mardi 7 juillet 2020

Tradition et progrès en 2000 ans de christianisme.




Tradition et progrès
en 2000 ans de christianisme.

Antoine Schülé

" La biologie est la science du vivant;
la sagesse est la science de la vie."
Anonyme
"Les gens réfléchissent
trop à ce qu'ils doivent faire
et trop peu à ce qu'ils doivent être."
                              Eckhart1



Introduction

Lorsqu'en juin 2019, j'avais prévu de vous donner cette communication, je n'avais pas imaginé qu'une crise sanitaire, et non une guerre comme peut le prétendre toute personne qui ignore ce qu'est la guerre2, viendrait illustrer mes propos de ce jour.

En ce premier semestre 2020, à l'occasion du COVID 19, les experts, les spécialistes et les techniciens se sont emparés du pouvoir gouvernemental, pourtant remis par les électeurs à des décideurs politiques : l'avis d'un scientifique était aussitôt contredit par un autre, voire plusieurs autres ; les querelles d'experts pleuvaient à un tel point qu'il était impossible de déterminer le vrai du faux, sans rechercher des informations, surtout ailleurs que dans tous ces media, très obéissants aux consignes gouvernementales, capables d'affirmer un jour le contraire de ce qu'ils avaient proclamé, avec détermination et force, le jour précédent.
Pour parler au public des infections des voies respiratoires, certains media ont donné leur temps d'antenne à des néphrologues ou des urologues. Ce procédé me rappelait ce constat réaliste de Jacques Rueff : "Les experts sont toujours experts en quelque chose, sauf pour le domaine pour lequel on les consulte." A nouveau, les prises de position des plus grands professeurs à propos de cette infection ont démontré une vérité déjà prononcée par Gaston Bachelard : "L'observation scientifique est toujours une observation polémique..."3. Le plus surprenant est que la plupart des émissions de radio et de télévision n'ont eu aucun recul scientifique4 ou historique5 face à cet événement sanitaire qui n'a rien eu de nouveau ! La seule nouveauté que l'histoire retiendra réside dans les effets désastreux des mesures politiques prises : il y aura de nombreuses leçons à tirer de cette situation, dans la mesure où l'instrumentalisation politique ne vient pas polluer l'analyse objective des faits.

Pour mémoire, je vous donne quelques avis de personnes reconnues comme étant des autorités scientifiques :

Dr Dionysus Lardner (1793-1859), professeur de physique et d'astronomie à l'University College de Londres, déclarait de façon péremptoire : "Le voyage par rail à grande vitesse est impossible parce que les passagers, incapables de respirer, mourront d'asphyxie."

Le Dr Alfred Velpeau, chirurgien français et professeur à la faculté de médecine de Paris en 1839 disait : "L'abolition de la douleur en chirurgie est une chimère. Il est absurde de faire des recherches sur ce sujet. Le couteau et la douleur sont deux mots en chirurgie qui doivent toujours être associés dans la conscience du patient. Nous devons nous adapter à cette association forcée."

Offrons-nous une mise en lumière d'une commission d'experts. En 1878, le Parlement britannique avait réuni une commission d'experts pour étudier les travaux d'Edison sur la lampe incandescente et elle concluait ainsi : "[Les idées d'Edison sont] tout juste bonnes pour nos amis d'Outre-Atlantique [...] mais indignes de l'attention des hommes avertis et des scientifiques."

Restons encore à l'écoute de l'Angleterre, avec Lord Kelvin, mathématicien et physicien, ex-président de la Société Royale et qui affirmait péremptoirement en 1897 : "La radio n'a pas d'avenir."

Le Maréchal Foch déclarait en 1911 : "Les avions sont des jouets intéressants, mais sans valeur militaire."

Le Dr Lee De Forest, ingénieur américain, un des pionniers de la radiocommunication car inventeur du tube audion, affirmait le 23 février 1957 : "L'homme n'atteindra jamais la lune au regard de tous les progrès scientifiques futurs."

Et à propos des merveilles promises par le Progrès, il me revient à l'esprit cette formule de l'écrivain Marcel Pagnol qui est délicieuse : "Il faut se méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à coudre, ça finit par la bombe atomique." L'acteur prodigieux Peter Ustinov a dit, avec son humour, le 12 mars 2004, l'année de son décès : "Si le monde explose, la dernière voix audible sera celle d'un expert, disant que la chose est impossible."

A première vue, tout ce qui précède pourrait vous paraître étranger au thème de ce jour : or, nous y sommes en plein. En effet, dans la mentalité du grand public, les sciences ont rangé la spiritualité, la philosophie et la religion comme étant des objets accessoires ou même inutiles6. Pourtant, des scientifiques de renom ont fourni les limites à donner aux sciences. Un physicien américain, Heinz Pagels, nous en donne conscience dans cette pensée que je vous partage : "La science nous montre ce qui existe mais pas ce qu'il faut en faire."
Et, pour entrer dans le vif du sujet, je termine cette introduction par deux citations de Jean Rostand7 qui vous orientent sur l'approche que je vous propose : "La science expliquera tout et nous n'en serons pas plus éclairés. Elle fera de nous des dieux ahuris." et "La science a fait de nous des dieux avant que nous méritions d'être des hommes."

Avant de commencer, je reconnais que j'ai eu de la peine à choisir l'intitulé de cette communication car j'en voyais tous les développements possibles : il nous faudrait plusieurs heures, sans pour autant épuiser le sujet !

Naissance de l'Eglise

Le christianisme s'inscrit dans les courants de pensée du temps de la naissance du Christ. Il est le fruit de la conjonction de deux courants : l'un gréco-latin et l'autre judéo-chrétien. Retenons qu'il y a plusieurs antériorités au christianisme. N'oublions pas que la religion juive doit elle-même beaucoup à l’Égypte (les Psaumes) et à la Perse (la Sagesse) : ces souffles si particuliers se ressentent plus chez les Chrétiens d'Orient. Il n'est ici ni le temps ni le lieu de traiter cet aspect tellement intéressant. L'essentiel est de retenir qu'une religion, même chrétienne, ne naît pas de rien : il y a eu des fondements antérieurs qui prédisposaient à révéler Dieu d'une façon plus parfaite, plus lumineuse et dont les fruits se discernent véritablement dans la longue durée (deux millénaires à considérer dans leur globalité) .
Pour éviter toute confusion, précisons comment Dieu se révèle au monde : par les Écritures avec l'Ancien Testament et par la Parole du Christ (Dieu acceptant de prendre la condition d'homme) dans le Nouveau Testament. La Tradition est cette Parole transmise par les apôtres et leurs successeurs. Ils ont médité la Parole, à travers les siècles et à l'aide de l'Esprit Saint, pour La rendre continuellement vivante : nous le réalisons en lisant les premiers Pères de l'Eglise jusqu'à nos jours. Un saint Augustin a une filiation intellectuelle avec un Maurice Zundel : l'expression de la Foi reste fidèle à la Tradition et n'empêche pas d’innover nos vies à la lumière de la Foi : approfondir les textes , c'est mieux goûter la Parole de Dieu et s'ouvrir à de nouveaux regards, selon les dons reçus par chacun8. Permanence de la Foi ne signifie pas fossilisation de la connaissance de la Création : bien au contraire. Aussi bien le chercheur scientifique que religieux est en quête permanente de vérité : il ne cesse de s'interroger et cette curiosité intellectuelle permet des découvertes, des innovations sans remettre en cause la Tradition. La Tradition de l'Eglise a permis la transmission et le développement du savoir humain, au fur et à mesure des découvertes : les universités médiévales le démontrent. Opposer Tradition et Progrès est une erreur qui domine trop les esprits.

Science et Religion

Un constat historique est possible : l'homme religieux véritable ne s'est jamais opposé à la Science mais, par contre, il a contesté les emplois nuisibles à l'homme ou à la dignité de l'homme. Par contre, au nom de la science, des hommes ont préféré contester toute religion, toute spiritualité. Depuis le XIXe siècle, trop souvent, le matérialisme de la pensée a supplanté la métaphysique. Il est cependant faux d'opposer le spirituel et le matériel, le corps et l'esprit, la science et la métaphysique. Les plus grands mystiques chrétiens ne cessent pas de le dire et de le redire : l'esprit est placé au-dessus du corps mais jamais sans le corps. Dès la Renaissance, cette dissociation s'est installée dans les courants de pensée. A partir de ce moment-là, il est évident que débute une véritable crise de la conscience européenne, pour reprendre l'idée du livre de Paul Hazard que j'ai lu avec grand intérêt mais dont je ne partage pas toutes les conclusions.

L'orgueil de l'homme aime à croire qu'il invente quelque chose de nouveau : le plus souvent, il s'agit d'une redécouverte, d'un perfectionnement ou d'un emploi nouveau9. Le dicton latin se vérifie souvent : "Nihil novum sub sole." ("Rien de nouveau sous le soleil"). Fréquemment la nouveauté n'est que le développement d'une idée préexistante mais ayant été oubliée, inexpliquée, rejetée ou ignorée pendant une durée plus ou moins longue. Certaines idées ressurgissent et ouvrent des possibilités qui avaient été délaissées : Léonard de Vinci a développé ce sens de l'exploitation ingénieuse des connaissances humaines avec prodigalité. Son imagination a prévu le potentiel d'une loi physique poussée à son extrême limite : les découvertes techniques ultérieures lui ont donné raison sur une grande majorité de cas. Au début, il y a une observation, puis un rêve et ensuite une découverte technique; tout est le fruit d'un esprit. Jules Verne a eu une prescience des possibilités scientifiques étudiées en son temps : rêve et science ne sont pas des ennemis.
La nouveauté réside la plupart du temps dans l'usage qui est fait d'une connaissance totale ou partielle acquise depuis longtemps. Prenons un exemple le plus évident, certains remèdes ont nécessité de grandes recherches pour leur élaboration mais une femme du Moyen Age comme Hildegarde de Bingen connaissait des plantes ayant les vertus de ce remède chimique nouveau : oui, elle ignorait pourquoi cette plante avait telle ou telle vertu mais elle savait l'utiliser pour telle ou telle maladie ou blessure avec succès. Il lui importait peu de savoir pourquoi la plante agissait favorablement car il lui suffisait d'en connaître les vertus pour les administrer, à bon escient, en des mélanges parfois complexes, révélés par des expériences transmises par les Anciens et perfectionnées avec le temps. De plus, elle n'ignorait pas que soigner l'âme permet de guérir le corps et qu'un corps libéré de la souffrance est plus prédisposé à la recherche de la vérité : il a fallu attendre l'obscurantisme du Siècle des Lumières pour ignorer cette lumière du Moyen Age10.

La science a pesé sur la vie de l'homme et s'interroger sur son rôle n'est pas anodin dans la mesure où elle a influencé les mœurs, la littérature, l'esthétique et la culture (cinéma, théâtre, radio et télévision). Observez la technique dont les effets sont divers sur la façon de considérer la dignité de l'homme : la machine au service de l'homme est acceptable; l'homme machine est une négation de l'être humain; l'homme au service de la machine est un esclavage inadmissible. La technique a créé la fortune de quelques-uns mais, pour d'autres, elle a été un véritable abrutissement de l'homme dont la vie a été standardisée : est-ce une vie vraiment plus heureuse ? Le XIXe siècle rêvait de Progrès, cet optimisme béat, et quel fut le cauchemar du XXe siècle ? La naissance de monstres froids : La tyrannie technique de l'URSS et de la Chine ainsi que les destructions atomiques des États-Unis. Elles trouvent encore des admirateurs à notre époque !

Oui, la production d'énergie par l'atome quand il y aura une maîtrise totale des déchets atomiques11 sera un véritable progrès. Oui, le traitement de certaines maladies par emploi de l'atome est un progrès. La cybernétique envahit notre quotidien : est-elle au service de tous, de l'individualisme ou de la volonté de domination d'oligarchies ?
Nous voyons bien qu'il y a des emplois fort divers des avancées techniques qui ne cesseront pas mais qu'il convient de maîtriser dans le respect de la dignité de l'homme.

Culture et Civilisation

La dignité de l'homme dépend de sa culture et de sa civilisation. La culture favorise l'élaboration d'une pensée et construit une conscience à la fois personnelle et collective d'un peuple dans un espace géographique donné. La civilisation permet les conquêtes communes du savoir de plusieurs peuples sur cet inconnu qui recule de plus en plus mais pour nous révéler de nouvelles inconnues (le savoir finit toujours par nous apprendre que nous ne savons pas grand chose, même en étant le plus grand savant ou érudit). Une civilisation permet une organisation sociale où chaque homme a un don à partager (ceci est vivre en harmonie les uns avec les autres). La civilisation occidentale, tant décriée de nos jours, est un ensemble de plusieurs cultures : un latin est différent d'un nordique dans sa façon d'être comme de penser. Cependant, il y a un socle commun à toutes : ce christianisme qui s'exprime pourtant de façons différentes, en Espagne, en Allemagne ou en Europe centrale. Même dans un pays comme la France, entre l'Alsace, la Bretagne ou les Bouches-du-Rhône, il y a des différences évidentes dans la manière de vivre la foi et pourtant celle-ci est la même.

Respecter la dignité de l'homme est un point commun : il consiste à reconnaître trois facultés humaines que les auteurs classiques latins dénommaient : homo faber12, homo sapiens13 et homo moralis14. Le véritable humanisme est une synthèse entre civilisation et culture qui respecte les valeurs fondamentales et personnelles de l'homme, et qui accepte les évolutions de la connaissance quand elles sont au service de tout homme.

2000 ans de christianisme

Abordons notre sujet à travers les deux mille ans de christianisme. Il est évident que tout ne peut pas être dit en cette communication. Je tenterai au moins de libérer les chrétiens de cette culpabilité d'une Église qui serait une ennemie des sciences et de toute innovation, au nom de la Tradition et de la Bible.

L'argument Galilée
Par rapport aux sciences, le procès de Galilée15 est la tarte à la crème de ceux qui veulent démontrer cette ignorance qui serait le propre des gens d’Église. Et chaque fois, je m'étonne que les chrétiens ne sachent pas comment répondre à ce qui est, en fait, un aveu d'ignorance de ceux qui vous balancent cet argument à la figure.

Quelques noms suffisent à leur prouver combien ils sont dans l'erreur. Des hommes d’Église, auxquels il faudrait rajouter des catholiques pratiquants, ont permis de grandes avancées scientifiques : la Foi n'a pas tué l'intelligence de la Tradition; au contraire, elle l'a vivifiée. Ils ont été émerveillés par la beauté de la Création et ont voulu comprendre le mystère des origines d'une telle beauté. Pour chacun des noms cités ci-dessous, il faudrait un exposé qui nous conduirait dans le monde des sciences, ce qui n'est pas le thème de ce jour. Aussi, je limite leurs découvertes à quelques éléments mais retenez qu'il y en a bien d'autres que je vous invite à découvrir par vous-même.

Moyen Age
  • Grégoire de Tours (538 ? -594) a rédigé une œuvre très utile pour l'histoire immédiate dont il était un témoin. Il a établi le calendrier liturgique devant respecter le parcours des astres. Il décrit avec précision les constellations et les astres de référence.
  • Saint Bède le Vénérable, mort en 735, a rédigé une étude réputée sur les marées.
  • Gui d’Arezzo (990-1050) est un moine bénédictin à qui l'on doit les notes de musique utilisées de nos jours.
  • Sylvestre II (pape de l’an mille, de 999 à 1003) a été le mathématicien  Gerbert.
  • Suger (1081-1151) a rédigé une étude historique dans la perspective d'un homme d'action.
  • Hugues de Saint-Victor (1096 ?-1141), avec son Didascalion, réunit l'ensemble des connaissances nécessaires pour la théologie et la philosophie (l'une n'allant pas sans l'autre) en quatre domaines : au sommet du savoir humain, la "theorica", avec la théologie, la physique et les mathématiques ; en-dessous, vous avez la practica ou éthique ; et plus bas, la mechanica, regroupant l'ensemble des techniques humaines ; au final, la logica regroupe la grammaire, la rhétorique et la dialectique. Son rôle est prépondérant en faveur des trois lectures des Écritures : le sens littéral ou historique qui est celui de la lettre ou du récit ; le sens allégorique qui est le sens théologique ; le sens anagogique ou tropologique qui découvre dans les Écritures les enseignements spirituels et moraux propres à régir la conduite humaine (une éthique comme il se dit de nos jours).
  • Hildegarde de Bingen (1098-1179) harmonise mysticisme et connaissances scientifiques.
  • Saint Albert le Grand (1193-1280) a donné son attention à toutes les sciences de son temps.
  • Le Franciscain Roger Bacon (1214-1294) a établi les principes de la science expérimentale, avec l'approbation du pape Clément IV.
  • Pierre d'Espagne (1220 ?- 277) ou pape Jean XXI (1276-1277) est réputé pour ses connaissances médicales. Auteur du Thesaurus pauperum seu de medendis humani corporis membris (ouvrage de médecine) et du De anima (pensée marquée par l’augustinisme et l'avicennisme).
  • Le moine Théophile a rédigé un ouvrage sur la métallurgie. Un bénédictin de Cologne, Roger de Helmarshausen était un spécialiste du plomb (vitraux), de l’orfèvrerie et de la fabrication de tuyaux d'orgue et de cloches.
  • Le chanoine Copernic (1473-1543) est l'astronome qui avait conclu au mouvement de la terre autour du soleil, bien avant Galilée.

Le XVIe siècle
  • Le jésuite polonais Christophe Clavius (1537-1612) a initié la réforme du calendrier en 1581, afin de corriger l’erreur du calendrier julien, attribué à Jules César.
  • Le jésuite Christoph Scheiner (1575-1650) a mesuré la période de rotation du soleil.
  • Le jésuite et mathématicien suisse Paul Guldin (1577-1643) est l'auteur de deux théorèmes qui portent son nom.
  • Le philosophe français, le père Marin Mersenne (1588-1648), de l’ordre des Minimes, a effectué des expériences d’acoustique et s'intéresse à toutes les recherches scientifiques de son temps.

Le XVIIe siècle
  • Le jésuite Francesco-Maria Grimaldi (1618-1663), à Bologne, s'est intéressé à la nature de la lumière et a établi une carte des montagnes lunaires.
  • Le prémontré l'abbé Edme Mariotte (1620-1684) a été l'auteur de la loi de la compressibilité des gaz, un spécialiste de l'hydraulique et a découvert le point aveugle de l’œil. Il a étudié le recul des armes à feu.
  • Blaise Pascal (1623-1662) n'est pas prêtre mais ce philosophe et néanmoins mathématicien invente la machine à calculer en 1647, pour son père qui était receveur d'impôts. Il est vrai que celle-ci ressemblait plus à un mécanisme d'horlogerie.
  • Le prêtre d’origine danoise Niels Steensen (1638-1686, se retrouvant sous les noms de Stenon ou Stenonis Nicolas) a consacré sa vie à Dieu et il est considéré comme le père de la géologie.
  • Dom Pérignon (1638-1715) est le plus connu des gastronomes car il a joué un rôle majeur dans le développement du vignoble de Champagne. Les arts de la table sont aussi une science.
  • Le bénédictin Dom Mabillon (1632-1707)  a été un des fondateurs de la science historique française (il recherchait les sources fiables et les confrontait pour établir les faits, au plus près de la vérité atteignable par l'homme). Il fut en même temps un homme d'une grande spiritualité. Il me faudra vous le présenter car son œuvre est passionnante.

Le XVIIIe siècle
  • L’abbé Jean-Antoine Nollet (1700-1770) a été un précurseur dans l’étude de l’électricité et de l'acoustique. Il a été le premier à décrire la pression osmotique.
  • Le grand mathématicien jésuite Ruggiero Giuseppe Boscovich (1711-1787) a été un architecte et un ingénieur (le dôme Saint-Pierre de Rome).
  • L’abbé René-Just Haüy (1743-1822), a créé la cristallographie moderne en mettant en évidence la morphologie générale des cristaux afin de déterminer des lois structurales.

Le XIXe siècle
  • Le jésuite Pietro Angelo Secchi (1818-1878), fondateur de la spectrographie stellaire (c’est-à-dire de l’astrophysique moderne) : il a su utiliser les données de la physique et de l'astronomie.
  • L'autrichien moine augustin Gregor Johann Mendel (1822-1884) a fondé la génétique en énonçant les lois de l’hérédité. Il a été un spécialiste de l'apiculture, de la botanique et de la météorologie.
  • Le chanoine Jean-Pierre Rousselet (1846-1924) a occupé la première chaire de phonétique expérimentale au Collège de France.
  • L’abbé Auguste Tauleigne (1870-1926) a permis des progrès en matière de radiotélégraphie et de radioscopie.
  • Le chanoine Jean-Baptiste Senderens (1856-1937) est réputé pour ses travaux sur la catalyse.
  • Le chanoine belge Georges-Henri Lemaître (1894-1966), ingénieur civil et officier d'artillerie devenu prêtre après la guerre de 14-18, a reçu le prix Nobel de physique cosmique. Il a énoncé la théorie de big-bang.
  • Au  spiritain, le frère Clément (1839-1904) , nous devons ce fruit remarquable qu'est la clémentine, créé en Algérie en 1902, en croisant des hybrides mandariniers et orangers dont les fruits sont sans pépins.

Il y a de quoi être fier de toutes ces contributions d'hommes d’Église à la recherche scientifique. En même temps, il est triste de constater les mauvais usages qui, parfois, ont été faits de certaines découvertes : je pense à la génétique, par exemple. Ce qui m'impressionne le plus est que ces découvreurs ont mis en évidence ce qui était caché aux yeux des autres : la vérité de leur découverte était déjà là bien avant leur naissance. Il a fallu leur émerveillement, leurs observations, leurs questions pour révéler cette vérité fragmentaire qui les attendait au bout de patientes observations et de tentatives expérimentales. C'est ainsi que, plus l'homme découvre d'éléments nouveaux, plus il constate qu'il y a encore tout un monde inconnu à découvrir. Un sujet d'étude n'est jamais épuisé... Il en va de même en histoire : chaque nouvelle connaissance nous conduit à en chercher d'autres ou à les compléter ! Il est ainsi impossible de s'ennuyer !

L’Église n'a donc pas à rougir devant les sciences. Les beautés artistiques, que ce soit en architecture, peinture ou sculpture, sont incontestables sur plusieurs siècles, à moins d'être des aveugles volontaires. En matière de culture et d'étude des âmes, je vous invite à consulter mon blog (antoineschulehistoire.blogspot.fr) pour découvrir quelques grands noms : saint Augustin, Hildegarde de Bingen, Thomas d'Aquin, Jean de la Croix, Angelus Silesisus, Maurice Zundel et, sans oublier, les auteurs d'inspiration chrétienne que je signale en "Poésie sacrée". Et il y en a tant d'autres dont on ne parle jamais dans les grands media : c'est consternant !
Naturellement, il ne s'agit pas de tomber dans un chauvinisme qui serait un autre extrême et, d’ailleurs, sans danger à notre époque16 ! Il est certain que, sur plusieurs siècles17, vous trouverez des propos de prêtres non scientifiques sur les Sciences qui ont démontré leur témérité à s'exprimer sur des sujets qu'ils ne maîtrisaient pas (des philosophes, des historiens, des juges, des politiques et des militaires ont agi de même).

Tradition

En rester aux seules sciences pour ces hommes d’Église, ce serait rester dans la superficialité car ignorer l'origine, la source de leurs découvertes : la Tradition véhiculée par la théologie chrétienne. Évidemment, certains me mentionneront tout de suite les luttes, parfois sanglantes, et les contestations qui ont déchiré l'Eglise du Christ. Ceci ne suffit pas à nous en faire ignorer la sève chrétienne qui a irrigué 2000 ans d'histoire.
Soyons clairs tout de suite : il convient d'éviter cette confusion fâcheuse entre la Parole du Christ et les interprétations qui en ont été données et qui ont produit des querelles humaines. D'ailleurs, ces querelles n'ont pas été toutes négatives : elles ont favorisé l'esprit critique18 que n'interdit pas la Tradition. Interroger les Évangiles est une nécessité que démontrent amplement les Pères de l'Eglise : confronter les lectures qui en ont été faites est un travail passionnant. Cette confrontation permet de dégager ce qu'il y a d'essentiel dans le christianisme qui a produit un nouvel humanisme qui perdure plus ou moins bien de la prédication du Christ jusqu'à nos jours, où il est remis en cause, au nom d'un humanisme qui ignore Dieu.
Il y a donc plusieurs humanismes. Il y a un bon humanisme quand il y a le réel respect de la dignité de l'homme; il y a un mauvais humanisme quand il y a le mépris de la vie humaine et de sa qualité d'être. Entre ces deux cas de figure, il y a de nombreuses gradations, ce qui ne facilite pas l’appréciation ou le discernement.

Dom Mabillon nous invite à la modestie, qu'il appelle humilité, face à la Bible : "L’Écriture n'est pas si facile que quelques-uns se l'imaginent : et quelque grand esprit que l'on ait ou que l'on croie avoir, on demeure court bien souvent dans l'intelligence des livres divins. Quel plus grand esprit et plus relevé que celui de saint Augustin ? Cependant il ne put pénétrer le sens du prophète Isaïe, dont saint Ambroise lui avait prescrit la lecture au commencement de sa conversion ; et il fut obligé de remettre cette lecture à un autre temps, lorsque s'étant plus exercé dans la Parole de Dieu il aurait plus d'ouverture pour lire ce saint prophète."
et encore : "Il est donc extrêmement nécessaire de lire l’Écriture sainte avec humilité, en retranchant tout désir de paraître et d'être estimé savant, et même de le devenir : mais il faut aussi faire cette lecture avec simplicité, en se contentant des lumières qu'il plaît à Dieu de nous y donner, sans vouloir pénétrer plus avant, s'il ne le juge à propos."19

En quoi les Évangiles ont-ils transformé durablement ce qu'il convient d'appeler la civilisation occidentale qui doit beaucoup au Moyen-Orient et aux Indes, très probablement ? Daniel-Rops en donne la raison à laquelle nous ne pouvons que souscrire : "Quand nous disons, nous chrétiens, que Dieu s'est fait homme, qu'Il a pris chair semblable à la nôtre, nous affirmons la grandeur unique de l'homme, sa divine ressemblance, à laquelle nulle puissance n'est en droit de porter outrage. Nous affirmons aussi que la vie n'a de sens que si elle tend à s'identifier au Christ, archétype de l'homme."20

La Parole du Christ s'adresse à toutes les nations (sans aucune élection pour l'une ou l'autre : il n'y a plus une race élue mais un peuple élu universel, c'est-à-dire catholique sans volonté d'écraser une autre religion), à tous les hommes (et non à une élite, à des initiés ou à des sectes secrètes, prétendant détenir des secrets). Réalisons que rien que tout ceci est une véritable révolution au moment où la Parole du Christ est proclamée. Il y a, dès cet instant, une nouvelle liberté : une vraie liberté car cette Parole s'adresse à la conscience de chacun, sans qu'il y ait besoin d'être un théologien averti21. Par contre, il est bon de confronter ses interprétations à celles de personnes avisées ayant effectué la même démarche d'approfondissement. Trouver les motifs d'accord ou de désaccord est une source d'enrichissement de la foi.

Anathèmes laïcs contre les chrétiens

Les antichrétiens déclarés ou formés en milieu scolaire sans qu'ils s'en doutent22 invoqueront tout de suite les indignités de quelques chrétiens : or il convient de ne pas confondre la dignité du christianisme avec les indignités de ces quelques chrétiens, et parfois d'ailleurs de quelques membres du clergé23. Les échecs, les retards, les erreurs ou les scandales proviennent de l'homme et non de Dieu : c'est une évidence. Les offenses à Dieu de chrétiens indignes nous enseignent à retrouver la dignité du christianisme qui réside dans la plénitude du message du Nouveau Testament.
Les actes du chrétien doivent refléter la lumière du Christ24, sa Présence intérieure. Maurice Zundel, dans "Itinéraire" le dit fort bien : "C'est la lumière de l'acte, sur le plan le plus quotidien, qui atteste l'authenticité de la Présence dont l'âme prétend se nourrir. Sans ce signe, tout le reste doit être tenu pour illusion."25.

Chassons les clichés que les ennemis de l'Eglise rabâchent : le Moyen Age obscurantiste par exemple. Les œuvres d'art témoignent de son génie ; la redécouverte de la littérature antique ou des écrits arabes comme hébreux s'est produite en ce temps-là. Il existe une profusion d'auteurs, malheureusement complètement ignorés des fidèles de nos jours, qui mériteraient pourtant d'être relus, commentés : il y a là une richesse spirituelle qu'il est presque impossible de décrire. Oui, dans ces mille ans d'histoire médiévale nous avons de quoi retrouver des trésors qui ne demandent que votre intérêt, votre curiosité. D'ailleurs, il y a eu moins de massacres dans ce millénaire qu'au seul XXe siècle, celui qui devait être celui du Progrès, en raison de la science et des savoirs des hommes du XIXe s. !

Le Nouveau Testament s'adresse à tous les hommes et non à une élite particulière. Regardez ces intellectuels que sont les Pharisiens, les Grands prêtres juifs qui voient les signes du Christ mais qui refusent son message, enfermés qu'ils sont dans leur prison mentale qu'ils nomment tradition mosaïque26.
Les premiers chrétiens sont des gens sensés, des pragmatiques maîtrisant un métier, une fonction : ils ont de l'intelligence à défaut de l'instruction poussée d'un lévite. Ils ne sont pas des intellectuels comme nous le dirions de nos jours. Toutefois, l’Église a toujours défendu les valeurs de l'intelligence : il suffit de lire les écrits de saint Augustin qui proclame "Que la foi pense !", de saint Anselme ou d'Albert le Grand. Origène a dit avec force : "Une foi qui écarte la raison et la sagesse n'est pas la foi." C'est ainsi qu'est l'humanisme chrétien qui relit l'histoire de la pensée à la lumière de la Foi.

De grands événements historiques sont issus d'une baisse brutale de la spiritualité : la Révolution, la Première et la Seconde Guerre Mondiale. La civilisation chrétienne a marqué différentes cultures27. La Tradition a été efficace contre les rébellions de l'intelligence qui ont été des excès que l'Eglise a condamnés et je ne comprends pas ce refus de le dire parfois même au sein de l'Eglise : Savonarole brûlait les tableaux et les livres d'inspiration païenne; Luther lançait des diatribes contre "Érasme la raison"...

Dépasser les limites du visible

Le rationalisme a un défaut majeur : il limite le champ de la connaissance au seul réel visible, en ignorant le monde invisible avec toutes ses réalités potentielles. La Tradition libère les champs de connaissance : nos prêtres scientifiques ne s'y sont pas trompés. Comprendre l'univers, c'est s’émerveiller de la Création qui a un Créateur : Dieu. Le rationalisme est rapidement desséchant dans la mesure où il réduit tout le réel à ce que la science de chaque époque sait, donc avec des limites que les vrais scientifiques refusent.

La tradition chrétienne n'est pas ennemie des nouveaux apports de la culture, des connaissances et de la recherche car, selon Elle, c'est découvrir le signe de Dieu dans l’infiniment grand comme dans l'infiniment petit. L'humanisme chrétien consiste à concevoir l'homme comme appartenant au plan divin. L'homme ne se conçoit que relié à Dieu. Il en découle différentes échelles de valeurs à établir : valeurs rationnelles et mystiques, fruits de la contemplation. Le Christ n'est pas venu apporter une philosophie au monde ou une étude biologique de l'homme car Il délivre une règle de vie afin de sauver l'homme de l'animalité.
L'humanisme païen, et sans que ce qualificatif soit péjoratif, c'est de concevoir l'homme hors de Dieu, se coupant de Dieu.
La culture européenne est de nature chrétienne à la base : elle n'est pas nationale et voulait être la vivante forme de l'universalisme, comme le mot "catholique"28 l'entend. Les universités médiévales avaient des maîtres provenant de tous les pays d'Europe ; seuls les étudiants se réunissaient par nations pour des raisons évidentes de vie commune, en pays qui n'étaient pas leur pays d'origine.


Quels progrès ?

Considérons la planète Terre au XXe siècle : les trois quarts de celle-ci souffrent de la faim, et encore de nos jours alors qu'elle suffirait à nourrir tout le monde. Nous y avons vu les horreurs de Hiroshima et de Nagasaki, des univers concentrationnaires (les Anglais en Afrique du Sud suite à la guerre des Boers; les goulags soviétiques et chinois; les camps du Vietnam...), la robotisation de l'homme dans des usines, les multiples mensonges pour justifier des guerres au nom des Droits de l'homme (spécialité des États-Unis et des États qui emboîtent aveuglément leurs pas). L'homme a été sacrifié pour des mythes inhumains qui ont revêtu tant de noms différents.
Bien entendu, il y a de bons côtés en médecine et des découvertes au profit de la dignité de l'homme mais il y a eu tant de détournements de ces savoirs : les manipulations génétiques donnent naissance à des chimères ; l'euthanasie active au lieu d'un refus de l'acharnement thérapeutique ; des avortements de confort et de naissances non désirées (au début, c'était admis uniquement pour des cas de figure bien précis29).
Le scandale est en dans toutes ces déviances de pratiques qui devaient être exceptionnelles et qui sont devenues ordinaires. Un avortement, si la naissance met la vie de la mère en danger, peut se comprendre. Abréger les souffrances d'un malade en fin de vie en sachant que la dose antidouleur peut être fatale reste un cas exceptionnel. Durant les guerres, des blessés graves intransportables ont demandé et reçu la mort car, abandonnés à l'ennemi, ils auraient subi des sévices douloureux avant de mourir (des cas réels au Vietnam, en Amérique centrale ou en Afrique me sont connus).

En 2020, une association de protection des animaux se scandalise de la mise mort d'une portée de chats et des associations féministes se scandalisent du refus d'un médecin à pratiquer un avortement de confort. Dans quel monde vivons-nous lorsque qu'une portée de chats a plus de valeur que la vie d'un enfant ? Le respect de la dignité humaine existe-t-il encore ?

Les complexes de Freud ?

Dès le XIXe s., la religion a été progressivement remplacée par la pensée scientifique technique qui a dominé jusque dans les années 1980. Le résultat en a été une sorte de disparition de la vie intérieure de l'homme pour privilégier une observation extérieure de l'homme : l'homme est devenu un objet d'observation au même titre qu'un insecte, une plante ou un fossile. Le spirituel disparaît au profit d'un déterminisme génétique. La pensée n'est plus le fruit de l'esprit mais le résultat d'une conjonction de neurones. Il n'y a plus une activité mentale de l'âme.
Les programmes scolaires en témoignent : philosophie, religions, études classiques (latin-grec) sont déclarées inutiles. La linguistique, la psychanalyse, la sociologie et l'économie les remplacent. Divers constats sont établis par chacun d'entre nous : relâchement des mœurs, individualisme exacerbé, culte de l'émotionnel éphémère, jouissance à consommer ont entraîné une contestation des dogmes, des réinterprétations du contenu de la foi, une perte du sens des sacrements face à une hiérarchie ecclésiastique trop souvent déficiente30 lorsqu'il s'est agi de donner des principes clairs. Au final, le mépris des religions règne dans le monde occidental.
Concrètement, ceci correspond à une baisse prodigieuse de la pratique religieuse. Parfois les derniers croyants sincères doivent fuir certaines paroisses en raison de cette gangrène ayant atteint quelques paroissiens dits engagés : des homélies vides de toute spiritualité ; une instruction religieuse prodiguée par des personnes ignorant tout du catéchisme ; des "piliers de paroisse" incompétents en matière de foi mais imposant leur inculture religieuse comme gage de leur sincérité... et des prêtres leur confient des missions... C'est le comble !
Mais hors de la vie de l'Eglise, il y a soit le culte aveugle du corps (le désir de la jeunesse éternelle ; la musculation à outrance ; la chirurgie esthétique superflue...), soit une perte totale du sens de la vie comme le démontrent plus d'un écrivain notable du XXe s. : selon eux, le monde est absurde car le Néant est la finalité de tout... Ceci est le véritable Enfer et je les plains car les conséquences sont tragiques pour eux et surtout pour les autres.

Freud a imaginé que les découvertes scientifiques ont infligé des blessures au narcissisme humain : selon lui, l’héliocentrisme de Copernic et l'évolution des espèces de Darwin auraient déstabilisé l'homme31. Avec Copernic, la terre n'est plus le centre de l'univers et, avec Darwin, l'homme n'est plus différent du règne animal. "Modestement", Freud est persuadé de porter une troisième blessure, aussi violente que les deux autres32 : la raison serait dominée par l'inconscient asservi aux pulsions sexuelles. Il n'avait pas lu les mystiques qui ont étudié les replis de l'âme de façon plus juste que lui ! Je tiens à vous rassurer les découvertes cosmologiques n'ont jamais perturbé le grand public qui ignorait le géocentrisme et l'héliocentrisme : par contre, la découverte de nouvelles étoiles a enflammé l'imagination des poètes, favorisant ainsi de nouvelles découvertes. Dire que l'homme descend du singe n'empêche pas que l'homme soit un homme et non un singe : d’ailleurs il y a des hommes qui singent d'autres hommes par imitation, pour paraître au lieu d'être33.
Jusqu'au XVIIIe s., la question qui se posait était plutôt de savoir ce qui distinguait l'homme de l'ange : avec le sourire, je vous dirai que c'était une démarche consciente pour découvrir Dieu dans sa vie et donc élever le débat au-dessus du niveau de la ceinture...

La vraie question, qui intéressait aussi bien les mystiques que les philosophes, était simple : "Qu'est-ce que l'homme ? ". La notion de temps apparaît vite : le temps terrestre qui, pour l'homme, commence à la conception et se termine par la mort ; le temps céleste qui est un éternel présent.

La chair meurt, limitée qu'elle est par le temps ; l'âme est éternelle et, au final pour les Chrétiens, soit pour résider auprès de Dieu et c'est le Paradis, soit pour être en Enfer qui est l’absence de Dieu34, l'homme s'étant coupé de lui durant sa vie et se privant, ainsi et à tout jamais, de son Amour vivifiant.

Solidarité humaine

L'homme ne peut pas vivre seul. La vie collective lui est nécessaire. Un bébé sans ses parents ne peut pas vivre longtemps ; chacun a normalement un rôle à accomplir dans la société en laquelle il vit. Cette vie collective nécessite une "éthique", terme qui est préféré de nos jours à celui de "morale" car le mot "morale" est discrédité. Toutefois, une éthique, par sa définition même, est un ensemble de conceptions morales ! Il y a plusieurs morales : la question du choix moral est sans solution s'il n'y a pas la reconnaissance de valeurs qui doivent être communes. Certains privilégient la Déclaration des droits de l'homme et d'autres les Évangiles ; la perfection est bien dans la deuxième variante car la première est, à mon avis, incomplète. Ceci serait un autre sujet à développer. Prenons un exemple d'une double lecture : Maurice Zundel révèle les vraies valeurs de la devise "Liberté, Égalité, Fraternité" : "Fraternité, le Christ en toi ; liberté, le Christ en moi ; égalité, le Christ en nous."35 Ceci dépasse vraiment la superficialité des discours républicains.

Aussitôt se posent deux questions : qu'est-ce que le bien ? qu'est-ce que le mal ? Et là, intervient une échelle des valeurs. Mais ces valeurs dépendent des évaluateurs qui diffèrent d'une civilisation à l'autre, voire d'une culture à l'autre (culture chrétienne et laïque, par exemple). Le bien commun chez les Aztèques n'est pas celui des premiers chrétiens. Un point commun : le partage de mêmes valeurs permet une coexistence la plus pacifique possible, évite des frictions s'exprimant par des guerres. Comment déterminer l'échelle des valeurs : selon le bien collectif ou selon un besoin individualiste ? ...
La théologie chrétienne partant du principe que Dieu a créé le monde et que le Christ en a donné sa logique : la Parole de Dieu qu'est le Christ (le Verbe fait chair) fournit aux hommes de bonne volonté non seulement les valeurs à respecter mais un modèle vivant à suivre. Ces valeurs ne dépendent plus des hommes mais de Dieu.
Et c'est ici que je ne comprends pas les athées : ils ne croient pas en Dieu mais ils peuvent croire en ces valeurs qui découlent des Évangiles (se retrouvant partiellement dans la Déclaration des Droits de l'homme et avec une finalité autre) et qui ont fait leur preuve. Certains d'entre eux prétextent les indignités de quelques chrétiens pour les refuser. Observez ceux qui ont voulu nier Dieu : l'absurdité de l'homme sur la terre les a conduits au néant, au suicide ou à la folie. En tuant Dieu, ils ont perdu le sens de la dignité de l'homme et donc du véritable humanisme. D'autres se sont pris pour des dieux : leurs egos peuvent les leurrer quelque temps mais ni le sexe, ni le pouvoir, ni l'argent et ni leur fonction ou titre ne leur donneront cette plénitude qui réside dans la rencontre de Dieu dans sa vie afin de recevoir la sagesse36.
La sagesse a pour but d'humaniser le monde : qui aime encore la sagesse de nos jours ? La science lui est bien souvent préférée. Or la science ne dit que ce qui est mais ne dit pas ce que l'homme peut en faire : pour ceci, il faut bien la sagesse. Pour résoudre le problème du choix , il faut donc bien une échelle de valeurs. Or celui qui a vécu n'ignore pas que les questions essentielles dans nos vies n'ont pas toujours des réponses binaires, se résolvant par un "oui" ou un "non". Nos questions sont complexes : car dans la réponse à donner, il y a parfois un mélange de bien et de mal que les lois humaines ne peuvent pas résoudre37. Seule la sagesse, avec ses paradoxes parfois38, donne une réponse la plus juste et elle se découvre pleinement dans le Nouveau Testament.

Oui, le christianisme est porteur d'une anthropologie, d'un humanisme et d'un sens de l'histoire. La Foi est une source de créativité culturelle : elle élève les personnes au lieu de les réduire à une absurdité totale ; elle féconde l’intelligence en nous libérant de nos déterminismes ; elle élargit le regard pour découvrir de nouvelles réalités dont on avait pas conscience ; elle transforme les rapports humains.

Le christianisme répond aux grandes questions que tout homme se pose, une fois ou l'autre, dans sa vie : Qu'est-ce que l'homme dans l'univers ? Quels sont le sens et le but de la vie ? Qu'est-ce que le bien et donc le mal ? Quels sont les origines et le but de la souffrance ? Quelle voie choisir pour parvenir au vrai bonheur ? Qu'est-ce que la mort et y a-t-il une vie après la mort ? Quel est le lien entre vérité et raison ?
Tout jeune s'interroge sur ce qu'est la normalité : est-ce le fruit d'une statistique39 ou d'une véritable éthique ? Qu'est-ce que l'amour ? Pourquoi j'existe ? Quelle est ma vocation40 en ce monde ? Pourrai-je vivre ma vocation41 ou devrai-je subir un destin imposé42 ?
A toutes ces questions légitimes, quelles réponses donnons-nous ? Évidemment, les réponses vous appartiennent : nos vies, nos engagements, nos regrets et nos espoirs nous enseignent. Remarquons quelques comportements.

Il s'agit de ne pas oublier ceux qui vivent dans le déni systématique des réalités de notre temps : pour eux, il n'y a pas de vérité; la vérité du jour est celle qui leur convient pour ce jour : tout est donc relatif. Le monde politique nous donne des exemples où la vérité est évolutive selon le souffle, non de l'esprit mais de l'électorat.

D'autres, se croyant plus prudents se réfugient, avec une fierté revendiquée, dans la procrastination (il est toujours temps d'attendre, en fait, pour savoir où le vent tourne) : ils ressemblent à ces bouchons de liège qui suivent l'écume des eaux... et s'oublient vite fort heureusement mais ont une faculté de nuisance dès qu'une fonction leur est accordée : c'est certain car ils ne savent pas décider ; par contre, critiquer remplace généreusement leur absence de faculté d'agir43.

Éthique et Morale

Revenons sur le mot "éthique" qui a occupé les politiques français, l'hiver dernier lorsqu’ils ont débattu de la bioéthique. Sans parti pris, considérons les mesures proposées face à l'humanisme non seulement chrétien mais qui a accompagné la naissance de l'homme.
Est-ce un progrès ou une régression de supprimer la famille naturelle en niant les mentions père ou mère pour les remplacer par parent 1 et parent 2 ? en demandant à un garçon s'il est une fille, à une fille s'il est un garçon ? en affirmant qu'une mère est un père et qu'un père est une mère ? Il n'échappe à personne qu'il y a un fond féminin chez un père et un fond masculin chez une mère selon les circonstances de la vie des enfants : ce fond commun s’appelle l’amour de ses enfants, amour qui ne doit pas être possessif mais oblatif. Les parents tyrans sont ceux qui ne laissent aucune liberté à leurs enfants quant à leur choix de vie (sentimentale, professionnelle ou sociale), au lieu de les accompagner et de les conseiller.

Est-ce plus d'humanité de favoriser ce que la nature n'a pas prévu ? Une mère enfante et élève son enfant, sans la présence du père de la conception et jusqu'à l'âge adulte. Il faut encore la semence du père mais, bientôt, il sera possible que les manipulations génétiques dispensent de la nécessité d'un père, réduit à l'état de distributeur de semence. La technique génétique autorise la sélection : il est interdit de parler de race mais, par contre, à prix d'or, des femmes veulent bénéficier de la semence d'un prix Nobel, d'un athlète ou d'un intellectuel... Non, je ne vous parle pas de la création d'une nouvelle variété de géranium !
A-t-on réfléchi aux reproches des enfants qui diront à leurs parents : Pourquoi m'as-tu voulu avec des yeux bleus alors que je veux avoir des yeux verts ? Pourquoi suis-je petit alors que je voulais être grand ? Pourquoi suis-je inhabile de mes mains alors que je voulais être un manuel, un artiste ? Pourquoi ai-je une maladie génétique non identifiée ? Je vous passe la litanie des reproches que les enfants pourraient produire à une mère.
Pendant qu'on y est et pour rester dans l'esprit de ce monde actuel bien étrange, dénonçons cette énormité non encore dénoncée : un père ne peut pas encore enfanter ! Au nom du droit à la maternité de la paternité, ne serions-nous pas face à une discrimination intolérable ? Au nom du sacré principe de l'égalité, ne faudrait-il pas un projet de loi pour modifier cet état de nature ?44

Est-ce que nous avons plus d'humanité ainsi ? Je ne le crois pas. Dans les civilisations les plus anciennes, l'éducation de l'enfant appartenait à la mère jusqu’à l'âge de 7 ans, au père jusqu’à l'âge de 14 ans. Ensuite, ce n'était plus un enfant mais un homme qui cherchait à s'aguerrir, hors du milieu familial quand cela lui était possible : pour la vie soit d'un homme d'armes, soit dans l'apprentissage d'un métier (les Compagnons du Devoir en sont un bon exemple), soit dans la vie d'études (juridiques, médicales, scientifiques, historiques, religieuses...) .

Abordons le problème majeur qui devrait interpeller chacun d'entre nous, croyant ou non croyant en Dieu.

Marchandisation du corps

La PMA45 crée un marché d'embryons : est-ce un mieux ? Pourquoi les media tentent-ils d'accréditer ce marché humain comme un progrès ou une loi inévitable de l'histoire ? Il y a des domaines qui ressemblent plus à la traite humaine qu'au respect de la dignité de l'homme. Quant à la création de chimères, fruits du croisement de cellules humaines avec des cellules animales, l'homme antique y avait déjà pensé : le centaure. Nous en trouvons des figures chez les Hittites ou des descriptions dans Ulysse. L'homme a imaginé, il y a déjà plusieurs millénaires, ce qu'il tente d'élaborer dans des éprouvettes. La nouveauté n'est donc pas dans l'idée mais dans le savoir-faire. Faut-il concrétiser des mythes inhumains ? Je vous laisse la réponse.

Les politiques en France sont prêts à l'accepter avec l'argent de tous les Français et même de ceux qui n'en veulent pas. Il y a là un aspect très dérangeant. Un adversaire de l'avortement ou de la PMA finance d'une façon ou d'une autre la sécurité sociale qui, elle, remboursera totalement le coût de l'avortement ou de la PMA.

Certains me rétorqueront que les athées financent les églises par leurs impôts : là, il faut leur rappeler que c'est l’État qui s'est approprié les églises, leurs trésors et leurs biens fonciers. L’État au final n'a pas été gagnant : la vente des biens a enrichi quelques familles bourgeoises ; les bâtiments églises, payés par les fidèles, ont été spoliés légalement par l’État ; les revenus des biens d’Église n'ont plus financé l'aide spéciale qu'Elle apportait46 et cela coûte beaucoup plus cher, l’État ayant dû pallier cette fonction. Et oui, le travail bénévole des religieux avait une valeur économique !

L’ectogenèse est la formation ou la transformation d'un embryon, fruit de manipulations génétiques, dans un bocal. Il est dès lors possible de marchandiser le corps humain : il y a de grands dangers de nuire au respect de la dignité humaine. Acheter un bébé pour se faire plaisir, comme celui d'adopter un animal de compagnie, reste selon moi une régression.

Par contre, l'adoption, dans des cas précis, est ce qu'il faudrait encore plus faciliter. Deux situations évidentes qui ne devraient rencontrer aucune complication juridique ou d'excessifs temps d'attente : soit des enfants dont les parents ont disparu ou ayant été abandonnés; soit l’impossibilité pour un père et une mère de concrétiser leur amour en une naissance ou une nouvelle naissance47. Ces parents ont de l'amour à donner à des enfants qui, eux aussi, ont soif d'amour.

Tradition et Prospective

La Tradition ne nous fige pas dans le passé comme certains le prétendent. Elle donne une vision du futur. En prendre conscience, c'est changer le regard sur le message de l'Eglise et en percevoir toute son utilité pour l'homme du présent et de demain. Tout chrétien est invité à agir maintenant pour construire ce monde de demain sur des bases solides, données par sa croyance en Dieu. Là il s'agit de distinguer connaissances et croyance. Les connaissances sont des données certaines d'une réalité dont on connaît les caractéristiques (la physique ou la chimie réunissent des phénomènes vérifiables et prédictibles); une croyance porte généralement au-delà du réel, sans pour autant nier la réalité.
Pour les chrétiens, le Credo mentionne explicitement le monde visible (celui des sciences) et le monde invisible (celui d'un monde au-delà de ce monde perceptible). Je ne prononce pas ce passage du Credo sans une grande émotion car je reconnais et j'accepte qu'il y ait toujours un monde inconnu dont Dieu nous a donné des indices mais qui reste à être découvert quand Il le jugera bon. Maurice Zundel a cette pensée qui me revient volontiers à l'esprit : "Le visible devient la parabole de l'invisible."48 Il est possible de croire en Dieu et d'être un homme de science : je vous en ai donné quelques exemples. La métaphysique est une forme de prospective qui déborde les seules réalités humaines.

La tradition a une force merveilleuse pour établir une prospective. Vivre uniquement pour le présent n'a pas de sens : se projeter dans l'avenir est une nécessité pour soi et pour les autres. Face une classe ou à des étudiants, la force qui anime enseignants et enseignés, c'est cet avenir qui se construit par l'éducation et l'instruction. Des parents espèrent pour leurs enfants une belle destinée, une vie qui leur donne joie et satisfactions. Un enseignant espère que ce jeune cerveau use à bon escient les connaissances acquises. Un chef d'entreprise ne vit que s'il se projette dans l'avenir. Les souhaits que nous formulons sont pour demain, un demain parfois lointain mais si motivant pour avancer selon un cap choisi hier ou maintenant.
Un scientifique espère découvrir la compréhension d'un phénomène : il imagine des hypothèses, il se trompe, il apprend de ses expériences (une somme d'erreurs parfois) et il découvre un jour. Toute recherche, même non scientifique, nécessite une prospective.

Foi et intelligence

Depuis le XIXe s., la religion est considérée de plus en plus comme une opinion personnelle et subjective. Toutes les religions sont mises sur pied d'égalité : pour ma part, je respecte toute forme religieuse mais je considère comme vraie la foi catholique et les autres religions sont à mes yeux incomplètes49, voire fausses50 ou contraires à la foi catholique51. Soit on me dit que la vérité n'existe pas, dans ce cas toute religion serait fausse. Soit on me dit qu'il y a une vérité voilée aux yeux des hommes mais révélée par la Parole : là, la question est simple. La vérité des Évangiles est intangible et c'est ce qui nous explique sa durée de vie et sa capacité à accompagner tout homme, à travers les temps.
Par contre, les interprétations restent des interprétations humaines à considérer selon les Évangiles et non selon des goûts personnels ou des passions individuelles. Certaines sectes plient les Évangiles à leurs désirs mais ne les respectent pas. Heureusement, l'Esprit Saint donne la faculté de discernement qui est cette quête de la vérité : là, intervient l'intelligence.
L'intelligence ne dépend pas du Quotient Intellectuel : je peux témoigner que j'ai connu des universitaires très spécialisés dans leur domaine mais totalement incapables de raisonner juste, sur ce qu'une humble paysanne de montagne avait déjà bien compris, sans avoir tout ce bagage intellectuel : le bon sens d'une personne sans instruction est parfois plus perspicace que le discours d'un sachant ne sachant pas entendre et comprendre.

Vous me répondrez que des hommes de talent et de savoir sont des adversaires du christianisme. Le savoir et l'intelligence ne suffisent pas pour entendre la Parole de Dieu qui parle au cœur d'abord et donc à l'homme entier. Certains ont le cœur sec quand ils n'ont pas un cœur de pierre.
Une quête de vérité exige au préalable une transformation intérieure à définir. Elle commence par le doute bien souvent mais la finalité n'est pas de rester dans le doute mais d'arriver à une prise de conscience d'être sur le chemin du vrai52. Un travail sur soi est exigeant et discuter avec sa conscience produit cette transformation : c'est le fruit d'une foi active. Notre manière de vivre devient le reflet alors de notre manière de croire. Le cardinal John Henry Newman distingue le talent intellectuel et la foi de la façon suivante : "Le talent intellectuel est un don et la foi est une grâce.53" et je tiens à préciser un don humain et une grâce divine.
L'explication de Newman mérite d'être entendue : "... les capacités intellectuelles sont des dons distincts des principes et des sentiments religieux ; les plus hautes vertus spirituelles, l'humilité, la constance, la patience ne permettront jamais à un homme de lire une langue inconnue ou de pénétrer les arcanes d'une science ; de la même façon les facultés intellectuelles les plus brillantes, la subtilité d'esprit, l'imagination, la pénétration, la profondeur de pensée ne nous feront jamais, à elles seules , accéder à la sagesse religieuse."54

Par contre, les capacités intellectuelles peuvent être aussi au service de la religion : la vérité révélée des Évangiles est une vérité morale et religieuse dont nous n'avons pas encore épuisé tous les champs du possible. C'est ainsi que la science, se détachant du visible vers l'invisible55, conduit à la métaphysique comme le démontre si bien Maurice Zundel.

Newman précise encore : "La croyance au christianisme n'a pas plus de rapport avec ce que l'on nomme le talent qu'elle en a avec la richesse, le rang, le pouvoir ou la force physique."56

Cette vérité religieuse ne s'acquiert pas spontanément : il en va de même pour une vérité scientifique. Il y faut du temps, de l'énergie (force) et de la volonté. La sagesse est nécessaire pour ne pas être esclave de ses sentiments, de ses passions (ce qui serait la subjectivité) : ceci nécessite une analyse de soi, sans complaisance et sans détestation. C'est se sortir de soi qu'offrent l'examen de conscience et la confession qui permettent une renaissance qui passe par une transformation intérieure (l'homme nouveau).
Heureusement, nous avons des aides sur le chemin de la foi : les épîtres de saint Paul, les Pères de l'Eglise, les vies et les écrits de saints véritables de l'Eglise (il y a les saints inconnus, sans titre officiel, mais que le sage reconnaît). La Bible s'adresse à tous et, à travers elle, nous pouvons étudier les complexités de l'âme humaine, la sienne comme celle des autres (non pour juger ou se comparer mais pour comprendre). En général, l'homme a soif de spiritualité et se reconnaît à partir du moment où il cesse de se prendre pour le centre du monde, qu'il se vide de son soi pour s'offrir aux autres par ses dons reçus, qu'il a l'humilité de reconnaître comme venant de Dieu. Cette prise de conscience est le début d'un homme nouveau qui, se transformant par l'Esprit, devient origine ou source pour les autres comme le dit si bien Maurice Zundel. Il suffit de commencer ce chemin de conversion et de se laisser conduire par l'esprit : nous ne savons pas exactement où ceci nous conduira mais il faut y aller avec confiance et espérance en Dieu, malgré les injures, les obstacles, les haines, les calomnies, assez ordinaires chez des individus sans réflexion et à l'esprit moutonnier, contre une personne cherchant la vérité.

Une métaphysique scientifique ?

En lisant Bachelard57, Maurice Zundel arrive à une conclusion : l'homme de science refuse le "donné brut", pris à l'état de nature. Il n'y a pas une acceptation passive des phénomènes naturels comme au XIXe s. L'homme de science tente de chercher au-delà du réel connu : ainsi il fait des découvertes. Il y a pour lui un au-delà des connaissances, même expérimentales, qui le pousse à chercher : il cherche sans savoir ce qu'il va trouver. Pour commencer, il établit une théorie, c'est sa forme de croyance, pour atteindre une vérité qu'il veut scientifique. Cet au-delà de la physique, science pure des phénomènes, est une forme de métaphysique scientifique (aussi paradoxale que puisse paraître cette formulation).
Dans son "Dialogue avec la vérité", Zundel distingue trois étages de la connaissance : la connaissance poétique (le livre de la Genèse en est un bel exemple), la connaissance rationnelle (les livres historiques de la Bible, œuvres humaines qui doivent être lues avec le regard du Nouveau Testament, et non l'inverse comme c'est trop souvent le cas de nos jours : le chrétien n'a pas à se convertir au judaïsme, ce serait une régression58) et la connaissance métaphysique (le Cantique des Cantiques et l'Apocalypse sont les deux livres pour comprendre de façon encore humaine mais suffisante). Il m'a permis de remarquer qu'il n'y avait pas de cloisons étanches entre ces trois formes de connaissances. Il y a une complémentari : ce que nos sociétés tellement binaires acceptent peu. La Genèse est une formulation poétique et non une thèse scientifique. L’histoire d'un peuple, Israël, est une approche rationnelle de tous les peuples qui ont vécu peu ou prou les mêmes grâces et les mêmes méfaits. Il y a la connaissance métaphysique, fruit de la sagesse. La sagesse peut s'atteindre par la méditation de la Parole comme par les sciences. Les sciences découvrent cette métaphysique qui découvre l'homme en ce qu'il a d'essentiel.

Progrès nécessaire

L'homme est appelé à progresser tout au long de sa vie, s'il ne veut pas devenir un fossile vivant mais stérile : il n'a pas fallu attendre le XIXe s. pour le savoir. Il doit devenir ce qu'il doit être en fonction de ses dons spécifiques et en raison de cette impulsion spirituelle qui l'incline vers telle ou telle voie de recherche. L'homme véritable veut être entraîné au-delà de ce qu'il est, en exerçant pleinement son art, son métier, sa profession : son engagement n'a pas une seule fin matérielle, qui est aussi mortelle que lui, mais une fin qui peut se poursuivre même quand il ne sera plus de ce monde. Là, il aura véritablement réalisé sa vie d'homme qui ne consiste pas uniquement à assurer la reproduction de l'espèce humaine. A cette forme de croissance , il n'y a pas de limite assignable : le progrès a existé depuis que l'homme existe. Le technicien ne cessera jamais de créer et le théoricien aura toujours le besoin de concevoir des concepts qui lui permettront des découvertes après avoir éliminé tous les concepts pouvant être faux ou tout simplement mal compris (d'une idée fausse peut surgir une vérité partielle : c'est un peu comme la paillette d'or dans une tonne de gravats et seul le travail de l'orpailleur identifie cet or).

L'homme ne peut pas être ennemi du progrès mais par contre il peut être ennemi de l'emploi qui en est fait, spécialement quand il y a le non respect de la dignité humaine. Dieu a démontré le respect accordé à la vie de l'homme en prenant chair humaine : que faut-il de plus comme démonstration ?
Considérons ce chemin progressif de l'homme, pour autant qu'il ne s'y oppose pas, dans sa vie même. Nous vivons tous des instants qui meurent mais qui ont été un progrès car nous sommes devenus nouveaux à plusieurs reprises : de bébé, devenu enfant; d'enfant devenu adolescent; d'adolescent devenu adulte; d'adulte devenu senior pour finir d'ailleurs hors des limites du temps biologique afin de vivre, par l'âme, l'intemporalité spirituelle... que de morts vécues et que de résurrections vécues, déjà dans notre faible limite humaine, qui sont autant de signes donnés qui devraient nous faire réfléchir (aux deux sens sens du terme, nous considérer en notre intériorité et resplendir la lumière de Dieu, sans vouloir être à tout prix une grande lumière, ce qui serait péché d’orgueil) : nos échecs, nos succès, nos incertitudes, nos certitudes, nos rocs spirituels surgissant de nos sables humains... La sagesse ne se gagne pas en un jour même si nous avons des prédispositions pour la recevoir : aussi, que dire de ceux qui la méconnaissent involontairement ou volontairement ! Tout est possible, avec le temps, avec la rencontre d'autrui et, surtout, la rencontre de Dieu en sa vie (qui n'appartient pas qu'aux seuls membres des ordres religieux, fort heureusement) : il y a les fruits d'une relation humaine d'abord qui, divinisée, devient relation divine. C'est exactement le sens étymologique du mot "religion" : du latin, religare, s'attacher, se relier au Créateur en se détachant des liens terrestres, pour aller au-delà de ceux-ci.

L'histoire d'un peuple dans l'Ancien Testament n'est que l'histoire d'une longue progression, avec de nombreuses chutes et, au final, un refus de Dieu qui s'est incarné dans le Christ : c'est le refus d'un Dieu humble car ce peuple était dans l'attente d'un surhomme, tout puissant de pouvoirs59, et non tout puissant d'Amour pour tous les hommes. Le Nouveau Testament est le récit du chemin de progression à accomplir pour être semblable au Christ.

Mutation scientifique du XXe s.

La grande mutation scientifique du XXe s. est que le calcul a supplanté les simples mesures, propres à la physique ou la technique : par les mathématiques, des théories se sont établies, des hypothèses au départ, et lors de vérifications de ces théories, des découvertes se sont produites. La volonté de comprendre a remplacé le simple fait de décrire : c'est ce qui différencie le monde scientifique du XIXe s. et du XXe. s.. L'univers sensoriel avait établi un plafond qui a été détruit, pour rendre évidente une logique qui échappe aux sens et au sens commun : ceci a été rendu possible par l'esprit qui a dépassé les seules limites des sens. L'esprit dix-neuvième siècle avait pour seule vérité les expérimentations de laboratoire et a réduit l'homme a un objet d'observation parmi d'autres, pouvant être analysé et réduit à quelques formules chimiques. Or les découvertes scientifiques démontrent une corrélation entre l'organisme humain et l'univers qui est incroyable et pourtant réelle ! La mystique Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine, le disait déjà au XIIe s. !
L'homme ne se réduit pas à ses simples constituants cellulaires. L'intelligence n'est pas qu'une conjonction de neurones. Seule la métaphysique, consciente ou inconsciente, pousse à rechercher plus loin : si l'animal vit de ses instincts, l'homme vit de sa volonté de comprendre : c'est l'esprit agissant. Au final, plus il sait, plus il sait qu'il ne sait rien. Toutefois l'inconnu, s'il est toujours plus grand, ne l'arrête pas dans sa volonté d'agrandir le champ de la connaissance humaine : c'est ce qui fait la grandeur de l'homme qui cherche (le mystique aussi bien que le scientifique, l'un n'empêchant pas l'autre !).

Les sciences ont perçu des vies biologiques au-delà du monde sensible : le scientifique est à la recherche de ce réel dont il ne cesse de reculer les limites. Pour ce faire, il établit des théories que les expériences confirment ou infirment. Ces théories sont établies car il croit qu'il y a des raisons pour que telle ou telle activité de la nature se produise : il vit ce besoin de rationaliser. Il y a donc un refus d'accepter des dieux aveugles ou le rôle du hasard. La théorie est au départ une croyance qui sera mise à l'épreuve. Maurice Zundel60 aime à citer Einstein qui a écrit dans "L'évolution des idées en physique" : "Nous désirons que les faits observés suivent logiquement notre concept de réalité. Sans la croyance dans l'harmonie interne de notre monde, il ne pourrait y avoir de science. Cette croyance est, et restera toujours le motif fondamental de toute création scientifique. "

Des scientifiques, non chrétiens comme Einstein, rejoignent la pensée de saint Augustin et de Maurice Zundel, celui-ci citant volontiers cette pensée d'Einstein qui mérite toute notre attention : "La plus belle et la plus profonde émotion que nous puissions expérimenter est la sensation mystique. C'est la semence de toute science véritable. Celui à qui cette émotion est étrangère, qui n'a plus la possibilité de s'étonner et d'être frappé de respect, celui-là est comme s'il était mort. Savoir que ce qui nous est impénétrable existe réellement, et se manifeste à travers la plus haute sagesse, la plus rayonnante beauté, sagesse et beauté que nos faibles facultés peuvent comprendre seulement dans leur forme la plus primitive, cette connaissance, ce sentiment, est au centre de la vraie religion [...] L'expérience religieuse cosmique est la raison des plus fortes et des plus nobles recherches scientifiques [...] Ma religion consiste en une humble admiration envers l'esprit supérieur et sans limites qui se révèle dans les plus minces détails que nous puissions percevoir avec nos esprits faibles et fragiles. Cette profonde conviction sentimentale de la présence d'une raison puissante et supérieure se révélant dans l’incompréhensible univers, voilà mon idée de Dieu."61

Subjectivité et Objectivité

Est subjectif le jugement qui est ancré dans les limites de ses seules capacités : il y enfermement. Est objectif le jugement qui se porte en prenant distance par rapport à soi et à ses connaissances pour s'ouvrir à la nouveauté d'un regard sur ce qui est le sujet de son étude, de sa méditation ou de sa contemplation : c'est une expérience hors de soi pour mieux se comprendre et comprendre. Ceci est la vraie liberté : ne rien subir, ni les choses, ni les autres, ni soi-même. Autant dire qu'atteindre la vraie liberté est une tâche de longue haleine.

L'homme de science revendique une liberté de l'esprit qui seule permet de découvrir la vérité dans son champ de recherche.
L'homme de raison véritable est un être métaphysique : en effet, par l'esprit, il cherche au-delà de la physique, de la seule nature.
Zundel le dit ainsi : l'homme de sciences progresse en abandonnant le monde des images pour explorer le règne des idées afin d'accéder à la vérité.

Il serait bon de poursuivre cette réflexion (et je vous renvoie à la bibliographie sélective en fin de cet article) mais il est temps de conclure.

Conclusion

Pour les hommes de sciences comme de religion, cette pensée de Vauvenargues nous rend prudent : "Les grands hommes, en apprenant aux faibles à réfléchir, les ont mis sur la route de l'erreur." Et il est possible d'éviter les erreurs, en suivant ce conseil de Tristan Bernard : "Il vaut mieux ne pas réfléchir du tout que de ne pas réfléchir assez."

Les scientifiques comme les religieux connaissent, sous deux formes différentes, une métaphysique dans la mesure où ils recherchent le vrai, au-delà du réel déjà connu.

La Tradition de l'Eglise ne traite pas des sciences car ce n'est pas son domaine. Son rôle est de faire percevoir la Présence de Dieu, nous élevant du monde visible vers le monde invisible, afin de pouvoir Le rencontrer en vérité. La plus belle cathédrale qui puisse s'offrir à Dieu est le cœur de l'homme.

Le scientifique honnête reconnaît que, dans les découvertes de l'infiniment grand comme de l'infiniment petit, il y a toujours un mystère, une logique de la Création qui lui échappe.

La Tradition n'est pas ennemie des sciences : des prêtres ont contribué à de grandes découvertes et je n'ai pas mentionné des scientifiques catholiques qui ont aussi apporté leur pierre à la connaissance de l'univers.

La Tradition est un merveilleux outil de prospective : sur 2000 ans, elle a eu des effets favorables quand il y a eu le respect de Dieu et des hommes.

Une éthique non fondée sur la dignité de l'homme, créé à la ressemblance de Dieu, est mortifère. Retrouver les valeurs morales qui se sont dégagées bien avant la naissance du christianisme et qui ont été vécues dans le modèle qu'est le Christ est une nécessité.

La foi n'interdit pas l'intelligence. Bien au contraire. La foi exige la pensée, fruit de l'esprit. Il est désolant de constater le désert spirituel de certains membres du clergé : heureusement, nous avons d'excellents prédicateurs avec qui l'homme de foi peut retrouver les joies de l'âme.

En religion, il s'agit de ne pas tricher : les actes doivent correspondre aux paroles. Dire la vérité soulève inévitablement des haines chez les ennemis de la vérité : appartenons à ceux qui préfèrent la vérité à l'affection factice des hommes.

En conclusion de cette conclusion, laissons la parole à Pascal : "L'homme n'est qu'un roseau pensant, le plus faible de la nature, mais c'est un roseau pensant." et encore : "Par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends."

Merci pour votre attention et je reste disponible pour répondre à vos questions éventuelles et dans la mesure où je suis en capacité de vous répondre. Ce sujet est vaste et je me suis contenté d'en donner quelques traits pour alimenter votre réflexion et ouvrir des pistes pour celui qui aurait envie de le prospecter.

P.S. : J'adresse un chaleureux merci aux deux personnes qui ont relu ce texte avec la plus grande attention.
Antoine Schülé

11 juin 2020, La Tourette.

Contact : antoine.schule@free.fr
Bibliographie

Paul Hazard : La pensée européenne au XVIIIe s. De Montesquieu à Lessing. Boivin, Paris. 1946. 3 vol. 380 p., 304 p. et 156 p.
Ouvrage à consulter pour aborder la crise de conscience européenne : à chacun de conclure en 2020 avec ses effets réels. Très utile pour explorer de multiples pistes. La bibliographie est d'une grande richesse.

Daniel-Rops, Victor Martin, Jean Bayet, Jacques Pirenne, Nadjm Oud-Dine Bammate, Fung Yu-Lan, Jean Guéhenno : Tradition et innovation. La Baconnière. Neuchâtel. 1956. 464 p.
La confrontation de divers points de vue sur le sujet est source de réflexions utiles. A la suite des exposés de chacun des intervenants, il y a la transcription des débats publics qu'ils ont suscités.

Henri de La Bastide : Les quatre voyages au cœur de la civilisation. Rocher. 1985. 228 p.
Cet auteur, aussi bien poète que scientifique, a parcouru le monde. Il apporte une vision globale et comparative sur les civilisations. L'Occident est la civilisation de la Personne, face à la Parole arabe, le Geste hindou, le Signe chinois et japonais et le Rythme africain.

Isabelle Mourral (préf. du Cardinal Poupard) : Le christianisme a 2000 ans. Ed. de Paris. 1999. 256 p.
Cet ouvrage est à lire. Tout est dit en nuances. Bonne étude de base pour aborder notre sujet dans une perspective chrétienne.

Pierre Feschotte : Les illusionnistes. Essai sur le mensonge scientifique. L'Aire. Lausanne. 1985. 304 p.
Cet auteur, ingénieur-chimiste, donne de nombreuses réponses à des questions essentielles, avec un regard critique sur les arguments scientifiques qui ont prédominé dans le grand public. Comment arriver à une vie harmonieuse ?

André Verdan : Karl Popper ou la connaissance sans certitude. Presses Polytechniques et universitaires romandes. 1991. 146 p.
Selon le philosophe Popper, une théorie n'est jamais qu'une hypothèse provisoire servant à corriger une autre théorie. Le scientifique doit accepter d'être réfuté par les expériences. Il défend la métaphysique. Voici qui mérite notre intérêt sans être obligé de partager toutes ses conclusions politiques.

Jacques Monod : Le hasard et la nécessité. Essai sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Seuil. 1970. 240 p.
Il développe une théorie intéressante à connaître et le lecteur est en droit de penser et de conclure que cet auteur place trop sa confiance en la Science. Il est d'ailleurs facile de réfuter ses arguments fondamentaux.
Jean Guitton, Grichka et Igor Bogdanov : Dieu et la science. Vers le métaréalisme. Grasset . 1991. 200 p.
Vous y trouverez différents développements à confronter avec les conclusions de Jacques Monod.

Odon Hurel : Le moine et l'historien Dom Mabillon. Œuvres choisies. Avec une biographie par dom Henri Leclercq. Coll. Bouquins. Robert Laffont. 1132 p.
Oui, l'érudition en milieu monastique existe : un ouvrage qui ouvre l'esprit. A lire. Vous ne le regretterez pas !

Maurice Zundel : Itinéraire. La Colombe. Paris. 1947. 192 p.
Un théologien passionné par les découvertes scientifiques de son temps donnent d'excellentes perspectives pour traiter notre sujet. A lire absolument !

Maurice Zundel (textes inédits et présentés par Paul Debains) : Le problème que nous sommes. La Trinité dans notre vie. Sarment. 2005. 384 p.
Au lecteur qui ne comprend pas ce qu'est la Trinité, la lecture de ce livre est indispensable.

Maurice Zundel (écrits rassemblés, présentés et édités par père Marc Donzé): Harmoniques. Œuvres complètes. T. II. Parole et Silence. 2019. 632 p. Consulter : pp. 199-415. Recherche de la personne.
L'homme de foi à la recherche de la vérité et de la compréhension de l'univers.

Rémi Brague : Au moyen du Moyen Age. Philosophies médiévales en chrétienté, judaïsme et islam. Ed. La Transparence. Chatou. 2006. 436 p.
Celui qui veut connaître les racines culturelles et intellectuelles européennes se doit d'étudier cet ouvrage.
Rémi Brague : Du Dieu des chrétiens et d'un ou deux autres. Flammarion. Paris. 2009. 256 p.
Un philosophe réussit à cerner la particularité du Dieu chrétien. Dans cette période de confusion religieuse que nous connaissons de nos jours, son livre est le bienvenu.

Rémi Brague : La Sagesse du monde. Histoire de l'expérience humaine de l'univers. Fayard. 1999. 448 p.
Il répond à cette question : comment retrouver la Sagesse du monde ?

Rémi Brague : La loi de Dieu. Histoire philosophique d'une alliance. Gallimard. 2005. 584 p.
Tout passionné par l'histoire du droit y trouvera une source inépuisable de réflexions à poursuivre.
11260 - 1327 " Sur l'humilité ".
2Le plus étrange est quand ce propos est tenu par un chef d’État.
3Gaston Bachelard : La formation de l'esprit scientifique. 1938.
4Il y avait essentiellement des prises de position partisanes.
5La parole des historiens de la médecine, il y en a de très bons, n'est pas passée sur les ondes.
6Prenez le temps d'écouter les déclarations des dirigeants politiques français de mars à mai 2020.
71894 - 1977 : Pensée d'un biologiste.
8D'où l'importance de partager nos savoirs.
9L'électricité a existé dans la foudre; la capacité d'en produire, sans savoir sa vraie nature n'a pas empêché sa "domestication". Certains corps dégagent un rayonnement radioactif : la nouveauté a été de le constater et d’en produire de façon artificielle.
10Ce propos me suscitera bien des ennemis : dire la vérité n'est pas admis par tous !
11La vitrification des déchets atomiques mise au point par M. Roger Bonniaud, de Saint -Gervais a été un grand pas en ce sens. L'enfouissement de ceux-ci dans des conditions optimales et contrôlées aurait dû en être l'aboutissement mais la décision politique manque pour des raisons purement électorales.
12Artisan.
13Savant ou sachant.
14Sage.
15Galilée a affirmé que l’Écriture Sainte ne se préoccupait pas de lois physiques : contre l'héliocentrisme, certains voulaient y trouver des arguments. Le Père Mersenne, lire ci-dessous, permettra la diffusion des conclusions de Galilée en France, malgré l'interdiction du Saint Office. Le procès de Galilée témoigne de l'ignorance de ses juges mais pas celle de l'Eglise. De nos jours, les juges sont-ils toujours compétents sur les affaires qu'ils ont à juger ?
16Un courant de pensée dominant impose une déchristianisation dans le monde comme la dénazification en Allemagne.
17Et même de nos jours ! L'orgueil intellectuel les aveugle : une onction ne donne pas un savoir mais une mission. Un aveugle spirituel (et il y en a dans le clergé) ne peut pas conduire les fidèles...
18Positif et non destructeur : ce que ne peuvent pas comprendre les esprits étroits, parfois même très étroits (car de l'épaisseur d'une feuille de cigarette).
19Dom Mabillon : Traité des études monastiques. In : Le moine et l'historien dom Mabillon, œuvres choisies (avec une biographie par dom Henri Leclercq). Coll. Bouquins. Robert Laffont. Paris. 2007. 1132 p. pp. 484-485.
20Tradition et innovation. p. 17.
21Je ne nie pas l'utilité et même la nécessité de la théologie qui est nécessaire pour approfondir les interactions entre les différents écrits du Nouveau Testament, en les confrontant à l'Ancien Testament. Cette pratique nécessite des connaissances particulières mais celles-ci ne sont pas indispensables pour lire par soi-même.
22L'anticléricalisme doit beaucoup à l'enseignement public qui ne s'est pas toujours montré laïc mais à cultiver une religion nouvelle : le laïcisme.
23Il est dangereux de les identifier car ils sont plus venimeux que des serpents mais l'innocent ne craint pas de marcher sur eux et les scorpions qui les accompagnent inévitablement.... Des Psaumes le disent et le redisent ... Je pense à eux quand je vois , dans la statuaire, le pied de la Vierge Marie écrasant la tête du serpent !
24Ce qui nécessite du courage et non cette lâcheté coutumière chez certains qui me scandalise et me scandalisera toujours.
25Maurice Zundel : Itinéraire. La Colombe. Paris. 1947. 192 p. P. 16.
26Ils se sont enfermés dans une tradition avec un nombre infini de lois . La Tradition catholique les a réduites à mois d'une vingtaine de commandements.
27Exemples : la célébration d'une messe diffère en Afrique, en Asie ou en France mais les sacrements sont les mêmes. Une différence d'expression n'est pas une différence sur le contenu.
28Mot grec signifiant universel.
29Une loi perverse est toujours amorcée par une exploitation de l'émotionnel pour faire consensus.
30Car timorée comme le sont trop de Chrétiens ayant presque honte de leur Foi.
31Si ce n'est pas encore ton cas, lecteur, tremble d'effroi !
32Affirmation narcissique le hissant à égalité avec les deux autres ! A cet inconscient découvrant l'inconscience !
33Le culte de l'image.
34Vivre hors de l'Amour de Dieu. L'amour de deux personnes sur terre permet de surmonter bien des obstacles : l'amour humain véritable fait vivre; un temps de séparation le fait cruellement sentir. Alors que doit être l'Amour de Dieu, sans limite temporelle, sans que la séparation soit possible avec tous ceux qui vivent dans Son Union d'Amour !
35Maurice Zundel : Recherche de la personne. Desclée. Ed. 1990. 288 p.
36Qui est une grâce ou un don.
37L'application de certaines lois légalise des actes inhumains socialement, économiquement : que d’assassinats économiques en utilisant la loi comme arme !
38Que les mystiques n'ignorent pas.
39Pour défendre une minorité, la majorité est contestée : les questions de mœurs en sont l'illustration (négation de la normalité pour imposer des pratiques différentes de quelques individus). La minorité conditionne la grande majorité selon ses vues : et ça marche !
40Selon les dons reçus, pas toujours pour devenir prêtre mais fonder une famille, dispenser un savoir, aide humanitaire, vie associative, recherche, vie artistique, engagement militaire ...
41Pas forcément religieuse mais selon ses prédispositions dites naturelles : des dons en fait.
42Milieu familial, impossibilité économique, pression sociale, manque d'instruction adaptée, éducation déficiente...
43Dans certaines associations culturelles, vous en trouvez quasiment toujours : une plaie inguérissable si ce n'est par une chirurgie efficace.
44Précisons que je le dis avec humour : il ne faudrait pas qu'un(e) député (e) du "monde d'après", au nom du progrès et des "celles et ceux", croie utile de concrétiser cette idée où il y aurait ce miraculeux "en même temps" père-mère d'un "Jupiter avec nous", cet Emmanuel nouveau qui veille sur son peuple...
45Procation Médicalement Assistée.
46Soins médicaux, prise en charge des orphelins, accueil des personnes âgées, démentes ou handicapées, aides aux démunis, instruction scolaire, mise en valeur des sols, diffusion des savoirs, constitution de bibliothèques, conseillers avisés de gouvernants...
47Parfois, des mères ne peuvent plus enfanter après la naissance du premier enfant.
48Maurice Zundel (textes inédits présentés Debains) : Le problème que nous sommes. La Trinité dans notre vie. Sarment. 2005. P. 108.
49Elles n'arrivent pas à conduire l'homme à la rencontre avec Dieu : reconnaître Sa Présence au cœur de nous.
50Exigeant des sacrifices humains ou animaux.
51On lui oppose un patchwork religieux ou un bricolage spirituel : c'est très à la mode et se revendique comme étant "œcuménique". Exemple de recette : une pincée de bouddhisme, trois grains de catholicisme, une cuiller de protestantisme, un saupoudrage de rites africains, avec pourquoi pas la fumée d'un bon joint, le tout accompagné d'un soupçon de tantrisme sexuel. Extase, artificielle et non surnaturelle, assurée.
52Sur le chemin, ce n'est pas toujours atteindre le but...
53J. H. Newman : Être chrétien. Cerf. p. 103.
54Newman : Être chrétien. pp. 103 - 104.
55Hugues de Saint-Victor (XIIe s., disciple de Saint Augustin) disait déjà que le visible permet le transfert du visible vers l'invisible, du matériel vers l'immatériel.
56Newman : Être chrétien. p. 105.
571864-1962. Philosophe, il a étudié le développement de la connaissance scientifique et le rôle de l'imaginaire poétique qu'il n'oppose pas au premier mais qu'il considère comme complémentaire.
58La révélation en plénitude de Dieu est dans le Nouveau Testament : elle n'est que partielle dans l'Ancien Testament.
59Orgueil.
60Maurice Zundel : Ouvertures sur le vrai. Desclée. Paris. 1989 (1ere éd. 1940). 144 p. p. 45.
61Maurice Zundel : Quel homme et quel Dieu ? Fayard. 1976. 240 p. p. 55. Citation rapportée par Lincoln Barnett (préf. par Einstein) : Einstein et l'Univers. pp. 191-193.

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