deux pratiques qui leur sont bien différentes, en toute honnêteté, bien entendu !
[2] Tous trois déposés en mairie et donnés aux maires lors de leur parution.
[3] Du temps des romains jusqu’au Moyen âge, leurs signes gravés dans la pierre sont très semblables.
[4] Il mit fin au litige qui opposait les droits de sa famille avec ceux de celle de Brémond d’Anduze (Genolhac).
[5] Garde rapprochée des membres de la famille royale.
[6] Cette famille descend de Guillaume 1er, comte d’Orange et de Toulouse, duc d’Aquitaine en 812, beau-frère lui-même de l’Empereur Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne.
[7] Ecrit parfois Deidé ou encore Deydé.
[8] Il est curieux qu’actuellement, cet enseignement libre et gratuit - qu’elle a financé - lui soit presque reproché car elle l’a fait au nom de sa Foi. Le raisonnement est léger mais c’est ainsi !
[9] Il s’agit de Joseph Mouret, dit Caribert, le pamphlétaire qu’il ne faut pas confondre avec son fils Caribert, avocat et prêteur. Sur ce site, vous pourrez découvrir mon étude inédite sur cette personnalité originale et qui mérite d’être connue. Au fait, pourquoi n’en parle-t-on plus à La Roque ?  Ce fut pourtant un être d’exception et j’espère que des options politiques du XXIe s. ne viennent pas justifier cet oubli, involontaire sans aucun doute  et que je ne souligne pas plus !
[10] Pendant plusieurs années (1967-1974, après cette date je ne sais pas car j’étais à St. Gervais), j’ai vendu leurs programmes et, grâce à eux, j’ai eu la joie de découvrir les coulisses (habillage, grimage, décors, sonorisation) d’un théâtre nomade comme du temps de Molière, peu de moyens et une passion des textes. Il est étrange que leurs prestations aient été passées sous silence alors que les municipalités les soutenaient… enfin, j’ai une explication pour cela : un certain chauvinisme local…, pour ne pas diminuer celui qui devait et doit rester à jamais la figure locale, malgré ses côtés sombres sur lesquels un voile épais a été jeté… Les œillères volontaires des uns ne doivent pas être obligatoirement celles des autres !
Quelques noms d’acteurs : Arlette Emery, Michèle Sciaffinao, Jean-Jacques et Marie-Michèle Vaude, Ulric de Belleville, Serge Delannée, Marie-Agnès Chaloine, Françoise Chotard…
Ils ont fait découvrir Musset, Molière, Labiche, J. Tardieu, René de Obaldia, Tchékhov, Caragiale, sur le parvis de la nouvelle église de La Roque où chacun venait avec sa chaise et dans  plusieurs villages de la vallée de la Cèze.  
[11] Elle nous a fourni les renseignements réunis par le Comte de Chansiergues (Tramaye, Saône et Loire).

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