Spiritualité et pragmatisme
à travers les antiques écrits chinois
sur la guerre.
Antoine Schülé
« Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant
que la matière. »
Charles Baudelaire. Fusées.
« L’esprit est une puissance de prêter à une
circonstance actuelle
les ressources du passé et les énergies du
devenir. »
Paul Valéry. Mélange. « L’Esprit ».
1.1 Introduction
Sans posséder une religion au
sens où l’entend l’Occident chrétien, la Chine antique a permis le
développement d’une spiritualité spécifique unissant observation et réflexion
pour obtenir une efficacité. Il s’agit de se mettre à l’écoute du monde, de
cette terre qui est un reflet du cosmos, de contempler la réalité et l’ordre de
l’univers, retrouver une unité avec la nature et avec soi-même. Des gestes, des
paroles et des rites symbolisent cette communion du microcosme avec le
macrocosme.
Ceci explique le regain
d’intérêt actuel pour cette mystique asiatique où il ne s’agit pas de trouver
Dieu mais de communier pleinement à une création, la nature infiniment grande
et infiniment petite, qui suppose un créateur[1]
justifiant une hiérarchie sur terre qui se révèlera à travers un protocole
rigoureux. Ainsi les rites et les symboles du quotidien révèlent une
transcendance : au-delà des réalités sensorielles, il y a un mystère à
respecter, qui peut tout au plus s’approcher mais jamais se posséder. Le
mystère d’ailleurs importe peu : le but à atteindre prime et il est
déterminé par la sagesse qui exige que la société respecte un ordre comme la
nature respecte l’ordre de l’univers.
Ainsi au final en Chine, la
sagesse est préférée à une religion qui définit un Dieu ou des dieux avec qui
un lien s’établit. Cette sagesse asiatique qui implique une communion avec la
nature n’est pas une philosophie : la sagesse implique l’acceptation d’un
non-savoir de l’homme à la façon du penseur qui a écrit « Je ne sais qu’une seule chose c’est que je ne
sais rien.» alors que la philosophie est un amour du savoir, au sens
étymologique du terme. Confucius dans ses Sentences,
s’exprime ainsi : « Savoir que
l’on sait ce que l’on sait et que l’on ne sait pas ce que l’on ne sait pas,
voilà le vrai savoir.»[2]. Par
contre, cette sagesse prônée par Confucius a donné naissance à plusieurs
courants philosophiques parfois contradictoires[3],
dus aux spéculations de ses glossateurs (les disciples pouvant trahir leur
maître, cela est un phénomène fréquent). Les philosophes français ont voulu
voir en Confucius le Socrate et le Spinoza, tout à la fois, de l’Asie…mais
c’est une tentation bien occidentale de vouloir classifier à tout prix.
1.2 Les ouvrages de
référence
Pour comprendre la
spiritualité du guerrier chinois, il est nécessaire d’interroger les ouvrages
fondamentaux de la Chine du VIIe s. av. J.-C. jusqu’au Xe
s. après J.-C. Il faut parler d’ouvrages et non d’auteurs : bien des
ouvrages attribués à un auteur sont en fait la poursuite de réflexions déjà
bien établies et connues antérieurement aux datations données aux divers écrits
qui, eux-mêmes, sont les fruits d’une longue tradition orale encore plus
ancienne[4]. Chaque
génération de penseurs a enrichi les textes fondamentaux de leurs expériences.
Il est quelque peu stérile pour notre approche de ce jour de savoir exactement
« Qui a écrit quoi ? »
et « Qui a copié qui? »[5].
Nous sommes face à une tradition vivante dont il faut avant tout saisir
l’esprit.
Sur la vie des auteurs
antiques chinois, il n’existe que très peu de renseignements : ils sont la
plupart du temps entourés d’une aura de légendes et l’essentiel réside dans
leur message, fruit d’une tradition anonyme, et non dans une histoire
personnelle. Du message de Confucius, des disciples ont été les vecteurs et des
continuateurs : 500 ans après sa mort, nous sommes face à une compilation,
à une somme. Le rôle du penseur consiste à donner une impulsion qui se propage
jusqu’à nos jours pour se poursuivre aussi longtemps qu’il y aura des hommes
qui lisent, méditent, pensent et agissent. Nous pourrions tirer un parallèle
dans le christianisme avec les glossateurs des Evangiles qui, pendant 2 000
ans, ont interrogé et interrogent les Saintes
Ecritures ou la Parole de Dieu,
deux expressions qui traduisent déjà deux approches différentes de la même Bonne Nouvelle.
Ne connaissant pas la langue chinoise,
je me réfère à des traductions. Or traduire, c’est toujours trahir un peu,
surtout avec cette langue. Pour exprimer la pensée chinoise, le vocabulaire
occidental[6]
n’est pas adapté et plus d’un traducteur a l’honnêteté de le déclarer à son
lecteur. Prenons l’expression la plus connue mais mal connue : « Se tenir dans le juste milieu. » se
lisait du temps de Confucius[7] au
sens que lui donnait l’archer chinois. Cela signifie que l’archer doit
atteindre le centre de la cible (au prix d’un effort et d’une concentration
très particulière car il n’est pas facile de tendre un arc, de viser et
décocher la flèche afin d’atteindre le but) mais les esprits occidentaux ont
donné un sens, tout autre à cette expression et bien éloigné de ce pragmatisme
chinois ! Or, le centre de la cible, l’objectif est l’harmonie (qui exige
une action une concentration en vue d’une efficacité qui se vérifie dans des
actes[8]…).
Pour compliquer le tout, selon les gestes et les tons ou rythmes divers dont le
même mot est prononcé ou ponctué, ce mot peut avoir des sens différents, voire
en certains cas signifié son contraire !
Granet[9]
souligne le fait que le Chinois n’aime pas les concepts, ces signes abstraits pour
spécifier les idées : il aime les symboles, riches en suggestions
pratiques. Il adopte un principe dans la mesure où celui-ci allie une essence
singulière et une vertu de panacée. La spécificité qui nous intéresse est que
la sagesse chinoise a un idéal d’efficacité. Ainsi la méditation conduit à une
discipline de vie pour agir non pour soi mais pour un ensemble auquel est
apportée une étincelle d’énergie, le tout devant produire un feu d’artifice.
Pour établir cette synthèse,
j’ai relu Le livre des transformations[10]
(le Yi King dit aussi : Livre des mutations), les ouvrages
attribués à Confucius et à Mencius[11],
le Livre de la voie et de la vertu de
Lao Tseu ou le Tao Te King[12],
les sept traités de la guerre : L’art
de la guerre de Maître Sun, Le traité
militaire de Maître Wou, Le code
militaire du Grand Maréchal, L’art du
commandement du commandant Leao, Les trois
ordres stratégiques de Maître Pierre Jaune, Les six arcanes stratégiques, Questions
de l’empereur des T’ang au général Li Wei-Kong[13].
1.3 Quelques notions de
base
Avec ses tendances « universistes »[14]
et « humanistes », la
sagesse chinoise a des fins politiques dans la mesure où elle conditionne les
aménagements de la vie et les activités humaines (donc le souverain, le peuple,
la guerre, l’armée et les chefs militaires). Le lien social est l’image du lien
cosmique.
La pensée chinoise a la
particularité de rassembler des idées dans une certaine confusion et en
conciliant parfois des idées contraires : le goût du paradoxe. Une pensée
mythique renferme un vieux savoir mais
n’ayant aucun lien avec la science,
les connaissances positives comme
nous disons en Occident : il y a une indépendance de la pensée vis-à-vis
de la connaissance.
Le microsome révèle
l’Univers : ainsi, l’homme et la nature ne forment pas deux règnes séparés
mais un tout unique. Si les Occidentaux aiment la Raison, les Chinois aiment les Symboles qui,
pour eux, sont concrets : les plus connus sont le Yin, le Yang et le Tao. Tout
a du sens et rien n’est isolé, nous sommes face à des jeux concertés : les
nombres, les positions dans l’espace, les rythmes du temps avec les couleurs
comme les musiques qui leur correspondent. Le juste milieu, en fait l’objectif
à atteindre qui est le résultat d’une action, est l’harmonie. En vue de l’action, les symboles sont plus forts que
les concepts, les théories ou les dogmes. La pensée humaine n’a pas pour
objectif la connaissance pure mais elle recherche des règles d’action :
son rôle est de secréter un ordre agissant et total.
Les thèmes poétiques, les
dictons des calendriers des Sages ont une force : celle d’instruire et de
corriger. Les mots ont une force[15] :
nommer, c’est donner du sens, c’est révéler un ordre de la nature qui dévoile
et provoque le destin. Les circonstances peuvent donner à la même formule ou à
la même anecdote des sens différents : nous sommes dans le monde des
sous-entendus. Des prières, répétitives, régulières et formatées mais dans une
succession totalement improvisée, provoquent une méditation mystique, ainsi la pensée mystique
peut exprimer une part de l’indicible. Les Cartésiens peinent à comprendre cet
esprit asiatique qui préfère suggérer plutôt qu’expliquer, éveiller la pensée
plutôt qu’informer : l’intuition est privilégiée à la raison. Toutefois
cette intuition n’a de valeur que si elle est fondée sur l’observation
attentive des êtres comme des choses : tout est signe à décoder.
Les textes traditionnels
reprennent très souvent les mêmes illustrations pour traiter des circonstances
particulières : ces images sont comme des cartes dans un jeu et seule la
façon dont elles sont tirées ou ordonnées, assemblées ou dissociées, leur donne
du sens. Avec les fables de La Fontaine, les gens cultivés pouvaient[16]
procéder de même en Europe.
2. Le livre des transformations
ou dit des mutations.
Le Yi King a été lu et commenté, par Confucius et Lao Tseu et a
inspiré plus d’un de leurs aphorismes. Ce livre réunit la quintessence de la
pensée chinoise et trouve son usage dans le quotidien de la vie, aux heures les
plus graves comme les plus ordinaires, pour la paix comme pour la guerre entre
Etats, pour les conflits entre personnes ou encore pour s’accepter soi-même (le
conflit intérieur est le premier à devoir être vaincu). Pour le comprendre,
gardons à l’esprit que tout se transforme en continu : il n’y a pas de
changement brutal, de rupture (ce qu’exprimerait le mot mutation et raison pour laquelle il ne faudrait donc pas le
privilégier). Un flux continu, telle est l’évolution.
Comment faire parler
l’inconscient de l’homme ? Le Yi
King apporte la réponse : il révèle les signes qui manifestent
l’inconscient de l’homme. Des tiges
d’achillée, les baguettes oraculaires, permettent de définir des
hexagrammes : un ensemble de six traits Yin et Yang (trait brisé et trait continu)
mais que le nombre l’ayant déterminé peut en atténuer ou augmenter la
force ; de même, leur place dans
les six traits qui se lisent de bas en haut possède du sens. La première
analyse consiste à considérer les deux trigrammes formés[17],
c’est-à-dire à considérer le degré d’harmonie qu’ils représentent ou pas. La
seconde analyse se fait trait par trait et selon le nombre qui l’a révélé. Nous
obtenons ainsi 64 hexagrammes étudiés : un premier livre donne leurs
interprétations qui sont complétées par un deuxième livre dénommé le Grand commentaire. Les hexagrammes
révèlent la complexité des liens qui unissent les êtres et les choses. Toute
qualité et tout défaut ont un revers qu’il convient de découvrir pour évoluer
tout simplement. Aucun manichéisme n’est acceptable : n’est-ce pas le début
d’une saine tolérance ?
Pour procéder au tirage des
baguettes d’achillée, une préparation est nécessaire : avoir un cœur pur,
apaisé et limpide sont les conditions pour être sincère avec soi comme avec les
autres ; se rendre réceptif aux influences cosmiques afin qu’elles
s’expriment dans le tirage.
Le sage ou le chef de guerre[18]
consulte les oracles pour faire parler leur intuition et ainsi ils acquièrent
une capacité à intervenir sur le monde ou plutôt sur cet espace qui leur est
confié afin que règne l’harmonie. Le Yi
King suggère des modalités d’action pour des situations les plus diverses.
Il est intéressant de signaler que les interprétations insistent sur le
discernement[19]
des motivations et des effets de l’action : fortune, infortune, remords, humiliation,
colère, sagesse, folie… Au final, je demeure convaincu que chacun peut trouver
par ce moyen soit une porte de sortie honorable dans une situation complexe,
soit un encouragement à persévérer dans cette voie qui conduira à l’harmonie,
même s’il faut lutter, voire conduire la guerre pour obtenir cette paix, sans
laquelle aucune harmonie n’est possible.
L’Occident privilégie une
science analytique, un phénomène étudié est trop souvent isolé de son contexte
et « décortiqué » à
l’infini en cultivant une sorte de volupté intellectuelle[20],
assez souvent stérile quand il n’y a pas des batailles pour des idées qui ne
seront de toute façon pas appliquées[21]...
L’Orient aime une science synthétique : il s’agit de tout regarder dans un
ensemble et de repérer soigneusement les rapports internes à cet ensemble.
Wilhelm emploie une image qu’il me faut vous partager : face à la
symphonie du monde, l’Occidental identifie, isole chaque instrument l’un après
l’autre ; l’Oriental, lui, s’attache à comprendre la partition.
Le sage ne découvre pas
l’avenir en raison d’un film mental qui lui projetterait les images de la
réalité à venir. Non, le sage se rend complètement présent à l’instant qu’il
vit pour en déchiffrer toutes les composantes : ainsi, il voit les germes
dont le présent est gros et peut ainsi orienter, comme d’instinct, son action.
Le Yi King est aussi un manuel pour se
scruter soi-même face à des évènements. Son plus grand mérite est de dire et
redire qu’il y a toujours un avantage à retirer d’un désavantage[22] !
Dans une paix apparente, il y a des germes possibles de guerre et, dans la
guerre, il y a des germes de paix à exploiter : tout diplomate digne de ce
nom pourrait en tirer le plus grand bénéfice[23].
Prenons l’hexagramme qui nous
intéresse le plus pour notre thème, le septième.
L’hexagramme 7 est celui de
l’armée : les deux trigrammes qui le constituent sont en bas l’eau et en haut la terre. Il symbolise l’eau qui s’accumule à l’intérieur de la terre
comme la force de l’armée s’accumule à l’intérieur d’un peuple (la Chine est
agraire)[24].
Celle-ci est invisible en temps de paix mais toujours disponible comme
puissance, obéissante à son souverain ou à son général. Ce dernier est un homme
fort qui acquiert la discipline en touchant les cœurs et suscitant
l’enthousiasme.
La guerre est considérée comme
une médecine toxique, en raison de ses ravages et de ses carnages, à n’utiliser
que lorsque tous les autres moyens ont été employés. Le but de guerre[25]
doit répondre à une juste cause qui soulèvera ainsi la pleine adhésion du
peuple, source de l’unité nécessaire et de cette conviction qui donne la
victoire. Dans la passion et l’ivresse du combat, le chef doit veiller à ce
qu’il n’y ait pas d’injustice commise[26].
Deux qualités doivent prédominer : la justice et la persévérance. Les
commentaires[27]
sur cet hexagramme offrent toute une réflexion sur la guerre.
Pour mieux pénétrer la pensée
chinoise sur la guerre, il faut encore lire au moins les hexagrammes 6 :
le conflit, 11 : la paix, 33 : la retraite, 39, l’obstacle. L’essentiel
pour un décideur est d’être sensible au symbole porté par l’hexagramme
61 : la vérité intérieure[28],
source de toute force, le socle de la sincérité – cette vertu fondamentale.
3. Confucius et Mencius
La grande étude et L’invariable
milieu appartiennent à un ensemble appelé Le livre des rites (Li Ki).
Les entretiens réunissent des
sentences, des aphorismes, des anecdotes attribuées à Confucius et j’y ai vu de
grandes similitudes avec le Livre de la
sagesse de l’Ancien Testament. Le Meng
Tseu (latinisé en Mencius au XVIe s. par les Jésuites) est un ensemble de
citations et de commentaires de l’œuvre de Confucius.
Ces quatre livres dévoilent la
doctrine chinoise qui est tout à la fois morale, humanitaire et politique. Dans
la mesure où ils ont été l’objet d’attention pendant 2 500 ans, voire de
destruction volontaire[29],
et où ils ont connu des développements aussi surprenants que contradictoires
avec le taoïsme, le bouddhisme et le communisme[30],
il est nécessaire de les connaître. Inde, Chine, Tibet, Corée et Japon en ont
donné diverses formes mais la racine leur est commune.
Ils pourraient être considérés
comme une déclaration universelle de la sagesse humaniste. En fait, il ne
s’agit pas d’une religion[31]
mais d’un enseignement afin d’adopter une conduite de vie idéale, selon des
normes simples. Les principes enseignés conditionnent d’abord l’individu,
ensuite la famille et ensuite la société. A propos de celui qui gouverne un
pays, Confucius définit les qualités qu’il doit disposer de la façon
suivante : « Le respect de soi,
la magnanimité, la loyauté et la fidélité, la diligence, la bienfaisance.
Alors, on peut diriger les autres. ». Cet enseignement s’adresse
toutefois à deux publics totalement distincts : les souverains ainsi que
les nobles et le peuple agraire. Retenons qu’il y a eu deux lectures :
l’une à la lettre pour le peuple et l’autre dans l’esprit de la lettre[32].
Un trait commun les unit cependant, la poésie. Le peuple pratique des rites
sans forcément comprendre leur sens ou leur portée.
Deux siècles après Homère et
un siècle avant Socrate, en probablement 551 av. J.-C., est né Confucius dans
une famille de modeste noblesse[33],
sans fortune matérielle. Orphelin de père à l’âge de 3 ans, il a connu une
enfance désargentée. Il aimait participer activement aux rites et à la musique.
Par la musique, il assurait son équilibre, son harmonie : ce qui est en
soi une richesse. Dans une école pour
jeunes nobles, il a reçu des initiations à la vie militaire et à la vie de
cour. Ecriture, histoire, musique et littérature de la Chine antique sont au
programme mais aussi, et cela explique plus d’une des formules confucéennes, le
tir à l’arc et la conduite du char. La fidélité est une des valeurs à cultiver
selon une hiérarchie très précise : fidélité au prince, au maître et
finalement au père. La piété filiale impose le culte des ancêtres qui se limite
aux quatre générations qui précèdent celui qui est le chef de famille. Avoir au
moins un fils, et non une fille, est essentiel pour garantir la continuité de
ce culte : la valeur de cet enfant est capitale. Un père a le droit de vie
et de mort sur son épouse, ses enfants ; le maître sur ses subordonnés et
le prince sur ses sujets. A l’image des saisons, le sage connaît un temps
d’activité, un temps de retraite restauratrice comme des besoins périodiques
d’une réfection physique et mentale : l’hiver est le temps de reprendre
des forces comme la nature et le monde animal le pratiquent si bien.
Au temps de Confucius, la
Chine est un ensemble de petits Etats autour du Fleuve Jaune, subissant de
nombreuses invasions. Les affrontements entre divers clans de nobles suscitent
des guerres civiles. Politiquement, cette période vit une grande
anarchie : retrouver une société équilibrée devient une nécessité. Confucius
donne un modèle idéal pour éclairer la voie de chacun, pour définir la cible,
l’objectif à atteindre.
Confucius a recours à des rois
légendaires (Yao et Chouen) pour promouvoir un gouvernement qui repose sur les
vertus. A l’âge de 22 ans, il ouvre une école dont la devise aurait pu être une
parole attribuée à Confucius : « Je
n’invente rien, je transmets.». Le souverain est symbolisé de la façon
suivante : « Celui qui gouverne
les peuples par la force de ses qualités est comme l’étoile polaire qui reste
immobile tandis que toutes les autres s’inclinent devant elle.». En 479 av.
J.-C., il meurt. Ses écrits deviennent une référence incontournable. Les
mandarins ont l’obligation de mémoriser l’œuvre de Confucius.
Alors que, deux siècles et
demi plus tard, Che Hoang-ti avait ordonné de brûler tous les livres de
Confucius et d’enterrer vivants les lettrés confucéens, son œuvre nous est tout
de même partiellement parvenue. Les reconstitutions se sont faites au moyen de
manuscrits cachés dans les murs et des mémoires de quelques lettrés ayant
échappé au massacre. Toutefois, des planchettes de bambou calligraphiées,
reliées par des lanières de cuir, ont été perdues à tout jamais. Il a fallu
attendre le XIIe s. pour que, sous la dynastie des Song, Tchou Hi
(le Saint Thomas d’Aquin du confucianisme) reconstitue l’œuvre que nous
disposons actuellement.
La société doit être le reflet
de l’ordre du monde : cela exige de cultiver des vertus, de respecter une
hiérarchie, d’exiger un protocole et de vivre des rites. Tout doit avoir une place définie en un temps
précis avec des couleurs et des musiques spécifiques. La non-possession des
vertus par des gouvernements entraîne la guerre, ce trouble dans l’ordre
cosmique et qui devient publique. Dans ce désordre apparent, des signes sont
repérables pour évoluer vers un retour à l’harmonie. Ces signes doivent être
reconnus par les sages, les souverains et les chefs de guerre.
Quelques citations ont trouvé
des résonnances dans d’autres textes connus dans d’autres civilisations :
« Ne faites pas à autrui ce que vous ne voulez pas qu’on vous fasse à
vous-même. » (Entretiens XV,
23)
« Se vaincre soi-même, maîtriser ses passions, rendre à son cœur
l’honnêteté qu’il tenait de la nature[34],
voilà la vertu parfaite. » (Entretiens
XII, 1).
N’y aurait-il pas une sagesse
commune à toutes les civilisations ?
A prince juste, peuple juste.
La parole du souverain possède une force et les mots ont une portée
particulière. Dans les Entretiens (XXIII,
3), il y aurait un sujet de méditation pour tout homme politique désireux
d’assurer un pouvoir :
« Si les noms ne sont pas justes, les paroles ne le sont pas non
plus ; si les paroles ne sont pas justes, les actions ne sont pas
parfaites, ni le rite, ni la musique ne prospèrent ; si les rites et la musique ne prospèrent
pas, les châtiments perdent leur raison d’être ; si les châtiments perdent
leur raison d’être, le peuple ne sait plus ce qu’il doit faire ;
Voilà pourquoi le noble[35]
doit en toutes circonstances veiller à ce que ses mots deviennent paroles et
ses paroles, actes. Le noble ne tolérera aucun désordre dans ses paroles. Voilà
ce qui importe. » Ainsi, il est une façon de trouver l’harmonie entre
le nom et la réalité extérieure.
Un individu est corps (front),
parole (larynx) et esprit (cœur) qui s’ouvrent en prononçant le fameux sésame
OM ÂH HUM[36],
répété infiniment. La parole est l’élément de synthèse qui permet la fusion de
composants antithétiques que sont le corps et l’esprit.
4. Le Tao Te King de Lao Tseu
Pour éviter des redites, je
propose quelques textes fondamentaux, liés à notre thématique et qu’il
suffit de lire plusieurs fois pour allumer cette lumière intérieure qui
illumine le sage :
N° 33[37]
Qui connaît les autres a
l’intelligence
Qui se connaît lui-même a le
discernement
Qui triomphe des autres est
fort
Qui triomphe de lui-même
possède la force
Qui sait se contenter est
riche
Qui sait persévérer est
volontaire
Qui sait demeurer est stable
Qui vit la mort jouit d’une
longue vie[38].
N° 50[39] :
Sortir et vivre
Entrer et mourir.
Trois hommes sur dix marchent
sur le chemin de vie.
Trois hommes sur dix marchent
sur le chemin de mort.
Trois hommes sur dix, vivants,
Marchent dans le royaume de la
mort[40].
En lui
Le rhinocéros ne sait où
planter sa corne
Le tigre ne sait où jeter ses
griffes
L’arme ne sait où loger sa
lame.
Pourquoi ?
Car, pour lui, n’existe pas de
royaume de mort.
N° 68[41] :
Un véritable guerrier n’est
pas belliqueux
Un véritable lutteur n’est pas
violent
Un véritable vainqueur évite
le combat
Un véritable chef reste humble
devant ses hommes.
Ceci révèle
La vertu qui ne rivalise pas,
L’art de conduire les hommes,
L’union avec les lois
cosmiques.
N° 30[42] :
Un prince conseillé selon la
voie
Ne soumet pas l’empire par les
armes
Car il connaît le choc en
retour.
Là où l’armée a campé
Les épineux croissent.
Là où une armée est levée
Les mauvaises récoltes
surviennent.
Aussi l’homme juste doit-il se
montrer résolu
Sans user de forces.
Résolu sans fanfaronnades
Résolu sans orgueil
Résolu sans arrogance
Résolu car il n’y a pas
d’autre choix
Résolu sans violence.
La puissance blesse l’âge
Elle va à l’encontre de la
voie
Se termine précocement.
N° 79[43] :
Lorsqu’après une grande
querelle
La paix est faite
Si un ressentiment demeure
Comment cela pourrait-il être
Jugé parfait ?
C’est pourquoi le sage
S’en tient à sa dette
Mais n’exige rien des autres.
La voie du tao
Ne favorise personne
Mais elle est toujours ouverte
A l’être en quête.
N° 80[44] :
Garder la taille de la
population petite
S’assurer que le peuple a des
armes
Mais qu’il ne les emploie pas
Qu’il n’est pas disposé à
voyager au loin
Et qu’il ne considère pas la
mort comme futile.
Bateaux et chars
Sont utilisés le moins
possible.
Armures et armes
Ne sont pas déployées.
La cordelette à nœuds
Sert d’écriture.
La nourriture est savoureuse
Les habits sont beaux
On est content dans sa maison
On apprécie une vie simple.
Les pays voisins sont à portée
de vue.
Coqs et chiens échangent chants
et aboiements.
Les gens meurent de vieillesse
Sans bouger.
Tout lecteur peut gloser comme
il l’entend ces extraits du Tao et,
s’il se donne la peine de lire ce livre peu volumineux mais riche de pensées,
il en ressortira avec un autre regard sur lui-même et le monde : le
travail de l’esprit n’est pas une vision
de l’esprit.
5. Les 7 traités de la
guerre.
« Les armes sont des objets funestes,
les conflits une offense à la raison,
les généraux des préposés funèbres,
aussi n’est-ce qu’à son corps défendant qu’un prince y
a recours. »[45]
Ayant lu et relu ces textes,
j’y trouve principalement une beauté poétique, il y a du Homère dans le verbe
et le style. D’autres formes de beauté : la concision, qualité rare dans
les ouvrages militaires ; la finesse d’analyse, développer une vision
d’ensemble pour mieux distinguer les particularités afin de les exploiter. Ces
traités stratégiques ne doivent pas être réduits à des recueils de recettes
comme l’esprit occidental le ferait trop facilement.
La guerre est un désordre dans
l’ordre des choses, il convient de rétablir l’ordre : c’est ce qui lui
donne sa dimension éthique. N’oublions pas que cet ordre à retrouver ne figure
pas dans ces traités car cet objectif est dans l’esprit de tout lecteur
chinois : nous ne pouvons pas isoler ce contexte mental essentiel pour les
comprendre. Le Code militaire du grand
maréchal[46],
explicitant cette démarche, commence par ces mots :
« Dans les temps anciens, gouverner consistait à régler le peuple par la justice tout
en prenant la charité pour fondement.
Mais lorsqu’on ne peut gouverner suivant cet idéal, alors force est de recourir à des expédients. Les expédients naissent des conflits et non
pas du fond naturel de l’homme. S’il faut tuer pour restaurer la paix, il
ne faut pas hésiter à tuer ; s’il faut attaquer un Etat pour manifester
son amour de l’humanité, il ne faut pas hésiter à attaquer ; s’il faut
user des armes pour faire taire les armes, il ne faut pas hésiter à user du
glaive. Ainsi l’homme bon est aimé, l’homme juste est fêté, l’homme avisé est
soutenu, l’homme courageux est imité, l’homme sincère est cru. On assure sa
défense en se faisant aimer au-dedans ; l’on mène des guerres en se
faisant craindre au-dehors. »[47].
La guerre est la guerre :
il n’y a plus de normalité ou d’anormalité, d’habitude ou d’inhabitude, de
guerre régulière ou irrégulière. Les conditions de l’instant déterminent ce qui
est à faire : c’est la décision du chef de guerre. Le général possède les
pleins pouvoirs et le souverain lui-même, qui lui a donné une mission et des
hommes, ne peut lui dicter comment satisfaire celle-ci : en cas
d’insuccès, il connaît la mort ; en cas de succès, il a fait son travail
et rentre dans le rang avec les honneurs. Le détenteur du pouvoir militaire est
décrit ainsi :
« Le grand capitaine ne connaît ni ciel en haut, ni terre en bas, ni
ennemis devant, ni maître derrière. L’armée d’un homme aussi singulier est un
loup, un tigre, la bourrasque ou l’éclair. Mystérieuse et éclatante, elle sème
l’effroi à travers l’univers. »[48]
La sagesse du commandement ne
repose pas sur des pratiques rituelles mais sur une façon d’être que seul l’esprit
peut donner. Cette citation donne un éclairage nouveau au thème étudié :
« Une armée victorieuse est comme l’eau. Ductile, faible, elle vient à
bout de tout ce qu’elle attaque, fussent les plus hautes montagnes. Il n’y a
pas d’autre secret à cela : elle est concentrée dans l’action, opiniâtre
dans la sape. Pourvu que ses soldats disposent de lames bien trempées, de
solides cuirasses et que ses bataillons sachent alterner les stratégies
directes et indirectes, qui pourra lui résister ? C’est pourquoi il a été
dit : « Que l’on promeuve les sages et donne des emplois au
talent, et les résultats seront bénéfiques sans avoir recours aux almanachs,
que les lois soient claires et les ordres précis, et on connaîtra d’heureux
succès sans consulter les sorts, qu’on honore les exploits et récompense
l’effort, et l’on connaîtra le bonheur sans adresser des prières au ciel. » C’est pourquoi il est dit encore :
« Le moment faste[49]
ne vaut pas la disposition avantageuse sur le terrain, laquelle ne vaut pas
l’union entre les hommes. » Aussi
les anciens ne donnaient-ils leurs soins qu’au facteur humain. »[50].
Il est frappant de constater
combien les grands principes psychologiques sont analysés dans Le code militaire du grand maréchal. Ce
livre est une compilation des textes anciens qui établit des liens entre les
comportements des civils et des militaires. A propos de la peur, voici ce qu’il
est dit :
« Un homme animé par la rage de vaincre ne pense qu’à l’ennemi ;
habité par la peur, il ne pense qu’à sa peur. Pour peu que les deux sentiments
se combinent, leurs avantages respectifs ne feront qu’un. On les fera agir de
concert en les considèrent uniquement sous l’angle de l’opportunité tactique.»[51]
Pourquoi un soldat peut-il
sacrifier sa vie selon ce même code ? La réponse est simple :
« En règle générale, les hommes peuvent sacrifier leur vie par amour,
colère, peur, esprit de justice, goût du lucre. L’art militaire consiste à faire en sorte que les hommes méprisent la
mort grâce à une instruction appropriée et sacrifient leur vie sur l’autel de
la justice, grâce aux principes moraux. »[52].
Les exemples illustrant les
divers traités soulignent aussi la dimension irrationnelle de la guerre :
la conduite des opérations dépend des dispositions prises par l’ennemi ne
suivant pas la voie de la sagesse, ce qui exige de bons renseignements et une
bonne analyse des faits, des signes. La guerre se conçoit comme un organisme
vivant et réactif. La bataille est la résultante de l’affrontement de deux
volontés s’exerçant sur des forces mentales comme physiques antagonistes. Il ne
peut y avoir aucune dichotomie entre l’offensive et la défensive. La victoire
se dessine avec un général qui épouse les dispositions de l’adversaire (il
s’agit d’un véritable corps à corps), la bataille devient ainsi un accouchement sanglant. Seul le temps
désigne la victoire réelle : le vaincu d’hier peut être le vainqueur de
demain. C’est pourquoi, en Chine, la guerre est un art et non une science.
Conclusion :
En ce bref exposé, il n’est
pas possible de faire la synthèse stratégique de ces traités chinois car cela
nous éloignerait de la thématique. Tout au plus, j’ai tenté de vous fournir
quelques pistes. Si je vous ai donné l’envie de découvrir ou redécouvrir cette
pensée antique chinoise non de façon confuse mais en confucéen, je pourrais
dire que j’ai « tenu le juste milieu »
c’est-à-dire atteint l’objectif. Si cela n’était pas le cas, je me consolerais
avec ce proverbe chinois : « On
ne sait pas nécessairement parler de ce qu’on sait faire, ni nécessairement
faire ce dont on sait parler. ».
La spiritualité chinoise, ne
cultivant pas le manichéisme simpliste, est pragmatique : il y a l’homme
en union complexe avec la nature, le cosmos. Pour l’art de la guerre, la seule
nécessité est de rechercher l’efficacité. La sagesse consiste à découvrir d’un
cœur sincère l’harmonie avec le monde
visible et invisible, avec le vide qui est déjà riche d’un plein en devenir et le
plein qui se vide pour donner vie à une nouvelle transformation. Si la matière
se transforme, pourquoi l’esprit ne se transformerait-il pas ? Et pourquoi
l’esprit ne pourrait-il pas transformer le mal en bien ? Seule la sagesse
peut donner les réponses à l’homme en quête de vérité.
La
Tourette, le 17 janvier 2015.
antoine.schule@free.fr
[1]
Jamais nommé : le soleil et l’étoile polaire sont des points fixes, des
repères comme doit l’être le souverain qui n’est pas un créateur mais un
ordonnateur.
[2]
Pascal dans « Les Pensées »
(253) : « Deux excès :
exclure la raison, n’admettre que la raison. ».
[3]
Des écoles diverses ont ouvert des polémiques qui ont encore cours de nos
jours, pour le plus grand plaisir des spécialistes : le phénomène à
retenir est que divers dogmatismes sont nés et des gens sont morts pour cela,
ce qui est contraire au message même de Confucius.
[4]
Comment ne pas penser aux origines de la littérature au Moyen Age, d’où mon
intérêt pour ce thème !
[5]
Pour les récits mythologiques, les contes de fée, les légendes en Afrique, dans
les Etats amérindiens ou l’Europe, il en va de même.
[6]
Kurt Friedrichs, Ingrid Fischer-Schreiber, Franz-Karl Ehrhard, Michael S.
Diener (trad. de l’allemand) : Dictionnaire
de la sagesse orientale. Coll. Bouquins. Robert Laffont. 1989. 764 p.
Très utile pour
poursuivre la recherche initiale pour laquelle de bonnes traductions suffisent
et une fois que sont maîtrisées les différences graphiques avec les éditons
usuelles en français.
[7]
Qui a reçu sa formation dans une école militaire pour jeunes nobles.
[8]
Rêveries et théories sont vaines dans la mesure où elles ne produisent rien.
[9]
Marcel Granet : La pensée chinoise.
Col. « L’évolution de l’humanité ». N° 3. Albin Michel. 1968. 568 p.
Malgré sa date
de rédaction (1935), il reste le meilleur ouvrage pour s’initier à un mode de
pensée que les spécialistes de la mythologie occidentale ont déjà plus de
facilité à appréhender qu’un rationaliste pur et dur.
[10]
Yi King, le livre des transformations.
Version allemande de Richard Wilhelm, traduit en français par Richard Perrot.
Librairie Médicis. 1973. 804 p.
Livre fascinant
en raison de textes ouvrant à chaque lecture des perspectives différentes. Le
réduire à un simple outil de divination est trop réducteur : en fait,
c’est un livre d’exercices spirituels afin d’ouvrir l’esprit pour mieux
scruter le réel, découvrir l’invisible dans le visible. Traduction faite par un
missionnaire protestant. Cette édition comprend en un seul volume le petit et le
grand commentaire.
[11]
Confucius (trad. Séraphin Couvreur) : Les
quatre livres (La grande étude, L’invariable milieu, Les entretiens, Le
Meng Tzeu). Jean de Bonnot. Paris. 1980. 656 p.
Texte avec la
version chinoise en vis-à-vis. La traduction de Couvreur, Jésuite, est
contestée sur plusieurs points par les sinologues récents (qui l’accusent de
succomber à la tentation de christianiser le message de Confucius ou tout
simplement d’offrir une lecture chrétienne de Confucius) mais reste une
référence.
[12]
Lao Tseu (trad. Ma Kou) : Tao Te
King. Coll. « Spiritualités vivantes ». N° 43. Albin Michel.
1984. S.p.
[13]
Les sept traités de la guerre. (trad.
et com. de Jean Lévi). Hachette. 596 p.
Tout militaire
ou chef d’entreprise devrait posséder et lire ce livre : il explique le
succès économique chinois actuel et révèle l’emploi de la force que la Chine
pourrait envisager en des circonstances précises…
[14]
Pour reprendre le qualificatif de Granet mais j’aurais pu employer « cosmiques » : l’homme reflet
de l’univers entier…
[15]
Pour la culture hébraïque, il en va de même avec la Kabbale.
[16]
Que l’on m’excuse cet imparfait !
[17]
Il y a 8 trigrammes possibles. Retenir que le trigramme ne figure pas un fait,
une chose mais une tendance, un mouvement.
[18]
Il est présupposé que le chef de guerre est un sage : tout historien ou
politologue, ne peut qu’être réservé sur cette façon de voir.
[19]
Chez les Chrétiens, se pratique ou se pratiquait l’examen de conscience :
avant d’agir, prier pour discerner les réelles intentions et portées de l’acte
existe aussi.
[20]
Cet art raffiné de couper un cheveu en quatre.
[21]
Les idées sont trop souvent des habits cachant tant de choses. Toute allusion à
l’actualité serait fortuite, bien entendu.
[22]
Les Chrétiens disent que d’un mal peut naître un bien : cela permet
d’espérer beaucoup en l’avenir.
[23]
Est-ce que Talleyrand avait une connaissance du Yi King ? Si non, il en
aurait été un adepte sans l’avoir su.
[24]
Une sorte d’armée de milice à la façon suisse.
[25]
Cinq types de guerre sont envisagés : guerre juste (fin d’une tyrannie ou
de troubles), guerre de puissance (expéditions extérieures), guerre de raideur
(suite à un mouvement d’humeur), guerre d’agression (recherche de profit
matériel) et guerre insurrectionnelle (prises de pouvoir en temps de crise).
Cf. Lévi, p. 148.
[26]
Respect de l’ennemi ; ne pas provoquer plus de dommages que ceux imposés
par la guerre.
[27]
Cf. Wilhelm : p. 51-55 et p. 469-473.
[28]
Ne pas mentir à soi-même est la condition essentielle.
[29]
Sous le règne du constructeur de la grande muraille de Chine, Che Hoang-ti, en
213 av. J.-C. De nos jours, nous avons d’autres constructeurs de murailles et
des censures plus subtiles sous couvert de lois parées de toutes les vertus,
apparentes du moins…
[30]
Qui a réussi par ses discours à convaincre aussi bien des Chrétiens que des
Confucéens mais dont chacun a pu percevoir toute l’efficacité avec 100 millions
de victimes (qui n’ont d’ailleurs toujours pas droit à une seule journée de
commémoration ou de discours enflammés des dirigeants de la planète). Les
« Intellectuels » ne parlent pas de communisme mais de totalitarisme
(qualifié de fasciste pour faire
bonne mesure), histoire de ne pas gâcher leurs illusions de jeunesse qu’ils
cultivent avec amour et révérence, sans soulever la moindre critique des
respectueux de la « doxa ».
[31]
Il n’y a ainsi plus de grandes disputes sur la nature de Dieu, sur ce qu’Il est
ou n’est pas.
[32]
Ce qui donnera naissance à différentes interprétations : chez les Juifs,
Chrétiens et Musulmans, il existe des lectures aussi différentes de la Bible…
[33]
Confucius conteste la noblesse par droit de naissance, elle se mérite (encore
faut-il qu’elle soit reconnue chez qui la vit pleinement, c’est le rôle du
souverain) : « La naissance
n’est rien où la vertu n’existe pas. ».
[34]
Voilà une phrase que Rousseau n’aurait pas reniée ; avec Confucius, nous
avons, en plus de l’ancienneté, la concision.
[35]
Le noble est pris dans son sens
étymologique latin de notable :
le sage est désigné par son entourage selon ses actes et devient ainsi un notable, nous ne sommes pas à la cour de
Louis XIV ou de l’actuelle reine d’Angleterre qui ont produit des courtisans, héréditaires en plus, au
lieu de nobles en raison de ce seul
mérite qui ne s’héritera jamais.
[36]
Chacun de ces mouvements vibratoires ouvre respectivement le front, le larynx
et le cœur. Ce lien entre le cœur et l’esprit se retrouve dans le
christianisme.
[37]
Le « Connais-toi toi-même »
de Socrate avant Socrate. Je donne des
titres en notes pour indications.
[38]
La vie et la mort sont indissociables : il faut mourir, autant que cela
soit pour une cause juste. Naître est une transformation, mourir en est une
autre.
[39]
Penser la mort est capital pour celui qui peut perdre sa vie comme donner la
mort à autrui.
[40]
Car ils connaissent la vie et la mort.
[41]
L’emploi des armes traduit un échec de la sagesse.
[42]
La guerre.
[43]
Le post-conflit.
[44]
La paix.
[45]
Lévi, p. 253
[46]
Op cit, p. 187. De nombreux pacifistes omettent volontiers ce message qui
revient pourtant sous diverses formes. Certains font de même avec l’Ancien
Testament mais pas avec le Coran... J’ai souligné quelques éléments essentiels.
[47]
Cf. op cit. p. 187.
[48]
Cf. op cit. pp.253-254.
[49]
Saisir l’occasion ou l’opportunité sans attendre est une règle souvent répétée.
[50]
Cf. op cit. p. 254 : le pragmatisme.
[51]
Cf. op cit. p. 213. Ne pas utiliser, sans autre précaution oratoire, cette
citation qui pourrait passer pour cynique si isolée de son contexte.
[52]Cf.
op cit. p. 213.
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