A
propos du “Traité
d’athéologie” de Michel Onfray
Antoine
Schülé, La Tourette, 22 avril 2019
En
2005, ce
livre paraît et les
lumières des media se braquent sur Michel Onfray, immédiatement
promu
le pape des athées, le nouveau messie post-chrétien. Il est
encensé, loué,
adoré
et son traité est déclaré
être le
nouveau catéchisme des athées. Ainsi pour certains disparaissent
les vérités des Évangiles pour entendre enfin
cette vérité
que détiendrait Michel Onfray, au nom de la philosophie, sa
déesse mère.
Les
journalistes et critiques, autorisés de la bien-pensance et en
charge d’instruire le public, surenchérissent : « Il
démystifie les religions. »,
« Il
alimente un matérialisme joyeux. »,
«Il
offre un athéisme argumenté, construit, solide et militant. » .
Depuis
la parution de cet ouvrage, il est
invité très souvent
sur les chaînes de radio et les plateaux de télévision : il
donne son avis sur tout et même, parfois,
sur ce qu’il ignore de
toute évidence.
Après
l’avoir entendu et en lisant des articles où il est cité
régulièrement comme une référence incontestable, je me suis
décidé enfin à lire son « Traité
d’athéologie »,
afin de me faire une opinion personnelle que
je vous partage en
cette communication : durant
soixante minutes, je vous livre mes impressions et conclusions de
lecture en
tant que historien et passionné de spiritualité, pas
uniquement chrétienne d’ailleurs1.
A)
Brève esquisse de l’athéisme
Un
athéisme nouveau ?
Le
public contemporain
s’excite
quand il entend le qualificatif de « nouveau,
nouvelle »
accolé à une notion, sans
s’interroger s’il s’agit véritablement de quelques chose de
nouveau.
Ce
qualificatif est très
souvent de
nos jours soit
une
façon de faire avaler une vieille soupe dans laquelle quelques
ingrédients sont jetés pour tromper les sens, soit
pour promouvoir un produit de lessive ou de cosmétique dont
l’emballage est nouveau d’apparence
mais dont les éléments
de base
restent les mêmes.
Les
media, et non
Michel Onfray2,
ont voulu présenter son
athéisme
comme un phénomène nouveau au
XXIe
s. alors
qu’il est fort ancien et a connu différentes expressions au cours
des millénaires.
L’athéisme
existe depuis 2 500 ans au moins et de façon certaine. En Grèce et
en Inde, soit 1 000 ans avant Jésus-Christ, de multiples
attestations peuvent être réunies. Le XXe
s. a connu un athéisme plus spécifique avec le marxisme
qui
est né au siècle précédent et
qui ressuscite sous différentes formes, pour nier l’existence de
Dieu, comme de nombreux
écrivains,
à
la mode et inscrits dans les programmes scolaires et universitaires,
se
complairont
à le
proclamer.
Le
terme d’athée
est employé à tort parfois pour
désigner une personne adoptant des
distances
plus nuancées
quant
à l’existence ou la non existence des dieux ou de Dieu :
un agnostique, un matérialiste ou un sceptique n’est pas
obligatoirement un athée. Entre
le refus de croire en un
dieu et le rejet complet de dieu, il y a des gradations, des nuances
à percevoir. Il
y a plus que l’athéisme, il y encore l’antithéisme
dont Michel Onfray est un représentant.
La
référence antique incontournable se situe au Ve
s.
et IVe
s. avant Jésus-Christ, avec Démocrite
qui diffuse ses idées à l’occasion de ce grand débat, qui agite
les philosophes, sur le
vide
et le plein.
Sa
théorie sera adoptée
par les atomistes : l’univers est un ensemble de particules
insécables et se réduit à un mouvement de matières dans le vide.
Ce
constat est à portée limitée mais d’autres que
lui y
donneront des conclusions que Démocrite n’aurait peut-être pas
approuvées. Comme art de vivre, il
prône la modération et la sérénité qui
passe par la recherche d’un équilibre intérieur en harmonie avec
l’extérieur3
:
ce qui ne sera pas le cas de tous ceux qui revendiquent sa pensée.
Karl Marx,
en 1841, le place comme le précurseur du matérialisme moderne avec
Épicure
que cite
souvent Lucrèce
dont
la redécouverte est due au clergé médiéval, n’en
déplaise à Michel Onfray.
De
quelques distinctions à établir
Avant
de poursuivre, il est nécessaire de distinguer, en plus de la simple
indifférence, plusieurs formes d’attitude face à la religion ou à
l’existence comme à la non-existence des dieux ou de Dieu.
Le
sceptique pose en principe de base qu’il est impossible de
connaître pleinement toute chose (il peut y avoir ainsi une
acceptation tacite d’un mystère). Il croit en son expérience
sensible et, s’y limitant totalement, il ne forme aucun
jugement sur ce qui échappe à ses sens ou à ses expérimentations,
y compris dans le domaine religieux où il ne cherche même
pas à douter : il se déclare incompétent pour affirmer
quoi que ce soit à ce sujet.
L’exemple
type, du VIe s. avant J.-C., est Xénophon de Colophon qui
justifiait cette optique : « Aucun homme ne sait et ne
saura jamais de certain concernant les dieux. »
L’athéiste
nie l’existence de Dieu et ce mot apparaît au XVIe
siècle.
L’agnostique,
terme lancé par Thomas Huxley en 1869, est presque un synonyme du
sceptique : tout ce qui dépasse le domaine de l’expérience
est inconnaissable ; il cultive le scepticisme scientifique.
Les
fruits de ces croyances, car elles sont aussi des croyances, en sont
divers avec des nuances plus ou moins fortes : l’amoralisme4,
le pragmatisme, l’individualisme et l’instinctivisme.
L’antithéiste
est celui qui combat toute croyance en Dieu car, selon son
jugement, cette croyance est une atteinte à la liberté humaine.
Michel
Onfray est un antithéiste acharné qui exploite tout ce
qu’ont pu écrire les sceptiques, les agnostiques et les athées
qu’il a pu répertorier sur un long espace temps et à qui il
reproche de ne pas être devenu des antithéistes combattants. Aussi
curieux que cela puisse paraître, il est devenu un militant de sa
croyance contre toutes les autres croyances qui, selon lui et à
des degrés divers, ne sont que des falsifications, des illusions,
des aliénations et des moyens d’exploiter autrui de façon
nuisible.
Selon
les religions polythéistes et monothéistes
Pour
les polythéistes, les athées étaient les monothéistes comme les
Juifs et les Chrétiens. Au temps de l’Empire romain, il y a un
aspect politique à ne pas ignorer : si César n’est plus un
dieu, il y a une contestation de sa légitimité politique et refuser
de l’honorer comme un dieu mérite donc la mort.
Pour
les premiers Chrétiens étaient athées tous ceux qui ne croyaient
pas au seul vrai Dieu qui s’est révélé en prenant l’humanité
de Jésus par la force de l’Esprit Saint.
Dans
l’Ancien
testament,
les athées, considérés
comme des impies
ou des fous,
sont ceux soit
qui
affirment qu’il n’y a pas
de pouvoir de Dieu sur
la terre,
soit qui sont fidèles
à d’autres dieux (idolâtres)
:
Deux
psaumes sont explicites :
Ps
10, 4-7 :
« Dans
sa suffisance, l’impie ne cherche plus :
« Il
n’y a pas de Dieu. »,
voilà toute son astuce.
Sa
réussite se confirme en tout temps,
là-haut
tes sentences sont trop loin de lui ;
il
crache sur tous ses
adversaires. »5
Ps
14,1-3 :
« Les
fous se disent : « Il
n’y a pas de Dieu ! »
Corrompus
ils ont commis des horreurs ; aucun n’agit bien.
Des
cieux, le Seigneur s’est penché vers les hommes,
pour
voir s’il y en avait un d’intelligent qui cherche Dieu.
Tous
dévoyés, ils sont unis dans le vice ;
aucun
n’agit bien pas même un seul. »6
Il
y aurait bien d’autres citations à produire pour exprimer la même
chose mais les deux extraits ci-dessus permettent de situer
l’interrogation des hommes sur un autre plan que celui de Démocrite
(le vide et le plein).
En
effet, pourquoi l’homme, à travers le temps et dans ses écrits,
s’interroge sur l’existence ou la non-existence de Dieu ?
Répondre à cette question, c’est comprendre comment des personnes
ont adopté l’athéisme ou une forme d’antithéisme, violente par
les mots, sectaire s’opposant à toute croyance religieuse et
pouvant conduire à la haine ordinaire : la christianophobie
avérée qui se propage à grande vitesse de nos jours en témoigne.
Pourquoi
s’interroger sur l’existence ou la non existence de Dieu ?
Tous
les peuples ont développé une perception du Bien et du Mal. Tout
homme a une idée sur ce qu’il entend sous ces deux mots7
car il a une propension naturelle à rechercher le bonheur et à
refuser le malheur. « Mais
pourquoi existe le Mal ? »
est
la question qui le taraude.
Et l’interrogation
qui suit naturellement : « Dieu8
a-t-il créé le Mal et
donc la mort ? ».
Toutes
les religions se posent ces questions et les athées s’interrogent
de même, tout en niant l’existence de Dieu. Pour quelques-uns,
l’existence du mal les conduit à démontrer que Dieu n’existe
pas : pensez à Camus. Pour lui, si le mal existe et que Dieu
n’intervient pas, cela signifie que Dieu est inacceptable ou qu’il
n’existe pas… Un Dieu parfait ne pourrait pas tolérer le mal
dans un monde créé par Lui…
Les
religions ont donné différentes réponses qu’il
est impossible d’énumérer ici.
De
façon générale, pour
les hommes, elles
répondent à leur
besoin d’une rétribution sur terre qui, pour
le dire simplement,
récompense le bien et punit le mal : à
défaut d’une justice humaine, ils veulent une justice
divine.
Par
exemple, en
Inde ou en Égypte, il y a une
certitude quant à des
incarnations en d’autres vies, pouvant
être animales,
qui
varieront en mieux ou en pire, selon la vie présente
menée
sur terre.
L’Ancien
testament
apporte ses réponses principalement dans deux livres qui
intéressent directement notre sujet :
Job
et l’Ecclésiaste
(appelé aussi le Qohéleth).
Ils
traitent du doute, allant jusqu’au désarroi, et de la foi, qui
est victorieuse quand elle bien ancrée en l’homme.
Il y a un mélange d’espérance et de désillusion. Nous y trouvons
de nombreux paradoxes qui symbolisent les complexités de la vie9.
Il est possible de faire des liens avec la pensée égyptienne et
mésopotamienne (exprimée dans deux œuvres respectivement :
Dialogue
du désespéré avec son âme
et Théodicée
babylonienne).
Le
Coran
affirme
que Dieu récompense les croyants, si ce n’est pas en ce monde,
c’est dans l’autre : celui
de
la vie après la vie. Pour
les musulmans, les
non-croyants sont les idolâtres que sont soit les hétérodoxes,
dont les Chrétiens avec Dieu trinitaire,
soit les athées. L’incroyance mène au libertinage.
La
littérature médiévale aborde longuement le problème
du mal
et, si vous le souhaitez, je pourrais vous parler une fois des
Goliards qui en ont fait un de leurs thèmes favoris. La
foi n’est pas uniquement celle du charbonnier : des grands
auteurs chrétiens, dont les Pères de l’Église qu’Onfray
dénigre systématiquement, ont apporté de magnifiques réponses
faisant appel à l’intelligence et à la raison. D’Augustin
à Thomas d’Aquin, il a été démontré que foi et intelligence,
foi et raison
pouvaient
parfaitement se concilier. La foi chrétienne est une acceptation du
mystère de Dieu qui n’a nullement empêché des prêtres, encore
jusqu’à nos jours, à effectuer d’importantes découvertes
scientifiques10
ou historiques.
Le
christianisme a été un « platonisme
à l’usage du peuple ».
Il se caractérise par un refus de cet orgueil intellectuel qui veut
nier l’acceptation des limites de l’intelligence humaine. Il y a
une mise en évidence que chaque être humain est complexe :
chaque corps est un univers en soi. Notre intelligence n’est pas le
fruit d’une réaction chimique : notre intelligence dépend
d’une volonté qui ne dépend pas du corps mais de l’esprit.
L’esprit se perçoit par l’intelligence et non au moyen d’un
microscope. C’est la curiosité de l’homme pour l’extérieur
qui lui a permis de découvrir le monde : ainsi sont nées les
grandes découvertes, les grandes avancées scientifiques. Un
exemple :
D’abord l’homme
a regardé
le ciel et les découvertes en astronomie ont précédé celles de
l’anatomie.
D’un
athéisme individuel à un athéisme collectif
Depuis
Louis XIV et plus spécialement en
lisant
Bossuet, nous
découvrons que les
personnes
se déclarant
athées
sont souvent des libertins : pour
pratiquer d’autres mœurs non
admis par tous,
ils voulaient
s’affranchir des principes de l’Eglise.
Les
décennies s’écoulant, ceci
se confirmera de plus en plus et le sommet sera atteint avec
Donatien Alphonse François
de Sade11
(1740 - 1814), au
XVIIIe
s., le siècle
de référence pour Michel Onfray.
Notez
bien que nous sommes à ce moment-là uniquement
face à un
athéisme individuel,
librement
choisi.
Au
XIXe
s., Auguste
Blanqui
(1805-1881),
le
concepteur du communisme utopique,
met
en valeur un athéisme social et son slogan fameux,
qui résonne encore dans nos rues, est :
« Ni
Dieu, ni maître ».
Et
cette formule s’épanouira en deux révolutions majeures
du XXe
s., au
nom du communisme12
:
la révolution russe en 1917 et la révolution chinoise en 1949.
Chacun sait combien la liberté individuelle et même de conscience
ont
été sacrifiées,
au
pire, par
des condamnations à mort, pour le souverain bien du peuple et, au
mieux, par des
emprisonnements, en vue d’une rééducation nécessaire13.
L’athéisme
officiel,
imposé
à tous de façon dictatoriale,
supplante l’athéisme individuel et devient une religion d’État
et
de l’État (une forme moderne d’idolâtrie14 :
l’État
devient l’être suprême).
Une
religion autre
que
celle-ci est
dénoncée
dès
lors comme
étant une
superstition à
éliminer.
La
Révolution de 1789, en
France, a servi de modèle. Les
religieux ont été
considérés
comme des oisifs, des immoraux et des asociaux : ils sont donc
des ennemis des masses
laborieuses15.
Il
convient donc
soit
de
les éliminer,
soit de les
rééduquer.
Cette
solution finale, née
en
septembre 1789, qui a reçu une caution
légale16
le 17 août 1792, a
été la Terreur où des
religieux
et
des
croyants
aussi bien paysans, ouvriers ou nobles, aussi bien femmes
qu’enfants,
ont été guillotinés après des procès expéditifs.
En
Vendée, il y a eu de véritables massacres au nom de la République
mais il ne faut pas en parler car ceci nuirait aux « valeurs
républicaines ».
Oui, sur
cette page écrite dans le sang, il
y a un travail de mémoire qui reste encore à s’accomplir !
Il
règne encore un racisme qu’il convient de dénoncer : le
racisme victimaire. Il y a des victimes qui ont droit à la mémoire
et des victimes dont les souffrances sont couvertes d’une chape de
plomb soigneusement entretenue par
les idéologies dominantes.
Il
est nécessaire de se souvenir de ces faits historiques, passés sous
silence
- par ceux qui veulent accuser les religions d’être des causes de massacres alors qu’en fait des religions ont été instrumentalisées parfois par des politiques : ce qui n’est pas la même chose !
- par ceux qui prétendent que l’athéisme, toujours plus dominant depuis la fin du XIXe s., est la panacée universelle pour éviter les guerres : le XXe siècle est éloquent en la matière !
Regardez
dans nos actualités récentes où
les valeurs chrétiennes sont mises de côté depuis les années 60,
toutes ces guerres, y compris celles
d’ingérences17,
faites et justifiées aux noms de la démocratie
et de la liberté,
servant,
utilement et
ce n’est pas un hasard,
les intérêts
des États-Unis qui décrètent
ce qui est bon
et mal
pour tous les peuples de l’univers ! Oui,
la mentalité vétérotestamentaire prédomine : il y a une
manipulation d’un
fond religieux
ayant
été rendu manichéen,
au
profit du pouvoir économique. Or
c’est
la quête du profit qui commande et non la quête de Dieu. Même
l’Europe, aussi
sa partie s’affirmant laïque,
s’incline face à la puissance nucléaire et économique que
représente cet état qui mène sa guerre commerciale
à outrance, depuis les années 1950, comme peut le constater celui
qui veut bien ouvrir les yeux. Le
dieu matérialiste qu’est le dollar n’a rien à voir avec le Dieu
des Chrétiens.
Les
nuances d’athéisme actuel
Alors,
sommes-nous véritablement
face
à un athéisme nouveau ? Non, l’athéisme
prédominant
de nos jours a des
couleurs
plus nuancées
car il
est le résultat d’un
mélange assez curieux : vous avez des athées
à teinture chrétienne,
sous couvert d’une morale laïque, et des chrétiens
incrédules,
de plus en plus nombreux, qui révèlent dans leurs vies comme dans
leurs propos une méconnaissance totale de leur foi18
quand
ce n’est pas tout simplement un pur abandon de la foi et
des valeurs qui s’y attachent.
Ils
vivent un athéisme sans en prendre conscience ! Je
ne traite pas, en plus, des chrétiens hypocrites dont les lèvres
sont trahies par les actes19 :
il y a trop de cas patents en ce triste temps mais
ils ne doivent pas occulter tout le bien vécu et rayonné par une
majorité de
Chrétiens sincères et engagés pour faire connaître la vérité du
message de Dieu
dans
les Évangiles !
Le
libertinage du XVIIIe
s. a été remplacé par l’hédonisme20
dont
l’apologie est faite par Michel Onfray.
Pour
d’autres que lui, il
n’y a pas toujours un refus immédiat
du
divin mais il
se
constate
des
pertes de repères soit
qui
favorisent la renaissance de sectes, encadrant
et enfermant
leurs adhérents, soit
qui
poussent les hommes à un individualisme forcené21
(le « moi »
domine, le « moi »
envahit tout, le « moi »
ignore l’autre, le culte du « moi »22).
B)
Arguments de Michel Onfray
Socle
philosophique
Mais
revenons à Michel Onfray et à son traité où il mentionne très
clairement ses sources d’inspiration. Lorsqu’il affirme que la
religion est une aliénation religieuse, il reprend l’idée de
Ludwig Feuerbach (1804-1872) développée dans un livre
intitulé « L’essence du christianisme ». Pour
ce dernier, la religion est un faux idéal, complètement éloigné
du réel. Sa pensée sommairement résumée est la suivante :
l’homme projette en Dieu les perfections ou qualités qu’il
désire mais qu’il ne dispose pas en plénitude23.
Il conclut qu’il appartient à l’homme de découvrir en lui ses
qualités et de ne pas les attribuer à Dieu car ce serait une
aliénation. Feuerbach s’est intéressé à la théologie car
il a lu saint Augustin et Luther et se considère comme un disciple
de Hegel.
Sa
pensée conduira plusieurs de ses disciples à un humanisme athée,
ce premier palier qui a conduit ensuite d’autres suiveurs,
au nihilisme, avec par exemple Nietzsche24
(1844-1900) qui proclamera la mort de Dieu, alors que
d’autres, plus tard, annonceront la mort de l’homme.
En
France et quant à cette idée majeure de Feuerbach, la référence
initiale au XIXe s. reste Auguste Comte : son
Cours de philosophie positive25
(1830-1842), développe l’idée26
que l’humanité connaît trois stades ou évolutions : le
stade théologique est le stade de l’enfance27,
le stade métaphysique est celui de l’adolescence, le stade
scientifique qu’il dénomme positiviste, est celui de
l’adulte.
Ainsi
est née cette conviction d’un progrès pouvant résoudre
tous les problèmes de l’homme du XXIe s. Celui-ci
est-il plus heureux ? Lorsque je voyage et observe les passants,
lorsque j’écoute les uns et les autres, j’en doute fortement
! Il règne plutôt une forme de désespérance inquiétante.
Karl
Marx, dans sa « Critique de la philosophie du
droit de Hegel » (1844) avait déjà repris cette idée de
Feuerbach avec d’autres nuances. L’espérance religieuse est
la suprême consolation, le bonheur illusoire du peuple qu’il
exprime en cet extrait dont la dernière phrase est connue :
« La religion est le soupir de la créature accablée, le
cœur d’un monde sans cœur comme elle est l’esprit d’une
existence sans esprit. Elle est l’opium du peuple. ».
Retenons que Marx n’est pas entièrement négatif face à la
religion car la spiritualité qui en découle peut éloigner du
Dieu-Argent. La religion est considérée par lui tout au plus comme
un antidépresseur utile pour certaines personnes. Sa philosophie le
conduit à une lutte politique contre une société qu’il
considère comme injuste : l’exploitation de l’homme par
l’homme. La disparition de l’homme exploité verrait en même
temps la disparition de toute forme de religion.
Ses
disciples ont réussi l’exploitation de l’homme par l’État
divinisé. Mais il y a encore de nos jours des personnes qui ne
jurent que par lui ! Les expériences soviétiques et chinoises
ne leur sont pas assez concluantes. En 1963, Moscou a disposé de la
première chaire d’athéisme scientifique dont Onfray aurait pu
être un des grands prêtres.
Freud
prolonge la réflexion de Feuerbach en soulignant le caractère
infantile et aliénant de l’attitude religieuse. Trois ouvrages
développent sa critique radicale des religions : Totem et
tabou (1913), L’Avenir d’une illusion (1927) et Moïse
et le monothéisme (1939). Il formule ainsi son appréciation :
l’attitude religieuse est une projection du psychisme humain sur
des forces supérieures. La psychanalyse a pour
but de libérer l’homme de l’aliénation psychique.
Pourquoi ? La religion a une face névrotique et psychotique. La
face névrotique est due au complexe paternel, à
l’idéalisation et la mort du père et à la culpabilité qui en
découle qui se traduit par la peur de la castration. La face
psychotique est l’invention par l’homme d’un Dieu bon dans
le but de conjurer ses angoisses existentielles.
Les
protestants pour commencer28
et ensuite Voltaire et Kant ont voulu libérer l’homme des
institutions religieuses : ce qui n’empêchait pas la
personne d’être un homme religieux individualiste29.
Retenons que cette première étape, de ce qui allait conduire à une
déchristianisation progressive, a permis la seconde : avec
Feuerbach, Comte, Marx et Freud, l’homme libre est un homme sans
religion, un homme libéré de la foi en Dieu.
Or
cet athéisme final a affaibli le christianisme mais, de nos jours,
naissent aussi bien une prolifération des sectes de diverses
natures30,
isolant la personne dans une bulle, et, ce qui est plus étrange, des
formes diverses de religiosité, chacune
produite à la demande, c’est-à-dire bricolée de façon
individuelle, en mêlant des sélections de pratiques et croyances
religieuses hétéroclites31
(un espèce de cocktail religieux, mis dans un shaker et modifiable à
la demande, selon les circonstances et les besoins du moment).
Antithéisme
ou antidéisme
Par
contre, l’Europe connaît différentes formes d’antidéisme,
s’exprimant de façons plus ou moins fortes : vous avez les
anticléricaux purs et durs, les matérialistes, les rationalistes,
les existentialistes32,
les libres-penseurs, les humanistes33
et les laïques. Pour les moins fanatiques, ils gardent pourtant dans
leur formation culturelle un fond de morale chrétienne34.
Leurs idées dominent dans les media subventionnés, les arts
cinématographiques35,
les spectacles théâtraux, la musique, la chanson et les comiques,
ayant droit à la sponsorisation médiatique. Ainsi s’installe un
athéisme militant diffus dans les esprits les moins avertis.
Une
petite minorité, se voulant intellectuelle ou désireuse de
justifier leur refus de Dieu, attendait un pape de l’antidéisme ou
de l’antithéisme : ils l’ont trouvé et reconnu en Michel Onfray
alors qu’il a eu deux précurseurs notables, aux propos plus
nuancés : Régis Debray qui affirme qu’il a cru en
Dieu comme on croit au Père Noël, qui rejette la religion par
détestation de l’obscurantisme, du fanatisme et de la
superstition et qui pense que « de savoir si Dieu
existe » est une question sans intérêt ; André
Comte-Sponville. qui considère comme une opinion, une
conviction mais aucunement un savoir, son athéisme, qu’il
revendique en affirmant que Dieu n’existe pas.
Avec
Michel Onfray, nous avons un militant acharné et c’est pourquoi,
maintenant que le contexte intellectuel, ayant donné naissance à
ses prises de position, a été brièvement brossé, il faut
s’intéresser à ses arguments.
L’antithéisme
de Michel Onfray
L’existence
de Jésus est sa cible principale et première. Que veut
démontrer Onfray ? Jésus n’a pas inventé le christianisme,
c’est le christianisme qui a inventé Jésus.
Pourquoi
cette volonté de nier Jésus, le premier Chrétien ? Onfray
puise, pour l’essentiel, son inspiration dans l’Ecce homo de
Nietzsche afin de justifier son combat :
- la notion de Dieu est l’antithèse de la vie ;
- la notion d’au-delà déprécie le monde ;
- la notion d’âme méprise le corps ;
- la notion de sacré fait renoncer aux nécessités du monde ;
- pour la salut de l’âme, l’homme renonce à la santé36 ;
- la notion de péché est un instrument de torture ;
- la notion de libre-arbitre brouille les instincts.
Quant
à la non-existence de Dieu, sa démonstration est plus simple que
celle de Jésus :
« …
Dieu n’est ni mort ni mourant – contrairement à ce que pensent
Nietzsche et Heine. Ni mort, ni mourant parce que non mortel. Une
fiction ne meurt pas, une illusion ne trépasse jamais, un conte pour
enfants ne se réfute pas. »37
Et
tout est dit !
Ses
analyses :
- Les croyants préfèrent les fictions apaisantes des enfants aux certitudes cruelles des adultes.
- L’homme religieux est un aliéné.
- La religion révèle une psychose, une névrose.
Sa
grandeur d’âme :
- Compatissons pour l’abusé qu’est cet homme religieux, la victime.
- Vitupérons contre ceux qui trompent cet homme religieux, les bourreaux.
Ses
deux conclusions :
- « L’obscurantisme, cet humus des religions, se combat avec la tradition rationaliste occidentale. »38.
- Nécessité d’établir une ontologie matérialiste grâce à cette « nouvelle » discipline qu’est l’athéologie.
Voici
la raison d’être de 300 pages de son « Traité
d’athéologie » voulant convaincre son lecteur.
Pour
ma part39,
il est évident que chacun est libre de croire en ce qu’il veut
comme de ne pas croire en certaines vérités : la liberté de
conscience est sacrée. La discussion ou la pesée des arguments est
un instrument philosophique : aussi analysons ensemble sa
construction intellectuelle.
Questions
de méthode
L’homme
a besoin de certitude mais l’incertitude domine même dans les
sciences : des théories, considérées comme solides, sont
remises en cause par de nouvelles découvertes. Plus la recherche
scientifique avance, plus nous découvrons un infiniment grand comme
un infiniment petit et nous percevons qu’il y a encore des mystères
dans la nature et dans l’univers.
Voici
de beaux défis pour l’esprit que des chrétiens et des religieux
ont relevé dans le passé déjà avec succès :
les
Bénédictins ont transmis un savoir considérable au Moyen Age ;
les Jésuites ont créé des écoles réputées pour leur
enseignement et dont sont issues des personnalités éminentes des
sciences, des arts, de la politique et de la philosophie ; des
monastères ont fondé les hôpitaux car donner des soins au corps
était un service à l’homme pour qu’il puisse ne pas souffrir
dans sa chair40 ;
l’art chrétien a permis des prodiges architecturaux et picturaux
qui font, à juste titre, encore notre admiration ; la morale
chrétienne a créé un consensus universel ayant eu des résultats
positifs car un examen de conscience est une invitation à
s’améliorer, car un esprit de charité a rayonné pour le plus
grand profit des démunis, des déshérités…
La
liste pourrait se poursuivre et seul un Onfray ignore volontairement
les apports des Chrétiens sur ces différents plans. Cette méthode
lui enlève tout crédit intellectuel, même et surtout quand il
s’affirme philosophe.
En
tout homme, il y a un vrai et naturel philosophe lorsqu’il se pose
les questions fondamentales suivantes :
Que
puis-je croire et que puis-je savoir ? Comment croire au-delà
de ce que je sais ? Pour quelles raisons j’affirme ou rejette
telle ou telle croyance ? Quand suis-je sûr, certain de mes
choix et pourquoi ?
Tout
homme pour vivre doit avoir quelques certitudes (fausses ou vraies,
ceci n’est pas sa question prioritaire), partagées avec d’autres
(ce qui n’est pas toujours un gage de vérité). Ce constat établi,
il appartient à chacun de s’interroger, de se laisser interpeller,
même par des affirmations les plus contraires à ce qui est cru en
son âme et conscience : la seule vraie zone de liberté.
Comment
Onfray justifie son antithéisme ? Ma présentation de ses
sources vous a donné les éléments essentiels constituant le socle
sur lequel il a construit sa logique. Mon goût pour l’histoire des
idées fait que je n’ai rien appris en ce sujet avec lui. Par
contre sa méthode m’a surpris. En voici quelques aperçus à
travers diverses citations extraites de son « Traité
d’athéologie » et qui suffiront à vous éclairer.
Pourquoi
l’homme est-il religieux ? Parce qu’il a peur. Je le cite :
« Le dernier dieu disparaîtra avec le dernier des hommes.
Et avec lui, la crainte, la peur, l’angoisse, ces machines à créer
des divinités. »41
Pourquoi
Onfray exprime son admiration pour un prêtre, l’abbé Meslier42 ?
N’allez pas croire à une ouverture spirituelle de notre auteur.
Écoutez plutôt la raison lumineuse qu’il nous donne :
« […]
l’abbé Meslier, saint, héros et martyr de la cause athée enfin
repérable ! Curé d’Etrépigny dans les Ardennes, discret
pendant toute la durée de son ministère, sauf avec une altercation
avec le seigneur du village, Jean Meslier (1664-1729) écrit un
volumineux Testament dans lequel il conchie43
l’Église, la religion, Jésus, Dieu, mais aussi l’aristocratie,
la monarchie, l’Ancien Régime, il dénonce avec une violence sans
nom l’injustice sociale, la pensée idéaliste, la morale
chrétienne doloriste et professe en même temps un communalisme
anarchiste, une authentique et inaugurale philosophie matérialiste
et un athéisme hédoniste d’une étonnante modernité44. »
Quel
est le chantier antithéiste mais dit athéiste par Onfray, à
mener ? Son programme se résume en ces quelques lignes qui
peuvent vous dispenser de souffrir ses logorrhées :
« […]
un chantier nouveau et supérieur pour l’athéisme : Meslier a
nié toute divinité, d’Holbach a démonté le christianisme,
Feuerbach a déconstruit Dieu, Nietzsche révèle la transvaluation :
l’athéisme ne doit pas fonctionner comme une fin seulement.
Supprimer Dieu certes, mais pour quoi faire ? Une autre morale,
une nouvelle éthique, des valeurs inédites, impensées car
impensables, voilà ce que permettent la réalisation et le
dépassement de l’athéisme. Une tâche redoutable et à venir. »45
.
Cette
tâche ne peut s’accomplir qu’à travers trois missions :
déconstruire
les trois monothéismes,
démythifier
le judéo-christianisme et
démonter
la théocratie.
Au
final, la morale post-chrétienne, pour reprendre son
qualificatif, sera le fruit d’une nouvelle éthique où « le
corps cesse d’être une punition, la terre une vallée de larmes,
la vie une catastrophe, le plaisir un péché, les femmes une
malédiction, l’intelligence une présomption, la volupté une
damnation. »46
Pour
Onfray, la loi mosaïque, les dits de Jésus et la parole du prophète
ont un seul fond commun : la haine. La haine de tout : de
l’intelligence, de la vie, de l’ici-bas, du corps, des femmes du
sexe libre et libéré.
Quels sont les principes de ces trois religions monothéistes selon
Onfray ? La falsification, l’hystérie collective, le
mensonge, la fiction et les mythes.
Antichristianisme
Arrivons
maintenant à son antichristianisme viscéral. Si les Juifs et les
Musulmans ont de longs catalogues d’interdits, il reconnaît que
les Évangiles en ont moins. 2000 ans de christianisme se
concluent selon lui de la façon suivante : « La
religion catholique entrave la marche de la civilisation. »47.
Sa
première cible est Paul de Tarse, « le treizième apôtre
hystérique »48
avec ses « innombrables imprécations misogynes »49
et ensuite Jésus.
Jésus
Commençons
par Jésus. Une citation suffira à vous démontrer le niveau de
mauvaise foi intellectuelle qu’il est possible de mesurer chez
notre auteur :
« L’existence
de Jésus n’est aucunement avérée scientifiquement. Aucun
document contemporain de l’évènement, aucune preuve
archéologique, rien de certain ne permet de conclure à la vérité
d’une présence effective à la charnière de deux mondes
abolissant l’un, nommant l’autre. »50
Depuis
le XIXe s. et jusqu’à nos jours, les archéologues, les
historiens, les biblistes, des chercheurs non-croyants ont effectué
d’innombrables recherches et études qui prouvent l’existence de
Jésus, un personnage incontestable. Même l’historien le plus
athée qui soit le reconnaît comme personnage historique.
Alors,
vous désirez certainement enfin savoir qui a créé Jésus, selon
Onfray !
Marc
a créé Jésus et notre « philosophe » le
considère avec son Évangile comme le « premier auteur
du récit des aventures merveilleuses du nommé Jésus. »51.
Notre « détenteur du nouveau savoir » souligne,
magistralement et de toute son autorité, que ce « texte
relève du registre clair de la propagande. »52.
Dès lors, il vous suffira de lire les Évangiles, qui « méprisent
l’histoire »53,
comme on lit la prose romanesque antique ou les poèmes homériques.
Ils ont favorisé la construction d’un mythe, avec des
contradictions et des invraisemblances. L’argument final et
rédhibitoire : « le genre évangélique est
performatif », c’est-à-dire que seule son énonciation
crée la vérité.
Paul
de Tarse
Un
chapitre du traité a pour titre « La contamination
paulinienne » et pour être certain de ne pas vous égarer
avec Paul , Onfray y apporte un sous-titre explicite délires
d’une hystérie : selon Onfray, il s’agit en effet d’une
hystérie de conversion54.
Sa
démonstration est simple : « Comment vire avec sa
névrose ? En en faisant le modèle du monde, en névrosant le
monde… Paul crée le monde à son image. ». CQFD.
Appréciez la concision de l’analyse !
Onfray
nie l’existence de Jésus mais affirme l’existence de Paul en le
dépeignant sous les traits les plus sinistres physiquement55
d’abord et cliniquement ensuite : notre « philosophe »
serait-il aussi un clinicien comme son assurance verbale veut le
faire croire ?
Il
faut reconnaître qu’en lisant Onfray, nous découvrons ce que
produit sa haine du christianisme qu’il projette sur Paul de Tarse.
Qui est Paul de Tarse ? Écoutez-le :
« Haine
de soi, haine du monde, haine des femmes, haine de la liberté, Paul
de Tarse ajoute à ce désolant tableau, la haine de
l’intelligence. »56.
Notre
antithéiste est-il un démocrate, un républicain, un champion de
l’égalité et de la fraternité, un ami de tous les hommes et du
genre humain ? Il est permis d’en douter sérieusement quand
il écrit toujours à propos des personnes qui écoutent et
suivent Paul : « […] l’inculte ne parle pas
aux philosophes, mais à ses semblables. Son public, partout
dans ses pérégrinations du bassin méditerranéen, n’est jamais
constitué d’intellectuels, de philosophes, de gens de lettres,
mais de petites gens – les foulons, teinturiers, artisans,
charpentiers listés par Celse dans son Contre les chrétiens.
Pas besoin dès lors de culture, la démagogie suffit et avec elle sa
perpétuelle alliée : la haine de l’intelligence. ».
Cette
affirmation, qui conclut le chapitre consacré à Paul, enthousiasme
ses suiveurs qui peuvent se croire ainsi appartenir à cette
race sacrée des « Intellectuels », l’ambition suprême
de toute personne qui se pique de culture devant les caméras !
La personne qui n’adhère pas à sa théorie a, vous l’avez
compris, une haine de l’intelligence : elle reste et restera
une personne inculte dont il faut combattre non les idées mais les
névroses… La christianophobie peut s’assumer au nom de
l’intelligence. Il n’y a donc qu’à l’accepter et à la
propager… Et ça marche !
Nier
Jésus, dénigrer Paul ne lui suffisent pas. Sa corrida, si bien
commencée en agitant la muleta, doit être la mise à mort du
christianisme. Pour ce faire, le « philosophe », quitte
son habit de psychiatre et de fabulologue57
pour devenir historien et sociologue : ce qu’il ne pratique
guère mieux, je tiens à vous rassurer tout de suite. Musique :
« Nous vivons sur l’héritage funeste
de Constantin. »58.
An
312 et la naissance de l’état totalitaire chrétien
Faites
silence ! Maintenant nous abordons les 2 000 ans de
christianisme qui ont pris naissance dans l’empire chrétien de
Constantin. Sa couleur s’impose, tremblez, vous allez découvrir
une « vision d’horreur »59.
Les
conclusions péremptoires de notre « philosophe » sont
issues de deux principes de base :
1.
les écrits des trois religions monothéistes ne sont nullement les
paroles de Dieu mais des travaux de scribes et d’intermédiaires ;
2.
Tous ces écrits sont remplis d’incohérences, de contradictions et
sont d’une grande hétérogénéité.
Onfray
extrait tous ce qui peut justifier la guerre dans l’Ancien
testament . Et , là, je pourrais lui donner raison car, ayant
étudié à plusieurs reprises la notion de guerre juste, j’ai lu
l’Ancien Testament et le Coran. Oui, il est possible
de faire un traité de l’art de la guerre60
avec le premier titre : les huguenots l’ont utilisé
d’ailleurs avec succès pour se former à leur lutte armée.
Toutefois, il s’agit de ne pas oublier que tous les peuples, sans
aucun exception, ont survécu au moyen de la guerre : le
prétexte religieux a été utilisé. La religion devient entre les
mains de certains une arme psychologique qui ne doit pas occulter la
lutte pour le pouvoir politique, la cause réelle des guerres.
Confondre le moyen et la cause est une erreur grossière pour un
philosophe...
Il
est essentiel de distinguer la guerre juste, visant le règne
de la paix avec la justice, de l’autre guerre, celle de
conquête du pouvoir, d’asservissement ou de spoliation de
territoire (de femmes ou d’esclaves), de matière première ou de
métaux précieux61.
Entre ces deux guerres, vous avez cette zone grise, cette guerre pour
la survie : les migrations ont occasionné de grandes guerres
complètement oubliées de nos jours.
L’histoire
du peuple hébreux symbolise ainsi la vie de tous les peuples du
monde. Certains peuvent regretter et d’autres se féliciter que la
Turquie n’ait pas envahi l’Europe, que les Musulmans n’aient
pas dépassé le sud de la France et aient été repoussés :
l’histoire est ce qu’elle a été et nous pouvons seulement dans
notre présent faire en sorte que le futur change.
Lorsque
je vois les Évangélistes, spécialement aux États-Unis, au
pouvoir, lisant l’Ancien Testament à la lettre, j’ai de grandes
inquiétudes : l’état62
d’Israël est riche d’enseignements pour un observateur attentif.
Lorsque je vois une religion manipulée pour satisfaire des ambitions
économiques et politiques, j’ai des soucis pour l’avenir. J’en
ai de même quand je vois les résultats des guerres menées contre
les religions : la Terreur en France ; les camps de la mort
et les goulags dans l’ancienne URSS ; les Cristeros au
Mexique ; les Chrétiens d’Orient ou de Chine... Toutes ces
victimes n’ont pas droit à la mémoire internationale63,
au nom de ce racisme victimaire qui retient les unes et pas les
autres ! Revenons à Michel Onfray.
Avec
le Nouveau testament, je me disais que notre pamphlétaire
aurait quelque peine à justifier la violence chrétienne. Je vous
rassure tout de suite : en effet, Jésus a chassé les marchands
du temple. Maintenant, il s’agit de bien suivre sa démonstration.
Hitler dans Mein Kampf mentionne cet acte
mémorable de Jésus et qu’est-ce que cela a produit au XXe
s. ? Le massacre des Juifs, les chambres à gaz. Il est évident que
Jésus est donc responsable de cette abomination. Fin de la
démonstration. Tout historien qui se permettrait de tels raccourcis
serait discrédité mais les media encensent Onfray pour ce qui n’est
qu’une de ses trouvailles parmi d’autres et remarquable, o
combien !
Suite
à cela, le lecteur crédule ne peut qu’enfin comprendre que
l’Église n’a pu être que le soutien de massacres et de
dictatures. En raison de l’antisémitisme chrétien, « Les
chambres à gaz peuvent donc s’allumer au feu64
de saint Jean. »65.
Onfray ne s’embarrasse pas de nuances et, pourtant,savoir nuancer
devrait être le propre d’un philosophe. Il polémique et toutes
les armes lui sont bonnes, mêmes les moins recommandables. Il veut
susciter la haine contre les Chrétiens en affirmant des mensonges
qu’il habille de son autorité : ceci ne suffit pas pour
autant à les rendre vrais et donc crédibles. Il pratique cette
méthode de distorsion des faits et de l’histoire en toute
impunité.
Imaginez
maintenant qu’un auteur se permette de parler comme il le fait, du
judaïsme, de l’État d’Israël66
: cet auteur serait poursuivi en justice, serait ruiné d’une façon
ou d’une autre, interdit de parole dans les media67.
Apprenez avec Onfray que sa haine sécrète son racisme antithéiste,
acceptable pour ses partisans et condamnable pour les autres !
Son
objectif : une laïcité post-chrétienne
Poursuivons
son raisonnement jusqu’au bout. Le christianisme a produit le
« fascisme du renard » qu’est le
capitalisme de l’Occident judéo-chrétien où règne le cynisme,
employant des armes inédites. Le monde musulman a produit le
« fascisme du lion » où règne l’esprit
barbare, employant l’hyperterrorisme. Ce fascisme a pu être brun
ou rouge (vous constaterez que le communisme n’est jamais
clairement désigné dans son traité : un intellectuel ne peut
pas cracher dans sa soupe intellectuelle d’origine, souvenir
scolaire ou d’enfance probablement).
Par
contre, il affirme qu’il y a une similitude entre l’islamisme et
le marxisme : dans leur volonté de créer une histoire qui nie
l’histoire : il faut entendre cette histoire conçue par
Onfray qui lui-même nie l’histoire si méthodiquement ! Un
historien quelque peu sérieux qui le lit ne peut qu’éclater de
rire ou abandonner son livre s’il n’a pas à cœur de le réfuter.
La
laïcité de la République française ne lui suffit plus pour
atteindre son objectif car les combats de nos laïcs du XXe
s. ont été contaminés68
par l’adversaire. Deux citations pour vous convaincre : « La
laïcité militante s’appuie sur l’éthique judéo-chrétienne
qu’elle se contente bien souvent de démarquer. »69
et nous vivons actuellement selon « deux mille ans de
formatage de monothéisme biblique. »70
Que
faire ? Il a trouvé la solution : éduquer les consciences
et la raison. Que c’est original ! Les programmes scolaires
francophones ou germanophones depuis 50 ans ne cessent de proclamer
qu’ils ont été conçus dans cette perspective. Les résultats
actuels vous autorisent à les apprécier : notre société
occidentale et plus spécifiquement française se porte-t-elle
mieux ? Répondre à cette question est un autre sujet et chacun
d’entre vous a certainement une réponse à donner.
La
méthode préconisée : « avancer de manière
dialectique »71.
La dialectique consiste à opposer la thèse et l’antithèse pour
aboutir à la synthèse. Les Grecs la pratiquaient sous forme de
dialogue (il y avait déjà des divergences entre Platon et
Aristote) ; le Moyen Age a connu la pratique de la disputatio.
Toutefois ce qui est une technique de réflexion peut servir
n’importe quelle cause et même les mauvaises. Les marchands de
mots, les rhéteurs et les avocats en savent quelque chose.
Kant
en décrit l’usage négatif qui peut en être fait et ce qu’il en
dit s’applique pleinement à Onfray : la dialectique peut être
un « art sophistique de donner à son ignorance, et même aussi à
ses illusions préméditées, l'apparence de la vérité, en imitant
la méthode de profondeur que prescrit la logique en général, et en
se servant de la topique pour colorer les plus vaines allégations.»72.
Ainsi, Onfray ne délivre pas un message philosophique mais défend
aveuglément un parti pris. Il perd ainsi le droit de se dire
philosophe et il perd aussi sa légitimité pour contester ce que des
sociologues, des historiens, des archéologues, des scientifiques ont
démontré contre ses affirmations performatives,
et, là pour le cas, ce qualificatif est parfaitement applicable, en
de multiples études qu’il ignore ou, pire, qu’il a choisi
d’ignorer.
Que
reproche-t-il à la laïcité actuelle ? « En mettant à
égalité toutes les religions et leur négation, comme l’y invite
la laïcité qui triomphe aujourd’hui, on avalise le
relativisme. »73
Je lui donne raison sur le constat du relativisme qui prédomine de
nos jours, même chez les Chrétiens (qui cultivent bien souvent une
relativisme religieux qui devrait inquiéter nos évêques). Mais
Onfray prêche pour sa doctrine : « Ce relativisme est
dommageable. Désormais sous prétexte de laïcité, tous les
discours se valent : l’erreur et la vérité, le faux et le
vrai, le fantasque et le sérieux. »74.
Inutile
de vous dire que sa façon de concevoir le vrai n’est pas la
mienne ! Mais le danger de son propos est de justifier une
police de la pensée qui existe déjà soit dans une forme
d’autocensure que s’appliquent trop de chercheurs et d’écrivains,
soit dans des lois édictées par des États qui décrètent ce qui
est vrai ou faux historiquement, en plus de l’histoire officielle
mise au service de l’État qui aime portant prononcer le mot
« Liberté »… Le mot ne suffit pas !
La
laïcité post-chrétienne appartiendra aux positivistes75
qui s’opposeront ainsi aux philosophies théologiques et
métaphysiques. Onfray oublie cependant que le positivisme d’Auguste
Comte révèle une possible limite de la raison, sur une sociologie
de la science et sur le fait religieux.
Le
rôle positif des libre-penseurs a contribué à l’avènement de la
modernité : « déconstruction des fables chrétiennes,
déculpabilisation des consciences, laïcisation du serment
juridique, de l’éducation, de la santé et de l’armée, lutte
contre la théocratie au profit de la démocratie, plus
particulièrement sous sa forme républicaine, séparation de
l’Église et de l’État, pour la plus célèbre victoire. »76.
Aussi
sa conclusion est éloquente même s’il affiche un pessimisme
qui m’est de bon augure. Je vous cite les dernières lignes de son
ouvrage :
« A
l’heure où se profile un ultime combat - déjà perdu... - pour
défendre les valeurs des Lumières contre les propositions magiques,
il faut promouvoir une laïcité post-chrétienne, à savoir athée,
militante et radicalement opposée à tout choix de société entre
le judéo-christianisme occidental et l’islam qui le combat. Ni la
Bible, ni le Coran. Aux rabbins, aux prêtres, aux imams, ayatollahs
et autres mollahs, je persiste à préférer le philosophe. A toutes
théologies abracadabrantesques, je préfère en appeler aux pensées
alternatives à l’historiographie philosophique dominante :
les rieurs77,
les matérialistes, les radicaux78,
les cyniques79,
les hédonistes80,
les athées, les sensualistes81,
les voluptueux82.
Ceux-là savent qu’il n’existe qu’un monde et que
toute promotion d’un arrière-monde83
nous fait perdre l’usage et le bénéfice du seul qui soit. Péché
réellement mortel... »84
Si
Onfray voit plus loin que le bout de son nez qui est sans flair
historique, il ne voit cependant pas plus loin que le bout de la
matérialité de son sexe, à l’aide de sa plume se voulant éloge
à la sensualité…
Les
revirements
Il
ne ne faut pas désespérer de Michel Onfray. Il peut encore changer
d’avis en matière de religion car il a connu deux revirements
notables qu’il vous faut connaître avec Sade et Freud. Il ne m’est
pas possible en cette communication de développer complètement ce
sujet car cela allongerait mon propos et sortirait du thème imparti.
Toutefois, voici rapidement quelques éléments livrés à votre
attention.
Dans
son livre L’art de jouir85,
paru en 1991, Onfray présente le marquis de Sade comme un
modèle d’artiste et l’innocente des diverses accusations qui
pesaient sur son œuvre écrite comme sa vie. Il en fait l’apologie.
Selon lui, l’œuvre de Sade, comme Les 120 journées de Sodome,
ne doit pas être considérée comme un simple objet pornographique
de lecture pour curieux du sexe. Il est digne d’intérêt selon lui
car il a construit un éloge de la pratique assumée des désirs et
il prône à l’homme comme à la femme une réappropriation du
corps. Et en plus, il critique la religion, Sade a donc tout
pour plaire à l’hédoniste Onfray.
Mais
en 2007, Sade est rejeté et considéré comme un affreux
misogyne dans sa Contre-histoire de la philosophie où il
déclare, cette fois-ci, que Les 120 journées de Sodome sont
un ramassis d’ordures, démontrant que Sade était un malade.
Onfray est donc bel et bien un homme multiface.
Dans
son livre, de nouveau L’art de jouir, Onfray cautionne et
valide ses théories hédonistes et les modèles qu’il offre à son
lecteur, avec l’autorité de Freud qu’il place à côte de
ses deux maîtres à penser : Marx et Nietzsche. En 2006,
ses écrits sont encore profreudiens mais ceci ne durera pas. Je vous
signale que dans La puissance d’exister, Onfray traite de
l’ignominie du mariage et de l’enfantement, des avatars
du Christianisme, ennemi de l’Homme (il faut oser mais est-ce
parce que son père ne s’est pas retenu à sa conception ?). Freud
lui avait fait découvrir la sexualité et la décomplexion acquise
en face de diverses pratiques sexuelles. Il souligne d’ailleurs que
Freud est conseillé par l’Éducation nationale de la République
française.
Mais
en 2010, machine arrière : il publie Le Crépuscule
d’une idole, l’affabulation freudienne. Il brûle son idole
du passé et dénonce la psychanalyse freudienne et ses déviances !
Attendons
ses prochaines conversions même si le chemin est encore long !
Conclusion
Onfray
critique le christianisme avec force et cultive l’hédonisme avec
la foi du charbonnier.
Il
ne craint pas de se contredire alors qu’il prétend que la
philosophie est l’arme des forts car elle est la science de la
raison. La croyance est à combattre mais, en fait, il nous livre sa
croyance qui est la moins bien étayée parmi d’autres ! Où
dit-il sa vérité ? Avec ou contre Sade, avec ou contre Freud ?
Onfray
pratique ce dont il accuse saint Paul : la performation,
c’est-à-dire que son propos est vrai parce qu’il le prononce.
Pour saint Paul, vous n’avez pas une vérité évolutive, c’est
déjà çà, mais, avec Onfray, sa vérité d’hier peut être
fausse demain : choisissez qui vous voulez croire !
Bien
entendu, il est libre en tant que philosophe de penser ce qu’il
veut comme je suis libre d’en parler comme je le pense en cet
instant. Par contre en passionné aussi bien par l’histoire de la
pensée que des hommes, je suis obligé de réagir. En tant
qu’historien, c’est sous cet aspect que je conclus.
Aucun
discernement entre Ancien et Nouveau Testament
Dans
les anciennes religions de la plus haute antiquité, nous avons des
dieux inhumains.
Dans
l’Ancien testament, la séparation systématique entre les
élus et les damnés a été la source d’un manichéisme (que nous
retrouvons chez les Évangélistes américains de nos jours). Mis à
part quelques extraits, retenus par l’Église car soulignant les
indices de la miséricorde de Dieu réservé aux élus et faisant
parfois oublier l’aspect qui précède, il y a eu chez les Juifs
une religion de la terreur (qui est utilisée en partie par
l’actuelle politique israélienne, même en se disant laïque).
Pour trop d’entre eux, Dieu est présent comme un monarque
oriental, un despote : c’est un Dieu qui s’impose et qui est
statique dans son nuage.
Dans
le Nouveau testament, Jésus révèle un Dieu d’amour et de
liberté. Nous avons un Dieu qui s’offre à l’homme, dans le
respect de sa liberté. Le simple fait de la perception d’un Dieu
trinitaire enlève cette image fausse du Dieu monarque. L’esprit
Saint nous permet de découvrir un Dieu dynamique qui souffle où Il
veut dans le monde, pour toutes les nations, pour toutes les races,
pour les hommes comme pour les femmes86,
croyants ou non croyants.
Il
y a une acceptation par les Chrétiens d’un Dieu plus grand que
l’homme et qui se révèle partiellement aux humains mais qui reste
un mystère, qui ne se dévoilera entièrement que dans l’après-vie :
cette nouvelle naissance définitive qui est la résurrection. Seuls
les mystiques, perçoivent la grandeur de Dieu mieux que les autres :
cette grandeur se perçoit et reste cependant ineffable.
Le
pari de Pascal à revisiter
Nier
l’existence de Dieu apporte quoi à l’homme ? Onfray prétend
que cela supprimerait les interdits imposés par la religion. Il
vaudrait mieux s’interroger sur la validité de ces interdits. Sans
une vie après la vie, l’homme a la sensation d’être confronté
avec l’abîme du néant. Il y a là une cause d’angoisse et de
terreur bien plus grande.
Des
gradations se remarquent dans les expression de la négation de
Dieu : dire que l’homme et le monde sont abandonnés par Dieu ou
dire que Dieu est abandonné par le monde et les hommes, c’est
encore reconnaître l’existence de Dieu.
Dans
l’Église, Dieu ne gouverne pas avec la peur : Il invite
l’homme à la conversion du cœur, la raison devant mouvoir sa
volonté. Par contre, l’histoire des civilisations démontrent que
la peur a été utilisée par les hommes pour gouverner le monde :
le pouvoir politique se sert de la crainte de l’emploi de la force
contre ce qui serait considéré comme un refus de son pouvoir. C’est
le propre de l’homme et non de Dieu. Cette peur favorise et
engendre le mensonge et la ruse qui deviennent une forme de
résistance contre un système autoritaire ou excessif.
La
crainte régnant dans la vie sociale témoigne du manque de confiance
de l’homme en l’homme et non de l’homme en Dieu. Cet homme vit
dans la peur de la vie et de la mort lorsqu’il ne croit ni en une
justice humaine, ni en une justice divine.
Il
y a une angoisse de l’homme qui pense et observe la vie : les
religions ont donné plusieurs réponses parfois semblables, parfois
très différentes à ses questions légitimes et existentielles. Il
ne s’agit pas ici de vouloir refaire l’histoire des religions,
thème passionnant mais de vous rendre attentif à cet aspect.
Le
christianisme aide à accepter la vérité comme la mort. L’homme
redoute la vérité à un tel point que sa conscience peut en être
déformée, Onfray en est un exemple. La peur d’Onfray face à la
vie l’empêche de reconnaître la vérité et le pousse à
construire son propre mythe qui, pour exister, doit traiter en mythe
une vérité autre que la sienne. Nietzsche exprime sa peur, sa lutte
contre la souffrance : au final, il n’a rien trouver de mieux
que de décréter la mort de Dieu.
Il
existe une forme de désespoir de l’homme sans religion qui ne
dispose plus que de deux solutions pour accepter son sort mortel
: le stoïcisme pour une acceptation courageuses des
évènements qui lui surviennent ; le relativisme
sceptique qui d’ailleurs est considéré comme de la
prudence par certains.
Pourquoi
ne pas préférer le caricatural pari de Pascal ? Si Dieu
existe, le pari est gagné ; Si Dieu n’existe pas, il n’y
aurait rien de perdu !
Le
sens de la souffrance
Aristote
déjà et, à sa suite, Thomas d’Aquin démontrent que l’homme
recherche le bonheur87,
le bien et l’harmonie. Le Nouveau
testament,
contrairement à
l’Ancien
change la perception de la souffrance, qui n’est plus vécue comme
un châtiment divin, ainsi que la vie de Jésus le démontre. La mort
du Christ est due à la méchanceté de l’homme et non de Dieu. Il
y a là de quoi réfléchir quand on n’est pas aveuglé
par des clichés antichrétiens. La
souffrance d’une mort acceptée ne conduit même pas au néant mais
devient un chemin de salut : après la souffrance et la mort, il
y a la joie et le bonheur de connaître la justice divine qui
récompense le bien et punit le mal : aussi bien celui qui est
connu de tous que celui qui se cache parfois dans le secret des
cœurs.
Le
christianisme est libérateur à partir du moment où il libère
l’homme de
ses cauchemars. L’histoire démontre que les
hommes
détenant
un pouvoir soit politique
(un chef d’état88),
soit matériel
(un patron d’entreprise89),
soit économique
(un banquier90),
soit familial
(un parent tyrannique91),
soit encore
religieux (prêtre ou grand prélat92)
peuvent faire preuve d’une cruauté en donnant à celle-ci une
fausse justification idéologique ou religieuse. Dans
le clergé, nous trouvons aussi bien des prêtres voulant vivre
saintement ou le plus saintement possible mais il y a malheureusement
celui qui joue la comédie de la sainteté : il est rare mais il
existe93.
La
voie chrétienne ouvre un chemin pour supprimer le Mal et pour
vaincre la souffrance. Rien qu’à ce titre elle est précieuse pour
celle et celui
qui s’y engagent. La condition première
est simple : redécouvrir le divin dans l’humain. Tout
ce qui est bien, beau
et harmonie dans l’homme est signe de Dieu. Lorsqu’il
y a rupture avec le divin en l’homme, ce dernier découvre le
non-être,la souffrance intolérable d’une
vie qui est un non-sens, absurde.
Reconnaître
Dieu dans sa vie est un moyen de transfigurer sa vie, mettre sa
volonté au service d’une liberté intérieure qui régénère, qui
ressuscite ce qui a de mieux en l’homme et qui révèle Dieu. Là,
vous êtes face aux saints. Être un homme nouveau qui efface le
vieil homme : voici l’alliance de l’homme avec Dieu qui
prend dès lors tout son sens.
Supprimer
Dieu c’est laisser
l’homme libre de se prendre pour un dieu. Nous en voyons les
résultats avec tous les dangers de l’individualisme outrancier de
nos jours, de l’égocentrisme
forcené. Le culte de soi, le culte de son corps
quand
ce n’est l’adoration de son chat, de son chien ou de son canari !
L’homme
peut inventer contre Dieu son plaisir qui devient sa seule règle,
son seul but : il
peut y avoir ainsi
la justification du pire
comme le sado-masochisme,
entre autres cruautés.
L’avantage
de lire le traité d’athéologie.
L’antithéisme
d’Onfray ne reposant sur rien, il
est à espérer qu’au
final, le lecteur attentif
s’intéresse à l’existence de Dieu. Il est à espérer que les
Chrétiens, ceux qui le sont vraiment et ceux qui prétendent l’être,
redécouvrent
les racines de leur foi pour sortir de leur tiédeur, de leur
indifférence, de la
médiocrité d’une foi à courte vue !
Son
refus de la complexité de la vie humaine
Les
erreurs d’Onfray proviennent de son refus de la complexité de
l’homme et de son histoire. La vie humaine est une aventure où
chaque homme a des choix à faire94
et dont il subira les conséquences : il ne peut les imputer à
Dieu qui l’a laissé libre de choisir car Il n’est pas un
dictateur, un Lénine qui décrète ce qu’est et sera le bien du
peuple. Si l’homme
voit sa part de liberté réduite
par les contingences du
milieu où il est né et donc où il vit (pays,
langue, religion, le statut social, le savoir, la richesse ou la
pauvreté, le système politique communément admis…), il
a toujours un espace de liberté pour vivre ce qu’il est en
vérité : son âme qui possède une conscience.
Là
où la force spirituelle est absente, une de ces deux forces la
remplacent : soit la force des armes, soit la force de
l’argent : la deuxième sachant fort bien utiliser la
première.
Refus
de considérer les effets positifs du christianisme
Notre
auteur a pris le parti de ne retenir que les échecs du
christianisme : c’est son choix et il s’y tient. Nous
n’avons plus un observateur impartial mais un homme qui plaide pour
son idéologie et se fait Grand Accusateur.
Oui,
il y a eu des trahisons de Chrétiens, de prêtres, de hauts
dignitaires de l’Église en 2000 ans. Mais il y a eu toutes les
œuvres caritatives, éducatives, hospitalières qui ont aidé des
millions d’hommes et de femmes dans le monde. Il y a eu une
doctrine chrétienne construite sur les Évangiles qui ont produit
notre civilisation chrétienne dont il est parfois
fait un mauvais usage de
nos jours. L’Église a produit
plusieurs
millions de bons Samaritains,
au nom de l’amour vécu par un dénommé Jésus. Un Sartre,
niant aussi
bien
Dieu que le Diable,
n’a pas réussi cela,
même s’il a tenté de remplacer la charité chrétienne par la
solidarité humaine95 ;
le rire de Voltaire a corrodé les âmes mais n’a pas supprimé la
traite des noirs dont il en tirait de juteux revenus et ses
propos racistes qui seraient condamnés de nos jours !
Évidemment, chez les Chrétiens, il y a eu des défaillances (par
goût du gain notamment), des démissions (par lâcheté) et, le
pire, des hypocrisies (en effet, l’hypocrisie de quelques
Chrétiens a causé plus de dommages à l’Église que le traité
d’Onfray pourrait en faire).
Et
je donnerai les mots de la fin à Jean-Marie Salamito96
dans son envoi à Michel Onfray, à propos de son livre Décadence qui
reprend ses thèmes antichrétiens selon
la ritournelle onfrayienne
:
« C’est
ainsi que vous avez forgé une mythologie. Il y a dans
Décadence le mythe de l’inexistence de Jésus,
le mythe de l’impuissance de l’apôtre Paul, celui de
l’antisémitisme du même personnage, celui d’un christianisme
foncièrement obscurantiste, castrateur, violent oppressif. On
reconnaît vos mythes à ce que, d’une part, ils défient les
consensus scientifiques les plus solides et à ce que, d’autre
part, ils évitent opiniâtrement le quart de la moitié de
commencement d’une nuance. ».
Antoine
Schülé
Contact :
antoine.schule@free.fr
1 Mes
lectures m’ont conduit à lire Confucius, les Védas, le Tao, le
Yi King, la Bhagavad-Gita en plus des Écrits intertestamentaires ou
des Apocryphes comme de nombreux mystiques, de haute élévation
presque toujours et qui permettent d’identifier certains
charlatans... car l’habit ne fait pas le moine !
2 Il
suffit de le lire.
3 Pouvant
aboutir à une forme d’ascétisme, ce qui est à souligner.
4 Si
bien décrit dans le Gorgias de Platon faisant parler
Calliclès à propos des Sophistes grecs : « La vérité
que tu prétends chercher Socrate, la voici : la vie abondante
et facile, la vie se moquant des règles, la liberté , pour peu
qu’on les aide, font la vertu et le bonheur ; le reste,
toutes les belles maximes qui en imposent, ne sont
qu’inventions des hommes et conventions contre nature, ne sont que
des niaiseries sans l’ombre d’une valeur. »
5 Tout
est dit !
6 L’arbre
se juge à ses fruits.
7 Le
mal et le bien se définissent selon des valeurs partagées qui
n’ont pas toujours été les mêmes pour toutes les civilisations
et parfois au sein d’une même civilisation sur la longue durée.
Une idée du bonheur prédomine cependant.
8 Les
dieux pour certains : les luttes entre les dieux, image des
luttes entre les hommes, trouvaient ainsi une explication.
9 Ce
que refuse Michel Onfray.
10 Exemples :
Gregor Johan Mendel (1822-1884), prêtre autrichien et fils
de paysan pauvre, a mis en évidence la transmission du
patrimoine génétique et a été un remarquable botaniste;
sous Louis XIV, dom Jean Mabillon, moine bénédictin et fils
de paysans champenois, a été un des fondateurs de la science
historique française mais la République française ne le
mentionne plus (la chape du silence est sa spécialité pour
certains, alors que d’autres ont droit à des encensements
républicains réguliers); il s’oublie souvent que l’Église a
été très souvent rationaliste (selon Platon et Aristote) en
acceptant ce qu’elle appelle le mystère de Dieu, qui se laisse
dévoiler selon le degré de nos connaissances : jusqu’au
XVIIe s., les connaissances de la nature sont très liées
à des préoccupations métaphysiques. Il a fallu attendre le XIXe
s. pour que les rationalistes créent cette légende du fossé
artificiel entre science et christianisme, creusé avec l’affaire
Galilée. Ceci pourrait faire l’objet d’une autre
communication !
11 Qui
de nos jours est réhabilité : il a été une victime de son
temps, de la pudibonderie, etc. etc. Sade a été initié très
jeune pour le théâtre par les Jésuites : cette formation
marque son style. Il s’est enfermé (lui qui a connu la prison)
dans deux obsessions : nier l’existence de Dieu et refuser de
croire en la bonté de la Nature.
12 Les
gens de gauche parlent de « fascisme » : mais là
ce n’est plus de l’histoire, c’est de la propagande
politique !
13 Il
n’y a aucune cérémonie mondiale pour commémorer les 100
millions de mort du communisme : mieux encore, les insignes et
les doctrines communistes ne sont pas stigmatisés. Pour être un
« intellectuel » reconnu, il faut avoir été dans sa
jeunesse un communiste avec ses nuances décisives car acceptables
par la bien-pensance : marxiste, trotskiste, maoïste, guevariste ou
castriste.
14 Le
dictateur se prend pour un dieu : après lui, il n’y a plus
rien. Vous pouvez en trouver en des chefs d’État qui se disent
démocrates et républicains en
Europe depuis 1905… Il y a bien eu l’Union des républiques
socialistes soviétiques et la République
populaire de Chine…. Ces démocraties populaires où régnait
ce parfum très spécifique de la liberté bien entendu :
Pologne, Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Albanie, puis Bulgarie,
Roumanie, Hongrie, Allemagne de l'Est, Corée du Nord, Vietnam du
Nord, Cuba… Silence, il est parfaitement incorrect d’en parler.
15 Le
peuple de la Révolution française a juste changé de nom.
16 « Force
est donnée à la loi. » « Nul n’est censé
d’ignorer la loi. » « Dur loi mais c’est la
loi. » même quand elle est ignominieuse ! « Mais
non ce n’est pas une dictature puisque cette loi a
été décrétée au nom du peuple souverain,
représenté par ses députés... » me disait un jeune
naïf qui avait été bien éduqué !
17 Les
propos ayant servi à les justifier pourraient être repris par les
djihadistes sans en changer une ligne !
18 Des
cathos, se disant pratiquants, ne croient pas en la
résurrection, à la pénitence ou encore en l’eucharistie !
Il y a là un sérieux problème qu’il ne faut pas se refuser de
voir. Le courage de la foi se perd dans un monde qui se
déchristianise et la lâcheté règne parmi eux : il serait
temps d’agir contre les mauvais bergers de tous ces moutons de
Panurge qui bêlent aveuglément au lieu de penser, de comprendre,
d’étudier sérieusement… La foi chrétienne n’a jamais exigé
une abdication de l’intelligence.
19 Là
c’est tout simplement de la duplicité, à combattre : en
respectant la personne qu’il ne faut pas mépriser car elle peut
se convertir (le croyant chrétien ne veut pas réduire la personne
à sa faute), il convient de lutter contre ses comportements
méprisables. Ceci ne vous fera peut-être pas des amis mais votre
conscience sera en paix pour avoir livré le bon combat.
20 De
mot grec signifiant plaisir. La recherche du bonheur d’un
Platon ou d’un Socrate passe par la sagesse, sur des
réflexions d’Aristippe le Cyrénaïque (dont les écrits sont
perdus), rapportées par eux ; l’hédonisme né au XIXe
s. passe par les zones érogènes : inutile de vous dire
que la réflexion ne se porte pas au même niveau...
21 Dont
l’hédonisme actuel est un révélateur.
22 Observez
votre entourage, le monde politique et parfois aussi
malheureusement, le monde associatif ou certaines paroisses, et vous
en trouverez en abondance !
23 « Tu
crois en l’amour comme une qualité divine parce que toi-même tu
aimes ; tu crois que Dieu est sage et bon, parce que tu ne
connais rien de meilleur en toi que la beauté et l’entendement. »
Feuerbach : L’essence....
24 Lire
Le gai savoir, 1882. « N’entendons-nous rien
encore du vacarme des fossoyeurs qui ensevelissent Dieu ? Ne
sentons-nous rien encore de la putréfaction divine ? Dieu est
mort ! Dieu reste mort ! Et c’est nous qui l’avons
tué. ».
25 Pratique
que reprendra Michel Onfray avec son université populaire de Caen.
26 Déjà
émise par Turgot.
27 Feuerbach
disait déjà dans le livre cité ci-dessus : « ...la
religion est l’essence infantile de l’humanité qui précède le
temps de la maturité philosophique où l’homme se réapproprie
enfin consciemment ce qu’il avait inconsciemment projeté sur cet
Être imaginaire.».
28 Par
réaction face aux excès de quelques membres du clergé.
29 Voltaire
était un théiste ou déiste :
il croyait en un
Être totalement extérieur à l’univers et n’intervenant pas
dans le destin des humains.
30 Avec
des codes de vie quotidienne ou de pratiques très strictes, en vue
d’une quête d’une connaissance, fruit d’une longue
initiation, par des maîtres ou des gourous, sachant retirer de
larges bénéfices pécuniaires. Le mélange à la mode : un
peu de bouddhisme, un peu de christianisme, un peu de rousseauisme
ou de voltairianisme (au choix, le premier si vous êtes plutôt
écolo ou le second si vous êtes financier).
31 Recevant
parfois vite le label d’ « œcuménisme »
ou d’ « ouverture aux autres » ou
de « pluriculturel »… C’est le
spirituellement chic de notre temps.
32 Sartre,
la vie humaine est sans but, privée de sens et donc de finalité :
les choses existent sans raison, d’une manière absurde, toute
gratuite, sans finalité. Il y a de quoi avoir la nausée de
pouvoir penser ainsi ! Il s’inscrit à la suite du propos de
Heidegger qui décrit l’angoisse de l’homme qui se trouve
au monde sans l’avoir ni demandé, ni désiré.
33 Pris
au sens contemporain et non celui qui était plus traditionnel d’une
personne disposant des ingrédients d’une culture européenne et
chrétienne, comme c’était le cas jusqu’au XVIIe s..
34 Sous
une forme émotionnelle principalement, de nature éphémère :
le surf émotionnel, selon la bonne vague désignée...
35 Les
films primés doivent pour êtres retenus diffusés les messages
politiques de la bien-pensance officielle.
36 Une
folie conduisant l’homme des « convulsions de la
pénitence à l’hystérie de la rédemption ».
37 Michel
Onfray : Traité d’athéologie, Physique
de la métaphysique. Ed. France-Loisir. 2005. 304 p.. p. 40. Abrégé
aussi TA.
38 TA,
p . 30.
39 En
étant d’accord sur un projet précis à concrétiser, il m’est
arrivé de travailler en bonne intelligence avec des personnes en
totale opposition avec ce que je pense comme ce que je crois .
40 Hildegarde
de Bingen en a été un bon exemple que je vous ai présenté.
41 TA,
p. 42
42 Il
est très important de détecter les brebis galeuses, d’hier ou
d’aujourd’hui, au sein du clergé : il y a là un beau
spécimen.
43 Ce
terme « philosophique » exprime toute la
tolérance de notre auteur avec une doctrine qui ne lui plaît pas.
44 Plusieurs
siècles avant Jésus-Christ, des auteurs grecs, avec plus
d’élégance intellectuelle, « inauguraient »
déjà ces idées.
45 TA,
p. 65
46 TA,
p. 97. Admirons son lyrisme.
47 TA,
p. 121. Cette affirmation révèle une ignorance historique majeure.
48 TA,
p. 158.
49 TA,
p. 147.
50 TA,
p. 157.
51 TA,
p. 164.
52 Idem.
53 TA,
p. 169.
54 TA,
p. 176.
55 TA,
p. 177.
56 TA,
p. 183.
57 Néologisme
qui doit l’honorer, lui le fabuliste.
58 TA,
p. 190. Retenez que qu’il y a dans des paroisses quelques
chrétiens qui qualifient de « néfastes » les actions
de membres de l’Eglise qui osent regarder les plaies de l’Église….
Ils ont un côté onfrayien avec lequel il n’est pas bon de frayer
mais on ne s’effraie pas pour si peu !
59 TA,
p. 193-194.
60 Je
l’ai fait.
61 Deux
cas de figure intéressants : la naissance des États-Unis et
sa politique actuelle ; la création de l’Empire du Royaume
Uni.
62 Et
Etat.
63 Journée
mondiale, films nouveaux à diffuser chaque semaine, « experts »
réguliers à l’antenne...
64 Il
peut parler soit des feux de la Saint Jean, soit de l’Evangile de
Jean, considéré comme antisémite et que certains, même dans
l’Eglise brûlent de réécrire…. L’enfer est pavé de bonnes
intentions.. . Ce dossier embrasera les esprits !
65 TA,
p. 241.
66 Onfray
a été pris à parti par Bernard Henri Lévy : ils se
détestent cordialement.
67 Onfray
a pris position contre Israël et les media ne l’invitent plus
aussi souvent.
68 TA,
p. 274.
69 TA,
p. 275.
70 TA,
p. 277.
71 TA,
p. 277.
72 Kant :
Critique de la raison pure. Logique
transcendantale, Introduction III
73 TA,
p. 278.
74 TA,
p. 279.
75 Auguste
Comte (1798-1857) a formulé les grands principes positivistes, à
la lecture de Descartes, de Bacon et de Galilée. Le positivisme est
une dénomination des années 1830. La méthode scientifique
(analyse des faits et les relations de l’homme avec les faits, la
sociologie) remplace la théologie et la métaphysique.
76 TA,
p. 274.
77 A
condition que le rire soit subversif.
78 En
historien, j’y vois une référence aux radicaux anglais mais
Onfray n’est jamais bien clair sur le sens des mots.
79 Pour
le mépris des servitudes extérieures à l’homme et de la morale
communément admise. Satisfaire ses besoins, voilà tout. Cela peut
conduire d’ailleurs à une ascèse !
80 Hédonisme
est un terme apparu en 1890, d’un racine grecque signifiant
plaisir. Ce plaisir peut
être celui d’acquérir la sagesse mais aussi celui de la
jouissance sexuelle que met en avant Freud comme les libertins le
prônaient déjà deux siècles avant lui. A noter que les Carmina
burana (du Moyen Age)
chantent les joies de la vie,
sans nier l’existence de Dieu mais en les considérant comme un
don de Dieu !
81 Onfray
joue sur un double sens par une imprécision : il ne distingue
pas ici le sensationnisme (qui est une philosophie qui dit que
l’homme ne peut découvrir le réel que par les sens) du
sensualisme (impliquant le seul plaisir ds sens pouvant justifier
bien des actes...) .
82 Les
joies du sexe sont le but ultime : un art érotique supplante
le culte de Dieu. Cinéma, télévision, radio, presse, théâtre et
danse, de nos jours, célèbrent cet art quasiment au quotidien.
83 Onfray
ignore totalement la distinction essentielle entre le monde visible
et invisible : de là toutes ses erreurs.
84 TA,
p. 279.
85 Titre
très commercial pour exciter la curiosité du lecteur et livre
publié en 1991.
86 Les
femmes occupent une place magnifique dans les Evangiles
et il faut être aveugle volontaire ou de mauvaise foi pour ne pas
le reconnaître.
87 L’expression
noble du plaisir vu par les Grecs déjà et non le plaisir conçu au
XIXe s.
88 La
dictature : pas seulement celle qui dit clairement son nom mais
aussi celle qui se dit démocratique par son avènement et
qui ne l’est pas dans les faits.
89 Celui
qui pense à s’enrichir en appauvrissant ses subordonnés.
90 Qui
se met au service de l’argent plutôt qu’au service de l’homme.
91 Qui
use d’une autorité légitime pour satisfaire sa volonté
tyrannique et non pour réaliser le bien de ses proches.
92 La
cruauté la pire qui soit : faire un mauvais usage de sa
fonction d’homme de Dieu. Les grands prêtres ayant condamné
Jésus en sont les meilleurs exemples. Il est regrettable qu’il y
en ait encore dans le clergé mais Dieu les jugera.
93 Il
est important de ne pas se laisser aveugler par un titre ou une
fonction : derrière l’étiquette, il s’agit de reconnaître
le vrai homme.
94 Le
fameux problème du choix : selon quel critère et quelle
finalité ?
95 Mais
la vie étant absurde, pourquoi être solidaire de vies absurdes ?
Ce serait absurde !
96 Jean-Marie
Salamito : Monsieur Onfray au pays des mythes. Réponses
sur Jésus et le christianisme. Salvator. 2017. 156p. p. 142-3
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