mardi 19 juillet 2016

Spiritualité et guerre dans la Chine antique.

Spiritualité et pragmatisme

à travers les antiques écrits chinois 

sur la guerre.

Antoine Schülé

« Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière. »
Charles Baudelaire. Fusées.

« L’esprit est une puissance de prêter à une circonstance actuelle
les ressources du passé et les énergies du devenir. »
Paul Valéry.  Mélange. « L’Esprit ».
1.1 Introduction

Sans posséder une religion au sens où l’entend l’Occident chrétien, la Chine antique a permis le développement d’une spiritualité spécifique unissant observation et réflexion pour obtenir une efficacité. Il s’agit de se mettre à l’écoute du monde, de cette terre qui est un reflet du cosmos, de contempler la réalité et l’ordre de l’univers, retrouver une unité avec la nature et avec soi-même. Des gestes, des paroles et des rites symbolisent cette communion du microcosme avec le macrocosme.  
Ceci explique le regain d’intérêt actuel pour cette mystique asiatique où il ne s’agit pas de trouver Dieu mais de communier pleinement à une création, la nature infiniment grande et infiniment petite, qui suppose un créateur[1] justifiant une hiérarchie sur terre qui se révèlera à travers un protocole rigoureux. Ainsi les rites et les symboles du quotidien révèlent une transcendance : au-delà des réalités sensorielles, il y a un mystère à respecter, qui peut tout au plus s’approcher mais jamais se posséder. Le mystère d’ailleurs importe peu : le but à atteindre prime et il est déterminé par la sagesse qui exige que la société respecte un ordre comme la nature respecte l’ordre de l’univers.

Ainsi au final en Chine, la sagesse est préférée à une religion qui définit un Dieu ou des dieux avec qui un lien s’établit. Cette sagesse asiatique qui implique une communion avec la nature n’est pas une philosophie : la sagesse implique l’acceptation d’un non-savoir de l’homme à la façon du penseur qui a écrit « Je ne sais qu’une seule chose c’est que je ne sais rien.» alors que la philosophie est un amour du savoir, au sens étymologique du terme. Confucius dans ses Sentences, s’exprime ainsi : « Savoir que l’on sait ce que l’on sait et que l’on ne sait pas ce que l’on ne sait pas, voilà le vrai savoir.»[2]. Par contre, cette sagesse prônée par Confucius a donné naissance à plusieurs courants philosophiques parfois contradictoires[3], dus aux spéculations de ses glossateurs (les disciples pouvant trahir leur maître, cela est un phénomène fréquent). Les philosophes français ont voulu voir en Confucius le Socrate et le Spinoza, tout à la fois, de l’Asie…mais c’est une tentation bien occidentale de vouloir classifier à tout prix.

1.2 Les ouvrages de référence
Pour comprendre la spiritualité du guerrier chinois, il est nécessaire d’interroger les ouvrages fondamentaux de la Chine du VIIe s. av. J.-C. jusqu’au Xe s. après J.-C. Il faut parler d’ouvrages et non d’auteurs : bien des ouvrages attribués à un auteur sont en fait la poursuite de réflexions déjà bien établies et connues antérieurement aux datations données aux divers écrits qui, eux-mêmes, sont les fruits d’une longue tradition orale encore plus ancienne[4]. Chaque génération de penseurs a enrichi les textes fondamentaux de leurs expériences. Il est quelque peu stérile pour notre approche de ce jour de savoir exactement « Qui a écrit quoi ? » et « Qui a  copié qui? »[5]. Nous sommes face à une tradition vivante dont il faut avant tout saisir l’esprit.

Sur la vie des auteurs antiques chinois, il n’existe que très peu de renseignements : ils sont la plupart du temps entourés d’une aura de légendes et l’essentiel réside dans leur message, fruit d’une tradition anonyme, et non dans une histoire personnelle. Du message de Confucius, des disciples ont été les vecteurs et des continuateurs : 500 ans après sa mort, nous sommes face à une compilation, à une somme. Le rôle du penseur consiste à donner une impulsion qui se propage jusqu’à nos jours pour se poursuivre aussi longtemps qu’il y aura des hommes qui lisent, méditent, pensent et agissent. Nous pourrions tirer un parallèle dans le christianisme avec les glossateurs des Evangiles qui, pendant 2 000 ans, ont interrogé et interrogent les Saintes Ecritures ou la Parole de Dieu, deux expressions qui traduisent déjà deux approches différentes de la même Bonne Nouvelle

Ne connaissant pas la langue chinoise, je me réfère à des traductions. Or traduire, c’est toujours trahir un peu, surtout avec cette langue. Pour exprimer la pensée chinoise, le vocabulaire occidental[6] n’est pas adapté et plus d’un traducteur a l’honnêteté de le déclarer à son lecteur. Prenons l’expression la plus connue mais mal connue : « Se tenir dans le juste milieu. » se lisait du temps de Confucius[7] au sens que lui donnait l’archer chinois. Cela signifie que l’archer doit atteindre le centre de la cible (au prix d’un effort et d’une concentration très particulière car il n’est pas facile de tendre un arc, de viser et décocher la flèche afin d’atteindre le but) mais les esprits occidentaux ont donné un sens, tout autre à cette expression et bien éloigné de ce pragmatisme chinois ! Or, le centre de la cible, l’objectif est l’harmonie (qui exige une action une concentration en vue d’une efficacité qui se vérifie dans des actes[8]…). Pour compliquer le tout, selon les gestes et les tons ou rythmes divers dont le même mot est prononcé ou ponctué, ce mot peut avoir des sens différents, voire en certains cas signifié son contraire !
Granet[9] souligne le fait que le Chinois n’aime pas les concepts, ces signes abstraits pour spécifier les idées : il aime les symboles, riches en suggestions pratiques. Il adopte un principe dans la mesure où celui-ci allie une essence singulière et une vertu de panacée. La spécificité qui nous intéresse est que la sagesse chinoise a un idéal d’efficacité. Ainsi la méditation conduit à une discipline de vie pour agir non pour soi mais pour un ensemble auquel est apportée une étincelle d’énergie, le tout devant produire un feu d’artifice.

Pour établir cette synthèse, j’ai relu Le livre des transformations[10] (le Yi King dit aussi : Livre des mutations), les ouvrages attribués à Confucius et à Mencius[11], le Livre de la voie et de la vertu de Lao Tseu ou le Tao Te King[12], les sept traités de la guerre : L’art de la guerre de Maître Sun, Le traité militaire de Maître Wou, Le code militaire du Grand Maréchal, L’art du commandement du commandant Leao, Les trois ordres stratégiques de Maître Pierre Jaune, Les six arcanes stratégiques, Questions de l’empereur des T’ang au général Li Wei-Kong[13].

1.3 Quelques notions de base
Avec ses tendances « universistes »[14] et « humanistes », la sagesse chinoise a des fins politiques dans la mesure où elle conditionne les aménagements de la vie et les activités humaines (donc le souverain, le peuple, la guerre, l’armée et les chefs militaires). Le lien social est l’image du lien cosmique.

La pensée chinoise a la particularité de rassembler des idées dans une certaine confusion et en conciliant parfois des idées contraires : le goût du paradoxe. Une pensée mythique renferme un vieux savoir mais n’ayant aucun lien avec la science, les connaissances positives comme nous disons en Occident : il y a une indépendance de la pensée vis-à-vis de la connaissance.

Le microsome révèle l’Univers : ainsi, l’homme et la nature ne forment pas deux règnes séparés mais un tout unique. Si les Occidentaux aiment la Raison, les Chinois aiment les Symboles qui, pour eux, sont concrets : les plus connus sont le Yin, le Yang et le Tao. Tout a du sens  et rien n’est isolé, nous sommes face à des jeux concertés : les nombres, les positions dans l’espace, les rythmes du temps avec les couleurs comme les musiques qui leur correspondent. Le juste milieu, en fait l’objectif à atteindre qui est le résultat d’une action, est l’harmonie. En vue de l’action, les symboles sont plus forts que les concepts, les théories ou les dogmes. La pensée humaine n’a pas pour objectif la connaissance pure mais elle recherche des règles d’action : son rôle est de secréter un ordre agissant et total.

Les thèmes poétiques, les dictons des calendriers des Sages ont une force : celle d’instruire et de corriger. Les mots ont une force[15] : nommer, c’est donner du sens, c’est révéler un ordre de la nature qui dévoile et provoque le destin. Les circonstances peuvent donner à la même formule ou à la même anecdote des sens différents : nous sommes dans le monde des sous-entendus. Des prières, répétitives, régulières et formatées mais dans une succession totalement improvisée, provoquent une  méditation mystique, ainsi la pensée mystique peut exprimer une part de l’indicible. Les Cartésiens peinent à comprendre cet esprit asiatique qui préfère suggérer plutôt qu’expliquer, éveiller la pensée plutôt qu’informer : l’intuition est privilégiée à la raison. Toutefois cette intuition n’a de valeur que si elle est fondée sur l’observation attentive des êtres comme des choses : tout est signe à décoder.

Les textes traditionnels reprennent très souvent les mêmes illustrations pour traiter des circonstances particulières : ces images sont comme des cartes dans un jeu et seule la façon dont elles sont tirées ou ordonnées, assemblées ou dissociées, leur donne du sens. Avec les fables de La Fontaine, les gens cultivés pouvaient[16] procéder de même en Europe.

2. Le livre des transformations ou dit des mutations.
Le Yi King a été lu et commenté, par Confucius et Lao Tseu et a inspiré plus d’un de leurs aphorismes. Ce livre réunit la quintessence de la pensée chinoise et trouve son usage dans le quotidien de la vie, aux heures les plus graves comme les plus ordinaires, pour la paix comme pour la guerre entre Etats, pour les conflits entre personnes ou encore pour s’accepter soi-même (le conflit intérieur est le premier à devoir être vaincu). Pour le comprendre, gardons à l’esprit que tout se transforme en continu : il n’y a pas de changement brutal, de rupture (ce qu’exprimerait le mot mutation et raison pour laquelle il ne faudrait donc pas le privilégier). Un flux continu, telle est l’évolution. 
Comment faire parler l’inconscient de l’homme ? Le Yi King apporte la réponse : il révèle les signes qui manifestent l’inconscient de l’homme.  Des tiges d’achillée, les baguettes oraculaires, permettent de définir des hexagrammes : un ensemble de six traits Yin et Yang (trait brisé et trait continu) mais que le nombre l’ayant déterminé peut en atténuer ou augmenter la force ; de même, leur place  dans les six traits qui se lisent de bas en haut possède du sens. La première analyse consiste à considérer les deux trigrammes formés[17], c’est-à-dire à considérer le degré d’harmonie qu’ils représentent ou pas. La seconde analyse se fait trait par trait et selon le nombre qui l’a révélé. Nous obtenons ainsi 64 hexagrammes étudiés : un premier livre donne leurs interprétations qui sont complétées par un deuxième livre dénommé le Grand commentaire. Les hexagrammes révèlent la complexité des liens qui unissent les êtres et les choses. Toute qualité et tout défaut ont un revers qu’il convient de découvrir pour évoluer tout simplement. Aucun manichéisme n’est acceptable : n’est-ce pas le début d’une saine tolérance ? 

Pour procéder au tirage des baguettes d’achillée, une préparation est nécessaire : avoir un cœur pur, apaisé et limpide sont les conditions pour être sincère avec soi comme avec les autres ; se rendre réceptif aux influences cosmiques afin qu’elles s’expriment dans le tirage.

Le sage ou le chef de guerre[18] consulte les oracles pour faire parler leur intuition et ainsi ils acquièrent une capacité à intervenir sur le monde ou plutôt sur cet espace qui leur est confié afin que règne l’harmonie. Le Yi King suggère des modalités d’action pour des situations les plus diverses. Il est intéressant de signaler que les interprétations insistent sur le discernement[19] des motivations et des effets de l’action : fortune, infortune, remords, humiliation, colère, sagesse, folie… Au final, je demeure convaincu que chacun peut trouver par ce moyen soit une porte de sortie honorable dans une situation complexe, soit un encouragement à persévérer dans cette voie qui conduira à l’harmonie, même s’il faut lutter, voire conduire la guerre pour obtenir cette paix, sans laquelle aucune harmonie n’est possible.    

L’Occident privilégie une science analytique, un phénomène étudié est trop souvent isolé de son contexte et « décortiqué » à l’infini en cultivant une sorte de volupté intellectuelle[20], assez souvent stérile quand il n’y a pas des batailles pour des idées qui ne seront de toute façon pas appliquées[21]... L’Orient aime une science synthétique : il s’agit de tout regarder dans un ensemble et de repérer soigneusement les rapports internes à cet ensemble. Wilhelm emploie une image qu’il me faut vous partager : face à la symphonie du monde, l’Occidental identifie, isole chaque instrument l’un après l’autre ; l’Oriental, lui, s’attache à comprendre la partition.

Le sage ne découvre pas l’avenir en raison d’un film mental qui lui projetterait les images de la réalité à venir. Non, le sage se rend complètement présent à l’instant qu’il vit pour en déchiffrer toutes les composantes : ainsi, il voit les germes dont le présent est gros et peut ainsi orienter, comme d’instinct, son action. Le Yi King est aussi un manuel pour se scruter soi-même face à des évènements. Son plus grand mérite est de dire et redire qu’il y a toujours un avantage à retirer d’un désavantage[22] ! Dans une paix apparente, il y a des germes possibles de guerre et, dans la guerre, il y a des germes de paix à exploiter : tout diplomate digne de ce nom pourrait en tirer le plus grand bénéfice[23].

Prenons l’hexagramme qui nous intéresse le plus pour notre thème, le septième.
L’hexagramme 7 est celui de l’armée : les deux trigrammes qui le constituent sont en bas l’eau et en haut la terre. Il symbolise l’eau qui s’accumule à l’intérieur de la terre comme la force de l’armée s’accumule à l’intérieur d’un peuple (la Chine est agraire)[24]. Celle-ci est invisible en temps de paix mais toujours disponible comme puissance, obéissante à son souverain ou à son général. Ce dernier est un homme fort qui acquiert la discipline en touchant les cœurs et suscitant l’enthousiasme.
La guerre est considérée comme une médecine toxique, en raison de ses ravages et de ses carnages, à n’utiliser que lorsque tous les autres moyens ont été employés. Le but de guerre[25] doit répondre à une juste cause qui soulèvera ainsi la pleine adhésion du peuple, source de l’unité nécessaire et de cette conviction qui donne la victoire. Dans la passion et l’ivresse du combat, le chef doit veiller à ce qu’il n’y ait pas d’injustice commise[26]. Deux qualités doivent prédominer : la justice et la persévérance. Les commentaires[27] sur cet hexagramme offrent toute une réflexion sur la guerre.

Pour mieux pénétrer la pensée chinoise sur la guerre, il faut encore lire au moins les hexagrammes 6 : le conflit, 11 : la paix, 33 : la retraite, 39, l’obstacle. L’essentiel pour un décideur est d’être sensible au symbole porté par l’hexagramme 61 : la vérité intérieure[28], source de toute force, le socle de la sincérité – cette vertu fondamentale.

3. Confucius et Mencius
La grande étude et L’invariable milieu appartiennent à un ensemble appelé Le livre des rites (Li Ki). Les entretiens réunissent des sentences, des aphorismes, des anecdotes attribuées à Confucius et j’y ai vu de grandes similitudes avec le Livre de la sagesse de l’Ancien Testament. Le Meng Tseu (latinisé en Mencius au XVIe s. par les Jésuites) est un ensemble de citations et de commentaires de l’œuvre de Confucius.
Ces quatre livres dévoilent la doctrine chinoise qui est tout à la fois morale, humanitaire et politique. Dans la mesure où ils ont été l’objet d’attention pendant 2 500 ans, voire de destruction volontaire[29], et où ils ont connu des développements aussi surprenants que contradictoires avec le taoïsme, le bouddhisme et le communisme[30], il est nécessaire de les connaître. Inde, Chine, Tibet, Corée et Japon en ont donné diverses formes mais la racine leur est commune.
Ils pourraient être considérés comme une déclaration universelle de la sagesse humaniste. En fait, il ne s’agit pas d’une religion[31] mais d’un enseignement afin d’adopter une conduite de vie idéale, selon des normes simples. Les principes enseignés conditionnent d’abord l’individu, ensuite la famille et ensuite la société. A propos de celui qui gouverne un pays, Confucius définit les qualités qu’il doit disposer de la façon suivante : « Le respect de soi, la magnanimité, la loyauté et la fidélité, la diligence, la bienfaisance. Alors, on peut diriger les autres. ». Cet enseignement s’adresse toutefois à deux publics totalement distincts : les souverains ainsi que les nobles et le peuple agraire. Retenons qu’il y a eu deux lectures : l’une à la lettre pour le peuple et l’autre dans l’esprit de la lettre[32]. Un trait commun les unit cependant, la poésie. Le peuple pratique des rites sans forcément comprendre leur sens ou leur portée.

Deux siècles après Homère et un siècle avant Socrate, en probablement 551 av. J.-C., est né Confucius dans une famille de modeste noblesse[33], sans fortune matérielle. Orphelin de père à l’âge de 3 ans, il a connu une enfance désargentée. Il aimait participer activement aux rites et à la musique. Par la musique, il assurait son équilibre, son harmonie : ce qui est en soi une richesse.  Dans une école pour jeunes nobles, il a reçu des initiations à la vie militaire et à la vie de cour. Ecriture, histoire, musique et littérature de la Chine antique sont au programme mais aussi, et cela explique plus d’une des formules confucéennes, le tir à l’arc et la conduite du char. La fidélité est une des valeurs à cultiver selon une hiérarchie très précise : fidélité au prince, au maître et finalement au père. La piété filiale impose le culte des ancêtres qui se limite aux quatre générations qui précèdent celui qui est le chef de famille. Avoir au moins un fils, et non une fille, est essentiel pour garantir la continuité de ce culte : la valeur de cet enfant est capitale. Un père a le droit de vie et de mort sur son épouse, ses enfants ; le maître sur ses subordonnés et le prince sur ses sujets. A l’image des saisons, le sage connaît un temps d’activité, un temps de retraite restauratrice comme des besoins périodiques d’une réfection physique et mentale : l’hiver est le temps de reprendre des forces comme la nature et le monde animal le pratiquent si bien.
Au temps de Confucius, la Chine est un ensemble de petits Etats autour du Fleuve Jaune, subissant de nombreuses invasions. Les affrontements entre divers clans de nobles suscitent des guerres civiles. Politiquement, cette période vit une grande anarchie : retrouver une société équilibrée devient une nécessité. Confucius donne un modèle idéal pour éclairer la voie de chacun, pour définir la cible, l’objectif à atteindre.
Confucius a recours à des rois légendaires (Yao et Chouen) pour promouvoir un gouvernement qui repose sur les vertus. A l’âge de 22 ans, il ouvre une école dont la devise aurait pu être une parole attribuée à Confucius : « Je n’invente rien, je transmets.». Le souverain est symbolisé de la façon suivante : « Celui qui gouverne les peuples par la force de ses qualités est comme l’étoile polaire qui reste immobile tandis que toutes les autres s’inclinent devant elle.». En 479 av. J.-C., il meurt. Ses écrits deviennent une référence incontournable. Les mandarins ont l’obligation de mémoriser l’œuvre de Confucius.
Alors que, deux siècles et demi plus tard, Che Hoang-ti avait ordonné de brûler tous les livres de Confucius et d’enterrer vivants les lettrés confucéens, son œuvre nous est tout de même partiellement parvenue. Les reconstitutions se sont faites au moyen de manuscrits cachés dans les murs et des mémoires de quelques lettrés ayant échappé au massacre. Toutefois, des planchettes de bambou calligraphiées, reliées par des lanières de cuir, ont été perdues à tout jamais. Il a fallu attendre le XIIe s. pour que, sous la dynastie des Song, Tchou Hi (le Saint Thomas d’Aquin du confucianisme) reconstitue l’œuvre que nous disposons actuellement.

La société doit être le reflet de l’ordre du monde : cela exige de cultiver des vertus, de respecter une hiérarchie, d’exiger un protocole et de vivre des rites.  Tout doit avoir une place définie en un temps précis avec des couleurs et des musiques spécifiques. La non-possession des vertus par des gouvernements entraîne la guerre, ce trouble dans l’ordre cosmique et qui devient publique. Dans ce désordre apparent, des signes sont repérables pour évoluer vers un retour à l’harmonie. Ces signes doivent être reconnus par les sages, les souverains et les chefs de guerre.

Quelques citations ont trouvé des résonnances dans d’autres textes connus dans d’autres civilisations :
« Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à vous-même. » (Entretiens XV, 23)
« Se vaincre soi-même, maîtriser ses passions, rendre à son cœur l’honnêteté qu’il tenait de la nature[34], voilà la vertu parfaite. » (Entretiens XII, 1).
N’y aurait-il pas une sagesse commune à toutes les civilisations ?

A prince juste, peuple juste. La parole du souverain possède une force et les mots ont une portée particulière. Dans les Entretiens (XXIII, 3), il y aurait un sujet de méditation pour tout homme politique désireux d’assurer un pouvoir :
« Si les noms ne sont pas justes, les paroles ne le sont pas non plus ; si les paroles ne sont pas justes, les actions ne sont pas parfaites, ni le rite, ni la musique ne prospèrent ; si les rites et la musique ne prospèrent pas, les châtiments perdent leur raison d’être ; si les châtiments perdent leur raison d’être, le peuple ne sait plus ce qu’il doit faire ;
Voilà pourquoi le noble[35] doit en toutes circonstances veiller à ce que ses mots deviennent paroles et ses paroles, actes. Le noble ne tolérera aucun désordre dans ses paroles. Voilà ce qui importe. » Ainsi, il est une façon de trouver l’harmonie entre le nom et la réalité extérieure.  
Un individu est corps (front), parole (larynx) et esprit (cœur) qui s’ouvrent en prononçant le fameux sésame OM ÂH HUM[36], répété infiniment. La parole est l’élément de synthèse qui permet la fusion de composants antithétiques que sont le corps et l’esprit.

4. Le Tao Te King de Lao Tseu
Pour éviter des redites, je propose quelques textes fondamentaux, liés à notre thématique et qu’il suffit de lire plusieurs fois pour allumer cette lumière intérieure qui illumine le sage :

N° 33[37]
Qui connaît les autres a l’intelligence
Qui se connaît lui-même a le discernement
Qui triomphe des autres est fort
Qui triomphe de lui-même possède la force
Qui sait se contenter est riche
Qui sait persévérer est volontaire
Qui sait demeurer est stable
Qui vit la mort jouit d’une longue vie[38].

N° 50[39] :
Sortir et vivre
Entrer et mourir.

Trois hommes sur dix marchent sur le chemin de vie.
Trois hommes sur dix marchent sur le chemin de mort.
Trois hommes sur dix, vivants,
Marchent dans le royaume de la mort[40].

En lui
Le rhinocéros ne sait où planter sa corne
Le tigre ne sait où jeter ses griffes
L’arme ne sait où loger sa lame.
Pourquoi ?
Car, pour lui, n’existe pas de royaume de mort.

N° 68[41] :
Un véritable guerrier n’est pas belliqueux
Un véritable lutteur n’est pas violent
Un véritable vainqueur évite le combat
Un véritable chef reste humble devant ses hommes.

Ceci révèle
La vertu qui ne rivalise pas,
L’art de conduire les hommes,
L’union avec les lois cosmiques.

N° 30[42] :
Un prince conseillé selon la voie
Ne soumet pas l’empire par les armes
Car il connaît le choc en retour.

Là où l’armée a campé
Les épineux croissent.
Là où une armée est levée
Les mauvaises récoltes surviennent.

Aussi l’homme juste doit-il se montrer résolu
Sans user de forces.

Résolu sans fanfaronnades
Résolu sans orgueil
Résolu sans arrogance
Résolu car il n’y a pas d’autre choix
Résolu sans violence.

La puissance blesse l’âge
Elle va à l’encontre de la voie
Se termine précocement.

N° 79[43] :
Lorsqu’après une grande querelle
La paix est faite
Si un ressentiment demeure
Comment cela pourrait-il être
Jugé parfait ?

C’est pourquoi le sage
S’en tient à sa dette
Mais n’exige rien des autres.

La voie du tao
Ne favorise personne
Mais elle est toujours ouverte
A l’être en quête.

N° 80[44] :
Garder la taille de la population petite
S’assurer que le peuple a des armes
Mais qu’il ne les emploie pas
Qu’il n’est pas disposé à voyager au loin
Et qu’il ne considère pas la mort comme futile.

Bateaux et chars
Sont utilisés le moins possible.
Armures et armes
Ne sont pas déployées.
La cordelette à nœuds
Sert d’écriture.
La nourriture est savoureuse
Les habits sont beaux
On est content dans sa maison
On apprécie une vie simple.

Les pays voisins sont à portée de vue.
Coqs et chiens échangent chants et aboiements.
Les gens meurent de vieillesse
Sans bouger.

Tout lecteur peut gloser comme il l’entend ces extraits du Tao et, s’il se donne la peine de lire ce livre peu volumineux mais riche de pensées, il en ressortira avec un autre regard sur lui-même et le monde : le travail de l’esprit n’est pas une vision de l’esprit.

5. Les 7 traités de la guerre.

« Les armes sont des objets funestes,
les conflits une offense à la raison,
les généraux des préposés funèbres,
aussi n’est-ce qu’à son corps défendant qu’un prince y a recours. »[45]

Ayant lu et relu ces textes, j’y trouve principalement une beauté poétique, il y a du Homère dans le verbe et le style. D’autres formes de beauté : la concision, qualité rare dans les ouvrages militaires ; la finesse d’analyse, développer une vision d’ensemble pour mieux distinguer les particularités afin de les exploiter. Ces traités stratégiques ne doivent pas être réduits à des recueils de recettes comme l’esprit occidental le ferait trop facilement.
La guerre est un désordre dans l’ordre des choses, il convient de rétablir l’ordre : c’est ce qui lui donne sa dimension éthique. N’oublions pas que cet ordre à retrouver ne figure pas dans ces traités car cet objectif est dans l’esprit de tout lecteur chinois : nous ne pouvons pas isoler ce contexte mental essentiel pour les comprendre. Le Code militaire du grand maréchal[46], explicitant cette démarche, commence par ces mots :
« Dans les temps anciens, gouverner consistait  à régler le peuple par la justice tout en prenant la charité pour fondement. Mais lorsqu’on ne peut gouverner suivant cet idéal, alors force est de recourir à des expédients. Les expédients naissent des conflits et non pas du fond naturel de l’homme. S’il faut tuer pour restaurer la paix, il ne faut pas hésiter à tuer ; s’il faut attaquer un Etat pour manifester son amour de l’humanité, il ne faut pas hésiter à attaquer ; s’il faut user des armes pour faire taire les armes, il ne faut pas hésiter à user du glaive. Ainsi l’homme bon est aimé, l’homme juste est fêté, l’homme avisé est soutenu, l’homme courageux est imité, l’homme sincère est cru. On assure sa défense en se faisant aimer au-dedans ; l’on mène des guerres en se faisant craindre au-dehors. »[47].

La guerre est la guerre : il n’y a plus de normalité ou d’anormalité, d’habitude ou d’inhabitude, de guerre régulière ou irrégulière. Les conditions de l’instant déterminent ce qui est à faire : c’est la décision du chef de guerre. Le général possède les pleins pouvoirs et le souverain lui-même, qui lui a donné une mission et des hommes, ne peut lui dicter comment satisfaire celle-ci : en cas d’insuccès, il connaît la mort ; en cas de succès, il a fait son travail et rentre dans le rang avec les honneurs. Le détenteur du pouvoir militaire est décrit ainsi :
« Le grand capitaine ne connaît ni ciel en haut, ni terre en bas, ni ennemis devant, ni maître derrière. L’armée d’un homme aussi singulier est un loup, un tigre, la bourrasque ou l’éclair. Mystérieuse et éclatante, elle sème l’effroi à travers l’univers. »[48]

La sagesse du commandement ne repose pas sur des pratiques rituelles mais sur une façon d’être que seul l’esprit peut donner. Cette citation donne un éclairage nouveau au thème étudié :
« Une armée victorieuse est comme l’eau. Ductile, faible, elle vient à bout de tout ce qu’elle attaque, fussent les plus hautes montagnes. Il n’y a pas d’autre secret à cela : elle est concentrée dans l’action, opiniâtre dans la sape. Pourvu que ses soldats disposent de lames bien trempées, de solides cuirasses et que ses bataillons sachent alterner les stratégies directes et indirectes, qui pourra lui résister ? C’est pourquoi il a été dit : « Que l’on promeuve les sages et donne des emplois au talent, et les résultats seront bénéfiques sans avoir recours aux almanachs, que les lois soient claires et les ordres précis, et on connaîtra d’heureux succès sans consulter les sorts, qu’on honore les exploits et récompense l’effort, et l’on connaîtra le bonheur sans adresser des prières au ciel. » C’est pourquoi il est dit encore : « Le moment faste[49] ne vaut pas la disposition avantageuse sur le terrain, laquelle ne vaut pas l’union entre les hommes. » Aussi les anciens ne donnaient-ils leurs soins qu’au facteur humain. »[50].

Il est frappant de constater combien les grands principes psychologiques sont analysés dans Le code militaire du grand maréchal. Ce livre est une compilation des textes anciens qui établit des liens entre les comportements des civils et des militaires. A propos de la peur, voici ce qu’il est dit :
« Un homme animé par la rage de vaincre ne pense qu’à l’ennemi ; habité par la peur, il ne pense qu’à sa peur. Pour peu que les deux sentiments se combinent, leurs avantages respectifs ne feront qu’un. On les fera agir de concert en les considèrent uniquement sous l’angle de l’opportunité tactique.»[51]  
Pourquoi un soldat peut-il sacrifier sa vie selon ce même code ? La réponse est simple :
« En règle générale, les hommes peuvent sacrifier leur vie par amour, colère, peur, esprit de justice, goût du lucre. L’art militaire consiste à faire en sorte que les hommes méprisent la mort grâce à une instruction appropriée et sacrifient leur vie sur l’autel de la justice, grâce aux principes moraux. »[52].

Les exemples illustrant les divers traités soulignent aussi la dimension irrationnelle de la guerre : la conduite des opérations dépend des dispositions prises par l’ennemi ne suivant pas la voie de la sagesse, ce qui exige de bons renseignements et une bonne analyse des faits, des signes. La guerre se conçoit comme un organisme vivant et réactif. La bataille est la résultante de l’affrontement de deux volontés s’exerçant sur des forces mentales comme physiques antagonistes. Il ne peut y avoir aucune dichotomie entre l’offensive et la défensive. La victoire se dessine avec un général qui épouse les dispositions de l’adversaire (il s’agit d’un véritable corps à corps), la bataille devient ainsi un accouchement sanglant. Seul le temps désigne la victoire réelle : le vaincu d’hier peut être le vainqueur de demain. C’est pourquoi, en Chine, la guerre est un art et non une science.

Conclusion :
En ce bref exposé, il n’est pas possible de faire la synthèse stratégique de ces traités chinois car cela nous éloignerait de la thématique. Tout au plus, j’ai tenté de vous fournir quelques pistes. Si je vous ai donné l’envie de découvrir ou redécouvrir cette pensée antique chinoise non de façon confuse mais en confucéen, je pourrais dire que j’ai « tenu le juste milieu » c’est-à-dire atteint l’objectif. Si cela n’était pas le cas, je me consolerais avec ce proverbe chinois : « On ne sait pas nécessairement parler de ce qu’on sait faire, ni nécessairement faire ce dont on sait parler. ». 
La spiritualité chinoise, ne cultivant pas le manichéisme simpliste, est pragmatique : il y a l’homme en union complexe avec la nature, le cosmos. Pour l’art de la guerre, la seule nécessité est de rechercher l’efficacité. La sagesse consiste à découvrir d’un cœur sincère l’harmonie  avec le monde visible et invisible, avec le vide qui est déjà riche d’un plein en devenir et le plein qui se vide pour donner vie à une nouvelle transformation. Si la matière se transforme, pourquoi l’esprit ne se transformerait-il pas ? Et pourquoi l’esprit ne pourrait-il pas transformer le mal en bien ? Seule la sagesse peut donner les réponses à l’homme en quête de vérité.

                                                                     La Tourette, le 17 janvier 2015.

antoine.schule@free.fr 

[1] Jamais nommé : le soleil et l’étoile polaire sont des points fixes, des repères comme doit l’être le souverain qui n’est pas un créateur mais un ordonnateur.
[2] Pascal dans « Les Pensées » (253) : « Deux excès : exclure la raison, n’admettre que la raison. ».
[3] Des écoles diverses ont ouvert des polémiques qui ont encore cours de nos jours, pour le plus grand plaisir des spécialistes : le phénomène à retenir est que divers dogmatismes sont nés et des gens sont morts pour cela, ce qui est contraire au message même de Confucius.
[4] Comment ne pas penser aux origines de la littérature au Moyen Age, d’où mon intérêt pour ce thème !
[5] Pour les récits mythologiques, les contes de fée, les légendes en Afrique, dans les Etats amérindiens ou l’Europe, il en va de même.
[6] Kurt Friedrichs, Ingrid Fischer-Schreiber, Franz-Karl Ehrhard, Michael S. Diener (trad. de l’allemand) : Dictionnaire de la sagesse orientale. Coll. Bouquins. Robert Laffont. 1989. 764 p.
Très utile pour poursuivre la recherche initiale pour laquelle de bonnes traductions suffisent et une fois que sont maîtrisées les différences graphiques avec les éditons usuelles en français.
[7] Qui a reçu sa formation dans une école militaire pour jeunes nobles.
[8] Rêveries et théories sont vaines dans la mesure où elles ne produisent rien.
[9] Marcel Granet : La pensée chinoise. Col. « L’évolution de l’humanité ». N° 3. Albin Michel. 1968. 568 p.
Malgré sa date de rédaction (1935), il reste le meilleur ouvrage pour s’initier à un mode de pensée que les spécialistes de la mythologie occidentale ont déjà plus de facilité à appréhender qu’un rationaliste pur et dur.
[10] Yi King, le livre des transformations. Version allemande de Richard Wilhelm, traduit en français par Richard Perrot. Librairie Médicis. 1973. 804 p.
Livre fascinant en raison de textes ouvrant à chaque lecture des perspectives différentes. Le réduire à un simple outil de divination est trop réducteur : en fait, c’est un livre d’exercices spirituels afin d’ouvrir l’esprit pour mieux scruter le réel, découvrir l’invisible dans le visible. Traduction faite par un missionnaire protestant. Cette édition comprend en un seul volume le petit et le grand commentaire.
[11] Confucius (trad. Séraphin Couvreur) : Les quatre livres (La grande étude, L’invariable milieu, Les entretiens, Le Meng Tzeu). Jean de Bonnot. Paris. 1980. 656 p.
Texte avec la version chinoise en vis-à-vis. La traduction de Couvreur, Jésuite, est contestée sur plusieurs points par les sinologues récents (qui l’accusent de succomber à la tentation de christianiser le message de Confucius ou tout simplement d’offrir une lecture chrétienne de Confucius) mais reste une référence.    
[12] Lao Tseu  (trad. Ma Kou) : Tao Te King. Coll. « Spiritualités vivantes ». N° 43. Albin Michel. 1984. S.p.
[13] Les sept traités de la guerre. (trad. et com. de Jean Lévi). Hachette. 596 p.
Tout militaire ou chef d’entreprise devrait posséder et lire ce livre : il explique le succès économique chinois actuel et révèle l’emploi de la force que la Chine pourrait envisager en des circonstances précises…
[14] Pour reprendre le qualificatif de Granet mais j’aurais pu employer « cosmiques » : l’homme reflet de l’univers entier…
[15] Pour la culture hébraïque, il en va de même avec la Kabbale.
[16] Que l’on m’excuse cet imparfait !
[17] Il y a 8 trigrammes possibles. Retenir que le trigramme ne figure pas un fait, une chose mais une tendance, un mouvement.
[18] Il est présupposé que le chef de guerre est un sage : tout historien ou politologue, ne peut qu’être réservé sur cette façon de voir.
[19] Chez les Chrétiens, se pratique ou se pratiquait l’examen de conscience : avant d’agir, prier pour discerner les réelles intentions et portées de l’acte existe aussi.
[20] Cet art raffiné de couper un cheveu en quatre.
[21] Les idées sont trop souvent des habits cachant tant de choses. Toute allusion à l’actualité serait fortuite, bien entendu.
[22] Les Chrétiens disent que d’un mal peut naître un bien : cela permet d’espérer beaucoup en l’avenir.
[23] Est-ce que Talleyrand avait une connaissance du Yi King ? Si non, il en aurait été un adepte sans l’avoir su.
[24] Une sorte d’armée de milice à la façon suisse.
[25] Cinq types de guerre sont envisagés : guerre juste (fin d’une tyrannie ou de troubles), guerre de puissance (expéditions extérieures), guerre de raideur (suite à un mouvement d’humeur), guerre d’agression (recherche de profit matériel) et guerre insurrectionnelle (prises de pouvoir en temps de crise). Cf. Lévi, p. 148. 
[26] Respect de l’ennemi ; ne pas provoquer plus de dommages que ceux imposés par la guerre.
[27] Cf. Wilhelm : p. 51-55 et p. 469-473.
[28] Ne pas mentir à soi-même est la condition essentielle.
[29] Sous le règne du constructeur de la grande muraille de Chine, Che Hoang-ti, en 213 av. J.-C. De nos jours, nous avons d’autres constructeurs de murailles et des censures plus subtiles sous couvert de lois parées de toutes les vertus, apparentes du moins…
[30] Qui a réussi par ses discours à convaincre aussi bien des Chrétiens que des Confucéens mais dont chacun a pu percevoir toute l’efficacité avec 100 millions de victimes (qui n’ont d’ailleurs toujours pas droit à une seule journée de commémoration ou de discours enflammés des dirigeants de la planète). Les « Intellectuels » ne parlent pas de communisme mais de totalitarisme (qualifié de fasciste pour faire bonne mesure), histoire de ne pas gâcher leurs illusions de jeunesse qu’ils cultivent avec amour et révérence, sans soulever la moindre critique des respectueux de la « doxa ».
[31] Il n’y a ainsi plus de grandes disputes sur la nature de Dieu, sur ce qu’Il est ou n’est pas.
[32] Ce qui donnera naissance à différentes interprétations : chez les Juifs, Chrétiens et Musulmans, il existe des lectures aussi différentes de la Bible…
[33] Confucius conteste la noblesse par droit de naissance, elle se mérite (encore faut-il qu’elle soit reconnue chez qui la vit pleinement, c’est le rôle du souverain) : « La naissance n’est rien où la vertu n’existe pas. ».
[34] Voilà une phrase que Rousseau n’aurait pas reniée ; avec Confucius, nous avons, en plus de l’ancienneté, la concision.
[35] Le noble est pris dans son sens étymologique latin de notable : le sage est désigné par son entourage selon ses actes et devient ainsi un notable, nous ne sommes pas à la cour de Louis XIV ou de l’actuelle reine d’Angleterre qui ont produit des courtisans, héréditaires en plus, au lieu de nobles en raison de ce seul mérite qui ne s’héritera jamais.
[36] Chacun de ces mouvements vibratoires ouvre respectivement le front, le larynx et le cœur. Ce lien entre le cœur et l’esprit se retrouve dans le christianisme.
[37] Le « Connais-toi toi-même » de Socrate avant Socrate.  Je donne des titres en notes pour indications.
[38] La vie et la mort sont indissociables : il faut mourir, autant que cela soit pour une cause juste. Naître est une transformation, mourir en est une autre.
[39] Penser la mort est capital pour celui qui peut perdre sa vie comme donner la mort à autrui.
[40] Car ils connaissent la vie et la mort.
[41] L’emploi des armes traduit un échec de la sagesse.
[42] La guerre.
[43] Le post-conflit.
[44] La paix.
[45] Lévi, p. 253
[46] Op cit, p. 187. De nombreux pacifistes omettent volontiers ce message qui revient pourtant sous diverses formes. Certains font de même avec l’Ancien Testament mais pas avec le Coran... J’ai souligné quelques éléments essentiels.
[47] Cf. op cit. p. 187.
[48] Cf. op cit. pp.253-254.
[49] Saisir l’occasion ou l’opportunité sans attendre est une règle souvent répétée.
[50] Cf. op cit. p. 254 : le pragmatisme.
[51] Cf. op cit. p. 213. Ne pas utiliser, sans autre précaution oratoire, cette citation qui pourrait passer pour cynique si isolée de son contexte.
[52]Cf. op cit. p. 213. 

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