vendredi 15 juillet 2016

Histoire militaire suisse : bibliographie sélective 1960-2010


Historiographie militaire suisse
Eléments bibliographiques commentés

Antoine Schülé

Sans être exhaustif, je mentionne les ouvrages les plus importants pour effectuer une recherche en histoire militaire suisse, de façon pluridisciplinaire et originale. Les sources ou les auteurs cités permettent d’accéder à d’autres références bibliographiques plus spécifiques. De préférence, j’ai privilégié l’ordre chronologique à l’intérieur des rubriques. M’adressant à un public francophone, j’ai limité les mentions d’auteurs de langue allemande non traduits en français, toutefois il est possible de retrouver ces derniers dans les ouvrages que je cite. Pour tout renseignement complémentaire, écrire un courriel à : antoine.schule@free.fr .

Plan
1.      Archives
2.      Outils de bibliographie
3.      Ecrivains militaires
4.      Ouvrages de base
4.1. Antérieurs à 1960 : les « incontournables »
4.2. Publications de l’autorité fédérale
4.3. Bibliographie militaire
4.4. Publications du CHPM
4.5. Autres publications
4.6. Revue militaire suisse
4.7. ESM St. Cyr-Coëtquidan
5.      Sites Internet
6.      Raison et passions : le débat sur la Suisse de 1939-45

1.      Archives :

Rudolf Jaun, Sacha Zala : Inventaire des fonds relatifs à l’histoire militaire suisse. Fonds des archives cantonales et fonds privé. 1848-2000. Frac EMA 152 Archives de l’armée. Bern. 2004. Vol. 1.  352 p.
Ce répertoire des sources est très complet pour effectuer une approche pluridisciplinaire sur la Suisse et l’armée, plus particulièrement, sur l’évolution de l’armée dans le temps : cette armée d’abord instrument de défense de l’Etat et qui devient instrument de la politique de sécurité. Une particularité : la Suisse possède en plus des Archives fédérales, 26 archives cantonales. Les fonds privés restent encore à être mieux exploités par les chercheurs.

Rudolf Jaun, Sacha Zala : Inventaire des fonds relatifs à l’histoire militaire suisse. Fonds des Archives fédérales, des archives étrangères et bibliothèques militaires. 1848-2000. Frac EMA 152 Archives de l’armée. Bern. 2004. Vol. 2. 288 p.
Outil précieux pour une première approche des Archives fédérales (voir plus spécialement  le vol. 3) afin de connaître, en plus, des sources exploitables dans 35 archives étrangères et plusieurs bibliothèques militaires méconnues, malheureusement.

Rudolf Jaun, Sacha Zala : Inventaire des fonds relatifs à l’histoire militaire suisse. Inventaire thématique des fonds des Archives fédérales. 1848-2000. Frac EMA 152 Archives de l’armée. Bern. 2006. Vol. 3. 384 p.
D’un emploi pratique, il permet une approche selon cinq thèmes principaux : 1. Politique militaire, de défense et de sécurité ; 2. Bases juridiques ; 3. Défense nationale militaire ; 4. Défense nationale non militaire ; 5. Mises sur pied, services actifs et mobilisations. A consulter tout particulièrement pour les archives d’ « Armée 95 ».

Ed. Tschabold : E27 Landesverteidigung 1848-1950. Bern. Februar 1978. Polycopies en deux classeurs. Vol. 1 : 751 p. ; vol.2 : 901 p.
Pour l’histoire militaire suisse de 1848 à 1950, l’inventaire complet du fonds E27 des Archives fédérales, déposées à Berne, est rédigé en allemand mais d’un emploi aisé (thématique et chronologique). Source incontournable pour toute recherche sérieuse, il est possible d’avoir d’heureuses surprises car des documents, ne se trouvant pas dans le carton où ils devraient être,  se retrouvent dans d’autres... De nombreuses sources sont en français et ceux qui ignorent l’allemand ou l’italien ne doivent pas se décourager car souvent les documents importants sont traduits.

Commission nationale pour la publication de documents diplomatiques suisses : Documents diplomatiques. Benteli. Berne.
A consulter spécialement : 1939-45, vol. 13 à 15 ; 1945-1947, vol 16 ; volumes parus de 1991 à 1997. Pour comprendre les choix militaires de la Suisse, il est nécessaire de bien percevoir les contextes politique et diplomatique souvent, soit méconnus, soit victimes de clichés déformants.

2.      Outils de bibliographie :

Jean-Louis Santschy : Manuel de bibliographie générale de l’histoire suisse. Ed. Herbert Lang. Berne. 1961. 252 p.
Très bon outil de bibliographie générale sous la forme d’un guide pratique, analytique et critique, l’auteur donne des commentaires utiles aux chercheurs s’intéressant aux publications antérieures à 1960.

Comité de Bibliographie de la Commission Internationale d’Histoire militaire : Bibliographie internationale d’histoire militaire. 
Daniel Reichel en a été un des membres fondateurs très actif et a donné une impulsion forte à son rayonnement. Très utile pour pratiquer l’histoire comparée.

3.      Ecrivains militaires

La collection « Les écrivains militaires », établie à l’initiative de l’Association « Semper fidelis », offre des notices biographiques, des extraits d’auteurs bien souvent à redécouvrir ainsi que des bibliographies spécifiques originales. Elle réunit les auteurs de langue française (quelques-uns ayant écrit aussi en allemand). Nous y trouvons des militaires de carrière, des historiens, des journalistes, des peintres, des témoins, des stratèges, des juristes, tous témoins de la diversité d’une pensée militaire romande : la plupart d’entre eux sont méconnus et leurs noms sont cités pour chaque volume.

Ecrivains militaires vaudois. Choix de textes et de documents. Ed. Ovaphil. Lausanne. 1975. 170 p.
Gamaliel de la Tour, Charles-Emmanuel Warnery, Noé-Abraham Bonjour, Antoine-Henri Jomini, Ferdinand Lecomte, Edouard Secrétan, Fernand Feyler, Paul de Vallière, Bernard Barbey.

Ecrivains militaires genevois. Choix de textes et de documents. Ed. Ovaphil. Lausanne. 1978. 168 p.
Jacques-Barthélémy Micheli du Crest, Gabriel Pictet, François-Auguste Tissot-Grenus, Charles Pictet de Rochemont, Guillaume-Henri Dufour, Frédéric-Louis Rilliet de Constant, Ernest Grosselin, Robert de Traz, Marcel Montfort.

Ecrivains militaires valaisans. Choix de textes et de documents. Ed. Ovaphil. Lausanne. 1983. 168 p.
Pierre-Jacques de Rivaz, Louis-Régis de Courten, Chrétien Gattlen, Hyacinthe Clemenso, Antoine Kaempfen, Louis Robatel, Charles-Louis de Bons, Louis Couchepin, Jacques Calpini.

Ecrivains militaires fribourgeois. Choix de textes et de documents. Ed. Ovaphil. Lausanne. 1986. 203 p.
François-Nicolas d’Alt, François Girard, Nicolas de Gady, Ferdinand Perrier, Simon Castella, Henri de Schaller, Arthur de Techtermann, Max de Diesbach, Jules Repond, Pierre-Félix Glasson, Roger de Diesbach, Gonzague de Reynold, Pierre Barras.

Ecrivains militaires neuchâtelois. Choix de textes et de documents. Ed. Gilles Attinger. Hauterive. 1988. 190 p.
Pétremand de Cressier, Emer de Vattel, François-Henri de Meuron-Bayard, Ami Girard, Louis de Perrot, Bernard de Gélieu, Auguste Bachelin, Claude du Pasquier, Samuel Gonard, Eddy Bauer.

Ecrivains militaires de l’ancien Evêché de Bâle. Choix de textes et de documents. Saignelégier, Saint-Imier. 1990.
Claude Sudan, Georges-Louis Liomin, Victor Thellung de Courtelary, Jean-Baptiste de Verger, Abraham Roesselet, Théophile Voirol, Auguste Quiquerez, Xavier Elsaesser, Jean-Pierre Bélet, Xavier Kohler, Casimir Folletête, Albert Pagan, Ernest Krieg, Alphonse Cerf, Virgile Moine, Arthur Nicolet, Fernand Gigon.

4.      Ouvrages de base :

4.1 Antérieurs à 1960

Des ouvrages récents se contentent d’être des compilations ne mentionnant  pas toujours leurs sources et sans offrir une synthèse vraiment originale. Plutôt que de faire état de ces compilations de valeur inégale, je préfère vous signaler les « incontournables » publications antérieures à 1960 et qui offrent encore des pistes à exploiter ou des clefs de compréhension de ces faits qui forment l’histoire des pays, les Cantons qui forment sur la longue durée ce qui sera appelé la Suisse. Ils permettent une approche pluridisciplinaire en vue d’une prospective, au sens où l’entend Daniel Reichel.

Marcel Godet, Heinrich Türler, Victor Attinger : Dictionnaire historique et biographique de la Suisse. Ed. Attinger. Neuchâtel. 1918-1934. 7 vol. et 1 vol. de suppléments.
Ouvrage fondamental pour l’histoire suisse, usuellement dénommé le DHBS, il réunit quelques 22 131 notices, rangées par ordre alphabétique et fournissant des notes bibliographiques, accompagnées de 6 567 vignettes et de 101 planches en couleurs. A consulter avec le DHS, ci-dessous mentionné, pour son actualisation (qui n’a pas été faite pour tous les articles et dont certains manquent au DHS).

Johannès Dierauer (traduit de l’allemand par Auguste Reymond) : Histoire de la Confédération suisse. Payot. Lausanne. 6 vol. 1911-1919.
Il a conditionné l’histoire suisse officielle (un « Evangile » pour certains) : en tenant compte de ses choix et de sa vision particulière du passé, il permet d’identifier ces points d’histoire qui méritent d’être reconsidérés avec un regard neuf.

M. Feldmann, H.G. Wirz : Histoire militaire de la Suisse. 4 vol. (version reliée) ou 12 cahiers (version brochée). Ed. Commissariat central des guerres. Berne. 1915-1921.
Ouvrage collectif ayant une abondante et complète bibliographie d’histoire militaire jusque dans les années 1910, il est un passage obligé pour tout chercheur. Les mises en perspective sont nombreuses et peuvent intéresser le sociologue, l’historien, le militaire, le politologue ou l’ethnologue !  Cette étude est essentielle pour la compréhension du devoir de défense, tel que les peuples suisses l’ont conçu à travers leur histoire. De nombreuses cartes et une abondante bibliographie permettent une approche rapide des sujets militaires jusqu’au début du 20e siècle. 1er et 2e volume : 1315-1515 ; 3e volume 1515-1815 (+9e cahier du vol 4) ; 4e volume : 1815-1915 (dès le 10e cahier).

Robert Weber : Vue d’ensemble de l’histoire militaire de la Suisse. Commissariat central des guerres. Berne. 1925. 48 p.
Ouvrage de synthèse pratique pour une première approche d’une personne ne connaissant pas le passé militaire suisse. 

Paul de Vallière : Honneur et fidélité. Histoire des Suisses au Service étranger. 2e éd. Art suisse ancien. Lausanne. 1940. 774 p.
Il est impossible de comprendre l’histoire de la Suisse sans connaître les alliances militaires qui l’ont unie au reste du monde. Les Suisses ont contribué, par leurs engagements à l’étranger, depuis 1515, à la création de nombreux Etats que nous connaissons de nos jours. L’auteur a réuni une abondante illustration. Un index analytique en facilite la consultation.

Atlas historique de la Suisse. Ed. Sauerländer. Aarau. 1951. 64 p.
La Confédération helvétique est reconnue depuis le XIIIe siècle et différentes cartes marquent son évolution jusqu’à nos jours. Il est cependant accordé une bonne place aux cartes allant de la préhistoire et de l’époque romaine jusqu’aux premiers siècles du moyen-âge.

Charles Knapp, Maurice Borel : Dictionnaire géographique de la Suisse. Ed. Frères Attinger. Neuchâtel. 1902-1910. 6 volumes.
Malgré sa date d’édition, il reste l’ouvrage de base de la géographie suisse.

Théodore Rouffy : Précis de géographie militaire de la Suisse. Ed. Martinet. Lausanne. 1914. 114 p.
De façon brève, l’auteur met en évidence les contraintes géographiques qui ont pesé sur les choix quant à notre système de défense. Son analyse permet de mieux comprendre les choix de manœuvres lors de grands exercices d’armée et les doctrines d’engagement adoptées.

Hans von Dach : Der totale  Widerstand : Kleinkriegsanleitung für jedermann. Druckschriften des SUOV, Bern, 1958, 184 p.
Suite à la crise de Hongrie, ce major a édité un manuel pratique de la petite guerre engageable en Suisse contre une puissance militaire occupante. Ce manuel de résistance a été traduit en anglais par Hans Lienhard pour Panther publications, en 1965  : Total resistance. Colorado. 176 p.

Charles Gos : Généraux suisses. Commandants en chef de l’armée suisse de Marignan à 1939. Cabédita. Yens/Morges. 1990. 344 p.
Il s’agit d’une réédition d’un ouvrage de 1932, avec un chapitre actualisé pour le général Guisan.  Utile pour une première approche prosopographique des généraux suisses, la Confédération n’ayant un général qu’en temps de guerre.

4.2. Publications de l’autorité fédérale :

A travers ces différents textes officiels, l’évolution du principe de défense vers celui de la sécurité est discernable,  la sécurité ne supprimant pas la défense.

Feuille fédérale : 16 juin 1966. 118e année, vol.1 : 9478 Rapport de Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale concernant la conception de la défense nationale militaire (du 6 juin 1966).
Entre 1951 et 1966, l’armée a subi trois réformes importantes : l’Organisation des Troupes de 1951 (OT51), la réforme 1961 et ce rapport qui définit de façon claire les prestations attendues de l’armée.
Derrière ces trois réformes se cachent de vives polémiques qui sont nées dès la fin de la Seconde guerre mondiale.

Rapport 90 (90.061) du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale du 1er octobre 1990 sur la politique de sécurité de la Suisse « La politique de sécurité suisse en mutation. »

Plan directeur de l’armée 95 : rapport (92.009) du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale du 27 janvier 1992 sur la conception de l’armée dans les années 90.

Loi militaire (LM) du 3 février 1995, RS 510.10

RAPOLSEC 2000 : rapport du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale sur la politique de sécurité de la Suisse.
Il définit le plan directeur de l’armée  Armée XXI. Trois tâches fondamentales 1. Contribution à la promotion de la paix dans un cadre international; 2. Sûreté sectorielle et défense ; 3. Engagements subsidiaires pour la prévention et la maîtrise des dangers existentiels. Quatre principes : la Suisse a une armée ; une armée de milice ; respect du principe de neutralité armée ; armée apte à la coopération.

4.3. Bibliographie militaire :

Seuls quelques auteurs sont présentés parce que, soit ils ont effectué une recherche originale, soit ils ont ouvert de nouvelles approches. Il s’agit d’un aperçu et d’un choix que j’assume. La diversité des thèmes abordés est volontaire.

Ouvrages principaux dès 1960 :

Marco Jorio (rédacteur en chef) : Dictionnaire historique de la Suisse. Fondation Dictionnaire historique de la Suisse. Ed. Gilles Attinger. Hauterive. (collection prévue en 12 tomes). 2001-2013.
Abrégé le DHS, il traitera en 36 000 articles l’histoire suisse dans les trois langues nationales. Il est pourvu de nombreuses références bibliographiques. Il est cependant nécessaire de recourir au DHBS (voir ci-dessus) car certains articles n’ont pas été repris. Pour la version française :
Vol.1 : A-Ban, 2001 ; vol.2 : Ban-Cam, 2002 ; vol.3 : Can-Der, 2003 ; vol. 4 : Des-Fin, 2004; vol. 5 : Fir-Gri 2005; vol.6 : Gro-Ist, 2006; vol. 7: Ita-Loz, 2007; etc.

Walter Schaufelberger : Histoire militaire de la Suisse. s.l., s.d. 4 classeurs de feuillets non paginés
Avec une finesse d’esprit et une iconographie aussi remarquable qu’originale, l’auteur se base sur une illustration choisie en raison de ses qualités pour développer un voyage à travers l’histoire militaire suisse, en soulignant sa diversité et sa richesse. Il soulève plus d’un thème qui pourrait faire l’objet d’études plus approfondies.

Service de l’Etat-major général, section des renseignements, Bureau Etudes : Revue d’information et de documentation. 1957-1973.
Daniel Reichel a développé un bel outil d’informations ouvertes sur les armées et doctrines étrangères. En trois langues, il est une mine d’informations pour pratiquer l’histoire comparative en matière de doctrines notamment. L’édition complète se trouve à la BiG (Bibliothek am Guisanplatz, à Berne, c’est l’ancienne BMF, Bibliothèque militaire fédérale), sous la cote PPI 410, rayon U277.Vous avez des inventaires : n° 11/12/1964 et 1/1961 (pour 1961-1964) ; 1-2/1969 (pour 1965-1968) ; 2/1973 (pour 1969-1972).

Eddy Bauer : La guerre des blindés. Les opérations de la deuxième Guerre mondiale sur les fronts d’Europe et d’Afrique. Ed. Payot. Lausanne. 2e éd. 1962.
Ce livre reste à bon droit une référence à consulter. Méthode rigoureuse et analyse pragmatique sont deux de ses qualités.

Edgar Bonjour (trad. de l’allemand par Charles Oser) : Histoire de la neutralité suisse. Quatre siècles de politique extérieure fédérale. Ed. La Baconnière. 1970. Vol. IV : 488p. Vol. V : 472 p. Vol.VI : 440 p.
L’ensemble de cette histoire de la neutralité comporte des milliers de pages. Les volumes IV à VI sont particulièrement utiles pour une approche pluridisciplinaire. Il étudie les mesures de commandement de l’armée, d’après sa consultation des documents émis par les autorités civiles et militaires et déposés aux Archives fédérales : en ce sens, il a fait œuvre de pionnier. Voir synthèse parue en 1978.

Daniel Reichel : Davout et l’art de la guerre. Recherches sur la formation, l’action pendant la révolution et les commandements du maréchal Davout, duc d’Auerstaedt, prince d’Eckmühl (1770-1823). Centre d’histoire et de prospective militaires. 1975. 440 p.
L’auteur démontre de façon brillante que l’histoire militaire est une science de synthèse en matière de sciences comparées. Etudier d’un regard neuf un sujet ancien : le défi de l’historien. De l’histoire pluridisciplinaire en faire une étude de prospective : une force communicative de notre auteur. En Davout, il y voit un modèle de commandement : non pour l’imiter servilement mais pour travailler dans un esprit innovant.

Daniel Reichel (sous la direction de) : Grandson -1476. Essai d’approche pluridisciplinaire d’une action militaire du XVe siècle. Centre d’histoire et de prospective militaires. Lausanne. 1976. 256 p.
Réunissant plusieurs spécialistes, Daniel Reichel a réussi une étude originale permettant de porter un regard neuf sur un fait historique qui est devenu un grand mythe officiel et qui peut encore nous enseigner de nos jours. L’histoire pour établir une prospective : une démonstration.

Hans- Rudolf Kurz : L’Armée Suisse aujourd’hui. Ed. Ott. Thoune.1976. 492 p.
Deuxième édition française, il offre un tableau classique de l’armée constituée en vue d’une défense totale. Il est le prolongement naturel du livre de : Robert Frick, Fred Kuenzi et Ernest Uhlmann, Notre défense. Ed. Gottfried Schmid. Zurich et Genève. 1953. 500 p.

Hans von Dach : Kampfbeispiele. Ed. Huber. Frauenfeld. 1977. 144 p.
Manuel pratique donnant des exercices réalistes de combat pour la troupe. Aussi pragmatique que son livre pour une résistance en Suisse pendant la Guerre froide (voir ci-dessus).

Edgar Bonjour (trad. de l’allemand par Charles Oser) : La neutralité suisse. Synthèse de son histoire. Ed. La Baconnière. Neuchâtel. 1978. 240 p.
Utile pour une première approche, cet ouvrage contient de nombreux clichés qu’il convient de nuancer ou de réviser : bon exemple d’histoire officielle. Jusque dans les années 90, cet auteur a été la référence obligée des historiens comme des autorités politiques.

Clément Bosson : Armes individuelles du soldat suisse. Ed. Favre. 1980. 208 p.
Découvrir l’histoire méconnue de l’armement en Suisse est l’objet de ce livre qui peut plaire aussi bien aux historiens qu’aux amateurs d’armes anciennes.

Daniel Reichel : Le Feu (cahiers I et II). 1982. 52 p. et 52 p. Le Feu (III). 1983. 100 p. ; Le Choc. 1984. 64 p. ; La manœuvre et l’incertitude. 1986. 68 p. Cahiers du CHPM.
Cet ensemble de 5 cahiers (qui viennent d’être réédités en un seul volume chez Cabédita) forme une base pour toute personne désireuse de se consacrer à l’histoire militaire de façon pluridisciplinaire et en pratiquant l’histoire comparée : l’historien débutant ou confirmé les relit chaque fois avec profit.

L’Etat-major général suisse. Der Schweizerische Generalstab. Centre d’histoire et de prospective militaires. Série Recherches de Sciences comparées. Ed. Helbing et Lichtenhahn. Basel.
Source très utile et précise mais exigeant du lecteur d’être un bilingue allemand-français, cette collection ouvre de nombreux champs de recherche encore à explorer pour le XIXe et le XXe siècle. Toutes  les périodes ne sont pas encore couvertes.
Vol. 1 : Georges Rapp, Viktor Hofer : Des origines à la guerre du Sonderbund. 1983. 268 p.
Vol. 2 : Viktor Hofer : Entstehung und Entwicklung einer interdisciplinären Institution (1848-1874). 1983. 276 p.
Vol. 3 : Rudolf Jaun : Das Eidgenössische Generalstabkorps 1804-1874. 1983. 316 p.
Vol. 7 : Hans Senn : Anfänge einer Dissuasionsstrategie während des Zweiten Weltkrieges. 1995. 536 p.
Vol.9 : Jérôme Guisolan : Le corps des officiers de l’Etat-major général suisse pendant la Guerre froide (1945-1966) : des citoyens au service de l’Etat ? L’apport de la prosopograhie. 2004. 500 p.

Hans- Rudolf Kurz : Cent ans d’Armée suisse. Ed. Troislangues. Lugano-Porza. 1981. 244 p.
Cet ouvrage est très utile pour percevoir l’évolution de l’armée depuis 1870. De nombreuses cartes schématisées le rendent indispensable. Il développe la notion de sauvegarde de l’indépendance de la Suisse, par le respect de la neutralité, une forme de stratégie pour un petit Etat confédéré entouré de grands voisins.

Hans- Rudolf Kurz : Histoire de l’Armée suisse. De 1815 à nos jours. Ed. 24 heures. Lausanne. 1985. 178 p.
Cette brève synthèse de l’histoire de l’armée allie clarté et précision. L’auteur est connu pour ses ouvrages sur la défense suisse. Ses études offrent une contribution fondamentale à la compréhension du système de milice qu’est l’armée suisse.

Jean-Jacques Langendorf : Guillaume Henri Dufour ou la passion du juste milieu. Ed. Coeckelberghs. Lucerne. 1987. 160 p.
Ecrivain et historien militaire, il sait allier plaisir de partager son savoir et le goût de la belle écriture. Aimant provoquer par des approches originales, il remet en cause des idées conformistes pour se conformer, dans ses écrits, par préférence à ce qui lui paraît être le plus vrai.

Evelyne Maradan : Les Suisses et la Légion étrangère de 1831 à 1861. Mémoire Faculté des Lettres de Fribourg. 1987. 316 p.
Sa mise en perspective nous fait heureusement sortir des sentiers battus quant à la Légion, cette force de sécurité et de coercition.

Association suisse d’Histoire et de sciences militaires : La guerre et la montagne. L’influence des Alpes et du jura sur la stratégie à travers les siècles. Ed. Attinger.  Hauterive. 1988. 292 p.
Ce titre explicite réunit des études en allemand et en français – ainsi qu’une en italien - de nos principaux historiens militaires : Fritz Wille, Gerold Walser, Hans Conrad Peyer, Stefan Sonderegger, Louis-Edouard Roulet, Jürg Stüssi-Lauterburg, Dominic M. Pedrazzini, Daniel Reichel, Dagmar Heuberger, Hans Rapold, Hans Senn et Roberto Mocetti.

Ernst Hostettler : Les armes de l’Armée suisse. Buch-Vertiebs-GMBH. Zürich. 1988. 66 p.
Edition en trois langues, les armes suisses pendant la Guerre froide sont bien illustrées.

Willi Gautschi : Le général Guisan. Le commandement de l’armée suisse pendant la seconde guerre mondiale. Ed. Payot. Lausanne. 1991. 901 p.
Ce livre traduit de l’allemand est la biographie la plus complète et objective du Général Guisan : sans tomber dans l’hagiographie ou le dédain total, il est possible d’ouvrir sur cette base de nombreuses recherches.

Louis-Edouard Roulet, Derk Engelberts, Hervé de Weck : La guerre et la montagne, Krieg und Gebirge, Mountains and Warfare. Actes du XVIIe  colloque de la Commission internationale d’histoire militaire. Berne. 1993. 2 tomes. 540 p.
Pour une histoire comparative avec la Suisse, cet ouvrage offre de nombreuses visions utiles et, afin d’établir une prospective, des éléments fondamentaux s’y retrouvent.

Jean-Jacques Fiechter : La Baron Pierre-Victor de Besenval (1721-1791).  Ed. Delachaux et Niestlé. Lausanne. 1993. 244 p.
Biographie nous faisant découvrir les vertus d’un esprit libre qui peut ainsi émettre des avertissements prémonitoires : un homme de guerre et un homme d’esprit.

Michel Rochat : Drapeaux flammés des Régiments suisses au Service de France. Ed. Delachaux et Niestlé. 1994. 216 p.
L’étude vexillologique est peu connue : cet ouvrage est le fruit de longues et patientes recherches.

Eduard von Orelli : Hannibal, mon fils ! Hannibal mein Sohn ! Association suisse d’histoire et de sciences militaires (ASHSM), Centre d’histoire et de prospective militaires (CHPM). Pully. 1994. 112 p.
Un  officier instructeur démontre par l’humour les incohérences possibles de la vie militaire et donne des éléments de réflexions utiles à tout officier.

Jacques Bühler : Le droit d’exception de l’Etat. Etude des droits publics allemand et suisse de 1871 à nos jours. Thèse de droit Université de Lausanne. 1994. 272 p.
Pour la maîtrise de situations extraordinaires, il existe un droit d’exception mal connu du grand public. C’est une histoire comparative originale qui ouvre des perspectives de recherches.

Bernard Wicht : L’idée de milice et le modèle suisse dans la pensée de Machiavel. Ed. L’Age d’Homme.  Lausanne. 1995. 240 p.
Dans l’esprit de Daniel Reichel, l’auteur a réussi à restituer l’idée de la milice suisse que s’était faite le Florentin. Ce livre permet de comprendre ce qu’est l’esprit de milice et ce qu’il devrait être de nos jours…

Jean-Paul Soulier : Guide pour collectionneurs. Les casques militaires suisses de 1916 à 1999. Sierre. 2000. 100 p.
Ouvrage le plus complet, bien illustré, qui a comblé une lacune : il a été écrit par un spécialiste et un collectionneur assidu.
 
Commandement CA camp 1 : Sécurité au seuil du XXIe siècle. Histoire et vie du Corps d’armée de Campagne 1. Plus Print. Lausanne. 2000. 288 p.
Au moment où s’est décidée la réforme de l’armée, un groupe d’auteurs réunissant des spécialistes analyse l’évolution de la politique de sécurité de 1891 à nos jours, en portant un regard privilégié sur les années 1960 à 2000.

Hans Eberhart, Albert A. Stahel (Herausgegeben von) : Schweizerische Militärpolitik der Zukunft. Sicherheitsgewinn durch stärkeres internationals Engagement. NZZ Verlag. 2000. 328 p.
Ce livre en allemand, réunissant de nombreuses contributions, offre une analyse sur la politique de sécurité de la Suisse au moment où la réforme « Armée XXI » était en gestation et qui est devenue « Armée suisse ». L’engagement de l’armée suisse sur les scènes internationales est un sujet délicat qui est traité ici dans toute sa complexité.

Jean-Jacques Langendorf : Faire la guerre : Antoine-Henri Jomini vol.1 : Chronique, situation, caractère. Ed. Georg. 2001. 392 p. ; vol. 2 : le penseur politique, l’histoire militaire, le stratégiste. Ed. Georg. 2004. 500 p.
Le premier volume est une biographie de Jomini ; le deuxième est une étude de sa pensée théorique. La bibliographie est complète. Un ouvrage indispensable et qui restera une référence.

Hervé de Weck, Antoine Schülé (ouvrage collectif): Le temps des mutations. CHPM. 2003. 252 p.
A partir des biographies des commandants du Corps d’armée de campagne 1, plusieurs auteurs offrent une vision précise de l’évolution d’un corps d’armée de 1962 à 2003.
 
Pierre du Bois : La Guerre du Sonderbund. La Suisse de 1847. Ed. Alvick. 2003. 208 p.
La Suisse a connu une guerre civile qui est encore riche d’enseignements pour des pays où se produisent des conflits religieux, politiques et culturels.

Jean-Jacques Rapin : L’esprit des fortifications. Vauban-Dufour. Les forts de Saint-Maurice. Coll. Le savoir suisse. N°8. Presses polytechniques et universitaires romandes. 2003. 128 p.
Brève et vivante synthèse établie par un historien et par un milicien, ayant commandé des troupes de forteresse.

Jean-Jacques Rapin (sous la direction de) : De la garnison de Saint-Maurice à la Brigade de forteresse 10 (1892-2003).  Association Saint-Maurice d’Etudes Militaires. 2004. 208 p.
A travers l’une des plus grandes forteresses de Suisse, ce livre permet de découvrir les secrets les mieux gardés d’un système fortifié qui n’a pas cessé d’évoluer à travers le temps.

Philippe Perotti : Instruction de base au pistolet. NDS. Fribourg. 2004. 116 p.
La Suisse cultive l’art du tir qui est un sport de concentration et ce livre l’aborde de façon pragmatique. Lire aussi son : De 1 à 1000 pour la technique de tir au fusil à lunette.2004. 284 p.

Fred Perrin : Combat à l’arme blanche. NDS. Fribourg. 2005. 112 p.
Le couteau est la plus ancienne arme de guerre qui soit : ce livre en dévoile tous les usages et les moyens de s’en préserver.

Christian Bühlmann, Alain Vuitel : 1966-2006, Die Konzeption vom 6.6.66- 40 Jahre danach, La conception du 6.6.66- 40 ans après. Planungsstab der Armee. 2007. 148 p.
Il s’agit d’une étude bilingue très instructive sur le rapport du Conseil fédéral à l’Assemblée fédérale concernant la conception de la défense nationale militaire. Ce rapport est resté en vigueur jusqu’en 1994.

Philippe Perotti : Le sniping de 4eme génération. NDS. Fribourg. 2008. 48 p.
Pour que cette forme de tir devienne une compétence de base du soldat, ce livre est instructif.

Antoine Schülé (conception et coordination): L’infanterie : une tradition riche d’avenirs. Du soulier à clous au char à roues. Editions militaires. Siviriez. 2008. 432 p.
Ouvrage traduit en italien et en allemand, il offre de multiples regards sur l’infanterie suisse en réunissant de nombreux spécialistes miliciens et professionnels : aspects géographiques, histoire sommaire de cette arme ; histoire précise de 1870 à nos jours ; trois chapitres offrent des visions de prospective ; la pensée militaire ; l’importance de l’homme sans oublier les grandes évolutions techniques. L’iconographie en est riche, originale et abondante.

4.4. Publications du CHPM (Centre d’histoire et de prospective militaires)

Il faut distinguer les « Cahiers d’histoire » dont le premier est de 1968 et les « Actes de symposium » avec sa première édition régulière depuis 1982. Avant 1982, il y a eu des livres publiés et déjà mentionnés dans la bibliographie ci-dessus, p.ex. « Série de Recherches de Sciences comparées ». Chacun a la possibilité d’y trouver des analyses ou des synthèses, généralement originales. A la fin de chaque Acte, vous trouvez la table des matières des éditions précédentes. Une fois de plus, c’est à Daniel Reichel que revient la paternité de cette riche production dont, à sa suite, il faudrait savoir garder et l’esprit et l’originalité.

Parmi les « Cahiers » (production hors du cadre strictement militaire), à ne pas confondre avec la Série « Etudes et documents » (le point commun est Daniel Reichel) car ils ont le même aspect extérieur, il faut signaler :

N° 2 : René-Henri Wüst : Menace de guerre civile en Suisse. Novembre 1918. Château de Coppet. 1969. 40 p.
Sujet polémique et politique, l’auteur offre un regard sur un moment de notre histoire où tout aurait pu basculer.

N°3 : Collectif : Champs de batailles suisses.  Berne. 1971. 96 p.
 Avec des photographies aériennes prises obliquement, le lecteur peut suivre dans le terrain Morgarten, Arbedo, Grandson, Morat, Giornico, Dornach, Escalade de Genève, Grauholz, Neuenegg, Pont-de-la-Morge, Pfin et Bérésina.

Cahier 1994 : Antoine Schülé : Un conflit de frontière franco-suisse : le Val des Dappes. p.2-32.
Première publication sur une recherche développée régulièrement par l’auteur depuis cette date de façon pluridisciplinaire.

Cahier 2002 : Jean-Jacques Furrer : Le rôle du hasard dans les actions guerrières (avec exemples historiques). p. 2-13.
Un complément utile aux cahiers de Daniel Reichel : « Feu », « Choc » et « Manœuvre et incertitude ».

Parmi les « Actes », réunissant des auteurs suisses et étrangers, il faut mentionner spécialement :

Vol. 6 (1989) et 7 (1990) : Quelques influences ayant marqué la pensée militaire de la Renaissance à 1789.
Vol. 8 (1993) : La démocratie et sa défense militaire. Repères historiques et jalons pour l’avenir.
Vol. 9 (2 tomes) (1995) : La Suisse et la Seconde guerre mondiale.
Vol. 10 (2 tomes) (1998): Guerre civile – guérilla - terrorisme, entre hier et avenir.
Vol. 11 (2000) : Guerre totale : Clés pour une mutation au seuil du XXIe siècle.
Vol. 12 (2002) : Guerre, armées et sociétés.

Documentaire cinématographique produit par le CHPM :

Claude Champion (film de) : Le Général Guisan et son temps. Film de 75 minutes, en trois langues.
Antoine Schülé, ayant été le conseiller historique pour le CHPM, a favorisé une mise en contexte des grands moments de cette période de 39-45 pour éviter une histoire manichéiste, comme cela est trop souvent de mode depuis 1990. Il existe une version allemande et italienne de ce film.

4.5.  Autres publications :

Bibliothèque militaire fédérale et Service historique : elle a publié plus d’une vingtaine de cahiers dont la majorité est en langue allemande.

Association suisse d’histoire et de sciences militaires (ASHSM ou SVMM) : elle a organisé de nombreux colloques dont par exemple « La planification de la défense combinée dans l’Armée 61 » en 2008 et dont les communications sont développées chaque fois dans un livre. Il est nécessaire de maîtriser l’allemand et le français.

Association St-Maurice d’Etudes Militaires (ASMEM) : elle édite régulièrement un bulletin avec des articles innovants et publie des ouvrages de qualité ou d’art sur la fortification mais sur des thèmes militaires autres comme, par exemple, Léonard-Paul Closuit : « Passage de Bonaparte au Grand-Saint-Bernard en mai 1800 », 1999, 216 p.

Hans Rudolf Fuhrer : L’histoire militaire dans le terrain. Ed. Ecole militaire supérieure Au : plusieurs cahiers dont certains sont traduits en français comme « Les guerres de Bourgogne », « La guerre du Sonderbund ».   

Silvio Keller, Maurice Lovisa : Monuments militaires. Inventaire des ouvrages de combat et de commandement. Département militaire fédéral. Berne. 1996 à 2006.
Le relief de la Suisse, propice à la défense, a favorisé la construction de fortifications. Par canton, les auteurs ont fourni historiques, plans et photographies des ouvrages les plus remarquables. Tessin (1996) ; Neuchâtel et Jura (1998); Schaffhouse et Thurgovie (1999); Soleure, Bâle-Ville et Bâle-Campagne (2001) ; Nidwald, Obwald et Lucerne (2001) ; Vaud et Genève (2006) ; Berne et Fribourg (2006) ; Valais (2002)…

Karl W. Haltiner (Académie militaire à l’ETH de Zurich), Andreas Wenger (Centre de recherche sur la politique de sécurité ETH de Zurich) : Sicherheits  (année en cours) : Aussen-, Sicherheits- und Verteidigungspolitische Meinungsbildung im Trend. Environ 328 p.
Chaque année, il est fait une étude de l’opinion en Suisse en matière de politique étrangère et de politique de sécurité et de défense. Il y a toujours un résumé en français. Cette étude n’intéresse pas uniquement le sociologue mais aussi l’historien comme le politologue.  Questions traitées : perception de la sécurité et de la menace ; évaluation de l’avenir de la Suisse ; situation internationale ; confiance dans les autorités et les institutions ; aspects de la sécurité intérieure ; volonté de coopération internationale ; engagements militaires à l’étranger, neutralité ; acceptation et évaluation de l’armée, etc.

Joseph Inauen : Armée suisse. Ed. Huber. Frauenfeld. 1998. 624 p. ; anciennes éd. en français p.e. : 24 Heures. 1982. 360 p.
Voici le meilleur guide, sur l’armée depuis les années 80 : sa fonction ; ses engagements ; ses bases politiques et juridiques ; son coût ; son articulation ; ses armes ; ses moyens ; l’instruction ; ce que sont l’armée suisse de milice et le service civil, les droits et les devoirs des militaires.
De coût modique, il répond à toutes les questions que le curieux, au bon sens du terme, est en droit de se poser sur la défense et la protection des populations. Publication annuelle jusqu’en 2006, l’édition est régulièrement mise à jour selon les mêmes principes. Pour l’armée suisse de la Guerre froide, consulter la publication « Armée 81/82 » (Ed. 24 heures) ; pour l’armée selon la Réforme 94, préférer « Armée suisse 99 » (Ed. Huber, 624 p.) ; pour l’Armée suisse, actuelle, « Armée suisse 2007/8 » (Ed. Huber, 544 p.).

4.6. Revue militaire suisse (RMS)

De langue française, depuis 1855 à nos jours, c’est la revue la plus utile pour les chercheurs. Elle offre de nombreuses synthèses et analyses sur les débats essentiels de notre défense et sur les grandes options militaires prises par les pays voisins ou susceptibles d’intervenir en Europe.

4.7. ESM St. Cyr

De jeunes officiers en formation à l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan ont effectué des stages d’étude en Suisse pour rédiger des mémoires dont certains sont originaux car le thème n’avait pas été étudié en Suisse ! En tant que directeur de leurs stages et en accord avec leurs directeurs de mémoire (mentionnés entre parenthèses ci-dessous), Antoine Schülé leur a permis d’explorer des champs soit négligés par la recherche, soit selon des approches nouvelles. Quelques titres :

Robert Hazemann : Le renseignement français en Suisse 1925-1940, (M. le prof Olivier Forcade), mai 2001, 76 p. Promotion « Chef d’Escadron Raffali », 2000-1
Antoine Marguet : L’effort de défense et la stratégie helvétiques face à la montée des périls en Europe et sa perception par la France, (lt-col Gérard Fassy), mai 2001, 185 p. Promotion « Chef d’Escadron Raffali »
Pierre Mallie-Arcelin : Le renseignement français en Suisse pendant la Grande Guerre, (M. le prof Olivier Forcade). Promotion du « Bicentenaire de St. Cyr »
Aurélien Trébouvil : Les raisons du maintien d’une armée de milice en Suisse, (Mme le prof Laure Bardiès). Promotion « Général Simon ». Une approche originale.
Geoffroy Leray : La guérilla dans la défense de la Suisse : d’une pratique marginale à la résistance préparée de la fin de la Guerre froide. (M. le Prof Martin Motte) janvier 2006. Promotion « Général Simon ». Thème essentiel ignoré encore de nos jours.
Hervé Hounwanou : Les enseignements militaires tirés par la Suisse lors de la Seconde guerre mondiale. (M. le Prof Martin Motte). Décembre 2006. Promotion « Lieutenant Brunbrouck ». Thème inédit
Odoric Porcher : Le service de renseignement helvétique entre 1914-18. Organisation, moyens, perceptions des menaces intérieures et extérieures. (lt-col Olivier Lahaie). 2009. Promotion Lieutenant « Carrelet de Loisy ». Des sources inexploitées ont permis de reconsidérer ce sujet avec un regard neuf.

5.      Sites Internet :
Ne sont pas mentionnés tous les sites de ces musées militaires suisses qui disent aussi l’histoire !

www.hls-dhs-dss.ch : pour consulter les articles d’histoire militaire du « Dictionnaire historique de la Suisse » (DHS en français).
www.bar.admin.ch  : le site des Archives fédérales suisses.
www.admin.ch : pour accéder à la « Feuille fédérale », c’est-à-dire le recueil officiel (RO) du droit fédéral, publiant tous les textes normatifs mis en vigueur : constitution fédérale, lois fédérales, arrêtés fédéraux, ordonnances, traités internationaux.
www.ddps.ch : le site officiel du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).
www.armee.ch : pour tout savoir sur l’Armée suisse.
www.vbs.admin.ch : pour consulter le catalogue en ligne du site Alexandria : le réseau des bibliothèques de l’administration fédérale. Il permet une recherche en allemand, français, italien et anglais. Vous y trouvez tous les ouvrages et articles de l’ancienne Bibliothèque militaire fédérale qui se dénomme maintenant « Bibliothèque Am Guisanplatz ». Voir : Inventaire des fonds relatifs à l’histoire militaire suisse (vous pouvez télécharger les trois volumes essentiels pour toute recherche).
www.polsec09.ethz.ch : une plateforme de discussion du dernier rapport sur la politique de sécurité.
www.ssn.ethz.ch : les analyses de politique de sécurité sont de très utiles synthèses paraissant régulièrement. Elles sont rédigées par le Center for Security Studies (CSS) de l’ETH de Zürich.
www.revuemilitairesuisse.ch : site permettant de prendre connaissance des derniers grands débats sur notre politique de sécurité et la façon de l’assumer en fonction des décisions politiques prises (ou pas prises ou encore suspendues…).
www.militariahelvetica.ch : le site de l’Association suisse d’histoire et de sciences militaires.
www.checkpoint-online.ch : site suisse bien construit à consulter régulièrement pour ses analyses stratégiques.
www.ludovicmonnerat.com : à consulter pour l’originalité de ses mises en perspective avec sur ce site, son regard de journaliste.
www.asmem.ch : le site renseigne sur ses activités : publications ou voyages en Suisse comme à l’étranger pour découvrir les spécificités des fortifications dans toute l’Europe.
www.armeemuseum.ch : Association du musée suisse de l’armée.

6.      Raison et passion, le débat sur la Suisse de 39-45
Cette période de l’histoire a suscité de nombreuses recherches où la passion l’a bien souvent emporté sur la raison.  Le débat soulève des questions au sujet de la neutralité, du rôle de l’armée, des menaces militaires des pays voisins, du rôle des banques, du rôle de l’économie, de la morale qu’il aurait fallu avoir et, pour les uns, celle que la Suisse a eue et, pour les autres, pas eue… Ce débat a eu des effets très négatifs sur l’image de la Suisse à l’étranger et des Suisses sur eux-mêmes.

Jean Ziegler : Une Suisse au-dessus de tout soupçon. Ed. Seuil. Paris.1976. 188 p.
Se voulant être le « saigneur » des « Seigneurs des Banques », Ziegler est un Suisse sociologue, homme politique, admirateur de Che Guevara qui a écrit, avec l’aide de trois contributeurs, un réquisitoire digne des tribunaux populaires connus soit sous la Terreur en France, soit en URSS « démocrate », soit encore en Chine « libérée » par Mao. Ainsi, le débat sur la Suisse de 39-45 n’est plus restreint à quelques spécialistes mais devient un débat public. 

Victor Lasserre : Une Suisse insoupçonnée, Lettre ouverte à Jean Ziegler. Ed. Buchet/Chastel. Paris. 1977. 176 p.
Ce livre éclaire la méthode zieglerienne et permet de mieux comprendre les motivations de Jean Ziegler qui utilise l’histoire pour satisfaire sa lutte politique et développer sa mystique de la révolution pour la révolution.

Niklaus Meienberg (trad. de l’allemand par Monique Picard) : Le délire général. L’armée suisse sous influence. Ed. Zoé. Genève. 1988.
Le livre, en allemand de 1987, avait créé un grand mouvement de l’opinion publique au sujet d’Ulrich Wille, général, c’est-à-dire commandant de l’armée suisse en 1914-18. Œuvre de combat plus que de raison.

André Lasserre : La Suisse des années sombres. Courants d’opinion pendant la Deuxième Guerre mondiale 1939-1945. Ed. Payot. Lausanne.1989. 408 p.
Ouvrage sain d’historien ayant le souci de l’objectivité, dans la mesure du possible, il permet de comprendre ce temps des passions qu’a été la période de 39-45.

Klaus Urner (trad. de l’allemand par Jean-Jacques Langendorf) : « Il faut encore avaler la Suisse ». Les plans d’invasion et de guerre  économique d’Hitler contre la Suisse. Ed. Georg. Genève. 1996.
L’édition allemande est de 1990. Il est très précis quant au regard militaire que l’Allemagne portait sur la Suisse.

August Lindt (trad. de l’allemand par Ursula Gaillard) : Le temps du hérisson, Souvenirs , 1939-1945. Ed. Zoé. Genève. 1992. 208 p.
Prêt à mener une Action de résistance nationale contre la menace hitlérienne, il traite des différents réseaux de renseignements et les conférences d’information données aux civils dans le cadre d’Armée et Foyer.

Jean Ziegler : La Suisse, l’or et les morts. Le Seuil. Paris. 1997.
Une pseudo-histoire au service de sa lutte politique : mauvais pamphlet qui a connu un succès  international aussi scandaleux qu’immérité. L’auteur est adulé et a reçu de nombreux honneurs universitaires suisses et étrangers comme d’organismes internationaux : c’est le paradoxe suisse et universitaire.

Christian Blocher (conseiller national) : La Suisse et la Seconde guerre mondiale, une mise au point. Ed. ASIN. Lausanne. 1997. 32 p.
Le patron des Conservateurs suisses prend position dans le débat historique qui s’empare de la Suisse quant à son vécu des années 39-45.

Stuart E. Eizenstat (trad. De l’américain par Marc Comina) : Le rapport Eizenstat. Ed. Le Nouveau Quotidien et les Bibliothèques cantonales et universitaires romandes. 1997. 360 p.
Cette étude, de mai 1997, faite à la demande de Bill Clinton au ministère américain des Affaires étrangères, est une compilation – sélection - de documents réunis par l’historien William Z. Slany. Livre touffu, rigoureusement orienté, il ne révèle rien de neuf pour les historiens suisses mais il a eu un grand retentissement auprès de l’opinion publique suisse et des principales autorités politiques et bancaires helvétiques qui, pour la plupart, n’avaient pas soit de culture historique suffisante pour donner la juste réplique immédiate (il faut bien le reconnaître), soit le courage d’être un David face à un Goliath qui a utilisé avec efficacité  le chantage économique.

Felix Auer (trad. de l’allemand par Jacques Rial) : Jean Ziegler ou l’histoire falsifiée. Ed. L’Age d’homme. Lausanne. 1998. 128 p.
Avec clarté, l’auteur réfute les mensonges historiques de Jean Ziegler, parus dans son livre « La Suisse, l’or et les morts ». Malheureusement, ce livre (pas plus que celui de Victor Lasserre déjà mentionné) n’a pas eu le succès international qu’a connu le livre de Ziegler ! La raison n’a pas l’écho médiatique de la déraison qui convient plus aux groupes d’intérêt qui savent l’utiliser à leur profit.

Daniel Bourgeois : Business helvétique et Troisième Reich, milieux d’affaires, politique étrangère, antisémitisme. Ed. Pages deux. 1998. 274 p.
Adjoint scientifique aux Archives fédérales, avec sa thèse parue en 1974 qui n’a pas suscité de polémiques, il a été un des premiers à étudier les relations économiques entre la Suisse et l’Allemagne.

Jean-Christian Lambelet : Le mobbing d’un petit pays, Onze thèses sur la Suisse pendant la Deuxième guerre mondiale. Ed. L’Age d’homme. Lausanne. 1999. 304 p.
De façon sereine, l’auteur porte un regard d’historien et d’économiste sur un pays entouré par les puissances de l’Axe et qui a dû sa survie à son réalisme.

Stephen P. Halbrook (trad. de l’américain par Christian Montelle) : La Suisse encerclée, La neutralité armée suisse durant la Deuxième guerre mondiale. Ed. Slatkine. Genève. 2000. 334 p.
Philosophe et juriste anglophone, il a étudié avec sérieux la Suisse des années 1933 à 1946 : la politique de résistance, les plans d’invasion allemands, les accords secrets entre la Suisse et les Alliés. Quelques erreurs ne portant pas sur le fonds lui sont pardonnées car la Suisse est aussi complexe qu’un mécanisme d’horlogerie.

La Commission indépendante d’experts suisse-Seconde Guerre mondiale (CIE) : La Suisse, le national-socialisme et la Seconde Guerre mondiale. Ed. Pendo. Zurich.2002. 569 p.
Il s’agit du rapport final de la commission Bergier. Consultable sur le site : www.uek.ch/fr

Collectif, Jean-Philippe Chenaux (sous la dir.) : Les conditions de la survie, La Suisse, la 2e guerre mondiale et la crise des années 90. Cahiers de la Renaissance vaudoise. Lausanne. 2002. 352 p.
Sans aucun doute, le livre le plus utile pour aborder le débat historique qui a agité la Suisse dans les années 90. Jean-Jacques Langendorf y établit deux synthèses sur la neutralité et l’armée. Chacun des auteurs apporte une contribution claire et objective. 

Pietro Boschetti : Les Suisses et les nazis. Le rapport Bergier pour tous. Ed. Zoé. Genève. 2004. 192 p.
Historien, journaliste à la Télévision suisse romande, il reste influencé par la morale du politiquement correct ambiant, au lieu de rester dans la perspective historique. Cela est un péché commun à notre temps. Ce livre reste un résumé utile du rapport Bergier, si volumineux qu’il est réservé aux seuls spécialistes.

Marc-André Charguéraud : La Suisse lynchée par l’Amérique, Lettre ouverte au juge Korman 1998-2004. Ed. Labor et fides. Genève. 2005. 256 p.
L’affaire des fonds juifs en déshérence  a commencé aux Etats-Unis et l’auteur, juriste et économiste par sa formation, dévoile comment des vainqueurs peuvent faire un faux procès à un pays neutre pour satisfaire des ambitions politiques et électoralistes, le tout au nom d’une « Morale universelle » se pliant à leur dessein.



Août 2010, La Tourette.

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