Angelus
Silesius
(1624-1677)
Antoine
Schülé
La
Tourette, 8 mai 2020
Le
laboureur est Dieu, Sa
Parole est le grain,
Son
Esprit est le soc et mon cœur le terrain.1
La
pierre est sur le sol et l'oiseau dans les cieux;
le
poisson vit dans l'eau, moi dans la main de Dieu.2
L'hiver
est le péché, la contrition le printemps,
l'été
la grâce, l’automne l'accomplissement.3
Le
sage cherche le calme, fuit le bruit;
Le
monde est un océan pour moi, le capitaine est l'Esprit de Dieu;
mon
corps est le bateau dont l'âme voyage vers le port.5
En
toi sont le Ciel
et aussi le tourment de l'Enfer:
Ce
que tu choisis et veux, tu le trouves partout.6
Pour
ouvrir ce sujet, ces quelques citations vous donnent l'esprit et le
style de cet auteur nommé Angelus Silesius. Les amateurs de haïkus
doivent s'intéresser à son œuvre où se retrouve, en partie, une
sagesse déjà livrée par Lao Tseu, dans son Tao Te King. La
sagesse a dû accompagner la naissance de l'humanité, même si elle
semble bel et bien perdue chez quelques-uns, en nos temps
d'illusions. Méditer une image verbalisée en dit bien plus qu'un
long discours mais, pour vous initier à ce poète mystique, il me
faut bien vous en dire un peu plus, afin de découvrir l'esprit qui
a conduit l'écriture de ses distiques.
Angelus Silesius
Johannes
Scheffler, qui se nommera ultérieurement Angelus Silesius, est
issu d'une famille ayant une origine allemande et ayant émigré en
Pologne.
Son
père était né à Cracovie en 1562 et a mené une vie d'homme
d'armes. Il fut anobli en 1597. Il décida de s'installer à Breslau
(Wroclaw, dans la Pologne actuelle). Âgé de 62 ans, il épousa
Marie Hennemann en 1624. De cette union, trois enfants sont
nés : Johannes Scheffler, le 25 décembre 1624, et plus tard, un
frère Christian ainsi qu'une sœur. Leur père quitte ce monde en
1637, à l'âge de 75 ans, et leur mère décède en 1639.
Temps
des études
De
1639 à 1643, Johannes étudie au gymnase Sainte-Elisabeth. Deux
enseignants ont une grande influence sur son développement
intellectuel et moral : Chrisostomos Schultz et Christophe Köler, un
poète. Il est remarqué pour son enthousiasme, son côté introverti
et sa recherche d'une certaine ascèse morale. Il s'y fait aussi un
ami en la personne d'Andreas Scholz (latinisé en Scultetus)
: ce luthérien à l'origine se convertira au catholicisme; il
deviendra un poète reconnu par Lessing en 1644; cette amitié a
marqué la vie de Johannes.
Le
4 mai 1643, il est inscrit à l'université de Strasbourg pour
des études de médecine mais il étudie aussi l'histoire et la
politique. Il y découvre l’œuvre de Tauler, un disciple
d'Eckhart.
En
1644, le 6 septembre, il poursuit ses études à Leyde,
Hollande, où il restera jusqu'en 1647. Il y connaît une étape
importante pour sa vie spirituelle : une confrontation avec d'autres
pratiques religieuses et de nouveaux auteurs. La Hollande a reçu des
Luthériens, des Calvinistes, des Juifs, des hérétiques et diverses
"chapelles" particulières y prospèrent. Il lit avec
assiduité les écrits de Böhme, Tauler, Ruysbroeck et
de Harpius (traduits en allemand par des Chartreux) et probablement
d'Eckhart et de Weigel.
Le
25 septembre 1647, nous le retrouvons à Padoue7.
Après cinq années d'études, le 9 juillet 1648, il est docteur en
philosophie et en médecine.
Retour
en Silésie et conversion
En
1649, il revient à Breslau. Son frère est frappé d'aliénation
mentale. Sa sœur a épousé un médecin. Le 3 novembre 1649, il
devient le médecin du Prince de Öls.
Les
cercles mystiques l'intéressent et révèlent sa curiosité
spirituelle : il rencontre Abraham
von Franckenberg qui
mourra le 25 juin 1652. Johannes
lui écrit pour cette circonstance un éloge de 28 strophes (112
vers) où se développent plusieurs idées que nous retrouverons
dans son œuvre majeure "Le
Pèlerin chérubinique8".
Von
Franckenberg lui permet de rencontrer Daniel
Czepko qui
est l'auteur d'un recueil
de 600 distiques
qui traitent de la
relation entre l'âme et le Christ.
Ce procédé littéraire
n'est pas nouveau et
s'inscrit dans une continuité spirituelle qui s'exprimait de
la même façon mais en
latin,
comme avec Theodor von Tschech (1595-1649)
entre autres.
Angelus Silesius reprend ce procédé avec plus d'ardeur, de
subtilité et une grande adresse technique. Silesius ne construit pas
un édifice doctrinal à la façon d'un Thomas d'Aquin. Ses
intentions sont
didactiques :
- montrer aux hommes le chemin de la Vérité;
- révéler la signification vivante du christianisme et des mystères de la Foi.
Pour
faciliter la mémorisation, il compose des vers rimés en allemand à
la façon française qui se retrouve chez Corneille9,
La Fontaine ou Boileau.
Des
ouvrages annotés de sa main, nous savons qu'il relit les œuvres de
Ruysbroeck et de Tauler,
traduites en latin par
un Jésuite, nommé
Sirius.
Figurent aussi,
sur les rayons de sa bibliothèque, les œuvres de Saint
Bonaventure, "L'imitation
de la vie de Jésus Christ"
attribuée à Thomas a Kempis, les œuvres de Gertrude de Hakeborn,
le "Clavis pro
Theologia mystica"
du Jésuite Maximilien, un dictionnaire de termes mystiques de
Sandäus
(paru en 1640).
Johannes,
luthérien par déterminisme familial, lit les auteurs catholiques et
il les admire : ils
répondent à sa préoccupation de l'union
de l'âme à Dieu. Il
réalise que l'Eglise est plus ouverte à
un chemin mystique
qui connaît par contre
une
forme d'intolérance chez les autorités
de la Réforme.
Il
reçoit le baptême catholique dans l'église Saint-Matthieu,
le 12 juin 1653,
et son nom devient
Johannes Angelus.
Deux
raisons à cet ajout à son prénom : au XVIe
s., il y a eu un mystique espagnol nommé
Johannes ab Angelis;
Angelus
car l'ange
est pour lui cet esprit messager de Dieu qui parle à l'âme.
En
1654, il est médecin à la cour de l'Empereur catholique Ferdinand
III. En 1657,
il publie la première édition du "Pèlerin
chérubinique"
qui a pour titre "Aphorismes
spirituels et sentences rimées".
Le
29
mai 1661,
il est ordonné prêtre
chez les frère mineurs de Saint
François. Il réussit à rétablir les processions à Breslau qui
n'étaient plus pratiquées depuis 135 ans. Ainsi,
ce
mystique a le grand souci d'un christianisme populaire et, une fois
de plus, se vérifie le réalisme
du mystique
qui,
trop souvent,
est imaginé en train de planer dans des hauteurs éthérées. Il
exprime très clairement son refus
de la gnose
et ceci doit être retenu car des gnostiques, encore de nos jours,
tentent de récupérer une partie de ses écrits10
pour se rendre crédibles.
Ne
confondons pas gnostique11
et mystique12
! Il a la volonté de convaincre. Il mène une vie active et il aime
l'écriture poétique.
Il est l'auteur de plusieurs livres
: "Sainte
joie de l'âme"
est un recueil de cantiques spirituels; "Description
sensible des choses dernières"
où il décrit les
peines
de l'Enfer et les joies du Paradis.
Les
attaques incessantes et
virulentes des Luthériens
ne manqueront pas à
l'égard de ce converti au catholicisme :
pour leur répondre,
s'ouvrent 12 ans de
polémique où
Johannes Angelus ne sera
pas toujours soutenu par les Catholiques. Il publie 55 pamphlets,
libelles et
opuscules où il s'exprime vigoureusement : cette
vigueur lui sera reprochée
mais les attaques luthériennes contre lui ne seront pas
condamnées... les timorés sont souvent ainsi et sont aimés, pour
cette "qualité",
par leurs adversaires qui,
quant à eux, ne
s'embarrassent pas de scrupules ! Son militantisme cesse en 1675.
En
1675,
il publie la deuxième édition
complète et définitive du "Pèlerin
chérubinique"
sous le nom d'Angelus Silesius, Silesius
car il est de Silésie.
Il renonce à sa fortune au profit des plus pauvres. Atteint de
phtisie, il se retire chez les frères Porte-Croix.
Il meurt le 9
juillet 1677
et il est enterré dans l'église Saint-Matthieu
de Breslau.
Les
poètes piétistes imiteront volontiers son style et garderont le
souffle de son esprit.
"Pèlerin
chérubinique"
Cet
ouvrage est un passionnant recueil de sentences paradoxales. Il
s'agit pour Angelus Silesius de confronter deux énoncés qui doivent
normalement s'annuler mais qui, en fait, vous dévoilent une sagesse
surprenante. Pour ma part, en le lisant, je retrouve des inspirations
certaines de six livres de l'Ancien Testament : La Genèse, Le livre
de Job, Les Proverbes, Le livre de la Sagesse, Le livre du Siracide,
les Psaumes mais tous lus à la lumière de l'Evangile selon Saint
Jean13
et des Epîtres de Pierre.
D'ailleurs, la vie nous apprend souvent que même la réalité est
paradoxale !
L'université
théologique catholique de Vienne a donné son approbation à la
publication de ce livre que je vous présente en ce jour.
De Saint Jean l'Evangéliste, quelques versets vous donnent les clefs de lecture de la Bible, retenues par Angelus Silesius :
- Jésus : "En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.21" Jean 6, 47
A
compléter avec ce verset de saint Paul :
Quelle
est l'intention de la démarche de notre
auteur
? Il explore
les liens entre Dieu, l'homme et la sagesse.
Un principe de base pour débuter : rester prudent face à la
perception des sens qui révèlent une réalité partielle et créent
des illusions d'un savoir qui change en fonction de nouvelles
découvertes qui seront
elles-mêmes
remises
en cause plus tard par d'autres découvertes27...
Il
y a une connaissance au-delà des sens et au-delà d'un savoir
humain. Un bon
moyen pour l'exprimer : le paradoxe.
L'union
avec Dieu est propre à chaque homme : un phénomène complexe qui
est
indicible
mais qui
s'approche
au
moyen de
paradoxes parfois étranges ou contradictoires.
L'homme,
même de science, n'a qu'une vision
naïve du monde : le poète perçoit
mieux ce réel invisible
que le scientifique ne s'intéressant
qu'au visible,
avec un microscope ou un télescope. Avec
raison, le Credo
mentionne le "monde
visible et invisible"
: le
mystique s'intéresse à ce monde invisible et pourtant perceptible.
"Le
Pèlerin chérubinique"
n'est ni un manuel de pieuse spiritualité, ni un exposé de
doctrine, ni un traité dogmatique. A
l'aide d'aphorismes (énoncé
synthétique d'une vérité),
Angelus Silesius transmet son expérience de foi vécue et il invite
son lecteur à une introspection pour découvrir Dieu en son cœur,
Le laisser parler et ensuite agir en soi pour rayonner de la Parole
de Dieu dans la joie. Pour le dire de façon contemporaine, c'est le
GPS du chemin mystique sauf qu'en plus, il nous dynamise par sa
fougue et son ardeur. Il parle en mystique et s'exprime avec
concision : oui, il n'est pas possible d'être plus concis et plus
direct.
Derrière
la simplicité apparente qui surprend à la première lecture, il
s'agit surtout de méditer ses épigrammes : ils révèlent le Christ
et le mystère de la Croix. Cette méditation nous conduit à imiter
ce modèle qu'est le Christ pour commencer ou poursuivre de façon
salutaire une conversion qui ne s'achève complètement que lorsque
l'âme quitte le corps.
Ce
livre est un recueil d'environ 1 700 distiques.
La qualité de son auteur est de créer l'inattendu : le
lecteur est régulièrement surpris par l'imprévu qui ouvre un
nouveau regard. Ces distiques se complètent. Vous pouvez commencer
la lecture n'importe où dans l'ouvrage et inévitablement vous
effectuerez un voyage d'un distique à l'autre.
Il
est préférable, pour ceux qui le peuvent, de lire notre auteur en
allemand. Toutefois, il existe de bonnes traductions en français28.
Signalons que la traduction de ce recueil de distiques n'est pas
facile. La langue allemande dispose de mots plus précis et plus
courts pour ces notions qui ont trait à la philosophie et à la
spiritualité. Un mot allemand nécessite parfois plusieurs mots en
français pour exprimer son sens exact : la version française est
donc, de temps en temps, moins fluide.
L'essentiel
est de rester dans l'esprit de l'auteur. Il m'est apparu parfois
nécessaire d'offrir une traduction qui soit plus dans l'esprit de
ses sources, du moins de celles que je connais.
Les
sources d'Angelus Silesius
Précédemment,
je vous ai donné quelques noms et
livres lui ayant servi de bases
mais, avant de poursuivre,
il est utile de s'intéresser, trop brièvement il est vrai, à la
tradition mystique médiévale29.
Dans son "Avertissement
au lecteur", il
cite les auteurs qu'il a lus
et auxquels il se réfère. Les écrits de saint Augustin30
et saint Bernard31
forment un socle d'où est
issue ce qui est appelé la mystique rhénane qui, cependant, ne doit
pas nous faire oublier la mystique espagnole (je vous ai parlé de
Jean de la Croix
lors d'une précédente communication32).
Il a lu aussi Denis
le Chartreux (Dionysius
Rickel ou Denis de Leewis), né dans le diocèse de Liège en 1402 et
mort en 1471, un magnifique fruit de la spiritualité cartusienne.
Eckhart33,
né en Thuringe (Gotha) vers 1260,
est
mort en 1327-1328,
lors d'un voyage où il quittait Avignon. Étudiant à Paris les arts
libéraux et la philosophie de la nature, il est devenu dominicain.
Il fait sa théologie à Cologne. Il écrit en allemand
dans un style vivant et simple, à la façon des Pères du désert34
: ce qui rend sa lecture très facile et je ne peux que vous le
recommander. Ses thèmes de prédilection sont : le
dépouillement
(de soi, à ne pas confondre avec une pauvreté pécuniaire comme
ceci est trop souvent entendu), le
discernement (qui nécessite du courage), la grâce (ce don de Dieu),
la liberté (se libérer de nos déterminismes, de nos égoïsmes
pour adhérer librement à Dieu),
la joie (non bruyante mais cet instant de plénitude, préfigurant la
vie éternelle), la paix (intérieure qui n'interdit pas la lutte
contre les forces du mal), la pauvreté (du cœur qui se nourrit de
l'Amour de Dieu), l'union à Dieu (s'établissant
lors notre
vie terrestre pour,
au final,
naître définitivement
en
Dieu)...
En
lisant quelques Sermons
et le Benedictus35,
nous retrouvons ses sources, en plus de la Bible, chez deux auteurs
que je vous ai déjà présentés : saint Augustin et Hildegarde de
Bingen, dans l'esprit d'Albert le Grand. Il a su remarquablement
développer une
pensée théologique pragmatique : oui, ces deux qualificatifs ne
sont pas antinomiques.
Ses
écrits ont suscité la suspicion de l'archevêque de Cologne, Henri
II de Virnebourg qui l'a accusé d'hérésie. Il a fallu attendre le
cardinal Nicolas de Cuse pour le réhabiliter, un siècle plus tard.
De
nos jours,
les
défenseurs des Cathares veulent
discerner
une
influence cathare dans certains de ses écrits36
: j'en doute car, très tôt, il cultive les veines augustinienne et
hildegardienne et cela même si, en tant que Dominicain,
il a dû "dialoguer" avec des Cathares à Toulouse. Un
dialogue ne signifie pas conversion à ce que croit son interlocuteur
mais traduit tout au plus un légitime désir de comprendre et de
discerner le vrai du faux dans une doctrine où tout n'est jamais
complètement faux, une fois ses erreurs et ses excès reconnus...
Jan
van Ruysbroeck37
est né en 1293 dans le village qui lui a donné son nom et qui se
situe entre Halle et Bruxelles, pour mourir en 1381. Il a une grande
culture patristique et a traduit des textes majeurs du latin en
néerlandais. Son ouvrage le plus connu a pour titre : "Les
Noces spirituelles" qui est fondé sur ce verset biblique :
"Voici l’Époux qui vient, allez à sa
rencontre.". Diffusé dans tous les pays germaniques, sa
doctrine a marqué durablement la pensée théologique. Par le cœur
et l'esprit, l'âme doit devenir toujours plus à la ressemblance de
Dieu.
Henri
Suso, né en 1295 (à Constance probablement) est mort en 1366 (à
Ulm). Il a été béatifié en 1831. Il a accompli ses études
théologiques à Strasbourg de 1319 à 1321. En 1322, il a connu
Eckhart ce qui lui vaudra une première mise à l'écart en tant que
lecteur de son couvent. Il appartient à l'ordre des Dominicains.
Un
jour, il eut une voix qui l'interpella en lui disant : "Ouvre
la fenêtre de ta cellule et regarde. Tire l'enseignement de ce que
tu vois.". Il vit alors un chien qui déchire en morceau un
paillasson et alors la voix intérieure lui dit : "Tu seras
ainsi déchiré par tes frères.". Ce fut le cas. Alors
qu'il a restauré une discipline dans son ordre, il fut calomnié, ce
qui provoqua son exil à Ulm.
Les
écrits de lui sont : Vie, Livre de la Sagesse éternelle,
Livre de la Vérité, L'Horloge de la Sagesse38.
On a de lui encore un recueil de lettres. Il aime parler au moyen
d'images, tout en précisant qu'il s'agit d'aller au-delà de l'image
: l'image est un déclencheur pour allumer la lumière de l'esprit39.
Jean
Tauler
est né à Strasbourg en 1300,
d'après
diverses correspondances, et y est mort en 1381.
Dominicain, réputé comme prédicateur, il a séjourné à Bâle, en
raison de dissensions politiques40.
En cette ville suisse, il rencontre les Amis
de
Dieu
qui souhaitent
vivre la radicalité des Évangiles.
Son œuvre réunit 81 sermons écrits en langue populaire et il
utilise très souvent des métaphores que Silesius reprendra. Sa
technique est simple : d'un verset de l’Écriture ou des Évangiles,
il invite son auditeur à une méditation qui permet
d'établir une relation
spirituelle
entre l'être humain et Dieu. Il n'établit pas une exégèse41,
il privilégie le sens allégorique42
au sens littéral43
: une véritable recherche de l'Esprit
qui anime le Nouveau
Testament.
Maximilien
Sandäus (ou Sandaeus, nom latinisé de Maximilien von der
Sandt),
né
à Amsterdam en 1578,
est mort à Cologne en 1656.
Il est entré chez les Jésuites en 1597 et a enseigné dans
les États germaniques. Auteur de nombreux ouvrages, les deux titres
qu'a retenus Silesius sont : Theologia mystica (1627) et Pro
theologia mystica (1640).
Il
y a eu d'autres mystiques qui ont inspiré notre auteur :
Harpius
ou Heinrich Herp,
un mystique franciscain,
originaire du Brabant,
est né
au début du XVes.
et mort à Malines en 1477.
Louis
de Blois (ou Ludovicus Blosius), né en 1506 dans les Flandres
et mort en 1566. Son ouvrage le plus lu et traduit en français a
pour titre : Institution spirituelle et consolation des
pusillanimes44.
Thomas
de Jésus,
de l'ordre des Augustins, est un Portugais,
né en 1529 et mort 1582.
En 1602, son livre "La
Passion de Jésus"
l'a rendu célèbre. En 1623, a paru
son livre De
oratione dominica,
à Anvers et dont Silesius
a eu connaissance.
Nicolas
de Jésus-Marie,
Carme
polonais,
né à Cracovie en 1596 et mort en 1627, lui est aussi connu par son
livre Phrasium
mysticae theologiae R.P.F. Joannis a Cruce elucidatio,
édité en 1639.
Autant
d'auteurs, autant de sujets qu'il faudrait traiter ! Je clos cette
liste sommaire et attire votre attention que nous avons une mine
splendide de sujets à découvrir et dont on ne finit pas d'explorer
les merveilles. Oui, la culture européenne avec des racines
chrétiennes a existé et espérons que ces racines sont et
seront assez vivantes pour réformer la décadence culturelle
actuelle, due en partie à une décadence spirituelle : je veux être
optimiste45
malgré tout ce que je vois, tout ce que j'entends même en des lieux
où l'on s'y attend le moins...
Dieu
Il
s'agit de découvrir
Dieu au-delà des mots.
Suivre le chemin facile de ces fausses évidences est l'erreur à ne
pas commettre. Emprunter le chemin difficile qui conduit à Dieu nous
est rendu accessible avec "Le
Pèlerin chérubinique".
Avec le temps, une fausse idée de Dieu occupe les esprits. Dieu ne
s'atteint pas au moyen de spéculations intellectuelles
: Il se révèle dans le cœur de chacun en raison de Son Amour pour
l'homme. L'humanisme chrétien, c'est çà.
Maurice
Zundel cite volontiers,
dans ses homélies ou ses retraites,
les aphorismes d'Angelus Silesius. Principalement pour souligner
cette fâcheuse
tendance de l'homme à projeter son image sur Dieu,
alors que c'est Dieu qui a voulu l'homme à Son image et en lui
laissant la liberté aussi bien de Le refuser ou de L'ignorer que de
Le suivre tièdement ou avec enthousiasme. Paradoxe ? Non, l'homme
attribue des valeurs et des fonctionnements humains à Dieu, au lieu
de découvrir la Présence divine qui est au cœur de chaque homme,
qui resplendit chez les uns avec plus ou moins d'intensité ou qui
est étouffée chez d'autres par des passions humaines comme
l'orgueil, la colère, la jalousie, des désirs possessifs46,
le paraître au lieu d'être...
Dieu
n'est pas un pharaon,
un juge assis sur un nuage, épiant les hommes pour les frapper de sa
colère ou être de simples jouets entre ses mains ainsi que des
lectures de l'Ancien
testament
peuvent le faire croire. Dieu
ne se possède pas, Il se donne à tous gratuitement avec le respect
total de notre liberté :
toutefois nos choix seront jugés, non selon des lois trop humaines,
et tant de fois perverties, mais selon une loi d'Amour car Il connaît
les secrets de nos cœurs. Il propose son Amour qui est exigeant et
n'a rien d'un roman à l'eau de rose : c'est bel et bien à l'homme
de répondre à Son appel qui est la Parole des Évangiles.
Angelus
Silesius dit : "La
rose est sans pourquoi."47.
Dieu se donne, Marie se donne, la Sagesse se donne sans pourquoi et
il le vaut mieux pour les hommes ! Dieu
ne s'enferme pas dans une forme
mais
s'exprime
en des symboles, pâles reflets de ce qu'Il
est en vérité, au-delà de
ce
temps
qui est une notion humaine, très scientifique. Dieu n'est même pas
lié par le temps
: nous le disons souvent dans une des formulations de nos prières
mais réalisons-nous tout ce que signifie ce : "Gloire
au Père,
au Fils et au Saint Esprit
comme Il était au commencement, et maintenant, et toujours et pour
les siècles des siècles."
?
La
seule limite qu'Il puisse connaître est celle que nous Lui
fixons : or cette limite est fausse car le tout et le rien ne se
limitent pas.
Dieu
est au-delà du tout que nous percevons par nos sens48
et au cœur de ce rien à nos yeux humains mais qui Le contient
encore.
Être un mystique,
c'est tout simplement ne pas vouloir extérioriser Dieu pour en faire
un objet de perception mesurable, quantifiable, vérifiable et
expérimentable...
Là réside l'humilité du Chrétien devant Dieu
: les humbles de cœur.
Silesius
insiste sur le fait qu'il ne faut pas concevoir un Dieu-objet car ce
serait en faire une idole comme des païens en ont tant fait. C'est
pourquoi il préfère parler de déité49
plutôt que de Dieu
car ce mot est devenu trop réducteur dans l'esprit du plus grand
nombre
: une sorte de fétiche.
Convertir
son regard sur Dieu
Par
l'esprit, Dieu doit
être redécouvert
comme la
Source afin que nous devenions à notre tour une source pour autrui.
Cette affirmation,
souvent reprise par Maurice Zundel, mérite d'être approfondie. Dieu
est une source de joie intérieure dans notre plénitude humaine qui
doit rayonner pour ouvrir les autres à ce cœur-à-cœur
avec Dieu. Ceci
peut vous paraître irréaliste ou incompréhensible. Pourtant deux
exemples
simples
sont
éclairants
:
- vous pouvez rencontrer un prêtre ou un Chrétien vrai qui resplendit de l'Amour du Christ, cette Source de Vie, qui vous communique le sourire de Dieu et ainsi il est une source d'une sérénité intérieure qui se communique;
- vous pouvez malheureusement voir quelques prêtres ou quelques Chrétiens laïcs, ayant un visage toujours sombre, révélant un air abattu et cultivant une telle amertume que celle-ci glace les meilleures volontés.
Le
pire
est atteint
quand
ils
pourrissent
les mots les plus beaux qui sortent de leur
bouche.
En
effet, le
simulateur se
dévoile
lorsque
ses
actes contredisent ses
paroles
:
discerner
son
hypocrisie est de première importance car celle-ci
peut susciter de grands
maux50.
Il
assèche les âmes qui sont ainsi coupées de la vraie Source
: quelle responsabilité et quelle culpabilité !
A
la suite de Saint Augustin, Silesius nous invite à découvrir
la Présence de Dieu en soi.
De cette façon, nous commençons à atteindre
l'intemporel qui est l'éternel présent de Dieu : "Je
suis celui qui est.".
Sa Présence nous introduit à l’Éternité de l'âme incorruptible
: seule
la chair est limitée dans le temps car corruptible.
Notre
regard sur Dieu, ou la déité, doit changer : il s'agit de partir du
point de vue de Dieu s'exprimant dans les Évangiles et non du point
de vue de l'homme qui doute de tout ce qu'il ne peut pas enfermer
dans son champ de connaissances humaines. Comment y parvenir ?
Laisse
ton cœur entendre Dieu dans le silence
: il s'agit de ne pas noyer Dieu dans des flots de paroles qui
couvrent de bruits Celui qui se révèle dans le silence. Rester
silencieux devant le Tabernacle nous apprend plus sur Dieu que
certaines homélies vides de toute spiritualité51.
Un
aspect original de la pensée d'Angelus Silesius : Dieu ne punit
personne. N'allez pas croire que Dieu pardonne tout par avance et que
le pécheur peut pécher gaillardement,
en toute impunité ainsi qu'il s'entend parfois même au sein de
l'Eglise52
! Pour
Silesius, Dieu ne punit personne car c'est le péché lui-même qui
est "angoisse,
douleur et mort"
: l'homme construit son enfer en se coupant du Dieu Sauveur.
Le
mal ne provient pas de Dieu mais de l'homme.
Le péché est ce qui est source de souffrances
morales,
pouvant devenir physiques.
Dieu offre son pardon à celui
qui se repent sincèrement
: c'est la force de l'Amour
qui sauve et ne punit point.
Son pardon permet d'être un homme nouveau, de reprendre le bon
chemin. Nous pouvons chuter et Il nous relève quand nous mettons
notre confiance
en Lui.
La
vertu est source de joie.
La vertu est l'essence de Dieu. Ainsi Angelus dit : "La
vertu flue de Lui comme du soleil les rayons."53.
Le Soleil christique en est un beau symbole : Dieu s'est fait homme
dans le Christ pour faire rayonner Sa Vertu. La transfiguration en
est l'expression la plus parfaite. Le Transfiguré ne peut pas être
regardé par l'homme comme l'homme ne peut pas regarder le soleil,
sans être aveuglé : le soleil est source de vie.
Être
chrétien, c'est laisser croître en nous l'étincelle de lumière
divine, ce don de Dieu
qui
se trouve dans le cœur
de chacun54.
Notre auteur nous le dit ainsi : "Laisser
naître le Christ en soi."55,
à l'image de Marie qui s’abandonne à Dieu par "Que
Ta Volonté soit faite
!".
Le Nouveau
Testament
n'est pas une histoire appartenant au passé mais il
est le guide
actuel pour
chacun afin de baliser le chemin de tout chrétien, d'hier, de
maintenant et de demain : ce pèlerinage terrestre consiste à
laisser
émerger Dieu qui est déjà en nous, aux premiers instants de notre
vie embryonnaire et qui ne demande qu'à s'épanouir comme une belle
fleur en nous, en resplendissant
de la lumière de Dieu. Il s'agit pour tout homme de foi de Le faire
grandir en nous. Ici la prière prend tout son sens et, dès lors,
vous comprenez ce distique de notre auteur : "La
vraie prière est de devenir ce que l'on prie, c'est-à-dire
semblable à Dieu.".
Cette affirmation n'a de sens que si on reste dans l'esprit d'Angelus
Silesius :
"semblable"
ne signifie pas "comme".
Pour
mener une vie la plus parfaite possible par l'homme sur les pas du
Christ, suivre le chemin qui conduit à Dieu consiste
à s'abandonner à Dieu sans poser des "Comment
?"
et "Pourquoi
?".
Lui faire confiance suffit.
Satan
L'égoïsme
est Satan56
: il n'y a pas de définition plus simple. Le diable détache de Dieu
l'homme qui veut refuser l'autre et les autres pour tout réduire à
sa propre personne donc à ses propres besoins. Satan habite cet
homme qui croit être le centre du monde, que tout doit tourner
autour de lui et pour lui. C'est ce goût possessif de l'autre qui
est réduit à l'état d'instrument, sous les apparences tantôt de
l'amitié, tantôt de la fonction exercée dans la vie
professionnelle ou aussi ecclésiale, malheureusement. Silesius
répète que les démons peuvent se convertir57
et c'est pourquoi nous devons prier pour nos ennemis au nom
de la foi, non
pour qu'ils aient du succès dans leurs sinistres œuvres qui doivent
être combattues : un acte de contrition sincère et volontaire de
leur part, même à leur dernière minute, suffit pour que Dieu leur
donne son appui58.
D'où
la nécessité d'un dépouillement de soi, ce qu'est la
pauvreté évangélique, pour vivre de façon altruiste dans
un total abandon à Dieu, Lui faire confiance et ne rien désirer en
acceptant le chemin de vie qui ne correspond pas toujours à l'idée
initiale que nous nous en faisions.
Être
un mystique
Vous
l'êtes à partir
du moment où vous voulez expérimenter Dieu dans votre vie. Je suis
certain que la plupart de mes lecteurs ou auditeurs ont tenté cette
expérience. sans savoir qu'ils ont ainsi
vécu des instants mystiques. C'est un moment très particulier où
l'homme semble être un avec Dieu et il l'est à divers degrés selon
la profondeur de sa foi (qui ne se jauge pas comme une marchandise
mais selon l'ouverture de son cœur à Dieu et Dieu seul sait la
sincérité de cette relation qui est établie avec Lui). L'homme
devient semblable à
Dieu mais, attention, sans être de même nature
que Dieu59.
Cette expérience spirituelle où l'âme est transformée, parfois
même transfigurée pour
quelques-uns, a pour
conséquence que cette âme,
dans sa mesure humaine, donc limitée, devient lumière
de Dieu. Cet état si
particulier est une grâce de Dieu et non un don naturel.
Symbolique
Angelus
Silesius aime la symbolique des fleurs qu'il considère comme des
images de la véritable Beauté,
tout à la fois humble et agréable, qui s'offre sans s'imposer. Le
lys est l'attribut de la Vierge. Les roses blanches
témoignent
de l'innocence de Jésus. Les roses rouges rappellent le sang versé
par Jésus : suprême attestation de son amour pour l'humanité.
En
parlant de l'homme, il utilise des images du monde animal.
L'homme
abandonnant Dieu
60
est un porc, une
truie
et Silesius a des termes très durs pour les disciples de Satan : ce
que lui reprochent certains commentaires actuels car,
au nom d'un certain relativisme (du genre "Tout
le monde est bon, tout le monde est gentil",
même l'assassin, le scélérat, l'abuseur et le fourbe),
il s'agit de ne plus se scandaliser devant les plus grands scandales
!
En effet, il faut se taire et laisser faire... et cet esprit de
lâcheté trop commun n'a pas besoin de vous être décrit : vous le
constatez tous les jours.
L'homme
qui se tourne vers Dieu est un agneau qui suit le bon berger, une
colombe qui reçoit le souffle
de l'Esprit
Saint ou
un aigle61
qui peut lever les yeux
vers Dieu sans être
aveuglé,
l'aigle étant
réputé pouvoir regarder
le soleil sans être aveuglé.
Silesius
invite chacun d'entre nous à être les Rois62
mages en apportant à Dieu le triple don : l'or qu'est notre amour,
l'encens qu'est notre oraison et la myrrhe qu' est
l'ascèse63.
Conclusion
avant une lecture de découverte
Notre
auteur n'a pas voulu rédiger un ouvrage de doctrine : il y en a déjà
trop comme il le dit dans son avertissement, et je me demande ce
qu'il dirait de nos jours : "On
n'écrit déjà que bien trop de livres ! On en écrit actuellement
presque plus qu'on n'en lit."64
Il
nous invite à un certain dépouillement : de notre égocentrisme, de
biens matériels inutiles65.
Il nous engage à lutter contre les forces de ce démon qui est tout
ce qui n'appartient pas au Bien et à la Beauté. Il défend ce qui
constitue la seule vraie Église.
En
mystique qui cherche l'expérience de Dieu dans sa vie, il se
distingue des scolastiques qui cherchent Dieu par la connaissance (et
qui finissent parfois par être des mystiques) et des gnostiques qui
limitent Dieu à leur seul savoir humain, délivré à quelques
privilégiés.
Pour
être un mystique, il n'est point nécessaire d'être un théologien
ou de disposer d'un grand savoir. Il s'agit d'ouvrir son cœur à
Dieu dans le silence et d'entendre sa Parole. Entendre,
c'est plus qu'écouter, c'est aussi comprendre
avec le cœur.
Seul un cœur humble peut vivre cette union à Dieu dans un parfait
cœur-à-cœur.
Pour
Angelus Silesius, le
mot déité
est préféré
à celui de Dieu
car le nom de Dieu a été trop galvaudé et masque Sa réalité qui
est indicible quoique perceptible par l'esprit. L'homme peut parvenir
à cette déité, sans être Dieu, en vivant une union avec Lui (les
noces spirituelles), lorsqu'il est en soif ou en appétit de
l'essence
divine qui est sa source
de vie. Au final, lorsque
l'homme de Foi est un pâle reflet humain de la déité,
donc à sa petite échelle,
il rayonne Dieu dans la plénitude de Sa joie. L'unité
du peuple de Dieu existe dès que les fidèles font Un avec Dieu par
l'Esprit Saint. Angelus Silesius nous invite de façon pressante à
goûter la grâce de ce Dieu au cœur de chacun, Sa Présence,
éternel présent (aux deux sens du terme),
comme dira Maurice Zundel au XXes.
Oui,
que le lecteur cherche, par ses propres moyens et à l'écoute
de la Parole,
le Dieu
caché en soi
! Le pèlerinage
terrestre portera
ainsi ses fruits.
Maintenant
que cet auteur vous est mieux connu, je vous invite à parcourir ce
jardin spirituel afin de nous émerveiller ensemble devant quelques
fleurs, petite anthologie, que je vous ai sélectionnées : leur
parfum n'est point néfaste pour ceux qui entendent et aiment Dieu.
Satan
L'amour
de soi est damnation
Si
le Diable pouvait quitter le culte de son moi,
tu
le verrais immédiatement s'élever vers le trône de Dieu.66
Le
moi fait plus de torts que mille diables
Homme,
prends garde à toi; si tu t'accables toi-même,
tu
seras écrasé par toi-même plus que par mille diables.
Tu
peux empoisonner l'ennemi
Enflamme-toi,
mon enfant, et soit une lumière de Dieu,
ainsi
tu seras le poison, l'écran opaque et la mort de Bélial.67
Le
démon ne voit pas de lumière
Homme,
revêts Dieu, cache-toi dans sa Lumière :
je
te promets que, oui, le Diable ne te voit plus.68
Ruse
contre ruse
Par
ruse, l'Ennemi nous a fait chuter et combattus,
par
ruse, il est possible de Le vaincre à nouveau.69
Deux
hommes habitent dans l'homme
Deux
hommes sont en moi : l'un veut ce que Dieu veut,
l'autre,
ce que veulent le monde, la mort et Satan.70
Il
ne faut pas laisser le Malin
vous
sauter à la gorge
Ami,
veille et regarde autour de toi ! Le Diable rôde sans cesse;
qu'il
rentre dans ton corps et tu dépends déjà de Lui.71
Le
diable est facile à vaincre
Chrétien,
ne te décourage pas : avec veille, jeûne et prière,
tu
peux te protéger de toute l'armée des démons.72
Quitter
son ego
Qui
s'abandonne trouve Dieu
Celui
qui s'est perdu et qui s'est délivré de son soi
a
trouvé en Dieu et sa consolation et son salut.73
Tu
es toi-même ton cachot
Le
monde ne t'enferme pas, tu es toi-même ce monde
qui,
en toi, te tient si fortement enchaîné.74
La
voie directe qui mène à la vie
Quand
tu veux aller tout droit sur le chemin de la vie éternelle,
laisse
sur ta gauche et le monde et ton moi.75
Trois
ennemis de l'homme
L'homme
a trois ennemis : soi, Belzébuth et le monde ;
le
premier est le plus difficile à vaincre.76
La
mort
La
vie et la mort
La
mort a sa splendeur quand elle donne la vie ;
il
n'y a pas de vie plus noble que lorsqu'elle surgit de la mort.
Il
n'est pas de mort sans une vie
Je
dis que rien ne meurt et par la mort
La
mort est bonne et mauvaise
Autant
la mort est bonne pour qui meurt en Dieu,
autant
elle est mauvaise pour celui qui meurt sans Lui.79
La
mort est la meilleure des choses
Comme
seule la mort me rend libre,
je
dis que c'est la meilleure chose entre toutes.80
Perte
et gain
La
mort est mon gain, une longue vie ma perte,
et
pourtant je remercie Dieu de me l'accorder.
Je
grandis et je progresse aussi longtemps que je suis ici,
c'est
pourquoi je dis très volontiers que la vie est mon gain.
Ressuscite
toi-même d'entre les morts
Je
dis qu'il ne sert à rien que le Christ soit ressuscité
si
tu restes couché dans le péché et les mortelles chaînes.
Quel
chemin pour le pèlerin ?
Le
corps mérite d'être honoré
Tiens
ton corps en honneur, il est un écrin précieux
dans
lequel l'image de Dieu doit demeurer.81
Le
meilleur ami et ennemi
Mon
meilleur
ami, le corps, est aussi mon
fâcheux ennemi ;
Il
m'entrave et m'emprisonne alors qu'il pense bien agir.
Je
le hais comme je l'aime et quand viendra le temps de la séparation,
je
voyagerai loin de lui avec joie comme avec peine.82
De
l'homme qui vit comme une bête
Tu
vis comme une bête; homme, sors de cette animalité ;
lorsque
tu y restes, tu ne rejoins pas Dieu.83
Le
chemin qui mène au Créateur
Toi,
pauvre mortel, ne reste pas coller
aux
apparences de ce monde et à ses pratiques infâmes ;
la
beauté du créé n'est qu'un simple chemin
qui
nous conduit au Créateur, la Beauté même.84
Le
Christ ne cause que haine et discorde85
Crois-tu
que le Christ est venu apporter la concorde et la paix ?
Noblesse
de sang
Qui,
né de Dieu, reçoit Sa chair et Son esprit,
lui
seul est né d'un sang noble.88
Qui
sert Dieu est particulièrement noble
Le
monde entier me sert; quant à moi je sers
la
Majesté éternelle : combien noble dois-je être !89
Le
jardin :
Au
plaisir
de
Dieu
Dieu,
l'éternelle joie, me veut pour résidence
car
je suis son jardin plein de fleurs et d'essences.90
Le
royaume mystique
Je
suis un royaume, mon cœur en est le trône,
La
vie royale
Donne
ta volonté à Dieu, car qui la Lui donne
mène
lui-même une vie royale.92
La
renaissance mystique
De
Dieu nous sommes nés, dans le Christ nous mourons
et
dans l'Esprit Saint nous reprenons vie.93
Les
yeux de l'âme
L'âme
a deux yeux : l'un regarde le temps,
l'autre
fixe l'éternité.94
L'amour
est éternel
L'espoir
cesse, la foi devient vision,
les
paroles n'ont plus de sens, et tout ce que nous construisons
se
corrompt avec le temps ; seul l'Amour demeure.
Dieu
regarde le fond
Dieu
ne juge pas le bien comme tu le réalises ;
Il
regarde seulement la graine et la racine et non le fruit.96
La
caractéristique de chacun
L'animal
a l'instinct, l'homme a la connaissance,
l'ange
a la vision, Dieu Lui-même a l'essence.
Chacun
doit être le Christ
Seul
le Christ est le vrai Fils de Dieu,
Le
Christ est tout
Ô
miracle ! Christ est la Vérité et la Parole,
la
Lumière, la Vie, la Nourriture et la Boisson, le Chemin,
C'est
en toi que Dieu doit naître
Le
Christ pourrait naître mille fois à Bethléem,
s'il
ne naît pas en toi, tu seras perdu à tout jamais.100
Le
paradis sur terre
Tu
recherches le Paradis et tu désires entrer
là
où tu ne trouves ni souffrance, ni accablement ;
apaise
ton cœur et rends-le pur et blanc,
ainsi
tu seras ici-même
le Paradis.101
Connaître
les noces spirituelles
(dans
le sens donné par Jean de la Croix)
Extrait
du Cantique des Cantiques
Le
roi conduit lui-même sa fiancée
dans le cellier
afin
qu'elle y choisisse le meilleur des vins ;
Ainsi
Dieu le fait avec toi lorsque tu es sa fiancée102
:
pour
Lui seul, Il ne garde rien car Il se donne entièrement.103
Véritable
sagesse
La
vrai sagesse qui conduit à la Porte des Cieux
demeure
dans l'alliance et l'ardent désir d'amour.104
Les
noces spirituelles
La
fiancée est mon âme, le fiancé est Jésus ;
le
prêtre, l'Esprit Saint ; et le trône de Dieu,
le
lieu de l'alliance ; le vin qui m'est donné à boire
est
le sang de Jésus, l'époux ;
toute la nourriture
est
Sa Chair ; la salle, la chambre
Dieu
est vérité
Maurice
Zundel donne une lecture d'Angelus Silesius afin que nous ne
rapetissions pas Dieu, selon de médiocres vues humaines, et que nous
nous ouvrions à toute Sa grandeur qui seule peut faire notre
grandeur en donnant sens à notre vie, le goût de la Vérité :
"...
il y a un admirable mystique allemand du XVIIes., Angelus Silesius,
plutôt d'ailleurs un altissime poète, qui dit ceci qui pourrait
paraître scandaleux : "Je suis comme Dieu et Dieu est comme
moi; je suis aussi grand que Dieu, Il est aussi petit que moi (106), Il
ne peut être au-dessus de moi, ni moi au-dessous de Lui.". Si
nous remplaçons "Dieu", pour gagner l'intelligence de ce
texte admirable, par le mot "Vérité"107,
nous comprendrons
ce que cela veut dire : "
La Vérité, je ne peux
pas l'atteindre à moins de devenir ce qu'elle est. La Vérité, je
ne peux pas la poser devant moi, il faut qu'elle se pose en moi. Et,
par conséquent, Elle
est en moi dans la mesure où je suis en Elle.
Plus je deviens la Vérité, plus la Vérité grandit en moi,
et,
moins je La
deviens, moins Elle
développe en moi sa lumière et sa joie."
Et
cela est littéralement
vrai de Dieu ! Au fond, si Dieu fait si souvent
figure de rabougri et d'idole, c'est parce
que nous
sommes nous-mêmes
rabougris. C'est justement
parce que nous ne voulons pas conquérir notre dignité d'homme,
notre liberté créatrice, parce
que
nous
n'entrons pas dans la magnifique
aventure de la vie. Alors, naturellement,
Dieu devient un petit
Bon Dieu de rien du tout, un bonhomme oui, un bonasse,
qui est finalement
une idole et un faux dieu.
Le
vrai Dieu , il exige pour être connu, que nous grandissions sans
fin. Et ceux-là sont aptes à en parler, ceux-là seulement
sont
aptes à en parler,
justement,
qui donnent à leur humanité toutes
ses dimensions et toute
sa grandeur. C'est d'ailleurs
ce que nous
dit saint Paul
: que nous sommes appelés à acquérir toute
la
stature de l'humanité dans le Christ Jésus."108
Silesius
revient, à plusieurs reprises, sur cette considération que lui a
inspirée Tauler :
Un
géant et en même temps un enfant
Lorsque
Dieu naît en moi comme une Source que je reconnais,
A
lire, pour ne point se tromper, avec ce distique :
L'homme
n'est rien, Dieu est tout
Je
ne suis ni moi ni toi ; mon moi intérieur, c'est Toi Seigneur,
aussi,
à Toi seul, je rends honneur.110
Comment
atteindre l'arrivée du chemin de vie ?
Le
culte le plus élevé
Être
semblable à Dieu est le culte suprême,
par
gestes, vie, amour, conforme à Jésus même.111
Dans
le plus pur esprit de saint Augustin :
Dieu
est partout tout entier
Ô
Présence incomparable
!
Dieu est complètement
hors de moi
et
aussi complètement
en moi, complètement
intérieur et extérieur.112
Comment
ceci est-il possible ? Une transmutation, qui préfigure
une transfiguration, est ainsi présentée :
La
transmutation
Ainsi
l'animal devient homme, puis l'homme de la nature d'un ange,
puis
Dieu, quand nous sommes complètement guéris113.
Le
bien essentiel est Dieu :
Quiconque
a Dieu a tout pour lui
En
Dieu, il y a tout et chacun ; qui en veut plus
doit
être un vrai fou et un avare stupide.114
La
vérité rend sage
Vérité
donne l'être ; qui ne La reconnaît pas juste
ne
peut pas être légitimement appelé sage.115
La
Rose
Sans
pourquoi
La
rose est sans pourquoi ; elle fleurit parce qu'elle fleurit,
ne
fait pas attention à elle-même, ne s'interroge pas si on la voit.116
Dieu
se donne comme l'on veut
Dieu
ne donne rien de spécifique à tel ou tel, Il se donne librement à
tous :
aussi
est-Il
à toi entièrement, seulement si tu le veux.
La
rose
La
rose, que tu vois avec tes yeux,
a
fleuri de même en Dieu pour l'éternité.117
L’écriture
sainte
Comme
l’araignée fabrique son venin à partir de la rose,
les
méchants corrompent les Écritures saintes.118
Sur
les roses
J'aime
regarder les roses car elles sont blanches et rouges
Tu
dois être blanc et rouge
Seigneur,
de tout cœur, je veux que mon cœur
soit
blanc comme Ta pureté et rouge comme Ton sang.121
Fleurir
même parmi les épines
Christ,
Tu
ne te fanes pas sur la Croix, dans les douleurs et l'angoisse,
T'épanouir
comme une rose
Ton
cœur recevra Dieu avec tous ses bienfaits
s'il
peut s'épanouir vers Lui comme une rose.123
La
rose mystique
La
rose est mon âme, l'épine est le désir de la chair,
le
printemps est la grâce de Dieu, Son courroux le froid et le gel,
Sa
fleur est le bienfait accompli, Son épine refuser la volonté de la
chair ;
elle
s'orne avec Ses vertus et tend vers les Cieux ;
Elle
prend bien du temps et fleurit quand le printemps survient
et
elle est élue par Dieu comme rose éternelle.124
Confiance
La
méfiance est une injure pour Dieu
Si
tu vas prier Dieu avec
méfiance
et
ne te confies pas à Ses soins, considère que tu L'offenses.125
Le
disciple qu'aime Dieu
Un
homme détaché du monde pleinement,
qui
voue à Dieu son âme et son corps saintement,
ne
meurt point et résiste aux
coups de la corruption même,
étant
aux yeux de Dieu le disciple qu'Il aime.126
A
celui qui aime le monde
L'âme,
étant appelée à vivre en l'éternel,
n'a
pas de vrai
repos en des biens temporels
;
Aussi
ton goût du monde et le prix que tu donnes
à
ses biens passagers sont choses qui m'étonnent.
127
Ce
que Dieu exige de l'homme
Dieu
ne veut rien de toi sinon que tu reposes
en
Lui. Fais-le, et Lui fera les autres choses. 128
Dieu
L'Un
est dans l'autre
Je
ne suis hors de Dieu, Il n'est hors de moi-même;
Je
suis Son feu, Son lustre, et Lui mon diadème.
L'homme
en Dieu, Dieu dans l'homme
Étant
l'enfant de Dieu, si tu le peux tu vois
l'homme
au-dedans de Dieu, Dieu au-dedans de toi. 129
La
paix intérieure
Lorsqu'elle
unit à l'homme, à Dieu comme à moi-même,
la
paix dont je jouis, pour sûr, est paix suprême. 130
Dieu
donne de grandes choses dans les petites
Prends
ce que t'offre Dieu ! Que je le croie ou non,
il
offre or dans la boue et dans le rien grands dons.
Dieu
n'est rien et Il est tout
Le
Seigneur est lumière, essence, flamme et esprit,
mais
rien non plus vraiment de tout ce que j'ai dit. 131
On
dit sur Dieu plus de mensonges que de vérités
Ce
que tu dis sur Dieu est plutôt imposture
que
vrai : tu n'as jugé que par la créature. 132
Le
commencement, le milieu et la fin
La
sagesse commence à la crainte de Dieu ;
amour
en est le terme et bon sens le milieu. 133
Celui
qui était, qui est et qui viendra
Le
Fils est maintenant, le Père était jadis ;
au
jour de la splendeur sera le Saint Esprit. 134
Tout
a le même prix aux yeux de Dieu
Pour
Dieu tout est pareil ; il ne fait pas de choix
et
se livre aussi bien à la mouche qu'à toi.135
La
vraie lumière
Dieu
est la vraie lumière et tu n'as qu'un reflet
si
tu ne peux L'avoir Lui-même, éclat parfait. 136
La
splendeur du Christ en ce monde
Son
sceptre est un roseau, sa couronne est d'épines ;
pour
trône, il a sa Croix ; Ses clous, pour perles fines ;
pour
pourpre, il a Son Sang; pour suite, l'assassin ;
sa
cour est un rebut de sbires et coquins ;
le
fiel est sa boisson; l'injure est sa musique ;
ici-bas,
l'éclat de
mon Dieu est magnifique ! 137
Le
livre de la Vie
Dieu,
le livre de Vie où mon nom est écrit
du
sang de Son Agneau, pourrait n'en être épris ? 138
Veiller,
jeûner, prier
A
qui veut s'avancer devant Dieu, je conseille
trois
œuvres seulement : oraison, jeûne et veille. 139
Toutes
les œuvres sont égales devant Dieu
Pour
Dieu l’œuvre se vaut : Il aime autant le saint
quand
il prie et qu'il chante et lorsqu'il boit son vin. 140
Dans
la mer la multiplicité devient l'unité
Que
de gouttes dans l'eau et de graines dans un pain !
Ainsi
plusieurs de nous en Dieu ne font plus qu'un.141
Et
pour conclure ce florilège, que j'aurais pourtant bien envie de
poursuivre, je reprends à Angelus Silesius ses derniers mots du
distique final qu'il adresse ainsi à son lecteur :
Ami,
c'est assez ! Dans le cas où tu veux lire plus,
Deviens
toi-même l'essence même de l’Écriture.142
Antoine
Schülé
8
mai 2020
Pour
me contacter : antoine.schule@free.fr
Autres
articles : antoineschulehistoire.blogspot.fr
Bibliographie
Eugène
Susini
: Angelus
Silesius Le Pèlerin chérubique.
2 vol. PUF. 1964. 468 p.
et 260 p.
Version
bilingue avec notes très utiles et un précieux index.
Marie-Anne
Vannier (coll.)
: Les mystiques
rhénans. Eckhart, Tauler, Suso, anthologie.
Cerf. 2010. 272 p.
Pour
aborder la mystique allemande trop méconnue, cet ouvrage est
essentiel.
1 PC,
1, 64, Les semailles spirituelles. De : Eugène
Susini (traduction de
l'allemand) : Angelus
Silesius. Le pèlerin chérubique.
2 vol.
PUF. Paris. 1964. 472 p. et 260 p.
Ici abrégé PC, le premier
chiffre indique l'un des six livres; le deuxième, le numéro
du distique. Je mentionne les citations que je traduis d'une façon
autre.
2 PC,
1, 80, Chaque chose à sa place. Inspiré de Böhme. Repris
avec une variante en PC, 4, 32.
3 PC,
5, 18, Les saisons spirituelles. Trad.
de l'auteur.
4 PC,
4, 109, Le sage. Idem
5 PC,
2, 69, La navigation spirituelle, Idem
6 PC,
1, 145, En toi se trouve ce que tu veux. Idem
7 Il
n'y avait pas le programme Erasmus mais bel et
bien une culture européenne que certains chefs d’État nient
aujourd'hui : aveux de leur ignorance du passé et de leur
prétention de croire que tout commence soit avec eux, soit à la
Révolution, soit au Siècle des Lumières, soit à la Renaissance
ou encore selon d'autres mythes à ne point contester sous peine de
perdre cette liberté d'expression, acceptable uniquement si elle
est politiquement correcte et donc historiquement correcte....
8 ou
"chérubique" chez certains traducteurs.
9 Sur
mon blog, dont l'adresse se
trouve en fin de cet
écrit, j'ai proposé trois
communications sur la poésie sacrée que je vous invite à
lire.
10 En
occultant ce qui ne leur convient pas.
11 Limitation
de la connaissance de Dieu aux seules connaissances humaines,
réservées à quelques initiés, alors que la Parole
s'adresse à tous sans exception.
12 Acceptation
du mystère de Dieu,
sans renoncer à l'intelligence de Sa Parole afin de Le rencontrer
en son cœur, pour établir ce
cœur-à- cœur
avec Dieu qui
est indicible.
13 Jean,
12, 44-50 tout spécialement, en plus du Prologue 1, 1-18 : ces deux
extraits s'éclairent mutuellement. Lire aussi PC, 5, 161 où le
lecteur est invité à imiter Saint Jean.
14 But
du mystique qui se met en chemin : les noces de l'Agneau, les
fiançailles spirituelles.
15 Tous
les miracles du quotidien que trop souvent soit nous ignorons, soit
nous imputons à nos seuls mérites.
16 Tout
le chapitre 14 est essentiel pour comprendre la mystique chrétienne.
17 Marcher
à la rencontre de Dieu qui nous attend dans nos cœurs.
18 Il
La révèle par ses paroles et ses actes : plénitude de vie à
laquelle chacun d'entre nous est invité.
19 Cette
vie éternelle qui commence maintenant dans nos vies terrestres en
faisant les bons choix : le discernement, déjà en soi
d'abord et ensuite sur le monde qui nous entoure, est un des fruits
de l'Esprit Saint.
20 La
Parole de Dieu incarnée en Jésus.
21 La
forme verbale au présent indique bien que cette vie éternelle
commence à partir du moment où l'on croit, soit celui du baptême,
soit celui de la vraie conversion (lorsque son baptême a été soit
oublié, soit renié en esprit ou en acte).
22 Ce
qui nous renvoie à notre intériorité.
23 L'union
avec Dieu est accomplie dans l'Amour de Dieu et non dans l'amour du
monde avec ses hypocrisies, ses haines, ses lâchetés, ses
mensonges et encore ses crimes corporels ou spirituels dans
l'indifférence générale d'hommes trop concentrés sur leur seul
ego.
24 Les
deux épîtres de Jean sont une synthèse de la vie chrétienne à
conduire : au lecteur qui n'a jamais lu Jean, qu'il commence par ces
deux épîtres.
25 La
foi est ce qui nous tend vers l'invisible qui sera visible dans
l'avenir, lors de notre complète naissance à Dieu, la mort qui
n'est qu'un passage : quitter l'ombilical terrestre pour
entrer dans la Vie éternelle.
26 Selon
la Parole de Dieu et ni selon son ego, ni selon une doctrine
politique et ni selon un matérialisme collectif expression d'un
ego-tyran (à notre époque, une oligarchie par exemple).
27 Ceci
ne peut que déplaire à cette
mystique scientifique
qui affirme que seules les sciences
expérimentales
détiennent la vérité qui ne peut être
que matérialiste : ils ignorent ce monde
invisible encore bien plus étendu que ce
visible limité à leurs seules
découvertes.
28 Pour
respecter la rime en français, le sens perd parfois de sa portée :
je préfère le sens à la rime, d'où, quelques fois, une
traduction de ma part que j'espère plus précise.
29 Si
vous le souhaitez, je peux vous proposer une communication sur ce
sujet passionnant.
30 Sur
mon blog, vous trouverez une introduction à son œuvre.
31 Saint
Bernard (trad. de Pierre-Yves Emery) : Sermons pour l'année.
Ed. Brepols et Les Presses de Taizé. 1990. 960 p. Ainsi vous pouvez
découvrir ce moine, abbé de Clairvaux et prophète, 1090 - 1153.
32 Faisant
clairement référence au Cantique des Cantiques.
33 Pour
s'initier à sa lecture : Les entretiens spirituels.
34 Lire
leurs apophtegmes (ou, pour le dire plus simplement, sentences très
courtes, véritables nourritures de sagesse) est un délice pour
l'esprit. Pourquoi les prêtres, après sept ans de préparation au
sacerdoce, ne les utilisent pas plus pour prêcher de nos jours ? Il
y a là une source spirituelle merveilleuse, un pur bienfait pour
l'âme. A la demande, je peux vous traiter ce sujet, avec un plaisir
certain.
35 Appelé
aussi La Divine Consolation
pour reprendre un verset de saint Paul en 2 Cor, 1, 3-4.
36 Et
sur la mystique rhénane, ce qui est vraiment excessif !
Ils pratiquent une sélection de distiques pour soigneusement
écarter
ce qui nuit à leurs prétentions.
37 Écrit
aussi Ruusbroec.
38 D'une
richesse spirituelle incontestable.
39 Ce
qu'est un vitrail dans nos églises.
40 Entre
Louis de Bavière et le Pape.
41 Un
commentaire argumenté pour établir une doctrine.
42 Une
image ou un symbole sont parfois plus explicites qu'un long
discours. Le Moyen Age lisait plus facilement les symboles que notre
siècle présent... La lecture d'un vitrail est devenue une tâche
ardue pour la plupart d'entre nous. Que c'est dommage !
43 Ce
qui se pratique chez les Protestants, le plus souvent attachés à
la lettre qu'à l'esprit.
44 Parfois
aussi sous le titre de : Instruction spirituelle et pensées
consolantes pour les âmes affligées et timides.
45 Il
faut souvent beaucoup de volonté !
46 Exercer
un pouvoir spirituel ou temporel au lieu d'exercer une sagesse
spirituelle ou temporelle, mère d'une saine autorité.
47 PC,
I, 289. Lire ci-dessous dans le florilège.
48 Dans
l'infiniment grand et l'infiniment petit, il y a toujours une limite
à nos connaissances qui nous oblige à accepter le mystère de
Dieu.
49 Gottheit
en allemand.
50 Jésus
n'accorde pas de pardon à tous : lisez Matthieu 18,6-8 : "Mais
quiconque entraîne la chute d'un seul de ces petits qui croient en
moi, il est préférable pour lui qu'on lui attache au cou une
grosse meule et qu'on le précipite dans l'abîme de la mer.
Malheureux le monde qui cause tant de chutes ! Certes,
il est nécessaire qu'il y en ait, mais malheureux l'homme par qui
la chute arrive!". Rappelons-nous que Saul, le
persécuteur, devenu saint Paul, apôtre du Sauveur, s'est converti
après avoir commis le mal. Le chemin inverse n'a pas la même
conséquence.
51 C'est
pourquoi j'apprécie tant ces prédicateurs qui sont animés du
souffle de l'Esprit : prions pour qu'il y en ait dans toutes les
paroisses quand ils manquent.
52 Certains
se rassurent comme ils peuvent.
53 PC,
V, 50.
54 Seul
le degré de luminescence change : il nous appartient d'augmenter
l'intensité de cette lumière.
55 PC,
I, 61.
56 PC
I, 143.
57 Quel
bel optimisme !
58 PC,
V, 206.
59 Quelques
ecclésiastiques se prennent pour des
dieux, se mettent à la place de Dieu :
ils deviennent ainsi
de véritables tyrans qui veulent des valets à leur seul service,
tout imbus qu'ils sont de leur personne, de leur ego ou de leur
image; ils
rejettent volontiers de
fidèles
serviteurs de Dieu dont ils auraient
dû être les bergers. L'abus spirituel est ainsi total.
60 Qui
a donc connu Dieu, a reçu le baptême.
61 PC,
3, 99 et l'aigle symbolise saint Jean l’Évangéliste.
62 Qu'un
"prêtre",
se prétendant un
"pur républicain"
et qui
proclamait en
chaire que "les
rois sont des tyrans",
m'excuse de lui
signaler qu'il
ne devrait
jamais fêter
l'Epiphanie du Seigneur,
avec des habits de fête mais
plutôt la Révolution d'Octobre avec un
bonnet phrygien, ce
signe rouge de sang et propre à
ceux qui ont conduit
à la mort des Chrétiens martyrs.
63 PC,
3, 240.
64 PC,
p. 69.
65 La
surconsommation frénétique.
66 PC,
1, 143.
67 PC,
2, 247. Trad. de l'auteur.
68 PC,
2, 249. Idem
69 PC 4, 113. Idem
70 PC,
5, 120. Idem. D'où cette lutte intérieure à mener et qui n'est
pas la plus facile.
71 PC,
6, 206. Idem
72 PC,
6, 207. Idem
73 PC,
2, 61. Idem
74 PC,
2, 85. Idem
75 PC,
3, 129. Trad. de l'auteur.
76 PC,
3, 233. Idem
77 Je
rajouterais "parfois".
Il ne suffit pas de mourir pour accéder automatiquement à la
Gloire de Dieu
! Trois variantes sont possibles,
après la mort : l'Enfer, fruit
de la volonté de l'homme; et
les deux fruits
des choix de l'homme durant
sa vie terrestre et dont seul Dieu est le juge : le
Purgatoire,
l'attente du pardon définitif de Dieu ou
le Paradis, le partage de la Vie éternelle en Dieu.
78 PC,
1, 36. Idem
79 PC,
4, 105. Idem
80 PC,
1, 35. Idem
81 PC,
3, 109. Trad. de l'auteur. L'esprit, cette étincelle de Dieu,
habite le corps.
82 PC,
4, 79. Idem. Volonté de l'âme et désir du corps.
83 PC,
5, 228. Idem. L'esprit nous place au-dessus de l'animal, ne
descendons pas !
84 PC,
3, 102. Idem. Il y a une référence évidente à St. Augustin.
Beauté de la Sagesse.
85 Matthieu
10, 34 : "N'allez pas croire que je sois venu apporter la
paix sur la terre; je ne suis pas venu apporter la paix, mais bien
le glaive." Idem chez Luc 12, 51. Affirmer sa foi suffit à
allumer la haine meurtrière des ennemis de la foi.
86 Ceux
qui ont demandé et obtenu sa mort sur la Croix.
87 PC,
5, 144.
88 PC,
4, 227. Trad. de l'auteur. Prière et communion, vraies nourritures
qui transforment le vieil homme en un Homme nouveau.
89 PC,
4, 229. Trad. de l'auteur. Noblesse de la Foi, seule vraie noblesse.
90 PC,
4, 225. Le commencement du Paradis.
91 PC,
3, 131. Trad. de l'auteur. Mariage mystique.
92 PC,
3, 140. Idem. Le Christ a dit : "Mon Royaume n'est pas de ce
monde.".
93 PC,
3, 163. Idem. Heureux est celui qui peut adopter ce diptique comme
épitaphe.
94 PC,
3, 228. Idem. Limite du temps et horizon illimité de l'éternité.
95 PC,
3, 160. Idem. L'Amour de Dieu est éternel.
96 PC,
5, 37. Idem. L'intention prime.
97 Je
dirais plutôt "se devrait être un reflet du Christ".
98 PC,
5, 9. Trad. de l'auteur. Se mettre sur les pas du Christ pour être
enfant de Dieu.
99 PC,
1, 168. Idem
100 PC,
1, 61
101 PC,
4, 33
102 Par
l'âme.
103 PC,
4, 88. Trad. de l'auteur.
104 PC,
4, 151. Trad. de l'auteur.
105 Jean,
13, 25.
106 PC,
3, 79.
107 Jean,
14, 6.
108 Maurice
Zundel : Ta Parole comme une source. Ed. Anne Sigier. Québec.
1987. 444 p., P. 202-203
109 PC,
1, 105. Trad. de l'auteur.
110 PC,
2, 180.
111 PC,
4, 150.
112 PC,
4, 154. Trad. de l'auteur.
113 PC,
3, 114. Trad. de l'auteur. Du péché originel et de nos péchés
par le sacrifice suprême de Jésus sur la Croix quand on croit en
Lui : le bon larron a été sauvé mais l'autre, non; ceux qui ont
rejeté le Christ alors qu'ils l'ont entendu et vu dans ses œuvres,
le Christ lui-même a dit qu'ils étaient une race de vipère
: lire Matth. 23, 33 ou Luc, 3, 7-9 comme Matth 3, 7-10. Que les
hypocrites de nos jours méditent ces paroles et se convertissent :
il n'est jamais trop tard.
114 PC,
5, 109. Trad. de l'auteur.
115 PC,
6, 261. Idem. Faire reconnaître la Vérité ne consiste pas à
donner raison à tout le monde, aux mensonges et à ses ennemis en
raison de la Foi : ceci signifie qu'il faut savoir se battre pour
Elle, donc abandonner tout esprit de lâcheté, ce vice trop commun
en ce temps.
116 PC,
1, 289. Dieu est comme la rose éternelle : sa Beauté est donnée à
tous.
117 PC,
1, 108. Trad. de l'auteur.
118 PC,
4, 81.
119 Les
souffrances du Christ.
120 PC,
3, 84.
121 PC,
3, 85.
122 PC,
3, 86.
123 PC,
3, 87.
124 PC,
3, 91. Trad. de l'auteur.
125 PC,
1, 56. idem
126 PC,
4, 43.
127 PC,
4, 128.
128 PC,
4, 197.
129 PC,
2, 3.
130 PC,
2, 239.
131 PC,
4, 38. Dieu est plus que tout ce que nous pourrions en dire :
l'indicible, ce mystère de Dieu que le sage accepte dans un total
abandon à Lui.
132 PC,
5, 124.
133 PC,
3, 185.
134 PC,
3, 215.
135 PC,
1, 127.
136 PC,
2, 7.
137 PC,
4, 49.
138 PC,
2, 20.
139 PC,
2, 220.
140 PC,
5, 170.
141 PC,
6, 174.
142 PC,
6, 263. Trad. de l'auteur. Notre vie doit écrire la Parole dans nos
actes. Ainsi se fondre en Dieu pour partager Sa Gloire : le Gloria
in excelsis deo s'imposera dès lors à tout jamais ! Naître
à Dieu pour n'être qu'à Dieu.
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