Tradition
et progrès
en
2000 ans de christianisme.
Antoine
Schülé
"
La biologie est la science du vivant;
la
sagesse est la science de la vie."
Anonyme
"Les
gens réfléchissent
trop
à ce qu'ils doivent faire
et
trop peu à ce qu'ils doivent être."
Eckhart1
Introduction
Lorsqu'en
juin 2019, j'avais prévu de vous donner cette communication, je
n'avais pas imaginé qu'une crise sanitaire, et non une guerre comme
peut le prétendre toute
personne qui ignore ce qu'est la guerre2,
viendrait illustrer mes propos de ce jour.
En
ce
premier semestre 2020,
à
l'occasion
du COVID 19,
les
experts, les
spécialistes et les
techniciens se
sont emparés du
pouvoir
gouvernemental,
pourtant
remis
par les électeurs à des décideurs
politiques : l'avis
d'un
scientifique
était
aussitôt contredit par un autre,
voire plusieurs autres
;
les querelles d'experts pleuvaient à un tel point qu'il était
impossible de déterminer le vrai du faux, sans rechercher des
informations,
surtout ailleurs
que dans tous
ces
media, très
obéissants
aux consignes gouvernementales,
capables
d'affirmer
un jour le contraire de ce qu'ils avaient proclamé,
avec
détermination et force,
le
jour précédent.
Pour
parler au public des infections des voies respiratoires,
certains media ont donné leur
temps d'antenne à des néphrologues ou des urologues. Ce procédé
me rappelait ce
constat
réaliste de Jacques
Rueff : "Les
experts sont toujours experts en quelque chose, sauf pour le domaine
pour lequel
on les consulte."
A
nouveau,
les
prises de position des
plus grands professeurs à
propos de cette
infection ont
démontré
une vérité déjà
prononcée
par Gaston
Bachelard : "L'observation
scientifique est toujours une observation polémique..."3.
Le plus surprenant est que
la plupart des émissions de radio et de télévision n'ont
eu aucun recul scientifique4
ou historique5
face à cet
événement sanitaire qui n'a rien eu de nouveau !
La
seule nouveauté que
l'histoire retiendra
réside
dans les effets désastreux des mesures politiques prises
: il y aura de nombreuses leçons à tirer de
cette situation,
dans
la mesure où
l'instrumentalisation
politique ne vient pas polluer l'analyse objective des faits.
Pour
mémoire, je vous donne quelques avis de personnes reconnues comme
étant des autorités scientifiques :
Dr
Dionysus Lardner (1793-1859), professeur de physique et d'astronomie
à l'University
College
de Londres, déclarait de façon péremptoire : "Le
voyage par rail à grande vitesse est impossible parce que les
passagers, incapables de respirer,
mourront d'asphyxie."
Le
Dr Alfred Velpeau, chirurgien
français et professeur à la
faculté de médecine de Paris en 1839 disait : "L'abolition
de la douleur en chirurgie est une chimère. Il est absurde de faire
des recherches sur ce sujet. Le couteau et la douleur sont deux mots
en chirurgie qui doivent toujours être associés dans la conscience
du patient.
Nous devons nous adapter
à cette association
forcée."
Offrons-nous
une mise
en lumière d'une commission d'experts. En
1878, le Parlement britannique avait réuni une commission d'experts
pour étudier les travaux d'Edison sur la lampe incandescente et elle
concluait
ainsi : "[Les
idées d'Edison sont] tout juste bonnes pour nos amis
d'Outre-Atlantique [...] mais indignes de l'attention des hommes
avertis et des scientifiques."
Restons
encore à l'écoute de l'Angleterre,
avec Lord Kelvin, mathématicien et physicien, ex-président de la
Société Royale et qui affirmait péremptoirement en 1897 : "La
radio n'a pas d'avenir."
Le
Maréchal Foch déclarait en 1911 : "Les
avions sont des jouets intéressants, mais sans valeur militaire."
Le
Dr
Lee
De
Forest,
ingénieur américain, un
des pionniers de la radiocommunication car inventeur
du tube
audion, affirmait le 23 février 1957 : "L'homme
n'atteindra jamais la lune au regard de tous les progrès
scientifiques futurs."
Et
à
propos des merveilles promises par le Progrès, il
me revient à l'esprit cette formule de l'écrivain
Marcel
Pagnol qui
est délicieuse : "Il
faut se méfier des ingénieurs, ça commence par la machine à
coudre, ça finit par la bombe atomique."
L'acteur prodigieux Peter Ustinov a dit, avec son humour,
le 12 mars 2004, l'année de son décès : "Si
le monde explose, la dernière voix audible sera celle d'un expert,
disant que la chose est impossible."
A
première vue, tout
ce qui précède pourrait vous paraître étranger au thème de ce
jour : or, nous y sommes en plein. En effet,
dans la mentalité du grand public, les sciences ont rangé
la spiritualité, la philosophie
et
la religion
comme étant
des
objets accessoires ou
même
inutiles6.
Pourtant,
des
scientifiques de renom ont fourni les limites à donner aux sciences.
Un physicien américain, Heinz Pagels, nous en donne conscience dans
cette pensée que je vous partage : "La
science nous montre ce qui existe mais pas ce qu'il faut en faire."
Et,
pour entrer dans le vif du sujet,
je termine cette introduction par deux citations de Jean Rostand7
qui
vous orientent sur l'approche que je vous propose :
"La
science expliquera tout et nous n'en serons pas plus éclairés.
Elle fera de nous des dieux ahuris."
et "La
science a fait de nous des dieux avant que nous méritions d'être
des hommes."
Avant
de
commencer, je reconnais que j'ai eu de la peine à choisir
l'intitulé de cette communication car j'en voyais tous les
développements possibles
: il nous
faudrait
plusieurs heures,
sans
pour autant
épuiser le sujet !
Naissance
de l'Eglise
Le
christianisme s'inscrit dans les courants de pensée du temps de la
naissance du Christ. Il est
le fruit de
la conjonction de deux courants : l'un gréco-latin et l'autre
judéo-chrétien. Retenons qu'il
y a plusieurs antériorités au christianisme. N'oublions pas que la
religion juive doit elle-même beaucoup à l’Égypte (les Psaumes)
et à la Perse (la Sagesse) : ces
souffles
si particuliers
se ressentent
plus chez les Chrétiens d'Orient. Il n'est ici ni le temps ni le
lieu de traiter cet aspect tellement intéressant. L'essentiel est de
retenir qu'une religion, même chrétienne, ne naît pas de rien : il
y a eu
des
fondements antérieurs qui prédisposaient à révéler Dieu d'une
façon plus parfaite, plus lumineuse et dont les fruits se discernent
véritablement dans la longue durée
(deux millénaires à considérer dans leur globalité) .
Pour
éviter toute
confusion, précisons comment
Dieu se révèle au monde : par les Écritures
avec l'Ancien
Testament
et par la Parole
du
Christ
(Dieu
acceptant
de prendre la condition d'homme)
dans le Nouveau
Testament.
La Tradition
est cette Parole transmise
par les apôtres et leurs successeurs. Ils
ont médité
la Parole,
à travers les siècles
et
à
l'aide de l'Esprit Saint,
pour La
rendre continuellement vivante : nous le réalisons en lisant les
premiers Pères de l'Eglise jusqu'à nos jours. Un saint Augustin a
une
filiation intellectuelle avec
un Maurice Zundel : l'expression de la Foi reste fidèle à la
Tradition et n'empêche pas d’innover nos vies à la lumière de la
Foi
: approfondir
les textes , c'est mieux goûter la Parole de Dieu et s'ouvrir à de
nouveaux regards,
selon les dons reçus
par chacun8.
Permanence
de la Foi ne signifie pas fossilisation de la connaissance de la
Création : bien au contraire.
Aussi
bien le
chercheur scientifique que
religieux est en quête
permanente de
vérité
: il ne cesse de s'interroger et cette curiosité intellectuelle
permet des découvertes, des innovations
sans
remettre
en cause
la Tradition. La
Tradition de l'Eglise a permis la transmission et le développement
du savoir humain,
au fur et à mesure des découvertes
: les universités médiévales le démontrent.
Opposer
Tradition et Progrès
est une erreur qui domine trop les esprits.
Science
et Religion
Un
constat historique
est
possible
: l'homme
religieux véritable ne s'est jamais opposé à la Science
mais, par contre, il a contesté les emplois nuisibles à l'homme ou
à
la
dignité de l'homme.
Par contre, au nom de la science, des hommes ont préféré
contester toute
religion, toute spiritualité. Depuis le XIXe
siècle,
trop souvent, le
matérialisme de la pensée a supplanté la métaphysique.
Il
est cependant faux d'opposer le spirituel et le matériel, le corps
et l'esprit, la science et la métaphysique. Les plus grands
mystiques chrétiens ne cessent pas
de
le dire et de le redire : l'esprit
est placé au-dessus du corps mais jamais sans le corps.
Dès la Renaissance, cette dissociation s'est installée dans les
courants de pensée. A partir de ce moment-là, il est évident que
débute une véritable crise
de la conscience européenne,
pour reprendre l'idée
du livre de Paul Hazard que j'ai lu avec grand intérêt mais dont je
ne partage pas toutes les conclusions.
L'orgueil
de l'homme aime
à croire qu'il invente quelque chose de nouveau : le plus souvent,
il s'agit d'une redécouverte, d'un perfectionnement
ou d'un emploi nouveau9.
Le
dicton latin se vérifie souvent : "Nihil
novum sub sole."
("Rien
de nouveau sous le soleil").
Fréquemment
la nouveauté n'est que le développement d'une idée préexistante
mais ayant été oubliée, inexpliquée,
rejetée
ou ignorée pendant une durée plus ou moins longue. Certaines idées
ressurgissent et ouvrent des possibilités qui avaient été
délaissées : Léonard
de Vinci
a développé ce sens de l'exploitation ingénieuse des connaissances
humaines avec prodigalité.
Son
imagination a prévu le potentiel d'une loi physique poussée à son
extrême limite : les découvertes techniques ultérieures
lui ont donné raison sur une grande majorité de cas.
Au
début, il y a une observation,
puis un rêve
et ensuite une découverte
technique;
tout est le
fruit d'un esprit.
Jules Verne a eu une prescience
des possibilités scientifiques étudiées en son temps
: rêve et science ne sont pas des ennemis.
La
nouveauté réside la plupart du temps dans
l'usage qui est fait d'une connaissance totale
ou partielle acquise
depuis longtemps.
Prenons
un exemple le plus évident, certains remèdes ont nécessité de
grandes recherches pour leur élaboration mais une femme du Moyen Age
comme Hildegarde
de Bingen
connaissait des plantes ayant les vertus de ce remède chimique
nouveau : oui, elle ignorait pourquoi cette plante avait telle ou
telle vertu mais elle savait l'utiliser pour telle ou telle maladie
ou blessure avec succès. Il lui importait peu de savoir pourquoi la
plante agissait favorablement car il lui suffisait d'en connaître
les vertus pour les administrer,
à bon escient,
en des mélanges parfois complexes, révélés par des expériences
transmises par les Anciens et perfectionnées avec le temps.
De
plus, elle n'ignorait pas que soigner
l'âme permet de guérir le corps et
qu'un corps libéré de la souffrance est plus prédisposé à la
recherche de la vérité :
il a fallu attendre l'obscurantisme du Siècle des Lumières pour
ignorer cette lumière du Moyen Age10.
La
science a pesé sur la vie de l'homme
et s'interroger sur son rôle n'est pas anodin dans la mesure où
elle a influencé les mœurs, la littérature, l'esthétique et la
culture (cinéma, théâtre, radio et télévision). Observez la
technique dont les effets sont divers sur la façon de considérer la
dignité de l'homme : la machine au service de l'homme est
acceptable; l'homme machine est une négation de l'être humain;
l'homme au service de la machine est un esclavage
inadmissible. La technique a créé
la fortune de
quelques-uns mais, pour d'autres, elle a été un véritable
abrutissement de l'homme dont la vie a été standardisée : est-ce
une vie vraiment plus heureuse ? Le
XIXe
siècle rêvait de Progrès,
cet optimisme béat, et quel fut le cauchemar du XXe
siècle
? La
naissance de monstres froids :
La tyrannie technique de l'URSS et de la Chine ainsi
que
les destructions atomiques des États-Unis. Elles trouvent encore des
admirateurs à notre époque !
Oui,
la production d'énergie par l'atome quand il y aura une
maîtrise
totale
des déchets atomiques11
sera un véritable
progrès.
Oui, le traitement de certaines maladies par emploi de l'atome est un
progrès. La
cybernétique envahit notre quotidien : est-elle au service de tous,
de l'individualisme ou de la volonté de domination d'oligarchies ?
Nous
voyons bien qu'il y a des emplois fort divers des avancées
techniques qui ne cesseront pas mais qu'il convient de maîtriser
dans le
respect de la dignité de l'homme.
Culture
et Civilisation
La
dignité de l'homme dépend de sa culture
et de sa civilisation.
La
culture
favorise l'élaboration d'une pensée et construit une conscience à
la fois personnelle et collective
d'un peuple
dans un espace géographique donné.
La civilisation
permet les conquêtes communes
du
savoir de
plusieurs peuples
sur
cet inconnu qui recule de plus en plus
mais
pour nous révéler de nouvelles inconnues (le savoir finit toujours
par
nous
apprendre que nous ne
savons
pas grand chose, même en étant le plus grand savant ou érudit).
Une civilisation
permet une organisation sociale où chaque homme a un don à partager
(ceci est vivre en harmonie les uns avec les autres). La
civilisation occidentale, tant décriée de nos jours, est un
ensemble de plusieurs cultures :
un latin est différent d'un nordique dans sa façon d'être comme de
penser. Cependant,
il
y a un
socle
commun à
toutes :
ce
christianisme qui s'exprime pourtant de façons différentes,
en Espagne, en Allemagne ou en Europe centrale. Même dans un pays
comme la France, entre l'Alsace, la Bretagne ou les Bouches-du-Rhône,
il y a des différences évidentes dans la manière de vivre la foi
et pourtant celle-ci est la même.
Respecter
la dignité de l'homme est un point commun : il consiste à
reconnaître trois facultés humaines que les auteurs classiques
latins dénommaient :
homo faber12,
homo
sapiens13
et homo
moralis14.
Le
véritable humanisme est une synthèse entre civilisation et culture
qui respecte les valeurs fondamentales et personnelles de l'homme,
et qui accepte les évolutions de la connaissance quand elles sont au
service de tout homme.
2000
ans de christianisme
Abordons
notre sujet à travers les deux mille ans de christianisme. Il
est évident que tout ne peut pas être dit en cette communication.
Je tenterai
au moins de libérer
les chrétiens de cette culpabilité d'une Église qui serait une
ennemie des sciences
et de toute innovation,
au nom de la Tradition et de la Bible.
L'argument
Galilée
Par
rapport aux sciences, le
procès de Galilée15
est la tarte à la crème de ceux qui veulent démontrer cette
ignorance qui serait le propre des gens d’Église. Et chaque fois,
je m'étonne que les
chrétiens
ne sachent
pas comment répondre
à ce
qui est, en fait, un
aveu d'ignorance de ceux
qui vous balancent
cet argument à la figure.
Quelques
noms suffisent
à leur prouver combien
ils
sont dans l'erreur.
Des
hommes d’Église, auxquels il faudrait rajouter des catholiques
pratiquants, ont permis de grandes avancées scientifiques : la
Foi n'a pas tué l'intelligence de la Tradition; au contraire, elle
l'a vivifiée.
Ils ont été émerveillés
par la beauté de la Création
et ont voulu comprendre
le mystère des origines d'une telle beauté.
Pour
chacun des noms cités ci-dessous, il faudrait un exposé qui
nous conduirait dans le monde des sciences, ce qui n'est pas le thème
de ce jour. Aussi,
je limite leurs découvertes à quelques éléments mais retenez
qu'il y en a bien d'autres que je vous invite
à découvrir par vous-même.
Moyen
Age
- Grégoire de Tours (538 ? -594) a rédigé une œuvre très utile pour l'histoire immédiate dont il était un témoin. Il a établi le calendrier liturgique devant respecter le parcours des astres. Il décrit avec précision les constellations et les astres de référence.
- Saint Bède le Vénérable, mort en 735, a rédigé une étude réputée sur les marées.
- Gui d’Arezzo (990-1050) est un moine bénédictin à qui l'on doit les notes de musique utilisées de nos jours.
- Sylvestre II (pape de l’an mille, de 999 à 1003) a été le mathématicien Gerbert.
- Suger (1081-1151) a rédigé une étude historique dans la perspective d'un homme d'action.
- Hugues de Saint-Victor (1096 ?-1141), avec son Didascalion, réunit l'ensemble des connaissances nécessaires pour la théologie et la philosophie (l'une n'allant pas sans l'autre) en quatre domaines : au sommet du savoir humain, la "theorica", avec la théologie, la physique et les mathématiques ; en-dessous, vous avez la practica ou éthique ; et plus bas, la mechanica, regroupant l'ensemble des techniques humaines ; au final, la logica regroupe la grammaire, la rhétorique et la dialectique. Son rôle est prépondérant en faveur des trois lectures des Écritures : le sens littéral ou historique qui est celui de la lettre ou du récit ; le sens allégorique qui est le sens théologique ; le sens anagogique ou tropologique qui découvre dans les Écritures les enseignements spirituels et moraux propres à régir la conduite humaine (une éthique comme il se dit de nos jours).
- Hildegarde de Bingen (1098-1179) harmonise mysticisme et connaissances scientifiques.
- Saint Albert le Grand (1193-1280) a donné son attention à toutes les sciences de son temps.
- Le Franciscain Roger Bacon (1214-1294) a établi les principes de la science expérimentale, avec l'approbation du pape Clément IV.
- Pierre d'Espagne (1220 ?- 277) ou pape Jean XXI (1276-1277) est réputé pour ses connaissances médicales. Auteur du Thesaurus pauperum seu de medendis humani corporis membris (ouvrage de médecine) et du De anima (pensée marquée par l’augustinisme et l'avicennisme).
- Le moine Théophile a rédigé un ouvrage sur la métallurgie. Un bénédictin de Cologne, Roger de Helmarshausen était un spécialiste du plomb (vitraux), de l’orfèvrerie et de la fabrication de tuyaux d'orgue et de cloches.
- Le chanoine Copernic (1473-1543) est l'astronome qui avait conclu au mouvement de la terre autour du soleil, bien avant Galilée.
Le
XVIe siècle
- Le jésuite polonais Christophe Clavius (1537-1612) a initié la réforme du calendrier en 1581, afin de corriger l’erreur du calendrier julien, attribué à Jules César.
- Le jésuite Christoph Scheiner (1575-1650) a mesuré la période de rotation du soleil.
- Le jésuite et mathématicien suisse Paul Guldin (1577-1643) est l'auteur de deux théorèmes qui portent son nom.
- Le philosophe français, le père Marin Mersenne (1588-1648), de l’ordre des Minimes, a effectué des expériences d’acoustique et s'intéresse à toutes les recherches scientifiques de son temps.
Le
XVIIe
siècle
- Le jésuite Francesco-Maria Grimaldi (1618-1663), à Bologne, s'est intéressé à la nature de la lumière et a établi une carte des montagnes lunaires.
- Le prémontré l'abbé Edme Mariotte (1620-1684) a été l'auteur de la loi de la compressibilité des gaz, un spécialiste de l'hydraulique et a découvert le point aveugle de l’œil. Il a étudié le recul des armes à feu.
- Blaise Pascal (1623-1662) n'est pas prêtre mais ce philosophe et néanmoins mathématicien invente la machine à calculer en 1647, pour son père qui était receveur d'impôts. Il est vrai que celle-ci ressemblait plus à un mécanisme d'horlogerie.
- Le prêtre d’origine danoise Niels Steensen (1638-1686, se retrouvant sous les noms de Stenon ou Stenonis Nicolas) a consacré sa vie à Dieu et il est considéré comme le père de la géologie.
- Dom Pérignon (1638-1715) est le plus connu des gastronomes car il a joué un rôle majeur dans le développement du vignoble de Champagne. Les arts de la table sont aussi une science.
- Le bénédictin Dom Mabillon (1632-1707) a été un des fondateurs de la science historique française (il recherchait les sources fiables et les confrontait pour établir les faits, au plus près de la vérité atteignable par l'homme). Il fut en même temps un homme d'une grande spiritualité. Il me faudra vous le présenter car son œuvre est passionnante.
Le
XVIIIe
siècle
- L’abbé Jean-Antoine Nollet (1700-1770) a été un précurseur dans l’étude de l’électricité et de l'acoustique. Il a été le premier à décrire la pression osmotique.
- Le grand mathématicien jésuite Ruggiero Giuseppe Boscovich (1711-1787) a été un architecte et un ingénieur (le dôme Saint-Pierre de Rome).
- L’abbé René-Just Haüy (1743-1822), a créé la cristallographie moderne en mettant en évidence la morphologie générale des cristaux afin de déterminer des lois structurales.
Le
XIXe
siècle
- Le jésuite Pietro Angelo Secchi (1818-1878), fondateur de la spectrographie stellaire (c’est-à-dire de l’astrophysique moderne) : il a su utiliser les données de la physique et de l'astronomie.
- L'autrichien moine augustin Gregor Johann Mendel (1822-1884) a fondé la génétique en énonçant les lois de l’hérédité. Il a été un spécialiste de l'apiculture, de la botanique et de la météorologie.
- Le chanoine Jean-Pierre Rousselet (1846-1924) a occupé la première chaire de phonétique expérimentale au Collège de France.
- L’abbé Auguste Tauleigne (1870-1926) a permis des progrès en matière de radiotélégraphie et de radioscopie.
- Le chanoine Jean-Baptiste Senderens (1856-1937) est réputé pour ses travaux sur la catalyse.
- Le chanoine belge Georges-Henri Lemaître (1894-1966), ingénieur civil et officier d'artillerie devenu prêtre après la guerre de 14-18, a reçu le prix Nobel de physique cosmique. Il a énoncé la théorie de big-bang.
- Au spiritain, le frère Clément (1839-1904) , nous devons ce fruit remarquable qu'est la clémentine, créé en Algérie en 1902, en croisant des hybrides mandariniers et orangers dont les fruits sont sans pépins.
Il
y a de quoi être fier de toutes ces contributions d'hommes d’Église
à la recherche scientifique. En même temps, il est triste de
constater les mauvais usages qui, parfois, ont été faits de
certaines découvertes : je pense à la génétique, par exemple. Ce
qui m'impressionne le plus est que ces découvreurs ont mis en
évidence ce qui était caché aux yeux des autres : la vérité de
leur découverte était déjà là bien avant leur naissance. Il a
fallu leur émerveillement, leurs observations, leurs questions pour
révéler cette vérité fragmentaire qui les attendait au
bout de patientes observations et de tentatives expérimentales.
C'est ainsi que, plus l'homme découvre d'éléments nouveaux, plus
il constate qu'il y a encore tout un monde inconnu à découvrir. Un
sujet d'étude n'est jamais épuisé... Il en va de même en histoire
: chaque nouvelle connaissance nous conduit à en chercher d'autres
ou à les compléter ! Il est ainsi impossible de s'ennuyer !
L’Église
n'a donc pas à rougir devant les
sciences. Les beautés artistiques, que ce soit en architecture,
peinture ou sculpture,
sont incontestables sur plusieurs siècles, à moins d'être des
aveugles volontaires.
En matière de culture
et d'étude des âmes,
je vous invite à consulter mon blog
(antoineschulehistoire.blogspot.fr)
pour
découvrir quelques grands noms : saint Augustin, Hildegarde de
Bingen, Thomas d'Aquin, Jean de la Croix, Angelus Silesisus, Maurice
Zundel et, sans oublier, les auteurs d'inspiration chrétienne que je
signale en "Poésie
sacrée".
Et il y en a tant d'autres dont on ne parle jamais dans les grands
media : c'est consternant !
Naturellement,
il
ne s'agit pas de tomber dans un chauvinisme qui serait un autre
extrême et,
d’ailleurs, sans danger à notre époque16
!
Il est certain que, sur plusieurs siècles17,
vous trouverez des propos de prêtres non scientifiques sur les
Sciences qui ont démontré leur témérité à s'exprimer sur des
sujets qu'ils ne maîtrisaient pas (des philosophes, des historiens,
des juges, des politiques et des militaires
ont agi de même).
Tradition
En
rester aux seules sciences
pour ces hommes d’Église,
ce serait rester dans la superficialité car ignorer l'origine, la
source de
leurs découvertes :
la Tradition véhiculée par la théologie chrétienne. Évidemment,
certains me mentionneront tout de suite les luttes, parfois
sanglantes, et les contestations qui ont déchiré l'Eglise du
Christ. Ceci ne suffit pas à nous en faire ignorer la sève
chrétienne qui a irrigué 2000 ans d'histoire.
Soyons
clairs
tout de suite : il convient
d'éviter cette confusion
fâcheuse entre la Parole
du Christ
et les interprétations
qui en ont été données et qui ont produit des querelles humaines.
D'ailleurs,
ces
querelles n'ont pas été toutes négatives : elles ont favorisé
l'esprit
critique18
que n'interdit pas la Tradition.
Interroger les Évangiles est une nécessité que
démontrent amplement les Pères de l'Eglise :
confronter les lectures qui en ont été faites est un travail
passionnant.
Cette confrontation
permet de dégager ce qu'il y a d'essentiel dans le christianisme qui
a
produit
un
nouvel humanisme
qui
perdure plus ou moins bien de
la prédication du Christ jusqu'à
nos jours,
où il est remis en cause,
au nom d'un humanisme qui ignore Dieu.
Il
y a donc plusieurs humanismes. Il y
a un bon humanisme
quand il y a
le
réel
respect
de la dignité de l'homme;
il y
a un mauvais humanisme
quand il y a le
mépris de la vie humaine
et de sa qualité d'être.
Entre ces deux cas
de
figure, il y a de nombreuses gradations, ce qui ne facilite
pas l’appréciation
ou le discernement.
Dom
Mabillon nous invite
à la modestie, qu'il appelle
humilité, face à la Bible
: "L’Écriture
n'est pas
si facile que quelques-uns se l'imaginent : et quelque grand esprit
que l'on ait ou que l'on croie avoir, on
demeure court bien souvent
dans l'intelligence
des
livres
divins.
Quel plus grand esprit et plus relevé
que celui
de saint Augustin
? Cependant il ne put pénétrer le sens du prophète Isaïe, dont
saint Ambroise lui avait
prescrit
la lecture au commencement
de sa conversion ; et il fut obligé de remettre
cette lecture à un autre temps, lorsque
s'étant plus exercé dans la Parole
de Dieu
il aurait
plus
d'ouverture pour lire ce saint
prophète."
et
encore
: "Il
est donc extrêmement
nécessaire de
lire
l’Écriture
sainte
avec humilité, en retranchant tout
désir de paraître et d'être estimé savant, et même de
le
devenir
:
mais il
faut aussi faire cette lecture avec simplicité,
en se contentant des lumières qu'il plaît à Dieu de nous y donner,
sans vouloir pénétrer
plus avant,
s'il ne le juge à propos."19
En
quoi les Évangiles
ont-ils transformé durablement ce qu'il convient d'appeler
la civilisation occidentale qui doit beaucoup au Moyen-Orient et aux
Indes, très probablement ? Daniel-Rops
en donne la raison à laquelle nous ne
pouvons
que souscrire : "Quand
nous disons, nous chrétiens,
que Dieu s'est fait homme, qu'Il a pris chair semblable à la nôtre,
nous affirmons la grandeur unique de l'homme, sa divine ressemblance,
à laquelle nulle puissance n'est en droit de porter outrage. Nous
affirmons aussi que la vie n'a de sens que si elle tend à
s'identifier au Christ, archétype de l'homme."20
La
Parole du Christ s'adresse à toutes les nations
(sans aucune élection pour l'une ou l'autre : il n'y a plus une race
élue mais un peuple élu universel, c'est-à-dire catholique
sans volonté d'écraser une autre religion),
à tous les hommes (et non à une élite, à des initiés ou à des
sectes secrètes,
prétendant détenir des secrets). Réalisons que rien que tout ceci
est une
véritable révolution
au moment où la Parole du Christ est proclamée. Il y a,
dès cet instant,
une
nouvelle liberté
: une vraie liberté car cette Parole s'adresse à la conscience de
chacun, sans qu'il y ait besoin d'être un théologien averti21.
Par
contre,
il est bon de confronter ses interprétations
à celles de personnes avisées ayant effectué la même démarche
d'approfondissement. Trouver les motifs d'accord ou de désaccord est
une source d'enrichissement de la foi.
Anathèmes
laïcs contre les chrétiens
Les
antichrétiens déclarés ou formés en milieu scolaire sans qu'ils
s'en doutent22
invoqueront
tout de suite les indignités de quelques chrétiens
: or il convient de ne pas confondre la dignité du christianisme
avec les indignités de ces quelques chrétiens,
et parfois d'ailleurs de quelques membres du clergé23.
Les échecs, les retards, les erreurs ou les scandales proviennent
de l'homme et non de Dieu
: c'est une évidence.
Les
offenses à Dieu de chrétiens
indignes
nous
enseignent à retrouver la
dignité du christianisme
qui réside
dans la plénitude du message du Nouveau
Testament.
Les
actes du chrétien
doivent refléter la lumière du Christ24,
sa Présence intérieure.
Maurice Zundel, dans "Itinéraire"
le dit fort bien : "C'est
la lumière de l'acte, sur le plan le plus quotidien, qui atteste
l'authenticité de la Présence dont l'âme prétend se nourrir. Sans
ce signe, tout le reste doit être tenu pour illusion."25.
Chassons
les clichés que les ennemis de l'Eglise rabâchent : le Moyen Age
obscurantiste par exemple. Les œuvres d'art témoignent de son génie
;
la redécouverte de la littérature antique ou
des écrits arabes comme
hébreux
s'est
produite en ce temps-là. Il existe
une profusion d'auteurs,
malheureusement
complètement
ignorés des fidèles de nos jours,
qui mériteraient pourtant
d'être
relus, commentés
:
il y a là une richesse spirituelle qu'il est presque impossible de
décrire. Oui,
dans ces mille ans d'histoire médiévale nous avons de quoi
retrouver des trésors qui ne demandent que votre intérêt, votre
curiosité. D'ailleurs,
il
y a eu moins de massacres dans ce
millénaire
qu'au seul
XXe
siècle, celui qui devait être celui du Progrès,
en
raison de la science et des savoirs
des hommes du XIXe
s. !
Le
Nouveau
Testament s'adresse
à tous les hommes et non à une élite particulière. Regardez ces
intellectuels
que sont les
Pharisiens, les Grands prêtres juifs qui voient les signes du Christ
mais qui
refusent
son message, enfermés qu'ils sont
dans leur prison mentale
qu'ils
nomment
tradition
mosaïque26.
Les
premiers chrétiens
sont des gens sensés, des pragmatiques maîtrisant un métier, une
fonction : ils
ont de l'intelligence à défaut de l'instruction
poussée d'un lévite. Ils ne sont pas des intellectuels
comme nous le dirions de nos jours. Toutefois,
l’Église
a toujours défendu les
valeurs de l'intelligence
: il suffit de lire les écrits de saint
Augustin
qui proclame "Que
la foi pense !",
de
saint
Anselme ou d'Albert le Grand. Origène
a
dit
avec force : "Une
foi qui écarte la raison et la sagesse n'est pas la foi."
C'est
ainsi qu'est né
l'humanisme
chrétien
qui relit l'histoire
de la pensée à la lumière de la Foi.
De
grands événements historiques sont issus d'une baisse brutale de la
spiritualité : la Révolution, la Première et la
Seconde
Guerre
Mondiale.
La civilisation chrétienne a marqué différentes cultures27.
La Tradition
a été efficace
contre les rébellions de l'intelligence qui ont été des excès
que l'Eglise a condamnés et
je ne comprends pas ce refus de
le
dire parfois même au sein de l'Eglise :
Savonarole
brûlait les tableaux et les livres d'inspiration païenne; Luther
lançait des diatribes contre "Érasme
la raison"...
Dépasser
les limites du visible
Le
rationalisme a un défaut majeur : il limite le champ de la
connaissance
au seul réel visible,
en ignorant le monde invisible avec toutes ses réalités
potentielles.
La Tradition libère les champs de connaissance : nos prêtres
scientifiques ne s'y
sont pas trompés. Comprendre
l'univers, c'est s’émerveiller de la Création qui a
un
Créateur : Dieu.
Le rationalisme est rapidement desséchant dans la mesure où il
réduit tout le réel à ce que la science de chaque époque sait,
donc avec des limites que les vrais scientifiques refusent.
La
tradition chrétienne n'est pas
ennemie des nouveaux apports de la culture, des connaissances et de
la recherche car, selon Elle, c'est découvrir le signe de Dieu dans
l’infiniment grand comme dans l'infiniment petit. L'humanisme
chrétien consiste à concevoir l'homme comme appartenant au plan
divin.
L'homme ne se conçoit que relié à Dieu. Il en découle différentes
échelles de valeurs à établir : valeurs rationnelles et mystiques,
fruits
de la contemplation. Le Christ
n'est pas venu apporter une philosophie au monde ou
une étude biologique de l'homme car
Il délivre une
règle de vie afin de sauver l'homme
de l'animalité.
L'humanisme
païen, et sans que ce qualificatif soit péjoratif, c'est de
concevoir l'homme hors de Dieu, se coupant de Dieu.
La
culture européenne est de nature chrétienne à la base : elle n'est
pas nationale et voulait être la vivante
forme de l'universalisme, comme le mot "catholique"28
l'entend. Les universités médiévales avaient des maîtres
provenant de tous les pays d'Europe
;
seuls les étudiants se réunissaient par nations pour des raisons
évidentes de vie commune,
en pays qui n'étaient pas leur pays d'origine.
Quels
progrès ?
Considérons
la planète Terre
au XXe
siècle : les
trois quarts
de celle-ci souffrent
de la faim, et encore de nos jours alors qu'elle suffirait à nourrir
tout le monde. Nous y
avons
vu
les horreurs de Hiroshima et de Nagasaki, des univers
concentrationnaires (les Anglais en Afrique du Sud suite à la guerre
des Boers; les goulags soviétiques et chinois; les camps du
Vietnam...),
la robotisation de l'homme dans des usines,
les multiples mensonges pour justifier des guerres au nom des Droits
de l'homme
(spécialité des États-Unis et des États qui emboîtent
aveuglément leurs pas).
L'homme
a été sacrifié pour des mythes inhumains qui ont revêtu tant de
noms différents.
Bien
entendu,
il y a de bons côtés en médecine et des découvertes au profit de
la dignité de l'homme mais il y a eu tant de détournements
de ces savoirs
: les manipulations
génétiques donnent naissance à des chimères
;
l'euthanasie active au lieu d'un refus de l'acharnement thérapeutique
;
des avortements de confort et de naissances non désirées (au début,
c'était admis
uniquement
pour des cas de figure bien précis29).
Le
scandale est
en
dans toutes ces déviances de pratiques
qui devaient être exceptionnelles et qui sont devenues ordinaires.
Un avortement,
si la
naissance met la vie de la mère en danger,
peut se comprendre. Abréger les souffrances d'un malade en fin de
vie en
sachant que la dose antidouleur peut être fatale reste un cas
exceptionnel. Durant les guerres, des blessés graves
intransportables ont demandé et reçu la mort car, abandonnés à
l'ennemi, ils auraient subi des sévices douloureux avant de mourir
(des cas réels au Vietnam, en Amérique centrale ou en Afrique me
sont connus).
En
2020, une association de protection des animaux se scandalise de la
mise mort d'une portée de chats et des associations féministes se
scandalisent du refus d'un médecin à pratiquer un avortement
de confort.
Dans quel monde vivons-nous lorsque qu'une
portée de chats a plus de valeur que la vie d'un enfant ? Le
respect de la dignité humaine existe-t-il encore ?
Les
complexes de Freud ?
Dès
le XIXe
s., la religion a
été
progressivement
remplacée par la pensée scientifique technique qui a
dominé
jusque
dans
les
années 1980.
Le résultat en
a été
une sorte de disparition
de
la
vie intérieure de l'homme pour privilégier une observation
extérieure
de l'homme : l'homme est devenu
un
objet d'observation au même titre qu'un insecte, une plante ou un
fossile. Le spirituel disparaît au profit d'un déterminisme
génétique. La
pensée n'est plus le fruit de
l'esprit
mais le résultat d'une conjonction
de
neurones.
Il
n'y a plus une activité mentale de l'âme.
Les
programmes
scolaires en témoignent : philosophie, religions, études classiques
(latin-grec) sont déclarées inutiles. La linguistique, la
psychanalyse,
la sociologie
et l'économie les remplacent. Divers
constats sont établis par chacun d'entre nous : relâchement des
mœurs,
individualisme exacerbé,
culte de l'émotionnel éphémère,
jouissance à consommer
ont
entraîné une contestation
des dogmes, des
réinterprétations
du contenu de la foi,
une
perte du sens des sacrements
face à une
hiérarchie
ecclésiastique
trop
souvent déficiente30
lorsqu'il s'est agi de donner des principes clairs. Au final, le
mépris
des
religions
règne dans le monde occidental.
Concrètement,
ceci correspond à une baisse prodigieuse de la pratique religieuse.
Parfois les derniers croyants sincères doivent fuir certaines
paroisses en raison de cette gangrène ayant atteint quelques
paroissiens dits
engagés
: des homélies vides de toute spiritualité
;
une instruction religieuse prodiguée par des personnes ignorant tout
du catéchisme
;
des "piliers
de paroisse"
incompétents en matière de foi mais imposant leur inculture
religieuse comme gage de leur sincérité...
et des prêtres leur confient des missions... C'est le comble !
Mais
hors de la vie de l'Eglise, il y
a
soit
le culte aveugle du corps (le désir de la jeunesse éternelle
;
la musculation à outrance
;
la chirurgie esthétique superflue...),
soit une
perte totale du sens de la vie comme
le démontrent plus d'un écrivain notable du XXe
s. :
selon
eux, le
monde est absurde
car le
Néant est la finalité de tout... Ceci
est le véritable
Enfer
et je les plains
car les conséquences sont tragiques pour eux et surtout pour les
autres.
Freud
a imaginé
que les découvertes scientifiques ont infligé des blessures au
narcissisme humain : selon lui, l’héliocentrisme de Copernic et
l'évolution des espèces de Darwin auraient déstabilisé
l'homme31.
Avec Copernic,
la terre n'est plus le centre de l'univers et, avec Darwin, l'homme
n'est plus différent du règne animal. "Modestement",
Freud
est persuadé de porter une troisième blessure, aussi violente que
les deux autres32
: la raison serait dominée par l'inconscient
asservi
aux
pulsions sexuelles.
Il n'avait pas lu les mystiques qui ont étudié les replis de l'âme
de façon plus juste que lui ! Je
tiens à vous rassurer les découvertes cosmologiques n'ont jamais
perturbé le grand public qui ignorait le géocentrisme et
l'héliocentrisme : par
contre, la
découverte de nouvelles étoiles a enflammé l'imagination des
poètes,
favorisant ainsi de nouvelles découvertes.
Dire que l'homme descend du singe n'empêche pas que l'homme soit un
homme et non un singe : d’ailleurs il y a des hommes qui singent
d'autres hommes par imitation, pour paraître au lieu d'être33.
Jusqu'au
XVIIIe
s., la question qui se posait était plutôt de savoir ce qui
distinguait l'homme de l'ange : avec le sourire, je vous dirai que
c'était une démarche consciente pour découvrir Dieu dans sa vie
et donc
élever
le débat au-dessus du niveau de la ceinture...
La
vraie question,
qui intéressait aussi bien les mystiques que les philosophes,
était simple : "Qu'est-ce
que l'homme ? ".
La notion de temps apparaît vite : le temps
terrestre
qui, pour l'homme, commence à la conception et se termine par la
mort
;
le temps
céleste
qui est un éternel présent.
La
chair meurt, limitée qu'elle est par le temps
;
l'âme est éternelle et,
au final pour les Chrétiens, soit
pour résider auprès de Dieu et c'est le Paradis, soit pour
être
en Enfer qui est l’absence de Dieu34,
l'homme s'étant coupé de lui durant sa vie
et se privant, ainsi et à tout jamais, de son Amour vivifiant.
Solidarité
humaine
L'homme
ne peut pas vivre seul. La vie collective lui est nécessaire. Un
bébé sans ses parents ne peut pas vivre longtemps
;
chacun a normalement un rôle à accomplir dans la société en
laquelle
il vit. Cette vie collective nécessite une "éthique",
terme qui est préféré de nos jours à celui de
"morale"
car le mot "morale"
est discrédité. Toutefois, une éthique, par sa définition même,
est un ensemble de conceptions morales ! Il
y a plusieurs
morales
: la question du
choix moral est
sans solution s'il n'y a pas la reconnaissance de valeurs
qui doivent être communes. Certains
privilégient la Déclaration
des droits
de l'homme
et d'autres les Évangiles
;
la perfection est bien dans
la
deuxième variante car la première est, à mon avis, incomplète.
Ceci serait
un autre sujet
à développer.
Prenons
un exemple d'une
double lecture :
Maurice
Zundel révèle les
vraies valeurs de la devise "Liberté,
Égalité, Fraternité"
: "Fraternité,
le Christ
en toi
;
liberté,
le Christ
en moi
;
égalité, le Christ
en nous."35
Ceci
dépasse vraiment la superficialité des discours républicains.
Aussitôt
se posent deux questions : qu'est-ce
que le bien ? qu'est-ce que le mal ?
Et là, intervient une
échelle des valeurs.
Mais ces valeurs dépendent
des évaluateurs qui diffèrent d'une civilisation
à l'autre,
voire d'une culture à l'autre (culture chrétienne et laïque, par
exemple).
Le bien commun chez les Aztèques n'est pas celui des premiers
chrétiens.
Un point commun : le
partage de mêmes valeurs
permet une coexistence la plus pacifique possible,
évite des frictions
s'exprimant par des guerres. Comment
déterminer l'échelle des valeurs :
selon
le bien collectif ou
selon
un besoin individualiste ? ...
La
théologie chrétienne partant du principe que Dieu a créé le monde
et que le Christ en a donné sa logique : la Parole de Dieu qu'est le
Christ (le Verbe fait chair) fournit aux hommes de bonne volonté non
seulement les
valeurs à respecter
mais un modèle vivant à suivre.
Ces valeurs ne dépendent plus des hommes mais de Dieu.
Et
c'est ici que je ne comprends pas les athées : ils ne croient
pas en Dieu mais ils peuvent croire en ces valeurs
qui
découlent des Évangiles
(se
retrouvant partiellement
dans la Déclaration
des Droits de l'homme
et avec une finalité autre)
et qui
ont
fait leur preuve. Certains
d'entre
eux prétextent
les
indignités de quelques chrétiens
pour les refuser. Observez ceux qui ont voulu nier Dieu : l'absurdité
de l'homme sur la terre les a conduits
au néant, au suicide ou à la folie. En
tuant Dieu, ils
ont perdu le sens de la dignité de
l'homme
et donc du véritable humanisme.
D'autres se sont pris pour des dieux : leurs
egos
peuvent les
leurrer
quelque
temps mais ni
le sexe, ni le pouvoir, ni l'argent
et ni leur fonction ou titre
ne leur donneront cette plénitude qui réside dans la rencontre de
Dieu dans sa vie
afin de recevoir la sagesse36.
La
sagesse a pour but d'humaniser le monde :
qui aime encore la sagesse de nos jours ? La science lui est bien
souvent préférée. Or la
science ne dit que ce qui est mais ne dit pas ce que l'homme peut en
faire : pour ceci, il faut bien la sagesse.
Pour résoudre le problème du choix , il faut donc bien une échelle
de valeurs. Or celui qui a vécu n'ignore pas que les questions
essentielles
dans nos vies n'ont pas toujours des réponses binaires,
se résolvant par un "oui"
ou un "non".
Nos questions sont complexes : car dans la réponse
à donner, il y a parfois un mélange de bien et de mal
que
les lois humaines ne peuvent pas résoudre37.
Seule
la sagesse,
avec ses paradoxes parfois38,
donne une réponse la plus juste et elle
se
découvre
pleinement dans
le Nouveau
Testament.
Oui,
le
christianisme
est porteur d'une anthropologie, d'un humanisme et d'un sens de
l'histoire.
La Foi est une source de créativité culturelle : elle élève les
personnes au lieu de les réduire à une absurdité totale
;
elle féconde l’intelligence en nous libérant de nos déterminismes
;
elle élargit le regard pour découvrir de nouvelles réalités dont
on avait pas conscience
;
elle transforme les rapports humains.
Le
christianisme
répond aux grandes questions que tout homme se pose,
une fois ou l'autre,
dans sa vie : Qu'est-ce
que l'homme
dans l'univers
? Quels sont le sens et le but de la vie ? Qu'est-ce que le bien et
donc le mal ? Quels sont les origines et le but de la souffrance ?
Quelle voie choisir pour parvenir au vrai bonheur ? Qu'est-ce que la
mort et y a-t-il une vie après la mort ? Quel est
le
lien entre vérité et raison ?
Tout
jeune
s'interroge sur ce qu'est la normalité : est-ce le fruit d'une
statistique39
ou d'une véritable éthique ? Qu'est-ce que l'amour ? Pourquoi
j'existe ?
Quelle est ma vocation40
en ce monde ?
Pourrai-je vivre ma vocation41
ou devrai-je
subir
un destin imposé42
?
A
toutes
ces questions légitimes,
quelles réponses donnons-nous ?
Évidemment,
les
réponses vous appartiennent : nos vies, nos engagements, nos regrets
et nos espoirs nous enseignent. Remarquons quelques comportements.
Il
s'agit de ne pas oublier ceux qui vivent dans le
déni systématique des
réalités
de notre temps :
pour
eux, il
n'y a pas de vérité; la vérité du jour est celle qui
leur
convient pour ce jour :
tout est
donc
relatif.
Le
monde politique nous donne
des exemples où la
vérité est évolutive
selon le souffle,
non de l'esprit mais de l'électorat.
D'autres,
se
croyant plus
prudents
se
réfugient,
avec une fierté revendiquée,
dans la procrastination
(il
est toujours temps d'attendre,
en fait,
pour savoir où le vent tourne)
:
ils ressemblent à ces bouchons de liège qui suivent l'écume des
eaux... et s'oublient vite fort heureusement mais ont une faculté de
nuisance dès qu'une fonction
leur est accordée
:
c'est certain
car ils
ne savent pas décider
;
par contre,
critiquer
remplace
généreusement leur
absence
de faculté d'agir43.
Éthique
et Morale
Revenons
sur le mot "éthique"
qui a occupé les politiques
français, l'hiver
dernier lorsqu’ils ont débattu de la bioéthique. Sans parti pris,
considérons les mesures proposées face à l'humanisme non seulement
chrétien mais qui a accompagné la naissance de l'homme.
Est-ce
un progrès ou une régression de supprimer la famille naturelle en
niant les mentions père ou mère pour les remplacer
par parent 1 et parent 2 ? en demandant à un
garçon s'il est une fille, à une fille s'il est un garçon ? en
affirmant qu'une mère est un père et qu'un père est une mère ? Il
n'échappe à personne qu'il y a un fond féminin chez un père et un
fond masculin chez une mère selon les circonstances de la vie des
enfants : ce fond commun s’appelle l’amour de ses enfants, amour
qui ne doit pas être possessif mais oblatif. Les parents tyrans sont
ceux qui ne laissent aucune liberté à leurs enfants quant à leur
choix de vie (sentimentale, professionnelle ou sociale), au lieu de
les accompagner et de les conseiller.
Est-ce
plus d'humanité de favoriser ce que la nature n'a pas prévu ?
Une
mère enfante
et élève son enfant,
sans la présence du père
de
la conception et jusqu'à l'âge adulte.
Il faut encore la semence du père mais, bientôt,
il
sera
possible que les manipulations génétiques dispensent de
la
nécessité d'un père,
réduit à l'état de distributeur
de semence.
La
technique génétique autorise la sélection : il est interdit de
parler de race mais, par contre, à prix d'or, des femmes veulent
bénéficier de la semence d'un prix Nobel, d'un athlète ou d'un
intellectuel... Non,
je ne vous parle pas
de
la création d'une
nouvelle variété de géranium !
A-t-on
réfléchi aux reproches des enfants qui diront à leurs parents :
Pourquoi m'as-tu voulu avec des yeux bleus alors que je veux avoir
des yeux verts ? Pourquoi suis-je petit alors que je voulais être
grand ? Pourquoi suis-je inhabile de mes mains alors que je voulais
être un manuel, un artiste ? Pourquoi
ai-je une maladie génétique non identifiée ? Je
vous passe la litanie des reproches que les enfants pourraient
produire à une mère.
Pendant
qu'on y est et pour rester dans l'esprit de ce monde actuel bien
étrange, dénonçons cette énormité
non encore dénoncée : un
père ne peut pas encore enfanter
! Au nom du droit à la maternité de la paternité, ne serions-nous
pas face à une
discrimination intolérable
?
Au
nom du
sacré principe de
l'égalité,
ne
faudrait-il
pas
un projet de
loi
pour modifier cet état
de nature
?44
Est-ce
que nous avons plus d'humanité ainsi ? Je ne le crois pas. Dans les
civilisations les plus anciennes, l'éducation
de l'enfant
appartenait à la
mère jusqu’à l'âge de 7 ans, au père jusqu’à l'âge de 14
ans. Ensuite, ce n'était plus un enfant mais un homme qui cherchait
à s'aguerrir,
hors du milieu familial quand cela lui était possible : pour la vie
soit d'un homme d'armes, soit dans l'apprentissage d'un métier
(les Compagnons du
Devoir en
sont un bon exemple),
soit dans la vie d'études
(juridiques, médicales, scientifiques, historiques, religieuses...)
.
Abordons
le problème majeur qui devrait interpeller chacun d'entre nous,
croyant ou non croyant en Dieu.
Marchandisation
du corps
La
PMA45
crée un marché d'embryons : est-ce un mieux ? Pourquoi les media
tentent-ils
d'accréditer ce marché humain comme un progrès ou une
loi inévitable de l'histoire
? Il y a des domaines qui ressemblent plus à la traite humaine qu'au
respect de la dignité de l'homme. Quant à la création de chimères,
fruits du croisement de cellules humaines avec des cellules animales,
l'homme antique
y
avait déjà pensé : le centaure. Nous en trouvons des figures chez
les Hittites ou des descriptions dans Ulysse. L'homme a imaginé,
il y a déjà plusieurs millénaires,
ce qu'il tente d'élaborer dans des éprouvettes. La
nouveauté n'est donc pas dans l'idée mais dans le savoir-faire.
Faut-il concrétiser
des mythes inhumains ?
Je vous laisse la réponse.
Les
politiques
en France
sont prêts à l'accepter avec l'argent de tous les Français et même
de ceux qui n'en veulent
pas. Il y a là un aspect très dérangeant. Un adversaire de
l'avortement ou de la PMA finance d'une façon ou d'une autre la
sécurité sociale qui, elle, remboursera
totalement le coût de l'avortement ou de la PMA.
Certains
me
rétorqueront
que les athées financent
les églises par leurs impôts : là, il faut leur rappeler que c'est
l’État qui s'est approprié
les églises, leurs trésors
et leurs biens fonciers.
L’État
au final n'a
pas été gagnant :
la vente des
biens
a enrichi quelques familles
bourgeoises
;
les bâtiments
églises,
payés par les fidèles, ont été spoliés légalement
par l’État
;
les revenus des
biens
d’Église n'ont plus financé
l'aide spéciale
qu'Elle
apportait46
et
cela coûte beaucoup
plus
cher,
l’État ayant
dû pallier cette
fonction.
Et oui, le
travail bénévole des religieux avait une valeur économique !
L’ectogenèse
est la formation ou la transformation d'un embryon, fruit de
manipulations
génétiques,
dans un bocal. Il est
dès lors possible
de marchandiser
le corps humain
: il y a de grands dangers de nuire au respect de la dignité
humaine. Acheter un bébé pour se faire plaisir,
comme celui d'adopter un animal de compagnie,
reste selon moi une régression.
Par
contre, l'adoption,
dans des cas précis, est ce qu'il faudrait encore plus faciliter.
Deux
situations
évidentes qui ne devraient rencontrer aucune complication juridique
ou d'excessifs temps d'attente
:
soit
des
enfants dont les parents ont disparu ou ayant été abandonnés;
soit
l’impossibilité pour un père et une mère de
concrétiser leur amour en une naissance
ou une nouvelle naissance47.
Ces parents
ont de l'amour à donner à des enfants qui,
eux aussi, ont
soif d'amour.
Tradition
et Prospective
La
Tradition
ne nous
fige pas dans le passé comme certains le prétendent. Elle donne
une vision du futur.
En prendre conscience, c'est changer le regard sur le message de
l'Eglise et en percevoir toute son utilité pour l'homme du présent
et de demain. Tout
chrétien
est invité à agir maintenant pour construire ce monde
de
demain sur des bases solides,
données
par sa croyance en Dieu.
Là il s'agit de distinguer connaissances
et croyance.
Les connaissances
sont des données certaines d'une réalité dont on connaît les
caractéristiques
(la physique ou la chimie réunissent des phénomènes vérifiables
et prédictibles);
une croyance porte
généralement
au-delà du réel,
sans pour autant nier la réalité.
Pour
les chrétiens,
le Credo
mentionne explicitement
le monde visible (celui des sciences) et le monde invisible (celui
d'un monde au-delà de ce monde perceptible). Je ne prononce
pas ce passage du Credo
sans une grande émotion car je reconnais et j'accepte qu'il y ait
toujours un monde inconnu dont Dieu nous a donné des indices mais
qui reste
à être
découvert
quand Il le jugera bon. Maurice
Zundel a cette pensée qui me revient volontiers à l'esprit : "Le
visible devient la parabole de l'invisible."48
Il
est possible de croire en Dieu et d'être un homme de science : je
vous en ai donné quelques exemples. La
métaphysique est
une forme de prospective qui déborde les seules réalités humaines.
La
tradition a une force merveilleuse pour établir une prospective.
Vivre uniquement pour le présent n'a
pas
de sens : se projeter
dans l'avenir est une nécessité pour soi
et
pour les autres. Face une classe ou à des étudiants, la force qui
anime enseignants
et enseignés,
c'est cet avenir qui se construit
par l'éducation
et l'instruction.
Des parents espèrent pour leurs
enfants
une
belle
destinée,
une
vie qui leur donne joie et satisfactions.
Un enseignant
espère
que ce jeune
cerveau use
à bon escient les connaissances acquises.
Un chef d'entreprise ne vit que s'il se projette dans l'avenir. Les
souhaits que nous formulons sont pour demain, un demain parfois
lointain mais si motivant pour avancer selon un cap choisi hier ou
maintenant.
Un
scientifique espère découvrir la compréhension d'un phénomène :
il imagine des hypothèses, il se trompe, il apprend de ses
expériences (une somme d'erreurs parfois) et il découvre un jour.
Toute recherche, même non scientifique, nécessite une prospective.
Foi
et intelligence
Depuis
le XIXe
s.,
la
religion
est considérée
de plus en plus comme une
opinion personnelle et subjective.
Toutes
les religions sont mises sur pied d'égalité : pour ma part, je
respecte toute forme religieuse mais je considère comme vraie la foi
catholique et les
autres
religions sont à mes yeux incomplètes49,
voire fausses50
ou contraires à la foi catholique51.
Soit on me dit que la vérité n'existe pas, dans ce cas toute
religion serait fausse. Soit on me dit qu'il y a une vérité voilée
aux yeux des hommes mais révélée par la Parole
: là, la question est simple. La vérité des Évangiles
est intangible
et c'est ce qui nous explique sa durée de vie et sa capacité à
accompagner tout homme, à travers les temps.
Par
contre,
les
interprétations restent des interprétations humaines à considérer
selon
les Évangiles
et non selon des goûts personnels ou des passions individuelles.
Certaines sectes
plient les Évangiles
à leurs désirs mais ne les
respectent
pas. Heureusement,
l'Esprit Saint donne la faculté de discernement
qui est cette
quête de la vérité
: là, intervient l'intelligence.
L'intelligence
ne dépend pas du Quotient
Intellectuel
:
je peux témoigner que j'ai connu des
universitaires
très spécialisés dans leur domaine mais totalement
incapables
de raisonner
juste,
sur ce qu'une humble
paysanne de
montagne
avait déjà
bien compris,
sans avoir tout ce bagage intellectuel
: le bon sens d'une personne sans
instruction
est parfois plus perspicace
que le discours
d'un sachant ne sachant
pas
entendre
et comprendre.
Vous
me répondrez que des hommes de talent et de savoir sont
des adversaires du christianisme. Le
savoir et l'intelligence ne suffisent pas pour entendre la Parole de
Dieu qui parle au cœur d'abord et donc à l'homme entier.
Certains ont le cœur sec quand ils n'ont pas un cœur de pierre.
Une
quête de vérité exige au préalable une transformation
intérieure
à définir.
Elle
commence par le
doute
bien souvent mais la
finalité n'est pas de
rester
dans le doute mais d'arriver
à une
prise de conscience d'être sur le chemin du vrai52.
Un travail sur soi est exigeant et discuter avec sa conscience
produit cette transformation
: c'est le fruit d'une foi active.
Notre
manière de vivre devient
le reflet alors de notre manière de croire. Le
cardinal
John
Henry Newman
distingue le talent intellectuel et la foi de la façon suivante :
"Le
talent intellectuel est un don et la foi est une grâce.53"
et je tiens
à préciser
un don
humain
et une grâce
divine.
L'explication
de Newman
mérite
d'être entendue :
"...
les capacités intellectuelles sont des dons distincts des principes
et des sentiments religieux
;
les plus hautes vertus spirituelles, l'humilité, la constance, la
patience ne permettront jamais à un homme de lire une langue
inconnue ou de pénétrer les arcanes d'une science
;
de la même façon les facultés intellectuelles les plus brillantes,
la subtilité d'esprit, l'imagination, la pénétration, la
profondeur de pensée ne nous feront jamais,
à elles seules , accéder à la sagesse religieuse."54
Par
contre, les capacités intellectuelles peuvent être aussi
au
service de la religion : la vérité révélée des
Évangiles
est une vérité
morale
et religieuse dont nous n'avons pas encore épuisé tous les champs
du possible. C'est
ainsi que la
science,
se détachant du visible vers l'invisible55,
conduit à la métaphysique comme le démontre si bien Maurice
Zundel.
Newman
précise encore : "La croyance au christianisme n'a pas plus
de rapport avec ce que l'on nomme le talent qu'elle en a avec la
richesse, le rang, le pouvoir ou la force physique."56
Cette
vérité religieuse ne s'acquiert pas spontanément : il en va de
même pour une vérité scientifique. Il y faut du temps, de
l'énergie (force) et de la volonté. La sagesse est nécessaire pour
ne pas être esclave de ses sentiments, de ses passions (ce
qui serait la subjectivité) :
ceci
nécessite
une analyse de soi,
sans complaisance et sans détestation. C'est se sortir de soi
qu'offrent l'examen de conscience et
la confession qui permettent une renaissance qui passe par une
transformation intérieure
(l'homme nouveau).
Heureusement,
nous avons des aides sur le chemin de la foi : les épîtres de saint
Paul, les Pères de l'Eglise, les vies et les écrits de saints
véritables de l'Eglise (il y a les saints inconnus,
sans titre officiel,
mais que le sage reconnaît).
La Bible s'adresse à tous et, à travers elle, nous pouvons étudier
les complexités de l'âme humaine, la sienne comme celle des autres
(non pour juger ou se comparer mais pour comprendre).
En général, l'homme a soif de spiritualité et
se reconnaît
à partir du moment où il cesse de se prendre pour le centre du
monde, qu'il se vide de son soi pour s'offrir aux autres par ses dons
reçus,
qu'il a l'humilité de reconnaître comme venant de Dieu. Cette prise
de conscience est le début d'un homme nouveau qui,
se transformant par l'Esprit,
devient origine ou source pour les autres
comme le dit si bien Maurice Zundel.
Il
suffit de commencer ce chemin de conversion et de se laisser conduire
par l'esprit : nous ne savons pas exactement où ceci nous conduira
mais il faut y aller avec confiance et espérance en Dieu,
malgré les injures, les obstacles, les haines, les calomnies,
assez ordinaires chez des individus sans réflexion et à l'esprit
moutonnier,
contre une personne cherchant la vérité.
Une
métaphysique scientifique ?
En
lisant Bachelard57,
Maurice Zundel
arrive à une conclusion : l'homme de science refuse le "donné
brut",
pris à l'état de nature. Il n'y a pas une acceptation passive
des
phénomènes
naturels
comme
au XIXe
s.
L'homme
de science tente de chercher au-delà du réel
connu
: ainsi il fait des découvertes.
Il y a pour lui un au-delà des connaissances,
même expérimentales,
qui
le pousse à chercher : il cherche sans savoir
ce qu'il va trouver. Pour
commencer, il
établit une
théorie,
c'est sa
forme de croyance,
pour atteindre une
vérité qu'il veut scientifique. Cet au-delà
de la physique,
science pure des phénomènes, est une
forme de métaphysique scientifique
(aussi paradoxale que puisse paraître cette formulation).
Dans
son "Dialogue
avec la vérité",
Zundel
distingue trois étages de
la
connaissance : la connaissance
poétique
(le
livre de la Genèse
en est un bel exemple),
la connaissance
rationnelle
(les livres historiques de la Bible,
œuvres humaines qui doivent être lues avec le regard du Nouveau
Testament,
et non l'inverse comme c'est trop souvent le cas de nos jours : le
chrétien
n'a pas à se convertir au judaïsme, ce serait une régression58)
et la connaissance
métaphysique
(le Cantique
des
Cantiques
et
l'Apocalypse
sont les deux livres
pour comprendre de façon encore humaine mais suffisante).
Il m'a permis de remarquer
qu'il n'y avait pas de cloisons
étanches entre ces trois formes de connaissances.
Il y a une complémentarité
: ce que nos sociétés tellement binaires acceptent peu.
La Genèse
est une formulation
poétique
et non une thèse scientifique.
L’histoire d'un peuple,
Israël,
est une approche rationnelle de tous les
peuples qui ont vécu peu ou prou les mêmes
grâces et les mêmes méfaits. Il y a
la
connaissance
métaphysique,
fruit
de la sagesse. La sagesse peut s'atteindre
par la méditation de la Parole comme par
les sciences. Les sciences
découvrent cette métaphysique qui découvre
l'homme
en ce qu'il a d'essentiel.
Progrès
nécessaire
L'homme
est appelé à progresser tout au long de sa vie, s'il ne veut pas
devenir un fossile vivant mais stérile
: il n'a pas fallu attendre le XIXe
s. pour le savoir.
Il doit devenir ce qu'il doit être en fonction de ses dons
spécifiques
et en
raison
de cette
impulsion spirituelle qui l'incline vers telle ou
telle
voie de recherche. L'homme véritable
veut être entraîné au-delà de ce qu'il est,
en exerçant pleinement
son art, son métier, sa profession : son engagement n'a pas une
seule fin matérielle,
qui est aussi mortelle
que lui,
mais une
fin qui peut se
poursuivre même quand il ne sera plus de ce monde. Là, il aura
véritablement
réalisé
sa vie d'homme qui ne consiste pas uniquement
à assurer la reproduction de
l'espèce
humaine. A cette forme de croissance
, il n'y a pas de limite
assignable : le progrès a existé depuis que l'homme existe. Le
technicien ne cessera jamais de créer et le théoricien aura
toujours le besoin de concevoir des concepts qui lui permettront des
découvertes
après avoir éliminé tous les concepts pouvant être faux ou tout
simplement mal compris (d'une idée fausse peut surgir une vérité
partielle : c'est un peu comme la paillette d'or dans une tonne de
gravats et seul le travail de l'orpailleur identifie cet or).
L'homme
ne
peut
pas être ennemi du progrès mais par contre il peut être ennemi de
l'emploi qui en est fait, spécialement
quand il y a le non respect
de
la
dignité humaine.
Dieu a démontré
le respect
accordé
à la vie de
l'homme
en prenant chair humaine : que faut-il de plus comme démonstration ?
Considérons
ce chemin progressif de l'homme, pour autant
qu'il
ne s'y oppose pas, dans sa vie
même.
Nous vivons
tous
des instants
qui meurent mais qui ont été un progrès
car nous sommes devenus nouveaux
à
plusieurs reprises :
de bébé, devenu enfant;
d'enfant devenu
adolescent;
d'adolescent
devenu
adulte;
d'adulte
devenu senior
pour finir d'ailleurs hors des limites du temps biologique afin de
vivre,
par l'âme,
l'intemporalité spirituelle...
que de morts vécues et que de résurrections vécues,
déjà
dans
notre faible limite humaine,
qui
sont autant de signes donnés qui devraient nous faire réfléchir
(aux
deux sens sens du terme, nous
considérer en notre intériorité
et resplendir
la lumière de Dieu,
sans vouloir être à tout prix une grande lumière, ce qui serait
péché d’orgueil)
:
nos échecs, nos succès, nos incertitudes, nos certitudes, nos rocs
spirituels
surgissant
de nos sables
humains...
La
sagesse ne se gagne pas en un jour même si nous avons des
prédispositions
pour la recevoir
:
aussi,
que
dire de ceux qui la méconnaissent involontairement
ou volontairement !
Tout est possible, avec le temps, avec la rencontre d'autrui et,
surtout,
la rencontre de Dieu en sa vie (qui n'appartient pas qu'aux seuls
membres des ordres religieux, fort heureusement)
: il y a les fruits d'une relation humaine d'abord qui, divinisée,
devient relation divine. C'est exactement
le sens étymologique du mot "religion"
: du
latin, religare,
s'attacher,
se
relier au
Créateur en se détachant des liens terrestres, pour aller au-delà
de ceux-ci.
L'histoire
d'un peuple dans l'Ancien
Testament
n'est que l'histoire
d'une
longue progression,
avec de nombreuses chutes et, au final, un refus de Dieu qui s'est
incarné dans le Christ : c'est le refus d'un Dieu humble car ce
peuple était dans l'attente d'un surhomme, tout puissant de
pouvoirs59,
et non tout puissant d'Amour pour tous les hommes.
Le Nouveau
Testament
est le récit du chemin de progression à accomplir pour être
semblable au Christ.
Mutation
scientifique du XXe s.
La
grande mutation scientifique du XXe
s. est que le
calcul
a
supplanté
les simples
mesures,
propres à la physique ou la technique
: par les mathématiques, des théories se sont établies,
des hypothèses
au départ,
et lors
de vérifications de
ces théories, des découvertes se
sont produites.
La volonté
de comprendre
a remplacé le simple fait de décrire
: c'est ce qui différencie le monde scientifique du XIXe
s. et du XXe.
s..
L'univers sensoriel avait établi un plafond qui a été
détruit,
pour
rendre évidente une logique qui échappe aux sens et
au
sens commun : ceci a été rendu possible par l'esprit
qui a dépassé
les seules limites des sens.
L'esprit dix-neuvième
siècle
avait pour seule
vérité
les expérimentations
de
laboratoire
et a réduit l'homme
a un objet d'observation
parmi
d'autres,
pouvant
être analysé
et réduit
à quelques formules chimiques.
Or les découvertes scientifiques démontrent une corrélation entre
l'organisme humain et l'univers qui est incroyable et pourtant réelle
! La
mystique Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine, le disait
déjà au XIIe
s. !
L'homme
ne se réduit pas à ses simples constituants
cellulaires. L'intelligence
n'est pas
qu'une
conjonction
de neurones. Seule la métaphysique,
consciente
ou inconsciente,
pousse à rechercher
plus loin : si
l'animal
vit de ses instincts,
l'homme
vit de sa
volonté
de comprendre
:
c'est l'esprit
agissant.
Au final, plus il sait, plus il sait qu'il ne sait rien.
Toutefois
l'inconnu, s'il est toujours plus grand, ne l'arrête pas dans
sa volonté d'agrandir
le champ de la connaissance humaine :
c'est ce qui fait la grandeur
de l'homme qui cherche
(le mystique aussi bien que le scientifique, l'un n'empêchant pas
l'autre !).
Les
sciences ont perçu des vies biologiques au-delà du monde sensible :
le scientifique est à la recherche de ce réel dont il ne cesse de
reculer
les limites. Pour ce faire, il établit des théories que les
expériences confirment ou infirment. Ces théories sont établies
car il croit qu'il y a des raisons pour que telle ou telle activité
de la nature se
produise :
il vit ce besoin de rationaliser. Il y a donc un
refus d'accepter des dieux aveugles ou le rôle du hasard.
La théorie est au départ une croyance qui sera mise à l'épreuve.
Maurice Zundel60
aime à citer Einstein qui a écrit dans "L'évolution
des idées en physique"
: "Nous
désirons que les faits observés suivent logiquement notre concept
de réalité. Sans
la croyance dans l'harmonie interne de notre monde, il ne pourrait y
avoir de science.
Cette
croyance est, et restera toujours le motif fondamental de toute
création scientifique.
"
Des
scientifiques,
non chrétiens comme Einstein,
rejoignent la pensée de saint Augustin et de
Maurice
Zundel,
celui-ci citant volontiers
cette
pensée d'Einstein
qui mérite toute notre attention :
"La
plus belle et la plus profonde émotion que nous puissions
expérimenter est la sensation
mystique.
C'est la
semence de toute science véritable.
Celui à qui cette émotion est étrangère, qui n'a plus la
possibilité de s'étonner et d'être frappé de respect, celui-là
est comme s'il était mort. Savoir
que ce qui nous est impénétrable existe réellement,
et se manifeste à travers la plus haute sagesse, la plus rayonnante
beauté, sagesse et beauté que nos faibles facultés peuvent
comprendre seulement dans leur forme la plus primitive, cette
connaissance, ce sentiment, est au centre de la vraie religion [...]
L'expérience
religieuse cosmique est la raison des plus fortes et des plus nobles
recherches scientifiques
[...] Ma religion consiste en une humble admiration envers l'esprit
supérieur et sans limites qui se révèle dans les plus minces
détails que nous puissions percevoir avec nos esprits faibles et
fragiles. Cette profonde conviction
sentimentale
de la présence d'une raison
puissante et supérieure
se révélant dans l’incompréhensible univers, voilà mon idée de
Dieu."61
Subjectivité
et Objectivité
Est
subjectif le jugement qui est ancré dans les limites de ses seules
capacités
: il y enfermement.
Est objectif le jugement qui se porte en prenant distance par rapport
à soi et à ses connaissances pour s'ouvrir à la nouveauté d'un
regard sur ce qui est
le
sujet de son étude, de sa méditation ou de sa contemplation : c'est
une expérience hors de soi pour mieux se comprendre et comprendre.
Ceci
est la vraie liberté : ne rien subir, ni les choses, ni les autres,
ni soi-même. Autant dire qu'atteindre
la vraie liberté est une tâche de longue haleine.
L'homme
de science revendique une liberté de l'esprit qui seule
permet de découvrir la vérité dans son champ de recherche.
L'homme
de raison véritable est un être métaphysique : en effet, par
l'esprit, il cherche au-delà de la physique, de la seule nature.
Zundel
le dit ainsi : l'homme de sciences progresse en abandonnant le monde
des images pour explorer le règne des idées afin d'accéder à la
vérité.
Il
serait bon de poursuivre cette réflexion
(et je vous renvoie à la bibliographie sélective en fin de cet
article)
mais il est temps de conclure.
Conclusion
Pour
les hommes de sciences comme
de religion, cette pensée de Vauvenargues nous
rend prudent :
"Les
grands hommes, en apprenant aux faibles à réfléchir, les ont mis
sur la route de l'erreur."
Et il est possible d'éviter les erreurs,
en suivant ce conseil de Tristan Bernard : "Il
vaut mieux ne pas réfléchir
du tout que de ne pas réfléchir assez."
Les
scientifiques
comme les
religieux connaissent, sous deux formes différentes, une
métaphysique dans la mesure où ils recherchent le vrai,
au-delà du réel déjà connu.
La
Tradition de l'Eglise ne traite pas des sciences car ce n'est pas son
domaine. Son rôle est de faire percevoir la Présence de Dieu,
nous élevant du monde visible vers
le monde invisible,
afin de pouvoir Le rencontrer
en vérité. La plus belle cathédrale qui puisse s'offrir à Dieu
est le cœur
de
l'homme.
Le
scientifique honnête reconnaît que,
dans
les
découvertes de
l'infiniment
grand comme de
l'infiniment
petit,
il y a toujours un mystère, une logique de la Création
qui lui échappe.
La
Tradition
n'est pas ennemie
des sciences : des prêtres ont contribué à de grandes découvertes
et je n'ai pas mentionné des scientifiques catholiques qui ont aussi
apporté leur pierre
à la connaissance
de l'univers.
La
Tradition est un merveilleux
outil de prospective : sur 2000 ans, elle a eu des effets favorables
quand
il y a eu le respect
de Dieu et des hommes.
Une
éthique
non fondée sur la dignité de l'homme, créé à la ressemblance
de Dieu, est mortifère. Retrouver les valeurs morales qui se sont
dégagées bien avant la naissance du christianisme
et qui ont été vécues dans le modèle qu'est le Christ est une
nécessité.
La
foi n'interdit pas l'intelligence.
Bien au contraire.
La
foi exige la pensée, fruit
de l'esprit.
Il est désolant
de constater
le désert spirituel de certains
membres
du
clergé : heureusement,
nous avons d'excellents prédicateurs avec
qui
l'homme de foi peut retrouver les joies de l'âme.
En
religion, il s'agit de ne pas tricher : les actes doivent
correspondre
aux paroles. Dire la vérité soulève inévitablement
des haines chez les ennemis de la vérité : appartenons à ceux qui
préfèrent la vérité à l'affection factice des hommes.
En
conclusion de
cette conclusion,
laissons la parole à
Pascal
:
"L'homme
n'est qu'un roseau pensant, le plus
faible de la nature, mais c'est un roseau pensant."
et
encore : "Par
l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point
;
par la pensée, je le comprends."
Merci
pour votre attention et je reste disponible pour répondre à vos
questions éventuelles et dans la mesure où je suis
en capacité de vous répondre. Ce sujet est vaste et je me suis
contenté d'en donner quelques traits pour alimenter votre réflexion
et ouvrir des pistes pour celui qui aurait envie de le prospecter.
P.S.
: J'adresse un chaleureux merci aux deux personnes qui ont relu ce
texte avec la plus grande attention.
Antoine
Schülé
11
juin 2020, La Tourette.
Contact
: antoine.schule@free.fr
Bibliographie
Paul
Hazard : La
pensée européenne au XVIIIe
s. De Montesquieu à Lessing.
Boivin, Paris. 1946. 3 vol. 380 p., 304 p. et 156 p.
Ouvrage
à consulter pour aborder la crise de conscience européenne : à
chacun de conclure en 2020 avec ses effets réels. Très utile pour
explorer de multiples pistes. La bibliographie est d'une grande
richesse.
Daniel-Rops,
Victor Martin, Jean Bayet, Jacques Pirenne, Nadjm Oud-Dine Bammate,
Fung Yu-Lan, Jean Guéhenno : Tradition et innovation. La
Baconnière. Neuchâtel. 1956. 464 p.
La
confrontation de divers points de vue sur le sujet est source de
réflexions utiles. A la suite des exposés de chacun des
intervenants, il y a la transcription des débats publics qu'ils ont
suscités.
Henri
de La Bastide :
Les quatre voyages au cœur de la civilisation. Rocher.
1985.
228 p.
Cet
auteur, aussi bien poète que scientifique, a parcouru le monde. Il
apporte une vision globale et comparative
sur
les civilisations. L'Occident est la civilisation de la Personne,
face à la Parole arabe, le Geste hindou, le Signe chinois et
japonais et le Rythme africain.
Isabelle
Mourral (préf. du Cardinal Poupard) : Le
christianisme a 2000 ans. Ed.
de Paris. 1999. 256 p.
Cet
ouvrage est à lire. Tout est dit en nuances. Bonne
étude
de base pour aborder notre sujet dans une perspective chrétienne.
Pierre
Feschotte : Les
illusionnistes. Essai sur le mensonge scientifique.
L'Aire. Lausanne. 1985. 304 p.
Cet
auteur, ingénieur-chimiste, donne de nombreuses réponses à des
questions essentielles, avec un regard critique sur les arguments
scientifiques qui ont prédominé dans le grand public. Comment
arriver à une vie harmonieuse ?
André
Verdan : Karl
Popper ou la connaissance sans certitude.
Presses Polytechniques et universitaires romandes. 1991. 146 p.
Selon
le philosophe Popper, une théorie n'est jamais qu'une hypothèse
provisoire servant à corriger une autre théorie. Le scientifique
doit accepter d'être réfuté par les expériences. Il défend la
métaphysique. Voici qui mérite notre intérêt sans être obligé
de partager toutes
ses conclusions politiques.
Jacques
Monod : Le
hasard et la nécessité. Essai
sur la philosophie naturelle de la biologie moderne. Seuil.
1970. 240 p.
Il
développe une théorie intéressante à connaître et le lecteur est
en droit de penser et de conclure que cet auteur place trop sa
confiance en la Science. Il est d'ailleurs facile de réfuter ses
arguments fondamentaux.
Jean
Guitton, Grichka et Igor Bogdanov : Dieu
et la science. Vers le métaréalisme.
Grasset . 1991. 200 p.
Vous
y trouverez différents développements à confronter avec les
conclusions de Jacques Monod.
Odon
Hurel : Le
moine et l'historien Dom Mabillon. Œuvres choisies. Avec
une biographie par dom Henri Leclercq. Coll. Bouquins. Robert
Laffont. 1132 p.
Oui,
l'érudition en milieu monastique existe : un
ouvrage
qui ouvre l'esprit. A lire. Vous ne le regretterez pas !
Maurice
Zundel : Itinéraire.
La
Colombe. Paris. 1947. 192 p.
Un
théologien passionné par les découvertes scientifiques de son
temps donnent d'excellentes
perspectives
pour traiter
notre sujet. A lire absolument !
Maurice
Zundel (textes inédits et présentés par Paul Debains) : Le
problème que nous sommes.
La Trinité dans notre vie. Sarment. 2005. 384 p.
Au
lecteur qui ne comprend pas ce qu'est la Trinité, la lecture de ce
livre est indispensable.
Maurice
Zundel (écrits rassemblés, présentés et édités par père Marc
Donzé): Harmoniques.
Œuvres complètes. T. II. Parole et Silence. 2019. 632 p. Consulter
: pp. 199-415. Recherche
de la personne.
L'homme
de foi à la recherche de la vérité et de la compréhension de
l'univers.
Rémi
Brague : Au
moyen du Moyen Age. Philosophies médiévales en chrétienté,
judaïsme et islam.
Ed. La Transparence. Chatou. 2006. 436 p.
Celui
qui veut connaître les racines culturelles et intellectuelles
européennes se doit d'étudier cet ouvrage.
Rémi
Brague : Du
Dieu des chrétiens et d'un ou deux autres.
Flammarion. Paris. 2009. 256 p.
Un
philosophe réussit à cerner la particularité du Dieu chrétien.
Dans cette période de confusion religieuse que nous connaissons de
nos jours, son livre est le bienvenu.
Rémi
Brague : La
Sagesse du monde. Histoire de l'expérience humaine de l'univers.
Fayard. 1999. 448 p.
Il
répond à cette question : comment retrouver la Sagesse du monde ?
Rémi
Brague : La
loi de Dieu.
Histoire philosophique d'une alliance.
Gallimard. 2005. 584 p.
Tout
passionné par l'histoire du droit y trouvera une source inépuisable
de réflexions à poursuivre.
11260
- 1327 " Sur l'humilité ".
2Le
plus étrange est
quand ce propos est tenu par un chef d’État.
4Il
y avait essentiellement
des prises de position partisanes.
71894
- 1977 : Pensée d'un biologiste.
8D'où
l'importance de partager nos savoirs.
9L'électricité
a existé dans la foudre; la capacité d'en produire, sans savoir sa
vraie nature n'a pas empêché sa "domestication".
Certains corps
dégagent un rayonnement radioactif
: la nouveauté
a été de le constater et d’en produire de façon artificielle.
10Ce
propos me suscitera bien des ennemis : dire la vérité n'est pas
admis par tous !
11La
vitrification des déchets atomiques mise au point par M. Roger
Bonniaud, de Saint -Gervais a
été un grand pas en ce sens.
L'enfouissement de
ceux-ci dans des conditions optimales et contrôlées aurait dû en
être l'aboutissement mais la décision politique manque pour des
raisons purement électorales.
12Artisan.
13Savant
ou sachant.
14Sage.
15Galilée
a affirmé que
l’Écriture Sainte ne se préoccupait pas de lois physiques
: contre l'héliocentrisme, certains voulaient
y trouver des arguments. Le Père Mersenne, lire ci-dessous,
permettra la diffusion
des conclusions de Galilée en France, malgré l'interdiction
du Saint Office. Le procès de Galilée témoigne de l'ignorance de
ses juges mais pas celle de l'Eglise. De nos jours, les juges
sont-ils toujours compétents sur les affaires qu'ils ont à juger ?
16Un
courant de pensée dominant impose une déchristianisation dans le
monde comme la dénazification en Allemagne.
17Et
même de nos jours ! L'orgueil intellectuel les aveugle : une
onction ne donne pas un savoir mais une mission. Un aveugle
spirituel (et il y en a dans le clergé) ne peut pas conduire
les fidèles...
18Positif
et non destructeur : ce que ne peuvent
pas comprendre les esprits étroits, parfois même très
étroits (car de l'épaisseur d'une feuille de cigarette).
19Dom
Mabillon : Traité des études monastiques. In : Le moine et
l'historien dom Mabillon, œuvres choisies (avec une biographie par
dom Henri Leclercq). Coll. Bouquins. Robert Laffont.
Paris. 2007. 1132 p. pp. 484-485.
20Tradition
et innovation. p. 17.
21Je
ne nie pas l'utilité et même la nécessité de la théologie qui
est nécessaire pour approfondir les interactions entre les
différents écrits du Nouveau
Testament, en les confrontant à l'Ancien Testament.
Cette pratique nécessite des connaissances particulières mais
celles-ci ne sont pas indispensables pour lire par soi-même.
22L'anticléricalisme
doit beaucoup à l'enseignement public qui ne s'est pas toujours
montré laïc mais à cultiver une religion nouvelle : le
laïcisme.
23Il
est dangereux de les identifier car ils sont plus venimeux que des
serpents mais l'innocent ne craint
pas de marcher sur eux et les scorpions
qui les accompagnent
inévitablement.... Des Psaumes le disent et le redisent ...
Je pense à eux quand je vois , dans la statuaire, le pied
de la Vierge Marie écrasant la tête du serpent !
24Ce
qui nécessite du courage et non cette lâcheté coutumière chez
certains qui me scandalise
et me scandalisera toujours.
25Maurice
Zundel : Itinéraire. La Colombe. Paris. 1947. 192 p. P.
16.
26Ils
se sont enfermés dans une tradition avec un nombre infini de lois .
La Tradition catholique les a
réduites à mois d'une vingtaine de commandements.
27Exemples
: la célébration d'une messe diffère en Afrique, en Asie ou en
France mais les sacrements sont les mêmes. Une différence
d'expression n'est pas
une différence sur le contenu.
28Mot
grec signifiant universel.
29Une
loi perverse est toujours amorcée par une exploitation
de l'émotionnel pour faire consensus.
30Car
timorée comme le sont trop de Chrétiens ayant
presque honte de leur Foi.
31Si
ce n'est pas encore ton cas, lecteur, tremble d'effroi !
32Affirmation
narcissique le hissant à égalité avec les deux autres ! A cet
inconscient découvrant l'inconscience
!
33Le
culte de l'image.
34Vivre
hors de l'Amour de
Dieu. L'amour de deux personnes sur terre permet de surmonter bien
des obstacles : l'amour humain véritable
fait vivre; un temps de séparation le fait cruellement
sentir. Alors que doit être l'Amour de Dieu, sans limite
temporelle, sans que la séparation soit possible avec tous ceux qui
vivent dans Son Union d'Amour !
35Maurice
Zundel : Recherche
de la personne. Desclée. Ed. 1990. 288 p.
36Qui
est une grâce ou un don.
37L'application
de certaines lois légalise des actes inhumains socialement,
économiquement : que d’assassinats économiques en utilisant la
loi comme arme !
38Que
les mystiques
n'ignorent pas.
39Pour
défendre une minorité, la majorité est contestée : les questions
de mœurs en sont l'illustration (négation de la normalité pour
imposer des pratiques différentes de quelques individus).
La minorité conditionne la grande majorité selon ses vues : et ça
marche !
40Selon
les dons reçus, pas toujours pour devenir prêtre mais fonder une
famille, dispenser un savoir, aide humanitaire, vie associative,
recherche,
vie artistique,
engagement militaire
...
41Pas
forcément religieuse mais selon ses prédispositions
dites naturelles : des dons en fait.
42Milieu
familial, impossibilité économique, pression sociale, manque
d'instruction adaptée,
éducation déficiente...
43Dans
certaines associations
culturelles, vous en trouvez quasiment
toujours : une plaie inguérissable si ce n'est par une chirurgie
efficace.
44Précisons
que je le dis avec humour : il ne faudrait pas qu'un(e) député (e)
du "monde
d'après", au
nom du progrès et des "celles
et ceux",
croie utile de concrétiser cette idée où il y aurait ce
miraculeux "en
même temps"
père-mère d'un
"Jupiter avec
nous",
cet Emmanuel nouveau
qui veille sur son peuple...
45Procréation
Médicalement Assistée.
46Soins
médicaux, prise en charge
des orphelins, accueil
des personnes âgées, démentes ou handicapées, aides aux
démunis, instruction scolaire, mise en valeur
des sols, diffusion des savoirs, constitution de bibliothèques,
conseillers avisés de gouvernants...
47Parfois,
des mères ne peuvent plus enfanter après la naissance du premier
enfant.
48Maurice
Zundel (textes inédits
présentés Debains) : Le problème que nous sommes. La
Trinité dans notre
vie. Sarment. 2005. P. 108.
49Elles
n'arrivent pas à conduire l'homme à la rencontre avec Dieu :
reconnaître Sa
Présence au cœur de nous.
50Exigeant
des sacrifices humains ou animaux.
51On
lui oppose un patchwork religieux ou un bricolage spirituel
: c'est très à
la mode et se
revendique comme étant "œcuménique". Exemple
de recette : une pincée de bouddhisme, trois grains de
catholicisme, une cuiller de protestantisme, un saupoudrage de rites
africains, avec pourquoi pas la
fumée d'un bon joint, le tout accompagné d'un soupçon
de tantrisme sexuel. Extase, artificielle et non surnaturelle,
assurée.
52Sur
le chemin, ce n'est pas toujours atteindre
le but...
53J.
H. Newman : Être chrétien. Cerf. p. 103.
55Hugues
de Saint-Victor (XIIe s., disciple de Saint Augustin)
disait déjà que le visible permet le transfert du visible vers
l'invisible, du matériel vers l'immatériel.
56Newman
: Être chrétien. p. 105.
571864-1962.
Philosophe, il a étudié le développement de la connaissance
scientifique et le
rôle de l'imaginaire
poétique qu'il n'oppose pas au premier mais qu'il considère
comme complémentaire.
58La
révélation en plénitude de Dieu est dans le Nouveau
Testament : elle n'est que partielle dans l'Ancien
Testament.
59Orgueil.
60Maurice
Zundel : Ouvertures sur le vrai. Desclée. Paris. 1989 (1ere
éd. 1940). 144 p. p. 45.
61Maurice
Zundel : Quel homme et quel Dieu ? Fayard. 1976. 240 p. p.
55. Citation rapportée par Lincoln Barnett (préf.
par Einstein) : Einstein et l'Univers. pp. 191-193.
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